d’autres, il n’est pas du tout réalisé (voir infographie). Azzedine Akesbi, membre de
Transparency Maroc ayant collaboré à l’enquête, est catégorique: «la collecte, le traitement et
la production de l’information reste finalement une question de volonté politique. Il y a là un
problème d’opacité». L’enquête IBO 2010 met ainsi en avant de «grands vides
informationnels». Qui laissent la porte ouverte «aux abus et à une utilisation inappropriée et
inefficace des fonds publics», prévient le Partenariat budgétaire international. Un Etat, c’est
un foyer où le chef de famille doit informer, discuter et donner finalement une visibilité sur
ses projets… Pour recevoir en contrepartie un appui éclairé.
C’est que l’information est un carburant pour les démocraties balbutiantes. Ce qui est le cas
du Maroc. Or il y a un manque d’information permettant d’expliquer la relation entre les
prévisions de revenus et les dépenses du gouvernement. L’accessibilité de l’information,
budgétaire dans ce cas-ci, favorise le débat. Le gouvernement ne publie pas par exemple le
rapport dit du «milieu» qui évalue sa performance budgétaire par rapport à ses prévisions
initiales.
La langue elle est un outil d’intelligibilité de l’information. «A quoi sert de publier des
documents difficilement compréhensibles? Les parlementaires eux-mêmes n’y arrivent pas
alors qu’ils sont censés parcourir 1.000 pages pour discuter le budget», témoigne le doyen
Mohammed Boussetta. Ce spécialiste des finances publiques ayant travaillé sur l’IBO 2010
reconnaît trouver des difficultés à pénétrer parfois un document budgétaire. Si des initiés
parlent de textes hermétiques, qu’en est-il de nos concitoyens à moitié analphabètes ou
majoritairement démotivés? Avec en prime la dépolitisation du «peuple» et ses conséquences:
abstentionnisme, perte de confiance, déchéance de la gestion publique… L’idéal voudrait
pourtant que le gouvernement publie notamment le budget des citoyens. Sorte de présentation
budgétaire non technique. Une situation caricaturale au moment où le chantier e-
gouvernement numérique (déclaration TVA, état civil…) bat son plein.
Que fait le Parlement? Lui qui vote la loi de Finances. Son contrôle reste faible: il ne dispose
pas d’assez de pouvoir pour modifier les propositions budgétaires de l’Exécutif et ne tient pas
de débats budgétaires ouverts au public… Sur 325 parlementaires, ils étaient près d’une
quarantaine à voter la loi de Finances 2010. Et ça ne risque pas de changer cette année.
Faiçal FAQUIHI