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FAITS & CHIFFRES
LE 19 MARS 2013
La Birmanie à l’amorce du rattrapage économique
PAR DENIZ ÜNAL
Les statistiques sur l’économie birmane sont restreintes. Les bases de données du CEPII permettent néanmoins de
dessiner le profil de son insertion internationale au fil des dernières décennies. Sortie récemment de l’isolement, son
économie est sujette aux aléas conjoncturels des voisins asiatiques.
L’élection de Aung San Suu Kyi comme députée lors des législatives partielles d’avril 2012 marque le début d’une
période d’ouverture politique et économique pour la Birmanie, qui a connu jusque-là un demi-siècle de dictature
militaire. Cette même année, l’Union européenne et les Etats-Unis ont mis fin aux sanctions économiques qu’elles
exerçaient à l’encontre de ce pays qui, avec l’aide du Fonds Monétaire International, a lancé de vastes réformes
macro-économiques pour établir les bases de son développement (voir FMI et Trésor, 2013).
Avec 50 millions d’habitants en 2012 selon les Nations Unies (64 millions selon le FMI), la Birmanie a une population
comparable à celle de la Corée du Sud. Son revenu par habitant de 1 090 dollars courants, comparable à ceux du Viet
Nam et du Cambodge, la place parmi les pays les moins avancés de l’Asie (Tableau 1). Ce revenu a enregistré une
sévère divergence par rapport à la moyenne mondiale lors de la longue période de dictature qui a débuté au début
des années 1960 (Graphique 1). L’adhésion en 1997 à l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), en
permettant à la Birmanie d’exporter ses produits vers ses partenaires régionaux, a marqué la fin de cette
divergence : alors que le revenu par Birman s’élevait, en parité de pouvoir d’achat, à seulement 14 % de celui de
l’ASEAN en 1997, il a retrouvé en 2012 son niveau relatif d’il y a 50 ans (31 %, Graphique 2). Grâce à ce socle
régional, la Birmanie est maintenant plus ouverte aux échanges (en moyenne 18 % du PIB en 2012) mais le poids de
son commerce extérieur dans le PIB est sujet à de fortes fluctuations (Graphique 3).
La concentration de ses exportations sur un nombre très limité de produits et de partenaires est à l’origine de ces
fluctuations. Les produits primaires représentent 52 % des exportations birmanes. Cette grosse moitié est constituée
aux deux tiers de gaz naturel. Viennent ensuite le bois (18 %), les produits agricoles (8 %) et miniers (7 %)
(Graphiques 3 et 4). La quasi-totalité des ventes énergétiques est destinée à la Thaïlande qui constitue le principal
marché de la Birmanie (39 % des exportations totales, presque exclusivement dans la filière énergétique, Tableau 2).
Les exportations de produits agro-alimentaires qui représentent 29 % des ventes birmanes sont principalement
destinées à l’Inde (15 %) et à la Chine (6 %). Cette dernière est le principal fournisseur de la Birmanie : 40 % de ses
importations en provenaient en 2011. La Birmanie achète à la Chine dans toutes les filières, particulièrement dans
celles de la mécanique, des véhicules et de la métallurgie. Le poids des importations birmanes issues de Chine a
doublé durant la décennie 2000. Corollaire : une sensible diminution des parts relatives des pays fournisseurs à haut
revenu de la région (Singapour, Japon et Corée du Sud).
L'isolement international de la Birmanie depuis les années 1960 a mené le pays à focaliser ses relations économiques
extérieures sur quelques voisins. Ces dépendances la rendent vulnérable aux chocs : sur la période 2000-2007, la
Birmanie a enregistré une croissance annuelle moyenne de 12,8 %, la plus forte au sein de l’ASEAN (Tableau 1), mais,
depuis la crise globale qui a fortement affecté l’économie thaïlandaise, la croissance birmane a nettement ralenti
(5,1 % par an sur 2007-2012). Il n’en reste pas moins que le positionnement géographique de la Birmanie au sein de
la zone la plus dynamique de l’économie mondiale est un facteur décisif de son rattrapage économique.