
Credit Suisse Global Research
Swiss Issues Branches 5
Management Summary
La demande en services de santé ne connaît pratiquement pas de limites, surtout lorsqu'une vie
en dépend. Selon un large consensus dans notre société, les services de santé essentiels de-
vraient être accessibles à tous. Une grande partie des dépenses est donc supportée par la
communauté à travers la caisse-maladie obligatoire et l'Etat, et non directement par le patient
bénéficiaire des prestations. Il n'existe ainsi guère de contrainte budgétaire personnelle. Les
progrès technologiques donnent naissance à des possibilités de diagnostic et de traitement tou-
jours plus nouvelles (et chères). En l'absence d'un régime de réglementation qui vise une utili-
sation plus efficace des ressources ou une réduction de la demande jusqu'à un certain niveau,
rien étonnant donc à ce que les dépenses de santé explosent. Une telle flambée des prix profite
certes aux fournisseurs de services de santé – bénéficiant souvent d'une protection contre la
concurrence – qui représentent dans l'ensemble l'un des plus grands employeurs en Suisse. En
fin de compte, des dépenses à croissance effrénée sont irresponsables et compromettent à
long terme la solidarité sociale.
Compte tenu de l'évolution historique des dépenses de santé, il est manifeste que la législation
actuelle sur les services de santé n'accordait pas une place importante à l'aspect de l'effi-
cience. La politique nationale en matière de santé a reconnu ce fait et entrepris une étape pro-
metteuse avec la réforme du financement des hôpitaux entrée en vigueur au début de l'année
2012. La révision partielle de la loi fédérale sur l'assurance-maladie (LAMal) doit permettre
d'améliorer la transparence des services et des coûts hospitaliers, tout en favorisant la flexibilité
entrepreneuriale des hôpitaux. Un concept de concurrence en matière de qualité doit en outre
être systématiquement mis en place dans le secteur de la santé afin que les coûts puissent être
réduits. Reste encore à voir si cette concurrence sera effectivement mise en œuvre comme le
souhaite le législateur. Actuellement, les cantons n'appliquent pas la LAMal révisée de façon
uniforme, ce qui devrait conduire à des distorsions de concurrence. Ceci se traduit à son tour
par des incertitudes, non seulement dans les hôpitaux et chez les hommes politiques du secteur
de la santé, mais aussi chez les fournisseurs de solutions de financement du secteur privé
comme les banques et d'autres acteurs du marché des capitaux tels que les investisseurs insti-
tutionnels.
En supposant que la concurrence s'organise un jour effectivement de la sorte, les aspects tels
que le développement futur de la demande régionale et la densité d'offre joueront un rôle plus
important qu'actuellement sur le marché hospitalier fortement lié aux distances. Les change-
ments constants de l'offre hospitalière des soins stationnaires aux soins ambulatoires devraient
certes se poursuivre, ce qui réduira davantage la durée moyenne de traitement et, partant, le
nombre de lits requis. La demande en bien réel fourni par les hôpitaux, la «santé», va vraisem-
blablement encore augmenter. Pour des raisons démographiques, la croissance attendue varie
fortement d'une région à l'autre. D'après notre modèle de prévision, la demande devrait surtout
augmenter dans la ceinture d'agglomération extérieure de Zurich et de la Suisse centrale, tout
comme dans la région lémanique, à l'exception des villes-pôles que sont Genève et Lausanne.
C'est surtout dans les régions à faible croissance de la demande avec une haute densité d'offre
que les hôpitaux de plus petite taille devraient être forcés de se spécialiser de façon intelligente
et de coopérer avec d'autres institutions, même intercantonales, pour pouvoir survivre dans la
concurrence pour les patients.
Cette évolution conduit inévitablement à un processus de consolidation, ce qui ne signifie pas
cependant que les prestations seront désormais fournies de façon hautement centralisée dans
des «super hôpitaux» anonymes et au fonctionnement complexe. Si la concurrence devrait se
jouer comme prévu, les différents hôpitaux devraient mieux réfléchir aux prestations qu'ils veu-
lent proposer à l'avenir. Cela devrait conduire en certains endroits à la délocalisation des ser-
vices hospitaliers vers des centres régionaux et peut-être ici et là même à la fermeture complète
d'un hôpital. Cela va inévitablement aussi causer des remous politiques. Les exigences de la
population envers l'accessibilité temporelle des hôpitaux sont élevées et ceux-ci font aussi partie
des principaux employeurs des régions. D'un point de vue objectif cependant, la situation ac-
Croissance soutenue de
l'offre et de la demande
dans le secteur de la santé
(Paysage du secteur de la
santé, pp. 7-15)
La réforme du financement
des hôpitaux secoue le
secteur de la santé
(La réforme du financement
des hôpitaux et le rôle des
cantons, pp. 16-20)
La consolidation souhaitée
comme conséquence d'une
pression concurrentielle
accrue…
(Demande et offre de services
hospitaliers,
pp. 21-34)
… et bien gérable grâce à
la situation d’accessibilité
luxueuse des hôpitaux
(Situation régionale de l'offre
et accessibilité, pp. 26-28)