Survol des cas de pluies abondantes au Québec - Climat

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Survol des cas de pluies abondantes au Québec
par
Raymond Perrier et Michel Slivitzky
Rapport scientifique SEC-Q99-02
dans le cadre de la Série sur les extrêmes climatiques au Québec
5 juillet 1999
Environnement Canada
Région du Québec
Environment Canada
Quebec Region
Série sur les extrêmes climatiques au Québec
SEC-Q99-02
SEC-Q99-01
SEC-Q98-01
Perrier R. & M. Slivitzky (1999), Survol des cas de pluies abondantes au Québec,
Rapport scientifique préparé en collaboration avec Environnement Canada, Région
du Québec, 65 pp.
Milton J. & A. Bourque (1999), Compte-rendu climatologique de la tempête de
verglas de janvier 1998 au Québec, 2e édition, Division des sciences
atmosphériques et enjeux environnementaux, Environnement Canada, Région du
Québec, 87 pp.
Milton J. & A. Bourque (1998), Compte-rendu climatologique de la tempête de
verglas de janvier 1998 au Québec, Division des sciences atmosphériques et
enjeux environnementaux, Environnement Canada, Région du Québec, 87 pp.
Autres rapports/études portant sur les extrêmes climatiques au Québec
ENVIRONNEMENT CANADA (1998), Caractérisation des pluies du 7 au 10
novembre 1996 sur le sud du Québec, Division des services scientifiques, Région
du Québec, 69 pp
ENVIRONNEMENT Canada (1997), Pluies diluviennes du 18 au 21 juillet 1996, au
Québec : Analyse et interprétation de données météorologiques et
climatologiques, Division des services scientifiques, Région du Québec, 9 juin 1997,
105 pp
ENVIRONNEMENT Canada (1987), Les pluies du 14 juillet 1987 dans la région de
Montréal/July 14th 1987 rainstorm in the Montreal area, Rapport d’expertise,
Environnement Canada, Division des services scientifiques, 52 pp
Note : Cette série sur les extrêmes climatiques au Québec se veut un moyen de rassembler l’information
scientifique de qualité portant sur les précipitations abondantes, les sécheresses, les vagues de froid
intense et de chaleur accablante, les tempêtes hivernales (neige, poudrerie, blizzard, verglas) et de
temps violent estival (tornades, vents violents, grêle, crue subite).
Publié avec l’autorisation du ministre de l’Environnement
 Ministre des Approvisionnements et Services Canada, 1999
No de catalogue : EN57-34/1-1998F
ISBN 0-660-96048-6
Remerciements
Les auteurs de ce rapport désirent remercier MM. Gérald Vigeant, Alain Bourque et Denis Gosselin de la
Division des sciences atmosphériques & enjeux environnementaux d’Environnement Canada à Montréal pour
leur encouragement à donner une forme définitive à ce survol ainsi que leurs suggestions et commentaires
lors de la mise au point finale de ce travail.
Ils désirent aussi remercier la Direction de l’environnement atmosphérique - Région du Québec pour avoir
accepté de publier ce survol.
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES FIGURES .............................................................................................................................ii
LISTE DES TABLEAUX.........................................................................................................................iii
1. INTRODUCTION ................................................................................................................................1
2. ANALYSE STATISTIQUE DES TEMPÊTES .....................................................................................3
3. LES FACTEURS MÉTÉOROLOGIQUES EN CAUSE ......................................................................9
4. 1924 ET 1996 - DES ANALOGIES TROUBLANTES .....................................................................13
5. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS............. ........................................................................17
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................19
ANNEXE 1 - Liste des cas de pluies abondantes (de juin à novembre)
au Québec de la période de 1912 à 1981...................................................................23
ANNEXE 2 - Tempête du 9 au 11 septembre 1924 ............ .......................................27
ANNEXE 3 - Tempête du 28 septembre au 1er octobre 1924............ .......................31
ANNEXE 4 - Tempête du 22 au 23 novembre 1924...................................................35
ANNEXE 5 - Tempête du 2 au 4 novembre 1927............ ...........................................39
ANNEXE 6 - Tempête du 15 au 18 septembre 1932............ ......................................43
ANNEXE 7 - Tempête du 13 au 15 juin 1942..............................................................47
ANNEXE 8 - Tempête du 15 au 16 juin 1943..............................................................51
ANNEXE 9 - Tempête du 26 au 28 juin 1954..............................................................53
ANNEXE 10 - Tempête du 1er au 4 novembre 1966...................................................57
ANNEXE 11- Tempête du 18 au 21 juillet 1996............ ..............................................59
ANNEXE 12 - Tempête du 7 au 10 novembre 1996...................................................63
i
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Liste des figures
Figure
Figure
Figure
Figure
Figure
Figure
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Figure 7.
Figure 8.
Figure 9.
Figure 10.
Figure 11.
Figure 12.
Figure 13.
Figure 14.
Figure 15.
Figure 16.
Figure 17.
Figure 18.
Figure 19.
Figure 20.
Figure 21.
Figure 22.
Figure
Figure
Figure
Figure
23.
24.
25.
26.
Figure
Figure
Figure
Figure
Figure
27.
28.
29.
30.
31.
Figure 32.
Figure 33.
Figure 34.
Figure 35.
Distribution de fréquence des précipitations de 24 heures sur 5 000 km2
Distribution de fréquence des précipitations de 48 heures sur 5 000 km2
Distribution de fréquence des précipitations de 24 heures sur 10 000 km2
Distribution de fréquence des précipitations de 48 heures sur 10 000 km2
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées les 9, 10 et 11 septembre 1924.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à La Malbaie,
East Angus, Lake Kempt et Albanel du 9 au 13 septembre 1924.
Carte météorologique de surface valide à 1300 TU1 le 10 septembre 1924.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées du 29 septembre au 1er octobre 1924.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Bell Falls,
Shawinigan Falls et Seven Falls du 29 septembre au 1er octobre 1924.
Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 30 septembre 1924.
Trajectoire de la tempête entre le 26 septembre et le 2 octobre 1924.
Hauteurs totales de pluies (en pouces) mesurées les 22 et 23 novembre 1924
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Drummondville,
East Angus et Kingsbury les 22 et 23 novembre 1924.
Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 22 novembre 1924.
Hauteurs totales de pluies (en pouces) mesurées les 2, 3 et 4 novembre 1927.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Drummondville,
St-Tite et Shawinigan Falls du 2 au 4 novembre 1927.
Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 4 novembre 1927.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées du 14 au 18 septembre 1932.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Milo, Isle
Maligne,Thetford Mines et au barrage Ripogenus du 14 au 18 septembre 1932.
Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 16 septembre 1932.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées entre le 12 et le 17 juin 1942.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Windsor,
Portage des Roches, Québec et Clarke City du 12 au 17 juin 1942.
Carte météorologique de surface valide à 1230 TU le 15 juin 1942.
Carte météorologique de surface valide à 1830 TU le 15 juin 1943.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées les 26, 27 et 28 juin 1954.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à La Galette,
Coaticook et Farnham du 26 au 28 juin 1954.
Carte météorologique de surface valide à 1230 TU le 27 juin 1954.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées du 1er au 4 novembre 1966.
Carte météorologique de surface valide à 1200 TU le 3 novembre 1966.
Hauteurs totales de pluie (en mm) mesurées du 18 au 21 juillet 1996.
Hauteurs cumulatives de pluie (en mm) en fonction du temps à Cap-Éternité,
Apica, Lac Ha!Ha!, Bagotville, Portage-des-Roches et Rivière-aux -Écorces
du 18 au 21 juillet 1996.
Carte météorologique de surface valide à 1200 TU le 20 juillet 1996.
Hauteurs totales de pluie (en mm) mesurées du 7 au 10 novembre 1996.
Hauteurs cumulatives de pluie (en mm) en fonction du temps à Frelighsburg,
L’Assomption, Montréal/Dorval, L’Acadie, McTavish, Ste-Anne-de-Bellevue,
St-Hubert, Ste-Clothilde et St-Anicet du 7 au 10 novembre 1996.
Carte météorologique de surface valide à 1200 TU le 9 novembre 1996.
6
6
6
6
28
28
29
32
32
33
33
36
36
37
40
40
41
44
44
45
48
48
49
52
54
54
55
58
58
60
60
61
64
64
65
1 TU est l’abbréviation de Temps Universel en référence à l’heure au méridien de Greenwich en Angleterre. L’heure
normale de l’est est égale à TU - 5 heures et l’heure avancée de l’est à TU - 4 heures.
ii
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Liste des tableaux
Tableau I.
Tableau II.
Tableau III.
Tableau IV.
Tableau V.
Lames de pluies maximales (en millimètres)
Statistiques des séries des précipitations maximales
Coefficients pour le calcul de la précipitation en fonction de la superficie
(PT = aT + bT * ln(S)) pour différentes probabilités
Répartition saisonnière des tempêtes ayant déversé 100 mm et plus
Pluies des fortes tempêtes d’été/automne connues au Québec
iii
4
5
7
7
23
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Introduction
La tempête du 18 au 21 juillet 1996 a déversé en 48 heures dans certaines régions de
l’est du Québec des volumes de pluies sans précédent connu.
Dans l’analyse et l’interprétation des données météorologiques de cette tempête
(Environnement Canada, 1997), les auteurs examinent d’abord la fréquence des pluies
ponctuelles de 24 heures et de 48 heures. On indique que leur période de récurrence
dépasse cent (100) ans à de nombreuses stations des régions du Saguenay, de Charlevoix,
du parc des Laurentides, de la Haute Côte-Nord et du Bas du fleuve.
Par ailleurs, l’analyse hauteur-surface-durée des pluies tombées indique des chiffres élevés
pour 48 heures sur des superficies de 1 000, 5 000, 10 000 et 100 000 km2. Ainsi, les
auteurs en arrivent à la conclusion que :
«Pour tout l’ensemble des cas répertoriés au Canada, on constate que cette tempête
n’est pas celle ayant généré les plus importantes accumulations de pluie sur 1 000, 10
000 et 100 000 kilomètres carrés, mais qu’elle figure parmi les extrêmes pour 48
heures. Cependant, pour les tempêtes répertoriées sur le territoire québécois, la tempête de juillet constitue celle ayant généré les plus importants volumes d’eau sur une
période de 48 heures. Sur 24 heures, la tempête étudiée se démarque de la majorité
des cas répertoriés mais se compare à d’autres cas datés des années 1920 & 1930. »
Ce constat général important peut-il être précisé davantage ? Peut-on se faire une idée,
obtenir un ordre de grandeur de la probabilité d’un tel événement au Québec voire dans la
région la plus affectée: celle du versant nord du Parc des Laurentides au Saguenay ?
Pour répondre à ces questions, les auteurs du présent « Survol des cas de pluies abondantes au Québec » ont voulu déterminer la fréquence des pluies de juillet 1996. Ils proposent une analyse statistique utilisant les valeurs extrêmes de la pluie des plus fortes tempêtes d’été et d’automne analysées au Québec. Les valeurs de hauteur-surface-durée de
ces fortes tempêtes proviennent principalement de la série des « Pluies orageuses au
Canada » (Ministère des Transports, 1961-1984).
Dans les sections subséquentes on examine les facteurs météorologiques qui sont à l’origine de chaque tempête produisant des pluies abondantes. Onze des plus fortes tempêtes
ayant affecté le Québec méridional seront décrites en fonction de ces facteurs. On met ainsi
en évidence des analogies qu’on n’a pas fini d’explorer.
1
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
2. Analyse statistique des tempêtes
La section d’hydrométéorologie du Service météorologique canadien (présentement le
Service de l’Environnement Atmosphérique d’Environnement Canada) a procédé au cours
de la période 1959-1984 a une analyse de plus de 1 600 tempêtes ayant affecté différentes
régions du Canada. Ces analyses, en plus de conditions synoptiques, ont établi des
courbes de la hauteur maximale de pluie tombée en fonction de la superficie affectée et de
la durée de la précipitation. Aujourd’hui, ces analyses des grandes tempêtes peuvent
fournir une base de comparaison objective pour l’analyse des événements les plus importants ayant affecté le Québec.
De cette série des pluies orageuses au Canada, nous avons extrait les hauteurssurfaces-durées des 95 plus fortes tempêtes ayant affecté le Québec, de juin à novembre,
au cours de la période 1912 à 1981. Le tableau de l’annexe 1 présente pour ces 95
tempêtes les hauteurs de précipitations moyennes accumulées au cours de 24 et 48 heures
sur des superficies de 1 000, 5 000, 10 000 et 100 000 km2. Nous y avons ajouté à la fin
du tableau les données relatives aux cas de juillet 1996 (Environnement Canada, 1997) et
de novembre 1996 (Environnement Canada,1998).
Enfin pour les durées de 24 et 48 heures, nous avons retenu les 70 plus fortes
précipitations sur 5 000 et 10 000 km2 et les avons traitées comme des échantillons de
valeurs extrêmes de 70 ans.
Dans le tableau I, nous résumons par ordre chronologique, les tempêtes ayant apporté les
cinq plus fortes précipitations dans chacune de ces quatre catégories au Québec.
Les cellules non ombrées de ce tableau font ressortir ces cinq plus fortes valeurs. L’on peut
constater que quatre de ces tempêtes ont apporté des valeurs maximales dans chacune de
ces catégories. Dans les dernières lignes de ce tableau, nous rappelons quelques valeurs
extrêmes observées dans l’est du Canada. La tempête tropicale Hazel qui a frappé le sud
de l’Ontario en octobre 1954 (cité dans Andrews,1993), est l’événement qui a causé les plus
fortes précipitations dans l’est du Canada en 24 heures, sur de petites superficies de
l’ordre de 500 à 1 000 km2 , où il est tombé respectivement 210 mm et 190 mm d’eau
(Anderson & Bruce, 1957).
Quant à l’ouragan Beth, centré sur les provinces maritimes (Environnement Canada, 1974)
mais dont une grande partie des pluies sont tombées sur l’océan, il a déversé en août 1971,
les plus fortes précipitations sur de moyennes et grandes superficies. Enfin, dans la
dernière ligne, nous rappelons les valeurs comparatives pour la tempête qui a affecté le
Saguenay en août 1996 (Environnement Canada,1997).
3
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Tableau I : Lames de pluies maximales (en millimètres)
Date de la tempête
11 août 1912
30 septembre 1924
03 novembre 1927
16 septembre 1932
13 juin 1942
27 juin 1954
03 novembre 1966
23 septembre 1967
04 septembre 1972
12 juillet 1976
06 juillet 1980
04 août 1981
Ouragan Hazel (octobre 1954)
Ouragan Beth (août 1971)
Saguenay (juillet 1996)
en 24 heures
5 000 km2
10 000 km2
95
80
150
140
85
80
160
150
105
90
125
105
140
165
115
105
130
120
85
80
105
95
130
110
155
140
180
165
152
137
en 48 heures
5 000 km2
10 000 km2
145
125
175
165
140
135
205
200
145
135
150
130
190
170
140
135
135
130
145
110
145
135
165
150
180
165
260
245
231
206
Ces quatre séries de 70 valeurs ont ensuite fait l’objet d’une analyse statistique. Elles ont
d’abord été testées pour l’indépendance par le test de Wald-Wolfowitz (1943),
l’homogénéité par le test de Wilcoxon (1945), équivalent au test de Mann-Whitney (1947),
et la stationnarité par le test de Mann (1945) basé sur la corrélation de rang définie par
Kendall (1938).
Des lois de probabilité des valeurs extrêmes de Gumbel (1960), dont la fonction de répartition est définie par:
F(x) = exp (-exp(-(x-u)/à
à)),
où u et à sont les paramètres d’ajustement, ont ensuite été ajustées, par la méthode des
moments, sur ces quatre échantillons.
Ainsi , si les paramètres à et u sont connus, la précipitation xT de période de retour T
(probabilité = 1-1/T) peut être évaluée par l’équation:
xT = u - à ln(-ln(1-1/T))
4
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Le tableau II présente les caractéristiques statistiques de ces échantillons, les valeurs de
deux paramètres de l’ajustement ainsi que les précipitations pour des probabilités de 0,90
(1/10 ans), 0,95 (1/20 ans), 0,98 (1/50 ans), de 0,99 (1/100 ans), de 0,999 (1/1 000 ans) et
de 0,9999 (1/10 000 ans).
Tableau II:
Statistiques des séries des précipitations maximales
24 heures
5 000 km2
10 000 km2
48 heures
5 000 km2
10 000 km2
Moyenne
Ecart-type
Coefficient de variation
Coefficient d’asymétrie
Coefficient d’aplatissement
95,4
20,9
0,219
1,257
4,531
84,1
18,8
0,223
1,347
5,203
116,3
24,8
0,214
1,251
4,671
105,0
24,4
0,232
1,292
5,337
Valeur maximale observée
165
150
205
200
Ajustement d’une loi de probabilité de Gumbel (méthode des moments)
Paramètre u
Paramètre à
85,9
16,3
75,6
14,6
105,1
19,4
94,0
19,0
p = 0,90 (T = 10 ans)
p = 0,95 (T = 20 ans)
p = 0,98 (T = 50 ans)
p = 0,99 (T = 100 ans)
p = 0,999 (T = 1000 ans)
p = 0,9999 (T = 10 000 ans)
123
134
150
161
199
236
109
119
133
143
177
210
149
163
181
194
239
284
137
150
168
181
225
269
Les figures 1 à 4 présentent les distributions de fréquence des précipitations maximales
observées pour ces quatre séries, ainsi que les valeurs centennales, millénales et décamillénales pour lesquelles les variables réduites de Gumbel sont respectivement 4,60, de 6,91
et de 9,21. Ainsi, par exemple, pour la valeur millénale (p=0,999) la variable réduite u = ln(-ln(0,999)) est égale à 6,91.
5
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
6
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
L’on peut constater, par exemple, que la pluie moyenne tombée en 24 heures en juillet 1996
sur le versant nord du parc des Laurentides sur une superficie de 5 000 km2 est de 152 mm
(figure 1) alors que pour 48 heures. elle est de 231 mm (figure 2). La pluie de 24 heures,
selon notre ajustement statistique des 70 plus grandes tempêtes au Québec de 1912 à
1981, aurait une récurrence d’environ 50 ans, alors que pour 48 heures, elle serait de
l’ordre de 1 000 ans. Quand on établit l’intervalle de confiance à 95% de l’ajustement de
Gumbel utilisé pour la pluie de 48 heures, on réalise que cette récurrence se situe entre 300
ans et 5 000 ans. Cette constatation met en évidence les imprécisions des ajustements
statistiques lorsqu’on fait des extrapolations qui dépassent largement la période d’observation dont provient l’échantillon.
Dans le tableau II, nous avons présenté les valeurs pour des superficies de 5 000 km2 et 10
000 km2 telles qu’elles ont été calculées à partir des valeurs extraites des courbes hauteurs-surfaces-durées pour ces tempêtes. Il est possible cependant d’interpoler avec une
précision similaire les valeurs des précipitations PT mais correspondant à des superficies
différentes avec l’équation ci-dessous:
PT = aT + bT * ln(S)
où aT et bT sont les coéfficients, pour différentes probabilités, apparaissant dans
le tableau III et ln(S) est le logarithme népérien de la superficie S du bassin versant
(en km2)
Tableau III: Coefficients pour le calcul de la précipitation en fonction de la superficie
(PT = aT + bT * ln(S)) pour différentes probabilités
Durée 24 heures
Durée 48 heures
Période de
retour T
Probabilité
aT
bT
aT
bT
10
20
50
100
1 000
10 000
0,90
0,95
0,98
0,99
0,999
0,9999
295,8
322,5
357,0
382,2
469,3
595,3
-20,3
-22,1
-24,4
-26,0
-31,7
-41,8
294,8
312,1
334,3
353,7
411,0
468,3
-17,2
-17,5
-18,0
-18,8
-20,2
-21,6
Dans le tableau IV, nous présentons la distribution saisonnière de ces tempêtes ayant
déversé 100 mm et plus pour les mois d’été et d’automne. Nous constatons que la majorité
est concentrée dans les mois de juin à septembre.
Tableau IV : Répartition saisonnière des tempêtes ayant déversé 100 mm et plus
Mois
Juin
Juillet
Aôut
Septembre
Octobre
Novembre
Total
24 heures - 5 000 km2
Nombre
Pourcentage
6
23.1
7
26,9
7
26,9
5
19,2
0
0,0
1
3,8
26
100,0
7
48 heures - 10 000 km2
Nombre
Pourcentage
7
17,5
7
17,5
7
17,5
12
30,0
2
5,0
5
12,5
40
100,0
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
3. Les facteurs météorologiques en cause
Une autre façon d’examiner les choses est d’identifier les mécanismes atmosphériques qui
sont à l’origine des pluies extrêmes du 18 au 21 juillet 96 et de chercher dans les tempêtes
historiques québécoises des situations analogues.
L’examen de ces mécanismes et de la probabilité d’occurrence de chacun pourrait peutêtre jeter plus de lumière sur les questions suivantes. Pourquoi le Saguenay aurait-il été à
l’abri de telles pluies au cours du dernier siècle ? Quelle est la probabilité de récurrence de
l’événement de juillet 1996 ?
On trouve dans l’analyse des pluies diluviennes de juillet 1996 d’Environnement Canada
(1997), une description sommaire de la situation météorologique à l’origine de ces pluies.
Les facteurs météorologiques majeurs qui apparaissent dans la séquence des événements
sont les suivants:
a) Dépression le 18 juillet qui se déplace du Lac Supérieur vers le Québec et se
développe rapidement;
b) Apport d’humidité considérable : les points de rosée sont de 22ºC à 27ºC dans
le secteur chaud;
c) La zone de pluie d’abord convective débute le 19 au matin, devient cyclonique,
intense et balaie le Québec d’ouest en est jusqu’à ce qu’elle devienne quasi
stationnaire. Le système dépressionnaire immobilisé au-dessus du bas du
fleuve continue de déverser ses pluies au nord, le 20 juillet jusqu’à ce qu’il
reprenne sa marche vers le sud-est le 21 juillet.
Il y a dans cette séquence météorologique trois facteurs que l’on retrouve dans bon nombre de tempêtes qui traversent le Québec en y déversant des pluies abondantes. Nous
examinerons les plus importantes en regard de ces facteurs.
Au cours de son existence (1910-1958), la Commission des Eaux courantes du Québec et
par la suite le Ministère des Richesses Naturelles, ont commandé des études
hydrométéorologiques des fortes tempêtes qui ont affecté le Québec. Certaines de ces
études ont servi de base à notre analyse. Les analyses de la série “Pluies orageuses au
Canada” ont également servi.
9
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Les 9 tempêtes suivantes ont été examinées:
a) 9 au 11 septembre 1924
b) 28 septembre au 1er octobre 1924
c) 22 et 23 novembre 1924
d) 2 et 3 novembre 1927
e) 15 au 18 septembre 1932
f) 14 et 15 juin 1942
g) 15 et 16 juin 19432
h) 26 et 27 juin 1954
i) 1 au 4 novembre 1966
et ont été comparées aux tempêtes récentes de
j) 18 au 21 juillet 1996
k) 3 au 7 novembre 1996.
Ces 11 tempêtes, quoique différentes, présentent les mêmes ingrédients fondamentaux
soit:
• Un apport soutenu et abondant d’air chaud et humide provenant du sud des
USA, du golfe du Mexique, des Antilles ;
• Un mécanisme de transport, de soulèvement et condensation rapide de cet air
chaud et humide (généralement un système dépressionnaire) ;
• Un mécanisme de blocage qui ralentit, immobilise ou dévie la dépression de
sa trajectoire la forçant à déverser sa précipitation sur une région restreinte
plutôt que sur une étendue plus vaste ;
• Un quatrième facteur est souvent présent soit la topographie qui joue un rôle
dans la répartition de la pluie. C’est un facteur physique non météorologique
qui accentue la chute des précipitations sur les versants exposés aux vents
qui prévalent durant la tempête.
On trouve, dans les annexes 2 à 12, une description sommaire du rôle de ces facteurs
météorologiques dans le développement de quelques tempêtes historiques productrices
d’inondations importantes.
2 Cette tempête n’a pas été analysée dans le cadre de la série sur les Pluies orageuses du Canada mais fut examinée
par Boucher & al (1952).
10
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Ce qui ressort de l’analyse, c’est que chaque facteur pris individuellement dans chacune de
ces tempêtes n’est pas en soi un événement rare ; de plus, il est difficile d’attacher une
probabilité à chacun de ses facteurs.
C’est l’occurrence simultanée de ces mêmes facteurs à un endroit vulnérable du territoire
qui fait le caractère exceptionnel de l’événement. Si chacun de ces facteurs est
raisonnablement aisé à identifier avec les moyens dont disposent les météorologues
aujourd’hui, la prévision de la situation d’ensemble et de ses effets précis sur le terrain
demande une surveillance continue à mesure qu’évolue la tempête. Ainsi, la gestion des
situations critiques causées par les pluies extrêmes requiert donc des réseaux adéquats de
mesures hydro-météorologiques en temps réel et une bonne prévision des crues basée sur
la prévision météorologique quantitative.
11
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
4. 1924 et 1996 - des analogies troublantes
L’année 1924 comme l’année 1996 est très fertile en pluies abondantes3 au Québec.
Rappelons qu’on parle de pluie abondante lorsqu’il y a « accumulation de 50 millimètres de
pluie ou davantage sur une période de 24 heures ou moins ».
Dans le rapport annuel de 1924 de la Commission des eaux courantes, l’ingénieur P.E.
Bourbonnais écrit :
« L’été de 1924 a été remarquable par les inondations qui se sont produites... Le mois
de septembre a été l’un des plus pluvieux qu’on a eu... le maximum de précipitation
pour septembre fut enregistré à La Malbaie avec 11.71 pouces4... Le district de
Chicoutimi a subi deux inondations qui ont causé des dommages à la propriété. La
première, le 18 juillet fut le résultat d’une pluie torrentielle. La seconde eut lieu le 30
septembre et le 1er octobre à la suite des pluies du 29 et du 30 septembre... En outre
des inondations de moindre importance ont eu lieu dans le district de Chicoutimi
le 30 juin ainsi que le 12 et le 13 septembre. Cette dernière pluie a affecté davantage
les Cantons de l’Est, le St-Maurice, Portneuf et Québec. »
Une dernière tempête tardive arrose copieusement les Cantons de l’Est les 22 et 23 novembre 1924.
Les événements de 1996 sont frais à la mémoire : quatre (4) événements de pluies
abondantes se produisent:
Les pluies des 4 et 5 juillet font déborder la rivière Châteauguay. Les 19 et 20 juillet, c’est le
déluge qui affecte une vaste partie du Québec méridional avec un maximum au Saguenay.
Le 8 août, la municipalité de La Patrie et ses environs reçoivent des pluies torrentielles tandis qu’une dernière tempête désastreuse frappe du 7 au 10 novembre 1996 la Montérégie,
la Mauricie, Batiscan et Portneuf.
Premier rapprochement
La tempête du 28 septembre au 1er octobre 1924 présente des similitudes frappantes avec
celle du 7 au 10 novembre 1996. Les trajectoires des dépressions sont similaires. Des
ondes frontales se développent dans les deux cas le long d’un front quasi stationnaire
orienté nord-sud. Le blocage anticyclonique est également comparable dans les deux cas.
Le flux d’air chaud et humide responsable des pluies abondantes pénètre profondément le
centre du Québec laissant ses plus fortes pluies dans le Suroît, la Mauricie et le versant sud
du Parc des Laurentides.
3 Une pluie abondante est définie comme un événement où au moins 50 mm de pluie est tombée en 24 heures.
4 11.71 pouces équivaut à 297 mm de pluie.
13
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Deuxième rapprochement
On peut également comparer cette même tempête du 28 septembre au 1er octobre 1924 à
celle du 18 au 20 juillet 1996. Les trajectoires des dépressions sont différentes mais la
source d’air chaud et humide est la même et sa trajectoire en altitude est semblable. Les
mécanismes de précipitation de la forte précipitation restent essentiellement les mêmes :
pluies cycloniques et frontales avec des effets orographiques marqués. Une langue d’air
très humide pénètre au Saguenay par le nord-est dans les 2 cas. La différence essentielle
réside dans le blocage anticyclonique qui, en 1996, ralentit la progression vers l’est du
système dépressionnaire jusqu’à l’immobiliser tandis qu’en 1924, l’anticyclone oblige les
ondes frontales et la dépression tropicale à suivre une trajectoire du sud au nord sans les
ralentir.
Les 29 et 30 septembre 1924 au Saguenay, des pluies de 125 mm s’abattent sur le versant
nord du Parc des Laurentides. En juillet 1996, dans des conditions analogues mais qui
persistent pendant 40 heures et plus, ce sont 250 mm de pluie qui sont déversés sur ce
même versant nord du Parc. On ne peut bien sûr que spéculer sur les volumes de pluie qui
y seraient tombés si la tempête tropicale du 30 septembre 1924 avait été ralentie jusqu’à
devenir stationnaire au centre du Québec.
Troisième rapprochement
Une troisième comparaison peut être faite entre la tempête des 22 et 23 novembre 1924 et
celle du 7 au 10 novembre 1996
Les deux tempêtes affectent le Centre du Québec, l’Estrie, la Montérégie, la Mauricie et le
versant sud du Parc des Laurentides. Dans les deux cas, il s’agit d’un creux barométrique
quasi stationnaire qui pave la voie à une ou deux dépressions naissantes. Ces dépressions
remontent à travers l’est des Etats-Unis vers le nord jusqu’à des latitudes élevées. Leur
cheminement vers l’est est bloqué par un fort anticyclone sur l’Atlantique. Un flux important
d’air chaud et humide produisant des pluies abondantes est aspiré vers le centre du
Québec.
Il y a dans ces trois rapprochements des analogies qui ouvrent la porte à davantage
d’exploration.
L’examen de ces tempêtes fournit un éclairage intéressant sur les conséquences
météorologiques de la géomorphologie de la cuvette du Saguenay/Lac St-Jean. Plusieurs
auteurs (Gagnon & Ferland, 1967 ; Wilson, 1973) ont indiqué non sans raison que cette
région était relativement à l’abri des fortes précipitations. Les moyennes annuelles de pluie
comme de neige sont plus faibles au Saguenay/Lac St-Jean que dans les régions
périphériques (Wilson, 1973).
14
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Les pluies maximales ponctuelles de 24 heures sont également plus faibles. Le massif
Laurentien au sud, les Monts Valin et les Murailles à l’est créent un genre de bouclier qui
diminue les apports d’humidité dans la région (Gagnon,1970). En règle générale, il tombe
sur le versant sud du parc des pluies plus importantes que sur le versant nord.
Mais en contournant les Monts Valin dans l’axe des rivières Shipshaw et Péribonca, un
courant d’air tropical humide peut envahir le Saguenay/Lac St-Jean par le nord-est et atteindre le versant nord du Parc des Laurentides. C’est ce qu’on appelle passer par la porte
arrière.
Cela s’est produit de façon dramatique en juillet 1996. L’événement en soi est rare mais
pas exceptionnel. La tempête de la fin septembre 1924 est en quelque sorte une avant-première des pluies diluviennes de 1996.
L’année 1932 est, comme 1924 et 1996, une année de pluies abondantes au Québec. Des
rapprochements entre les fortes tempêtes récentes et celles de 1932 restent à explorer et
promettent de fournir des éclairages intéressants.
15
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
5. Conclusion et recommandations
De nombreuses études ont porté sur des analyses statistiques des précipitations
ponctuelles au Québec. Cependant, pour des applications hydrologiques sur des bassins
versants de quelque importance que ce soit, les précipitations ponctuelles ont très peu de
signification pratique. Dans ce contexte, cette étude de la fréquence des précipitations
ayant couvert des superficies de 5 000 km2 à 10 000 km2 est un premier effort. Même si
elle ne couvre que la période de 1912 à 1981 (et à partir de 1996), elle fait ressortir l’ampleur des événements historiques qui ont touché cette partie sud du Québec depuis le début
de ce siècle. Il serait utile, par conséquent, de compléter cette série de données pour couvrir la période 1981 à 1996. Les auteurs en font donc une de leurs recommandations. Par
ailleurs, il ne faudrait pas oublier que la densité des réseaux de mesure des précipitations
a considérablement évolué entre 1912 et 1981 et que la précision des valeurs pour les premières décennies n’est pas toujours comparable avec celles des dernières.
Cette étude n’a considéré que les cas de pluies abondantes de juin à novembre. Alors que
les inondations printanières causées par la fonte de la neige combinée à des épisodes pluvieux sont des phénomènes qui se produisent annuellement au Québec, les inondations les
plus violentes, pour des bassins de 5 000 km2 à 10 000 km2, proviennent de pluies extrêmes
d’été ou d’automne.
Francis & Hengeveld (1998), dans leur étude sur les phénomènes extrêmes et le changement climatique, ont examiné la variation du « pourcentage des précipitations annuelles
apporté par les 10% des plus abondants épisodes de précipitation de l’année ». Alors que
pour l’ensemble du Canada, celle-ci a augmenté au cours de la seconde moitié du siècle,
« dans le sud du pays, les épisodes de précipitations extrêmes ont en fait baissé pendant
le dernier siècle ». L’analyse de stationnarité mentionnée dans la section 2, n’a détecté
aucun changement significatif entre 1912 et 1981. Par ailleurs, même si les deux années
les plus violentes de ce siècle en ce qui concerne les inondations (1924 et 1996), ont beaucoup de similitude concernant les conditions synoptiques, il est difficile à cette étape de
comparer et de quantifier les répercussions physiques, biologiques, économiques et
sociales de la tempête de 1924 avec celle de 1996.
L’examen des sommaires des onze tempêtes indique bien que leurs trajectoires sont influencées par la circulation atmosphérique en altitude, la position des cellules de haute pression, le réchauffement différentiel des surfaces sous-jacentes (sol, nappes d’eau), les
courants océaniques, la topographie, etc.. La combinaison de certains de ces facteurs fait
en sorte qu’on a une tempête majeure ou ordinaire.
Certains de ces éléments ont un caractère de permanence qui fait en sorte que les dépressions se déplacent dans des corridors préférentiels assez bien connus et variables selon les
saisons (Leduc & Gervais, 1985).
17
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Ces corridors seront-ils modifiés par une augmentation substantielle de CO2 dans l’atmosphère dans le contexte actuel de possibles changements climatiques ? Est-ce que des
modèles régionaux de simulation de l’atmosphère suffisamment précis permettraient de
mettre en évidence l’influence d’éventuels changements climatiques sur ces corridors ?
Une étude poussée permettrait de mieux cerner les fluctuations possibles de ces corridors
et leur signification dans la prévision déjà difficile des situations météorologiques à caractère explosif comme celles de juillet et de novembre 1996.
Les auteurs osent espérer que cette information passée sur les pluies abondantes qui ont
affecté le Québec méridional pourra contribuer à modifier nos perceptions et attitudes tant
sur la fréquence que sur l’étendue spatiale des précipitations extrêmes, d’été et d’automne,
et à permettre par conséquent de mieux « s’adapter au climat ».
18
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
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Survol des cas de pluies abondantes au Québec
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21
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 1: Tableau des fortes tempêtes de pluie au Québec entre 1912 et 1999
Tableau V : Pluies des fortes tempêtes d'été/automne connues au Québec
Lame de pluie tombée (en millimètre)
Durée des précipitations
en 24 heures
en 48 heures
Superficies en km2
Année Mois
Jour
1 000
5 000
10 000
100 000
1 000
5 000
10 000
100 000
30
175
145
125
50
120
110
95
1912
août
9-13
115
95
80
1916
juillet
16-17
90
70
55
1917
juin
17-18
105
100
90
1917
juillet
21-22
160
100
1917
juillet
30
130
115
105
1922
juin
17-23
95
90
85
40
125
120
115
65
1922
septembre
10-12
60
55
50
25
115
100
90
40
1923
juin
25-30
55
45
35
70
60
55
1923
octobre
23-26
100
95
85
55
125
120
110
1924
septembre
9-11
105
65
60
45
150
120
110
70
1924
sept/oct
29-1
160
150
140
80
185
175
165
110
1924
novembre
22-23
85
70
65
95
85
80
1926
août
6-9
115
80
65
40
115
85
70
50
1927
juillet
6-8
45
40
30
70
65
40
1927
novembre
2-5
85
85
80
55
150
140
135
80
1927
novembre
14-18
70
65
60
40
115
110
105
70
1929
juin
24-25
105
95
85
1929
août
23-25
55
50
60
55
40
1930
Juin
25-27
130
110
95
155
135
120
1931
juin
7-9
60
50
90
70
1932
juillet
7-10
75
65
35
1932
août
16-19
65
60
55
30
1932
août
24-28
110
85
60
1932
septembre
14-18
160
150
70
1932
octobre
5-7
80
75
70
50
1933
juin/juillet
30-1
110
100
90
1933
août
24-26
90
70
65
1935
juillet
15-19
70
60
1935
août
21-22
130
110
85
1935
septembre
18-20
140
105
85
1936
juillet
28-31
60
55
30
1937
juin
21-23
90
90
60
1937
août
10-13
70
60
35
1937
septembre
11-15
75
65
30
1937
octobre
18-24
85
85
60
1938
août /sept.
31-1
95
90
1939
juin/juillet
28-1
125
105
45
1939
juillet
27-31
75
50
30
1940
juin
25-30
65
60
40
1940
août
23-25
55
50
1940
août /sept.
31-3
50
50
100
90
160
65
23
25
100
90
50
120
105
90
60
125
100
80
205
200
110
125
115
110
70
160
135
120
70
62
140
110
70
60
40
95
95
70
110
105
80
80
75
40
85
85
60
140
125
70
95
75
50
70
65
50
65
60
90
85
175
35
85
125
90
170
120
60
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
(suite de l’annexe I......)
Lame de pluie tombée (en millimètre)
Durée des précipitations
en 24 heures
en 48 heures
Superficies en km2
Année Mois
Jour
1 000
5 000
10 000
100 000
1 000
5 000
95
85
130
105
10 000
100 000
105
80
90
40
170
145
135
65
1941
juin
26-28
1942
juin
12-17
1942
septembre
18-20
85
80
50
110
105
85
1944
juin
5-7
80
70
30
100
95
50
1945
septembre
17-18
90
80
115
105
1945
août
13-15
45
40
30
85
70
60
1946
sept./oct.
29-2
80
70
45
105
100
75
1947
juillet
17-19
150
125
100
150
125
100
1949
juin
13-16
85
70
50
30
100
85
80
50
1949
juin
25-26
70
65
45
1949
août
28-30
90
90
85
60
115
115
110
85
1950
juin
16-18
60
50
45
75
70
65
1950
novembre
26-30
65
55
105
100
1951
juillet
4-6
75
65
130
110
100
1952
juin
1-4
65
60
90
80
1952
juillet
9-11
80
70
45
135
115
105
65
1952
août
15-18
90
85
60
95
90
65
1952
août
21
120
85
75
1952
octobre
2-4
60
55
50
110
105
95
65
1953
juillet
6-7
80
70
60
90
80
70
1953
septembre
5-9
105
95
90
105
95
90
1954
juin
26-28
150
125
105
180
150
130
1954
août
11-12
65
45
40
110
90
85
1955
août
5-7
115
100
80
50
115
100
80
50
1955
septembre
18-21
70
65
55
30
115
105
95
65
1956
août
22-25
125
105
90
60
145
140
130
90
1957
août
3-4
175
110
90
1957
septembre
2-6
85
75
70
45
140
130
120
85
1958
octobre
7-11
45
40
40
35
85
80
70
50
1959
juin
13-16
75
70
60
120
115
85
1960
juin
23-25
90
85
115
100
90
1960
juillet
26-28
100
95
80
1960
septembre
12-14
110
95
85
65
1961
août
31
145
120
105
1963
septembre
12-13
90
85
80
1963
novembre
6-8
90
80
1964
juillet
28-30
110
95
1966
septembre
21-24
85
75
70
50
1966
novembre
1-4
165
140
80
1967
août
28
105
90
1967
septembre
22-25
145
115
105
1969
juillet
24-29
115
105
85
110
90
100
115
24
125
40
35
60
110
105
90
120
110
90
70
160
130
115
70
125
110
100
90
115
105
95
130
120
110
80
190
170
90
165
140
135
90
160
120
95
60
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
(suite de l’Annexe I......)
Lame de pluie tombée (en millimètre)
Durée des précipitations
en 24 heures
en 48 heures
Superficies en km2
1 000
5 000
10 000
1 000
5 000
10 000
1969
août
17-18
100
80
60
115
90
70
1970
Juin
1
120
95
85
145
125
115
1970
juillet
19-21
125
110
100
140
125
120
1972
août
7-8
135
80
65
140
85
70
1972
septembre
3-5
130
120
135
130
1974
juin
16-18
100
65
55
130
90
75
1976
juillet
11-14
115
85
80
205
145
110
1978
juin
17-19
75
70
65
95
90
80
1979
septembre
13-14
80
75
105
100
1980
juillet
5-7
105
95
1981
juin
21
70
65
1981
août
3-7
135
130
1996
juillet
18-20
172,0
1996
novembre 3-7
141,0
Année
Mois
Jour
125
100 000
70
70
100 000
85
80
60
160
145
135
95
110
35
180
165
150
70
151,7
137,1
90,7
261,8
231,0
206,8
125,6
131,9
121,0
68,3
151,4
143,8
134,6
86,5
25
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 2 : Tempête du 9 au 11 septembre 1924
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
De l’air chaud et instable aspiré par deux dépressions qui voyagent en parallèle de l’ouest vers l’est aux
États-Unis et provenant d’au-dessus du “Gulf Stream” entre au Québec en passant par les états de la
Nouvelle-Angleterre.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Deux dépressions voyageant en parallèle, l’une au Michigan et l’autre en Georgie le 8 septembre, se dirigent vers l’est. Elles se creusent et dérivent vers le nord-est le 9 septembre. La première entre au Québec
par le St-Laurent, la seconde par la vallée de la rivière Connecticut. Un flux persistant d’air tropical humide
entre au Québec par cette voie. Le front froid de la première dépression devenu stationnaire au-dessus de
l’Estrie le 9 septembre sert de rampe d’ascendance à l’air tropical déjà poussé vers le haut par la convergence cyclonique. En 36 heures, 75 à 200 mm d’eau tombent sur une vaste superficie englobant la
Mauricie, Charlevoix, l’Estrie et la Nouvelle-Angleterre. Des maximums de 197 mm à La Malbaie, 110 mm
au Lac Kempt et 130 mm à East Angus témoignent de l’intensité de la tempête.
3- Blocage
L’anticyclone des Bermudes et le développement d’une seconde cellule de haute pression sur l’Atlantique
au sud du Groenland ralentissent la course de l’ouest vers l’est de la dépression du Michigan. La deuxième
dépression venant de la Louisiane file vers l’est jusqu’en Georgie où elle doit bifurquer vers le nord le 9
septembre. Ainsi, les deux dépressions et leurs systèmes frontaux sont forcés de se combiner pour produire les pluies abondantes du 9 et du 10 septembre.
4- Pluies antécédentes
Deux périodes de pluie cyclonique les 1er et 2 septembre puis les 5 et 6 septembre laissent entre 50 et 75
mm d’eau sur le bassin versant de la St-François, préparant le sol à ruisseler davantage et de façon plus
hâtive lors des pluies subséquentes commençant le 9 septembre.
5- Effets orographiques
La topographie joue un rôle secondaire en Estrie mais il en va tout autrement dans Charlevoix où le versant sud-est des Laurentides joue un rôle majeur d’intensification des pluies.
6- Références
·
CARTIER L. & A. LECLERC (1965)
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1962), QUE-9-24 et QUE-9(3)-24
·
COMMISSION DES EAUX COURANTES (1925)
27
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 5.
Figure 6.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées les 9, 10
et 11 septembre 1924.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du
temps à La Malbaie, East Angus, Lake Kempt et Albanel
du 9 au 13 septembre 1924.
28
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 7. Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 10 septembre 1924.
29
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 3 : Tempête du 28 septembre au 1er octobre 1924
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
L’air tropical des Antilles est transporté au dessus de tout le Québec méridional dès le 28 septembre par
un fort courant du sud contournant l’anticyclone des Bermudes. Cet air chaud est repoussé au sud de la
vallée du St-Laurent le 29 septembre par un front froid, ce qui donne les premières pluies orageuses. L’air
tropical est immédiatement ramené au nord le 30 par une autre dépression qui monte des Carolines vers
le Québec et aspire à nouveau avec elle un puissant courant d’air tropical.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Une première dépression traverse le Québec de la Baie James le 28 au Labrador le 29. Le front froid balaie la province du nord-ouest au sud-est. Il devient stationnaire au sud de la vallée du St-Laurent et s’étire
de la Gaspésie au Lac Champlain. Une tempête tropicale en Caroline du Nord le 30 septembre fusionne
avec une onde frontale naissante en Pennsylvanie, remonte la vallée du Richelieu et le centre du Québec
jusqu’au nord du Lac St-Jean le 1er octobre puis vers l’Ungava. De 150 à 175 mm de pluie sont déversés
sur le versant sud du Parc des Laurentides et de 100 à 125 mm sur le versant nord. La masse d’air humide
entre au Saguenay par le nord-est, à l’avant du front froid. Kénogami reçoit 100 mm de pluie et
Roberval,115 mm.
3- Blocage
Le fort anticyclone au dessus des Bermudes dirige un puissant courant d’air tropical du sud au nord et
impose un changement de direction vers le nord à la tempête tropicale de la Caroline. Il n’y a pas d’arrêt
du centre de la dépression qui ralentit à peine au-dessus de la vallée du St-Laurent avant de filer vers
l’Ungava le 2 octobre.
4- Pluies antécédentes
L’été 1924 est remarquable par ses pluies et inondations. Septembre est le deuxième mois le plus pluvieux
depuis 75 ans à Montréal. Des pluies mensuelles de 298 mm sont enregistrées à La Malbaie qui reçoit 197
mm du 9 au 14 septembre avant de subir la tempête du 29 septembre au 1er octobre.
5- Effets orographiques
La convergence causée par le cyclone d’origine tropicale provenant de la Caroline du nord est la cause
première des fortes pluies. La remontée de l’air chaud le 30 septembre s’accompagne d’une poussée
ascendante sur le plan incliné du versant sud des Laurentides. Ainsi, St-Feréol reçoit 167 mm de pluie tandis que Québec n’en reçoit que 115 mm. Le versant nord du Parc des Laurentides contribue également à
accentuer l’ascendance de l’air tropical lorsque ce dernier pénètre au Saguenay par le nord-est, poussé
par la circulation cyclonique.
6- Références
·
BOUCHER R.J., CARTIER L. & A. LECLERC (1964)
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1962), QUE-9(2)-24 et QUE-9(4)-24
·
COMMISSION DES EAUX COURANTES (1925)
31
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 8.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées du 29 septembre au 1er octobre
1924.
Figure 9.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Bell falls,
Shawinigan Falls et Seven Falls du 29 septembre au 1er octobre 1924.
32
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 10. Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 30 septembre 1924.
Figure 11. Trajectoire de la tempête entre le 26 septembre
et le 2 octobre 1924.
33
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 4 : Tempête des 22 et 23 novembre 1924
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
De l’air chaud et humide en provenance du sud-est des Etats-Unis et des Antilles est aspiré vers le nord
dans un creux de basse pression s’étendant du nord-est de l’Ontario jusqu’au Tennessee. L’anticyclone
des Bermudes favorise la montée de l’air chaud le long des états côtiers de l’Atlantique. Cet air chaud
envahit la Pennsylvanie, New-York et le sud du Québec le 21 novembre 1924.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Une profonde dépression (989 mb) au voisinage de Kapuskasing, Ontario, le matin du 22 novembre chemine lentement vers le nord-est. Elle est accompagnée d’un creux barométrique s’incurvant du centre de la
dépression vers l’Outaouais, la Pennsylvanie puis le Tennessee. Une seconde dépression naissante en
Virginie le 21 novembre (994 mb) se développe à la faveur d’une forte poussée d’air froid descendant derrière le creux barométrique. Cette seconde dépression remonte vers le nord le long du creux et produit
des pluies abondantes en Nouvelle-Angleterre puis en Estrie et en Mauricie. La convergence de l’air
humide dans le creux de basse pression produit des accumulations de 60 à 100 mm de pluie au cœur de
l’Estrie (Drummond-Richmond) et de 50 à 70 mm en Mauricie.
3- Blocage
L’anticyclone des Bermudes, une caractéristique météorologique semi-permanente en automne, est particulièrement fort sur l’Atlantique à la mi-novembre 1924 alors que son influence se fait sentir jusqu’au nord
de Terre-Neuve. Il imprime une direction nord aux dépressions continentales dès qu’elles approchent de
la côte Atlantique.
4- Pluies antécédentes
Les 3 premières semaines de novembre sont marquées de faibles pluies. On observe aussi de faibles
chutes de neige les 3, 12, 16 et 20 novembre totalisant 5 à 19 cm en Estrie et 10 à 25 cm en Mauricie.
5- Effets orographiques
Les montagnes de la Nouvelle-Angleterre ajoutent une poussée verticale non négligeable au courant d’air
chaud venant du sud. D’autre part, le versant sud des Laurentides joue le même rôle en Mauricie accentuant les pluies de convergence dues au passage du creux barométrique.
6- Références
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1962), QUE-11-24
·
COMMISSION DES EAUX COURANTES (1926)
35
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 12.
Hauteurs totales de pluies (en pouces) mesurées les 22 et 23 novembre 1924
Figure 13. Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Drummondville,
East Angus et Kingsbury les 22 et 23 novembre 1924.
36
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 14. Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 22 novembre 1924.
37
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 5 : Tempête du 2 au 4 novembre 1927
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
De l’air tropical ayant causé une vague de chaleur aux États-Unis à la fin d’octobre est entraîné au Québec
par une première dépression sur la Baie d’Hudson tôt le 2 novembre. Puis des dépressions secondaires
sur la Virginie et les Carolines (Nord et Sud) aidées par une tempête tropicale en provenance de Cuba
pompent un fort courant d’air excessivement humide au dessus de l’Atlantique venant alimenter la perturbation complexe responsable des pluies au Québec.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Une dépression à l’ouest des Grands Lacs le 1er novembre se creuse (990 mb) et atteint la Baie d’Hudson
le 2 novembre. Un front froid très marqué s’étire de son centre vers le sud-ouest à travers le Lac Érié
jusqu’au Texas. Une forte zone barocline résultant d’un fort contraste de température va favoriser la genèse
d’un chapelet de petites dépressions le long du front froid sur la Virginie et les Carolines. Ce front froid et
un creux venant de l’ouest traversent le bassin versant de la St-François et le front froid s’immobilise juste
à l’est tôt le 3 novembre. Ce front fournit le plan incliné sur lequel va se soulever et se condenser le riche
contenu en humidité de l’air tropical “pompé” vers le nord. En plus, la convergence à l’avant de cette circulation du sud maintient un taux excessif de pluie sur la St-François, totalisant 100 à 175 mm d’eau.
3- Blocage
Un fort anticyclone sur l’Atlantique juste à l’est de la Nouvelle-Angleterre se déplace vers le nord-est au
sud de Terre-Neuve. Il s’intensifie les 2 et 3 novembre et bloque tout mouvement vers l’est du front et des
deux cyclones se déplaçant le long du front. Le cyclone tropical venant de Cuba, le 3 novembre, est aussi
forcé de monter franc-nord vers la Nouvelle-Angleterre et de se fusionner le 4 avec les autres dépressions
au dessus de l’Estrie et du St-Maurice.
4- Pluies antécédentes
Des précipitations supérieures à la normale en octobre résultent surtout du passage d’une tempête tropicale du 18 au 20 octobre. Puis le 26, le 28 et le 31 octobre, environ 25 mm de pluie tombent sur le centre
du Québec et en Estrie. Ces pluies produisent un état proche de la saturation dans le sol à un moment de
l’année où l’évaporation est presque nulle.
5- Effets orographiques
De très forts effets orographiques se produisent en Nouvelle-Angleterre dans les Montagnes Vertes et les
Montagnes Blanches. L’effet d’entonnoir dans les vallées et le soulèvement orographique produisent des
pluies exceptionnelles. A titre d’exemple, 350 mm d’eau tombent à Kinsman Notch au New Hampshire. On
observe une légère diminution de la pluie à l’ouest de Sherbrooke dans l’ombre des Montagnes Vertes.
6- Références
·
BOUCHER R.J., BOURBONNAIS P.E., CARTIER L. & A. LECLERC (1966)
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1963), QUE-11-27
·
COMMISSION DES EAUX COURANTES (1928)
39
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 15.
Figure 16.
Hauteurs totales de pluies (en pouces) mesurées les 2, 3 et 4 novembre 1927.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Drummondville, St-Tite
et Shawinigan Falls du 2 au 4 novembre 1927.
40
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 17. Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 4 novembre 1927.
41
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 6 : Tempête du 15 au 18 septembre 1932
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
Sur la côte est des États-Unis, un flux d’air maritime tropical est soulevé à l’avant d’un front chaud associé
à une dépression au large des côtes de la Virginie le matin du 16 septembre. Cet air maritime-tropical
envahit la côte nord-est américaine, l’Estrie, Charlevoix et le Bas du Fleuve dans la nuit du 16 au 17
septembre.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Une importante dépression au large de la Virginie le 16 septembre au matin se déplace vers le nord-est.
Elle bifurque vers le nord et pénètre lentement, le 17, en Nouvelle-Angleterre aux environs de Cape Cod ;
elle déverse entre 100 et 200 mm de pluie dans le Bas du Fleuve, Charlevoix et au Saguenay. L’air très
humide est soulevé au-dessus de la masse d’air frais en provenance du nord-ouest qui s’est établie dans
la vallée du St-Laurent.
3- Blocage
Un important anticyclone couvrant Terre-Neuve, le Golfe St-Laurent et les Bermudes bloque la progression
de la dépression vers l’est et la force à cheminer vers le nord.
4- Pluies antécédentes
Les deux dernières semaines du mois d’août 1932 sont marquées par des pluies abondantes en Mauricie
et sur le massif Laurentien au nord de Québec. Toutefois, les quinze premiers jours de septembre 1932
sont plutôt secs ; de 15 à 30 mm de pluie sont mesurés pendant cette période.
5- Effets orographiques
L’effet orographique des Montagnes Blanches produit des précipitations exceptionnelles de 200 à 225 mm
dans le Maine. L’air chaud traverse quand même au Québec en altitude où la poussée ascensionnelle se
poursuit sur l’air frais présent dans la vallée du St-Laurent. L’effet orographique du versant sud-est des
Laurentides est marqué dans Charlevoix qui reçoit des pluies de 100 à 125 mm. Le Saguenay reçoit de
son côté des pluies de 80 à 120 mm.
6- Références
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1963), QUE-9-32 et QUE-9(2)-32
·
COMMISSION DES EAUX COURANTES (1933)
43
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 18. Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées du 14 au 18 septembre 1932.
Figure 19.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Milo, Isle Maligne,
Thetford Mines et au barrage Ripogenus du 14 au 18 septembre 1932.
44
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 20. Carte météorologique de surface valide à 1300 TU le 16 septembre 1932.
45
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 7 : Tempête du 13 au 15 juin 1942
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
Dès le 10 juin, un fort courant du sud amène au nord l’air chaud du Golfe du Mexique et de l’Atlantique sud,
couvrant rapidement l’est des USA, le sud de l’Ontario et du Québec.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Les 11 et 12 juin, une dépression naissante dans la Baie de Cheasepeake entame sa course vers le nord
autour de l’anticyclone de l’Atlantique et atteint la Nouvelle-Angleterre et l’Estrie le 12 juin. Il y a déjà de
l’activité cyclonique dans le nord du Québec, près de la Baie James, et un front froid s’étendant vers le sudouest se déplace lentement vers l’est, soulevant l’air tropical instable, le 13 juin.
Le matin du 14 juin, ce front froid s’immobilise en Estrie. Trois petites dépressions remontent alors successivement le long du front et produisent de 100 à 175 mm de pluie à la fois cyclonique et frontale en
Estrie (190 mm à Windsor).
3- Blocage
Un anticyclone s’intensifie du 11 au 12 juin au sud du Groenland (1026 mb), bloquant l’avance des dépressions voyageant dans la masse d’air tropical. Il en résulte au Québec, le long du front froid, un système
quasi stationnaire de production de pluies affectant la Nouvelle-Angleterre, l’Estrie, la région de Québec,
le Saguenay et la Basse Côte-Nord (100 à 150 et même 200 mm d’eau).
4- Pluies antécédentes
Dans les premiers 10 jours de juin, il ne pleut pas beaucoup sur l’extrême sud du Québec. Du 3 au 5 juin,
25 mm de pluie tombent au Saguenay. Les 11 et 12 juin, il tombe environ 50 mm sur le bassin de la rivière St-François.
5- Effets orographiques
Au Saguenay, l’air froid descendant du nord-ouest vers le sud-est soulève en altitude l’air chaud et humide
coincé entre le front froid qui avance et le flanc montagneux du versant nord du Parc des Laurentides.
Ainsi, des pluies d’origine frontale et orographique atteignant 140 mm se produisent les 12, 13 et 14 juin
dans cette région. Il y a peu ou pas d’effet orographique notable associé à cette tempête dans l’Estrie.
L’avance lente du front froid cause de la pluie frontale tandis que la convergence à l’avance des petites
dépressions produit aussi de fortes ascendances et des pluies cycloniques dans le sud du Québec.
Toutefois la circulation du nord-est poussant l’air chaud sur le plateau Laurentien dans Charlevoix induit de
la pluie orographique sur le versant sud-est le 14 juin.
6- Références
·
BOUCHER R.J., CARTIER L . & A. LECLERC (1953)
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1963), QUE-6-42
47
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 21.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées entre le 12 et le 17 juin 1942.
Figure 22. Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à Windsor,
Portage des Roches, Québec et Clarke City du 12 au 17 juin 1942.
48
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 23.
Carte météorologique de surface valide à 1230 TU le 15 juin 1942.
49
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 8 : Tempête des 15 et 16 juin 1943
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
Du 10 au 13 juin, de l’air tropical humide atteint le nord des États-Unis. A l’est des Grands Lacs et au
Québec, l’air devient de plus en plus humide et instable. Le 15 juin, de l’air tropical plus riche en humidité
et plus instable atteint le Québec.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Deux dépressions, le 10 juin puis le 13 juin, produisent de 40 à 60 mm de pluie sur l’ensemble du bassin
de la St-François. Le 15 juin une troisième dépression transportant de l’air plus humide et plus instable
produit des pluies torrentielles du type “ABAT” en fin de journée et en soirée. De 50 à 125 mm de pluie
tombent en quelques heures (105 mm à Lennoxville).
Quatre mécanismes, tous efficaces, sont en cause:
- la convergence dans le secteur chaud du système cyclonique
- la convection due au réchauffement solaire dans l’après-midi
- le soulèvement causé par le passage du front froid
- le soulèvement orographique sur les terrains élevés au sud-est.
3- Blocage
Il n’y a pas de blocage anticyclonique pendant cette période. Les trois dépressions qui circulent en succession rapide dans l’air tropical suivent la même trajectoire de l’ouest vers l’est.
4- Pluies antécédentes
Des interactions répétées entre l’air polaire continental et l’air tropical pendant les deux premières
semaines de juin créent des conditions très humides en Estrie bien que les quantités totales de pluie soient
modestes. Mais il pleut un jour sur deux pendant ces quatorze jours. Les averses et orages des 10 et 11
juin laissent de 10 à 15 mm d’eau autour de Sherbrooke. Un scénario similaire le 13 juin donne de 25 à
40 mm de pluie. Le sol des parties sud-est du bassin de la St-François devient saturé et les niveaux des
petits cours d’eau montent au-dessus de la normale avant la pluie du 15 juin.
5- Effets orographiques
Il y a soulèvement orographique de l’air humide sur les terrains les plus élevés le long de la frontière entre
la haute St-François et la partie supérieure du bassin de la rivière Connecticut lors du passage de la
troisième dépression le 15 juin en fin de journée.
6- Références
·
BOUCHER R.J. CARTIER L. & A. LECLERC (1952)
·
GAGNON R.M., POLLOCK D.M. & D.M. SPARROW (1970)
51
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 24. Carte météorologique de surface valide à 1830 TU le 15 juin 1943.
52
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 9 : Tempête du 26 au 28 juin 1954
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
De l’air tropical est aspiré du Golfe du Mexique vers le sud de l’Ontario et du Québec le 26 juin par une
dépresssion centrée dans le nord de l’Ontario. Cet air de plus en plus humide est au-dessus du Québec
méridional en altitude les 27 et 28 juin. On l’observe alors en surface sur l’extrême sud du Québec. La circulation cyclonique à l’avant de la dépression transporte un courant d’air humide au-dessus du Parc des
Laurentides le 27 juin.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Une dépression située à l’ouest de la Baie James le matin du 26 juin glisse vers le sud-est, puis traverse
l’Abitibi et la Mauricie. Son centre se situe dans la partie ouest du Parc des Laurentides aux environs de
Rivière-à-Pierre le matin du 27 juin. La convergence à l’avant du front chaud de la dépression combinée
à l’ascendance forcée de l’air humide sur le flanc est du Parc des Laurentides provoque des pluies abondantes pendant un peu plus de 24 heures sur le territoire du parc (La Galette: 185 mm en 30 heures). Le
passage du front froid provoque un deuxième maximum de précipitation au sud de Montréal et en Estrie
(125 mm à Coaticook, 100 mm à Farnham).
3- Blocage
L’anticyclone qui s’intensifie au sud du Groenland force la dépression à glisser vers le sud-est sans toutefois causer de ralentissement. La dépression occasionne des vents de surface du nord-est qui persistent
pendant 48 heures sur le versant nord du parc des Laurentides et accentuent le soulèvement vertical de
l’air tropical venant du sud.
4- Pluies antécédentes
Le début de juin est fort humide dans le Bas du Fleuve et dans le Parc des Laurentides où il tombe environ 75 mm d’eau du 1er au 5 juin. Toutefois, on enregistre seulement de 15 à 25 mm de pluie dans les trois
semaines qui précèdent la tempête.
5- Effets orographiques
Le versant sud-est du Plateau Laurentien à l’est de la ville de Québec agit comme rampe de lancement
pour l’air maritime tropical poussé vers le nord à l’avant de la dépression. La canalisation de l’air chaud et
humide dans la vallée de la Rivière du Groufre et de la Rivière Malbaie est responsable des pluies exceptionnelles qu’on observe sur le flanc des montagnes qui atteignent 1000 mètres dans cette partie du Parc.
6- Références
·
MINISTÈRE DES TRANSPORTS (1964), QUE-6-54
·
COMMISSION DES EAUX COURANTES (1954)
·
MINISTÈRE DES TERRES ET FORÊTS (1954)
53
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 25. Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées les 26, 27 et 28 juin 1954.
Figure 26.
Hauteurs cumulatives de pluie (en pouces) en fonction du temps à La Galette,
Coaticook et Farnham du 26 au 28 juin 1954.
54
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 27.
Carte météorologique de surface valide à 1230 TU le 27 juin 1954.
55
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 10 : Tempête du 1er au 4 novembre 1966
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
Un courant d’air tropical en provenance du Golfe du Mexique et des Antilles longe la côte américaine et
s’établit en altitude tôt le 2 novembre sur le Québec. Il est même présent en surface au sud du St-Laurent
les 3 et 4 novembre.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Quand l’air froid descendant du Canada atteint le 1er novembre le Golfe du Mexique, il amorce l’intensification de la dépression située en Georgie et le 2 novembre, il déclenche des pluies du Tennessee jusqu’au
Québec. La dépression se creuse et monte rapidement vers les Grands Lacs qu’elle atteint le matin du 3
novembre alors que le front chaud s’étend le long du St-Laurent jusqu’à Anticosti. Au Québec, des quantités de pluie de 100 à 150 mm sont mesurées aux stations officielles, particulièrement dans Charlevoix et
sur la Côte-Nord.
3- Blocage
Pendant la période principale de pluie du 2 au 4 novembre, un vaste anticyclone près de Terre-Neuve
(1040 mb) bloque le mouvement vers l’est du système frontal traversant le St-Laurent, l’Estrie et la
Nouvelle-Angleterre.
4- Pluies antécédentes
La fin d’octobre est marquée par des températures froides. Le versant sud des Laurentides est déjà couvert d’un manteau nival variant de 10 cm au nord de Québec à 30 cm au nord de Baie Comeau.
La fonte de la neige au sol juste avant la crue contribue à l’augmentation du ruissellement.
5- Effets orographiques
Le soulèvement orographique de l’air tropical sur les Appalaches accentue les premières pluies aux frontières du Tennessee et des Carolines le 2 novembre et par la suite le long de cette chaîne de montagnes
jusqu’en Nouvelle-Angleterre. Un effet orographique similaire se produit sur le versant est des Laurentides
dans Charlevoix et sur la Côte-Nord (115 mm à La Malbaie et 130 mm à Forestville).
6- Références
·
MINISTÈRE DES RICHESSES NATURELLES (1967)
57
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 28.
Figure 29.
Hauteurs totales de pluie (en pouces) mesurées du 1er au 4 novembre 1966.
Carte météorologique de surface valide à 1200 TU le 3 novembre 1966.
58
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 11 : Tempête du 18 au 21 juillet 1996
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
Le 18 juillet en après-midi, une faible zone barocline s’étend du nord du Lac Supérieur jusqu’au Québec à
l’avant du front chaud qui s’étire de Duluth à London et ensuite vers Pittsburg. L’apport d’humidité vers le
nord est considérable : les points de rosée atteignent de 22 à 27§C dans le secteur chaud qui monte rapidement vers le Québec. Dans la soirée du 18 au 19, l’air maritime tropical atteint Maniwaki et Caribou (Me)
en altitude puis Sept-Iles le matin du 19. Enfin la masse d’eau du Lac St-Jean sur laquelle soufflent des
vents du nord-ouest pendant 48 heures alimente en humidité supplémentaire le versant nord du Parc des
Laurentides.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Le réchauffement différentiel dans l’après-midi du 18 provoque les premiers orages convectifs dans le
secteur chaud. Le creusage graduel de la dépression établit la pluie cyclonique et frontale tôt le matin du
19. Une forte advection de tourbillon en altitude, la libération de la chaleur latente de condensation dans
l’air humide puis l’advection marquée d’air froid à l’ouest du système accélèrent le creusage de la dépression (20 millibars en 24 heures). Elle chute à 978 mb le matin du 20 juillet alors qu’elle atteint la frontière
Québec/Nouveau-Brunswick. Au cours de ce développement rapide, le système produit ses pluies les plus
étendues du sud-ouest du Québec jusqu’en Gaspésie et sur la Côte-Nord. Pendant la journée du 20 juillet, la dépression fait du « sur place » et perd lentement de son intensité. Toutefois, la zone de précipitation qui lui est associée continue d’arroser le centre-est du Québec, en particulier le Saguenay.
3- Blocage
L’anticyclone sur la Baie d’Hudson se raffermit sur le nord du Québec le 19 juillet tandis que l’anticyclone
des Bermudes s’intensifie également et établit son emprise jusqu’à Terre-Neuve, tous deux bloquant l’avance de la forte dépression. Devenue quasi stationnaire au-dessus du Bas du Fleuve, elle épuise son
énergie en déversant au nord de son front chaud plus de 100 mm de pluie additionnels.
4- Pluies antécédentes
Il pleut trois jours sur quatre dans la première quinzaine de juillet. Du 3 au 5 juillet, une première dépression balaie le sud-ouest en laissant 125 mm de pluie : la Châteauguay déborde, causant deux noyades
près de Huntingdon. Deux autres dépressions, l’une du 8 au 10 juillet et l’autre du 14 au 17, laissent chacune entre 25 et 50 mm d’eau. Le sol et l’air du Québec méridional regorgent d’eau après avoir reçu entre
100 et 150 mm de pluie dans les quinze jours précédent les pluies diluviennes du 18 au 21.
5- Effets orographiques
L’avance rapide de la dépression de Duluth, Minnesota vers l’est du Québec ne permet pas à la topographie de jouer un rôle significatif avant le freinage du 19 juillet. Dès le vendredi matin, la langue d’air tropical à l’avant du front chaud entre au Québec “par la porte arrière”, c’est-à-dire par l’est. Le vendredi et le
samedi, la langue d’air tropical voyage de l’est vers l’ouest sur la Côte-Nord et est soulevée par le flanc est
des Monts Valins où elle laisse un premier maximum de plus de 200 mm d’eau. La partie la plus au nord
du même courant contourne les Monts Valins et recourbe vers le sud. Elle est soulevée par le flanc nord
du massif du Parc des Laurentides où elle déverse, en 48 heures, de 250 à 300 mm d’eau, soit près du
double des pluies tombées au pied du massif.
6- Références
·
ENVIRONNEMENT Canada (1997)
59
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 30.
Figure 31.
Hauteurs totales de pluie (en mm) mesurées du 18 au 21 juillet 1996.
Hauteurs cumulatives de pluie (en mm) en fonction du temps à Cap-Éternité, Apica, Lac Ha!Ha!,
Bagotville, Portage-des-Roches et Rivière-aux -Écorces du 18 au 21 juillet 1996.
60
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 32.
Carte météorologique de surface valide à 1200 TU le 20 juillet 1996.
61
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Annexe 12 : Tempête du 7 au 10 novembre 1996
1- Approvisionnement d’air chaud et humide
Une poussée constante d’air tropical venant du sud des États-Unis et du Golfe du Mexique alimente de
petites dépressions qui se déplacent du sud vers le nord le long d’un creux barométrique. Ce dernier balaie lentement le Québec d’ouest en est du 8 au 10 novembre. L’air tropical avec des températures de 18
à 22§C pénètre sur le sud-ouest du Québec le soir du 7 novembre et atteint la Mauricie puis le Saguenay
les 8 et 9 novembre.
2- Mécanisme efficace de transport et de précipitation
Une forte dépression à la frontière de l’Ontario et du Manitoba le 6 novembre s’intensifie et monte vers la
Baie d’Hudson. Un creux de basse pression s’étend de cette dépression vers le sud. Ce creux balaie rapidement la région des Grands Lacs (800 km en 24 h). Le creux barométrique décélère sur le sud du Québec
le 8 octobre (400 km en 24 h) et devient rapidement stationnaire. L’ensemble des facteurs suivants
explique les pluies abondantes produites au passage du creux sur le sud du Québec : l’apport constant
d’humidité, la convergence des vents le long du creux dans les basses couches atmosphériques, un gradient de température prononcé de part et d’autre du creux, une forte libération de chaleur latente de condensation, le support dynamique en altitude favorisant la formation d’une dépression le long du creux. Dans
la soirée du 8 novembre, un cyclone naissant sur l’est de la Pennsylvanie s’intensifie et se déplace vers le
nord du Québec le long du creux devenu stationnaire. Le creux reprend son déplacement rapide vers l’est
après le passage de cette dépression.
3- Blocage
Le fort courant d’air tropical qui monte du Golfe du Mexique à travers les États-Unis conserve son orientation sud-nord pendant quatre jours tout en dérivant lentement vers l’est. Son déplacement latéral est contrôlé par une vaste cellule anticyclonique dont le centre (1037 mb) se stabilise au sud de Terre-Neuve.
L’emprise de cette haute pression est telle que l’importante dépression qui se développe en Pennsylvanie
le 8 septembre devra se déplacer vers le nord et même le nord-ouest malgré toute l’énergie qu’elle déploie.
4- Pluies antécédentes
L’année 1996 a été particulièrement pluvieuse. La section 4 du présent Survol s’y attarde de façon particulière et apporte des précisions à cet égard.
5- Effets orographiques
L’orographie n’est pas en cause dans la production des maxima de plus de 150 mm de pluie au sud-est de
Montréal et en basse Mauricie. Ils sont causés par l’intensification de la dépression de la Pennsylvanie qui
coïncide avec l’arrivée du creux barométrique sur le sud du Québec. On observe toutefois un maximum
secondaire de pluie dans le secteur de Batiscan/Portneuf sur le versant sud-ouest du Parc des Laurentides
occasionné en partie par le soulèvement de l’air tropical sur les Laurentides.
6- Références
·
ENVIRONNEMENT Canada (1998)
63
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 33.
Hauteurs totales de pluie (en mm) mesurées du 7 au
10 novembre 1996.
Figure 34.
Hauteurs cumulatives de pluie (en mm) en fonction du temps à
Frelighsburg, L’Assomption, Montréal/Dorval, L’Acadie, McTavish,
Ste-Anne-de-Bellevue, St-Hubert, Ste-Clothilde et St-Anicet du 7
au 10 novembre 1996.
64
Survol des cas de pluies abondantes au Québec
Figure 35. Carte météorologique de surface valide à 1200 TU le 9 novembre 1996.
65
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