C`est trop beau!!! - Théâtre Jean Vilar

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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
C’est trop beau!!!
Marius a quitté Grand Jo et est monté dans le bus. Son voisin, sur le siège près de la
fenêtre, tenait un livre à la main. Il rentrait chez lui après une journée difficile. L’histoire de
Marius est terminée, c’est l’histoire de cet homme, et de sa charmante épouse, que nous allons
suivre à présent.
Arrivé chez lui, le petit bonhomme retrouva son épouse qui venait tout juste de rentrer
elle aussi. Ils décidèrent de se préparer un bon repas, et de regarder un bon film en DVD avant
d’aller se coucher, car tous deux avaient eu une journée difficile. Tandis qu’elle découpait les
poivrons, elle s’écriait sans cesse, ô, regarde la couleur de celui-ci, il est trop beau, et celui-là
regarde, il est trop beau aussi. Lui, pendant ce temps-là, coupait les oignons : « Ô regarde !
disait-il, il est vraiment trop beau celui-là, et gros avec ça ! Quand tu penses qu’un oignon
représente l’infini, qu’il n’a pas de « noyau », c’est vraiment trop beau ! » Elle sortit le chou
romanesco du réfrigérateur : « quand tu penses qu’il a une forme fractale ! c’est une autre
forme, plus complexe de l’infini, je me dis que wouaou !!! c’est vraiment trop beau !!! »
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
Les fractales : classe d’objets découverts par Benoît Mandelbrot
Benoît Mandelbrot est un mathématicien franco-américain, né à Varsovie le 20 novembre 1924 et
mort le 14 octobre 2010 à Cambridge, dans le Massachusetts. Il a travaillé, au début de sa carrière, sur des
applications originales de la théorie de l’information avant de développer une nouvelle classe d’objets
mathématiques : les objets fractals, ou fractales.
« Les objets fractals peuvent être envisagés comme des structures gigognes en tout point – et pas
seulement en un certain nombre de points, les attracteurs de la structure gigogne classique. Cette
conception hologigogne (gigogne en tout point) des fractales implique cette définition tautologique : un objet
fractal est un objet dont chaque élément est aussi un objet fractal » (Le Trésor des Paradoxes, Philippe
Boulanger et Alain Cohen, Éd. Belin, 2007.)
Bien sûr, tous ces légumes ont l’air bon, a priori, mais ils sont également beaux ! C’est
ainsi que l’histoire de notre petit bonhomme commence, et que nous allons lui laisser la
parole pour qu’il nous la raconte.
Le voisin Kant, on peut lui demander quelque chose car il l’a toujours, en plus il fait très
bien la mayonnaise, et ça, c’est prouvé ! A tout de suite, je vais chez Manu lui taxer des œufs
s’il en a !! Il est un peu bizarre, quand même, ce Manu. C’est vrai qu’il a pas l’air comme ça,
mais il est très sympa, et même drôle. Il fait sa balade tous les jours, tous les jours la même
balade, exactement à la même heure : une véritable horloge ! Mon amoureuse me dit parfois,
quand elle le voit passer : « mais qu’est-ce qu’il faudrait pour qu’il change de sens, une
révolution peut-être ? »1
Emmanuel Kant était en train d’arroser ses orchidées.
- Elles sont trop belles ! lui dis-je.
- La fleur, répondit Manu, ne dispose pas ses pétales en vue de me plaire. Et pourtant,
quand tu dis qu’elle est belle, tu fais comme si la beauté était une propriété de la
fleur…
- … (…je n’avais rien à dire)
- Pourquoi « trop » ?
- … (je n’avais rien à dire là non plus)
- Et bien, me dit Manu, essaye de définir ce que veut dire « beau », et tu verras ensuite
s’il peut y avoir de l’excès de beauté !2
Emmanuel m’expliqua ce qu’était le Beau. Il a commencé par une phrase que je n’ai
absolument pas comprise : « le Beau est ce qui plaît universellement sans concept », mais il
m’a expliqué :
o pourquoi « universellement » ? Parce que quand je dis « c’est beau », je fais comme
si c’était une propriété de l’objet, et que le mot « beau » pouvait décrire l’objet. En
fait, je fais comme si cette « beauté » pouvait être reconnue par tous ;
o pourquoi « sans concept ? » Parce que lorsque j’émets un jugement esthétique, cela
ne me fait pas accéder à une connaissance ;
o néanmoins, j’ai bien compris « ce qui plaît », cela veut dire que la beauté n’est pas
dans l’objet, mais qu’elle réside dans l’état affectif que sa contemplation provoque
en moi.
1 Référence à la « légende » qui veut qu’Emmanuel Kant, fort régulier dans sa ballade quotidienne, ait inversé le
sens de son parcours le jour de la Révolution Française. La balade d’Emmanuel Kant a été évoqué lors de la
première séance. Nous demandons donc aux enfants s’ils reconnaissent qui est le voisin du petit bonhomme (ce
qu’ils firent à l’unanimité).
2 Questionner les enfants sur ce qu’est, pour eux, la beauté. Orienter le débat en questionnant toujours la
possibilité ou non de l’excès en interrogeant l’expression, aujourd’hui courante, « c’est trop beau ».
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
o Emmanuel me dit :
- Fais quand-même attention à ne pas confondre le Beau et l’Agréable !
- Ah, tiens, voilà autre chose !! C’est compliqué tout de même, pour quelque chose
qui nous semble si simple.
- C’est parce que tout ça se trouve à l’intérieur de toi, continua-t-il. L’agréable, c’est
ce qui « flatte tes sens » et que tu voudrais alors « posséder », tandis que la Beauté,
flatte tes sens, certes, mais aussi ton intelligence. Tu ne peux ni la consommer, ni la
posséder. Par exemple, le chou romanesco est Beau, parce que même si vous êtes
nombreux à le trouver beau, personne n’est lésé, tandis que pour le trouver bon, il
faut le manger, et plus les gens le trouvent bon, plus ils en mangent, et moins il y en
a dans ton assiette à toi. C’est pour cela que le Beau peut-être universel, et qu’il est
souvent allié au Bien et au Vrai. Et c’est aussi pour cela qu’on dit de la Beauté qu’elle
est « désintéressée », car elle est à elle-même sa propre fin, elle ne sert à rien d’autre
qu’à elle-même : ni à connaître, ni à faire, même si on s’en sert de guide pour donner
un sens à sa vie. Prends un stylo par exemple, il a été inventé parce que l’on avait
besoin d’écrire : sa raison d’être existe avant que l’objet existe. Tu peux vouloir
avoir cet objet pour l’utiliser : c’est un objet technique. Mais les fleurs, ou même toi,
vous n’avez pas été « inventés » comme on invente un outil. Un jour, d’ailleurs,
quelqu’un dira « l’existence précède l’essence »3. C’est pour cela que la Beauté est
libre, car elle est dégagée de toute fonction technique. Et c’est la même chose pour
les œuvres d’art. Même si on les a pensées avant de les fabriquer, du moins en partie,
elles n’ont pas d’utilité technique. Elles sont là pour être là, ça fait du bien de temps
en temps, en soi c’est déjà beau : exister pour exister, vivre pour vivre, etc.
Le Beau, c’est ce que l’on appelle un sentiment esthétique, mais il y en a d’autres, à
commencer par son contraire, le laid4.
Est-ce que l’art doit chercher le Beau ?5 En fait je ne savais pas vraiment quoi répondre.
J’avais envie de répondre que oui, je savais que l’art contemporain ne me plaisait pas toujours,
et surtout, j’entendais des phrases que je savais être un peu bêtes, comme « l’art content pour
rien » ou encore « c’est pas de l’art, moi aussi je peux le faire… » Cette phrase, surtout, me
semblait terrible : l’artiste devait donc être meilleur que moi ? M’écraser ? Je me refusais de le
croire. L’artiste n’est pas supérieur au commun des mortels, il fait un travail, parfois sublime,
et parfois qui fait un peu flop. Et alors ? La science n’est pas non plus qu’une suite de succès :
il faut beaucoup chercher pour trouver un peu, il faut beaucoup de temps pour une petite
invention, beaucoup d’efforts pour une petite avancée.
Emmanuel avait un musée magique. Il me fit voir sa collection et invita, pour ce faire,
à ce que j’aille chercher ma douce et tendre compagne (la laisser toute seule à la maison comme
ça, ça ne se fait pas, et l’art est pour tous !)
Nous entrâmes tous les trois, par un petit couloir, à l’intérieur d’une pièce minuscule
couverte de velours rouge, et dans laquelle vivaient d’étranges créatures. Emmanuel nous les
présenta un par un6 :
3 Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un Humanisme.
4 Demander aux enfants de nommer plusieurs sentiments esthétiques.
5 Demander aux enfants ce qu’est une œuvre d’art ainsi que les différents arts. Leur demander de nommer les
œuvres qu’ils connaissent.
6 Les enfants sont invités à distinguer les présentations d’œuvres qui relèvent de la philosophie de l’art de
celles qui relèvent de l’histoire de l’art.
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
Hermès de Praxitèle – IV siècle avant J.-C.
Moi je suis Hermès. Je suis la forme parfaite de la divinité. Je suis le dieu messager, et
comme disent nos rhéteurs (ceux qui travaillent sur l’art de faire de beaux discours, efficaces,
afin de convaincre et persuader leur auditoire), une communication efficace repose sur la
captation de l’attention de son auditoire. C’est sûrement pour cela que je suis le plus beau des
dieux, en tout cas dans mon image de marbre. Le temps a coupé un de mes bras (et autre chose
que je ne nommerai pas ici), mais il m’a laissé ce qui fascine le plus ceux qui me regardent :
mon regard mi-évasif, mi-concentré, vers le lointain, et la marque des dieux que Praxitèle a
marqué sur mon front. Je porte Dionysos, encore enfant, dans le bras qu’il me reste. Certains
disent qu’il va « mal tourner », d’autres disent, qu’étant divin, il est le plus complexe, le plus
fascinant, le plus effrayant et le plus puissant des dieux (même s’il n’est pas le plus fort), car
c’est le dieu des puissances hallucinatoires : le dieu du vin, donc, mais aussi du théâtre. On dit
que la beauté réside dans mes proportions, on croit donc que le Beau est une propriété de l’objet
et l’artiste est celui qui applique les règles qui permettent de créer une œuvre belle : c’est ce
que l’on appelle l’essentialisme en art.
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
La Joconde, Léonard de Vinci – 1503-1506
Je m’appelle Mona, Mona Lisa mais tout le monde m’appelle La Joconde. On ne sait,
finalement, pas grand-chose de moi, à part que je suis la plus connue, et la plus regardée des
œuvres. Si je suis née à Florence, je suis arrivée en France avec Léonard, à la cour du roi
François Premier. A la mort de Léonard, le roi a tenu à me garder près de lui. Je réside en France
depuis ce temps-là. Un jour, pourtant, je fis une petite escapade, bien malgré moi. Je m’en
souviens comme si c’était hier : c’était en 1911 : dans la nuit du 21 août 1911… L’année
précédente pourtant, quelqu’un avait affirmé qu’il serait impossible de me voler, pas plus qu’il
serait possible de voler les tours de la cathédrale Notre Dame de Paris. Le matin du 22 août
1911, tout le monde s’aperçut que j’avais disparu. On soupçonna tout le monde, à commencer
par certains artistes : Guillaume Apollinaire (qui fit trois jours de prison) et Pablo Picasso. On
me retrouva deux ans plus tard. C’est un antiquaire qui me permis de rentrer chez moi. Il vivait
à Florence, en Italie. Un jour, un monsieur vint le voir et lui dit : venez chez-moi, j’ai quelque
chose à vous vendre quelque chose qui pourrait vous intéresser. L’antiquaire n’en croyait pas
ses yeux : il me tenait dans ses mains. Il promit au Monsieur de revenir, ce qu’il fit,
accompagner de la police qui me ramena chez moi. C’est à ce moment que l’on comprit
comment on avait réussi à me prendre : le voleur s’appelait Vincenzo Peruggia, un vitrier qui
avait participé aux travaux de mise sous verre des tableaux les plus importants du musée. Il
avait réussi, comme dans les films, à se faire enfermer, la nuit, dans le musée pour pouvoir me
voler.
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
Fontaine, Marcel Duchamp – 1917
Comme vous pouvez le voir je suis une pissotière, comme il y en a dans toutes les
toilettes pour hommes que l’on trouve dans les bars, les restaurants, les cinémas, piscines,
patinoires, bowlings etc. Mais comme vous le voyez également, je suis à l’envers, non reliée à
l’eau courante, et inutilisable. Marcel est mon père mais, au-delà, le père de l’art contemporain.
En fait, l’idée de Marcel est simple. Il ne croit plus que l’on puisse trouver dans les œuvres la
réponse à la question « qu’est-ce que l’art ?». Pour lui, l’art ne doit pas spécialement plaire
(comme dit l’artiste Orlan, on a les napperons et les plantes vertes pour ça). Comme on ne
trouve pas la réponse dans l’œuvre, peut-être qu’elle est dans l’artiste ? Mais on tournerait vite
en rond : l’art serait ce que produit un artiste, l’artiste serait celui qui produit l’œuvre d’art…
Afin d’éviter cette mauvaise piste, Marcel a décidé de prendre un objet déjà fabriqué, c’est ce
qu’il appelle un Ready-Made. Ni technicité, ni génie, ni beauté : pour Marcel Duchamp, l’art
est ce que l’on considère comme art, une institution artistique trouve un objet digne de
l’exposer, et le public, dès lors, le regarde comme une œuvre. L’entrée de la pissotière dans un
musée nous invite, en effet, à la regarder autrement, à modifier notre considération pour cet
objet usuel (il ne faut surtout pas essayer de faire pipi dedans !). Il faut alors changer la question
« qu’est-ce que l’art ? » car, comme on sait, la philosophie, c’est l’art de se poser les bonnes
questions. C’est Nelson Goodman qui s’y prêtera en premier, dans le champ de la philosophie,
en proposant plutôt de réfléchir à la question « quand y-a-t-il art ? », ou plutôt « A quelle
condition un objet joue le rôle d’œuvre d’art ? ». C’est ce qu’on appelle, en toute logique : le
conditionnalisme.
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
One and Three Chair, Joseph Kosuth - 1965
La chaise de Joseph Kosuth parlait beaucoup, souvent à bon escient, et expliquait à
quiconque venait visiter l’œuvre : « Je suis une chaise, certes, mais comme je suis dans un
musée, tu ne viendras pas t’assoir sur moi. Je suis un objet fabriqué, qui ne copie rien d’autre
que sa raison d’être, sa fonction, ce qu’on appelle un concept, et que Platon appelle idée. Platon
me trouve moins vraie que mon concept, mais plus vraie que le tableau qu’un peintre pourrait
faire de moi. Il dirait au tableau, tu n’es que la copie de la copie de l’idée. Moi, je suis seulement
la copie de l’idée. Tu me regardes pour ce que je suis, pas en tant qu’objet utile, je suis donc
devenu une œuvre d’art. Mais je ne suis pas venue seule, je suis venue avec ma matière, certes,
mais aussi avec mon image, et ma définition. Vous ne pouvez pas sortir de l’œuvre, la définition
vous ramène à la forme adéquate, puis à la matérialisation qui a une raison d’être, dans sa
fonction, et donc une forme etc. Présentée ici je deviens un signe pur, mais pour chacun, telle
Gaïa, je décide aujourd’hui de m’auto-engendrer en symbole, et pour toi ce sera le symbole de
la philosophie. (En effet vous ne pouvez pas vous empêcher de voir plus que ce qu’il y a à se
mettre dans la rétine : vous êtes comme ça, vous autres humains !) En tant que symbole de la
philosophie tu peux te reposer sur moi, quand après une journée de travail, tu es trop fatigué
pour penser tout seul. Tu peux également t’élever vers la lumière, en montant sur moi, après
avoir eu la gentillesse de te déchausser. Mais gare, si tu ne fais que t’assoir par habitude, ou
pire, si un jour, menacé par les loups, tu décides de me brûler, pensant que mes fumées
pourraient les éloigner. Il vaut mieux que tu t’asseyes, et que tu réfléchisses au moyen de ne pas
les faire venir… » La chaise de Jojo se tut, et émis un léger craquement…
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
Alba, Eduardo Kac – 2003
Je m’appelle Alba, je suis née dans les laboratoires de l’INRA. A l’origine, je devais
exister pour servir à comprendre comment fonctionnent les cellules dans le cas de certaines
maladies, ou de certains problèmes de santé comme l'artériosclérose ou l'obésité. En fait, je suis
un animal de laboratoire. Un jour, Eduardo (moi je l’appelle Eddy), est venu me voir. Il a voulu
m’adopter pour que je ne sois plus « un objet » comme il disait, mais que je devienne « un
sujet ». Si Eddy avait été un peu plus philosophe, il aurait sûrement formulé les choses
autrement, il aurait dit : pour que je ne sois plus un « objet technique » mais que je devienne un
« objet de l’éthique », mais bon, on avait compris l’idée… Il est bizarre Eddy, on ne sait
vraiment jamais ce qu’il pense de tout ça (il a quand même créé un plantimal, un pétunia
transgénique dont la couleur des nervures a la couleur de son sang à lui.) Ce qu’il affirme, en
tout cas, c’est qu’on ne peut pas faire comme si tout cela n’existait pas, et que l’art, pour lui, ce
n’est pas moi mais le débat que nous avons sur moi. En fait je n’ai jamais quitté le laboratoire,
et personne ne sait si je suis encore vivante. Mais il existe une photo de moi, dans les bras
d’Eddy. Comme le laboratoire n’a pas voulu me laisser partir, Eddy a mis des affiches de moi
partout, comme lorsque l’on cherche son chat, en demandant que je puisse rentrer dans mon
foyer qui, du fait de son envie de m’adopter, se trouvait devoir être chez lui. Eddy a considéré
que l’œuvre, c’est cet ensemble d’actions autour de moi, l’ensemble des débats, des discours,
des erreurs de la presse etc. qui nous permettent de porter un regard nouveau sur ce qui, il faut
l’avouer, constitue un défi pour la pensée, car si on y réfléchit bien, on fabrique du vivant, et
même au-delà, un organisme entier, à des fins techniques. De quoi bouleverser un peu, en ce
qui me concerne, la valeur morale de cette phrase de Jean-Paul Sartre : « l’existence précède
l’essence »…
L’art d’Eddy s’appelle de l’Art Biotech, il est Art car, comme la philosophie, il nous
oblige à nous interroger sur nos représentations du monde : ce qu’est le Beau Naturel (et
d’ailleurs, suis-je Naturelle ?), ce qu’est le Bien et le Vrai car, comme dirait à peu près Manu,
le Beau est ce qui fait la synthèse entre les deux ! Le jour où l’on me trouvera Belle (et non plus
pratique ou étonnante), c’est que l’on aura admis que je suis un objet « normal » de notre
monde.
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Marie Reverdy
Café-Philo pour enfants
2016
Nous sortîmes du musée et nous avons remercié Emmanuel, pour les œufs et pour la
visite, et nous nous sommes promis, tous les trois, de nous revoir pour parler d’art, de
philosophie, du monde et de cuisine…
Avant de nous quitter, Manu nous dît : « l’art, tout comme la fleur, doit relever d’une
beauté libre, c’est-à-dire que les œuvres ne sont pas faites dans l’unique but de plaire au plus
grand nombre… » Et en effet, j’ai réagi face à ces œuvres, j’ai exprimé mon intelligence, mais
également ma sensibilité (parce que chez nous autres, êtres humains, il faut dire que ça marche
ensemble). J’ai donc été sujet face à ces objets, et seulement sujet : ni usager, ni acheteur.
Purement et pleinement sujet ; et ça, c’est déjà énorme !!
Merci Manu !!!
De rien les
gars !!!
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