Cet ouvrage est important, ne serait-ce que parce qu'il constitue une
tentative, non seulement de mettre l'Orient à la portée de l'Occident et
vice-versa, mais aussi parce qu'il tente d'harmoniser les deux manières de
penser en une seule. Au lecteur de dire si elle est parvenue à accomplir
cette intégration. Cette tentative est importante et devrait porter les fruits
d'une approche plus intelligente des deux formes de pensée.
Ce qui donne à cet ouvrage une signification particulière est la
comparaison qui, pour la première fois, est faite entre l'étude occidentale
des glandes et l'étude orientale des "centres". Le philosophe occidental
Spinoza, il y a bien longtemps, avait noté le parallélisme indissociable de
ce qu'il appelait le corps et l'âme dans la vie de l'Absolu et dans la vie des
expressions de l'Absolu que nous appelons individus. Si ce parallélisme
existe, nous devons nous attendre à trouver dans chaque manifestation
extérieure la force intérieure ou psychique [20@11] qui se manifeste ainsi.
Jusqu'à présent, nous n'avons considéré cette hypothèse d'intérieur et
d'extérieur que de manière générale. En se concentrant essentiellement sur
l'étude des glandes qui sont les régulateurs, pourrait-on dire, de notre
personnalité, cet ouvrage présente les rapports entre le corps et le mental
non seulement d'une façon étonnamment riche de suggestions en vue d'une
formation plus adéquate de l'individu, mais ouvre, également, des
possibilités de recherche ultérieure fascinantes. En Occident, nous parlons
de la thyroïde ou des glandes surrénales en nous limitant à leur
comportement physiologique. Ce comportement n'a-t-il pas aussi une
contrepartie psychique ? C'est peut-être là une question bizarre, une
question qui, au premier abord, devrait provoquer la risée des
physiologistes. Et pourtant, à moins que nous ne soyons des dogmatistes
farouches non encore sortis des ténèbres du matérialisme du dix-neuvième
siècle, nous parlons bien de la contrepartie psychique de l'organe
physiologique que nous appelons cerveau. Alors, pourquoi ne pas parler
des contreparties psychiques de la thyroïde, des glandes surrénales et des
autres glandes ?
Si nous poursuivons la question jusqu'à sa fin logique, sans aucun
doute nous apprendrons à pousser notre conception de la vie psychique de
l'individu bien au-delà du point atteint par les intellectuels plutôt naïfs qui
considèrent que le seul centre de vie se trouve dans le cerveau.