
2. Alors que le PSC est qualifié de « stupide » par le Président de la Commission européenne
(Prodi) en 2002, la réforme du pacte en 2005 (assouplissement des conditions permettant
d’échapper à la PDE) n’offre pas de marges de manœuvres suffisantes aux pays souhaitant
mener des politiques de relance budgétaire. Or, l’instrument budgétaire est une solution pour
faire face aux chocs asymétriques dans une zone monétaire, mais le recours à cet instrument ne
peut se faire de manière coordonnée et efficace dans le cadre institutionnel existant.
III.B. La crise de 2008 montre qu’une relance budgétaire coordonnée est difficile à mettre en
œuvre dans le cadre de l’architecture institutionnelle européenne
1. Lorsqu’une récession majeure touche l'ensemble des pays d’une zone monétaire, et
s’accompagne notamment d’un phénomène de trappe à liquidité, le recours à la politique
budgétaire est justifié. De plus, la taille de la zone euro et l’importance des échanges intra-zone
limitent la contrainte externe (Artus (2012) évalue le multiplicateur budgétaire à 1.6 pour un
membre isolé de la zone euro et à 3 pour l’ensemble de l’UE à 15).
2. A défaut de politique budgétaire commune, la relance européenne de 2008-2009 a
essentiellement pris la forme d’une relance coordonnée. Or, la mise en œuvre d’une telle
relance, d’une part, entre nécessairement en contradiction avec la règle des 3% du PSC et,
d’autre part, se heurte aux difficultés de la coordination inhérentes à l’absence d’un cadre
institutionnel prévoyant la possibilité de ce type de politique (nécessité d’avancer vers un
fédéralisme budgétaire). On peut souligner ici (ou dans l’ouverture de la conclusion) que les
enjeux d’une telle vision de la coordination des politiques budgétaires (tournée vers des
objectifs de croissance et d’emploi) dépassent le seul l’aspect budgétaire : il pose aussi la
question de la coordination de la politique budgétaire et de la politique monétaire (risque de
conflits d’objectifs, c'est-à-dire de policy mix inadéquat).
Encadré : La politique budgétaire est-elle efficace en système de changes fixes ?
Le cas des politiques budgétaires en Europe (un gros bémol à l’efficacité des politiques budgétaires…)
- 3 problèmes soulevés par une relance budgétaire en économie ouverte sont :
- quel est l’ampleur du déficit de la BTC ?
- quelle va être la hausse du taux d'intérêt ?
- quelle est l’ampleur des effets inflationnistes ?
1) Les effets sur la BTC sont bien décrits :
- par le multiplicateur budgétaire en économie ouverte : il y a un déficit qui dépend de la
dépendance commerciale à l’égard de l’extérieur.
- par l’effet sur le taux de change.
2) Le problème + délicat concerne l’effet sur le taux d'intérêt, lié aux mouvements de capitaux
(rappel : le déficit de BTC implique nécessairement un excédent de BCX, c'est-à-dire une entrée de
capitaux synonyme d’accroissement de la dette externe).
- la relance budgétaire financée par emprunt pousse les taux d'intérêt à la hausse :
- en économie fermée aux capitaux, le déficit budgétaire est nécessairement financé
par l’épargne nationale ⇒ effet d’éviction
- en économie ouverte, une partie du déficit budgétaire va être financée par
l’épargne étrangère (entrée de capitaux)
- en économie ouverte, la question est : quelle hausse des taux intérêt l’économie
domestique va devoir supporter pour financer le déficit budgétaire ?