VISION DISTURBANCE
PRESSE
VISION DISTURBANCE AU ABRONS ARTS CENTER
Par Andy Horwitz pour www.culturebot.org
Il n’y a pas si longtemps j’avais le sentiment que plus j’allais au théâtre, plus je préférais la
danse. J’étais frustré par ce qui me semblait être une surabondance de mots. Trop de mots
tentant d’expliquer trop de choses et prenant trop de temps pour le faire. Par contraste,
la sobriété et la densité de Vision Disturbance, la nouvelle pièce de Christina Masciotti,
mise en scène par Richard Maxwell, est une surprise particulièrement agréable. L’approche
économe qu’a Masciotti du langage démontre comment il est possible de faire plus avec
moins, brossant le portrait détaillé de personnages complexes et nous racontant l’histoire
simple mais profonde d’une rencontre.
Dans Vision Disturbance, Mondo, une immigrée grecque d’une quarantaine d’années
vivant dans la petite ville de Reading en Pennsylvanie, divorce de son mari, un Grec plutôt
traditionnaliste. Le stress engendré par cette situation se manifeste chez elle par un problème
de vue dont un des symptômes insolites, parmi d’autres, est une perte de la profondeur
de champ. Elle consulte le Dr Hull qui utilise une thérapie peu orthodoxe, impliquant la
musique, pour l’aider à recouvrer la vue. Le Dr Hull a ses propres problèmes de santé, un
mal de dos chronique qui l’a conduit a abuser des antalgiques. Mondo est forte et directe,
du genre qui a les pieds sur terre et n’a pas l’habitude d’être en état de faiblesse. Le Dr Hull
a moins d’assurance, c’est un célibataire solitaire qui vit avec sa mère et un chat vieillissant.
Alors que leurs vies se brisent et sombrent dans le chaos, Mondo et le Dr Hull se trouvent et
découvrent un nouveau sens à leurs vies.
Il est facile de comprendre pourquoi Richard Maxwell a été attiré par l’écriture de Christina
Masciotti. Ils partagent tous deux le même intérêt pour monsieur et madame tout-le-monde,
la recherche de la poésie de leur langage et de celle de leur quotidien. Masciotti a un don
pour saisir ces instants ordinaires et en faire jaillir le sens :
« A la maison, je devais me laver les mains et je regardais l’évier. Je ne pouvais pas me
rappeler comment il fallait saisir le robinet pour l’ouvrir. J’y avais jamais pensé avant, à
comment j’ouvrais le robinet. Mais en le regardant, à ce moment-là, il n’y avait rien que
je pouvais saisir, et donc je ne voyais pas comment j’allais ouvrir ce truc. À la n, j’ai juste
fermé les yeux et j’y suis allée à tâtons. J’avais l’impression que je pouvais mieux voir avec
les yeux fermés. Je pouvais voir ce dont je me rappelais et je pouvais sentir le reste. La
plupart du temps c’est ce que je faisais. Je fermais juste les yeux et assez vite je sentais que
je faisais à nouveau partie du monde. Mais le monde était noir et du coup c’est devenu mon
monde. Le reste, c’était des images qui appartenaient à quelqu’un d’autre. »
Linda Mancini dans le rôle de Mondo et Jay Smith dans celui du Dr Hull apportent tous
deux une touche tendrement pathétique et drôle à la pièce. Ce sont des comédiens doués
et modestes qui laissent le texte faire le plus gros du travail. Bien que leurs répliques soient
dites sans affectation aucune, dans le style que l’on associe avec le travail de Maxwell, ils
ont le grand talent de faire transparaître la vie intérieure de leurs personnages.
A l’exception notable de Ads l’année dernière, les récents travaux de Maxwell en tant que
dramaturge (Ode to the Man Who Kneels, People Without History) avaient été de plus
en plus poétiques, baroques et fantastiques. Cette collaboration avec Masciotti semble
ramener Maxwell à ses œuvres antérieures qui mettaient aussi en lumière des personnages
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