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Semestre de printemps :BRNO-Université Masaryk
Master
Prof.F.Claudon (Université Paris-Est-Créteil)
+00-33-6.80.05.71.46
Skype :claudonfra 44
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Étudier une pièce (ou une scène) de théâtre
Cette page présente des informations méthodologiques pour commenter une pièce (ou une
scène) de théâtre. La liste des conseils qui suit n’est pas complète et vous devez vous attacher
avant tout aux particularités génériques et stylistiques du texte que vous avez à étudier.
L’énonciation au théâtre
Dans une pièce de théâtre, il n’y a pas de narrateur pour raconter les faits. Ce sont les
personnages qui prennent en charge l’énonciation ; leurs paroles peuvent être :
le récit d’un événement survenu hors de la scène ;
une action, lorsque la parole d’un personnage est immédiatement suivie d’effets ;
un discours entre plusieurs personnages.
Les « types de parole » sur scène : quelques définitions
La réplique est le texte prononcé par un personnage à destination d’un (ou plusieurs) autre(s)
personnage(s).
La tirade est une longue réplique sans interruption.
Le monologue est une tirade prononcée par un personnage seul en scène (ou qui croit l’être).
Le dialogue est un échange verbal entre deux ou plusieurs personnages.
L’aparté (mot masculin) est une réplique prononcée par un personnage à l’insu d’un autre, pour
lui-même ou à l’intention du public.
La stichomythie est l’échange rapide de répliques courtes et vives.
Voir aussi la page vocabulaire littéraire pour lire d’autres définitions.
La structure dialogique
La manière dont un dialogue est construit donne des informations essentielles sur la psychologie
des personnages ou l’intrigue de la pièce. Les répliques peuvent :
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se succéder et servir à l’évolution du dialogue ou même de l’action ;
s’opposer ;
se répondre ou se compléter par des effets d’échos ou de symétrie (exemple : entre maître et
valet).
Le découpage de la pièce
L’acte est l’unité la plus longue de la pièce. Il se termine lorsque le rideau s’abaisse (ou bien
lorsque obscurité est faite sur scène). Entre deux actes, les lieux et les époques peuvent
changer.
La scène est l’unité la plus courte de la pièce. De manière générale, on change de scène
lorsqu’un ou plusieurs personnages entrent ou sortent.
On parle d’acte ou de scène d’exposition lorsque ceux-ci présentent la situation initiale de la
pièce et le caractère des principaux personnages, présents ou absents de la scène.
L’espace théâtral
On peut généralement distinguer trois types d’espace :
L’espace référentiel est le lieu fixé par l’auteur et que la scène doit représenter, grâce aux
décors.
L’espace scénique est le lieu « physique » où jouent les acteurs et qui est délimité par l’estrade.
Il s’agit de l’« avant-scène », du « fond de la scène », du « côté jardin » gauche pour le
spectateur) et du « côté cour » (à droite).
Le « hors-scène » est le lieu d’origine ou de destination des personnages. Il est situé dans les
coulisses et peut être, comme dans le théâtre classique, le lieu des crimes qu’on ne peut
représenter sur scène sans choquer les spectateurs (bienséances).
Les personnages
Il faut s’interroger sur :
leur statut : quels sont les personnages principaux, secondaires ?
les caractéristiques de chaque personnage : quelle est sa situation dans une scène particulière,
quels traits de psychologie a-t-il, quelle est sa fonction sociale, symbolique, etc. ?
Les didascalies
Une didascalie est une indication textuelle qui concerne la mise en scène. Souvent, elle
renseigne sur l’attitude des personnages, leur diction et leur intonation, leur position physique, les
jeux de lumière, les décors, etc. Il s’agit donc d’une consigne auctoriale qui n’est pas dite dans le
texte, mais qui est jouée par les personnages, figurée ou représentée sur scène. Lorsque l’on
trouve dans les répliques des indications sur l’attitude d’un personnage, le lieu, etc., on parle
de didascalies internes.
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La mise en scène
La mise en scène est le travail qui consiste à proposer une lecture particulière et personnelle
d’une pièce de théâtre. C’est le metteur en scène (ou régisseur) qui organise le jeu des acteurs,
choisit les décors, les costumes, etc.
L’ironie au théâtre
On parle d’ironie théâtrale (ou ironie dramatique) lorsque les spectateurs d’une pièce en savent
plus que le personnage qui est sur scène. L’ironie peut être la cause d’une situation :
comique, lorsque l’ignorance d’un personnage est source de quiproquos, de jeux de scène, etc.
tragique, lorsque la vie du personnage dépend d’éléments connus des seuls spectateurs ;
dramatique ou pathétique, si l’ignorance du personnage l’empêche d’atteindre son but, de
reconnaître un ami ou un ennemi, etc.
Les genres théâtraux
Depuis la Poétique d’Aristote, les genres théâtraux classiques se finissent traditionnellement
par la classe sociale des personnages principaux, par le type d’obstacles qu’ils rencontrent dans
l’intrigue de la pièce et par la réaction des spectateurs.
La tragédie met en scène une haute noblesse qui se heurte à la fatalité et suscite « l’admiration
et la crainte » (Aristote).
Dans la comédie se jouent des intrigues bourgeoises s’opposent les imtérêts personnels et
les types sociaux.
La farce, elle, appelle le rire populaire. Les jeux de scène y dominent.
Le drame apparaît en France au XIXe siècle. Selon la formule célèbre de Victor Hugo, il veut
mêler « le sublime et le grotesque » et abaisser les barrières qui séparent les genres, en faisant
passer le spectateur du rire aux larmes.
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LA TRAGÉDIE ET LE DRAME
Informations.
1. Temps et lieux.
2. Auteurs et oeuvres.
3. Définition et fonction dans la société.
4. Origines et postérité.
5. Bibliographie.
Extraits.
Antigone.
Le Cid.
Macbeth.
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Hernani.
Procédés typiques.
Ingrédients.
1. Temps et lieux.
Début et fin. La tragédie est née en Grèce au VIe siècle avant J.C. C'est une genre
étroitement lié à la mythologie gréco-latine, à l'idée de destin et de liberté. Aussi a-
t-elle disparu au Moyen Âge. Elle est florissante à la Renaissance (Calderon,
Shakespeare, Corneille), puis à la période romantique (Schiller, Hugo). Elle connaît
un regain d’intérêt au XXe siècle (Brecht, Anouilh, Sartre, Camus). On la retrouve
aussi dans l'opéra (Verdi), dans le roman (Dostoïevski), et au cinéma (Tennessee
Williams).
Lieu. Grèce antique, Rome antique, Angleterre (XVIe s.), Italie (XVIe-XVIIIe s.),
Allemagne (XVIIe-XVIIIe s.), France (XVIIe-XXe s.)
2. Auteurs et oeuvres.
Eschyle (v.-525 à -456, Grec), Agamemnon; Sophocle (-496 à -406, Grec), Oedipe
roi.
Euripide (-480 à -406, Grec), Médée.
Sénèque (-4 à 65, Romain), Les Troyennes.
Trissino (1478-1550, Italien), Sophonisbe.
l'Arétin (1492-1556, Italien), Orazia.
Thomas Sackville (v.1530-1608, Anglais) et Thomas Norton (1532-1584,
Anglais), Gorboduc (oeuvre commune).
Étienne Jodelle (1532-1573, Français), Cléopâtre captive.
Robert Garnier (1544-1590, Français), Les Juives.
Christopher Marlowe (1564-1593, Anglais), Le Juif de Malte.
William Shakespeare (1564-1616, Anglais), Le Roi Lear.
Montchrestien (v.1575-1621, Français), L'Écossaise.
Tristan L'Hermite (v.1601-1665, Français), Marianne.
Pierre Corneille (1606-1684, Français), Le Cid.
Jean Rotrou (1609-1650, Français), Saint Genest.
Lohenstein (1635-1683, Allemand), Cléopâtre.
Jean Racine (1639-1699, Français), Phèdre.
Scipione Maffei (1675-1755, Italien), Mérope.
Voltaire (1694-1778, Français), Mahomet.
Vittorio Alfieri (1749-1803, Italien), Philippe II.
Goethe (1749-1832, Allemand), Iphigénie en Tauride.
Schiller, Don Carlos, Kleist, Prinz von Hombourg.
Alexandre Soumet (1788-1845, Français), Jeanne d'Arc.
3. Définition et fonction dans la société.
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La tragédie a souvent été considérée comme le plus grand genre dramatique, le plus
noble, par opposition à la comédie. Ce jugement un peu facile et injuste peut
s'expliquer par une impression que la tragédie donne toujours au spectateur (et au
lecteur), celle d'un éloignement. Il s'agit d'un des traits fondamentaux de la
tragédie: elle élabore en effet un monde textuel (" s'incarnant " par la suite dans une
mise en scène) qui crée une distance par rapport à la réalité quotidienne, prosaïque.
Cet effet de distance s'obtient de plusieurs façons: par le choix du sujet, emprunté
soit à l'Histoire, soit à la légende (mythologie gréco-romaine ou chrétienne); par le
choix des personnages (lié évidemment à celui du sujet), qui sont toujours illustres,
nobles (rois, princes, héros, etc.); par le choix de grands thèmes: le pouvoir
(problème de sa légitimité), la justice, l'honneur, l'amour-passion, etc.; par le
recours à un langage châtié, à un style élevé (noblesse de l'alexandrin, beauté des
images, etc.). Le fait que la tragédie se joue à distance a pour conséquence
d'agrandir, d'amplifier, de sacraliser même ce qui y est représenté.
L'action que représente la tragédie est toujours pathétique et tragique (le tragique
n'est pas inséparable de la tragédie: cf. 6): elle est propre à émouvoir le spectateur,
à susciter chez lui la pitié ou la terreur (c'est la " catharsis " d'Aristote, concept que
du reste l'on n'a jamais réussi à définir clairement). Mais cette action a ceci de
particulier qu'elle est toujours liée à la présence d'une transcendance, d'une
puissance qui domine le personnage tragique et sur laquelle celui-ci n'a pas de
contrôle. Cette transcendance peut être figurée par une divinité (v.Eschyle et
Sophocle), par une passion (v.Euripide, Shakespeare et Racine) ou par des valeurs
imposées par un ordre social (v.Corneille). Elle provoque la perte, la déchéance du
héros; elle le condamne à une existence fermée, sans d'autre issue que la mort. S'il
veut combattre, c'est en pure perte: il n'a pas de prise sur les événements, il ne peut
agir sur eux; ce sont plutôt eux qui agissent sur lui, révélant par le fait même son
impuissance et sa misère (dans les tragédies grecques, les personnages sont punis
pour avoir commis une faute, à cause de leur " hybris ", leur orgueil, leur démesure;
dans les tragédies anglaises et françaises, la faute semble plutôt originelle, les
personnages sont condamnés de naissance). La tragédie met donc à nu la vanité, la
misère irrémédiable de l'homme, tout en cherchant à sacraliser cette misère selon
une esthétique de la distance.
Dans la tragédie, il n'est pas permis d'espérer, les jeux sont faits, tout est sous le
signe de la fatalité. C'est là une des caractéristiques qui la distingue du drame
(historique ou romantique). Dans l'univers du drame, le héros a la possibilité de
modifier le cours de son existence, il y a une ouverture, un espoir; son combat n'est
pas inutile; il n'agit pas sous l'emprise d'une instance supérieure, mais selon sa
volonté, son désir. L'Antigone de Sophocle n'agit pas pour elle, mais pour faire
respecter les lois archaïques des dieux; par comparaison, Hernani, héros
romantique, lutte pour lui-même, non pour être fidèle à des principes, des valeurs
qui lui ont été imposés de l'extérieur.
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