Démarche clinique suggérée Pour toute situation où une fibrillation auriculaire est suspectée ou diagnostiquée, il est recommandé de suivre la démarche suivante : 1. Enquête étiologique et bilan initial. 2. Prise en charge de la fibrillation et du flutter auriculaires d’installation récente dans les urgences. 3. Maîtrise de la fréquence et du rythme. a) F réquence : Valeur cible au repos : moins de 100 battements/min. L’objectif principal est d’améliorer les symptômes et de prévenir la détérioration de la fonction cardiaque associée à des fréquences ventriculaires excessivement rapides durant la FA ou le flutter auriculaire (Myocardiopathie induite par la tachycardie). b) R ythme : Les objectifs de la normalisation du rythme devraient être centrés sur l’amélioration de la qualité de vie. 4. Évaluer la possibilité de cardioversion. 5. Prévention des AVC et des embolies systémiques secondaires à la fibrillation auriculaire et au flutter auriculaire, par traitement antithrombotique. Évaluer le risque embolique (CHADS2) et le risque hémorragique (HAS-BLED). 6. Évaluer s’il y a indication d’ablation par cathéter. 7. Évaluer s’il y a indication de traitement chirurgical de la fibrillation auriculaire. 8. Après une chirurgie cardiaque, évaluer les indications de prévention et de traitement de la fibrillation auriculaire. Évaluation du risque d’AVC par le score CHADS2 Critères de risque CHADS2 Points ATCD d'AVC ou AIT 2 Âge > 75 1 Hypertension 1 Diabète 1 Défaillance cardiaque 1 Total CHADS: Congestive heart failure; Hypertension; Age>75y; Diabetes; Prior Stroke or TIA Interprétation du score CHADS2 (IC 95 %) Points (CHADS2) 0 Tableau 1. Évaluation de base pour tous les patients en fibrillation auriculaire Risque annuel d'AVC ajusté (IC 95 %) Risque très faible 1,9 1 Risque faible 2,8 2 Risque modéré à élevé 4,0 3 5,9 Anamnèse et examen physique Établir le profil (apparition récente, paroxystique, persistante ou permanente) Établir la gravité (y compris les répercussions sur la qualité de vie) Procéder à l’enquête étiologique Rechercher les causes réversibles (hyperthyroïdie, « pacing » ventriculaire, tachycardie supraventriculaire, activité physique, etc.) Rechercher les facteurs de risque qui, une fois éliminés, pourraient réduire les récidives ou améliorer le pronostic global (hypertension, apnée du sommeil, dysfonction ventriculaire gauche, etc.) Documenter les antécédents sociaux pour déceler les déclencheurs (alcool, entraînement aérobique intensif, etc.) Documenter les antécédents familiaux pour découvrir des causes héréditaires (surtout en cas de FA isolée) Déterminer le risque de thromboembolie Déterminer le risque d’hémorragie pour orienter le traitement (antiplaquettaire ou antithrombotique) Passer en revue les médicaments pris pour la FA (efficacité et effets indésirables) Lettre Documenter la présence d’une fibrillation auriculaire Rechercher s'il y a une cardiopathie structurale (infarctus du myocarde, hypertrophie ventriculaire, une dilatation auriculaire, une cardiopathie congénitale) ou électrique (préexcitation ventriculaire, syndrome de Brugada) Exclure une cardiopathie valvulaire ou congénitale importante (surtout une communication interauriculaire) Mesurer les pressions de remplissage des ventricules et la pression artérielle pulmonaire Examens sanguins : hémogramme, profil de coagulation et exploration des fonctions rénale, thyroïdienne et hépatique, bilan lipidique à jeun et glycémie à jeun 18,2 Évaluation du risque hémorragique par le score HAS-BLED Électrocardiogramme à 12 dérivations Évaluer la dimension de l’oreillette gauche (et si possible, le volume) 6 - A nticoagulothérapie orale avec Warfarine (RIN 2-3) ou - D abigatran 110 à 150 mg BID Dans certains cas l’Aspirine peut être un choix alternatif. Adapté de : Gage BF, et al. JAMA 2001;285:2864-2870 Examiner soigneusement la région précordiale et prendre la pression des veines jugulaires ainsi que les pouls carotidiens et périphériques pour déceler des signes de cardiopathie structurale Documenter la taille, l’épaisseur de la paroi et la fonction des ventricules 12,5 - A nticoagulothérapie orale avec Warfarine (RIN 2-3) ou - Dabigatran 110 à 150 mg BID Dans certains cas l’Aspirine peut être un choix alternatif. ** S auf contre-indications, la posologie de Dabigatran de 150 mg BID est préférable. Mesurer la taille et le poids Échocardiogramme et autres examens 8,5 5 Aspirine 75-325 mg/j* * L es personnes jeunes sans facteurs de risque n’ont peut-être pas besoin de traitement antiplaquettaire. Prendre la pression artérielle et la fréquence cardiaque Rechercher les facteurs de risque de complications du traitement (trouble de la conduction, de la repolarisation ou s'il y a dysfonction du nœud sinusal); documenter les intervalles PR et QT ou le complexe QRS au départ 4 Traitement recommandé Caractéristique clinique Points H Hypertension 1 A Fonction rénale et hépatique anormales (1 point chacun) 1 ou 2 S Accident vasculaire cérébral 1 B Saignements 1 L RIN labile 1 E Âge (plus de 65 ans) 1 D Drogues ou alcool (1 point chacun) 1 ou 2 Total Interprétation du risque hémorragique (HAS-BLED) Points Risque hémorragique annuel 1 Faible 2 Modéré 3 et plus Élevé HAS-BLED: Hypertension; Abnormal Renal/Liver Function; Stroke; Bleeding History or Predisposition; Labile RIN; Elderly; Drugs/Alcohol Concomitantly). Adapté de : Pisters et al., CHEST Nov. 2010. Tableau 2. Examens complémentaires utiles dans des cas sélectifs Exploration Rôle potentiel Radiographie pulmonaire Écarter la possibilité de pneumopathie et d’insuffisance cardiaque concomitante, au départ chez les patients traités avec amiodarone Enregistrement ECG ambulatoire Objectiver la FA, éliminer les autres diagnostics (Holter, moniteur d’événements, (tachycardie auriculaire, flutter auriculaire, tachycardie moniteur de boucles) jonctionnelle par réentrée, tachycardie réciproque, tachycardie ventriculaire), établir la corrélation symptômes-rythme, évaluer la réponse ventriculaire Épreuve d’effort sur tapis roulant Investiguer les patients présentant des symptômes de coronaropathie, évaluer la réponse ventriculaire Échocardiographie transœsophagienne Exclure un thrombus de l’auricule gauche, faciliter la cardioversion chez les sujets qui ne sont pas sous anticoagulant oral, caractériser plus précisément une cardiopathie structurale (valvulopathie mitrale, communication interauriculaire, cœur triatrial, etc.) Exploration électrophysiologique Chez les patients présentant une tachycardie supraventriculaire régulière documentée (tachycardie auriculaire, tachycardie jonctionnelle par réentrée, tachycardie réciproque, flutter auriculaire) qui se prête à une ablation par cathéter Tableau 3. Causes possibles de la fibrillation auriculaire Causes cardiaques, vasculaires et reliées à l'hérédité Hypertension Insuffisance cardiaque* Coronaropathie avec antécédents d’infarctus du myocarde Dysfonction ventriculaire gauche (systolique et diastolique)*, y compris cardiomyopathies hypertrophiques, dilatées et restrictives Valvulopathie Cardiopathie congénitale* (réparation précoce d’une communication interauriculaire) Maladie péricardique Chirurgie antérieure (surtout cardiaque) Syndrome de dysfonctionnement sinusal (maladie du nœud sinusal) Fibrillation auriculaire secondaire à une stimulation ventriculaire* Tachycardie supraventriculaire (syndrome de Wolff-Parkinson-White, tachycardie auriculaire, flutter auriculaire ou autre)* Facteurs génétiques ou familiaux Causes non cardiaques et idiopathiques Apnée du sommeil obstructive* Obésité* Dosage de la calcémie et de la magnésémie En cas de carence soupçonnée (prise de diurétiques, pertes gastro-intestinales), susceptible d’influencer le traitement (p. ex. Sotalol) Intoxication alcoolique aiguë ou chronique* Étude du sommeil (oxymétrie ou polysomnographie en ambulatoire) Chez les patients qui ont des symptômes d’apnée du sommeil obstructive ou dans des cas particuliers d’insuffisance cardiaque symptomatique avancée Médiation vagale (habitus d’entraînement aérobique intensif)* Hyperthyroïdie* Pneumopathie (pneumonie, MPOC, embolie pulmonaire, hypertension pulmonaire) Fibrillation auriculaire isolée (idiopathique) Enregistrement continu de la En cas d’hypertension marginale pression artérielle * dénote une cause pour laquelle un traitement pourrait prévenir l’apparition ou le retour d’une FA Tests génétiques Algorithmes recommandés pour la maîtrise du rythme cardiaque Dans les rares cas de FA familiale apparente (en particulier si la FA est survenue à un jeune âge) avec caractéristiques de trouble de la conduction, du syndrome de Brugada ou de cardiomyopathie Critères pouvant aider à déterminer la stratégie à adopter au regard de la fréquence et du rythme cardiaque En faveur de la maîtrise de la fréquence En faveur de la maîtrise du rythme FA persistante Fibrillation auriculaire paroxystique FA de novo Moins symptomatique Plus symptomatique 65 ans et plus Moins de 65 ans Hypertension Non hypertendu Pas d'antécédent de défaillance cardiaque Défaillance cardiaque exacerbée par la FA Échec par le passé, à la prise d'antiarythmique Absence d'échec à la prise d'antiarythmique par le passé Dans une situation de FA persistante ou permanente ou de flutter auriculaire, une fréquence cardiaque au repos de moins de 100 battements/min est recommandée. Agents recommandés pour la maîtrise de la fréquence u Bêtabloquants u Bloquant des canaux calciques non dihydropyridiniques : Diltiazem, Verapamil u Digoxine, digitale : Réservées pour le traitement de deuxième intention du dysfonctionnement du ventricule gauche chez une personne sédentaire u Dronédarone : Traitement de deuxième intention u Amiodarone : Éviter d’utiliser, sauf dans des circonstances exceptionnelles 1- Fonction normale du ventricule gauche Fonction ventriculaire normale Dronédarone Flecainide* Propafenone* Sotalol Ablation par cathéter Amiodarone * Agents de classe 1 devraient être ÉVITÉS dans la MC. Ils devraient être associés à des agents bloquants du nœud AV 2- Fonction anormale du ventricule gauche Fonction anormale du ventricule gauche FE > 35 % FE ≤ 35 % Amiodarone Dronédarone Sotalol Amiodarone FE : Fraction d’éjection du ventricule gauche Ablation par cathéter * Sotalol devrait être utilisé avec prudence avec FE 35 à 40 % Contre-indiqué chez les femmes > 65 ans qui prennent des diurétiques Source : Site Internet de la Société canadienne de cardiologie www.ccsguidelineprograms.ca/index.php?option=com_content&views=article&id=112%3Aafib-executivesummary&catid=50&Itemid=66 © La Fondation des maladies du cœur du Québec | Ce document est publié par l’Alliance québécoise pour la santé du coeur Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du coeur - Encart spécial - volume 14 numéro 1 - Printemps 2011