Maladie de von Hippel-Lindau et cancer du rein : dix ans

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ARTICLE
Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
DE REVUE
Maladie de von Hippel-Lindau et cancer du rein :
dix ans de progrès génétiques
Stéphane RICHARD (1, 3, 5) , Christophe BEROUD (2), Dominique JOLY (3), Yves CHRETIEN (4), Gérard BENOIT
(5) et le GEFVHL (Groupe d’Etude Francophone de la Maladie de von Hippel-Lindau)
(1) Laboratoire
de Neuro-Oncologie EPHE, Hôpital Necker, Paris, France
U 383, Hôpital Necker, Paris, France
(3) Service de Néphrologie, Hôpital Necker, Paris, France
(4) Service d’Urologie, Hôpital Necker, Paris, France
(5) Service d’Urologie, Hôpital de Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre, France
(2) INSERM
ainsi fréquents alors que la plupart des lésions sont
accessibles à un traitement précoce. En l’espace d’une
décennie, des avancées génétiques majeures ont pourtant été réalisées, dont les conséquences dépassent de
très loin le cadre de l’affection. Au plan fondamental,
la démonstration de l’implication du gène VHL dans la
majorité des cancers du rein à cellules claires sporadiques (plusieurs milliers de nouveaux cas annuels en
France) et la découverte progressive des rôles physiologiques multiples de la protéine VHL font en effet de
la maladie de VHL un modèle d’étude privilégié de la
cancérogénèse. Au plan clinique, l’identification des
principales mutations germinal es du gène VHL
conduisant à des corrélations génotype-phénotype de
plus en plus fines, offre désormais des possibilités de
diagnostic présymptomatique qui doivent déboucher
sur une amélioration sensible de la prise en charge des
patients et de leur famille.
RESUME
La maladie de von Hippel-Lindau (VHL) est une
affection génétique prédisposant au développement
de tumeurs variées (hémangioblastomes du névraxe
et de la rétine, tumeurs du sac endolymphatique,
cancer à cellules claires ou kystes rénaux, phéochromocytomes, kystes ou tumeurs pancréatiques,
cystadénomes épididymaires), qui touche une personne sur 36.000. Le cancer du rein constitue l’une
des principales causes de décès.
- Le gène VHL, situé en 3p25-36, est un gène suppresseur de tumeur qui joue un rôle majeur dans la
régulation de la transcription et l’expression du
VEGF. La mutation germinale est identifiable chez
70% des patients. Des mutations somatiques du
gène VHL sont également à l’origine des cancers à
cellules claires sporadiques.
RAPPEL CLINIQUE
- En milieu urologique, la recherche d’une maladie
de VHL devrait être impérative chez tout patient
présentant de manière «sporadique» un cancer
rénal à cellules claires bilatéral ou décelé à un âge
précoce, ou des cystadénomes épididymaires bilatéraux.
La maladie de VHL comprend six manifestations cliniques classiques (hémangiobl astome du névraxe,
hémangioblastome rétinien, phéochromocytome, cancer du rein à cellules claires et/ou kystes rénaux multiples, kystes ou tumeurs pancréatiques, cystadénomes
de l’épididyme) et une lésion de reconnaissance récente, la tumeur du sac endolymphatique, très spécifique
et sans doute déjà présente chez le patient principes de
Von Hippel (Figure 1) (Tableau 1) [33, 44, 60]. Le diagnostic clinique de VHL peut et doit être porté chez
tout patient présentant au moins deux hémangioblastomes quelle que soit leur localisation ou un hémangioblastome et une autre lésion majeure (à l’exception
des kystes épididymaires jugés trop peu discriminants).
En présence d’une histoire familiale démonstrative,
une seule lésion majeure suffit à affirmer le diagnostic.
Mots clés : Von Hippel-Lindau, cancer rénal, génétique.
Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339.
Alors que la maladie de von Hippel-Lindau (VHL)
constitue la cause la plus fréquente de cancer du rein
familial [16, 44, 75] et que le cancer du rein représente l’une de ses complications majeures, l’affection
décrite par von H IPPEL (1895) [27] et L INDAU (1926)
[37] demeure étonnamment méconnue. L’expérience
quotidienne confirme qu’en dehors des milieux ophtalmologiques et neurochirurgicaux, son diagnostic n’est
que très rarement évoqué en première intention et l’importance des lésions viscérales largement sous-estimée.
Les retards diagnostiques et thérapeutiques, aux conséquences parfois dramatiques pour les patients, sont
Manuscrit reçu : novembre 1997, accepté : novembre 1997.
Adresse pour correspondance : Pr. S. Richard, Laboratoire de Neuro-Oncologie
EPHE, Département de Néphrologie, Hôpital Necker-Enfants Malades, 149, rue
de Sèvres, 75743 Paris Cedex 15.
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S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
Tableau 1. Principales données cliniques dans trois séries récentes de patients atteints par la maladie de von Hippel-Lindau
(NP : non précisé).
Auteur
Maher et al. [44]
Maddock et al. [43]
Richard et al. [61]
Nombre de patients
152
83
215
Fréquence des lésions
Hb du SNC
Hb rétinien
Cancer rénal
Phéochromocytome
Atteinte pancréatique
72%
59%
28%
7%
NP
63,8%
41%
14,5%
14,5%
22%
72%
44%
36,7%
17,2%
53%
Manifestation révélatrice
Hb du SNC
Hb rétinien
Cancer rénal
Autres lésions
41%
43%
10%
6%
38,5%
25,3%
8,4%
27,8%
38,8%
23,7%
11,5%
26%
51
41 ± 14
(13-67)
44
40,9 ± 14,6
(12-65)
13
47 ± 16
(24-81)
41%
47%
12%
52,3%
27,3%
28,4%
61,5%
30,8%
7,7%
Décès
Nombre
Age (ans)
Cause
Hb du SNC
Cancer rénal
Autres
L’hémangioblastome : une tumeur vasculaire très
spécifique
Des manifestations urologiques au premier plan
L’hémangioblastome, lésion emblématique de la maladie, est une tumeur vasculaire bénigne constituée d’une
prolifération de capillaires sanguins dont les mailles renferment des éléments tumoraux riches en lipides («cellules stromales»). L’hémangioblastome du système ner veux central (60 à 80% des cas) révèle la maladie une
fois sur deux [56, 61] et ses localisations préférentielles
se situent au niveau du cervelet, du bulbe et de la moelle
épinière. Les hémangioblastomes infratensoriels présentent une fréquente apparence macrokystique avec un
nodule mural rougeâtre et sont responsables d’une hypertension intracrânienne et d’un syndrome cérébelleux. Les
localisations rachidiennes, souvent asymptomatiques,
peuvent être à l’origine de troubles sensitifs ou de déficits moteurs. Comme pour l’ensemble des lésions de la
maladie de VHL, les hémangioblastomes sont fréquemment multiples et se révèlent en moyenne 15 ans plus tôt
que les tumeurs sporadiques [43].
Les hémangioblastomes rétiniens sont extrêmement évocateurs, leur existence en dehors de la maladie de VHL
apparaissant rarissime [42]. Habituellement multiples et
bilatéraux, les hémangioblastomes rétiniens affectent un
malade sur deux et révèlent la maladie dans 30% des cas.
Ils se développent avec prédilection au niveau de la périphérie rétinienne mais des atteintes papillaires sont également possibles. Ils peuvent se compliquer de décollement
rétinien, cataracte ou glaucome, à l’origine de pertes
visuelles importantes.
L’atteinte rénale concerne 30 à 70% des patients. Le
cancer du rein à cellules claires, qui affecte près de
75% des patients à 60 ans, est responsable de 30 à 50%
des décès en raison d’une prise en charge trop souvent
tardive, des récidives fréquentes et d’une dissémination métastatique qui ne semble pas différente de celle
du cancer sporadique malgré une réputation de bon
pronostic [6, 51, 57]. Le cancer rénal associé à la
maladie de VHL se distingue des tumeurs «sporadiques» par son jeune âge de découverte (âge moyen
aux environs de 30 ans, 60% des cas avant 40 ans), une
fréquente apparence kystique (kystes atypiques, cloisonnés ou à parois épaissies, bordés par d’authentiques
foyers de carcinome bien que fréquemment pris pour
des kystes banals) et un caractère multifocal et bilatéral (parfois jusqu’à plusieurs dizaines de tumeurs) qui
rend son traitement très délicat [12]. Des kystes multiples d’allure bénigne s’observent également, seuls ou
associés aux lésions tumorales, parfois si nombreux
qu’ils peuvent faire évoquer une polykystose rénale
[5].
Les cystadénomes épididymaires ne sont habituellement
plus considérés comme une lésion majeure pour le diagnostic de la maladie et sont rarement recherchés systématiquement. Une étude échographique récente a pourtant démontré leur présence chez 54% des patients
atteints par le VHL et surtout leur caractère bilatéral dans
67% des cas, très évocateur de l’affection [10]. Chez la
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S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
femme, leur équivalent est représenté par des cystadénomes du ligament large, parfois très volumineux.
minimale est estimée à un nouveau cas pour 36.000 à
45.000 naissances [41, 44], ce qui laisse à penser que
près de 1500 porteurs d’un gène VHL muté existeraient
actuellement en France : la maladie est rare mais loin
d’être exceptionnelle. L’étude nationale pluridisciplinaire débutée en France en 1990 et à laquelle participent de nombreux urologues a déjà permis de recenser
plus de 600 observations et 150 familles de malades
distinctes dont l’une d’entre elles, originaire de la
région de Sancerre, comporte 30 malades connus dont
10 patients avec cancer rénal précoce [60]. La fréquence des patients porteurs de «néo-mutations» semble
faible dans la maladie de VHL (environ 20%), le caractère systématique des enquêtes génétiques permettant
souvent de rattacher des patients «isolés» à des familles
déjà connues [60].
Autres lésions viscérales
Le phéochromocytome, souvent bilatéral, survient
dans 11 à 19% des cas de maladie de VHL [33, 50, 58].
La symptomatologie en est souvent fruste (HTA isolée,
souvent instable) et la triade classique céphalées-palpitations-sueurs est assez rarement observée. Le phéochromocytome est le plus souvent surrénalien mais il
existe d’authentiques paragangliomes et l’évolution est
parfois maligne. Observation très préférentielle dans
certaines familles (cf. infra), caractère souvent révélateur [58] et risque toujours latent de crise hypertensive
paroxystique en font les particularités.
L’atteinte pancréatique (30 à 70%) est sans doute la
plus méconnue de toutes les manifestations de la maladie de VHL, peut-être parce qu’elle consiste habituellement en kystes multiples, plus rarement en cystadénomes séreux ou kystes isolés, sans aucun retentissement clinique. Des tumeurs endocrines potentiellement
malignes et nécessitant une exérèse précoce sont pourtant décelées de plus en plus souvent [22].
Une présentation clinique déroutante
Deux grands types cliniques de maladie de VHL doivent être distingués selon la présence (type 2) ou l’absence de phéochromocytome (type 1). Dans le type 2,
l’incidence du phéochromocytome est très élevée, jusqu’à 90% des membres atteints d’une même famille
[38, 47] (Tableau 2). Dans le type 2B, les patients peuvent présenter toutes les manifestations du VHL alors
que dans le type 2A, plus rare, ils semblent relativement
épargnés par le cancer rénal et l’atteinte pancréatique.
Les tumeurs du sac endolymphatique, dernière en date
des lésions «reconnues» dans le cadre de l’affection,
correspondent à des adénocarcinomes de bas grade
détruisant lentement le rocher, qui ont été pendant longtemps confondues avec des métastases de cancer thyroïdien ou rénal, et dont l’association avec la maladie
de VHL apparaît très étroite (30% de la soixantaine de
cas décrits) [27, 45, 64]. La fréquence de cette lésion
décelée après de nombreuses années d’évolution, le
plus souvent devant une surdité, est largement sousestimée. Une récente étude américaine a décelé des
tumeurs du sac endolymphatique chez 15% des patients
atteints de VHL et a montré que 60% des patients présentaient une baisse de l’acuité auditive qui pourrait
être attribuée à des lésions infraradiologiques [45].
Le siège et le nombre des tumeurs, l’âge et le type de
la première manifestation et la sévérité de l’évolution
varient également d’un sujet à l’autre à l’intérieur
d’une même famille [33, 44, 60]. Le nombre des
lésions découvertes est certes fonction de la qualité du
suivi des patients mais une grande hétérogénéité se
retrouve aussi dans des familles parfaitement explorées
où certains membres ne présentent qu’une seule atteinte ou de rares lésions alors que d’autres sont gravement
affectés et devront subir de multiples interventions chirurgicales au cours de leur vie.
DES PROGRES MOLECULAIRES MAJEURS
GENETIQUE CLINIQUE
Du cancer rénal au gène VHL
La maladie de VHL est une prédisposition génétique au
cancer de transmission autosomique dominante dont la
pénétrance est quasi-complète à 60 ans. Il s’agit avant
tout d’une affection de l’adulte jeune, se révélant le
plus souvent entre 18 et 30 ans, mais des manifestations
cliniques peuvent apparaître dès l’enfance (atteinte rétinienne et surrénalienne en particulier) [33, 44, 60]. La
grande variabilité d’expression phénotypique, très
déroutante pour le médecin non familiarisé avec l’affection, explique les fréquents retards du diagnostic.
L’identification du gène VHL «doit» beaucoup au cancer rénal. Le gène VHL situé sur le bras court du chromosome 3 (3p25-26) [65] a en effet été identifié en
1993 par une démarche de clonage positionnel [34]
guidée par l’existence de délétions de la région 3p dans
les cancers du rein à cellules claires, tant sporadiques
que liés au VHL (supérieures à 90% des cas) [30], et
d’autre part de «familles à cancer du rein à cellules
claires pur» caractérisées par une translocation constitutionnelle impliquant le locus 3p14 [11]. Le gène
VHL, exprimé dans tous les tissus et à tous les stades
du développement examinés [39], comporte trois exons
Une réputation fausse de maladie exceptionnelle
La maladie de VHL est ubiquitaire et son incidence
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S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
Tableau 2. Les deux types de maladie de VHL. Données cliniques et moléculaires.
1. Les mutations sont indiquées de la manière suivante : acide aminé «sauvage» - numéro du codon-acide aminé muté, sauf pour
le type 1 (Del = délétion, Stop = codon stop).
2. Effet fondateur.
Type 1
Type 2
Clinique
Phéochromocytome
Hémangioblastome du SNC
Hémangioblastome rétinien
Cancer du rein
Atteinte pancréatique
Tumeur du sac endolymphatique
Cystadénome épididymaire
+
+
+
+
+
+
2A
2B
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
Mutation
Insertions, délétions, non-sens, splice
96%
8%
Faux-sens (substitutions)
4%
92%
Mutations les plus fréquentes1
Tyr98His2
DelPhe76
Arg161Stop
qui codent pour une protéine de 213 acides aminés
(«pVHL») [13] (Figure 2). Le promoteur du gène est
situé au sein d’un îlot CpG et ne contient ni boite
TATA ni boite CCAAT mais plusieurs sites de liaison
putatifs pour des facteurs transcriptionnels dont SP1
[32]. La localisation subcellulaire de la protéine pVHL
apparaît variable et très complexe, la protéine allant et
venant du cytoplasme au noyau [35].
Arg167Trp
Arg167Gln
Le VEGF et l’angiogénèse
Une action de régulation du VEGF (vascular endothelial growth factor), facteur clé de l’angiogénèse et de la
perméabilité vasculaire, vient également d'être prouvée
[25, 19, 36]. Cette constatation est capitale puisque
l’on sait que le VEGF est surexprimé dans les tumeurs
liées au VHL et notamment l’hémangioblastome [74]
et les cancers du rein, tous richement vascularisés. La
pVHL pourrait agir sur le VEGF à la fois au niveau
post-transcriptionnel en empêchant la stabilisation des
mRNA du VEGF [19] par un intermédiaire encore
inconnu, sans doute distinct de l’élongine, et directement au niveau transcriptionnel au niveau du promoteur du facteur de transcription SP1 [46].
Des rôles physiologiques majeurs (Figure 2)
L’élongine et la régulation de la transcription
Le gène VHL joue un rôle crucial au niveau de la régulation de la transcription de l’ADN en ARN, étape sous
la dépendance de la RNA polymérase. La pVHL diminue en effet l’élongation de la transcription par interaction avec le complexe d’élongine (ou SIII), protéine
trimérique qui facilite l’action de la RNA-polymérase
lorsqu’elle rencontre des régions du génome entraînant
des «pauses» transitoires [1, 14]. La protéine VHL
comporte une zone de forte homologie avec la sousunité A (sous-unité catalytique) de l’élongine entre les
acides aminés 157 et 168 par laquelle elle se lie au
dimère B-C (sous-unité régulatrice) à l’état normal
(Figure 2). Chez les patients atteints par la maladie de
VHL et dont le gène VHL est muté, la protéine est
absente, tronquée ou non fonctionnelle, et l’élongine A
se lie donc préférentiellement au dimère B-C. Il s’en
suit une suppression des «pauses» de la RNA-polymérase dont le résultat est une élongation excessive.
L’expression de certains oncogènes étant régulée à ce
niveau, il est possible que leur surexpression soit
impliquée dans le dérèglement du cycle cellulaire [14].
La pVHL et le développement placentaire
Il n’y a pas actuellement de modèle animal permettant
une étude expérimentale des lésions de la maladie de
VHL. Les souris «recombinantes» chez lesquelles une
seule copie du gène VHL est inactivée (hétérozygotes
VHL +/-), équivalents des patients humains, ne développent aucune lésion tumorale. Les animaux chez lesquels les deux copies du gène VHL sont inactivées
(homozygotes VHL -/-) ne sont en revanche pas
viables, en raison d’un trouble majeur et précoce de la
vascularisation du placenta [20].
Mutations germinales et corrélations génotype-phénotype
La mutation du gène VHL à l’origine de la maladie
peut actuellement être identifiée dans 70% des familles
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S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
Figure 1. Fréquence des lésions majeures de la maladie de von
Hippel-Lindau, d’après quelques grandes séries de la littéra ture [10, 33, 44, 45, 61].
Figure 2. Le gène VHL est situé sur le bras court du chromoso me 3. Il comprend 3 exons qui codent pour une protéine de 213
AA. L’élongine facilite l’élongation de la transcription en sup primant les «pauses» transitoires de la RNA-polymérase. A l’état
normal, la protéine VHL se lie préférentiellement au dimère
d’élongine B-C et freine ainsi l’élongation. Quand la protéine
VHL est absente ou non fonctionnelle, le complexe d’élongine AB-C entraîne une élongation excessive et une surexpression de
certains oncogènes. La pVHL a également une action de régula tion négative sur le VEGF (dont la production est stimulée par
l’hypoxie) au niveau transcriptionnel et post-transcriptionnel.
Figure 3. Exemple d’application des tests génétiques. Il s’agit d’une vaste famille affectée par
une maladie de VHL de type 1 («sans phéochromocytome», 9 malades connus). Sept patients
présentent un cancer rénal et l’une des patientes est décédée de métastases à 48 ans. La muta tion causale a été identifiée au codon 175 et recherchée chez 10 personnes à risque asympto matiques : une seule d’entre elles apparaît porteuse d’un gène muté (IV-11). Agée de 14 ans,
elle ne présente pour l’instant aucune manifestation de la maladie. Les 9 autres personnes
initialement à risque apparaissent en revanche indemnes et ont pu être totalement rassurées
tant pour elles-mêmes que pour leur descendance.
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S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
de malades. Le plus souvent, il s’agit de mutations
ponctuelles de la séquence codante, mais des délétions
étendues s’observent également [8, 62]. Plus de 150
mutations différentes, la plupart ne touchant qu’une ou
deux familles, ont déjà été décrites, réparties sur l’ensemble des trois exons mais touchant surtout les exons
1 et 2 [75]. Des corrélations génotype-phénotype, d’intérêt majeur pour le pronostic, le dépistage et la prise en
charge des sujets à risque, sont déjà établies en ce qui
concerne le phéochromocytome (Tableau 2). Dans le
type 1 («sans phéochromocytome»), 96% des mutations observées correspondent à des délétions, des
insertions, ou des mutations non-sens («codons stop»)
dont le résultat est une protéine tronquée. A l’inverse,
92% des mutations identifiées dans le type 2 sont des
mutations faux-sens (substitution d’un acide aminé par
un autre) avec un «hot-spot» dans la région de l’interaction VHL-élongine, au niveau du codon 167, très
spécifique du type 2B [75]. En ce qui concerne le type
2A, l’existence d’un effet fondateur pour une mutation
au codon 98 (TyrHis) a été prouvé dans la région de la
Forêt Noire (Allemagne) d’où sont originaires l’ensemble des familles mondiales testées présentant ce
phénotype [4]. Le nombre de patients examinés est
encore très faible pour la plupart des mutations décrites
et ces premières corrélations demandent bien sûr à être
affinées. Dans ce but, l’analyse des données cliniques
en relation avec chaque mutation fait actuellement
l’objet de recherches communes entre les différentes
équipes et la création d’une «database» internationale
est un outil très précieux [3]. Enfin, dans le cas de néomutations prouvées (environ 20% des patients), il
n’existe pas d’origine parentale particulière du gène
muté [63].
Mutations somatiques du gène VHL et cancer rénal
sporadique
Des altérations du gène VHL sont impliquées dans la
génèse de la majorité des cancers du rein à cellules
claires sporadiques, qui constituent l’une des tumeurs
les plus fréquentes de l’adulte (3% des cancers). Des
mutations du gène VHL y sont en effet observées avec
une grande fréquence (59% des cas) et leur répartition
apparaît différente des mutations germinales : réparties
de manière plus régulière sur les trois exons, elles ne
touchent pratiquement jamais la région de liaison avec
l’élongine [2, 18]. Il s’y associe des hyperméthylations
du promoteur du gène VHL dans 19% des cas [24] et
la réintroduction in vitro du gène VHL diminue en partie la prolifération de lignées cellulaires de cancer rénal
humain porteuses d’un gène VHL délété [7], confirmant son rôle suppresseur de tumeur.
Mutations somatiques du gène VHL et autres
tumeurs sporadiques
Des mutations somatiques du gène VHL ont également
été découvertes plus récemment dans des hémangioblastomes du SNC [26, 53], quelques cas de phéochromocytomes sporadiques [15], de cystadénomes séreux du pancréas [73] et de cystadénomes épididymaires [17].
Tumorigénèse au cours de la maladie de VHL
La raison pour laquelle les tumeurs ne se développent
que dans certains organes particuliers alors que la
pVHL est exprimée dans tous les tissus demeure inconnue. La séquence des étapes menant au cancer rénal est
par ailleurs controversée. Des arguments radiologiques
[9] et des études immunocytochimiques sont en faveur
d’une séparation entre les kystes bénins d’une part et
les cancers solides ou kystiques d’autre part [31].
L’étude anatomopathologique en coupes sériées des
pièces de néphrectomie plaide au contraire en faveur
d’un passage graduel des kystes bénins aux kystes atypiques puis au cancer [67]. Des pertes alléliques du
gène VHL sont observées en fait dans toutes les
tumeurs rénales y compris les kystes bénins, et il
semble bien exister une filiation progressive du kyste
au cancer [40].
Le gène VHL est un gène suppresseur de tumeur
Le gène VHL est un «anti-oncogène» ou gène suppresseur de tumeur, c’est-à-dire que les deux copies du gène
doivent être inactivées pour qu’une tumeur se développe comme le démontrent les délétions acquises de cette
région du génome dans les tumeurs associées à l’affection (cancers du rein, hémangioblastomes), affectant
toujours l’allèle normal [71], mais aussi les différences
significatives d’âges de révélation entre tumeurs survenant au cours de la maladie de VHL et tumeurs sporadiques [43, 59]. Chez les patients atteints par le VHL,
l’ensemble des cellules de l’individu présente une
mutation germinale d’un des deux gènes VHL et un
seul évènement somatique est nécessaire : cette seconde mutation survient de manière fréquente et les
tumeurs sont habituellement multiples et précoces.
Dans le cas de tumeurs sporadiques, les deux mutations
sont au contraire somatiques et les tumeurs sont
uniques et d’apparition tardive.
L’histogénèse des hémangioblastomes du névraxe et de la
rétine demeure également obscure mais la mise en évidence de récepteurs au VEGFM est un argument solide
pour une origine vasculaire des cellules stromales [23].
PROGRES DANS LA PRISE EN
CHARGE MEDICALE
La maladie de VHL reste une affection grave, émaillée
de multiples complications lorsque le diagnostic en est
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S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
fait tardivement. L’identification du gène VHL et de
ses principales mutations constitue un progrès majeur
pour le dépistage et la surveillance médicale des personnes à risque et le diagnostic génétique présymptomatique devrait faire partie intégrante de la prise en
charge des familles concernées [Table Ronde de la
Société Américaine d’Oncologie Clinique, 1996] [68].
coce. Le problème est complexe mais, au moins dans le
cas de familles de type 2, où le risque de phéochromocytome est majeur et peut apparaître dès l’âge de 5 ans,
il paraît certainement souhaitable de proposer ce test le
plus tôt possible.
Progrès génétiques et diagnostic précoce de la maladie de VHL
La recherche d'une maladie de VHL (enquête génétique, explorations complètes, recherche d'une mutation germinale du gène VHL dans l'avenir devrait également, sans l'inquiéter inutilement, concerner tout
patient présentant une tumeur pouvant être associée à
l'affection. Le problème du cancer rénal est complexe
en raison de sa grande fréquence dans la population
générale (3% des tumeurs de l'adulte) mais une atteinte bilatérale, très inhabituelle (moins de 2% des cas),
une apparence kystique ou l'association à des kystes
rénaux multiples, la survenue du cancer à un âge précoce (inférieur à 40 ans), devraient faire envisager systématiquement l'éventualité d'une maladie de VHL.
Pour l'urologue, la découverte de cystadénomes épididymaires bilatéraux devrait conduire à la même règle.
L'hémangioblastome du névraxe ou rétinien est bien
sûr hautement évocateur de la maladie de VHL et la
recherche de VHL apparaît impérative [42, 59]. Malgré
sa rareté, la tumeur du sac endolymphatique doit également faire rechercher l'affection [45]. Dans le cas du
phéochromocytome, N EUMANN et al. [48] ont trouvé
une association à la maladie de VHL dans 19% des cas
d'une série de 82 phéochromocytomes "sporadiques".
La recherche d'une maladie de VHL apparaît donc là
encore capitale, d'autant plus que le phéochromocytome révèle fréquemment l'affection et peut rester longtemps isolé [58]. Enfin, toute tumeur kystique ou endocrine du pancréas devrait aussi faire évoquer la possibilité d'une maladie de VHL.
Patients porteurs de tumeurs sporadiques
Le pronostic de l’affection est fonction du nombre de
lésions et de leur topographie mais dépend surtout de la
précocité du dépistage et du traitement. Nombreux sont
en effet les malades chez qui le diagnostic n’est fait que
tardivement, parfois à l’occasion d’une complication
mettant en jeu le pronostic vital en urgence (hypertension intracrânienne liée à un hémangioblastome, poussée hypertensive d’un phéochromocytome) et qui présentent déjà une atteinte rénale évoluée, qu’il s’agisse
de sujets à risque non examinés ou de patients chez qui
l’affection s’est révélée par une atteinte isolée.
Dans la plupart des familles atteintes, il est désormais
possible de dépister les personnes à risque qui le souhaitent et de leur proposer une surveillance attentive
permettant de traiter le plus précocément possible les
lésions tumorales, avant l’apparition des complications
qui font leur gravité, mais aussi de rassurer définitivement les personnes indemnes [49]. Le diagnostic génétique permet ainsi une transformation complète de la
prise en charge des familles de VHL en limitant les
explorations nécessaires, contraignantes et coûteuses,
aux seuls porteurs du gène muté.
La recherche de la mutation causale touchant le gène
VHL, quand elle est identifiée chez un patient, permet
un diagnostic absolu chez les personnes à risque de son
entourage familial (Figure 3). Lorsque la mutation ne
peut être identifiée (30% des cas), une étude de liaison
par typage génétique utilisant des polymorphismes
intragéniques de type «microsatellite» est possible dans
les familles comportant plusieurs malades vivants (diagnostic «indirect»), le risque pouvant souvent être estimé avec une probabilité supérieure à 0,990 [54]. Tous
les prélèvements doivent bien sûr faire l’objet d’une
explication préalable détaillée et du recueillement d’un
consentement éclairé par un généticien ou un médecin
connaissant parfaitement la maladie de VHL.
Dépistage et surveillance des lésions de la maladie
de VHL
Outre l'enquête génétique toujours indispensable, un
certain nombre d'explorations systématiques s'imposent
chez tout patient atteint ou suspecté de VHL : dosages
des métanéphrines urinaires, IRM du névraxe, examen
ophtalmologique au verre à trois miroirs, scanner abdominal en coupes semi-centimétriques ou échographie
chez l'enfant [44, 60]. Des examens plus spécifiques
peuvent être indiqués dans un second temps pour préciser le diagnostic de telle ou telle localisation particulière (angiographie à la fluorescéine pour la rétine, IRM et
scintigraphie au MIBG pour le phéochromocytome).
Les explorations nécessaires doivent être débutées tôt et
répétées régulièrement pour surveiller l'évolution de
lésions connues ou dépister l'apparition de nouvelles
atteintes chez les malades et les sujets à risque. Les
recommandations internationales conseillent de débuter
L’âge minimal à partir duquel le diagnostic présymptomatique doit être proposé aux parents d’enfants
mineurs fait actuellement l’objet de réflexions au sein
du groupe d’étude francophone de la maladie de von
Hippel-Lindau («GEFVHL»). La demande des familles
est très forte mais doit évidemment être confrontée à
l’intérêt médical direct pour les enfants. La maladie de
VHL est de révélation pédiatrique symptomatique dans
environ 10% des cas, plaidant pour un diagnostic pré336
S. Richard, Progrès en Urologie (1998), 8, 330-339
la surveillance dès l'âge de 5 ans pour la rétine et les surrénales, 10 ans pour l'atteinte rénale et pancréatique et à
partir de 15 ans pour le névraxe.
conduit permet de maîtriser la plupart des lésions.
L'urologue est en première ligne dans la prise en charge de la maladie en raison de la survenue fréquente et
précoce de cancers rénaux à cellules claires, particulier
par leur caractère multiple et bilatéral. La chirurgie
conservatrice est indiquée en première intention
chaque fois qu'elle apparaît réalisable, afin de reculer
ou d'éviter la binéphrectomie et la dialyse. Les possibilités de diagnostic présymptomatique génétique désormais disponibles (mutation du gène VHL causale identifiable chez 70% des patients) doivent permettre de
progresser sensiblement dans la reconnaissance précoce de l'affection et particulièrement le traitement de
tumeurs rénales encore trop souvent dépistées à un
stade tardif.
Progrès thérapeutiques
Des progrès très importants ont été accomplis dans le
traitement des hémangioblastomes du névraxe, tant au
plan de la technique chirurgicale (microscope opératoire) que de la réanimation et la plupart des lésions symptomatiques peuvent être traitées efficacement [56]. Des
essais de radiochirurgie stéréotaxique sont actuellement
en cours sur les lésions cérébelleuses quiescentes ou des
localisations inextirpables [52]. Le traitement des
hémangioblastomes rétiniens fait appel au laser et à la
cryothérapie. Le traitement des phéochromocytomes est
évidemment chirurgical avec la possibilité d'interventions sous laparoscopie lorsque les lésions sont de petite taille [50]. Les tumeurs endocrines du pancréas doivent également être retirées chirurgicalement. Enfin, les
tumeurs du sac endolymphatique découvertes précocement peuvent également être enlevées chirurgicalement
afin d'éviter l'évolution vers la surdité [45].
Remerciements
Travail réalisé avec le soutien de la Ligue Nationale contre le
Cancer.
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Problèmes liés au cancer rénal
En raison de l'allongement de la durée de vie des patients,
I'atteinte rénale pose désormais les problèmes thérapeutiques les plus complexes. Il est bien sûr capital de découvrir les lésions très tôt afin de pouvoir réaliser une chirurgie conservatrice (tumorectomie ou néphrectomie partielle) préservant au mieux le parenchyme rénal tout en évitant la progression de la maladie cancéreuse, et permettant
ainsi d'éviter ou de reculer au maximum la binéphrectomie et la dialyse chez des patients jeunes et souvent lourdement affectés par ailleurs. L'attitude actuelle est d'intervenir lorsque les tumeurs font plus de 25 mm de diamètre,
le risque de dissémination métastatique apparaissant minime pour des lésions plus petites [6, 12]. Le pourcentage de
récidives ou de nouvelles tumeurs est cependant élevé
(50% à 5 ans dans la série de STEINBACH et al. [70), et il
semble capital d'informer les patients de la possibilité à
terme d'une chirurgie radicale. Une trentaine de patients
atteints par le VHL et binéphrectomisés ont été jusqu'à
présent transplantés et il ne semble pas y avoir de différence dans leur devenir par rapport à des patients greffés
n'a yant pas le VHL ni d'effet des traitements immunosuppresseurs sur les autres lésions de la maladie [21, 51, 70].
Le délai d'observation à respecter entre la binéphrectomie
et la transplantation reste cependant à préciser.
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