La gauche moderne semble avoir abandonné sa quête d’une métaphysique de la raison (Schopenhauer)
au profit d’un réalisme soumis aux forces prosélytes des religions et des obscurantismes cachés
de la laïcité. (Jean Guilhem Le Rouge, courrier des lecteurs du
N.Obs
)
Ne conviendrait-il pas de mettre un terme à la mascarade sportive des héros de la grande boucle ? Ou
alors, ce sont les médecins qui devraient monter sur le podium. (Guillaume Malaurie)
Grâce à l’appui de sénateurs des deux bords, l’amendement Cardin-Lugar a pu être voté : la loi oblige
désormais toutes les sociétés minières et pétrolières cotées à la Bourse de New York à déclarer
les sommes qu’elles ont dû débourser afin d’obtenir leurs contrats. C’est ce que nous disent les
Africains : notre continent est riche, il y a de telles réserves sous les pieds de nos enfants,
minéraux, pétrole, gaz, sans parler des ressources naturelles comme la deuxième plus grande
forêt tropicale au monde. Comment extraire ces richesses du sol au profit de nos concitoyens ? En
luttant contre la corruption, qui tue plus d’enfants que la malaria, le sida ou la tuberculose. Quel
est le vaccin qui permet d’éradiquer la corruption ? C’est la transparence. C’est la lumière du jour.
Quand tout est révélé au grand jour, les sociétés civiles peuvent poser les bonnes questions à
leurs gouvernements : où est passé cet argent ? Combien avez-vous touché pour les mines d’or,
les concessions gazières ? La lumière du jour est l’ennemie de la corruption. (Bono, rock star et
cofondateur de l’ONG One)
Si l’ouragan « Sandy » avait frappé un pays du tiers monde, les télés nous montreraient les tristement
sempiternelles files d’attente et bagarres pour se procurer de l’eau potable, du lait, un peu de
maïs, des couvertures ou des médicaments d’urgence. À New York, on assiste à la quête de prises
électriques pour recharger les portables. Si, si ! (vu à la télé)
L’objet de la philosophie politique n’a guère changé depuis sa fondation par les Grecs : il s’agit de
déterminer les critères du juste et de l’injuste, de penser les conditions de la vie en commun. Ce
qui est nouveau, c’est la montée d’un sentiment de dépossession démocratique et le reflux des
perspectives de progrès. La politique ne parvient plus à décider de la vie en commun, qui se joue
au niveau de puissances économiques n’ayant pas à répondre de leurs actes. Financiarisation de
l’économie et médiatisation du politique ont convergé pour priver la politique d’enjeux réels.
(Jean-Claude Monod)
Nous avons le sentiment de vivre au bord d’un gouffre. Face à la catastrophe qui menace, nous
traduisons nos exigences en termes de préservation : il faut sauver la nature, la planète, les
frontières, la culture, la langue… La philosophie politique suit la même évolution : qu’elle se
soucie du « care » (le soin), des « capabilités » (c’est le thème central d’Amartya Sen) ou du
catastrophisme écologique, l’idée domine qu’une société juste doit s’intéresser aux conditions
concrètes de vie des individus plutôt qu’à leur destin commun. (Michaël Fœssel)
N.Obs : Prendre en compte les conditions concrètes de vie, cela semble une bonne chose…
Bien sûr, mais il y a un prix à payer. Réduire la vie humaine à la vie individuelle (biologique,
psychique, économique…) c’est confondre la politique et la morale. La première vise le juste et se
déroule dans l’espace public, la seconde cherche le bien et relève plutôt de la sphère privée. Or,
quand la politique se pique de morale, on l’a vu par le passé, elle cesse d’être démocratique. Il n’y
a plus de confrontation d’opinions, mais seulement des évidences qui s’imposent sans discussion.
Et qui énonce ces évidences ? L’expert. Lui seul sait ce qui est bien, sait ce qu’il faut préserver.
(…) (MF)
Il existe ce que j’appelle une «
illusion des bienfaits automatiques de l’impersonnel
», d’ailleurs
commune au marxisme et au néolibéralisme : pour le premier, ce sont les masses anonymes qui
font l’Histoire ; pour le second, c’est le marché autorégulé qui assure le bien-être commun. Moins
il y a de volonté humaine et mieux le monde se porterait. (…) J-CM)
Le néolibéralisme a trahi le libéralisme politique. Il ne vise pas la liberté, mais l’efficience via des
contrôles et des normes. Sa liberté est limitée à sa liberté d’entreprise, laquelle s’accommode très
bien de la disparition des autres libertés, comme en attestent la Chine, la Russie ou la Tunisie de