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2 Les composantes du judaïsme traditionnel ou l'identité juive
selon la Halakha
Depuis la destruction du Second Temple en 70 après J.-C., les communautés juives
éparpillées ont dû mettre en place des structures adaptées à la fois à leurs nouveaux
modes de vie en diaspora et aux exigences de la
Torah
et de ses 613
commandements (
mitsvots
) qui encadrent tous les domaines de la vie juive, qu'elle
soit civile ou religieuse, individuelle ou collective, privée ou publique. Désormais, leur
principal souci sera de se préserver de deux dangers majeurs : l'hostilité ambiante
avec son cortège de persécutions et la tentation de l'assimilation.
La communauté juive (la
kehila
) est un monde clos qui permet aux Juifs de vivre
intégralement selon le rite et le calendrier juif. La synagogue, le bain rituel, le
cimetière sont les principales institutions religieuses. L'éducation se déroule au sein
du
Talmud Torah
, du
heder
, de la
yeshiva
, principales structures éducatives, qui
dispensent un enseignement religieux. La charité, instituée en obligation légale, a
également donné naissance à une série d'institutions telles que les hospices, les
confréries, les fonds de prêts. Des tribunaux rabbiniques (
Bet Din
) règlent les affaires
religieuses et civiles. La communauté est également responsable de la collecte des
impôts, à la fois ceux réclamés par les autorités extérieures et ceux nécessaires aux
institutions communautaires. La direction communautaire est assurée par les
autorités rabbiniques qui forment les rabbins, chantres, bedauds, circonciseurs, et
abatteurs rituels. Divers métiers sont indispensables à la survie communautaire :
bouchers, musiciens, marieuses, artisans et commerçants en charge de la production
d'objets et denrées rituels : livres, rouleaux de la
Torah
, phylactères, couvre-chefs
traditionnels, châles de prière,
mezouzot
, bougies, chandeliers, alimentation cachère,
etc.
La vie juive religieuse est rythmée par le temps, avec son cycle de trois prières
quotidiennes, les différentes bénédictions de jouissance avant toute ingestion de
nourriture, les actions de grâce après les repas, l'alternance entre les six jours de la
semaine, et le septième, le shabbat où toute activité profane est suspendue, le
respect du calendrier juif et ses multiples fêtes1, et les rites de passage (circoncision,
rachat du premier né, bar-mitsva, mariage et funérailles).
L'unité de base de cette organisation communautaire est bien entendu la famille où
la répartition des rôles entre l'homme et la femme est effectuée selon une
conception patriarcale où l'homme s'engage à assurer la subsistance à sa famille en
tant que chef de famille et à circoncire ses fils, leur enseigner la Torah, leur
apprendre un métier et prévoir une dot pour ses filles. Exclue de la vie religieuse, la
1 Rosh Hashana (la nouvelle année), Yom Kippour (le grand pardon), Souccot (la fête des Cabanes qui
symbolise les 40 ans dans le désert), Simhat Torah (la fête de la Torah, fin et reprise du cycle
hebdomadaire de la lecture de la Torah), Hanouccah (l'inauguration du Temple et victoire des
Maccabées), Tou Bishvat (le nouvel an des arbres), Pourim (la fête des Sorts), Pessah (la sortie
d'Egypte et la fin de l'esclavage), Chavouot (le don de la Torah), Tisha Beav (la destruction du
Temple). Cfr. GUGGENHEIM E., Le judaïsme dans la vie quotidienne, Albin Michel, Paris, 1992.