cognitif lui-même.
Cependant il est notable de constater un développement important de
recherches sur le fonctionnement cognitif et un nombre beaucoup moins
élevé de travaux renvoyant explicitement à l’apprentissage. Or, si
l’apprentissage, ne peut faire l’économie de recherches sur l’activité
cognitive, il ne peut y être réduit (4 .
On peut évoquer à ce sujet deux courants majeurs : celui de la
résolution de problème et celui des comparaisons experts/novices. Dans ce
dernier champ, l’apprentissage est posé comme le passage du statut de
novice à celui d’expert, par accommodation à des savoirs constitués et des
procédures nécessaires dans le champ d’expertise considéré. C’est en effet la
compétence dans un domaine particulier qui différencie expert et novices.
Le passage s’effectuerait alors à travers certaines conduites d’entraînement
notamment à la schématisation (Chi, Glaser et Feltovich, 1981 ; Bellarost,
1982). Cependant certaines questions restent entières : comment par
exemple expliquer que des experts, malgré leur compétence, rencontrent,
lors d’apprentissage de résolution de problèmes nouveaux, des difficultés
similaires à celles des novices, dans certaines conditions particulières, par
exemple (Novick, 1988) quand le premier problème appris et celui proposé
en seconde tâche présentent des traits de surface similaires sans que cette
similarité ne fonde de caractéristiques structurales communes ? Ces résultats
remettent ainsi en partie en question la vision implicite dans ce courant,
d’un sujet aprenant en quelque sorte monofinalisé, prédéterminé à
sastisfaire, essentiellement par accommodation, aux exigences externes des
situations.
Quant aux travaux sur la résolution des problèmes, leur hypothèse
implicite est “qu’il n’existe pas d’opération ou de mécanisme spécifique aux apprentissages.
L’apprentissage découlerait des activités cognitives élémentaires qui interviennent dans le
fonctionnement habituel. (...) Cette hypothèse implicite conduit à réduire, parfois de façon
discutable, les processus d’apprentissage à l’activité de résolution de problème” (selon
Tiberghien et al , 1987)..
Il faut également noter un déplacement de l’intérêt pour
l’apprentissage vers la mémoire, déplacement qui amène notamment à
poser la résolution de problème comme une situation d’actualisation de
connaissances dans des contextes particuliers, mais qui n’est alors pas
suffisante pour rendre compte de l’apprentissage. En effet, le problème pour
le sujet serait d’entrer dans la tâche prescrite (représentation de la tâche) et
d’activer les connaissances antérieures utiles pour ce problème (traitement
dde l’information). Cette approche postulerait alors l’idée d’une
préformation interne qui entraînerait l’activation de la représentation
adéquate (5 du problème posé à l’externe. Le sujet serait là encore considéré
comme pré-monofinalisé, dans le sens de l’adéquation de sa représentation
au monde externe. Toute activité de problématisation se trouve de fait
exclue (le problème étant déjà structuré de l’extérieur), il s’agit d’étudier
comment le sujet arrive à ajuster ses ressources cognitives à la tâche
prescrite, à s’accommoder pour résoudre le problème.
Mais ces limites sont vraisemblablement liées au fait que les
4comme le suggèrent Simon et Langley (1980) en considérant les processus
d’apprentissage comme plus généraux que les processus cognitifs.
5 elle suppose ainsi l’existence d’une représentation qui serait adéquate
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En question - Les Cahiers de l’année 1996-Cahier 5
Michèle Genthon : Lectures plurielles de l’apprentissage
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