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Hommes, entreprises et territoires
L’importance de la gouvernance pour faire sens
Dans cette troisième et dernière partie, Jean-François DRAPERI revient la question centrale
de la vie démocratique dans les organisations d’économie sociale. Question centrale qui a failli
conduire ces organisations à leur banalisation après la seconde guerre mondiale lorsque ces
dernières sont passées d’une dynamique de projets collectifs à une dynamique de pouvoirs et
économique, passant ainsi d’organisations de militants ou d’adhérents à des organisations de
techniciens. La très faible participation des adhérents aux Assemblées générales dans certaines
mutuelles, par exemple, tend à concrètement démontrer cet aspect.
L’auteur commence par opposer les modalités de gouvernance dans l’entreprise de capitaux et
la gouvernance d’Economie sociale. En effet, ces gouvernances peuvent se comparer et s’opposer
car elles reposent toute deux sur le pouvoir de l’actionnaire, ou du sociétaire. Ainsi, dans une
société de capitaux, l’actionnaire poursuit une logique nancière ; alors que dans une société
d’économie sociale, le sociétaire poursuit une logique sociale ou sociétale. La poursuite de cette
logique produit ce que l’auteur appelle une « plus-value sociale ». Bien que nous puissions consta-
ter cette plus-value, nous ne pouvons pas encore la mesurer.
Cependant, malgré cette présentation idéale de la gouvernance d’Economie Sociale, il ne faut
pas oublier qu’une forme de banalisation de l’Economie Sociale fut l’une des conséquences du
manque de dynamisme de la vie démocratique interne de certaines de ces organisations. Nous
pouvons observer aujourd’hui un ensemble de mesures tentant de réinjecter un soufe démo-
cratique conséquent à l’intérieur de ces structures, telles que des recrutements intégrant un
positionnement sur les valeurs (Scop, mutuelle), la mise en œuvre du « bilan sociétal » dans
certaines coopératives agricoles ou mutuelles d’assurance, la présentation de listes spécique de
l’économie sociale aux élections prud’homales etc.
La question de la démocratie interne est un excellant exemple pour percevoir que les organisa-
tions de l’Economie Sociale, si elles ne restent pas vigilantes, peuvent rapidement tomber dans
une forme de banalisation. Chaque organisation doit donc rester constamment vigilante sur
l’exécution des principes régissant l’Economie Sociale.
L’intercoopération
Pour répondre à l’ensemble de ces objectifs, l’auteur estime que l’économie sociale doit à la fois
être locale et mondiale. En effet, une économie sociale purement locale se développerait dans
des niches, à contrario, une économie sociale seulement mondiale perdrait son lien essentiel aux
hommes et aux territoires.
C’est sur ce point que Jean-François DRAPERI termine son ouvrage. Il présente dans son dernier
chapitre l’espoir qu’il place dans l’intercoopération au service du développement et du projet
porté par l’Economie Sociale. Cette notion d’intercoopération repose sur l’idée que l’ensemble
de l’Economie Sociale est complémentaire, au même titre que l’ensemble des échelons territo-
riaux. Cela s’oppose, dans les faits, à l’esprit même de la concurrence. Cette intercoopération
fonde un processus de développement et une vision alternative.
Au sein de cette intercoopération, l’auteur intègre la relation avec l’économie privée des petites