ÉPARGNER – HISTOIRE – 3ÈME DEGRÉ
ÉPARGNER: 1929-2008 - 5
En sixième lieu, il existe toujours un aveuglement au désastre. Ceux qui alertent ne sont pas écoutés. La
bulle gonfle jusqu’au moment où intervient une perte de confiance. Vient alors le krach, puis un sauvetage
de court terme. Mais l’étape suivante concerne la capacité qu’auront ou non les dirigeants de créer de
nouvelles règles et d’inventer un nouveau système financier.
Les régulations
Christian Chavagneux : Les crises financières 2/2 par lafinancepourtous
La vraie réussite de Franklin Roosevelt, durant les années 1930, souligne Christian Chavagneux, a été de
reprendre la main sur la finance et de modifier l’ambiance idéologique. Avant lui, les économistes reconnus
prônaient le laisser faire en matière de finance. Après lui, pour être un économiste reconnu, il fallait prôner
le contrôle et l’encadrement des marchés financiers.
Qu’en est-il actuellement face à la crise des subprimes ? Les dirigeants de la planète, qui agissent dans le
cadre du G 20, ont-ils réussi à modifier le climat idéologique et la façon dont la finance fonctionne ?
Le G 20 n’est pas un G vain
Selon Christian Chavagneux, le G 20 n’est pas un G vain. D’incontestables avancées doivent être notées :
• Par exemple, la stabilité financière n’est plus laissée au libre jeu des marchés. En Europe, aux USA
ou au Royaume-Uni, qui constituent les trois plus grands marchés de la planète, des institutions
politiques ont été créées dont le rôle est de traquer les dysfonctionnements de la finance. En
Europe il s’agit du Conseil européen du risque systémique. Certes il est trop tôt pour savoir si ces
institutions vont être efficaces pour détecter les dysfonctionnements et pour les arrêter, mais leur
création est importante.
• Autre exemple, les régulateurs réclament davantage de transparence pour pouvoir contrôler les
innovations financières qui se produisent généralement sur des marchés très opaques.
• Mais il reste des lacunes importantes :
• Par exemple, en matière de réforme de la gouvernance privée des établissements bancaires, rien
de significatif n’a été réalisé notamment en Europe où il s’agit seulement de mettre plus de
diversité dans les conseils d’administration. Mais les contrôleurs financiers internes sont loin
d’avoir obtenu des pouvoirs suffisants pour combattre l’existence de risques inappropriés dans les
établissements.
• La maitrise des rémunérations est, selon Christian Chavagneux, un autre sujet qui n’est pas traité
correctement.
• Il en va de même en ce qui concerne la façon dont les investisseurs gèrent leur participation à la
gouvernance des entreprises. La recherche de rendements rapides reste le paradigme en la
matière. Cependant, note-t-il, les évolutions réglementaires amènent les investisseurs à
comprendre qu’ils vont devoir s’habituer notamment dans les banques, à des taux de rendement
plus normaux et plus en ligne avec les rendements économiques réalisables dans l’économie réelle.
Régulations mondiales ou nationales ?
Selon Christian Chavagneux, dans le contexte de mondialisation financière, il serait évidemment
souhaitable que les politiques de contrôle et de retour à la stabilité financière soient harmonisées au niveau
mondial. Mais cela n’empêche pas ceux qui souhaitent agir au niveau national ou européen de pouvoir le
faire avec une certaine efficacité. Par exemple dans le domaine des rémunérations ou dans celui des bulles
de crédit. L’argument qui est opposé à une action à ces niveaux est celui d’une éventuelle perte de
compétitivité. Au contraire avoir des meilleures protections contre les risques d’instabilité financière
constituerait sans doute un avantage susceptible d’attirer des investisseurs en quête d’une plus grande
sécurité.
Au total, conclut Christian Chavagneux, face à une crise financière historique, les dirigeants du monde ont
entrepris dans certains domaines des réformes significatives, sans que l’on puisse savoir à ce stade si elles