RSCA 2 (Octobre 2013)
Actuellement en stage en médecine interne à Longjumeau, nous recevons un patient des urgences pour anémie.
Mr I. 36 ans, marié, 3 enfants, d’origine gabonaise, en France depuis 2010 après avoir vécu 10 ans au Portugal avec sa
famille.
Il consulte aux urgences pour « altération de l’état général », palpitations et sueurs nocturnes. Apyrétique, bonne
hémodynamique, le reste de l’examen retrouve de multiples adénopathies infra centimétriques, un ictère conjonctival et
un souffle systolique minime.
Le bilan initial fait aux urgences retrouve une Hb à 6.9 macrocytaire, une élévation des LDH à 1443, de la bilirubine à 28 et
une haptoglobine effondrée. Pas de sd inflammatoire par ailleurs. Il n’y a pas de carence martiale non plus.
Devant la suspicion d’anémie hémolytique et dans le contexte, une sérologie HIV est demandée aux urgences de principe.
Le patient est ensuite adressé dans le service pour exploration et bilan de son anémie.
Lorsque que le patient arrive dans le service nous apprenons que le prélèvement HIV est positif mais par la même occasion
que le patient avait refusé ce prélèvement aux urgences. Les tubes étaient déjà partis quand la demande a été faite au
patient… Par conséquent aucune information ou résultat concernant le VIH ne figure dans le dossier, il n’y aura qu’une
transmission orale, et aucune annonce diagnostique n’a donc été faite.
Dernière sérologie connue du patient en 2010 (dans le cadre de la médecine du travail au Portugal.) négative.
Par ailleurs la femme de Mr I. est enceinte de 5 mois de leur 4ème enfant.
Plusieurs examens complémentaires ont été réalisés par ailleurs dont une électrophorèse des protéines retrouvant une
hypergamma d’allure polyclonale.
Un scanner est également réalisé pour éliminer un myélome : il ne retrouve pas de lésion osseuses ni organique mais des
dizaines adénopathies infracentimetriques diffuses.
Après quelques recherches bibliographiques, plusieurs problématiques se posent :
Les anémies hémolytiques auto-immunes chez les patients VIH+ sont à risque de thrombose notamment s’il y a
transfusion contrairement aux patients HIV-. Par conséquent le traitement doit tenir compte d’une éventuelle sérologie
positive.
D’autre part plusieurs sérologies VIH faussement positives ont été rapportées dans le cadre de ses anémies hémolytiques
AI, d’où l’importance d’un deuxième prélèvement avec western blot et donc de l’accord du patient pour ces prélèvement.
Le problème principal était donc le fait d’avoir connaissance d’une sérologie HIV à priori + (un seul test rapide) chez un
patient ayant refusé ce prélèvement préalablement et dont le traitement dépend de ce résultat.
Après plusieurs tentatives d’information sur la nécessité de ce test pour la prise en charge de son anémie, le patient
accepte la sérologie HIV. Un western blot a donc pu être prélevé et est revenu positif, confirmant le diagnostic.
L’annonce du diagnostic a donc été réalisée en présence de mon senior et le patient a également souhaité notre présence
pour l’annoncé à sa femme.
Elle a réalisé un premier test qui est revenu négatif, le deuxième aura lieu un mois plus tard.
Quant au patient une trithérapie antirétrovirale a été débutée. Il a été décidé de ne pas transfuser ni d’initier de traitement
par corticoïde devant la bonne tolérance clinique et une stabilisation de l’Hb à 8.5 avec normalisation des marqueurs de
l’hémolyse.
Enfin une demande de prise en charge à 100% devra être réalisée par le médecin traitant de Mr I.