17.05.2013 - 12:08 - JEAN-FRANÇOIS PARENT
Économie/marchés
La fin de la croissance : le pétrole
montré du doigt
FINTECH 2013 - Non seulement la croissance économique des années passées
est-elle, justement, chose du passé, mais la fin du pétrole à rabais aura un impact
significatif sur l’économie en général et la mondialisation en particulier. C’est la
thèse soutenue par l’économiste Jeff Rubin, lors de son passage jeudi à Montréal.
La statistique est probante : en l'an 2000, la facture d'essence mondiale était de
800 G$ par année. Aujourd'hui, elle avoisine les 3 000 G$, calcule Jeff Rubin, qui
était de passage à Fintech Montréal jeudi pour livrer les conclusions de son
deuxième essai The End of Growth (La Fin de la croissance).
Jeff Rubin a quitté la CIBC en 2009 après qu'on lui eût refusé la permission d'écrire
son premier best-seller, Why Your World Is About to Get a Whole Lot Smaller: Oil
and the End of Globalization.
Dans ses deux bouquins, il analyse les mutations profondes que subiront les
économies du monde dont la croissance a été portée, pour l'essentiel, par le
pétrole à rabais.
Qu'on en juge : « en moyenne, dans les quatre dernières décennies, une
augmentation de 1 % de la consommation de pétrole a engendré une croissance
de 2 % du PIB mondial », écrit Jeff Rubin dans son dernier essai.
Lors du premier choc pétrolier, en 1973, l'OPEP a fermé les vannes et retranché 8
% de l'inventaire mondial d'or noir. L'année suivante, le PIB réel américain a chuté
de 2,5 %.
En ces temps de morosité économique, alors que les politiques de stimulation de
la croissance économique ne fonctionnent pas, soutient Jeff Rubin, selon qui « un
baril de pétrole dans les trois chiffres affecte la croissance économique de façon
importante ».
On a tendance à sous-estimer l'importance du pétrole dans l'économie mondiale,
plaide l'économiste. « Alors que les pays sont pris à la gorge par de hauts niveaux
d'endettement qui leur coûtent très cher », l'augmentation des coûts énergétiques
peut avoir des conséquences catastrophiques.
« Un tiers de la consommation de pétrole est consacrée au transport », explique
Jeff Rubin.
Un baril passant de 20 $ à 100 $ est certain d'influencer le prix des marchandises,
des transports, d'avoir des impacts sur la balance commerciale des pays et sur la
consommation domestique.
Jeff Rubin cite des analyses de l'Agence internationale de l'énergie qui sonnent
l'alarme: « les ménages dépensent autant en énergie que lors des chocs pétroliers
passés ». Et il n'y a pas de choc pétrolier présentement.
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« En 1973, le président Nixon, pour mitiger l'impact de la hausse du prix de
l'essence, a imposé la limite de vitesse de 110 km/h (55 miles à l'heure) pour
réduire la consommation d'essence », relate Jeff Rubin, selon qui une hausse des
prix du pétrole est l'équivalent d'imposer une limite de vitesse à l'économie.
L'impact du baril tarifé dans les trois chiffres est profond: « Toute la délocalisation
perd de son attrait économique. Si l'avantage d'importer une tonne de fer de Chine
est réduit à néant pas la hausse des prix à la pompe, elle ne serait pas étonnant
qu'on rapatrie des emplois manufacturiers. »
La même chose vaut pour l'agriculture, un secteur de haute consommation
énergétique. « Importer des ailes de poulet congelées deivent un non sens
économique. » Tout comme les exportations canadiennes de blé, ou de porc.
« L'étalement urbain était fonction des bas prix de l'essence, on verra une
densification des villes. » Et peut-être même un retour de l'agriculture dans les
banlieues, postule Jeff Rubin, ajoutant qu'en Amérique du moins, il faut apprendre
à ne plus définir le bonheur par la consommation d'énergie par tête de pipe.
Ses critiques font souvent valoir que Jeff Rubin omet d'accorder de l'importance
aux autres sources d'énergie ou à l'importance de la technologie. « Le fait est que
le pétrole est magique: nous n'avons pas encore trouvé une substance qui contient
autant d'énergie facile à utiliser et à conserver, à si peu de frais. »
Enfin, l'économiste se réjouit de ce que la hausse des prix du pétrole aura
l'avantage de réduire les émissions de CO2, récemment documentées comme
ayant atteint le seuil critique pour le ciimat planétaire de 400 parties par million.
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