Economie internationale L2 Administration Economique et Sociale - Université de Haute-Alsace, Mulhouse 2016-2017, 2e semestre Modalités pratiques ✤ Organisation des séances (pause, discipline, diapositives) ✤ Impératifs de travail liés à la matière ✤ Modalités du contrôle des connaissances Objet de l’économie internationale ✤ Etudier l’origine, l’organisation et les conséquences de l’échange international de biens et services ainsi que des facteurs de production entre Nations ✤ 3 thèmes principaux: • Commerce international • Organisation des échanges • Mouvement de facteurs Plan Introduction 1. Les théories du commerce international 2. Les politiques commerciales 3. Les taux de change 4. Le système monétaire international et les crises financières Bibliographie Manuels Krugman P. et Obstfeld M., 2009, Economie internationale, Pearson education Figliuzzi A., 2006, Economie internationale: faits, théories, débats contemporains, Ellipses Guillochon B., 2006, Economie internationale, Dunod Sources en ligne Rapport sur le commerce mondial 2016, OMC L’économie mondiale 2016, La découverte (Repères) commerce des marchandises, Secrétariat de l’OMC et CNUCED pour les services commerciaux. croissance décevante de 1,8 %, leurs exportations étant pénalisées par la forte baisse de la demande européenne. Figure 1.4 : Volume des exportations mondiales de marchandises, 1990-2012 (indices, 1990 = 100) 400 350 300 250 200 150 100 Volume des exportations 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 50 Tendance (1990-2008) Source : Secrétariat de l’OMC. 25 Introduction 1. Tendances récentes de l’économie mondiale ✤ En 2014, commerce de marchandises = 19 000 milliards de Dollars EU, commerce de services = 5 000 milliards par an (exportations) ✤ Augmentation quasi continue du commerce, d’environ 6% par an en moyenne, depuis les années 1950. ✤ Le commerce international représente une part croissante de la richesse des Etats qui y participent, mesurée par le coefficient d’ouverture (X/PIB, ou (X+M)/PIB récession et de reprise pendant l’année. En conséquence, la croissance du PIB mondial aux taux de change du marché est tombée à 2,1 % en 2012, contre 2,4 % en 2011. Ce Figure 1.3 : Ratio des exportations mondiales de marchandises et de services commerciaux au PIB mondial, 1980-2012 (ratio des valeurs en $EU courants) 35 32,7 31,8 30 27,7 25 22,4 20 18,4 2010 2005 2000 1995 1990 1985 1980 15 Sources : FMI pour le PIB mondial, Secrétariat de l’OMC pour le commerce des marchandises, Secrétariat de l’OMC et CNUCED pour les services commerciaux. européenne et par la Réserve fédérale a semblaient avoir réussi à atténuer la c souveraine et à consolider la croissance Le coût des emprunts dans la zone eur des niveaux plus gérables au second sem et la croissance de l’emploi avait repris mais ces progrès restaient fragiles. La croissance de 2,3 % aux États-Unis r du double de la croissance de l’ensemble développées, qui était de 1,2 % en 2012 aussi connu une croissance supérieur (1,9 %), mais dans l’Union européenne la quasiment nulle (-0,3 %). Les pays en développement et la Com indépendants (CEI) pris ensemble ont production de 4,7 % en 2012, l’Afrique plus forte croissance de tous les pays ou Ce taux de croissance impressionna africain a été dû principalement à l production en Libye après l’interruption pétrole du fait de la guerre civile en croissance en Afrique subsaharienn supérieure à la moyenne mondiale, à 4,0 Chine a augmenté de 7,8 % et celui de Par contre, les économies asiatique industrialisées (Hong Kong, Chine ; Répu Singapour ; et Taipei chinois) ont croissance décevante de 1,8 %, leurs ex pénalisées par la forte baisse de la dema Figure 1.4 : Volume des exportations mondiales de marchandises, 1990-2012 01 (indices, 1990 = 100) accroître ainsi les flux de capitaux (Portes et Rey, 2005). L’IED peut aussi suivre les exportations pour préserver des exportations de la société mère depuis le pays d’origine (Bergsten et al., 1978 ; Lipsey et Weiss, 1981 ; Blomstrom 2 500 20 000 2 000 15 000 1 500 10 000 1 000 Entrées d'IED au niveau mondial 25 000 500 5 000 0 Exportations mondiales de marchandises et de services commerciaux 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 0 1980 Exportations mondiales de marchandises et de services commerciaux Figure C.19 : Commerce et investissement étranger direct (IED) au niveau mondial, 1980-2011 (milliards de $EU) Entrées d'IED au niveau mondial Sources : Secrétariat de l’OMC, CNUCED. 145 Avec le commerce, les investissements directs à l’étranger (IDE) ont fortement augmenté depuis les années 1970. ✤ L’intensification des échanges a pour effet de renforcer l’interdépendance entre les économies en contribuant à créer un marché mondial unique pour les biens, les services, le travail et le capital ✤ Phénomène de mondialisation, ou de mondialisation économique, qui n’est pas récent, et se produit par vagues X/PIB (Europe occidentale) 2. Le commerce international en perspective historique ✤ Les économies monde depuis l’Antiquité, jusqu’au Moyen Âge (F. Braudel) ✤ Échange de biens exotiques (Foires de Champagne, Foires de Lyon) ✤ Nouvelle étape à la Renaissance, où le commerce est mis au service de la puissance du Prince (structuration progressive des États Nations) ✤ Grandes découvertes: Vasco de Gama (1488), Christophe Collomb (1492), Magellan (1522) ✤ Prémisses d’une division internationale du travail entre: l’Occident et ses colonies (biens manufacturés contre matières premières et biens exotiques, commerce triangulaire) entre les pays occidentaux, qui développent différentes traditions mercantilistes 2.1. La première mondialisation ✤ Deux transformations importantes au début du XIXe siècle qui permettent la hausse des échanges: Révolution industrielle qui permet une spécialisation accrue (produits manufacturés contre matières premières et denrées agricoles) Diminution des barrières douanières: Zollverein (1834), Anti-Corn Law League (1838), abrogation des Corn Laws (1846), traité Cobden-Chevalier (1860) Dans la seconde moitié du XIXe siècle: Résurgence du protectionnisme à partir des années 1870 Forte diminution des coûts de transport (cable transatlantique 1865, Canal de Suez 1869, télégraphe, téléphone) Migrations les plus importantes de l’histoire entre 1900 et 1913 (jusqu’à 1,5 M de personnes par an) Développement des marchés financiers, lié surtout aux emprunts d’Etat et aux investissements dans les Empires coloniaux / Etalon-or adopté par une majorité de pays Effondrement du commerce, des migrations et des mouvements de capitaux pendant et entre les deux guerres mondiales (effondrement du SMI, crise de 1929) 2.2. La seconde mondialisation Reprise des échanges après la seconde guerre mondiale, dans un cadre institutionnel refondé: SMI Bretton Woods 1944 (FMI, Banque mondiale) GATT 1947, qui devient OMC en 1995 Spécificités de la 2e mondialisation Commerce dominé par les pays du Nord, même si cette domination tend à s’estomper II – FACTEURS DÉTERMINANT L’AVENIR DU COMMERCE MONDIAL Figure B.8 : Parts du commerce « Nord-Nord », « Sud-Sud » et « Nord-Sud » dans les exportations mondiales de marchandises, 1990-2011 (pourcentage) 100% 90% 56 51 50 46 37 36 38 38 21 23 24 2009 2010 2011 41 40 37 37 20 80% 70% 60% 50% 37 35 36 33 30% 20% 10% 8 12 1990 1995 12 16 0% 2000 Nord-Nord 2005 Nord-Sud 2008 Sud-Sud Destinations non précisées Source : Secrétariat de l’OMC. Note : Le Sud inclut l’Europe centrale et orientale avant 2000, qui représentait 1,6% du commerce mondial en 1995. La ligne diagonale représente une distribution égale des exportations entre les pays telle que, si la courbe de Lorenz était sur cette ligne, 40 % des pays exportateurs assureraient 40 % des exportations, 75 % des Figure B.9 : Concentration des exportations mondiales de marchandises, 1980-2011 (Parts en % cumulés) II B. TENDANCES DU COMMERCE INTERNATIONAL 40% Importance du commerce intra-branche Trade patterns inside the Single Market Figure 8. Evolution of the GL indicator in intra -EC trade by country, 1980-1994 45 World Economy France Germany 40 Belgium-Lux. United Kingdom EC average Netherlands index, is simple to calculate and intuitively appealing. Once 35 Spain Italy de Grubel-Lloyd: import valueIndice for a particular sector and period are known, it is ca 30 Ireland Denmark 25 (1) GLsec tor i 1 export sector i importsec tor i export sector i importsec tor i . 20 Portugal If the country only imports or only exports goods or services 15 10 Greece such that there is no intra-industry trade, the second term o equation (1) is equal to one, such that the whole expression red 5 the export value is exactly equal to the import value ( expor 0 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 Source: Eurostat-Comext, calculations by the CEPII. second term on the right-hand side of equation (1) is equal to Régionalisation des échanges, à travers la création d’unions régionales (UE, ALENA, MERCOSUR, ASEAN, AELE, Communauté andine) Commerce intra-UE, 2011 Développement des firmes au niveau mondial (FMN), à travers les IDE, qui engendrent du commerce intrafirme (= environ 1/3 du commerce dans beaucoup de pays riches) II – FACTEURS DÉTERMINANT L’AVENIR DU COMMERCE MONDIAL Figure C.28 : Sorties d’investissements étrangers directs, 1980-2010 (milliards de $EU) 2 000 1 800 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 2010 2008 2006 2004 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 Économies en développement Économies développées Source : CNUCED. économies à forte intensité de capital à moyen ou long terme. Le taux d’épargne dans bon nombre de ces place de marchés de capitaux suffisamment développés est cruciale aussi pour attirer des sources additionnelles II C. FACTEURS ÉCONOM FONDAMENTAUX AFFECTANT LE COM INTERNATIONAL 1980 0 Augmentation des flux migratoires depuis le début des années 1980, qui se composent d’une part importante de travailleurs qualifiés Développement des marchés financiers informels (pétrodollars) dans les années 1970, puis officiels dans les années 1980 2e phase de la 2e mondialisation avec la dérégulation financière à partir de la fin de Bretton Woods et 3e « révolution industrielle » du début des années 1980 ✤ Crises des années 1990 et 2000. Fin d’une vague de mondialisation? Basculement du centre de l’économie monde? 3. La balance des paiements La balance des paiements est un état statistique qui retrace sous une forme comptable l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entre les résidents d’une économie et les non-résidents au cours d’une période déterminée (INSEE) Ces flux sont répartis entre: le compte des transactions courantes = Balance commerciale + Balance des invisibles + transferts de revenus le compte de capital = cession - acquisition d’actifs non financiers le compte financier = vente - achat d’actifs financiers (investissements directs ou de portefeuille) Comptabilité en partie double: Compte courant + compte de capital + compte financier = 0 CHAPITRE 1 LE COMPTE DE TRANSACTIONS T1-1 Transactions courantes (en milliards d’euros) 2013 COURANTES Transactions courantes Biens Services Biens et services Revenus primaires Revenus secondaires 2014 Recettes Dépenses Soldes Recettes Dépenses Soldes 799,4 438,6 193,2 631,8 155,5 12,1 816,5 481,6 170,8 652,4 107,6 56,5 - 17,1 - 43,0 22,4 - 20,6 47,9 - 44,4 815,2 440,4 207,9 648,3 153,6 13,3 834,9 475,0 190,2 665,2 109,1 60,6 - 19,7 - 34,6 17,8 - 16,8 44,5 - 47,4 Note : En raison des arrondis, un agrégat peut ne pas apparaître exactement égal au total des composantes. Source : Banque de France. e solde des transactions courantes de la France s’établit à – 19,7 milliards d’euros en 2014, soit la valeur des achats énergétiques s’est nettement SFQMJÏF oø ø UBCMFBV 5 -Fø EÏmDJU EFT VUE D’ENSEMBLE 2 PTE ER T2-1 G0-6 Flux d’investissements directs T0-4 (en milliards d’euros) (en milliards d’euros) Compte financier T2-2 180 Flux d’investissements directs (en milliards d’euros)directs Investissements (en milliards d’euros) 150 2013 2014 Compte financier 90 - 18 - 11 Investissements directs 60 Investissements de portefeuille 30 Instruments financiers dérivés 0 Autres investissements Avoirs de réserve - 30 - 13 - 61 - 17 74 -1 21 -7 - 24 -1 1 120 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Français à l’étranger Étrangers en France 2014 Note : En raison des arrondis,Investissements un agrégat peut pas apparaître directsnefrançais à l’étranger exactement Investissements directs étrangers en France égal au total des composantes. Solde net des investissements directs Source : Banque de France. Source : Banque de France. 1| Position extérieure de la France (en valeur mixte) LES INVESTISSEMENTS DIRECTS 2013 2014 409 453 2013 986 578 1 0542014 601 Français à l’étranger Investissements de portefeuille Capital social, Avoirs (en immobilier titres étrangers) y compris Engagements (détention de titres français Bénéfices réinvestis par les non-résidents) Autres opérations (prêts intragroupe) Instruments financiers dérivés pour mémoire : autres opérations Autres investissements (créances) 18,8 32,3 - 85 0,7 - 9912,0 Avoirs de Étrangers enréserve France Position extérieure nette Capital social, y compris en % duimmobilier PIB Bénéfices réinvestis Dette extérieure nette Autres opérations (prêts intragroupe) en % du PIB pour mémoire : autres opérations Source : Banque de France. (engagements) 105 32,3 11811,5 - 737 - 832 23,0 085 2 264 5,2 8,1 7,8 - 62 3 096 2 821 - 369 18,1 - 17,5 7,8 708 6,433,5 - 0,7 9,1 - 5918,0 - 418 - 19,67,3 820 6,2 - 2,1 38,5 - 8,1 presque systématique depuis 2009, ont reflué en 2014 1 Investissements directs – solde net - 13,5 20,9 Les opérations d’investissements directs débiteur. retrouvent et présentent un solde légèrement 32 :milliards en 2013, sanslatoutefois que celadu ne en 2014 un solde positif de 21 milliards d’euros Notes Les flux sont établis selon règle internationale principe dessine de tendance très nette dans une perspective Le flux net positif des opérations d’investissedirectionnel étendu dont la teneur est expliquée dans la note 2 ci-dessous. (tableaux T2-1 et T2-2). Ce solde positif signifie que, comme moyen terme un (graphique Cette diminution ment direct tient principalement aux investisse- Ende raison des arrondis, agrégat peutG0-6). ne pas apparaître exactement égal chaque année depuis le début des années deux mille au total des composantes. concerne à la fois les opérations en capital social et ments directs français à l’étranger, qui atteignent à l’exception32 milliards de 2013 en 2014, (graphique G2-1), les investisseSource : Banque de France. les prêts-emprunts intragroupe. soit quasiment le double du flux ✤ Enregistrement des disparités dans le compte Erreurs et omissions nettes ✤ Définition des notions de capacité ou besoin de financement (Solde du compte courant + solde du compte de capital) et la position extérieure d’un pays ✤ Signification macroéconomique de ces notions: Y = C + I + G devient en économie ouverte: Y = C + I + G + (X - M) où X - M est le solde du compte courant On peut donc parvenir à Y - (C + I + G) = X - M Si l’on pose encore que C = Y - S - T où T = G, on a S - I = X - M Est-ce grave d’avoir une balance commerciale déficitaire? C’est à partir de la balance des paiements que l’on peut calculer: Le coefficient d’ouverture Les termes de l’échange La part du pays dans le commerce international L’élasticité des importations et exportations par rapport au PIB Le degré de spécialisation La proportion d’échanges intra- et inter-zones 1. Les théories du commerce international 1.1. Des mercantilistes à Adam Smith ✤ Première forme d’analyse sérieuse du commerce international: le « mercantilisme » (XVe-XVIIIe siècles) ✤ Ouvrage représentatif: David Hume, 1758, Of the Balance of Trade ✤ Auteurs très hétérogènes: T. Mun (1571-1641), W. Petty (1623-1687), J. Child (1630-1699), J. Locke (1632-1704) A. de Monchrestien (1575-1621), J.-B. Colbert (1619-1683), S. Le Prestre de Vauban (1633-1707) ✤ Développement d’une pensée économique au service du Prince (commerce comme instrument de puissance) ✤ Pensée qui ne peut être résumée à l’égalité entre argent et richesse (critique Smith et réhabilitation Keynes) ✤ En réalité il faudrait dire: richesse = avantage commercial ✤ 2 points essentiels: Le circuit économique intra-national est stérile Le commerce international est un jeu à somme nulle ✤ Les gains peuvent être réalisés sur les marchés internationaux, où il y a des gagnants et des perdants ✤ Les gagnants sont ceux qui ont une balance commerciale excédentaire, et qui enregistrent donc une entrée de métaux précieux (qui est le résultat, et non la cause de l’enrichissement) ✤ Nombreux dispositifs mis en place pour encourager les exportations et diminuer les importations (tarifs douaniers, quotas, subventions dans le cadre d’une stratégie industrielle différenciée) ✤ Objectif final de parvenir à l’autosuffisance ✤ Apports du mercantilisme: Relation entre prix et masse monétaire Relation entre commerce, flux de métaux précieux, niveau des prix et taux de change Prise en compte de l’aspect conflictuel et stratégique du commerce international ✤ Défaillances principales: Commerce international comme jeu à somme nulle Objectif de l’autarcie Apports souvent sous-estimés en raison de la critique de Smith ✤ A. Smith critique, dans le livre 4 de la Richesse des Nations, les principes du « système mercantile » (Chapitre 1) ✤ Celui-ci est l’expression d’un point de vue particulier qui convient à un marchand, mais pas à un pays (vision non scientifique) ✤ Critique de la division commerce national / international « Le commerce intérieur ou domestique, le plus important de tous, celui dans lequel le même capital fournit au pays le plus grand revenu et fait naître le plus d'occupation pour les nationaux, ne fut regardé que comme inférieur au commerce étranger. Ce commerce, disait-on, ne fait entrer ni sortir aucun argent du pays; il ne peut donc rendre le pays ni plus riche ni plus pauvre, si ce n'est autant seulement que sa prospérité ou sa décadence pourrait avoir une influence indirecte sur l’état du commerce étranger. » « Sans contredit, un pays qui n’a pas de mines doit tirer son or et son argent des pays étrangers, tout comme celui qui n'a pas de vignes est obligé de tirer ses vins de l’étranger. Cependant il ne paraît pas nécessaire que le gouvernement s'occupe plus d'un de ces objets qu'il ne s'occupe de l'autre. Un pays qui a de quoi acheter aura toujours tout le vin dont il aura besoin, et un pays qui aura de quoi acheter de l'or et de l'argent ne manquera jamais de ces métaux. On trouve à les acheter, pour leur prix, comme toute autre chose; et s'ils servent de prix à toutes les autres marchandises, toutes les autres marchandises servent aussi de prix à l'or et à l'argent. Nous nous reposons en toute sûreté sur la liberté du commerce, sans que le gouvernement s’en mêle en aucune façon, pour nous procurer tout le vin dont nous avons besoin; nous pouvons donc bien nous reposer sur elle, avec autant de confiance, pour nous faire avoir tout l'or et l'argent que nous sommes dans le cas d’acheter ou d'employer, soit pour la circulation de nos denrées, soit pour d'autres usages. » « L'importation de l'or et de l'argent n'est pas le principal bénéfice, et encore bien moins le seul qu'une nation retire de son commerce étranger. Quels que soient les pays entre lesquels s’établit un tel commerce, il procure à chacun de ces pays deux avantages distincts. Il emporte ce superflu du produit de leur terre et de leur travail pour lequel il n'y a pas de demande chez eux, et à la place il rapporte en retour quelque autre chose qui y est demandé. Il donne une valeur à ce qui leur est inutile, en l’échangeant contre quelque autre chose qui peut satisfaire une partie de leurs besoins ou ajouter à leurs jouissances. … … Par lui, les bornes étroites du marché intérieur n'empêchent plus que la division du travail soit portée au plus haut point de perfection, dans toutes les branches particulières de l'art ou des manufactures. En ouvrant un marché plus étendu pour tout le produit du travail qui excède la consommation intérieure, il encourage la société à perfectionner le travail, à en augmenter la puissance productive, à en grossir le produit annuel, et à multiplier par là les richesses et le revenu national. Tels sont les grands et importants services que le commerce étranger est sans cesse occupé à rendre, et qu'il rend à tous les différents pays entre lesquels il est établi. » Résultats: Le commerce international est bénéfique en ce qu’il permet d’approfondir la division du travail (et ainsi de stimuler la production nationale) Il n’est pas un jeu à somme nulle mais un jeu à somme positive, mutuellement profitable « Les avantages naturels qu'un pays a sur un autre pour la production de certaines marchandises sont quelquefois si grands, que du sentiment unanime de tout le monde, il y aurait de la folie à vouloir lutter contre eux. Au moyen de serres chaudes, de couches, de châssis de verre, on peut faire croître en Ecosse de fort bons raisins, dont on peut faire aussi de fort bon vin avec trente fois peut-être autant de dépense qu'il en coûterait pour s'en procurer de tout aussi bon de l’étranger. Or, trouverait-on bien raisonnable un règlement qui prohiberait l'importation de tous les vins étrangers, uniquement pour encourager à faire du vin de Bordeaux et du vin de Bourgogne en Ecosse ? (…) Tant que l'un des pays aura ces avantages et qu'ils manqueront à l'autre, il sera toujours plus avantageux pour celui-ci d'acheter du premier, que de fabriquer lui-même. » ✤ Il manque cependant à la thèse de Smith (avantage absolu) certaines précisions. Notamment, elle ne permet pas de démontrer le bénéfice du commerce international dans tous les cas ✤ Smith voit d’ailleurs lui-même des exceptions: Quand l’indépendance nationale est menacée (raisons politiques) Quand l’industrie nationale est pénalisée par une fiscalité défavorable Quand d’autres pays pratiquent eux-mêmes le protectionnisme 1.2. La théorie ricardienne du commerce international ✤ Approfondissement de la perspective de Smith par David Ricardo au début du XIXe siècle, à travers un ouvrage principal: Des principes d’économie politique et de l’impôt, 1817 ✤ Contexte des Corn Laws: importance pour l’industrie anglaise de faire diminuer le prix des subsistances ✤ « Si, par l’introduction de marchandises étrangères à bas prix, je puis épargner 20 pour cent sur ma dépense, le résultat sera précisément le même que si les frais de production eussent été diminués au moyen des machines; mais le taux des profits ne haussera pas. » « Il importe tout autant au bonheur des hommes d’augmenter leurs jouissances par une meilleure distribution de travail, que de parvenir au même but par un accroissement dans le taux des profits, et cette distribution est toujours meilleure lorsque chaque pays produit les choses qui s’accordent le mieux avec son climat, sa situation et ses autres avantages naturels ou artificiels, et lorsqu’il les échange pour les marchandises des autres pays. » ✤ ✤ Principe de l’avantage comparatif énoncé à partir d’un exemple célèbre : Angleterre et Portugal qui échangent du drap et du vin PORTUGAL ANGLETERRE VIN 80 120 DRAP 90 100 Les nombres représentent la quantité de travail nécessaire pour produire une unité de vin ou de drap au cours d’une période définie (par exemple un an). ✤ Exemple abstrait fondé sur plusieurs hypothèses: Immobilité internationale des facteurs de production Rendements constants Pas de coûts de transport Différence de productivité du travail entre les 2 pays ✤ PORTUGAL ANGLETERRE VIN 80 120 DRAP 90 100 Spécialisation de chaque pays selon son avantage comparatif: (PD/PV)AA = 10/12 = 0,83 (PD/PV)AP = 9/8 = 1,125 ✤ Le drap est relativement plus cher au Portugal qu’en Angleterre. L’Angleterre devrait donc se spécialiser dans la production de drap et le Portugal de vin. Preuve de l’intérêt de la spécialisation: ✤ Si l’on pose que: PAA = 220 ; PAP = 170, alors QA = 2v ; 2d ✤ En libre échange, on a: QLE = 2,125v ; 2,2d ✤ La quantité globale de marchandises disponibles augmente en libre échange ✤ Force de la démonstration Exemple simple et généralisable, qui démontre les bénéfices, inconditionnels en termes de productivité, du commerce international. ✤ Faiblesses Si chaque pays gagne à l’échange, on ne sait rien de la répartition de ces gains Pas de considération dynamique sur l’évolution des avantages comparatifs (rendements d’échelle) La théorie ne renseigne pas sur les gains des différents groupes à l’intérieur d’un même pays ✤ Les deux pays peuvent donc gagner à l’échange, mais dans quelle proportion? ✤ Cela dépend de la demande internationale, qui va déterminer le prix mondial du drap par rapport au vin (indétermination des termes de l’échange): (PD /PV)AA < (PD/PM)LE < (PD/PV)AP ✤ Plus ce prix est élevé et plus l’Angleterre gagne, plus il est faible et plus c’est le Portugal qui bénéficie de l’ouverture des échanges ✤ Caractère ironique de l’exemple de Ricardo, dans le contexte de l’industrialisation anglaise ✤ La question des rendements croissants. Les critiques de List et le concept de protectionnisme éducateur ✤ Les justifications au protectionnisme illustrée par les exemples de l’Inde et des États-Unis ✤ La troisième faiblesse ne sera compensée que bien plus tard, avec les théories HOS, qui sont un développement du principe de l’avantage comparatif (caractère fondateur de l’analyse de Ricardo) ✤ Avant de s’y intéresser, on se penche sur les évolutions qui s’opèrent dans la seconde moitié du XIXe siècle 1.3. Le protectionnisme de la fin du XIXe siècle à l’entre-deux-guerres ✤ Contexte de résurgence du protectionnisme après 1873 (Allemagne, Japon, Etats-Unis, France) ✤ Le courant marxiste: Lénine, Rosa Luxembourg, travaillent sur le concept d’impérialisme (L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916) ✤ La mondialisation impérialiste est nécessaire pour pallier aux contradictions du capitalisme, concernant les débouchés et la baisse tendancielle des taux de profit (retournement de la relation libre commerce - paix) ✤ Concept d’hégémonie de Gramsci ✤ Débat sur la « croissance appauvrissante » entre Keynes et Ohlin dans l’entre-deux-guerres (Keynes, 1919, Les conséquences économiques de la paix, 1929, « The German Transfer Problem ») ✤ Élaboration d’un nouveau modèle d’explication des échanges internationaux : Hecksher - Ohlin Samuelson entre les années 1919 et 1948 ✤ Objectif de refonder la théorie de l’avantage comparatif sur une base nouvelle: la dotation en facteurs 1.4. Le modèle HOS Hypothèses du modèle: ✤ 2 pays, 2 biens, 2 facteurs de production substituables (immobilité des facteurs, pas de coût de transport etc.) ✤ Il n’existe plus de différence de technologie, mais des différences de dotation factorielle *** ✤ Théorème HO: Les pays tendent à exporter les biens pour lesquels la production est intensive en facteur dont ils sont relativement mieux dotés. ✤ La spécialisation qui en découle peut être partielle ✤ On range les pays en fonction de leur dotation en facteurs de production: T/L < T*/L* (Europe/USA au XIXe siècle) K/L > K*/L* (PDs/PEDs au XXe siècle) ✤ On peut en déduire la relation suivante: w/r > w*/r* ✤ En faisant l’hypothèse que la production de biens manufacturés est plus intensive en travail, et que la production de biens technologiques nécessite davantage de capital, cela signifie qu’en autarcie: PT /PM < PT*/PM* ✤ Et qu’en cas d’ouverture des échanges: PT /PM < ✤ LE LE PT /PM < PT*/PM* Le commerce produit une tendance à l’égalisation du prix des facteurs: w/r = w*/r* ✤ Théorème HOS: le commerce sans entrave de biens égalise le prix des facteurs de production au travers de l’égalisation des prix relatifs des biens Les problèmes de validation empirique du modèle HOS Le théorème HOS ne semble pas déterminant dans les faits Le paradoxe de Leontief (1954); interprétation de la montée des inégalités dans les PDs? Le modèle HOS prédit généralement moins bien que celui de Ricardo la structure des échanges internationaux (MacDougall 1951, Balassa 1963) ✤ Conclusions et prolongements: Situation des travailleurs des PDs Convergence entre pays du Nord et du Sud « Dutch disease » et Théorème de Rybczynski: Si la dotation factorielle d’un pays évolue, la spécialisation du pays va se déformer en direction du bien intensif en facteur dont la quantité augmente 1.5. Echange inégal et théories de la dépendance Retour en force du courant critique dans les années 1960-1970: ✤ Théories de l’échange inégal (1): Thèse de Singer-Prebisch (dynamique des prix et élasticité revenu de la demande) ✤ La critique de Paul Bairoch (1975) ✤ Théories de l’échange inégal (2): Arghiri Emmanuel (1969, L’échange inégal): « Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on vend bon marché, mais parce qu’on vend bon marché qu’on est pauvre » ✤ Théories de la dépendance: Samir Amin, Immanuel Wallerstein ✤ Traduction politique de ces théories: Industrialisation par substitution d’importation Industries industrialisantes Industrialisation par substitution d’exportation Parallèlement, il se produit un renouvellement de l’analyse économique du commerce international, pour remédier aux défaillances du modèle HOS 1.6. Les nouvelles théories du commerce international ✤ Théorie de la demande représentative, Linder (1961) ✤ Théorie de la demande de différence, Lancaster (1966) ✤ Nouvelles théories du commerce international, Krugman et Helpman (1985) ✤ Conséquence de ce dernier ensemble de théories Conclusion Mise en évidence des différentes origines et des effets de l’échange international de marchandises: ✤ Ricardo, HOS ✤ Théories marxistes (théories de l’échange inégal) ✤ Nouvelle économie internationale Remarque sur les mouvements de facteurs et le commerce international