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RÉFLEXIONS SUR LA TRADITION SOCIALE-DÉMOCRATE
providence, qui reconnaît le droit à l’éducation, le droit à la santé et le droit à
l’assistance sociale fondés sur la citoyenneté à la diérence des programmes
sociaux résiduels, beaucoup plus étroitement ciblés. Les sociaux-démocrates
soutiennent par ailleurs d’importants mouvements ouvriers, jetant ainsi les
bases d’une démocratie économique égalitaire.
La tradition sociale-démocrate reconnaît que l’inégalité des chances et des
conditions est enracinée dans la concentration de la propriété des capitaux
privés et dans la logique même de l’accumulation du capital, qui limite le
fonctionnement de la démocratie politique. La démocratie économique, avec sa
notion de propriété collective et de régulation des capitaux privés, demeurera à
l’ordre du jour jusque dans l’après-guerre avancé.
La Partie 2 de l’étude trace l’histoire de la social-démocratie en tant que
mouvement politique, depuis la période dorée de la fin du 19e siècle (aussi
appelée Âge du toc ou Âge des paillettes, en anglais Gilded Age) jusqu’à
l’Âge d’or de l’immédiat après-guerre. Avant la Première Guerre mondiale,
l’élargissement des droits des ouvriers et des droits démocratiques mène à un
accroissement de la représentation politique. Les socialistes doivent reconnaître
que le capitalisme est à la fois capable de faire progresser le niveau de vie de
la classe ouvrière et de mettre en œuvre des réformes sociales, contrairement
aux principes du marxisme orthodoxe. Certains réformistes en viennent à
considérer le socialisme non pas comme un moment de transition, mais plutôt
comme un objectif à atteindre graduellement par le truchement des institutions
politiques de la démocratie libérale. La division entre socialistes démocratiques
et socialistes révolutionnaires devient explicite après la révolution bolchevique,
mais les socialistes démocratiques maintiennent leur vision d’économie post-
capitaliste. Dans les années 1930, sous l’eet de la Grande Dépression (aussi
appelée Grande Crise) et d’une gauche désunie, le socialisme démocratique se
retrouve en marge de la vie politique, hormis en Suède où la social-démocratie
prône des politiques keynésiennes et l’expansion de l’État providence.
La Partie 3 de l’étude traite de l’évolution de la social-démocratie depuis l’Âge
d’or de l’État providence keynésien jusqu’à la Grande Récession. L’après-
guerre est marqué par la mise en oeuvre de nombreuses politiques sociales-
démocrates et par une réduction sensible des inégalités économiques et
sociales, parallèlement au plein emploi et à une forte croissance économique. Il
semble alors confirmé que le capitalisme peut coexister avec des droits sociaux,
économiques et ouvriers, ce qui amène bien des gens à rejeter le socialisme