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répression financière. Dans le cadre de deuxième volet, nous ferons un état des
lieux des principaux travaux empiriques sur ces sujets avant de préciser les
indicateurs à retenir pour les pays analysés dans notre étude. Nous discuterons
alors de la répression et de la libéralisation du secteur financier dans ces pays.
1. DEVELOPPEMENT FINANCIER ET
CROISSANCE ECONOMIQUE
Le lien entre développement financier et développement économique a été
reconnu dans la littérature depuis une trentaine d'années : Goldsmith (1955, 1969),
Gurley et Shaw (1955, 1960) en furent les précurseurs. Rapidement, la structure
financière devint même un des éléments de la stratégie de développement
économique sous l'impulsion d'auteurs comme Gurley et Shaw (1967), McKinnon
(1973, 1991), Shaw (1973), Fry (1988, 1989) et plus récemment Thornton (1991,
1994) et, King et Levine (1992, 1993). On peut y associer à cette liste l'importante
littérature sur la croissance endogène : Bencivenga et Smith (1991), Greenwood et
Jovanovic (1990), Pagano (1993), etc.
Explicitement ou implicitement, dans toutes les études, on retrouve l'idée
qu'un système financier efficient active le développement économique tout en
l'orientant. Notons cependant que si la corrélation est maintenant largement admise,
le sens de causalité reste contesté4 opposant, d'une part, le développement financier
exogène (conduit par l'offre de services financiers) et, d'autre part, le
développement financier endogène (induit par la demande de services financiers).
La principale contribution des systèmes financiers à la croissance repose sur
le fait que ces derniers permettent d'assurer le fonctionnement d'un système de
paiement efficace et évolutif, mobilisent l'épargne et améliorent son affectation à
l'investissement. L'existence d'un moyen d'échange fiable est une condition
nécessaire de la croissance. Les systèmes de paiement évoluent en parallèle et en
interaction avec la croissance économique. La croissance entraîne des gains de
productivité, mais aussi une ouverture continue de nouveaux marchés, une
complexité croissante des échanges qui renforcent la monétisation des économies,
qui est nécessaire à son tour pour soutenir le volume de l'activité économique.
4 Voir R. I. St Hill (1992) et H. Patrick (1966). On trouvera des éléments de vérification empirique et
des tests de causalité chez Jung (1986) et Thornton (1991, 1994).