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HLADR, le CD38, le CD70 et NKP44L, une
molécule exprimée sur le lymphocyte T CD4 et
qui peut entrainer par l’intermédiaire des
cellules tueuses la destruction des CD4. Ces
cellules qui sont activées entrent au cycle
cellulaire et expriment un marqueur dans le
noyau qui est le cahier 67. Ces cellules
activées sont susceptibles à l’apoptose, c’est à
dire à une mort cellulaire spontanée, ou du
moins induite par l’activation.
Dans le sérum ou plasma, nous pouvons
doser des marqueurs solubles. Les plus
anciens se souviennent peut-être de la Béta-
2 microglobuline, un marqueur utilisé bien
avant que l’on ait la charge virale, pour dire
que les patients étaient plus à risque de
progresser. La Béta-2 microglobuline faisait
partie des marqueurs que nous utilisions
pour dire qu’il fallait démarrer un traitement.
Maintenant, nous utilisons plutôt la Protéine
C réactive (CRP), dans un dosage de haute
sensibilité, parce que les taux de CRP sont
des taux faibles mais qui témoignent
néanmoins d’une inflammation chronique.
Nous utilisons aussi certaines cytokines pro-
inflammatoires comme l’Interleukine-6 (IL-6)
ou encore des marqueurs d’une activité pro
coagulante. Tous ces marqueurs ont été
récemment étudiés dans une étude dans
laquelle nous avons montré que l’interruption
du traitement était délétère chez des patients
auparavant traités par antirétroviraux. Il y a
également d’autres marqueurs : l’activation
des monocytes, comme le CD14 soluble, etc.
Ce sont donc des marqueurs d’inflammation
ou d’activation de certaines populations
cellulaires, et en particulier les monocytes.
Cela fait finalement assez longtemps que
nous savons que le niveau d’activation des
lymphocytes T, et en particulier des
lymphocytes T CD8, est un des marqueurs de
progression vers le sida, indépendant de la
charge virale. À l’époque, nous voyons que les
patients qui décédaient dans les six mois,
avaient beaucoup plus de cellules activées
que ceux qui avaient une survie prolongée au
delà de 18 mois. Sur un autre marqueur
d’activation CD8 et CD4, nous voyons que
globalement les rapid progressors, ceux qui
progressent rapidement vers la maladie sida,
dans l’histoire naturelle c’est à dire sans
antirétroviraux, ont une activation CD4 et CD8
plus importante que ceux qui progressent
lentement. Et cet effet sur la progression est
tout à fait indépendant de la charge virale.
C’est certainement le point le plus important.
Nous nous intéressons beaucoup dans notre
unité aux évènements précoces, après la
primo-infection, et il a été montré par Steeve
Deeks (Université de Californie, USA)que le
niveau d’activation lymphocytaire juste après
la primo infection prédit la baisse de CD4, et
donc la progression clinique dans les phases
chroniques. Il s’agit donc d’un marqueur
précoce de progression, si cette activation
immunologique est élevée.
Il y a des modèles animaux, de primates non
humains, qui sont intéressants pour étudier
les mécanismes mais aussi pour illustrer
l’importance de l’activation du système
immunitaire dans la pathogénèse. Pour cela,
nous avons les macaques qui développent
l’équivalent du sida, les hommes qui peuvent
développer un sida s’ils ne sont pas traités, à
l’exception des asymptomatiques à long
terme et « HIV controllers », et puis des
singes qui sont des hôtes naturels du virus,
les singes verts d’Afrique et les chimpanzés
par exemple, qui sont asymptomatiques. La
question est donc : qu’est-ce qui différencie
les modèles pathogènes HIV ou SIV macaques
(Virus de l’immunodéficience du singe) de ces
modèles non pathogènes ? Ce n’est pas la
charge virale, parce qu’elle est importante
dans le sang et dans l’intestin, dans tous les
cas, mais c’est l’activation chronique. Elle est
importante dans les modèles pathogènes et
elle est faible dans les modèles non
pathogènes, chez des animaux qui répliquent
le virus mais qui malgré cela ne vont pas
perdre leurs CD4 et ne vont pas devenir
malades. Nous essayons de comprendre
pourquoi il n’y a pas d’activation chronique.
Nous ne savons pas encore très bien si cette
activation peut être régulée dans ces
contextes. Mais ce que nous savons c’est qu’il
est sûrement très important de comprendre
pourquoi ces modèles non pathogènes n’ont
pas d’activation chronique.
Les mécanismes à l’origine de l’activation
immunitaire : il y a l’infection par le VIH, qui
se réplique dans des cibles, qui sont
principalement des cellules T CD4 qui
expriment le récepteur CCR5. Cela induit une
baisse de CD4 massive, principalement dans
les muqueuses et une perte d’une population
de cellules, les TH17, qui sont importantes