Évaluation des incidences de l’aquaculture
sur l’environnement Fiche
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PROGRAMME POUR LA MISE EN ŒUVRE D’UNE STRAT
GION AFRIQUE ORIENTALE ET AUSTRALE - OC
l'Organisation des Nations-Unies
pour l'alimentation et l'agriculture
mis en oeuvre conjointement par
l'Union
européenne
financé par
CONTEXTE
La pêche est l'une des ressources renouvelables les plus importantes dont
disposent les pays de l'Afrique orientale et australe (AOA) et de l'océan
Indien (OI) pour la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et la
croissance économique. Cependant, des efforts doivent être entrepris pour
s’assurer qu’au fur et à mesure que la population de ces pays s’accroît, et
que la demande augmente en nourriture, de même que pour l'emploi, les
avantages que donne le développement de l'aquaculture soient protégés
grâce à une planication et une gestion durable et responsable.
L’atelier de formation en évaluations des incidences environnementales
qui s’est tenu en 2013, et le manuel de formation en aquaculture en vue
d’engager des évaluations d’incidence sur l’environnement (EIE) pour
l'aquaculture, qui permettent l'élaboration de plans de surveillance de l'en-
vironnement et un suivi régulier de l’environnement, ont tous deux donné
des idées théoriques et pratiques ainsi que des recommandations desti-
nées aux praticiens pour traiter des questions spéciques à l'aquaculture,
et aux régulateurs pour faciliter l'identication des principaux risques et
évaluer les déclarations d'impact sur l'environnement.
ÉVALUATION DES INCIDENCES SUR L’ENVIRONNEMENT (EIE)
L’évaluation des incidences sur l’environnement (EIE) est dénie comme
« le processus d'identication, de prévision, d'évaluation et d'atténuation
des effets pertinents biophysiques, sociaux et autres des projets de dé-
veloppement avant que les décisions importantes ne soient prises et les
engagements contractés ».
Dans le monde entier, l’EIE est l'outil le plus couramment utilisé pour éva-
luer les préoccupations environnementales, les questions de développe-
ment durable et pour élaborer des mesures d'atténuation pour les nou-
veaux projets de développement.
Le système d'EIE doit reconnaître que les incidences sur l’environnement
et le système social sont reliés et complexes, ce qui donne parfois des ef-
fets inattendus. Il doit reconnaître que certaines des incidences principales
du développement se situent en dehors du site du projet : ailleurs dans
l'écosystème, en dehors de la communauté, ou sont liées à des développe-
ments parallèles dans la chaîne d'approvisionnement. L’EIE est utile pour
au moins trois objectifs principaux :
• Renseigner une décision de consentement ou d’octroi de permis ;
• Identier les mesures d’atténuation pour minimiser toute incidence pro-
bable sur l’environnement ;
• Donner le cadre nécessaire pour le suivi.
L’EIE a été développée pour d'autres secteurs, mais a été adaptée pour
l'aquaculture1. Les prescriptions nécessaires aux EIE de l'aquaculture et
leur mise en œuvre varient d'un pays à l'autre, en fonction de la techno-
logie et des systèmes appliqués (intensif vs extensif, à petite échelle-à
grande échelle, alimenté vs non-alimenté, etc.).
L’EIE est le plus souvent appliquée à la culture intensive de poissons à na-
geoires et aux projets de développement d’élevage de crevettes à grande
échelle. Toutefois, certains pays n'appliquent pas l’EIE au développement
de l'aquaculture, mais s'appuient sur un ensemble de procédures alterna-
tives de gestion de l'environnement.
L’EIE n'est pas appliquée, dans sa totalité, à l’ensemble de la production
mondiale de l'aquaculture. La raison en est que la plupart de la production
se fait à petite échelle et, dans de nombreux cas, constitue une activité
traditionnelle. Pour les mêmes raisons, d’une manière générale, l’EIE n'est
pas appliquée à l'agriculture. Il est important de reconnaitre que la plupart
des activités d’aquaculture à petite échelle peuvent avoir un impact impor-
tant sur les eaux récipendières et donc des formes d’impact environnemen-
taux strategiques. Correctement mise en œuvre, l’EIE vise à :
• Se concentrer sur les incidences environnementales signicatives, en
tenant compte des questions qui importent ;
• Sur la base des meilleures informations disponibles, s'adapter aux ré-
alités, aux problèmes et aux circonstances des propositions du projet ;
• Offrir des possibilités appropriées pour informer et impliquer les parties
intéressées et concernées, leurs contributions et préoccupations devant
être explicitement traitées ;
• Être un processus clair, facile à comprendre et ouvert, avec consultation
publique ;
• Appliquer les méthodes du « meilleur réalisable » pour traiter des inci-
dences et enjeux objets de l’investigation ;
• Pour l’atténuation des incidences, identier les mesures qui fonctionnent
et qui peuvent être mises en œuvre ;
• Être réalisée avec rigueur, équité, objectivité et impartialité ;
• Imposer aux promoteurs un fardeau de coûts minimaux compatibles
avec les prescriptions du processus des réunions et les objectifs ;
• Offrir le cadre pour évaluer les incidences pendant le fonctionnement et,
le cas échéant, faire les ajustements pour les minimiser.
CONTEXTE RÉGIONAL
L'aquaculture se développe
rapidement sur le continent
africain. Les avantages so-
cio-économiques potentiels
liés à la demande croissante
en poisson au lieu de la baisse
des captures et des popula-
tions croissantes sont en fait la
grande impulsion qui provoque
cette expansion. Par consé-
quent, ce qui était d'abord une
activité agricole encouragée
principalement pour améliorer
la nutrition des ménages de petits propriétaires agricoles de produits de sub-
sistance, est maintenant une activité qui est développée comme une entre-
prise pour améliorer les moyens de subsistance et le développement rural.
Par conséquent, l'expansion de l'aquaculture africaine n’est plus d'avoir seu-
lement plus d'étangs. L’on adopte de plus en plus des systèmes de produc-
tion plus intensifs et efcaces de l'aquaculture qui augurent des rendements
plus élevés et de plus grandes marges de prot. Toutefois, ces systèmes
demandent davantage, non seulement en termes de ressources nancières,
mais également en termes de ressources naturelles, notamment l'eau, la
pâture, l'espace à la fois sur terre et sur l'eau, l'énergie, les prescriptions en
matière de ressources humaines (niveaux de compétences), etc. Il est da-
vantage vraisemblable que de tels systèmes aient des incidences négatives
sur l'environnement parce que, d’une manière générale, leurs besoins opéra-
tionnels, et sur le court terme, ne requièrent pas d’intégration directe avec la
gestion des ressources naturelles. L’expérience de l'aquaculture vécue dans
des pays plus avancés démontre que si un tel développement n'est pas ratio-
nalisé (réalisé en tenant compte des conséquences environnementales vis-à-
vis des besoins en ressources), ce qui aurait autrement été un sous-secteur
de plus en plus viable et durable peut devenir une aventure désastreuse
résultant en pertes pour les investisseurs et générant des conséquences ad-
verses graves pour l'environnement et le social. Rectier de telles situations a
un coût et affecte la capacité des autres utilisateurs des ressources à obtenir
des moyens de subsistance à partir de ces mêmes ressources.
L’EIE et la gestion de l'environnement doivent tenir compte de l’ensemble
des besoins et des impacts potentiels d'une entreprise (ici, dans l'aqua-
culture), en gardant à l'esprit les besoins et les droits d'accès d’autres
utilisateurs de ressources, actuels et futurs. Ce faisant, l’on réalise une
approche plus équilibrée et rationnelle du développement et du fonction-
nement des entreprises, de telle sorte que dans le long terme, elle garantit
Des hapas pour reproducteurs et alevinage à la ferme piscicole Source du Nil à Jinga,
Ouganda. © PGW
Bassins de reproducteurs et de fretin à la ferme piscicoleSource du Nil à Jinga,
Ouganda. © PGW
Hapas d’alevinage de tilapia à la ferme piscicole
Source du Nil à Jinga, Ouganda. © PGW
1 Pour des renseignements plus détaillés, consultez FAO 2009. Évaluation des incidences sur l’environnement le suivi dans l’aquaculture. Fisheries and Aquaculture Technical Paper. No. 527. Rome,
FAO. 2009. 57p. http://www.fao.org/docrep/012/i0970e/i0970e00.htm