Communication nerveuse dans le cas de la douleur Le cerveau reçoit constamment des informations qui proviennent des milieux extérieur et/ou intérieur. Ceci est possible grâce au message nerveux qui se déplacent entre les organes. Nous prendrons l’exemple du message de la douleur appelé message nociceptif. Problématique : Comment se font les transports des informations à travers l’organisme ? I. Qu’est-ce que la douleur ? Stimulus nociceptif : un stimulus est dit nociceptif lorsqu’il est capable de produire une lésion tissulaire. Nocicepteur : récepteur préférentiellement sensible à un stimulus nociceptif. Douleur : sensation désagréable liée à une expérience émotionnelle en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle. La douleur est souvent l’interprétation d’une sensation nociceptive qui varie d’un individu à l’autre et en fonction du type de société. A la différence du plaisir, la douleur n’est pas seulement un état affectif mais c’est aussi une sensation. A ce titre, elle bénéficie de voies et de centres nerveux spécifiques, ceux de la nociception. II. Aspects fonctionnels de la communication nociceptive Les organes : Neurones et fibres nerveuses L’information nerveuse est véhiculée par des neurones. Un neurone comporte : un corps cellulaire situé dans le ganglion spinal, la substance grise de la moelle épinière ou dans le cortex, des prolongements dont un très long appelé axone ou fibre nerveuse, les autres étant des dendrites, une terminaison nerveuse. Les fibres nerveuses peuvent relier les récepteurs à la moelle épinière ou la moelle épinière au cerveau. L’acheminement du message de la douleur Les fibres nerveuses se rassemblent dans des nerfs. Les extrémités des neurones sensitifs correspondent aux récepteurs sensitifs. Ce neurone apporte l’information depuis les récepteurs vers la moelle épinière et correspond à une fibre nerveuse de type C. Un autre neurone prend alors le relais, croise le plan de symétrie anatomique dans la moelle épinière, puis remonte vers le cortex cérébral. La transmission : Nature du message : Le message nerveux est un phénomène électrique que l’on peut visualiser et enregistrer, localisé sur la membrane des fibres nerveuses. La stimulation d’un nerf engendre la création d’une variation du potentiel électrique correspondant au potentiel global du nerf. Celui-ci est codé en amplitude. L’activité électrique d’une fibre nerveuse quant à elle se traduit par une série de potentiels d’action, elle est donc codée en fréquence et répond à la loi du tout ou rien. Le message nerveux est d’autre part unidirectionnel. Transmission synaptique : Les neurones établissent des rapports entre eux au niveau de points de contact, les synapses. La transmission des messages nerveux d’un neurone à l’autre se fait par l’intermédiaire d’une substance chimique, le neurotransmetteur. Ce dernier se fixe sur la partie postsynaptique au niveau d’un récepteur spécifique à celui-ci. Un message nerveux électrique peut alors être éventuellement créé sur la membrane plasmique du neurone postsynaptique. Le neurotransmetteur se fixe un laps de temps et est ensuite dégradé. Le circuit emprunté par le message nociceptif fait appel à des structures variées et à des neurotransmetteurs. La conduction de la douleur peut alors être modulée par l’utilisation de substances chimiques diverses. Le contrôle de la douleur Les fibres C établissent une connexion synaptique au niveau médullaire, l’acheminement du message du récepteur au cerveau est dit monosynaptique. La synapse est la cible privilégiée de l’action de nombreuses molécules endogènes (fabriquées par l’organisme) ou exogènes (extérieures à l’organisme) Problématique : Comment le message nerveux peut-il être contrôlé et quelles en sont les conséquences ? I. Action des molécules endogènes Modulation du message nociceptif au niveau médullaire Au niveau de la synapse médullaire, des neurotransmetteurs, principalement le glutamate et la substance P, excitent le neurone post-synaptique afin qu’il y ait transmission du message de douleur. Pour contrôler ce message, il existe des interneurones inhibiteurs qui libèrent les enképhalines qui sont des morphines endogènes. Elles se fixent sur leurs récepteurs spécifiques, les récepteurs morphiniques, localisés sur le corps cellulaire du neurone médullaire nociceptif. Leur fixation inhibe la transmission médullaire des messages nociceptif allant vers le cerveau. Modulation du message nociceptif au niveau cérébral Il existe des neurones cérébraux, les neurones dopaminergiques, qui libèrent un neurotransmetteur, la dopamine. Cette dernière stimule les neurones en relation avec le système de récompense qui génère une sensation de plaisir. Les neurones à dopamine sont contrôlés par des interneurones inhibiteurs dont l’activité diminue la libération de la dopamine et donc du plaisir. Les enképhalines possèdent des récepteurs sur ces neurones inhibiteurs ce qui provoque leur inhibition. En conséquence, il y a une sécrétion accrue de dopamine par la levée de l’inhibition de la sensation du plaisir. Les enképhalines ont donc une action stimulatrice indirecte dans la sensation de plaisir au niveau cérébral. II. Action de molécules exogènes La douleur peut être soulagée par des médicaments ou des drogues. Ces substances prennent la place des molécules endogènes, comme la morphine qui se fixe sur les récepteurs à enképhaline. Elles ont les mêmes rôles que les substances naturelles, cependant, n’étant pas dégradées rapidement, les effets sont plus durables. Les propriétés des drogues provoquent des conséquences variées même si elles se fixent aux mêmes endroits. Quoiqu’il en soit, toute drogue provoque une toxicomanie c’est-à-dire des mécanismes de tolérance et de dépendance de l’individu face à la substance utilisée. Les mécanismes de la tolérance En cas de prise répétée d’une molécule, son efficacité diminue. Pour obtenir le même effet désiré, il va falloir augmenter les fréquences des prises et/ou la quantité de prise. Cette baisse de l’efficacité peut être due à : Une désensibilisation des récepteurs qui se mettent dans une position fermée pendant un certain temps. Une diminution du nombre de récepteurs sur la membrane post-synaptique du fait d’une trop grande stimulation générale. Ces modifications constituent une adaptation des cellules à une situation nouvelle. Les mécanismes de la dépendance Lors de l’arrêt de la prise de drogue, seule l’enképhaline est sécrétée. Non seulement son effet est moins important qu’une drogue mais en plus elle était fabriquée en plus faible quantité puisqu’elle n’avait plus d’utilité en présence de drogue. La douleur sera alors plus grande. Ce mécanisme correspond au syndrome du sevrage. A cette dépendance physique s’ajoute la dépendance psychique définie comme l’envie irrésistible de consommer la substance afin d’en éprouver les effets agréables. Elle se caractérise par l’état de manque. Les drogues exercent une activité perturbatrice sur les mécanismes biochimiques de la communication nerveuse. Ceci est lié à la ressemblance structurale entre ces substances et les neurotransmetteurs. La dépendance aux drogues est un phénomène complexe réunissant à la fois un contexte environnemental et individuel.