Introduction : quel évangile est l'évangile de Jésus-Christ ?
En tant que chrétiens, nous croyons au salut par la foi en Jésus-Christ. Nous insistons que Christ est mort et
ressuscité, et que le salut nous est accordé parce que nous croyons en lui. Tout cela est juste, et important, et
fait la quasi-unanimité parmi tous ceux qui se disent chrétiens. Ce qui nous échappe souvent, toutefois, c'est
que ce n'est pas suffisant, ce n'est pas du tout l'ensemble du message de l'évangile. Il est très bien de parler du
salut par la foi, à cause de Christ et non à cause de nous, surtout dans un monde où la religion est dominée
par la notion d’œuvres humaines et du mérite humain. Mais il nous faut aussi savoir quel salut nous est
donné par la foi en Christ. C'est là, j'en suis persuadé, la grande question qui confronte la chrétienté au début
du 21ème siècle.
Il y a, bien sûr, beaucoup de religions différentes dans le monde, avec beaucoup de messages différents. Il est
d'ailleurs extrêmement déconcertant d'essayer de voir clair dans le foisonnement d'enseignements qui sont
proclamés de tous les côtés par toutes sortes de groupes, chrétiens et non-chrétiens. Toutefois, dans le fond, il
n'existe que deux messages fondamentalement différents. Toutes les religions que l'homme s'est données
annoncent l'un de ces messages, sous une forme ou une autre. Seul Jésus-Christ nous annonce l'autre.
L'un de ces messages nous montre comment nous en sortir avec nos souffrances, nos problèmes, tout ce qui
nous empêche d'être heureux. Ce message nous enseigne que, par l'aide de Dieu, des dieux, des esprits, du
« principe universel » ou de toute autre concept du divin, nous pouvons diminuer sérieusement, voire
éliminer totalement et définitivement, toutes ces difficultés. Ce qui motive ceux qui pratiquent la religion,
donc, quelle que soit sa forme, est le désir d'échapper à la souffrance. La vie est difficile et, si l'aide du divin
peut nous la rendre moins difficile, les contraintes et obligations de la religion peuvent largement se justifier.
Ce message est répandu dans tous les pays et dans tous les temps, car il est le message que cherche
naturellement le cœur humain pécheur. C'est pour cette raison qu'il convient bien de l'appeler « l'évangile du
monde ».
L'autre message nous montre comment Dieu, par Jésus-Christ, peut transformer nos cœurs pour nous délivrer
du péché. La motivation principale pour ceux qui acceptent un tel message n'est donc pas le désir d'échapper
à la souffrance mais le désir d'échapper à la corruption à l'intérieur d'eux-mêmes. La sainteté compte
infiniment plus, pour eux, que le confort, la prospérité et le bien-être personnel.
Il faut bien garder en tête que le fait d'utiliser des termes « chrétiens » n'en fait pas forcément un message
chrétien pour autant. Il est tout à fait possible de parler de la mort et la résurrection de Christ, du salut par la
foi, et d'un tas d'autres concepts bibliques, sans annoncer l'évangile de Jésus-Christ. Comme l'évangile du
monde découle directement du cœur de l'homme pécheur, il infecte aussi facilement le message chrétien que
celui de n'importe quelle autre religion. Il se substitue facilement ainsi à l'évangile de Jésus-Christ, sans que
l'on s'en aperçoive si on ne fait pas très attention.
C'est pourquoi Paul, dans 2 Timothée 3.5, parle de gens qui « garderont la forme extérieure de la piété, mais
ils en renieront la puissance ». La « forme extérieure » inclut une bonne partie du vocabulaire. Mais la
puissance de l'évangile de Jésus-Christ se trouve dans son pouvoir de nous délivrer du péché. Renier cette
puissance, c'est chercher autre chose que la délivrance du péché, tout en gardant une forme « chrétienne »
dans l'ensemble.
D'ailleurs, l'ensemble du passage dans 2 Timothée 3, depuis le début du chapitre, illustre bien à plusieurs
endroits l'enjeu entre l'évangile du monde et celui de Christ : « Sache que, dans les derniers jours, surgiront
des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, orgueilleux,
blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, insensibles, implacables, calomniateurs, sans
frein, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, impulsifs, enflés d'orgueil, aimant leur plaisir plus que Dieu ;
ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la puissance. Éloigne-toi de ces hommes-
là. »
Ils sont « égoïstes » : leur priorité, c'est leur propre bien-être. Ils sont « amis de l'argent » : ils mettent leur
priorité dans la prospérité. Surtout, ils aiment « leur plaisir plus que Dieu ». Tout cela caractérise
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