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« Nous sommes si voisins l’un de l’autre et nous pouvons presque nous voir de la colline au
quai. Je vous suis proche par la pensée et par le souvenir des moments que nous avons vécus
ensemble. Je reste fidèle aux engagements qui sont les miens depuis longtemps pour aider et
développer le respect du peuple juif, de sa dignité et des valeurs qu’il continue à apporter au
monde d’aujourd’hui. Et je ne peux que me féliciter de la compréhension que vous avez
toujours témoignée à mon égard et de la fidélité qui est la vôtre au service de votre peuple.
J’espère que, quel que puisse être le destin qui n’appartient qu’à un Seul, nous pourrons
continuer à développer ces rapports dans l’amitié et la fidélité » (17 novembre 1987).
Il rejetait toute idée de syncrétisme, d’absorption, de fusion. Il lancera cet appel aux juifs,
d’abord à Lyon devant le Grand Rabbin Kaplan, le 8 avril 1984 : « Puissiez-vous continuer à
garder la fidélité et le courage de témoigner de ce que vous êtes : des Juifs. Enseignez-la aux
générations qui montent pour continuer votre longue histoire et marcher vers votre destin
dans un monde incertain ».
Lors d’un colloque sur la Shoa à Grenoble, le 7 juin 1987, il reprend le même thème : « Soyez
ce que vous êtes, apportez-nous ce que vous êtes ». Il voulait dire : « Ne renoncez pas à votre
essence, à vos racines, à votre être ». Il ne voyait pas dans le judaïsme un vieux rameau
desséché, mais une source vivifiante, porteuse d’avenir. Dans un article paru en juillet 1986
qu’il avait rédigé pour Information juive, il écrivait : « Je vous souhaite plein succès pour le
judaïsme et pour notre pays que vous enrichissez sur le plan religieux, culturel et intellectuel.
Tout ce qui témoigne de la vie du judaÏsme, de sa vigueur et de sa fidélité : école, presse,
pensée, culte, m’est cher et me réjouit ». Il l’écrira au Grand Rabbin de France, Joseph Sitruk,
le 7 juillet 1994 : il « reconnaît le service rendu au monde assuré par le judaïsme, vivant
aujourd’hui dans la lutte primordiale contre la paganisation, par son action permanente,
pour la sanctification du Nom divin et sa proclamation quotidienne de l’unité du S. dans le
Shema Israël ». Il célèbre le revival de la communauté juive et rend hommage aux survivants
de l’enfer et aux enfants de l’espérance juive. Mais ce n’est pas qu’une œuvre d’hommes.
« C’est la volonté d’un Autre qui est Saint, Unique et Eternel ».
Les enfants d’Israël, portant souvent des prénoms bibliques, sont chers à son cœur. Ils sont
porteurs du passé et de l’avenir d’un peuple, terriblement réduit par la Shoa. A défaut d’avoir
pu accompagner le Pape Jean-Paul II à Izieu, il lui offre, le 7 octobre 1986, au cours de cette
mémorable rencontre du Pape avec les représentants de la communauté juive régionale, à
l’Université Catholique de Lyon, l’ouvrage de Serge Klarsfeld : Les enfants d’Izieu.
Après Auschwitz, tous les signes de cette vie portent la marque du S. et de sa volonté de voir
vivre son peuple tel qu’il est, juif, fidèle et courageux ». Commentant la visite du pape à la
synagogue de Rome, il souligne qu’il ne s’agit pas de la visite au cimetière d’un peuple, en
hommage aux morts, pas plus aux vestiges d’un peuple du passé dont il faut célébrer le
souvenir et tirer les leçons, mais bien d’une visite au centre de l’aujourd’hui et du demain juif,
la maison de sa prière et de son étude fidèle, pour y prier devant les juifs, les écouter prier et
reconnaître ainsi devant D. cette vie, ce présent et cet avenir. « Nous voici, S., pour
reconnaître les frères préférés dans leur maison d’aujourd’hui, et les regarder vivre enfin
heureux et libres partout mais d’abord à Jérusalem. Jérusalem où chacun est né, où sont
toutes les sources (Ps 87) mais où nous devons reconnaître qu’ils sont nés avant nous ».
« Puisse chaque juif puiser à nouveau en ces jours dans la Torah et l’amour de l’Unique, la
force de Lui rester fidèle pour sa gloire et pour le bien de l’humanité » (6 octobre 1989).