Les élections US et leur influence sur les Bourses
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Elections et Bourses
Les cycles électoraux comptent parmi les cycles bour-
siers les plus analysés. Il ne s'agit pas de se préoccuper
absolument de programmes de partis ou économiques,
pour deviner ce que 2012 réserve aux investisseurs –
un coup d'œil sur le calendrier suffit: 2012 est une an-
née électorale et ces années correspondent souvent à
des années boursières fastes, dans la mesure où une
croissance de l'indice (S&P 500) est attendue à raison
d'une probabilité de 75%. Dans les années non électo-
rales, cette probabilité ne dépasse pas 63%. Cela dit:
depuis 1928, 5 des 21 années électorales ont eu lieu
en phase de récession, ce qui s'est traduit dans quatre
cas par un recul de l'indice. L'année électorale 2012 a
pour l'instant enregistré une croissance de l'indice
(S&P 500 : +11% depuis le début de l'année). Une
meilleure performance a été empêchée par le problème
de l'endettement UE et par l'anémie conjoncturelle au
plan mondial. L'évolution conjoncturelle US est à la tra-
îne, mais supérieure à la moyenne en comparaison
croisée. Qu'en sera-t-il en 2013, la première année
postélectorale? Depuis 1928 l'indice S&P-500 a pro-
gressé d'en moyenne 4.9% après les élections présiden-
tielles et de 6.2% l'année suivante.
Cycles électoraux et changements des indices
Cycles électoraux Moyenne. Fourchette Cycle
depuis 1928 Croiss. indice (plus haut/plus bas) (2008–2011)
Année électorale 6.5% 27.8%/–36.0% –36.0%
1an après l'élection 4.9% 46.6%/–38.6% +23.4%
2 ans après l'élection 6.2% 45.0%/–29.7% +12.7%
Année avant l'élection 16.0% 41.5%/–5.4% +0.3%
Source: Lehman Brothers, Zürcher Kantonalbank
Dans les 3e et 4e années, les cours ont continué al-
lègrement à monter. En moyenne, ils ont progressé de
16.0%, resp. de 6.5%. Lors du cycle 2008 à 2011,
l'évolution de l'indice n'a pas suivi le chemin tracé.
L'année de récession principale 2008 est précisément
tombée sur une année électorale et a entraîné des per-
tes de cours sévères. La reprise conjoncturelle a surtout
débouché sur des avancées de cours dans les années
suivantes. La soi-disant meilleure année boursière d'a-
vant élections a pourtant été à l'origine de pertes de
cours conséquentes en 2011 et a même suggéré une
stagnation du marché. Il s'avère dès lors que la règle
en matière de cycles électoraux s'inspire de valeurs
moyennes. La fourchette de performance est par ailleurs
très large s'agissant des diverses années. Dans l'année
suivant les élections, elle oscille par exemple depuis
1928 de –38.6% à +46.6%. La statistique électorale ne
contribue dès lors que peu au succès des placements.
Les cycles électoraux peuvent certes être intégrés dans
les estimations, mais ne doivent pas être considérés
comme des baromètres conjoncturels fiables.
Effet de la politique sur l'économie et la Bourse
L'expérience historique de l'après-guerre montre qu'une
croissance économique en moyenne plus élevée (3.7%)
avait résulté pendant les six périodes législatives sous
présidence démocrate que pendant les neuf périodes
législatives sous présidence républicaine (2.8%). En
moyenne, la croissance économique s'était chiffrée à
3.0% pendant les 15 dernières périodes. On obtient
des résultats similaires si l'on analyse, au lieu de la
croissance économique, les variations annuelles d'indi-
ce (S&P 500). Pendant les 15 dernières périodes légis-
latives, la hausse annuelle de l'indice s'est chiffrée en
moyenne à 8.3%, sous présidence démocrate à 9.4%
et sous présidence républicaine à 7.6%. Les différences
de performance ne sont toutefois pas énormes et les
partis se sont partagé, par le passé, des phases de
hausse et de baisse à la Wall Street. Ainsi, le marché
haussier des années 1950 à 1966 a démarré sous la
présidence du démocrate Truman. De 1953 à 1961,
c'est le républicain Eisenhower qui a gouverné. Ensuite,
ce sont les démocrates Kennedy et Johnson qui ont pris
le relais. Nixon et Ford (tous deux républicains) ont di-
rigé le pays pendant la phase de stagnation et d'inflati-
on jusqu'en 1982, de même que Carter (démocrate). La
hausse boursière consécutive jusqu'en 2000 a été ac-
compagnée tant par les conservateurs Reagan et
George H. W. Bush que par le démocrate Clinton. Sous
le règne du républicain George W. Bush, la Bourse a
connu des hauts et des bas affolants. La pire perfor-
mance boursière jamais enregistrée a résulté sous le
démocrate Carter (1977–1980), suivi de peu par le ré-
publicain Bush (2001–2004). En principe, les deux par-
tis se montrent bien disposés envers l'économie et le po-
tentiel de changement induit par les élections est plutôt
faible. Une approche noir/blanc dans la politique US
n'est pas de mise. Les démocrates ne sont pas « à gau-
che » au sens européen du terme et un gouvernement
républicain n’est pas nécessairement meilleur pour
l’économie et la Bourse. Les rapports de force dans la
Chambre des représentants et au Sénat après les électi-
ons revêtent aussi une grande importance. Un président
qui ne peut pas compter sur l’appui nécessaire de son
parti au Congrès échouera s’il veut procéder à de
nombreux changements. Est-ce que cela signifie que les
rapports de pouvoir politique ne jouent aucun rôle aux