Cancer gastrique, une prise en charge multidisciplinaire

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oncologie pour le praticien
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§
Cancer gastrique, une prise en charge
multidisciplinaire
INTRODUCTION
L
Rédaction :
P. Bohanes
A. D. Roth
O. Huber
Coordination rédactionnelle :
M. S. Aapro
P.-A. Plan
Rev Med Suisse 2009 ; 5 : 1569-75
Adresse
Drs Pierre Bohanes et Arnaud D. Roth
Département de médecine interne
Dr Olivier Huber
Département de chirurgie
HUG, 1211 Genève 14
0
e cancer gastrique est une pathologie fréquente. Il représente
à l’échelle planétaire environ
934 000 nouveaux cas par année selon
le Centre international de recherche sur
le cancer (IARC) soit 8,6% de la totalité
des nouveaux cancers. Ceci le porte à la
quatrième place en termes d’incidence
derrière les cancers du poumon (12,4%),
du sein (10,6%) et colorectal (9,4%). Le
cancer gastrique est plus fréquent chez
l’homme avec un rapport 2 : 1.1 Il représente la deuxième cause de mortalité
oncologique (10,4%) après le cancer du
poumon (17,6%). On note une grande
disparité géographique de sa prévalence, avec une prédominance dans les pays
en voie de développement (60% des cas).
En ce qui concerne l’Europe, l’incidence
est la plus élevée en Europe de l’Est ainsi
qu’au Portugal.
Au cours des dernières décennies, on
a constaté au niveau mondial une diminution de la prévalence et de la mortalité
du cancer gastrique. En Suisse, la mortalité annuelle liée au cancer gastrique a
diminué de 72% entre les années 1980
et 2001.2 Une des hypothèses les plus
communément avancées pour expliquer
cette baisse est le changement des
moyens de conservation des denrées alimentaires avec l’arrivée de la réfrigération. Celle-ci a permis de réduire la salaison, la saumure et le fumage des aliments
et d’augmenter la consommation de légumes et fruits frais. La reconnaissance
d’autres facteurs de risques tels que l’Helicobacter pylori (HP) et son éradication y
ont probablement également participé.
Mentionnons également un déplacement de la distribution des cancers gastriques distaux de l’antre vers les tumeurs
proximales du cardia.3 Une explication
avancée est une relation inverse avec
l’infection de l’HP (contrairement aux tumeurs distales), dont l’incidence diminue
dans les pays industrialisés suite aux
campagnes d’éradication.4 Ces tumeurs
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sont plus fréquentes chez les hommes
avec un rapport 5 : 1 et chez les Caucasiens.5 D’autres facteurs les distinguent,
notamment un lien plus intime au tabagisme, une association à l’obésité responsable de reflux gastro-œsophagien,6
ainsi qu’une plus grande agressivité.7
PATHOGENÈSE ET FACTEURS
DE RISQUES
A la différence du cancer colorectal
où une séquence par étapes conduit de
la dysplasie au carcinome, celle-ci n’est
pas formellement établie dans le cancer
gastrique. Toutefois un modèle est généralement accepté pour le cancer gastrique de type intestinal uniquement, qui
décrit une progression de la gastrite
chronique à la gastrite chronique atrophique, puis à la métaplasie intestinale
et la dysplasie avant la transformation
éventuelle en adénocarcinome.8
Les principaux facteurs de risque sont
les facteurs environnementaux. Il est intéressant de constater que des études
de migration montrent que les populations à risque élevé tendent à réduire ce
risque lors d’émigrations dans des zones à plus faible risque, surtout dès les
deuxième et troisième générations.9 Les
facteurs environnementaux ont donc probablement plus d’influence que les facteurs génétiques. Les facteurs incriminés
sont une nutrition salée et fumée (riche
en nitrates) et pauvre en légumes et fruits
frais. La consommation d’alcool ainsi que
le tabagisme sont également cités. La
vitamine C et le bêta-carotène ont possiblement des effets protecteurs.
Un facteur étiologique spécifique est
l’HP. Bien que des études initiales aient
conduit à désigner HP comme carcinogène humain dès 1994, les données plus
récentes suggèrent qu’il ne serait qu’un
cofacteur dans la carcinogenèse gastrique (élément incriminant pour les tumeurs
distales et possiblement protecteur pour
les tumeurs du cardia). Le risque pourrait
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être augmenté selon la souche d’HP et
ses facteurs de virulence, ainsi qu’en
fonction du polymorphisme de certains
gènes pro-inflammatoires de l’hôte (interleukine 1 bêta) déterminant la qualité et
l’intensité de sa réponse inflammatoire à
l’agent pathogène.10 Pour l’instant, les
données sur l’éradication d’HP chez les
sujets sains n’ont pas montré de diminution de la survenue de cancers gastriques.11 D’autres études à plus grande
échelle sont en cours.
Citons quelques autres facteurs prédisposants, cliniquement moins pertinents, tels qu’un antécédent personnel
de gastrectomie pour maladie bénigne,
la radiothérapie, l’anémie pernicieuse, la
maladie de Ménétrier et, possiblement,
le virus Epstein-Barr.
PRÉDISPOSITION FAMILIALE
Les agrégations familiales représentent une proportion probablement non
négligeable de cette maladie, comme suggéré dans certaines études italiennes qui
montrent une agrégation familiale dans
10% des cas.12 L’atteinte germinale responsable n’est connue que dans une minorité de cas. Les syndromes héréditaires
autosomaux dominants connus sont : le
syndrome de Lynch ou Hereditary nonpolyposis colorectal carcinoma cancer
(HNPCC) qui représente un risque majeur
(jusqu’à dix-neuf fois), la polypose familiale qui conduit cependant à un cancer
gastrique dans moins de 10% des cas, et
la mutation du gène de la cadherin-E
(CDH1) qui est responsable de cancers
gastriques de type diffus (ainsi que de
carcinomes du sein lobulaires). Des critères de consensus pour le diagnostic
de cancer gastrique familial ont été proposés (tableau 1) afin de proposer un
dépistage génétique.13 Le groupe à l’origine de ce consensus recommande une
Tableau 1. Critères de consensus
pour le diagnostic de cancer gastrique familial par l’International
Gastric Cancer Linkage Consortium (IGCLC)
gastrectomie prophylactique dès l’âge
de vingt ans en cas de mutations de
CDH1. Ces critères complètent les critères de Bethesda et d’Amsterdam utilisés pour le dépistage du HNPCC.
PATHOLOGIE ET
CLASSIFICATION
Il existe actuellement deux classifications pathologiques communément utilisées. La première a été développée par
Lauren et la deuxième par l’OMS. Lauren
a divisé les cancers gastriques en deux
types principaux : intestinal et diffus.14 Le
type intestinal est constitué de structures
glandulaires, généralement bien délimitées. Le type diffus est composé de petites
cellules rondes qui s’étendent plus ou
moins diffusément dans la paroi gastrique.
La classification de l’OMS, moins communément utilisée, est basée essentiellement sur des critères morphologiques.15
Elle comprend les types papillaires, tubulaires, mucineux et à cellules en bague à
sceau. La linite plastique est une unité
anatomopathologique macroscopique
résultant d’une infiltration extensive de la
paroi gastrique par un cancer gastrique
de type diffus. Son aspect typique d’estomac tubulaire rigide se voit lors d’un
transit baryté.
En ce qui concerne la définition du
stade d’extension, la classification TNM
reste le standard international (tableaux
2 et 3). Des analyses multivariées ont
montré que la classification de Lauren
garde une valeur pronostique, le type
diffus ayant le plus mauvais pronostic
même après considération du stade
TNM.16 Le cancer gastrique est malheureusement souvent diagnostiqué tardivement dans les pays occidentaux. La
survie à cinq ans aux Etats-Unis est de
78%, 58%, 34%, 20%, 8% et 7% respectivement pour les stades IA, IB, II,
IIIA, IIIB et IV.17 La survie moyenne globale à cinq ans, tous stades confondus,
est de 31% pour les femmes et de 25%
pour les hommes. Ces valeurs sont comparables en Europe avec une survie à cinq
ans de 25,4% pour les femmes et de 20%
pour les hommes.18
CLINIQUE
Les symptômes cliniques initiaux les
plus fréquents sont peu spécifiques, ce
qui explique le diagnostic tardif : épigastralgies, nausées, vomissements et perte
pondérale. Cette dernière est plus souvent consécutive à une prise calorique
insuffisante (liée à des symptômes obstructifs) qu’à un catabolisme excessif. La
dysphagie est fréquente surtout dans les
tumeurs proximales et entraîne un amaigrissement rapide. Il est intéressant de
noter que bien qu’une spoliation occulte
soit commune, une hémorragie digestive
massive (méléna ou hématémèse) est
Tableau 2. Classification TNM des cancers gastriques (AJCC 2002)
Tumeur primaire (T)
Tis
Carcinome in situ (tumeur intra-épithéliale sans infiltration de la lamina propria)
T1
Tumeur envahit la lamina propria ou la sous-muqueuse
T2
Tumeur envahit la musculaire propre (T2a) ou la sous-séreuse (T2b)
T3
Tumeur perfore la séreuse (envahit le péritoine sans invasion des structures
avoisinantes)
T4
Tumeur envahit les structures avoisinantes (rate, côlon, foie, pancréas, glandes
surrénales, intestin grêle, diaphragme, paroi abdominale et rétropéritoine)
Ganglions lymphatiques régionaux (N)
N0
Pas de métastases dans les ganglions régionaux
N1
Métastases dans 1 à 6 ganglions régionaux
• M 2 cancers gastriques de type diffus
chez un parent du 1er/ 2e degré dont un
de l 50 ans ou
N2
Métastases dans 7 à 15 ganglions régionaux
N3
Métastases dans L 15 ganglions régionaux
• M 3 cancers gastriques de type diffus
chez un parent du 1er/ 2e degré à
n’importe quel âge
M0
Pas de métastases à distance
M1
Métastases à distance (les ganglions rétropancréatiques, paraaortiques, portes,
rétropéritonéaux et mésentériques sont considérés comme métastatiques)
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Métastases à distance (M)
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Tableau 3. Regroupement en stade (AJCC 2002)
Tumeur primaire (T)
Ganglions lymphatiques
régionaux (N)
Métastases
à distance (M)
Stade 0
Tis
N0
M0
Stade IA
T1
N0
M0
Stade IB
T1
T2a/b
N1
N0
M0
M0
Stade II
T1
T2a/b
T3
N2
N1
N0
M0
M0
M0
Stade IIIA
T2a/b
T3
T4
N2
N1
N0
M0
M0
M0
Stade IIIB
T3
N2
M0
N1-3
N3
N’importe quel N
M0
M0
M1
Stade IV
T4
T1-3
N’importe quel T
relativement rare. A l’examen clinique, la
trouvaille la plus fréquente signant une
dissémination métastatique par voie lymphatique est la présence d’une adénopathie sus-claviculaire gauche (ganglion
de Troisier ou de Virchow). On peut également trouver une adénopathie axillaire
gauche (nœud d’Irish) ou une métastase
périombilicale (nodule de Sœur Marie Joseph). La carcinose péritonéale se manifeste généralement par l’apparition d’une
ascite.
DIAGNOSTIC ET
STADIFICATION
Le diagnostic du cancer gastrique
repose sur une biopsie par voie endoscopique (gastroscopie) ou par voie chirurgicale. Il est essentiel de pratiquer
plusieurs biopsies de la zone suspecte
(classiquement sept biopsies) en raison
d’une mauvaise sensibilité de la biopsie
unique (98 vs 70%).19 Dans le cas de
certaines tumeurs de type histologique
diffus, les biopsies extensives peuvent
malgré tout revenir négatives en raison
d’une infiltration tumorale uniquement
sous-muqueuse. Il faudra alors avoir recours à des biopsies profondes.
On dispose de plusieurs outils pour
définir le stade tumoral (tableau 4). L’examen standard pour évaluer l’extension
locorégionale est l’échoendoscopie. Elle
est, de loin, le meilleur moyen d’évaluer
l’extension de la tumeur primaire (stade T) ; elle procure également des renseignements de valeur sur une éventuelle
atteinte ganglionnaire locorégionale (stade N), démontrant parfois de surcroît la
présence de liquide libre intrapéritonéal
faisant suspecter une carcinose péritonéale. Elle donne également la possibilité
de ponctionner les ganglions ou masses
suspectes. Il s’agit cependant d’un examen difficile, dont le rendement dépend
énormément de l’expérience de l’examinateur. Ainsi, il est de plus recommandé
d’effectuer un CT-scan thoraco-abdominal
afin d’exclure une dissémination tumorale
Tableau 4. Bilan initial avant traitement
• Formule sanguine, tests hépatiques et fonction rénale
• Gastroscopie avec biopsies multiples (éventuellement profondes)
• Scanner thoracique et abdominal (stades N et M)
• Echoendoscopie haute (stades T et N)
• Transit baryté si tumeur proximale et/ou si traitement néoadjuvant
• IRM et/ou ultrason hépatique en cas de suspicion de lésions hépatiques
• PET-CT si bilan scanographique équivoque
• Scintigraphie osseuse à envisager si clinique d’une dissémination osseuse et bilan
scanographique négatif
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à distance, notamment hépatique, pulmonaire ou ovarienne (tumeur de Krukenberg), et d’étudier les aires ganglionnaires
régionales. Il faut savoir qu’un CT-scan
négatif ne permet pas d’exclure avec certitude une atteinte péritonéale, car sa sensibilité est mauvaise sur ce point (20%
de faux négatifs).20 La laparoscopie exploratrice (ou éventuellement le lavage
péritonéal) permet de s’assurer de la résécabilité en excluant la carcinose péritonéale, surtout en cas de tumeur avancée T3-T4. Enfin, le transit baryté peut
quant à lui s’avérer utile en vue de l’intervention chirurgicale, surtout en cas de
traitement néoadjuvant préalable, car il
permet de localiser précisément la tumeur sur l’organe, ce qui sera crucial
pour la tactique chirurgicale, tout particulièrement en cas de réponse complète. Il
permet également de différencier une
tumeur du tiers distal de l’œsophage
d’une tumeur gastrique proximale, chacune exigeant une approche chirurgicale
différente.
Il n’y a pas actuellement de preuve
qu’un PET-CT de routine apporte un bénéfice dans le cancer gastrique. Il peut
toutefois contribuer à la détection de
métastases lorsque le bilan effectué (CT
ou IRM) est équivoque, notamment pour
la détection de métastases hépatiques.
Par contre, il est peu utile pour exclure
une dissémination péritonéale.21 Une
application prometteuse du PET-CT est
la possibilité de déterminer quels sont
les patients qui bénéficient d’une chimiothérapie néoadjuvante : une diminution
précoce de l’hyperactivité métabolique
tumorale déjà quelques semaines après
le début de la chimiothérapie semble en
effet prédire fidèlement la réponse au
traitement.22 En l’absence d’une réponse précoce, la chimiothérapie sera alors
interrompue. Cette diminution précoce
de l’hyperactivité métabolique semble
par ailleurs être un facteur indépendant
de bon pronostic.
Les marqueurs tumoraux (CEA et
CA19-9) n’ont pas de place lors du diagnostic. Ils peuvent par contre s’avérer
utiles dans le suivi du traitement oncologique. La scintigraphie osseuse n’est pas
effectuée de routine.
PLAN THÉRAPEUTIQUE
Il est capital de s’entendre avec les
différents intervenants sur la stratégie
thérapeutique dès le diagnostic d’une
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tumeur gastrique en raison de l’éventail
des possibilités thérapeutiques. Le meilleur moyen est d’en discuter en équipe
multidisciplinaire réunissant au minimum
le chirurgien, l’oncologue, le radiothérapeute et le pathologue. Il est bien entendu
fondamental de prendre en considération les préférences et volontés du patient
afin d’opter pour une stratégie adéquate.
Les objectifs de cette réunion multidisciplinaire peuvent être résumés en quelques
points : 1) s’entendre sur le diagnostic
histologique avec au besoin révision et/
ou complément de l’examen anatomopathologique, 2) déterminer le stade tumoral (staging) en fonction de la clinique,
des examens radiologiques et endoscopiques, 3) définir l’objectif thérapeutique
(curatif ou palliatif) et 4) convenir des modalités de la prise en charge (traitement
néoadjuvant, chirurgie en première intention éventuellement suivie d’un traitement
adjuvant, chimiothérapie ou radiothérapie
exclusive) en fonction du stade tumoral
mais également en tenant compte de
l’âge, des comorbidités ainsi que de la
présentation clinique du patient.
CHIRURGIE
La chirurgie est le seul traitement potentiellement curatif du cancer gastrique.
Elle est recommandée pour les stades I
à IIIB avec un objectif curatif. Elle peut
également, de cas en cas, être envisagée
à titre palliatif dans le stade IV.23 L’extension de la résection gastrique dépend de
la localisation de la tumeur et consiste
généralement en une gastrectomie totale pour les tumeurs proximales et subtotale pour les tumeurs distales. La résection muqueuse par voie endoscopique
(Endoscopic mucosal resection ou EMR)
est une technique intéressante, pour laquelle seuls les auteurs japonais et coréens ont actuellement acquis une expérience importante. L’avantage majeur de
l’EMR est de préserver l’estomac, ce qui
permet donc de maintenir un excellent
confort digestif. Les indications à l’EMR
sont strictement limitées aux lésions muqueuses n’ayant qu’un faible risque d’atteinte ganglionnaire. Une étude récente
montre qu’une invasion ganglionnaire est
déjà présente dans 4,8% des tumeurs
limitées à la muqueuse et dans 23,6%
des tumeurs envahissant la sous-muqueuse.24 Différents facteurs influencent
le risque de dissémination ganglionnaire,
dont les principaux sont le type histolo-
1572
gique, la superficie de la lésion primaire,
la présence et la taille d’une ulcération
gastrique. Des données récentes suggèrent de limiter les indications à l’EMR aux
atteintes muqueuses sans ulcère indifféremment du type histologique, ou aux atteintes muqueuses d’un carcinome bien
différencié avec un ulcère d’une taille inférieure à 2 cm.25 Il n’y a pas de place
pour ce geste lors d’une invasion de la
sous-muqueuse. Ajoutons pour terminer
que la pratique de l’EMR est techniquement exigeante pour le gastro-entérologue, et que le pathologue doit également
être spécialement formé à l’analyse des
pièces.
L’étendue de la dissection ganglionnaire lors de la gastrectomie reste largement sujette à débat. Trois niveaux de
dissection ganglionnaire ont été décrits
(D1 à 3).26 Le premier consiste à réséquer
uniquement les ganglions périgastriques
(D1). Le deuxième niveau comprend le
premier avec la résection complémentaire des ganglions du tronc cœliaque et de
ses branches (artères gastrique gauche,
hépatique commune, et splénique) (D2).
Le troisième niveau comprend les deux
premiers avec les ganglions para-aortiques, rétropancréatiques, et des artères mésentérique supérieure et colique
moyenne (D3). Bien que l’opinion générale (d’après les résultats de plusieurs
séries rétrospectives et prospectives non
randomisées) soit en faveur d’une dissection D2 plutôt que D1, aucune étude
randomisée occidentale n’a pu jusqu’ici
démontrer un tel bénéfice.27,28 Ces études ont démontré au contraire que le
risque immédiat (morbidité et mortalité de
la chirurgie) était significativement plus
élevé dans le groupe D2. Il faut cependant souligner à ce propos que, dans
ces études, l’intervention chirurgicale D2
§
comprenait une splénectomie et une
pancréatectomie distale systématiques,
ce qui explique clairement l’augmentation du risque opératoire dans ce groupe. En effet, la splénectomie est un facteur de mauvais pronostic indépendant
en analyse multivariée. L’expérience de
l’opérateur (liée au nombre de gastrectomies effectuées par année) joue vraisemblablement un rôle important pour
réduire la morbidité et la mortalité périopératoire. Une récente étude randomisée italienne a par exemple montré que
le risque immédiat de la dissection D2
n’était pas supérieur à celui de la dissection D1 si les opérateurs étaient suffisamment entraînés.29 Enfin, les résultats tardifs de l’étude hollandaise ont clairement
démontré qu’après onze ans la survie
des patients N2 était significativement
plus élevée après dissection D2 et que,
sur l’ensemble du collectif, la dissection
D2 offrait une probabilité significativement
plus élevée de guérison que la dissection D1, pour autant qu’elle ait été effectuée sans splénectomie et/ou sans pancréatectomie distale.30
Les recommandations actuelles de
l’IGCA (International Gastric Cancer Association) établies à Rome en 2005, proposent de réaliser systématiquement, en
cas de chirurgie à visée curative, une dissection D2 un peu réduite (dissection de
l’artère splénique limitée à ses cinq premiers centimètres), avec des indications
très restrictives à la splénectomie et/ou à
la pancréatectomie distale (tableau 5).
L’IGCA a proposé de retenir comme critère de qualité pour la chirurgie le nombre
total de ganglions réséqués : le minimum
pour un staging correct est de quinze
ganglions réséqués ; une chirurgie curative optimale devrait emporter un minimum
de 25 ganglions.
Tableau 5. Recommandations 2005 de l’IGCA (International Gastric Cancer
Association)
• Dissection systématique des ganglions N1 (groupes 1-6)
• Dissection systématique des ganglions centraux
– De l’artère hépatique (groupe 8)
– De l’artère gastrique gauche (groupe 7)
– Du tronc cœliaque (groupe 9)
• Dissection des cinq premiers centimètres centraux de l’artère splénique (groupe 10)
• Indications restrictives à la dissection complète de l’artère splénique et à la splénectomie
(tumeurs gastriques proximales ou tumeurs de la grande courbure et intervention par
ailleurs curative)
• Indications à la pancréatectomie distale strictement limitées aux invasions tumorales
directes de la queue pancréatique et intervention par ailleurs curative
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CHIMIOTHÉRAPIE ET RADIOTHÉRAPIE PÉRIOPÉRATOIRE
La chimiothérapie adjuvante dans le
cancer gastrique apporte un bénéfice modeste avec une diminution du risque relatif de mortalité variant entre 12% à 28%
selon les méta-analyses. Toutefois, cellesci regroupent des études comprenant
souvent de petits collectifs de patients et
des schémas de traitement désuets.31
En absolu, la chimiothérapie adjuvante
ne représenterait qu’un bénéfice sur la
survie de 3 à 5%.
Deux études randomisées (un bras
investigationnel comparé avec une chirurgie exclusive), la première aux EtatsUnis et la deuxième en Grande-Bretagne,
ont récemment influencé la prise en charge des tumeurs gastriques de chaque
côté de l’Atlantique. La première a démontré un bénéfice sur la survie de la
radiochimiothérapie postopératoire (chimiothérapie de 5FU et leucovorine (LV)
d’induction) suivie d’une radiothérapie
de 45 Gy étalée sur cinq semaines combinées avec la même chimiothérapie en
début et fin de traitement. Deux cures
supplémentaires de 5FU et LV ont été
administrées un mois après la fin de la
radiothérapie.32 Cette étude a toutefois
été vivement critiquée pour la mauvaise
qualité de la chirurgie gastrique, notamment de l’étendue insuffisante du curage
ganglionnaire (54% des patients n’ont
même pas eu un curage D1 adéquat). Le
bénéfice de la radiochimiothérapie ne
pourrait refléter ici qu’une compensation
d’une chirurgie inadéquate. En conséquence, en Europe, celle-ci est principalement indiquée lors d’une chirurgie gastrique jugée «limite» ou insuffisante. La
deuxième étude a évalué une chimiothérapie périopératoire avec trois cycles
d’épirubicine, cisplatine et 5-FU avant et
trois cycles après l’intervention chirurgicale.33 Celle-ci a non seulement démontré un downstaging tumoral dans le bras
investigationnel mais également un bénéfice sur la survie. De plus, le taux de
complications postopératoires était similaire dans les deux bras. Ce programme
thérapeutique est en passe de devenir le
standard en Europe. Il est recommandé
pour les stades II et III.
La chimiothérapie adjuvante doit être
administrée dans les six à huit semaines
postopératoires. Malheureusement, il est
souvent difficile de la débuter en raison
de l’état général précaire de la majorité
des patients. Dans l’étude anglo-saxon-
0
ne, seuls 55% des patients ont pu débuter la chimiothérapie postopératoire et
seulement 43% ont complété les six cycles prévus. Une explication plausible est
le mauvais status nutritionnel postopératoire en raison d’apports caloriques insuffisants.34 Un suivi nutritionnel est donc
capital.
Une alternative est donc d’effectuer
uniquement une chimiothérapie néoadjuvante. Celle-ci a comme avantage la
possibilité d’évaluer la réponse au traitement avec un changement de régime si
nécessaire, d’obtenir un downstaging tumoral pouvant faciliter l’intervention chirurgicale ainsi que de bénéficier d’un effet
systémique précoce. De plus, il existe un
avantage théorique à administrer un traitement sur une tumeur vierge de tout remaniement postopératoire (vascularisation intacte sans remodelage fibrotique
postopératoire). Une étude récente a comparé une chimiothérapie néoadjuvante
(quatre cycles de docétaxel, cisplatine et
5FU) suivie d’une chirurgie avec le même
régime en traitement adjuvant.35 Celle-ci
a confirmé le taux faible de patients pouvant bénéficier d’une chimiothérapie adjuvante (66% des patients débutent la
chimiothérapie adjuvante et seulement
34% la complètent). En revanche, ce pourcentage est nettement supérieur dans le
bras néoadjuvant (97% débutent la chimiothérapie et 74% la complètent) sans
nuire à l’éligibilité chirurgicale (94% des
patients sont opérés). Il faut souligner par
ailleurs quatre réponses histopathologiques complètes dans le bras néoadjuvant. Ce schéma est par ailleurs très attractif de par une efficacité clinique et
radiologique précoce (temps de réponse
radiologique de 1,6 mois).36 Ce régime
de chimiothérapie néoadjuvante constitue
donc une alternative au régime anglosaxon, et constitue le standard actuel à
l’Hôpital universitaire de Genève pour les
tumeurs avec atteinte ganglionnaire ou
localement avancée, considérée toutefois
comme opérable (T2N+ ou T3-4 N0/N+
M0).
CHIRURGIE DE CYTORÉDUCTION AVEC CHIMIOTHÉRAPIE
INTRAPÉRITONÉALE
La carcinose péritonéale a un très mauvais pronostic, avec une survie moyenne
estimée à 6,5 mois lors d’une maladie
limitée au péritoine. Il existe cependant
une grande variabilité de survie en fonc-
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tion de l’étendue et de la taille des implants péritonéaux, avec une survie estimée à près de 9,8 mois pour des implants
tumoraux inférieurs à 5 mm et seulement
de 3,7 mois pour des implants plus grands
que 2 cm.37 Il existe plusieurs systèmes
de classification de l’étendue de la carcinose péritonéale afin d’évaluer le pronostic. Le plus communément utilisé en
Europe est le système de Gilly décrit dès
1994 (tableau 6).38
Une approche thérapeutique possible,
réservée aux cas de maladie strictement
limitée au péritoine, consiste en l’association d’une chirurgie de cytoréduction
afin d’éliminer, si possible, complètement
la maladie macroscopique et d’une chimiothérapie intrapéritonéale afin d’éradiquer la maladie microscopique résiduelle.
La cytoréduction chirurgicale est capitale
car la chimiothérapie intrapéritonéale ne
pénètre que de 2 à 5 mm dans les nodules carcinomateux. Afin d’augmenter l’efficacité de la chimiothérapie, il est possible de recourir à la chaleur. En effet, il a
été démontré in vitro que l’hyperthermie
a non seulement un effet cytotoxique propre à 42,5°C, mais aussi qu’elle est capable d’augmenter l’efficacité de cytotoxiques tels que la mitomycine, le cisplatine
ou l’oxaliplatine.39
Plusieurs séries non randomisées ont
montré des résultats encourageants. Certains sous-groupes de patients ont clairement semblé bénéficier tout particulièrement de cette intervention combinée.
Le facteur pronostique le plus important
est une cytoréduction complète. La survie varie donc selon l’étendue et selon le
stade de la carcinose péritonéale, avec
une survie médiane de dix-neuf mois pour
Tableau 6. Stadification de la carcinose péritonéale selon Gilly
Stade
Description
0
• Pas de maladie macroscopique
I
• Nodules tumoraux l 5 mm de
diamètre
• Localisés dans une partie de
l’abdomen
II
• Nodules tumoraux l 5 mm de
diamètre
• Disséminés dans tout l’abdomen
III
• Nodules tumoraux de 5 mm à
2 cm de diamètre
IV
• Nodules tumoraux L 2 cm de
diamètre
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les stades I et II alors que la survie n’est
que de 6,6 mois pour les stades III et
IV.40,41 De plus, la morbidité augmente
en fonction de l’importance de la chirurgie de cytoréduction, atteignant 47% en
cas de chirurgie extensive alors qu’elle
n’est que de 16% pour les interventions
limitées. Une péritonectomie combinée
à une chimiothérapie intrapéritonéale hyperthermique nécessite donc une sélection rigoureuse de patients en excellent
état général, très motivés et ayant une
atteinte strictement limitée au péritoine.
Il s’agit d’une chirurgie très complexe qui
implique une expertise spécifique. Ce type d’intervention ne devrait donc être entrepris que dans des centres spécialisés.
Une maladie extra-abdominale ou une atteinte rétropéritonéale massive représentent des contre-indications absolues.
Une dissémination péritonéale secondaire est fréquemment la cause d’échec
du traitement chirurgical à visée curative.
Bien que les mécanismes de dissémination péritonéale soient encore débattus,
la carcinose représente une extension
locorégionale par voie transcœlomique,
à l’inverse d’une dissémination par voie
lymphatique ou hématogène. Plusieurs
études randomisées, ne regroupant que
de petits collectifs, se sont donc intéressées au bénéfice éventuel d’une chimiothérapie intrapéritonéale adjuvante (en
l’absence d’une atteinte péritonéale documentée, chez des patients généralement
au stade T3, à haut risque de dissémination) avec des résultats inconsistants. Une
récente méta-analyse de ces études a
cependant montré un avantage thérapeutique pour cette dernière, avec un possible
bénéfice supplémentaire de l’hyperthermie.42 Les complications étaient comparables à la chirurgie exclusive hormis un
risque augmenté d’abcès intra-abdominaux et de neutropénie. Bien que ces résultats soient encourageants, la majorité
des études proviennent du Japon et de
Corée rendant difficile la transposition des
résultats dans notre population. D’autres
études en Europe ou aux Etats-Unis sont
nécessaires avant la généralisation de
cette procédure sur notre continent.
CHIMIOTHÉRAPIE PALLIATIVE
Lorsque la tumeur gastrique est localement avancée et inopérable ou métastatique, les options de traitement deviennent alors plus limitées, comprenant
principalement une chimiothérapie pal-
1574
liative ou des soins de confort. Ce choix
doit bien sûr être fait individuellement
pour chaque patient en fonction de son
état général et de ses comorbidités. Si
une chimiothérapie est envisageable, elle
permet non seulement d’améliorer la survie mais aussi et surtout d’améliorer la
qualité de vie. De même que pour le cancer du poumon métastatique, en termes
de survie une combinaison est supérieure à une monothérapie. Les chimiothérapies à base de platine ont démontré une
meilleure activité que les traitements historiques à bases d’anthracyclines et de
5-FU considérés comme un standard
dans les années 80.43
Plusieurs triplets à base de platine ont
récemment démontré une bonne efficacité que ce soit une combinaison de cisplatine, d’épirubicine et de 5-FU (ECF)44
ou des schémas utilisant des molécules
plus récentes comme, par exemple, le
docétaxel (Taxotere) combiné au cisplatine et au 5-FU (TCF).45 Malheureusement,
malgré des taux de réponse encourageants (37-45%), la survie médiane avoisine les neuf mois (8,9-9,2 mois). Le triplet TCF a été récemment comparé au
doublet cisplatine et 5-FU (CF) : au prix
d’une toxicité hématologique supérieure,
le triplet a permis d’obtenir non seulement une survie médiane meilleure, mais
aussi le maintien plus long d’une qualité
de vie acceptable.46
L’oxaliplatine représente une alternative au cisplatine. Une étude récemment
publiée montre au moins une équivalence de l’oxaliplatine par rapport au cisplatine en association avec de l’épirubicine
et une fluoropyrimidine (5-FU ou capécitabine).47 L’association la plus prometteuse testée dans cette étude de phase
III semble bien être l’épirubicine, l’oxaliplatine et le Xeloda (EOX) avec une survie
médiane de 11,2 mois.
Bien que ces triplets à base de platine soient efficaces, il ne faut néanmoins
pas négliger leur toxicité spécialement
dans un contexte palliatif. L’association
du 5-FU à de l’irinotécan permet d’obtenir des résultats similaires au cisplatine
5-FU avec une toxicité moindre,48 et représente donc une alternative aux triplets
cités ci-dessus, particulièrement chez des
patients avec un état général diminué.
THÉRAPIES CIBLÉES
§
corps anti-VEGF (bévacizumab) et antiEGFR (cetuximab) dans le cancer colorectal, plusieurs études de phase II ont
vu le jour en association avec du docétaxel, de l’oxaliplatine et/ou de l’irinotécan
dans le cancer gastrique métastatique.
Ces études ont montré des résultats encourageants avec des taux de réponses
comparables, avoisinant 65% (bévacizumab ou cétuximab) et des survies moyennes atteignant jusqu’à 12,6 mois pour le
bévacizumab et légèrement inférieures
pour le cétuximab (9,5 mois). Ces résultats prometteurs demandent toutefois à
être confirmés par des études randomisées à plus grande échelle.
SURVEILLANCE
Il n’y a pas de preuve dans la littérature qu’un suivi systématique à l’aide de
marqueurs, d’un bilan sanguin et/ou
d’examens radiologiques apporte un
réel bénéfice clinique. En effet, lors d’une
récidive tumorale, le traitement ne peut
que très rarement être curatif. Le suivi
recommandé est donc basé sur les plaintes cliniques avec un examen clinique tous
les 3-6 mois au cours des trois premières années puis plus espacé ensuite.49
CONCLUSION
Le cancer gastrique est une tumeur
fréquente qui nécessite une prise en
charge multidisciplinaire dès le diagnostic afin de déterminer la stratégie thérapeutique optimale. La chimiothérapie néoadjuvante est une stratégie prometteuse
avec une bonne tolérance et l’absence
de complication postopératoire supplémentaire. Elle a comme avantage l’obtention d’un downstaging tumoral évaluable cliniquement et pathologiquement
et fait bénéficier d’un effet systémique
précoce une plus grande proportion de
patients que la chimiothérapie adjuvante.
En cas d’atteinte péritonéale isolée, il est
utile de référer les patients à un centre
spécialisé afin d’évaluer l’indication à une
cytoréduction chirurgicale associée à une
chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale. Une chimiothérapie palliative
permet d’assurer une bonne qualité de
vie notamment en amendant la dysphagie
et ainsi de favoriser une prise alimentaire
suffisante, ceci pour autant que l’état général le permette.
Encouragées par les bénéfices des
chimiothérapies combinées à des anti-
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* à lire
** à lire absolument
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