
femme, leur équivalent est représenté par des cystadé-
nomes du ligament large, parfois très volumineux.
Autres lésions viscérales
Le phéochromocytome, souvent bilatéral, survient
dans 11 à 19% des cas de maladie de VHL [33, 50, 58].
La symptomatologie en est souvent fruste (HTA isolée,
souvent instable) et la triade classique céphalées-palpi-
tations-sueurs est assez rarement observée. Le phéo-
chromocytome est le plus souvent surrénalien mais il
existe d’authentiques paragangliomes et l’évolution est
parfois maligne.Observation très préférentielle dans
certaines familles (cf. infra), caractère souvent révéla-
teur [58] et risque toujours latent de crise hypertensive
paroxystique en font les particularités.
L’atteinte pancréatique (30 à 70%) est sans doute la
plus méconnue de toutes les manifestations de la mala-
die de VHL, peut-être parce qu’elle consiste habituelle-
ment en kystes multiples, plus rarement en cystadé-
nomes séreux ou kystes isolés, sans aucun retentisse-
ment clinique.Des tumeurs endocrines potentiellement
malignes et nécessitant une exérèse précoce sont pour-
tant décelées de plus en plus souvent [22].
Les tumeurs du sac endolymphatique, dernière en date
des lésions «reconnues» dans le cadre de l’affection,
correspondent à des adénocarcinomes de bas grade
détruisant lentement le rocher
, qui ont été pendant long-
temps confondues avec des métastases de cancer thy-
roïdien ou rénal, et dont l’association avec la maladie
de VHL apparaît très étroite (30% de la soixantaine de
cas décrits) [27, 45, 64]. La fréquence de cette lésion
décelée après de nombreuses années d’évolution, le
plus souvent devant une surdité, est largement sous-
estimée. Une récente étude américaine a décelé des
tumeurs du sac endolymphatique chez 15% des patients
atteints de VHL et a montré que 60% des patients pré-
sentaient une baisse de l’acuité auditive qui pourrait
être attribuée à des lésions infraradiologiques [45].
GENETIQUE CLINIQUE
La maladie de VHL est une prédisposition génétique au
cancer de transmission autosomique dominante dont la
pénétrance est quasi-complète à 60 ans. Il s’agit avant
tout d’une affection de l’adulte jeune, se révélant le
plus souvent entre 18 et 30 ans, mais des manifestations
cliniques peuvent apparaître dès l’enfance (atteinte réti-
nienne et surrénalienne en particulier) [33, 44, 60]. La
grande variabilité d’expression phénotypique, très
déroutante pour le médecin non familiarisé avec l’af-
fection, explique les fréquents retards du diagnostic.
Une réputation fausse de maladie exceptionnelle
La maladie de VHL est ubiquitaire et son incidence
minimale est estimée à un nouveau cas pour 36.000 à
45.000 naissances [41, 44], ce qui laisse à penser que
près de 1500 porteurs d’un gène VHL muté existeraient
actuellement en France : la maladie est rare mais loin
d’être exceptionnelle. L’étude nationale pluridiscipli-
naire débutée en France en 1990 et à laquelle partici-
pent de nombreux urologues a déjà permis de recenser
plus de 600 observations et 150 familles de malades
distinctes dont l’une d’entre elles, originaire de la
région de Sancerre, comporte 30 malades connus dont
10 patients avec cancer rénal précoce [60]. La fréquen-
ce des patients porteurs de «néo-mutations» semble
faible dans la maladie de VHL (environ 20%), le carac-
tère systématique des enquêtes génétiques permettant
souvent de rattacher des patients «isolés» à des familles
déjà connues [60].
Une présentation clinique déroutante
Deux grands types cliniques de maladie de VHL doi-
vent être distingués selon la présence (type 2) ou l’ab-
sence de phéochromocytome (type 1). Dans le type 2,
l’incidence du phéochromocytome est très élevée, jus-
qu’à 90% des membres atteints d’une même famille
[38, 47] (Tableau 2). Dans le type 2B, les patients peu-
vent présenter toutes les manifestations du VHL alors
que dans le type 2A, plus rare, ils semblent relativement
épargnés par le cancer rénal et l’atteinte pancréatique.
Le siège et le nombre des tumeurs, l’âge et le type de
la première manifestation et la sévérité de l’évolution
varient également d’un sujet à l’autre à l’intérieur
d’une même famille [33, 44, 60].Le nombre des
lésions découvertes est certes fonction de la qualité du
suivi des patients mais une grande hétérogénéité se
retrouve aussi dans des familles parfaitement explorées
où certains membres ne présentent qu’une seule attein-
te ou de rares lésions alors que d’autres sont gravement
affectés et devront subir de multiples interventions chi-
rurgicales au cours de leur vie.
DES PROGRES MOLECULAIRES MAJEURS
Du cancer rénal au gène VHL
L’identification du gène VHL «doit» beaucoup au can-
cer rénal.Le gène VHL situé sur le bras court du chro-
mosome 3 (3p25-26) [65] a en effet été identifié en
1993 par une démarche de clonage positionnel [34]
guidée par l’existence de délétions de la région 3p dans
les cancers du rein à cellules claires, tant sporadiques
que liés au VHL (supérieures à 90% des cas) [30], et
d’autre part de «familles à cancer du rein à cellules
claires pur» caractérisées par une translocation consti-
tutionnelle impliquant le locus 3p14 [11]. Le gène
VHL, exprimé dans tous les tissus et à tous les stades
du développement examinés [39], comporte trois exons
332
S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339