Nouvelle production
Macbeth
Giuseppe Verdi
En deux mots
Macbeth se voit annoncer par les sorcières qu’il sera roi. Pour voir la prophétie se réaliser, il commence
par assassiner son ami le roi Duncan, mais le meurtre appelle le meurtre…
2009-2010
Dossier pédagogique
Département jeune public
« Chaque marche du trône
doit se conquérir.
Et toi, trop loyal, tu hésites
et ton cœur se glace ! (…)
Viens ! Hâte-toi !
Je saurai enammer ton cœur froid ! »
Lady Macbeth, acte 1, scène 2
Langue : italien surtitré en français et en allemand
Durée approximative : 2 h 50
Conseillé à partir de 12 ans : collèges et lycées
Production
Direction musicale Enrique Mazzola
Mise en scène Francisco Negrin
Décors et costumes Louis Désiré
Lumières Bruno Poet
Assistante à la direction musicale Kanako Abe
Assistant à la mise en scène Jean-Michel Criqui
Distribution
Macbeth Bruno Caproni, baryton
Banco Wojtek Smilek, basse
Lady Macbeth Elisabete Matos, soprano
Macduff Sebastian Na, ténor
Malcolm Enrico Casari, ténor
Le Docteur, Le Héraut Bruno Caproni
Une Dame Fan Xie
Un Assassin Mario Brazitzov
Un Serviteur Young-Min Suk
Voix des apparitions Jens Kiertzner - Odile Hinderer* /
Rachael Feord* (en alternance)
Lady Macduff (+ Dame) Aline Gozlan
Figuration :
Fleanzio (le Fils de Banco), Duncan Enfants (NN)
Les trois Sorcières Marion Cenki, Marie Leroy,
Ximena Zalazar Firpo
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre symphonique de Mulhouse
* Petits Chanteurs de Strasbourg,
Maîtrise de l’Opéra national du Rhin
Coproduction avec l’Opéra de Monte-Carlo
Strasbourg Opéra
di 25 avril 15 h
ma 27 avril 20 h
je 29 avril 20 h
di 2 mai 15 h
ma 4 mai 20 h
je 6 mai 20 h
Mulhouse La Filature
di 16 mai 15 h
ma 18 mai 20 h
Rencontre avec Francisco Negrin
animée par Guy Wach
Strasbourg Opéra
sa 24 avril 18 h 30
Entrée libre
Nouvelle production
Macbeth
Giuseppe Verdi
Opéra en quatre actes
Livret de Francesco Maria Piave, d’après William Shakespeare
L’argument
Acte I
Macbeth et Banco, qui reviennent vainqueurs du combat, rencontrent trois sorcières qui saluent Macbeth en le
nommant Sire de Cawdor et futur roi d’Écosse. Elles prétendent que Banco sera quant à lui père d’une lignée
destinée à régner. Macbeth apprend quelques temps plus tard qu’il est effectivement nommé Sire de Cawdor. Il en
informe par lettre Lady Macbeth qui, impatiente, pousse son époux à prendre son destin en main. L’arrivée du roi
Duncan est annoncée. Incité par sa femme, Macbeth assassine le souverain. Lady Macbeth pénètre dans le lieu du
crime et macule de sang les gardes du roi, an de les faire passer pour les meurtriers.
Acte II
Macbeth a accédé au trône. Sa femme lui suggère de supprimer Banco et son ls. Banco, qui pressent de funestes
projets, ordonne à son ls Fleanzio de fuir. Macbeth fait tuer Banco par ses tueurs à gages. Au cours d’un banquet,
le spectre de Banco apparaît à Macbeth, que la culpabilité fait délirer devant les hôtes. Lady Macbeth s’efforce de
détourner l’attention.
Acte III
Macbeth retrouve les sorcières qui conrment leurs prédictions. Elles lui conseillent de se méer de Macduff, un
noble qui le soupçonne du régicide, lui assurent qu’il sera invincible tant que la forêt de Birnam ne se mettra pas
en marche contre lui, et qu’aucun homme « né d’une femme » ne pourra lui nuire. Elles lui redisent aussi que la
descendance de Banco règnera sur l’Écosse. Lady Macbeth quant à elle pousse son époux à éliminer Macduff, à
incendier son château et à exterminer toute sa famille.
Acte IV
Malcom, ls de Duncan, a pour dessein d’envahir l’Écosse. Les réfugiés écossais, dont la patrie est opprimée par
Macbeth, pleurent sur le sort des leurs. Macbeth a fait tuer la femme et les enfants de Macduff. Celui-ci s’unit à
Malcolm qui monte une armée et conseille aux siens de se camouer à l’aide de branches d’arbres cueillies dans
la forêt de Birnam. Lady Macbeth, somnambule, revit les crimes commis à son instigation, et meurt. Macbeth reste
persuadé que les prophéties des sorcières vont s’accomplir. Dissimulée par les branches, l’armée de Macduff
s’avance et met en fuite celle de Macbeth. Macduff, face à son ennemi, lui avoue qu’il a été arraché avant terme
du ventre de sa mère et le tue. Malcolm est acclamé roi.
Les Trois Sorcières de Macbeth, Johann Heinrich Füssli, 1783
À propos de l’œuvre
Macbeth est le premier des trois opéras shakespeariens de Verdi avant Otello
et Falstaff. Cette histoire « pleine de bruit et de fureur » (Macbeth, acte IV) inspire
à Verdi une de ses œuvres les plus originales. Admirateur inconditionnel du
dramaturge anglais (il a rêvé toute sa vie de composer un Roi Lear), Verdi
t subir un véritable calvaire à son librettiste pour trouver la concision qui
rende justice à la violence théâtrale de la pièce. La séquence du meurtre de
Duncan, le monologue de la folie de Lady Macbeth, rendus avec une audace
harmonique et une puissance sans équivalent, sont des pages d’anthologie.
Cependant, lorsque Verdi compose cet opéra, il envisage d’abandonner
sa carrière pourtant à son apogée, quelque peu désabusé par les intrigues
incessantes liées au milieu de l’opéra.
Verdi compose Macbeth durant l’hiver 1846-1847 pour le Théâtre de la Pergola
de Florence. Mi-août, Verdi commence à travailler sur une adaptation de
l’opéra Macbeth, qu’il envoie en septembre à Francesco Maria Piave à qui il
demande une attention toute particulière pour cette œuvre que le compositeur
considère comme « l’une des plus grandes créations de l’humanité ». Ne
jugeant pas le travail de Piave satisfaisant, Verdi en appelle à Andrea Maffei
(traducteur de Shakespeare). Après correction du travail de Maffei, le livret est
prêt. Commencent alors les répétitions qui dureront jusqu’à la toute dernière
minute toujours dans le souci de perfection qui animait Verdi. Les costumes et
les décors ont également bénécié de ce souci du détail, Verdi faisant même
des recherches jusqu’en Angleterre pour trouver des idées et atteindre ainsi un
grand réalisme dans la réalisation et la mise en scène.
Malgré l’investissement sans précédent du compositeur dans son œuvre, la première reçoit un accueil mitigé
tant de la presse que du public, mais la scène du somnambulisme de Lady Macbeth emporte l’adhésion et
suscite dès la seconde représentation un succès honorable. En juillet 1847, Verdi se rend à Londres et assiste à une
représentation théâtrale de Macbeth, qui lui permettra de retoucher et de parfaire son œuvre.
Les personnages
Verdi réduit considérablement le nombre de personnages par rapport à l’œuvre de Shakespeare, au point que
l’attention est surtout portée sur le couple Macbeth, dont la chute est dessinée en découpes nettes et concises,
comme les différentes stations d’une passion infernale.
Les personnages de l’opéra de Verdi ont des esprits réellement différents. Si certains, comme Banco, Macduff et
Malcolm, sont des archétypes de héros, défenseurs de la morale, traités assez simplement par Verdi, d’autres comme
Macbeth, son épouse et Fléance, ont des psychologies profondes et sont forts de symboles.
Alors que dans un opéra, de nombreuses choses passent par la voix, le roi d’Écosse est un personnage muet,
relégué au rang des gurants.
Verdi créera pour chaque personnage shakespearien un style vocal propre et souvent à contre courant des canons
artistiques de ses pairs contemporains.
Cette production est l’occasion pour Francisco Negrin de rendre à cette âme complexe les raisons qui la motivent.
Macbeth se pose en pion, à la fois de son épouse et du destin (incarné par les sorcières), tourmenté par des choix
dont on peut se demander s’ils viennent réellement de lui. Toujours pour souligner le rapport à l’enfance de Lady
Macbeth, le personnage de Fléanzio, d’habitude peu développé, se pose ici en regard extérieur sur les actions des
adultes, présent à tous les moments décisifs. Chaque personnage semble sortir, par les éclairs de la musique, de sa
solitude intérieure, pour y replonger ensuite dénitivement. En 1865, pour des représentations parisiennes, Verdi, fort
de nouvelles expériences lyriques, révise son œuvre, modiant sensiblement le tissu harmonique et la rendant ainsi
encore plus expressive.
Verdi nous offre un drame lyrique qui restitue avec force toute la noirceur de l’œuvre de Shakespeare, et nous invite
à entrer dans la psychologie du couple maudit : ici, ni amour, ni tendresse, ni folle passion, seulement le souhait
d’élévation sociale comme vecteur de désir pour ce duo torturé que peu à peu viennent hanter leurs exactions.
Macbeth consultant les sorcières,
Eugène Delacroix, 1825
Lady Macbeth
Pour ce rôle, qui est un des plus saisissants que Verdi ait écrits, le compositeur ne souhaitait pas, contrairement
aux habitudes ordinairement en cours dans le théâtre lyrique, « une belle chanteuse, dotée d’une belle voix », mais
une interprète « laide et monstrueuse », dont la voix devrait être « âpre, étouffée, sombre… ». Sur le plan musical, Verdi
cherche à transcrire le bruit et la fureur shakespeariens, souhaitant une Lady Macbeth qui ne chantât absolument
pas et introduit sur les scènes d’opéra une violence et une brutalité rarement représentées jusqu’alors.
Il donne à Lady Macbeth une importance que le dramaturge anglais ne lui avait pas attribuée : moteur de l’action,
âme damnée de son époux, elle s’impose comme le personnage principal et est présente en scène durant les
quatre actes. Elle n’est certes pas la première gure féminine terrible créée par Verdi (citons Abigaille dans Nabucco
ou Odabella dans Attila), mais aucune n’a sa fulgurance maléque guidée par la seule volonté de puissance
et non par l’amour lial ou l’amour déçu. Son désir d’être mère d’un enfant au destin doré semble éludé par
le compositeur, qui a choisi de gommer la seule ambition qui aurait pu la rendre un tant soit peu humaine. Elle
intervient aux moments stratégiques et s’exprime par trois grands airs.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que dans cet opéra d’hommes, Lady Macbeth est le seul personnage féminin
d’importance. Mais même si son rôle est prépondérant et qu’elle semble tirer les celles de toutes les actions, Lady
Macbeth n’a pas réellement de pouvoir. À l’image des femmes au XIXe siècle, elle est en effet prisonnière de son
statut social qui la maintient sous le joug des hommes. Son impuissance est mise en valeur dès la distribution : elle
est « Madame » Macbeth, n’a pas de nom qui lui soit propre et n’existe que par l’intermédiaire de son mari. Dès lors,
la seule façon de parvenir à s’élever socialement et d’acquérir le pouvoir n’est possible, pour elle et les femmes du
XIXe siècle de manière générale, que par le truchement des hommes. Elle ne peut dominer qu’à travers son mari
par des ruses et de subtils jeux d’inuences : elle le pousse à agir et l’incite à donner libre cours à ses ambitions
meurtrières.
Source : Opéra national de Paris
Lady Macbeth somnambule,
Johann Heinrich Füssli,
Musée du Louvre
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