UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE Année 2014 N° 021 THESE pour le DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE DES de Pédiatrie par Jennifer HEBERT née le 07/11/1985 Présentée et soutenue publiquement le 22/04/2014 SYNDROME PHACES : ETUDE DE SEPT CAS ET DISCUSSION DIAGNOSTIQUE Président : Monsieur le Professeur STALDER Directeur de thèse : Madame le Docteur Hélène AUBERT 0 Remerciements A Monsieur le Professeur STALDER, vous me faites l’honneur de présider ce jury et de juger ce travail. Recevez ma sincère reconnaissance. Je vous remercie de m’avoir accueillie aux consultations de dermatologie pédiatrique. A Madame le Docteur Hélène AUBERT, pour avoir accepté de diriger ce travail. Je te remercie pour ton aide et ton soutien précieux tout au long de ce travail. Merci de m’avoir fait découvrir la dermatologie pédiatrique, ce fut un plaisir d’apprendre et de travailler à tes côtés. A Madame le Professeur Gras-Le Guen, qui me fait l’honneur de juger ce travail. Je te remercie pour tes enseignements et ton engagement tout au long de mon internat. Trouve ici l’expression de mes sincères remerciements et de mon profond respect. Au Professeur Rozé, qui me fait l’honneur de juger ce travail. Je vous remercie pour votre disponibilité et vos conseils au cours de mon internat. Veuillez trouver l’expression de ma sincère reconnaissance et de mon profond respect. Aux pédiatres et aux médecins du CHU de Nantes et de la Maison des Adolescents de Cochin avec qui j’ai eu l’honneur de travailler, je vous remercie sincèrement d’avoir contribué à ma formation. A mes co-internes, Merci pour les bons moments passés au cours de ces quatre années. A mes parents, à Géraldine et Xavier, ainsi qu’à toute ma famille, pour votre soutien inconditionnel. A Pierre, merci pour ton soutien à toute épreuve. 1 Sommaire I- Introduction I-A. Les hémangiomes I-A. 1 Epidémiologie I-A. 2 Clinique I-A. 3 Physiopathologie I-A. 4 Complications I-A. 5 Traitement I-B. L’hypothyroïdie congenital I-B. 1 Epidémiologie I-B. 2 Etiologies I-B. 3 Physiopathologie I-B. 4 Diagnostic I-B. 5 Traitement p.3 p.5 p.5 p.5 p.6 p.7 p.8 p.9 p.9 p.9 p.10 p.12 p.13 II- Présentation des cas cliniques II-A. Cas 1 II-B. Cas 2 II-C. Cas 3 II-D. Cas 4 II-E. Cas 5 II-F. Cas 6 II-G. Cas 7 Tableau 1 : Caractéristiques cliniques des 7 cas de notre série p.14 p.14 p.17 p.18 p.20 p.23 p.25 p.27 p.29 III- Discussion III-A. Le syndrome PHACES : revue de la littérature et comparaison de notre série III-A. 1 Epidémiologie III-A. 2 Signes cliniques III-A. 3 Physiopathologie III-A. 4 Devenir, complications III-A. 5 Traitement III-B. Hémangiome et hypothyroïdie : syndrome PHACES III-C. Recommandations pour la pratique clinique p.30 p.31 p.31 p.31 p.40 p.42 p.44 p.45 p.51 IV- Conclusion Bibliographie Annexe 1 : Critères diagnostiques du syndrome PHACES Liste des abréviations p.52 p.53 p.57 p.58 2 I- INTRODUCTION : Les hémangiomes infantiles sont des tumeurs vasculaires très fréquentes qui touchent 4 à 10% des enfants. La grande majorité des hémangiomes sont isolés et de petite taille mais certains sont associés à des syndromes poly-malformatifs, en particulier ceux de grande taille ou de topographie particulière. Ainsi, les hémangiome segmentaires de la face sont associés dans 20 à 31% des cas au syndrome PHACES [1, 2]. Le syndrome PHACE a été décrit en 1996 par Frieden and al [3]. Il associe un hémangiome segmentaire de la face à une ou plusieurs des malformations suivantes : anomalies de la fosse postérieure, anomalies vasculaires cérébrales intra et extra-crâniennes, malformation cardiaque ou coarctation de l’aorte et anomalies ophtalmologiques. En 2002, les anomalies de la ligne médiane et du sternum sont ajoutées aux atteintes extra-cutanées possibles, formant ainsi l’acronyme PHACES syndrome. Du fait de sa description relativement récente, les connaissances sur le syndrome PHACES ont beaucoup évoluées ces dernières années. Les critères diagnostiques ont été redéfinis en 2009 (annexe 1) [4]. La littérature compte actuellement 400 cas décrits sous forme de cas cliniques ou de petites séries. Nous présentons une série de 7 cas cliniques d’enfants présentant des hémangiomes segmentaires du visage associés à des anomalies extra-cutanées. Ces enfants ont été pris en charge dans les services de pédiatrie et de dermatologie du CHU de Nantes entre 2008 et 2013. Cinq des enfants ont un diagnostic avéré de PHACES syndrome, les 2 autres ont un diagnostic possible, selon les critères révisés en 2009, puisqu’ils associent un hémangiome segmentaire de la face et une ectopie thyroïdienne. Cette association n’a jamais été décrite 3 dans la littérature sans autres anomalies associées, d’où l’intérêt des deux derniers cas présentés. Après quelques rappels sur les hémangiomes et l’hypothyroïdie congénitale, nous présenterons les cas cliniques. Ce travail a été l’occasion d’une revue de la littérature sur le syndrome PHACES et sur l’association hémangiome et hypothyroïdie congénitale qui sera présentée et discutée dans ce travail. 4 I-A. Les hémangiomes : I-A.1 Epidémiologie : Les hémangiomes infantiles sont des tumeurs vasculaires bénignes. Ils sont très fréquents puisqu’ils touchent 4 à 10% des nourrissons. Les facteurs de risque d’hémangiome sont la prématurité, un petit poids de naissance, la gémellité, les antécédents de pré-éclampsie pendant la grossesse, la peau blanche, le sexe féminin [5]. I-A.2 Clinique : Les hémangiomes sont généralement absents à la naissance. Ils apparaissent dans les premières semaines de vie, augmentent de volume pendant 6 à 12 mois, puis régressent sur plusieurs années. Il existe différentes formes : superficiel, profond ou mixte. L’hémangiome superficiel se présente comme une masse rouge sur la peau, avec des bords nets et une surface irrégulière. L’hémangiome profond est une tuméfaction sous la peau, arrondie, ferme, légèrement chaude, parfois bleutée. Les hémangiomes mixtes associent une composante profonde et une composante superficielle. Les hémangiomes ont une taille inférieure à 3 cm dans 80% des cas. Ils peuvent se localiser sur n’importe quel endroit du corps mais sont plus fréquents sur la tête et le cou. Il existe également des localisations viscérales qui sont beaucoup plus rares. 5 I-A.3 Physiopathologie : Au cours de sa phase proliférative, l’hémangiome infantile est constitué de cellules endothéliales, puis des capillaires apparaissent. Ces capillaires vont disparaitre en phase d’involution et sont remplacés par un tissu fibro-adipeux. Les hémangiomes infantiles en phase de croissance sont constitués principalement de cellules endothéliales immatures CD31+, et dans une moindre mesure, de péricytes, de cellules dendritiques, de mastocytes, de cellules myéloïdes, de cellules mésenchymateuses et de cellules souches multipotentes. Les cellules endothéliales immatures CD31+ ont un phénotype particulier puisqu’elles expriment notamment un transporteur du glucose (GLUT1) et des antigènes Lewis et FcRγII. Ces marqueurs sont absents dans les autres tumeurs et malformations vasculaires. La prolifération de ces cellules endothéliales est stimulée par des facteurs pro-angiogéniques VEGF et FGF2. Lors de la phase d’involution, les cellules endothéliales expriment des marqueurs d’apoptose : les capsases et P16. Une hypoxie anténatale ou per-natale pourrait être le facteur initiateur à l’origine de l’hémangiome [6]. I-A.4 Complications : Bien que la plupart des hémangiomes soient isolés et bénins, certains peuvent entrer dans le cadre de syndromes malformatifs ou être à l’origine de complications. 6 Les complications liées aux hémangiomes sont esthétiques, locales, fonctionnelles et dans de rares cas vitales [7]. Ces complications sont très souvent dépendantes de la localisation de l’hémangiome. Les complications vitales possibles sont la détresse respiratoire par obstruction des voies aériennes en cas d’hémangiome sous-glottique, et l’insuffisance cardiaque qui peut compliquer les hémangiomes hépatiques ou extensifs. Les hémangiomes localisés sur les paupières peuvent créer un ptosis responsable d’une amblyopie en l’absence de traitement. De la même manière, les hémangiomes des oreilles, des lèvres, des narines ou pré-mammaires peuvent être à l’origine de surdité, de troubles de l’alimentation, d’altération des structures narinaires et de la glande mammaire. Par ailleurs, les hémangiomes peuvent se compliquer localement d’ulcérations très douloureuses, pouvant être le siège de surinfections ou de saignements. Elles peuvent également être à l’origine de cicatrices. Enfin, les hémangiomes peuvent avoir un retentissement esthétique, notamment les hémangiomes de grande taille et les hémangiomes faciaux qui peuvent être responsables de distorsions anatomiques irréversibles. Certains hémangiomes font partie de syndromes malformatifs. Les hémangiomes étendus du visage peuvent entrer dans le cadre d’un syndrome PHACES qui sera développé dans ce travail. Les hémangiomes périnéaux s’intègrent parfois dans le syndrome PELVIS/SACRAL/LUMBAR qui associe des hémangiomes, des anomalies des organes génitaux externes, des lipomyéloméningocèles, des anomalies vésico-rénales, des imperforations anales et des anomalies cutanées. 7 I-A.5 Traitement : Compte-tenu de l’évolution naturelle des hémangiomes, l’abstention thérapeutique est préconisée dans la très grande majorité des situations. En effet, 80% des hémangiomes infantiles vont régresser spontanément sans séquelle [5]. Pour les formes compliquées, le traitement par bétabloquants per os a remplacé ces dernières années la corticothérapie [5]. La molécule utilisée principalement est le propranolol. Ce traitement permet un arrêt de la croissance, un affaissement et un palissement de l’hémangiome. La durée du traitement est généralement de 9 mois, avec une posologie de 2 à 3 mg/kg/jour. Les effets secondaires potentiellement graves de ce traitement sont l’hypoglycémie et le bronchospasme. La corticothérapie garde une indication pour les rares cas de résistance aux béta-bloquants. 8 I-B. L’hypothyroïdie congénitale : L’hypothyroïdie congénitale (HC) est une affection rare qui touche 1 naissance sur 3000 en incluant les formes d’hypothyroïdie transitoire et 1 sur 4000 en excluant ces formes [8]. Historiquement, l’HC était responsable de déficits intellectuels sévères et de déficits staturaux avec une petite taille à l’âge adulte. Le pronostic a été transformé depuis la mise en place du dépistage néonatal qui assure un diagnostic et donc un traitement précoce de l’hypothyroïdie, ce qui permet d’éviter ces complications. En effet, le quotient intellectuel des enfants dépistés est actuellement semblable à celui de leur fratrie ou de leurs camarades de classe [9]. I-B.1 Etiologies : Différentes étiologies peuvent être en cause dans l’hypothyroïdie congénitale [8 ; 9]: -Hypothyroïdie primaire : ● les dysgénésies sont responsables de 80% des HC. Elles regroupent les ectopies, les agénésies et les hémi-agénésies thyroïdiennes. Les ectopies représentent 61% des HC, elles peuvent être localisées entre la base de la langue et la base du cou. ● les dyshormonogénèses sont la deuxième grande cause d’HC (15% des HC). La structure de la glande thyroïde est normale, mais il existe une erreur innée de la synthèse des hormones thyroïdiennes. Ces troubles de la synthèse hormonales sont d’origine génétique. 9 Leur transmission est autosomique récessive. La thyroglobuline et la thyroperoxidase sont les principales molécules anormales au cours des dyshormonogénèses. ● les résistances à la TSH sont très rares et sont dues à des mutations inactivatrices du récepteur à la TSH. -Hypothyroïdie centrale : ● les HC d’origine centrale sont également rares et associées à d’autres déficits hypophysaires. Leur présentation clinique est donc différente, ainsi que leur prise en charge. -Hypothyroïdie transitoire : ● il existe également des HC transitoires, liées à des apports inadéquats en iode, à un passage trans-placentaire d’anticorps maternels ou d’anti-thyroïdiens de synthèse pendant la grossesse. I-B.2 Physiopathologie : L’ébauche de la glande thyroïdienne apparait à la fin de la 4° semaine de gestation, au niveau du foramen caecum de la langue en voie de développement [10]. Elle est constituée de cellules endodermiques, qui formeront les cellules folliculaires de la thyroïde par la suite. Au niveau moléculaire, ces cellules expriment des facteurs de transcription indispensables à la formation et au développement de la thyroïde, ainsi qu’à son fonctionnement ultérieur. Ces facteurs de transcription sont TTF1/Nkx2-1, Fox1/TTF2, Pax8 et Hex. L’ébauche thyroïdienne migre ensuite le long du conduit thyréoglosse, qui se rompt à la fin de la 5° semaine. Elle atteint sa position définitive à la fin de la 7° semaine, en dessous du cartilage cricoïde. Les corps ultimobranchiaux, dérivés des 4èmes poches pharyngées, fusionnent alors 10 avec l’ébauche thyroïdienne. Ils fournissent à la glande thyroïde les cellules neuroectodermiques, dérivées de la crête neurale, qui formeront les cellules Cparafolliculaires productrices de calcitonine. La thyroïde devient fonctionnelle entre la 10ème et la 12ème semaine de gestation. Figure : Développement et migration de la glande thyroïde entre la 4ème et la 7ème semaine de gestation, d’après Larsen and al, Embryologie humaine 3° édition, 2011. La survenue des dysgénésies est très largement sporadique. Cependant, 2% des cas sont familiaux. Les filles sont plus touchées que les garçons avec un sex-ratio à 2 :1. L’HC est plus fréquente dans certaines maladies génétiques comme la trisomie 21 ou le syndrome de Williams-Beuren. Les malformations cardiaques sont également plus 11 fréquentes chez les patients atteints de dysgénésies thyroïdiennes. De nouveaux syndromes impliquant des dysgénésies thyroïdiennes ont été décrits récemment : le brain-lung-thyroid syndrome et le bamforth syndrome [8 ; 11]. Le premier comprend une dysgénésie thyroïdienne, une atteinte pulmonaire avec détresse respiratoire néonatale et parfois le développement d’une pneumopathie interstitielle, et une atteinte neurologique se manifestant par une hypotonie néonatale et le développement d’une chorée dans l’enfance. Le bamforth syndrome se manifeste quant à lui par une fente palatine, des anomalies des cheveux, une agénésie thyroïdienne et une atrésie des choanes inconstante. Ces deux syndromes sont particulièrement intéressants à citer car une mutation des gènes codant pour les facteurs de transcription impliqués dans le développement de la thyroïde a été retrouvée dans ces syndromes. Il s’agit des facteurs Nkx2-1 pour le brain-lung-thyroid syndrome, et TTF-2 pour le bamforth syndrome. Des mutations du gène codant pour Pax8 ont également été retrouvées dans certains cas de dysgénésies thyroïdiennes familiales. Des anomalies rénales sont parfois associées à ces cas. Ces différentes mutations génétiques n’ont pas été retrouvées chez les patients porteurs de dysgénésies thyroïdiennes isolées. La physiopathologie des dysgénésies thyroïdiennes est donc encore incomplètement comprise mais a évoluée ces dernières années. Bien que la grande majorité des cas soient sporadiques et isolées, il existe des cas familiaux et/ou syndromiques, liés à des mutations génétiques des facteurs de transcription de la thyroïde. I-B.3 Diagnostic : Comme nous l’avons évoqué plus haut, le diagnostic d’HC est réalisé en France, depuis 1978, par dépistage néonatal systématique à 3 jours de vie. Ce test dépiste les dosages 12 anormalement élevés de la TSH. Un test positif nécessite une confirmation diagnostique par dosage sanguin de la TSH et des hormones thyroïdiennes T4 et T3. Le diagnostic étiologique repose ensuite sur l’échographie thyroïdienne et surtout la scintigraphie thyroïdienne avec radio-isotope marqué qui permettent d’apprécier la présence, la localisation et le volume de la thyroïde. I-B.4 Traitement : La découverte d’une hypothyroïdie congénitale nécessite la mise en route d’un traitement rapide pour éviter les complications liées à une carence en hormones thyroïdiennes. Ce traitement repose sur une hormonothérapie substitutive par L-Thyroxine, qui doit être prise quotidiennement, à vie. La posologie initiale doit être élevée, à 10 µg/kg/jour, puis surveillée et adaptée aux dosages de la T4 libre et de la TSH [8 ; 9]. 13 II- PRESENTATION DES CAS CLINIQUES: La série que nous présentons est constituée de sept cas d’enfants présentant un hémangiome segmentaire de la face associé à une anomalie extra-cutanée. Ces patients étaient suivis dans les services de dermatologie et de pédiatrie du CHU de Nantes, entre 2008 et 2013. Les cas ont été étudiés rétrospectivement. Les cinq premiers cas présentent un syndrome PHACES. Les deux cas suivants ne présentent pas d’atteinte extra-cutanée caractéristique du syndrome PHACES. II-A. Cas 1 : Le premier cas est un nouveau-né de sexe féminin chez qui avait été découvert sur l’échographie de surveillance anténatale une atrophie de l’hémisphère cérébelleux gauche, confirmée par une imagerie par résonnance magnétique (IRM) anténatale. L’accouchement s’était déroulé normalement avec un enfant eutrophe à la naissance. A quelques semaines de vie, un hémangiome segmentaire de la face était apparu avec une atteinte temporale gauche, de la joue gauche et de la paupière supérieure gauche, entraînant une occlusion palpébrale complète et une déformation de la joue et de la région temporale. Le diagnostic de syndrome PHACES avait été porté devant l’association de l’hémangiome segmentaire et de l’atrophie cérébelleuse. L’échographie cardiaque était 14 normale, l’examen ophtalmologique retrouvait un astigmatisme de l’œil gauche à 8 mois de vie, puis un examen normal lors des contrôles ultérieurs. L’IRM cérébrale de contrôle, réalisée à 4 mois de vie, confirmait l’atrophie de l’hémisphère cérébelleux gauche avec un élargissement de la grande citerne en regard de l’atrophie, ainsi qu’une extension de l’hémangiome au niveau intra-orbitaire. Le développement de l’enfant à un an de vie était normal. Un traitement par bétabloquants par voie orale avait été entrepris, permettant une ouverture complète de l’œil et une diminution du volume des lésions. A B A : Photographies du cas n°1 à 3 mois et demi de vie. B : Photographie du cas n°1 à 1 an après traitement par bétabloquants. 15 C D C et D : IRM cérébrale du cas n°1 avec atrophie cérébelleuse gauche (C : coupe frontale, séquence T1 ; D : coupe axiale, séquence FLAIR ) 16 II-B. Cas 2 : Le deuxième cas est un garçon vu à trois mois de vie en consultation de dermatologie pour un hémangiome de la lèvre inférieur ulcéré, associé à des hémangiomes rétroauriculaires gauches constituant un hémangiome segmentaire du segment 3. L’échographie cardiaque réalisée devant cet hémangiome segmentaire de la face retrouvait une anomalie de la crosse aortique avec un aplatissement, une plicature au-dessus de la région isthmique et une accélération du flux. L’IRM cérébrale et l’examen ophtalmologique étaient normaux. Après avis auprès des cardiologues pédiatriques, un traitement par Propranolol avait pu être débuté permettant une cicatrisation de l’ulcération et une régression des hémangiomes. La surveillance cardiologique à distance avait confirmé la morphologie pathologique de l’arche aortique avec une accélération du flux au niveau de l’isthme aortique faisant suspecter une coarctation non serrée qui est surveillée cliniquement pour le moment. E F E : Photographie du cas 2 : hémangiome ulcéré de la lèvre inférieure. F : Photographie du cas 2 : hémangiome rétro-auriculaire gauche. 17 II-C. Cas 3 : La troisième enfant est une fille née à terme après une grossesse sans particularité, de parents non consanguins. Son poids de naissance était 3,800 kg. Elle avait présenté dans les premières semaines de vie un hémangiome frontal droit avec atteinte de la paupière supérieure, associé à un hémangiome de la lèvre inférieure et de la gencive dans leur partie médiane. Un bilan d’extension avait été réalisé devant cet hémangiome segmentaire et l’angioIRM cérébrale retrouvait une agénésie de la carotide interne gauche. L’échographie cardiaque et l’examen ophtalmologique étaient normaux. L’examen neurologique de l’enfant était normal. Aucun traitement n’avait été entrepris car l’hémangiome avait tendance à régresser spontanément. La surveillance clinique était normale à 16 mois et un écho-Doppler est prévu à l’âge de deux ans. G G. Photographie du cas 3 : hémangiome frontal droit et de la paupière supérieure droite 18 H. Angio-MR du cas 3 : agénésie de la carotide interne gauche 19 II-D. Cas 4 : Le quatrième cas est également une fille, née de parents non consanguins sans antécédent notable. La grossesse et la naissance s’étaient déroulées normalement, avec un poids de naissance à 2,720 kg. A la naissance, elle présentait un hémangiome de l’hémi-face gauche discret qui a rapidement augmenté de volume à quinze jours de vie. L’hémangiome s’étendait sur les segments 1 et 2 du visage. Le bilan d’extension du syndrome PHACES retrouvait une anomalie de la fosse postérieure avec une hémi-atrophie cérébelleuse gauche. L’échographie cardiaque et l’examen ophtalmologique étaient normaux. Un traitement par bétabloquants par voie générale avait été entrepris permettant une stabilisation puis une régression partielle de l’hémangiome. Ce traitement avait été poursuivi pendant neuf mois. L’enfant avait également bénéficié de séances de laser pulsé à l’âge de deux ans. L’évolution a été marquée par un développement neurologique normal, mais l’hémangiome a été à l’origine de complications ophtalmologiques et ORL. Vers l’âge de deux ans, est apparu au niveau de la paupière supérieure gauche un entropion avec un trichiasis secondaire à la fibrose de l’hémangiome. Une injection de toxine botulique puis des interventions chirurgicales ont été réalisées. Sur le plan ORL, une surdité de l’oreille gauche a été découverte à 2 ans et demi, évaluée entre -55 et -75 décibels. Un scanner des rochers et une IRM encéphalique ont été réalisés et ont retrouvés une ankylose des osselets de l’oreille moyenne avec un pont osseux probablement secondaire à l’ossification de l’hémangiome. Un reliquat d’hémangiome a également été retrouvé au niveau du conduit auditif interne. L’enfant n’a actuellement pas besoin d’appareillage, puisque son audition à droite est normale. Ces 20 deux complications n’entraient pas dans le cadre du syndrome PHACES mais étaient liées à l’hémangiome. I J I. Photographie du cas 4 à 15 jours de vie : hémangiome étendu de l’hémiface gauche. J. Photographie du cas 4 à 10 mois de vie après traitement par bétabloquants. 21 K L K. Photographie du cas 4 à 2 ans : déformation séquellaire secondaire à l’hémangiome au niveau de l’hémiface gauche. L. IRM du cas 4, coupe frontale : hypoplasie de l’hémisphère cérébelleux gauche 22 II-E. Cas 5 : Le cinquième cas est une fille issue d’une grossesse non compliquée et née à terme. L’examen dans les premiers jours de vie retrouvait un hémangiome en barbe. Elle a été hospitalisée à un mois de vie pour l’apparition d’un stridor et d’un épuisement lors des prises alimentaires, associés à une augmentation rapide du volume de l’hémangiome avec une atteinte en barbe, et des localisations au niveau de la lèvre inférieure, de la langue et des muqueuses endojugales. La dyspnée inspiratoire s’accompagnait d’un tirage sus-sternal et de désaturations nocturnes fugaces. Une naso-fibroscopie avait été réalisée et retrouvait une extension de l’hémangiome au niveau naso-pharyngé, du voile du palais, ainsi qu’au niveau de l’épiglotte, de la muqueuse arythénoïdale, d’une corde vocale et de la sous-glotte. Une échographie cardiaque avait été réalisée, à la recherche d’anomalie du syndrome PHACES, avant la mise sous bétabloquants et était normale. L’échographie abdominale réalisée était également normale. Un traitement par Propranolol avait donc été débuté avec une très bonne efficacité puisque le stridor avait disparu en 24 heures et l’alimentation était de nouveau possible rapidement. L’évolution au niveau laryngé et sous-glottique était également favorable avec une diminution de l’hémangiome en fibroscopie. Une IRM cérébrale avait été réalisée devant cet hémangiome segmentaire du visage et retrouvait une agénésie de l’artère carotide interne droite, ce qui a conduit au diagnostic de syndrome PHACES. 23 M N M et N : photographies du cas 5 à 1 mois de vie, avant le traitement par propranolol, hémangiome profond en barbe. 24 II-F Cas 6 : Ce cas est un nouveau-né de sexe féminin, né à 39 semaines d’aménorrhée et 4 jours, eutrophe. La grossesse avait été induite par fécondation in vitro et s’était déroulée sans complication. Les antécédents familiaux étaient marqués par une hémochromatose paternelle. L’enfant avait été pris en charge à sept jours de vie pour un ictère néonatal à bilirubine libre nécessitant plusieurs séances de photothérapie. Devant le caractère prolongé de l’ictère, un bilan étiologique avait été réalisé qui retrouvait une hypothyroïdie congénitale avec une TSH à 404 mUI/L et une T4 libre à 3,4 ng/ml. L’échographie thyroïdienne et la scintigraphie à l’iode 123 montraient une thyroïde ectopique en position sublinguale. L’enfant présentait par ailleurs des hémangiomes multiples de la face, à distribution segmentaire, avec un hémangiome profond palpébral droit occluant l’œil quasiment complètement, ainsi que des hémangiomes superficiels au niveau temporal droit, rétroauriculaire droit et gauche, mandibulaire bilatéral, labial inférieur et gingival. Un bilan complet avait été réalisé devant cet hémangiome segmentaire de la face à la recherche d’un syndrome PHACES. L’IRM cérébrale, l’échographie cardiaque et l’examen ophtalmologique ne retrouvaient pas d’autres anomalies. L’enfant a été traitée par Propranolol per-os avec une bonne efficacité sur les hémangiomes. Elle reçoit également un traitement substitutif par L-Thyroxine pour l’hypothyroïdie congénitale. Elle présentait à 18 mois une croissance et un développement psycho-moteur normaux. 25 O O : photographie du cas 6, hémangiome de la paupière supérieure droite et temporal droit, avec hémangiome de la lèvre inférieure droite et plusieurs hémangiomes éparses. O’ O’ : Scintigraphie thyroïdienne du cas 6 : ectopie thyroïdienne avec thyroïde en position linguale 26 II-G. Cas 7 : Ce dernier cas est un nouveau-né de sexe féminin également, chez qui le test de dépistage réalisé en période néonatal avait révélé une hypothyroïdie congénitale. La grossesse s’était déroulée normalement, avec un accouchement deux jours après le terme par césarienne pour utérus cicatriciel. L’enfant était eutrophe à la naissance. Le bilan réalisé à 11 jours de vie confirmait l’hypothyroïdie congénitale et la scintigraphie thyroïdienne au technétium retrouvait une ectopie thyroïdienne sub-linguale. Un traitement par L-Thyroxine était débuté. Elle présentait également un hémangiome infantile segmentaire de la face bilatéral et étendu. Cet hémangiome atteignait la région temporale droite avec atteinte de la paupière droite, la joue, la mandibule, la région pré-auriculaire et la lèvre supérieure droite, ainsi que la mandibule gauche, la gencive inférieure et la pointe de la langue. Des hémangiomes du cou, de la région vulvaire et de la jambe gauche étaient associés. L’hémangiome palpébral entrainait une occlusion partielle de l’œil droit. L’IRM cérébrale, réalisée à la recherche d’atteintes extra-cutanées, était normale, ainsi que l’échographie cardiaque et l’examen ophtalmologique. Un traitement par Propranolol avait été mis en place permettant une diminution du volume de l’hémangiome et une libération du champ visuel. 27 P P : photographie du cas 7, hémangiome temporal droit et bilatéral des joues. 28 Tableau 1 : Tableau des caractéristiques cliniques présentées par les 7 cas de la série : Cas n° 1 2 3 4 Segment du Anomalie visage Anomalie vasculaire atteint cérébrale cérébrale Atrophie de l'hémisphère cérébelleuse I, IV gauche gauche, _ élargissement de la grande citerne en regard III gauche _ _ _ _ _ Coarctation de l'aorte peu serrée _ _ _ Agénésie de la carotide interne gauche _ _ _ _ _ _ _ _ Agénésie de la carotide interne droite _ _ _ I, III droits I, II gauche Anomalie Anomalie Anomalie sternale et de cardiaque et des ophtalmo- la ligne gros vaisseaux logique médiane Atrophie l'hémisphère cérébelleuse gauche de 5 III bilatéral _ _ _ _ Ectopie thyroïdienne 6 I droit + hémangiomes éparses des segments III 7 I, II droits et III bilatéral _ _ _ _ Ectopie thyroïdienne 29 III- DISCUSSION : Notre série décrit sept cas présentant un hémangiome segmentaire de la face associé à une anomalie extra-cutanée. Le seul syndrome intégrant des hémangiomes segmentaires de la face parmi ses manifestations est le syndrome PHACES. Les autres signes classiques de ce syndrome sont les anomalies de la fosse postérieure, de la vascularisation cérébrale, du cœur ou de l’aorte, des yeux, du sternum ou de la ligne médiane. Le syndrome PHACES est défini depuis 2009 par l’association d’un hémangiome segmentaire de la face supérieur à 5 centimètres à un critère majeur ou deux critères mineurs (annexe 1). Le syndrome PHACES est possible devant l’association d’un hémangiome segmentaire de la face de plus de 5 centimètres à un critère mineur ou d’un hémangiome du cou ou du haut du tronc et un critère majeur ou deux critères mineurs ou de deux critères majeurs en l’absence d’hémangiome. L’atrophie d’un hémisphère cérébelleux, la dysplasie aortique et l’agénésie de l’artère carotide interne unilatérale sont des critères majeurs du syndrome PHACES. Ce diagnostic est donc certain pour nos cas 1, 2, 3, 4 et 5. Les cas 6 et 7 sont particulièrement intéressants car l’association hémangiome segmentaire de la face/ectopie thyroïdienne sans autre anomalie n’est pas décrite dans la littérature. Selon les critères diagnostiques, le syndrome PHACES est possible devant cette association mais ne peut être affirmé. 30 III-A. Le syndrome PHACES : revue de la littérature et comparaison à notre série : Les premiers cas d’enfants associant des malformations intra-crâniennes ou cardiaques à un hémangiome ont été décrits en 1978 par Pascual-Castroviejo dans une série de 7 enfants [12]. Par la suite, Frieden and al définissent en 1996 le syndrome PHACE [4]. Les lettres du mot PHACE constituent un acronyme correspondant aux atteintes classiques du syndrome : anomalies de la fosse Postérieure, Hémangiome, anomalies des Artères cérébrales intra et extra-crâniennes, Coarctation de l’aorte et anomalies cardiaques, pathologies oculaires (Eyes). Les anomalies Sternales et de la ligne médiane ont été ajoutées en 2002, formant ainsi le nom PHACES [13]. III-A.1 Epidémiologie : Les hémangiomes s’intégrant dans un syndrome PHACES se distinguent des hémangiomes infantiles isolés par leur grande taille et leur distribution segmentaire au niveau de la face. Selon les études, 20 à 31% des patients présentant un hémangiome segmentaire de la face ont un syndrome PHACES. On retrouve une très nette prédominance féminine chez les patients présentant un syndrome PHACES, avec un sex-ratio de 6 à 9/1 [1, 2]. Les facteurs de risque classiques des hémangiomes infantiles, à savoir la prématurité, les grossesses multiples, le petit poids de naissance, les antécédents familiaux d’hémangiomes, une pré-éclampsie pendant la grossesse, ne sont pas retrouvés chez les patients présentant un syndrome PHACES. Ces patients sont 31 majoritairement nés à terme, suite à des grossesses non compliquées, seul l’âge maternel est discrètement plus élevé [2, 14]. Bien que l’effectif de notre série soit trop faible pour extrapoler les résultats, on peut noter que 6 patients sur 7 étaient des filles. Tous les patients étaient nés à terme et eutrophe. Un patient était issu d’une FIV. Tous les patients de notre série ne présentent qu’une seule anomalie associée à l’hémangiome, ce qui est le cas chez 70% des patients. III-A.2 Les signes cliniques : a) L’hémangiome : L’hémangiome est le signe clinique indispensable au diagnostic de syndrome PHACES. Comme nous l’avons vu précédemment, ces hémangiomes sont localisés sur la face, avec une distribution segmentaire. Ils apparaissent dans les premières semaines de vie et augmentent de volume dans les premiers mois. Les différents segments faciaux pouvant être atteints ont été identifiés par Haggstrom [15]. On distingue quatre segments : le segment 1 comprend les régions frontales latérales et temporales, ainsi que les paupières supérieures ; le segment 2 les paupières inférieures, les joues et les parties latérales des lèvres supérieures; le segment 3 comprends la mâchoire et le segment 4 la région frontale médiane, le nez, le philtrum et la partie médiane de la lèvre supérieure (figure 2). 32 Figure 2 : Schéma des segments faciaux atteints par l’hémangiome au cours du syndrome PHACES L’origine de ces segments n’est pas encore tout à fait identifiée. La principale hypothèse est que ces segments correspondent aux zones de développement des différents bourgeons embryonnaires à l’origine de la face. En effet, à la quatrième semaine de gestation, apparaissent le bourgeon fronto-nasal et les bourgeons maxillaires et mandibulaires (au nombre de deux chacun) qui dérivent du premier arc branchial. A la cinquième semaine, naissent, à partir des placodes olfactives, les bourgeons nasaux internes et externes. Le développement et la fusion de ces bourgeons aboutit à la formation de la face au cours du 2° mois de gestation [16]. Les segments 2 et 3 observés dans le syndrome PHACES semblent superposables aux structures faciales formées à partir des bourgeons maxillaires et mandibulaires. Cette correspondance semble moins nette pour la partie supérieure de la face (figure 3). 33 Figure 3 : Développement de la face chez l’embryon de la 5ème à la 10ème semaine de gestation, d’après Larsen and al, Embryologie humaine 3° édition, 2011 Les hémangiomes peuvent s’étendre sur plusieurs segments, être bilatéraux ou n’être présent que sur une partie d’un segment. De rares observations ont rapporté des cas de patients présentant plusieurs malformations du syndrome PHACES sans hémangiome segmentaire de la face, mais avec 34 des hémangiomes du cou ou du tronc ou de petits hémangiomes du visage [17, 18]. Selon les critères diagnostiques de 2009, l’existence d’un syndrome PHACES chez ces patients est possible, mais la présence d’un hémangiome segmentaire de la face reste un critère indispensable pour poser un diagnostic formel. b) Les malformations cérébrales : Les malformations cérébrales les plus fréquentes du syndrome PHACES sont les malformations de la fosse postérieure [14, 19]. Elles incluent les malformations de DandyWalker et les hypotrophies cérébelleuses, souvent unilatérales. Les malformations de DandyWalker comportent un kyste de la fosse postérieure en communication avec le quatrième ventricule, associé à une hypoplasie, voire une absence du vermis cérébelleux. Dans le syndrome PHACES, il s’agit le plus souvent de variantes des malformations de DandyWalker car il n’y a pas de dilatation du quatrième ventricule. En 2009, les anomalies de la fosse postérieure étaient retrouvées chez 30,4 à 34,5% des patients selon les séries [4]. Les lésions supra-tentorielles sont plus rares. Elles peuvent être regroupées en deux entités : les anomalies de migration neuronales et les anomalies de la ligne médiane [20]. Les anomalies de la migration neuronale comprennent principalement les dysplasies corticales, les hétérotopies de substance grise et les polymicrogyries. Leur fréquence dans le syndrome PHACES est estimée entre 2,8 et 6,2% [4]. Des dysgénésies et des agénésies du corps calleux et du septum pellucidum ont également été rapportées, et constituent des anomalies de la ligne médiane. Des hémangiomes cérébraux, associés aux larges hémangiomes de la face, ont également été décrits. 35 Deux patients de notre série présentent une malformation cérébrale. Dans les deux cas, il s’agit d’une anomalie de la fosse postérieure avec une atrophie d’un hémisphère cérébelleux, sans malformation de Dandy-Walker. Aucune anomalie supra-tentorielle n’a été notée. Les atrophies cérébelleuses étaient situées du même côté que l’hémangiome dans les deux cas. c) Les malformations vasculaires cérébrales : Les malformations vasculaires cérébrales sont les manifestations extra-cutanées les plus fréquentes du syndrome PHACES. Elles concerneraient 77,4% des cas de syndrome PHACES selon une revue de la littérature de 2008 [21]. Les anomalies vasculaires touchent principalement les artères, surtout de gros et moyens calibres. Elles sont de 4 types : les dysplasies, les rétrécissements/ hypoplasies/occlusions artérielles, les origines et trajets aberrants et les persistances d’anastomoses embryonnaires. Dans notre série, deux patients présentaient une agénésie d’une artère à destination cérébrale. Aucun n’avait de malformation cérébrale associée. Parmi les patients atteints de malformations vasculaires, 41,5 à 55,7% présentent une dysplasie artérielle et 36 à 47% une origine ou un trajet aberrant d’un vaisseau selon les études [19, 20 21]. La persistance d’anastomoses embryonnaires concerne 20 à 22% des cas d’anomalies vasculaires. L’artère carotide interne est le vaisseau le plus souvent atteint et le système de circulation cérébrale antérieur est globalement plus touché que le postérieur [20]. Les deux patients de notre série présentaient une atteinte de l’artère carotide interne. 36 Les malformations unilatérales sont situées du même côté que l’hémangiome dans 98% des cas [20]. Cette association n’est pas retrouvée chez une patiente de notre série qui présente une agénésie de la carotide interne controlatérale à son hémangiome. Il existe également, dans le syndrome PHACES, une vasculopathie progressive, avec un rétrécissement progressif des vaisseaux et mise en place de collatérales parfois de type Moya-Moya. Ces malformations peuvent être à l’origine de complications neurologiques, notamment d’accidents vasculaires cérébraux. Le dépistage de ces atteintes vasculaires repose sur l’angio-IRM cérébrale et cervicale qui doit être systématiquement réalisée devant toute suspicion de syndrome PHACES. d) Malformations cardiaques et aortiques : Les malformations cardiaques et aortiques sont fréquentes chez les patients atteints de PHACES syndrome. Dans une étude rétrospective de 2013 portant sur les 150 patients inscrits dans le registre international du syndrome PHACES, 41% des patients étaient porteurs d’une anomalie cardiaque, aortique ou des vaisseaux brachio-céphaliques [22]. Parmi les malformations cardiaques et des gros vaisseaux du syndrome PHACES, les plus courantes sont l’origine ou le trajet aberrant de l’artère sous-clavière et la coarctation de l’aorte. En 2009, une revue de la littérature estimait à 14,5% la fréquence des coarctations de l’aorte et 6,3% celle des anomalies de l’artère sous-clavière sur les 317 cas publiés alors [4]. L’étude du registre international en 2013 retrouvait une coarctation de l’aorte chez 19% des patients et une origine aberrante de l’artère sous-clavière dans 21% des cas [22]. D’autres anomalies aortiques sont observées plus rarement mais avec une fréquence très supérieure à 37 celle observée dans la population générale, comme l’arc aortique droit (7%) et le double arc aortique (3%). Les coarctations de l’aorte dans le syndrome PHACES se distinguent par plusieurs aspects des coarctations vues en dehors de ce syndrome. En effet, dans le PHACES, la coarctation est située au niveau proximal de l’aorte transverse, souvent en amont des vaisseaux brachio-céphaliques, alors qu’elle est située habituellement au début de l’aorte descendante, après la naissance de ces vaisseaux. L’examen clinique peut donc être mis en défaut puisqu’il n’existe pas d’asymétrie des pouls ni tensionelle entre les membres inférieurs et supérieurs. Elle s’associe également à des malformations des vaisseaux brachiocéphaliques. Enfin, les anomalies de la valve aortique sont rares, contrairement à ce qui est fréquemment noté dans les coarctations [14, 23]. D’autres malformations cardiaques ont été rapportées chez des patients présentant des syndromes PHACES de manière ponctuelles ou peu fréquentes. Seule la communication inter-ventriculaire, présente chez 7% à 13% des patients constitue un critère diagnostic mineur. e) Les manifestations ophtalmologiques : Les manifestations ophtalmologiques sont plus rares que les autres atteintes déjà évoquées. Les atteintes du segment postérieur sont les plus fréquentes, avec une persistance de la vascularisation fœtale, des anomalies de la vascularisation rétinienne, une atrophie du nerf optique, des colobomes, des anomalies de la sclère [4, 14]. Des microphtalmies et des cataractes ont également été décrites. 38 Une des principales complications du syndrome PHACES sur le plan ophtalmologique reste l’amputation du champ visuel par l’hémangiome lui-même lorsqu’il est localisé sur la paupière supérieure et qu’il crée un ptosis. Cette situation peut se compliquer d’amblyopie en l’absence de prise en charge. Elle n’est pas considérée comme une manifestation du syndrome PHACES puisqu’elle est liée directement à l’hémangiome. Dans notre série, quatre patients sur sept présentaient une obstruction du champ visuel par leur hémangiome. f) Les anomalies sternales et de la ligne médiane : Ces anomalies sont des défauts d’union de la ligne médiane qui peuvent toucher uniquement le manubrium, l’ensemble du sternum ou descendre jusqu’à l’abdomen. Elles se manifestent parfois seulement par une atrophie ou une fossette cutanée. Les ectopies thyroïdiennes et les anomalies hypothalamo-hypophysaires sont également considérées comme des anomalies de la ligne médiane. g) Autres anomalies associées : Bien que le syndrome PHACES ne comportent que 6 types d’anomalies dans ces critères, d’autres manifestations y sont fréquemment associées, notamment sur le plan ORL ou endocrinien. Dans notre série, un cas présentait une surdité et un autre une atteinte sousglottique de l’hémangiome. La surdité est une complication décrite dans le syndrome PHACES. Il s’agit d’une complication de l’hémangiome et non d’une association syndromique. La surdité peut être une surdité de transmission, par obstruction du conduit auditif externe ou de la trompe d’Eustache, 39 ou une surdité de perception liée à un envahissement d’une structure auditive par un hémangiome intra-crânien [24]. L’extension des hémangiomes « en barbe » aux voies aériennes supérieures, notamment à la région sous-glottique est bien connue [25]. Les patients ayant un syndrome PHACES avec un hémangiome localisé au niveau du segment 3 sont eux aussi susceptible de présenter un hémangiome sous-glottique [26]. III-A.3 Physiopathologie : La physiopathologie de ce syndrome reste encore mal connue. Plusieurs hypothèses ont été soulevées pour expliquer le syndrome PHACES. Une anomalie génétique pourrait être à l’origine du syndrome. Mitchell et Siegel ont ainsi étudié respectivement l’ADN de 35 et 98 patients atteints de syndrome PHACES [27, 28]. Mitchell a trouvé une délétion en 7q33 chez deux patients, les autres patients atteints ne présentaient pas de mutation dans cette région. Par ailleurs, la mère d’un des deux enfants, non atteinte de syndrome PHACES, était également porteuse d’une délétion en 7q33. Siegel a retrouvé, dans l’analyse de l’ADN des 98 patients, dix variations génétiques rares. Chacune de ces variations génétiques n’était présente que chez un seul patient. Leurs travaux n’ont pas permis de confirmer l’origine génétique du syndrome. La nette prédominance féminine des patients atteints (6 à 9 filles atteintes pour 1 garçon) a suggéré qu’une anomalie du chromosome X pourrait être responsable du syndrome PHACES. Deux mécanismes peuvent être en cause dans les syndromes liés à l’X : soit une anomalie génétique du chromosome X, soit une perturbation de l’inactivation aléatoire d’un X 40 dans chaque cellule. Une étude réalisée en 2012 par Sullivan sur 31 patientes atteintes de syndrome PHACES et leur mère n’a pas permis de démontrer ces hypothèses [29]. La troisième hypothèse sur l’origine du syndrome PHACES est une perturbation précoce du développement embryonnaire qui surviendrait entre la 4ème et la 12ème semaine de gestation [14]. Une anomalie de la migration ou du développement des cellules de la crête neurale a été proposée [30]. En effet, les cellules de la crête neurale contribuent à la formation d’une grande diversité de structures. Le développement anormal de ces cellules peut donc affecter plusieurs organes. Les pathologies affectant les dérivés des cellules de la crête neurale sont appelées neurocristopathies. Le syndrome de Waardenburg et le syndrome CHARGE sont des exemples de ces pathologies [31]. On peut noter que les cellules de la crête neurale interviennent dans le développement de la face, du cerveau et notamment de la fosse postérieure, du cœur et de la ligne médiane, soit dans l’ensemble des principaux organes pouvant être atteint dans le syndrome PHACES. Les cellules de la crête neurale participent également au développement de la thyroïde. Certains auteurs suggèrent également que les principales manifestations du syndrome PHACES sont secondaires à une artériopathie. L’analyse histologique des vaisseaux de deux patients confirmait l’atteinte uniquement des artères de gros et moyens calibres dans le syndrome PHACES. Elle retrouvait une dégénéressance de l’architecture de la média de ces artères. Cette vasculopathie aurait une composante précoce, avec certaines anomalies présentes dès la naissance, voire en période anté-natale, et une composante progressive, comme en témoignent les atteintes vasculaires cérébrales évolutives de certains patients. Le caractère souvent homolatéral des lésions suggère qu’une anomalie précoce de la vascularisation de la région touchée empêcherait le développement normal des différentes structures. Cette hypoxie précoce pourrait également être le facteur déclenchant de l’hémangiome. 41 III-A.4 Complications, devenir : Du fait de l’existence d’anomalies vasculaires dans le syndrome PHACES, l’une des principales complications graves de ce syndrome est l’accident vasculaire cérébral. Ces accidents vasculaires cérébraux peuvent survenir en période néonatale, dans l’enfance, et même à l’âge adulte. Dans une revue de la littérature de 2012, Dawn avait identifié 22 enfants atteints de syndrome PHACES ayant présenté un accident vasculaire cérébral. Parmi les 20 ayant une imagerie cérébrale interprétable, 95% présentaient une sténose d’une artère de gros calibre à destinée cérébrale ou l’absence de visualisation d’un de ces vaisseaux ; 75% présentaient une dysgénésie d’un vaisseau et 59% présentaient une anomalie de l’aorte [32]. Une classification des enfants à haut et bas risque d’accidents vasculaires, basée sur les données d’imagerie a été proposée. Pour les enfants à haut risque d’accident vasculaire, une surveillance clinique et d’imagerie cérébrale est recommandée. Il n’y a actuellement pas de recommandations sur la prise en charge thérapeutique de ces patients [33]. 42 Tableau 3 : Comparaison des atteintes sur l’ARM et du risque d’accident vasculaire cérébral chez les patients avec syndrome PHACES [33] Risque Fort* Standard Anomalies cérébro-vasculaires Rétrécissement sévère ou sténose† ou absence de visualisation d’un gros vaisseau‡ sans circulation collatérale§ adéquate Rétrécissement sévère ou sténose† ou absence de visualisation d’un gros vaisseau‡ avec circulation collatérale. Rétrécissement ou sténose¶ faible d’un gros vaisseau‡ Hypoplasie, dysplasie ou origine ou trajet aberrant d’un gros vaisseau‡** Artère subclavière aberrante Artères embryonnaires persistantes * Risque plus élevé si coexistence d’anomalies cardiaques ou de l’arche aortique. †Rétrécissement vasculaire ≥ 75%. ‡Artère carotide interne, artère cérébrale moyenne, artère cérébrale antérieure, artère cérébrale postérieure, artère basilaire, artère vertébrale. § Il existe des limites dans la détection de la circulation collatérale par l’imagerie car les examens sont réalisés en situations hémodynamiques stables (certaines collatérales pouvant être recrutées seulement en cas de diminution de perfusion cérébrale) ¶ Rétrécissement vasculaire ≤ 75% et classé en risque standard, étant donné la tendance des MRA à surestimer les sténoses ** Aucune sévérité Les autres complications possibles du syndrome PHACES sont les anomalies du développement neurologique secondaires aux anomalies cérébrales. Des retards du langage, de la motricité globale et de la motricité fine sont décrits chez les enfants atteints de syndrome PHACES. La proportion d’enfants présentant des retards de développement n’est pas connue précisément. Dans une étude rétrospective de 2013, parmi 93 enfants porteurs de syndrome PHACES, 29 avaient bénéficié d’une évaluation neurologique. 44% des enfants évalués présentaient un retard de langage, 36% un retard de la motricité globale et 8% un retard de la motricité fine. Au total, 52% d’entre eux présentaient un examen neurologique anormal. Ces chiffres sont cependant à interpréter avec prudence puisqu’un tiers des enfants seulement avaient bénéficié d’un examen neurologique [34]. Les patients de notre série présentent tous un développement psycho-moteur normal avec un recul de six mois à 5 ans. Aucun n’a présenté d’accident vasculaire cérébral. 43 III-A.E Traitement : La prise en charge des patients atteints de PHACES syndrome doit être multidisciplinaire. Le traitement des hémangiomes infantiles s’est beaucoup modifié ces dernières années avec l’utilisation des bétabloquants par voie orale en première intention pour les hémangiomes compliqués. Les patients atteints de syndrome PHACES nécessitent souvent un traitement de leur hémangiome compte tenu de la taille et de la localisation de celui-ci. Les hémangiomes des syndromes PHACES sont, en effet, souvent à l’origine d’amputation du champ visuel, siège d’ulcération ou à risque de séquelles esthétiques importantes. L’utilisation de béta-bloquants peut cependant poser problème dans les syndromes PHACES compte tenu de l’association possible d’anomalies vasculaires cérébrales et de malformations cardiaques. Dans une étude rétrospective portant sur 32 patients traités par Propranolol dans le cadre d’un syndrome PHACES, on notait l’apparition de symptômes sous traitement chez 4 enfants [33]. Trois d’entre eux présentaient une ulcération extensive et nécrotique de leur hémangiome, le quatrième présentait une hémiparésie du membre supérieure droit. Le rôle du Propranolol dans l’apparition des symptômes chez ce dernier patient est incertain compte tenu des anomalies cérébrales et cérébro-vasculaires préexistantes. Aucun événement neurologique grave n’était noté dans cette étude. Il n’y a actuellement qu’un seul cas décrit d’accident ischémique cérébral chez un patient porteur d’un syndrome PHACES et traité par bétabloquants. Cette patiente était porteuse d’une vasculopathie cérébrale sévère, associée à une coarctation de l’aorte. Elle était traitée par Nadolol et par une bithérapie antihypertensive. Là encore, l’imputabilité du bétabloquant dans la survenue de l’accident 44 ischémique cérébral reste incertaine. Six patients ont reçu un traitement par béta-bloquants dans notre étude. Le traitement a été efficace dans tous les cas. Aucune complication, notamment neurologique n’a été relevée au cours du traitement. Un consensus sur l’utilisation des bétabloquants dans le traitement des hémangiomes infantiles a été élaboré aux Etats-Unis en 2013 [35]. Il ne contre-indique pas l’utilisation des bétabloquants dans le syndrome PHACES mais précise que l’utilisation de ce traitement doit être décidée de manière collégiale après évaluation du rapport bénéfice-risque. Par ailleurs, les auteurs de l’étude citée ci-dessus, recommandent la réalisation d’une échographie cardiaque et d’une imagerie cérébrale avec étude des vaisseaux, ainsi que l’avis d’un cardiologue et d’un neurologue en cas d’anomalie avant l’introduction de ce traitement. Ils préconisent également l’utilisation de posologies plus faibles, avec une augmentation plus lente des doses et une administration en trois prises au lieu de deux. Un traitement par antiagrégants plaquettaires peut aussi être discuté dans certains cas compte-tenu du risque d’accident vasculaire cérébral. Il n’existe pas de consensus à l’heure actuelle sur les indications précises de ce traitement chez les enfants porteurs d’un syndrome PHACES. III-B. Hypothyroïdies congénitales et hémangiome : syndrome PHACES ? : Parmi les cas que nous rapportons, 2 présentent une hypothyroïdie congénitale associée à un hémangiome segmentaire de la face. Cette association, peu fréquente, chez deux patientes de notre centre, nous a fait nous interroger sur l’association syndromique ou fortuite de ces deux entités. 45 Dans la littérature, l’hypothyroïdie et les hémangiomes sont associés principalement dans deux situations : l’hypothyroïdie de consommation chez les patients présentant de grands hémangiomes et le syndrome PHACES. Les hypothyroïdies de consommation liées aux grands hémangiomes : Ces hypothyroïdies se rencontrent chez des enfants présentant des hémangiomes étendus, parfois de localisation viscérale. Elles sont liées à la production d’iodothyronine deiodinase de type 3 par l’hémangiome, qui inactive les hormones thyroïdiennes et provoque ainsi une hypothyroïdie parfois très sévère [36]. Une hormonothérapie substitutive à dose élevée est nécessaire. Le traitement et la régression de l’hémangiome permettent de rétablir l’euthyroïdie. Ce mécanisme est différent de celui observé chez les enfants de ce travail, car la thyroïde est alors en place et fonctionnelle, et c’est la destruction périphérique des hormones qui est responsable de l’hypothyroïdie. Il n’existe pas, à notre connaissance, de cas décrit d’hypothyroïdie de consommation chez un patient porteur d’un syndrome PHACES. Hypothyroïdies et syndrome PHACES : L’association hypothyroïdie et hémangiome est également décrite dans le syndrome PHACES. Les hypothyroïdies peuvent être d’origine périphérique ou centrale. Les ectopies thyroïdiennes s’intègrent dans les anomalies de la ligne médiane. Dans la littérature, nous avons retrouvé 12 cas de patients présentant un syndrome PHACES associé à une hypothyroïdie. Ces cas sont décrits dans le tableau 2. Parmi les cas décrits, on retrouve deux cas d’ectopies et une agénésie thyroïdiennes. Il y a, par ailleurs, trois cas d’hypothyroïdie centrale, d’origine hypothalamique ou hypophysaire. Ces trois cas présentent tous des anomalies des autres axes hypophysaires, en particulier somatotrope ou corticotrope. Pour cinq des cas, l’origine de l’hypothyroïdie n’est pas 46 précisée. Il s’agit pour les cinq cas d’hypothyroïdies sans autre anomalie endocrinienne, pour lesquelles l’origine la plus probable reste une dysgénésie thyroïdienne. On peut noter que deux des cas, décrits avant 2009, sont des cas possibles et non certains selon les nouveaux critères. 47 Tableau 2 : Description des cas de la littérature présentant une hypothyroïdie et un syndrome PHACES référence sexe type d'hypothyroïdie localisation de l'hémangiome symptômes associés Frieden (1996) [3] fille Périphérique: ectopie thyroïdienne* Segments 1, 2 et 3 droits -malformation de DandyWalker** -cataracte -anévrysme de l'artère carotide interne et de l'artère cérébrale moyenne droites** Burrows, (1998) [37] fille congénitale, non précisée Coats, (1999) [38] fille hypothyroïdie d'étiologie non précisée segment 2 droit Kronenberg (2005) [39] non connu hypothyroïdie congénitale d'étiologie non précisée non précisée non précisés Ghosh, (2006) [40] fille segment 1 droit, segments 2 bilatéraux -syndrome de Dandy Walker** -fossette sternale Torer, (2006) [17] fille hypothyroïdie congénitale d'étiologie non précisée Périphérique: ectopie thyroïdienne* petits hémangiomes de la lèvre et du cou apparus à 2 mois de vie -dysunion sternale**, anomalie du raphé médian** -arc aortique droit*, communication interventriculaire*, communication interauriculaire -kyste de la fosse postérieure**, -corps calleux partiel, -absence d'artère vertébrale gauche**, artère carotide interne gauche hypoplasique**, artère carotide moyenne droite tortueuse**, anévrysme de l'artère carotide postérieure gauche**, rétrécissement sévère des artères carotides** -veines et artérioles du pôle postérieur de l'œil tortueuses, -glaucome congénital, -hypoplasie du parenchyme cérébral, kyste subépendymaire ** 48 Goddard, (2006) [41] and Metry, (2006) fille Centrale : selle turcique partiellement vide avec insuffisance thyréotrope et somatotrope* Poindexter (2007) [18] fille Oza, (2008) [19] non connu centrale : antéhypophyse de volume réduit avec hypothyroïdie et insuffisance corticotrope* hypothyroïdie congénitale d'étiologie non précisée Mussa, (2008) [42] fille fille segment 1 bilatéral, -communication intersegment 2 gauche ventriculaire*, -petit kyste de la fosse postérieure**, corps calleux fin, asymétrie des ventricules latéraux, -élargissement de l'artère carotide interne gauche dans sa portion caverneuse**, -atteinte ophtalmologique avec persistance de vascularisation fœtale à gauche et persistance de membranes pupillaire bilatérale Hémangiomes -Hétérotopie subependymère* multiples du tronc -persistance de l'artère et du cou trigéminée gauche** -communication interauriculaire, canal artériel persistant non précisée non précisés Périphérique: glande in situ segment 2 gauche atteinte ophtalmologique: morning glory disc** centrale acquise: selle turcique vide avec panhypopituitarisme Périphérique: agénésie segment 1 droit, segment 4 -dysplasie cérébelleuse droite**, -aplasie de l'artère carotide droite** fille -fossette sternale**, Carcini, -dysgénésie du corps calleux, (2013) -hypertrophie de l'artère [44] carotide externe, hypoplasie de l'artère vertébrale**, tortuosité de l’artère carotide interne** et de l'artère cérébrale postérieure gauche, origine aberrante de l'artère cérébrale postérieure droite** * critère mineur du syndrome PHACES ; ** critère majeur du syndrome PHACES Denzer, (2012) [43] 49 Ainsi, les endocrinopathies et les hypothyroïdies ne semblent pas rares dans le syndrome PHACES. En 2009, parmi les 50 patients du registre international du syndrome PHACES, 6 présentaient une anomalie endocrinienne [4]. Tous les cas décrits précédemment dans la littérature associent des hémangiomes segmentaires du visage, une hypothyroïdie et au moins une autre anomalie extra-cutanée caractéristique du syndrome PHACES. Les cas 6 et 7 étudiés dans ce travail s’en distinguent par l’absence d’anomalie extra-cutanée typique du syndrome PHACES. Les critères du syndrome PHACES ont été revus en 2009 à partir des cas cliniques et des séries publiées sur le sujet depuis 1996. Avec ces nouveaux critères, l’association d’un hémangiome segmentaire de la face et d’une ectopie thyroïdienne correspond à un syndrome PHACES possible [4]. Autres cas : Il n’existe pas, à notre connaissance, d’autre syndrome associant dysgénésie thyroïdienne et hémangiome. Nous n’avons retrouvé dans la littérature qu’un seul cas d’hypoplasie thyroïdienne associée à un hémangiome parotidien ne s’intégrant pas dans un syndrome PHACES. Ce cas, décrit par Vigone et coll [45], est un nouveau-né chez qui le dépistage néonatal avait mis en évidence une hypothyroïdie congénitale liée à une hypoplasie thyroïdienne. Cette petite fille présentait également dès la naissance un hémangiome infantile localisé au niveau de la loge parotidienne, avec une extension au niveau de la joue, de la lèvre inférieure, de la paupière supérieure gauche et de la loge thyroïdienne. L’hormonothérapie thyroïdienne substitutive avait du être augmentée à des posologies supérieures aux posologies habituelles en raison d’une hypothyroïdie de consommation liée à l’hémangiome. La régression de l’hémangiome sous corticothérapie, puis sous propranolol avait permis un retour 50 à des doses classiques d’hormone substitutive. Ce cas présentait donc un volumineux hémangiome parotidien associé à une hypoplasie thyroïdienne congénitale, compliquée d’une hypothyroïdie de consommation. L’association de l’hypoplasie congénitale et de l’hémangiome n’était pas discutée dans cet article. Bien que les hémangiomes infantiles soient relativement fréquents, l’hémangiome segmentaire du visage est une affection rare. L’hypothyroïdie congénitale touche quant à elle 1 nouveau-né sur 4000. L’association de ses deux éléments chez les 2 patients de ce travail ne semble donc pas fortuite. Cette association peut correspondre à une extrémité des expressions cliniques possibles du syndrome PHACES. En effet, la prévalence des dysgénésies thyroïdiennes dans les syndromes PHACES de la littérature est très supérieure à celle de la population générale. Cette association est d’ailleurs, par définition, un syndrome PHACES possible. III-C Recommandations pour la pratique clinique : Devant tout hémangiome segmentaire du visage, la recherche d’anomalie du syndrome PHACES s’impose par la réalisation : - D’un examen clinique à la recherche d’anomalie cutanée de la ligne médiane, - D’une échographie cardiaque trans-thoracique, - D’une IRM cérébrale avec séquence T1, T2, diffusion et T1 avec injection de Gadolinium, - D’une angio-IRM des vaisseaux cervicaux et cérébraux, - D’un examen ophtalmologique. 51 La surveillance des patients présentant des anomalies vasculaires cérébrales repose sur une surveillance de l’imagerie régulière. Bien que les anomalies endocriniennes ne soient pas rares dans le syndrome PHACES, leur recherche n’est pas recommandée systématiquement en cas d’hémangiome segmentaire du visage. Le dépistage néonatal de l’hypothyroïdie congénitale permet le diagnostic précoce de cette pathologie dans de nombreux pays. Il convient d’être attentif, dans les premiers jours de vie avant les résultats du dépistage néonatal, ainsi que dans les pays ne disposant pas de ces programmes de dépistage, à rechercher des signes cliniques d’hypothyroïdie en cas d’hémangiome segmentaire de la face. IV- CONCLUSION : Le syndrome PHACES est une entité rare. Bien que limitée en effectif, notre série permet la description de nouveaux cas et de leur prise en charge. Nous décrivons également les deux premiers cas associant uniquement une hypothyroïdie congénitale et un hémangiome segmentaire du visage. Un syndrome PHACES est possible chez ces patients mais ne peut être affirmé en l’absence de critère majeur. Les connaissances sur le syndrome PHACES étant en constante évolution et alimentées par les nouveaux cas décrits, nous espérons que ce travail contribuera à développer ces connaissances. Les avancées sur la compréhension de la physiopathologie à la fois de l’hypothyroïdie congénitale et du syndrome PHACES, permettront probablement dans l’avenir de répondre sur l’origine de l’association de l’hypothyroïdie et de l’hémangiome segmentaire de la face. 52 BIBLIOGRAPHIE : 1. Metry DW, Haggstrom AN, Drolet BA, Baselga E, Chamlin S, Garzon M, et al. A prospective study of PHACE syndrome in infantile hemangiomas: demographic features, clinical findings, and complications. Am J Med Genet A. 2006 May 1;140(9):975–86. 2. Haggstrom AN, Garzon MC, Baselga E, Chamlin SL, Frieden IJ, Holland K, et al. Risk for PHACE syndrome in infants with large facial hemangiomas. Pediatrics. 2010 Aug;126(2):e418–426. 3. Frieden IJ, Reese V, Cohen D. PHACE syndrome. The association of posterior fossa brain malformations, hemangiomas, arterial anomalies, coarctation of the aorta and cardiac defects, and eye abnormalities. Arch Dermatol. 1996 Mar;132(3):307–11. 4. 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J Pediatr Endocrinol Metab. 2012;25(1-2):153–5. 56 Annexe 1 : critères diagnostiques du syndrome PHACES PHACES syndrome: critères diagnostiques PHACES syndrome Hémangiome facial > 5cm PLUS 1 critère majeur OU 2 critères mineurs Syndrome PHACES possible Hémangiome facial > 5cm Hémangiome du cou ou du tronc PLUS PLUS 1 critère mineur 1 critère majeur ou 2 critères mineurs Organe Critères majeurs Anomalie des artères cérébrales majeures: a b Cérébro-vasculaire - dysplasie des grosses artères cérébrales - sténoses ou occlusions artérielles avec ou sans collatérale type moyamoya - absence ou hypoplasie modérée à sévère d'une grosse artère cérébrale - origine ou trajet aberrant d'une grosse artère cérébrale - persistance de l'artère trigéminée - anévrysme sacculaire de n'importe quelle artère cérébrale Cerveau Cardio-vasculaire Oculaire Ventrale ou ligne médiane Pas d'hémangiomes PLUS 2 critères majeurs Critères mineurs Persistance d'artères embryonnaires autre que l'artère trigéminée - artère intersegmentaire proatlantale - artère hypoglosse primitive - artère otique primitive Anomalies de la fosse postérieure: - malformation de Dandy-Walker - dysplasie/hypoplasie cérébelleuse unilatérale ou bilatérale Lésion extra-axiale enhancing avec les critères d'hémangiome intra-cérébral c Anomalies médianes d Désordres de la migration neuronale Anomalies de l'arche aortique: a - coarctation de l'aorte, dysplasie - anévrysme - origine aberrante de l'artère avec ou sans Anomalies du segment postérieur: - Persistance de la vascularisation fœtale - Anomalies vasculaires rétiniennes - Morning Glory disc - Hypoplasie du nerf optique - Staphylome péri-papillaire - Colobome Défect sternal: - Fossette sternale - Raphé médian - Défect sternal Communication inter-ventriculaire Arc aortique droit (double arc aortique) Anomalies du segment antérieur: - Scléro-cornée - Cataracte - Colobome - Microphtalmie Hypopituitarisme ectopie thyroïdienne a: inclue kinking, les boucles, les tortuosités et dolichoectasies b: artère carotide interne, artère cérébrale moyenne, artère cérébrale antérieure, artère cérébrale postérieure et le système vetrébro-basilaire c: dysgénésie ou agénésie du corps calleux, agénésie du septum pellucidum, malformation ou ectopie hypophysaire d: polymicrogyrie, dysplasie corticale ou hétérotopie de la substance grise 57 Liste des abréviations ARM : angiographie par résonance magnétique CHU : centre hospitalo-universitaire FGF2: fibroblast growth factor 2 HC : hypothyroïdie congénitale IRM : imagerie par résonance magnétique ORL : oto-rhino-laryngologique Syndrome PHACES : syndrome associant des anomalies de la fosse Postérieure, des Hémangiomes, des anomalies des Artères cérébrales intra et extra-crâniennes, des anomalies Cardiaques et aortiques, des anomalies ophtalmologiques (Eyes), des anomalies sternales et de la ligne médianes. TSH : Thyroïd Stimulating Hormone T4 : thyroxine VEGF : vascular endothelial growth factor 58 NOM : HEBERT PRENOM : Jennifer Titre de Thèse : Syndrome PHACES : étude de sept cas et discussion diagnostique RESUME (10 lignes) Le syndrome PHACES est une pathologie rare qui associe un hémangiome segmentaire de la face à une anomalie extra-cutanée. Nous présentons une série rétrospective de sept cas, suivis au CHU de Nantes entre 2008 et 2013, présentant un hémangiome segmentaire de la face et une anomalie extra-cutanée. Cinq cas présentent un syndrome PHACES, avec une atrophie d’un hémisphère cérébelleux pour deux cas, une agénésie d’une carotide interne dans deux cas et une coarctation de l’aorte pour un cas. Les deux derniers cas présentent une ectopie thyroïdienne associée à l’hémangiome segmentaire de la face, ce qui correspond à un syndrome PHACES possible. Ce travail a été l’occasion d’une revue de la littérature sur le syndrome PHACES et d’une discussion diagnostique sur l’association hémangiome/hypothyroïdie. MOTS-CLES Syndrome PHACES ; hémangiome ; hypothyroïdie congénitale 59