en question. Dans ce vaste « dé-tricotage de l’humanisme », Rémi Brague, grand connaisseur de la philosophie
grecque et des religions, s’intéresse particulièrement à l’étape de l’humanisme « exclusif », fondé au XIXe siècle sur
l’exclusion du divin. Car c’est en voulant penser l’homme hors de toute transcendance que la pensée moderne s’est,
selon lui, mise dans l’incapacité de justifier son existence. Au terme d’une captivante discussion avec Günther Anders,
Michel Foucault et autres grands penseurs critiques de l’humanisme, l’issue ne fait guère de doute. Après avoir
substitué à la question du propre de l’homme celle de la légitimité de son existence, bientôt reliée au mystère de son
origine, l’auteur nous révèle qui peut nous dire la légitimité de notre présence ici-bas : « qui d’autre que Dieu ? » Mais
si seul un Dieu « créateur et provident » peut le sauver, peut-être est-il temps de vraiment s’inquiéter pour l’humain ?
Fabrice Hadjadj : « L’homme passe infiniment l’homme. »
Nietzsche le rappelle : « « Ce qui est grand dans l’homme est de n’être pas un but mais un pont : ce qui peut être aimé
dans l’homme est d’être un passage et une chute. » Avec une telle phrase, Nietzsche fait penser à Rousseau, selon qui
l’homme se distingue des autres animaux non pas par sa perfection, mais par sa « perfectibilité », et il semble surtout
reprendre une affirmation de Blaise Pascal : « Apprenez que l’homme passe infiniment l’homme. »
φ
Philosopher :
Philosopher, c'est penser par soi-même et débusquer dans le monde la faille entre l'apparence et le réel ; soumettre
au doute le plus radical ce qui paraît aller de soi et contraindre sa pensée. La philosophie, comme « amour de la
sagesse », ne l'est qu'à être tout aussi primordialement « recherche de vérité ».
Le « café-philo » n’est pas un lieu ; il a lieu. Dans un « café-philo », s’exerce d’abord à cette faculté de la pensée de
pouvoir réfléchir, de s’ancrer dans les dialogues et de produire les débats d’idées. Nous devons être bien sûr capables
de nous saisir de toutes questions, comme de tous textes, prêts à remettre en cause toutes croyances, préjugés et
tabous.
Quand nous parlons de Philo (amour), nous pensons toujours à Sophia (sagesse). En cela nous occultons la première
phrase de la métaphysique d’Aristote : « tous les hommes, par nature, désirent connaître ». Alors n’oublions pas que
l’amour, le désir est au fondement de la philosophie.
Le philosophe s’écarte des réalités du monde et de ses valeurs inculquées pour en rechercher la vérité et ses vraies
valeurs, le réel de la vie. La philosophie est une nécessité (comme l’art), un exercice spirituel pour le salut de son
âme (Démocrite). Un questionnement qui questionne ceux qui apportent des réponses. Philosopher c’est aller de
l’autre côté de l’apparition des choses, c’est une conversion et c’est aussi introduire de la vraie justice dans la cité qui
vit de l’injustice. En décalage, la philosophie n’est non pas inutile, mais nuisible, dangereuse et c’est cela qui vaut
quelques heures de peine, de se détacher du monde, de prendre soin de son âme.
« Quand ce qui ne sent rien et ne se sent pas soi-même, n’a ni désir ni amour, est mis au principe de l’organisation du monde,
C’est le temps de la folie qui vient, car la folie à tout perdu sauf la raison » Michel Henry.