À propos du plan d’action en santé mentale AQPAMM Les troubles mentaux peuvent toucher tout le monde, riche ou pauvre, homme ou femme, de n’importe quelle race ou croyance. L’expérience des troubles mentaux est souvent décrite comme difficile et vécue à travers des préjugés et un manque de compréhension souvent dévalorisants. Le plan d’action vise à faciliter la vie des personnes utilisatrices de services et de leurs proches, pour leur donner accès à des services qu’ils veulent recevoir. Dans cette perspective, certains de leurs points de vue sont rapportés à travers des propos d’utilisateurs de services et de leurs proches. Leurs commentaires servent à nous rappeler combien il est riche et nécessaire de les écouter. En décembre dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec a déposé un plan d’action en santé mentale. Le document de travail qui nous a été remis fait suite aux travaux d’un comité d’experts sur l’organisation des services en santé mentale qui recommande au ministre des mesures afin d’améliorer les services. Les actions prioritaires contenues dans le plan d’action tiennent compte des recommandations de ce comité et traduisent la volonté du ministre d’améliorer les services de santé mentale. Au terme de cet ambitieux projet, les personnes et leurs proches auront plus facilement accès à des services qui amélioreront leur état de santé et leur qualité de vie. Au Québec, une personne sur six souffre d’une forme ou d’une autre de maladie mentale, ce qui fait de la maladie mentale un problème de santé aussi important que celui de l’asthme. De plus, le Québec détient le triste record du plus haut taux de suicides au Canada. Malgré cela, les troubles mentaux et le suicide n’ont pas toujours l’attention méritée et les personnes ne reçoivent pas toutes le traitement dont elles ont besoin. Tels sont les témoignages d’utilisateurs de services, de familles, de cliniciens et d’experts qui se sont prononcés sur le sujet. PARTENARIATS AVEC LES PERSONNES UTILISATRICES DE SERVICES ET LES FAMILLES. Dans son plus récent rapport en santé mentale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que les personnes utilisatrices de services et leurs familles prennent part à l’élaboration des politiques, des programmes et des services afin que ceux-ci soient mieux adaptés à leurs besoins et mieux utilisés. Depuis plus de trente ans, les personnes utilisatrices de services, et plus récemment les familles, expriment qu’elles veulent que leur voix soit entendue et prise en compte dans les décisions concernant les services de santé mentale. Au Québec, depuis la Politique de santé mentale de 1989, l’importance de ce partenariat avec les personnes utilisatrices de services ainsi qu’avec leurs proches et leur famille est reconnue et soutenue sur le plan national, régional et local. L’objectif général poursuivi par ce plan d’action est de doter le Québec d’un système efficace de traitement et de soutien pour les enfants, les jeunes, les adultes de tout âge ayant un trouble mental, ainsi que pour les personnes qui présentent un risque suicidaire. Aucune personne vulnérable ne devrait quitter l’urgence hospitalière sans que des services soient organisés et disponibles, ce qui suppose la liaison entre les différents services de crise, les services dans la communauté et les services spécialisés. L’accueil des utilisateurs de services et de leurs proches est déterminant dans les services de crise. De nombreux témoignages d’usagers et plusieurs recherches confirment que le fait de se retrouver à l’urgence d’un hôpital et la manière d’y être accueilli peuvent avoir un impact majeur sur la vie des personnes et de leurs proches. Les uns et les autres ont besoin d’être mieux écoutés, soutenus et informés. Les troubles mentaux peuvent être regroupés en deux grandes catégories : les troubles mentaux graves et les troubles mentaux modérés. Cette distinction est basée sur la sévérité des incapacités occasionnées par le trouble mental. Les troubles mentaux sont qualifiés de graves lorsqu’ils sont associés à un niveau d’incapacité qui nuit de façon significative dans les relations avec les autres, les compétences sociales de base et la capacité fonctionnelle dans la production d’un travail. Au Québec, comme ailleurs dans le monde, de 2 % à 3 % de la population adulte souffre d'un trouble mental grave. Cela représente entre 150 000 et 200 000 adultes qui vivent avec les conséquences importantes engendrées par des troubles mentaux graves. Chez les moins de 18 ans, des études menées depuis plus de dix ans font état de troubles mentaux de l’ordre de 15 % à 20 % dans cette catégorie d’âge, le tiers de ce pourcentage faisant partie des troubles mentaux graves. Les troubles mentaux sont considérés modérés lorsqu’ils perturbent le fonctionnement habituel d’une personne. Ils sont moins handicapants que les troubles mentaux graves. Très souvent, les familles et les proches accompagnent et soutiennent la personne atteinte de maladie mentale. Leur implication est rendue parfois difficile compte tenu du lien que les unit. Les familles et les proches ont besoin d’être accueillis, informés, soutenus et orientés dans le réseau de soins, quels que soient l’organisme consulté et les services demandés. La perspective du rétablissement : Au cours des dernières années, de meilleures connaissances sur les troubles mentaux et l’implication des utilisateurs de services ont permis de mettre en doute la croyance voulant que les troubles mentaux graves soient toujours chroniques et suivent obligatoirement une évolution dégénérative. En effet, dans la perspective du rétablissement, on observe que les personnes atteintes ont les capacités de reprendre le contrôle sur leur vie et sur leur maladie, plutôt que ce soit la maladie qui les contrôle. Cette conviction nous invite à soutenir les personnes atteintes à s’approprier leur rôle en société, malgré l’existence de symptômes ou de handicaps. Il n’existe pas un modèle unique de rétablissement, mais des attitudes et des valeurs qui donnent espoir aux personnes utilisatrices de services et qui augmente leur qualité de vie. La place des proches : Le plan d’action propose d’inclure les familles et les proches dans l’organisation du réseau de services en santé mentale. Pour un grand nombre de personnes ayant un trouble mental, la famille représente la principale source de soutien en même temps qu’un milieu de vie. La situation des proches aidants demeure cependant fragile et l’aide qu’ils apportent à leur entourage les conduit quelquefois à l’épuisement. Les proches ont parfois besoin d’obtenir des services de santé et de se dégager de leur rôle d’aidant. Les intervenants du réseau doivent être attentifs à conseiller les proches pour qu’ils n’hésitent pas à chercher du soutien pour eux-mêmes lorsqu’ils en ont besoin. Les familles demandent un rapprochement avec les équipes traitantes, elles veulent être reconnues à juste titre comme partenaires. Le ministère invite formellement les organismes du réseau public à s’assurer d’obtenir la participation d’utilisateurs de services, de représentants des familles ou des proches dans le travail de planification et d’organisation de services qui les concernent. À titre de représentant des familles, l’AQPAMM s’impliquera activement pour que l’inclusion des familles dans le plan d’action se matérialise dans la réalité. C’est le début d’un long processus: avant que ce plan d’action n’aboutisse sur le terrain, il reste plusieurs consultations à faire, mais à l’AQPAMM, nous sommes satisfaits de la place qui est enfin reconnue aux familles et aux proches.