TECHNIQUE INSTRUMENTALE
44 SPECTRA ANALYSE n° 275 • Septembre - Octobre 2010
Figure 1
Schéma de principe de la spectroscopie par corrélation de fl uorescence.
Les mouvements de diff usion spatiale (Brownienne ou non) de molécules
fl uorescentes dans le volume d’analyse indiqué en pointillés (a) induisent des
fl uctuations temporelles dans l’intensité de fl uorescence détectée (b). La FCS analyse
ces fl uctuations en calculant la fonction mathématique de corrélation temporelle
de l’intensité de fl uorescence (c). L’encart (d) indique les principaux domaines
d’application de la corrélation de fl uorescence. L’amplitude de la courbe de FCS
est inversement proportionnelle au nombre N d’émetteurs analysés. L’analyse de
l’évolution temporelle de la courbe de corrélation renseigne sur le temps de diff usion td
des émetteurs au travers du volume d’analyse.
permet de répondre à cette question en eff ectuant
une analyse directe des évolutions temporelles du
signal de fl uorescence (1-3). Cette technique, qui est
développée depuis le milieu des années 1970, repose
sur le calcul des corrélations temporelles de l’intensité
de fl uorescence. La Figure 1 illustre le principe
général de fonctionnement de la FCS. L’intensité de
fl uorescence provenant d’un volume d’analyse limité
est mesurée au cours du temps. Du fait par exemple
de la diff usion de molécules dans et hors de ce
volume, l’intensité de fl uorescence détectée fl uctue
naturellement au cours du temps. L’analyse FCS
porte sur le calcul de la fonction mathématique de
corrélation temporelle de l’intensité de fl uorescence
détectée. Aux temps courts (inférieurs à une dizaine
de microsecondes), cette fonction de corrélation
permet d’avoir accès aux paramètres photophysiques
des émetteurs ainsi qu’au nombre moyen de
molécules détectées. Aux temps longs (supérieurs à
quelques dizaines de microsecondes), elle renseigne
sur le temps de séjour moyen (temps de diff usion)
des molécules et sur leur mode de diff usion au
travers du volume d’analyse. Pour les lecteurs plus
familiers de l’analyse dynamique de diff usion laser
DLS (dynamic light scattering), on peut dire que la
FCS est l’analogue de la DLS pour la fl uorescence.
Elle permet généralement un meilleur rapport
signal-à-bruit, et peut atteindre la résolution d’une
molécule individuelle fl uorescente sans que celle-ci
soit nécessairement purifi ée du reste.
II- Les défi s de la FCS portable
Le paramètre essentiel en FCS est l’amplitude des
fl uctuations de fl uorescence, et non plus seulement
l’intensité moyenne détectée. Des corrélations
non-nulles en FCS seront présentes seulement si
une fraction du signal provient du même émetteur,
l’émission de deux émetteurs indépendants ne
présentant pas de corrélations. Il faut donc que
le dispositif de FCS soit à même d’atteindre une
sensibilité suffi sante pour résoudre le signal d’un
émetteur individuel avec un bon rapport signal-
à-bruit (l’émetteur pouvant correspondre soit à
une molécule fl uorescente individuelle, soit à un
agrégat de molécules fl uorescentes, soit à une
microparticule portant un marquage fl uorescent).
Ainsi, les systèmes commerciaux de FCS reposent
sur des montages de microscopes confocaux équipés
de photodiodes à avalanche de forte sensibilité. En
particulier, pour assurer la détection de molécules
fl uorescentes individuelles, les systèmes existants
utilisent des objectifs de microscope de forte
ouverture numérique, valant typiquement autour
de 10 000€. Des systèmes complets de FCS sont
proposés par les principaux constructeurs de
microscopes optiques, avec des prix autour de
200 k€. Ces systèmes sont donc complexes, chers
et encombrants, et il n’est pas possible en l’état
de l’art de transporter la FCS hors du laboratoire.
Des systèmes de spectroscopie utilisant des
cuvettes sont également disponibles, dont le coût
est sensiblement réduit puisqu’ils économisent
l’emploi d’un microscope. Cependant, leur mode
de fonctionnement est identique, et nécessite un
objectif complexe de forte ouverture numérique
pour fournir une sensibilité suffi sante pour la FCS.
Pour proposer des systèmes de FCS compacts
et permettant un fonctionnement en mode
endoscopie, il faut introduire une fi bre optique
allant vers l’échantillon. Or, les fi bres optiques
conventionnelles ne permettent pas d’atteindre
une sensibilité suffi sante pour détecter des
molécules individuelles. L’effi cacité de couplage
de la fl uorescence dans la fi bre est bien trop faible
pour garantir un signal FCS viable. Pour améliorer
ce couplage dans la fi bre, on peut imaginer
utiliser une lentille en sortie de fi bre. Cependant,
l’ouverture numérique limitée de ces lentilles
(typiquement en-dessous de 0,5) ne suffi t pas pour
atteindre une effi cacité de collection suffi sante de
la fl uorescence.