des idées reçues)

publicité
Je crois que, s’il fallait absolument faire un choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence.
(Gandhi)
Est de gauche (…) tout refus, même partiel, de ce qui est. Tout jugement, tout acte qui peut être dit de
gauche (…) est une contestation, timide ou radicale, fortuite ou systématique, de ce qui se
présente comme établi. Il nie quelque chose de ce qui tente de s’imposer comme non dépassable,
comme impossible, comme interdit. (Dyonis Mascolo)
Un pessimiste n’est rien d’autre qu’un optimiste bien informé…
Petite annonce sur « le bon coin.fr » : « Vends bébé neuf ». Photo à l’appui. Tout est dans le « neuf » (il
n’y manque que l’incontournable « jamais servi » des annonces en ligne). À se demander s’il
existe des bébés « vieux »… Il paraît qu’elle avait été postée par un monsieur qui avait des
doutes sur sa paternité. Cela fout les boules et la chair de poule.
Depuis samedi 1er septembre, tous les médias répercutent et commentent les résultats d’un énième
sondage sur le « moral des français ». (…) Il marquerait (…) une chute « au plus bas » de ce
moral, chute qui serait sans précédent depuis 2005. 68% seraient toujours pessimistes ? En dépit
de l’arrivé de la gauche au pouvoir. Diable ! (…) En réalité, cette perception est mensongère. Le
sondage en question ne correspond pas vraiment à ce que disent les titres. Comme pour les
contrats d’assurance, il faut lire ce qui est écrit en petits caractères. On apprendra ainsi que le
fameux moral est surtout « en baisse » chez les personnes âgées, les commerçants et les inactifs,
mais qu’il ne l’est pas du tout chez les ouvriers. Ces derniers seraient même nettement plus
optimistes (+4%) qu’en janvier. On suppose qu’il en va de même pour les employés. Au total, il
aurait été plus exact de titrer ce sondage : « Les classes populaires ont meilleur moral ». Qui a
pris cette peine ? Pourquoi personne ne l’a fait ? (…) Essayons d’aller plus loin. L’Insee, organisme
d’État et non plus entreprise privée comme l’Ifop, publie mensuellement depuis 1994 une enquête
dite « de conjoncture » auprès des ménages. (…) Depuis 2004, le questionnaire utilisé (…) a été
refondu et harmonisé au niveau européen. Il consiste désormais en onze questions. Surprise :
elles sont toutes financières -niveau de vie espéré, épargne projetée, dépenses prévues, etc. Bref,
ce ne sont pas vraiment les Français que l’on sonde, mais le consommateur qui sommeille en eux
(…) Au final, ce qu’on appelle notre « moral » se ramène tout bêtement à notre envie d’acheter !
Notre âme, celle de nos concitoyens et concitoyennes, se trouve ainsi indexée sur la seule agilité
de leur carte de crédit. C’est fou !
(Jean-Claude Guillebaud)
L’art est ce qui vous rend la vie plus intéressante que l’art. (cité par Juliette Kapla)
La solution aux crises que nous traversons est de subvertir le réel, non de le reproduire ; de rendre
possible le souhaitable et non de se mouler dans les cadres existants. (Clémentine Autain)
Musique : fait penser à un tas de choses. Adoucit les mœurs. Ex : la Marseillaise. (Flaubert, Dictionnaire
des idées reçues)
Maintenant, « Mister President », le plus difficile reste à faire : refaire le monde, comme promis. Mais
vous allez vous apercevoir que Jésus et le Che ont un léger avantage sur vous : ils sont morts et
ne peuvent donc plus décevoir. (Ted Stanger, journaliste américain)
La véritable paix c’est quand le loup et l’agneau partageront la même couche ; mais alors l’agneau ne
dormira pas beaucoup. (Woody Allen)
Si les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples, c’est uniquement parce qu’ils ne réalisent
pas à quel point la vie est compliquée. (Neumann, mathématicien)
Le plus dur n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. (réplique dans le film La haine de Mathieu Kassovitz)
Une campagne, c’est de la poésie ; mais gouverner, c’est de la prose. (Mario Cuomo, ex-gouverneur de
New-York)
21% des Français sont à découvert en fin de mois.
Les Amis de la Terre, qui depuis deux ans se battent contre l’obsolescence programmée, notent que pas
moins de 37% de nos gadgets high-tech ne vivent pas plus d’un an et demi (…) Ils proposent que
la garantie de tous ces bibelots soit portée à dix ans. Mais, dix ans, est-ce suffisant ? Rappelons
que, fabriquer des objets durables, l’industrie sait parfaitement faire. Regardez les Airbus : ils ne
subissent leur première révision complète qu’après vingt-cinq années d’exploitation. La moindre
vis doit tenir le coup un quart de siècle. Et les centrales nucléaires (…) EDF veut prolonger leur vie
jusqu’à 50 ans minimum. Cette logique de l’obsolescence gagne pourtant tous les objets qui nous
environnent. Or le gadget jetable mène à un monde jetable. Nous forçant à acheter de la
camelote, c’est transformer ce monde en camelote. Et l’on sait depuis les écrits de Günther
Anders que cela mène à l’« obsolescence de l’homme ». (Jean-Luc Porquet)
Être privés de sexe ou d’Internet pendant un an ? S’ils devaient faire ce terrible choix, 18% des jeunes
Allemands ont avoué préférer renoncer à l’étreinte plutôt qu’à l’écran.
Le PS, je crois qu’il est mort. Pas les socialistes ou leurs idées, mais le parti. Il peut survivre quelques
années, mais il n’est plus capable d’incarner la grande force du changement en France. (…) Le PS
est devenu incapable d’écouter la société. Il n’a ni projet, ni perspectives, ni militants.
(Déclarations, en novembre 1992, d’Harlem Désir, nouveau Premier secrétaire du PS)
L’orgueil est un défaut, la fierté un minimum. (Jérôme Cahuzac)
Les musulmans n’oublieront jamais ni les croisades contre les infidèles ni le fait que des étrangers
règnent en Terre sainte. Leur rejet de l’Occident est aussi fort que celui qui a frappé pendant des
siècles le peuple juif, peuple déicide qui n’a pas su reconnaître le Seigneur. Aujourd’hui, tous les
enfants musulmans apprennent à haïr les occupants de la Palestine comme, pendant si
longtemps, les enfants chrétiens ont appris à se souvenir que c’était les juifs qui avaient tué le
Christ. (Jean Daniel)
Comment croire la réponse de quelqu’un qui n’a pas compris qu’on lui posait une question ?
En France, un dossier de surendettement est déposé toutes les deux heures.
A l’heure où la France est sommée de se taire plutôt que de « jeter de l’huile sur le feu », et où un acte
de résistance (« Charlie Hebdo ») est assimilé à une provocation, il est terrible de constater à quel
degré de veulerie et d’impuissance nous sommes tombés. (Samuel G., Le courrier des lecteurs,
Nouvel Obs)
Pourquoi l’Élysée emploi-t-il près de 900 personnes alors que la Maison Blanche ne compte que 583
employés ? Pourquoi es dépenses courantes de l’Élysée sous Sarko avaient-elles atteint 19,8
millions d’euros alors que celles d’Obama à la Maison Blanche ne s’élevaient qu’à 10 millions ?
En 40 ans, la consommation de vin en France est passée de 95,6 à 22,7 litres par personne et par an ; et,
la preuve que nos compatriotes sont passés à l’eau : en 60 ans, le pourcentage de personnes
déclarant prendre au moins une douche par jour est passé de 37% à 71% !
Toute colonisation entraîne un double désastre, celui du colonisé, celui du colonisateur. (Ellul)
La solitude, c’est mieux à deux…
En France, le nombre de milliardaires est passé de 89 en 1996 à 278 en 2011. Quant à leur bas de laine, il
a enflé, dans le même temps, de 21,3 à 107 milliards.
La France est classée 26ème sur 30 pays pour le rattrapage des inégalités sociales à l’école.
Il croit qu’il sait, il ne sait pas qu’il croit.
(Jean Rostand, biologiste)
Il y a seulement moins de dix ans, Facebook n’existait pas, twitter était un son, le cloud était toujours un
nuage et 4G un numéro de place de parking…
Avec le tabac, l’alcool occasionne 100.000 morts par an.
Qu’est-ce qui arrive à notre Vieux Continent pour que « l’éthique de l’argumentation » (au sens où
l’entend le philosophe Jürgen Habermas) s’y trouve à ce point profanée ? Tant de glissades vers
la vulgarité inculte, le glapissement irréfléchi et le « plan média » à la petite semaine laissent sans
voix. (Jean-Claude Guillebeaud)
Dix-sept mètres de plus, et ce serait la tour Eiffel. Le « One57 » sera l’immeuble résidentiel le plus élevé
de New York quand il sera inauguré, fin 2013. Les neuf étages les plus élevés ont déjà été
vendus ; parmi eux, deux duplex qui sont partis à plus de 90 millions de dollars l’unité.
Les six héritiers de la famille Walton, propriétaires de la chaîne de supermarchés Wal-Mart, ont
une fortune égale au patrimoine cumulé de 100 millions d’Américains !
Les 1% les plus riches, ces fameux 1% que dénonçait Occupy Wall Street, possèdent autant que
90% de la population !
La technologie du « narrowcasting » (diffusion étroite d’informations) permet de ne recevoir que
les infos confortant votre identité, vos convictions, à l’exclusion des autres.
Cette religion politique de l’individu n’est pas nouvelle. Tocqueville soulignait déjà les dangers de
l’individualisme démocratique, et Paul Ryan, le colistier de Mitt Romney, a décrit sa jeunesse en
termes que n’aurait pas reniés Ayn Rand, l’écrivain fétiche de la droite : « Mon propre chemin,
mon propre voyage, un voyage américain où je pouvais penser pour moi-même, décider pour
moi-même, définir le bonheur pour moi-même. » Dilemme intéressant, au passage, pour
l’Amérique conservatrice : les interdits moraux collectifs qu’elle défend sont directement minés par
son hyper-individualisme doctrinaire. Après avoir écouté Paul Ryan, un jeune républicain n’a pas
beaucoup plus de raisons qu’un démocrate de s’interdire de choisir sa sexualité et celle de son
partenaire. Avec les nouvelles générations, tous ces interdits sont balayés par l’individualisation.
Dans le Dakota du Sud, des élus ont tenté de faire voter une loi pour légaliser le meurtre des
médecins pratiquant l’avortement. Une drôle de façon de se proclamer pro-vie…
Les États-Unis représentent à peine plus de 5% de la population mondiale, mais 25% de la
population carcérale du monde. Contrairement à ce que les médias colportent allègrement, les
Afro-Américains ne représentent pas la majorité des condamnés à mort. Ce sont bien les Blancs
qui peuplent majoritairement les couloirs de la mort. En revanche, et c’est très révélateur, la
majorité des exécutés sont bel et bien afro-américains.
(puisé dans le dossier spécial USA du Nouvel Obs du 18 au 24 octobre 2012)
La gauche moderne semble avoir abandonné sa quête d’une métaphysique de la raison (Schopenhauer)
au profit d’un réalisme soumis aux forces prosélytes des religions et des obscurantismes cachés
de la laïcité. (Jean Guilhem Le Rouge, courrier des lecteurs du N.Obs)
Ne conviendrait-il pas de mettre un terme à la mascarade sportive des héros de la grande boucle ? Ou
alors, ce sont les médecins qui devraient monter sur le podium. (Guillaume Malaurie)
Grâce à l’appui de sénateurs des deux bords, l’amendement Cardin-Lugar a pu être voté : la loi oblige
désormais toutes les sociétés minières et pétrolières cotées à la Bourse de New York à déclarer
les sommes qu’elles ont dû débourser afin d’obtenir leurs contrats. C’est ce que nous disent les
Africains : notre continent est riche, il y a de telles réserves sous les pieds de nos enfants,
minéraux, pétrole, gaz, sans parler des ressources naturelles comme la deuxième plus grande
forêt tropicale au monde. Comment extraire ces richesses du sol au profit de nos concitoyens ? En
luttant contre la corruption, qui tue plus d’enfants que la malaria, le sida ou la tuberculose. Quel
est le vaccin qui permet d’éradiquer la corruption ? C’est la transparence. C’est la lumière du jour.
Quand tout est révélé au grand jour, les sociétés civiles peuvent poser les bonnes questions à
leurs gouvernements : où est passé cet argent ? Combien avez-vous touché pour les mines d’or,
les concessions gazières ? La lumière du jour est l’ennemie de la corruption. (Bono, rock star et
cofondateur de l’ONG One)
Si l’ouragan « Sandy » avait frappé un pays du tiers monde, les télés nous montreraient les tristement
sempiternelles files d’attente et bagarres pour se procurer de l’eau potable, du lait, un peu de
maïs, des couvertures ou des médicaments d’urgence. À New York, on assiste à la quête de prises
électriques pour recharger les portables. Si, si ! (vu à la télé)
L’objet de la philosophie politique n’a guère changé depuis sa fondation par les Grecs : il s’agit de
déterminer les critères du juste et de l’injuste, de penser les conditions de la vie en commun. Ce
qui est nouveau, c’est la montée d’un sentiment de dépossession démocratique et le reflux des
perspectives de progrès. La politique ne parvient plus à décider de la vie en commun, qui se joue
au niveau de puissances économiques n’ayant pas à répondre de leurs actes. Financiarisation de
l’économie et médiatisation du politique ont convergé pour priver la politique d’enjeux réels.
(Jean-Claude Monod)
Nous avons le sentiment de vivre au bord d’un gouffre. Face à la catastrophe qui menace, nous
traduisons nos exigences en termes de préservation : il faut sauver la nature, la planète, les
frontières, la culture, la langue… La philosophie politique suit la même évolution : qu’elle se
soucie du « care » (le soin), des « capabilités » (c’est le thème central d’Amartya Sen) ou du
catastrophisme écologique, l’idée domine qu’une société juste doit s’intéresser aux conditions
concrètes de vie des individus plutôt qu’à leur destin commun. (Michaël Fœssel)
N.Obs : Prendre en compte les conditions concrètes de vie, cela semble une bonne chose…
Bien sûr, mais il y a un prix à payer. Réduire la vie humaine à la vie individuelle (biologique,
psychique, économique…) c’est confondre la politique et la morale. La première vise le juste et se
déroule dans l’espace public, la seconde cherche le bien et relève plutôt de la sphère privée. Or,
quand la politique se pique de morale, on l’a vu par le passé, elle cesse d’être démocratique. Il n’y
a plus de confrontation d’opinions, mais seulement des évidences qui s’imposent sans discussion.
Et qui énonce ces évidences ? L’expert. Lui seul sait ce qui est bien, sait ce qu’il faut préserver.
(…) (MF)
Il existe ce que j’appelle une « illusion des bienfaits automatiques de l’impersonnel », d’ailleurs
commune au marxisme et au néolibéralisme : pour le premier, ce sont les masses anonymes qui
font l’Histoire ; pour le second, c’est le marché autorégulé qui assure le bien-être commun. Moins
il y a de volonté humaine et mieux le monde se porterait. (…) J-CM)
Le néolibéralisme a trahi le libéralisme politique. Il ne vise pas la liberté, mais l’efficience via des
contrôles et des normes. Sa liberté est limitée à sa liberté d’entreprise, laquelle s’accommode très
bien de la disparition des autres libertés, comme en attestent la Chine, la Russie ou la Tunisie de
Ben Ali. C’est que le néolibéralisme repose sur l’idée d’un savoir supérieur que seuls les experts
possèdent. En philosophie politique, il existe un clivage essentiel autour de la question suivante :
la politique relève-t-elle d’un savoir ? Platon répond oui et veut confier les affaires de la cité au
philosophe, qui détient ce savoir du bien. Aristote répond non et croit à la confrontation des
convictions. Les technocrates néolibéraux sont, d’une certaine manière, les platoniciens
d’aujourd’hui : pour eux, le marché est source de vérité et la parole du peuple ne peut produire
que du désordre. Voilà pourquoi le néolibéralisme est tendanciellement antidémocratique : c’est le
fameux « there is no alternative » de Margaret Tatcher. (MF)
Le libéralisme est une composante de la démocratie qui permet de limiter chaque pouvoir et de
l’équilibrer par d’autres pouvoirs. Sur ce point, l’Europe est libérale, elle veille au respect des
droits et c’est une très bonne chose. Mais la démocratie ne se limite pas au droit, elle se définit
aussi pouvoir du peuple sur son sort. De ce point de vue, il y a de moins en moins de démocratie.
Le néolibéralisme, qui s’est construit en réaction aux totalitarismes, nourrit une certaine phobie
envers la politique et envers l’État. C’est cette tendance-là que nous combattons tous.(…) Le
néolibéralisme a lancé une OPA sur l’avenir. Notre travail est de réinjecter du possible et du
désirable dans un univers économique, politique, médiatique et intellectuel où tout paraît
impossible. (J-CM)
Le néolibéralisme a engendré depuis vingt ans une explosion des inégalités et une mise à sac
démentielle des ressources de la planète. Parce qu’ils doivent colmater la rage grandissante des
dépossédés, des rejetés, des endettés, les régimes néolibéraux sont voués à devenir des États
policiers. Le problème est que, dès qu’on prétend contester le dogme de l’efficience des marchés,
on se voit retourner l’éternel argument du totalitarisme. On vous balance Staline en pleine tête,
comme s’il fallait décider entre le marché dérégule et le goulag. « Malheur à moi, je suis une
nuance. » écrivait Nietzsche. Aujourd’hui, il faut redonner une dignité à la volonté politique plutôt
que d’attendre les effets enchanteurs d’une autorégulation qui ne profite qu’à une minorité.
(Frédéric Gros)
(Extraits d’un débat de l’Obs : Trois philosophes jugent le néolibéralisme. Extension du domaine
du marché)
Téléchargement