Le Chapitre 4 est consacré aux urgences potentielles de santé publi-
que de portée internationale, dont la plus redoutée reste la grippe
pandémique. Des mesures anticipées ont déjà été prises pour faire face à cette
menace, ce qui a constitué une occasion rare de se préparer pour une pandémie et
peut-être de faire en sorte que la menace ne devienne pas réalité.
Le RSI (2005) donne un cadre à cette approche en renforçant les capacités nationales de base et
en appelant à prendre des mesures collectives face aux urgences de santé publique de portée interna-
tionale. Le chapitre 4 examine les leçons tirées de l’expérience acquise par la mise en oeuvre anticipée
du RSI (2005) à l’occasion de l’alerte à la grippe pandémique, ainsi que leur application potentielle à
des situations telles que celle de la tuberculose ultrarésistante en Afrique australe et à la menace de
propagation internationale de la poliomyélite.
Ces deux dernières situations sont des exemples d’urgences de santé publique qui donneraient lieu
au recours à l’instrument de décision du RSI (2005) pour évaluer la nécessité de notifier à l’OMS une
urgence de santé publique de portée internationale (voir chapitre 5) et qui, le cas échéant, exigerait une
action collective de santé publique.
GRIPPE PANDEMIQUE:
LA PLUS REDOUTEE DES MENACES POUR LA SECURITE
Contrastant fortement avec les mesures entièrement réactives adoptées lors de la flambée épidémique de SRAS en 2003, la
riposte à la menace d’une nouvelle pandémie de grippe a été lancée de manière très précoce, grâce notamment à la mise en
oeuvre anticipée du RSI (2005). Il s’agissait d’une occasion rare d’empêcher
une menace de se concrétiser en profitant pleinement d’une alerte précoce
et en mettant à l’épreuve un modèle de planification et de préparation en
vue d’une pandémie.
La menace de grippe pandémique ne saurait cependant être pleinement
appréciée sans une compréhension préalable de ses liens avec la grippe sai-
sonnière. Chaque année, la grippe humaine se propage rapidement à travers
le monde sous la forme d’épidémies saisonnières, causant en général entre 3
et 5 millions de cas de maladie grave et entre 250 000 et 500 000 décès.
La plupart des décès couramment imputés à la grippe dans les pays indus-
trialisés concernent des personnes de plus de 65 ans. Les virus grippaux
saisonniers responsables se subdivisent en deux groupes : A et B. La grippe de
type A possède deux sous-types de virus saisonniers qui ont de l’importance
pour les humains : A(H3N2) et A(H1N1), le premier des deux étant actuellement
responsable du plus grand nombre de décès.
Les virus de la grippe saisonnière subissent fréquemment de légères modi-
fications génétiques, connues sous le nom de « glissements antigéniques ». Ces
changements nécessitent une reformulation annuelle des vaccins antigrippaux
destinés à protéger les populations dans différentes régions du monde. Les
vaccins les plus efficaces contre la grippe saisonnière sont ceux que l’on produit
spécialement pour le virus en circulation à un moment donné.
Les flambées épidémiques de grippe saisonnière apparaissent généralement
à l’est et voyagent ensuite vers l’ouest. Les virus détectés en Asie sont donc
analysés et utilisés pour déterminer les composants qui devront entrer dans
la préparation des vaccins pour la saison de grippe suivante.
Au cours des 50 dernières années, un vaste réseau de surveillance (le
réseau mondial de surveillance de la grippe) administré par l’OMS a recueilli les
informations génétiques relatives aux souches virales circulantes et constam-
ment changeantes obtenues à partir de virus provenant des pays et librement
échangés, ainsi que les tendances épidémiologiques de l’infection grippale.
Ce réseau est actuellement constitué de plus de 118 centres nationaux de
lutte contre la grippe dans plus de 89 pays et de 4 centres collaborateurs
et perspectives d’avenir
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