Théorème 1.2 (structure et paramétrage des types géométriques).Tout type
géométrique isodual est (représenté par) un produit riemannien d’espaces symé-
triques associés aux groupes SO(p, q),Sp(2g, R)ou SU(p, q).
La structure métrique des sous-variétés VF(voir plus précisément §4.2) ne
dépend que du type algébrique réel, notion introduite au §4.1 à partir de la pro-
priété caractéristique (1) du théorème 1.1. Les espaces symétriques des groupes
SO(p, q),Sp(2g, R)ou SU(p, q)admettent comme modèles des ouverts d’es-
paces vectoriels, par exemple le demi-espace de Siegel pour Sp(2g, R). En expli-
citant le type algébrique réel de F, on en déduit facilement un paramétrage de
VFpar un ouvert de RN,Nétant la dimension de VF(voir §4.3 pour les détails).
Ainsi, il est possible d’écrire explicitement les matrices de Gram de n’importe
quelle famille de réseaux isoduaux dont le type algébrique est donné.
Précisons quelques aspects algébriques. Nous définissons l’ordre d’un réseau
isodual (Λ, σ)(ou de son type algébrique) comme l’ordre de σ2. Selon une obser-
vation de Bergé et Martinet [BM95, p. 315], le couple (Λ, σm)est encore isodual
pour tout mimpair. Si l’on s’intéresse seulement au réseau Λ(par exemple à
sa densité), on peut donc se restreindre aux types algébriques dont l’ordre est
une puissance de 2, que nous appellerons types principaux. L’étape préliminaire
à notre classification consiste à faire l’inventaire des éléments d’ordre fini de
GLn(Z). Pour les cas traités ici (npetit, types principaux), il s’agit d’un simple
exercice à partir de la théorie des représentations entières des groupes cycliques,
voir §3.1. Ensuite, étant donné R∈GLn(Z)d’ordre fini, la détermination des
F∈GLn(Z)tels que F F ∨=R– s’il en existe – s’appuie sur la connais-
sance des modules quadratiques (resp. hermitiens) sur Z(resp. sur certains
anneaux d’entiers), voir §2.5 et §§3.5-3.8 ; en particulier, la classification des
formes quadratiques entières de petit déterminant est cruciale pour déterminer
la « composante symétrique » des types algébriques (proposition 3.5). Il serait
intéressant de caractériser les éléments Rd’ordre fini de la forme R=F F ∨avec
F∈GLn(Z). Ce problème est discuté au §3.3 : nous y donnons des conditions
nécessaires, mais la caractérisation reste ouverte.
Revenons maintenant à la question de la densité maximale. Soulevée dans
[BS94] pour les réseaux symplectiques, elle se pose également pour les réseaux
isoduaux en général. Soit γisod
n(resp. µF) le maximum de l’invariant d’Hermite
sur les réseaux isoduaux (resp. sur VF). Il s’agit bien de maxima car les VF
vérifient un critère de compacité de Mahler (proposition 4.6) et γisod
nest le
maximum des µF, en nombre fini (théorème 1.1, (3)). Pour n∈ {1,2,4,8,24},
on a γisod
n=γn(constante d’Hermite usuelle). Grâce à Conway et Sloane [CS94]
on sait aussi que γisod
3= 1/2 + 1/√2. Ce maximum est réalisé par un réseau
orthogonal lorentzien. La densité maximale du type orthogonal lorentzien est
connue jusqu’en rang 12 d’après [Bav07]. Dans [BS94], Buser et Sarnak montrent
que la densité maximale des réseaux symplectiques croît comme le rang, tandis
que celle des jacobiennes croît comme le logarithme du rang.
Les dimensions n= 5,6et 7présentent un intérêt particulier car γisod
n< γn,
les réseaux les plus denses n’étant pas isoduaux. Nous avons donc choisi de
classer les types isoduaux jusqu’en dimension 7. La classification complète des
types de rang nfixé est utile même si γisod
nest connue, et ce pour au moins
deux raisons. D’abord, ces types interviennent dans les types décomposés des
dimensions supérieures. Ensuite, la connaissance du type algébrique Fdonne
une estimation plus précise de la densité via µF. Pour ne pas allonger l’article,
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