I N F O TRAITEMENTS -N°145-FEVRIER-2006
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VI VRE A VE C
résurgences d'herpès/zonas, des
proliférations de condylomes(2)
rebelles à la cryothérapie(3), des
inflammations oculaires, des
œdèmes maculaires(4) accompa-
gnés de baisses de vision (chez
des personnes ayant des
antécédents d'infections oculaires
par CMV(5)), des réactivations des
hépatites.
Il a également été constaté des
résurgences ou aggravations de
la tuberculose, quelquefois avec
des manifestations atypiques, des
mycobactérioses avec des fièvres
(mais sans que le germe soit
présent dans le sang).
Des affections cutanées comme le
molluscum(6) peuvent donner
lieu à des manifestations
envahissantes…
La moitié des leuco-encéphalites
multifocales progressives(7)
(LEMP) s'améliore sous HAART,
les autres s'aggravent…
Des hépatites virales peuvent
s'aggraver, d'autres hépatites non
détectées peuvent se manifester
pour la première fois à cette
occasion.
Ainsi, dans certains cas,
l'apparition des anticorps contre
le VHC(8) chez des porteurs du
virus a été constatée lors du
syndrome de restauration
immune, et quelquefois, on a pu
assister à une éradication du
VHC, à la suite des symptômes
d'hépatite aigue. Les patients
présentant le génotype 3
semblent particulièrement
exposés aux élévations de
transaminases lors de l'orage
immunitaire. Des études
rapportent de considérables
augmentations de la charge
virale du VHC, pouvant persister
48 semaines, à la suite de
l'amélioration immunitaire. Ces
augmentations semblent
proportionnelles à
l'augmentation des CD4 ; elles
sont dues à la destruction des
cellules hépatiques résultant de
la toute nouvelle réponse
immune.
Et même si des études françaises
montrent que le risque de
survenue de cirrhose est
multiplié par trois chez des
patients débutant un traitement
contre le VIH avec moins de 200
CD4, la bonne santé du foie est
liée au nombre des CD4, et
l'échec virologique expose au
risque de progression de la
maladie hépatique.
Les phénomènes en cause dans
l'IRIS, malgré leur caractère
exacerbé, font partie des
processus de guérison et
témoignent de la réaction de
l'organisme aux infections suite à
la restauration de l'immunité.
Délai d'apparition
La fréquence de survenue du
syndrome inflammatoire de
reconstitution immunitaire est
estimée de 10 à 25% des
personnes chez qui le traitement
contre le VIH a été initié. Elle est
variable selon les études, les
populations et les affections en
cause.
La médiane(9) de 12 semaines
entre le début de HAART et
l'orage immunitaire a été citée.
Le délai moyen de la survenue
d'IRIS varie selon le type
d'infection opportuniste en
cause: douze semaines par
exemple pour l'herpès et le
papilloma virus (condylomes),
huit semaines pour le
molluscum, quatorze semaines
pour le zona.
Dans une étude indienne, il s'est
écoulé en moyennes six semaines
avec la tuberculose entre le début
du traitement antirétroviral et
l'orage immunitaire conduisant à
l'aggravation des symptômes.
Dans une cohorte américaine, le
délai moyen entre HAART et
l’IRIS était de 47 jours, le délai le
plus court étant de trois jours et
le plus long de 658 jours…
Pour des personnes touchées par
le CMV oculaire, ce délai est de
un à huit mois après le début de
la thérapie.
Des maladies auto-immunes de la
thyroïde liées à l'IRIS ont été
rapportées par des chercheurs
britanniques avec un délai
d'apparition de 17 mois après le
début du traitement
antirétroviral.
L'OMS, dans ses recomman-
dations relatives aux traitements
antirétroviraux, stipule que
quelques semaines sont
nécessaires après le début du
traitement pour distinguer un
échec du traitement, avec
progression clinique de la
maladie, d'un IRIS. Mais cette
définition semble trop restrictive
à la vue des délais de survenue
du syndrome de la reconstitution
immunitaire indiqués ci-dessus.
Les mécanismes de l'IRIS
Les mécanismes impliqués dans
la survenue d'IRIS ne sont pas
complètement élucidés.
La comparaison du système
immunitaire à une armée en
campagne, qui, après un repli
stratégique, reconquiert les
premières lignes du front,
nettoyant avec des forces
nouvelles les infections latentes,
pourrait être trop simpliste.
Le syndrome n'est pas expliqué
par une simple remontée brutale
des CD4 et peut survenir lors
d'une restauration de l'immunité
même plus lente.
1 -> 90 jours
Augmentation moyenne du taux CD4 43 14
Diminution moyenne de la charge virale (log10) -2,11 -1,37
91 -> 150 jours
Augmentation moyenne du taux CD4 65 31
Diminution moyenne de la charge virale (log10) -2,63 -1,67
151 -> 270 jours
Augmentation moyenne du taux CD4 73 33
Diminution moyenne de la charge virale (log10) -2,54 -0,84
0 -> 12 mois
Admissions hospitalières 1,67 0,54
Procédures invasives 2,93 0,41
24 mois
Charge virale < 400 copies/ml 31 / 40 26 / 72
Taux de CD4 < 100 29 / 40 32 / 73
En vie 40 /46 73 /100
Chronologie depuis le début de HAART Patients Patients
avec IRIS sans IRIS
(SOURCE : AIDS) (n = 57) (n = 123)
(1) Mycobactérioses :
Infection provoquée par
une mycobactérie ; c’est une
infection opportuniste
survenant chez les sujets qui
ont moins de 200 CD4/mm3
(2) Condylomes :
Tumeur ressemblant à une
verrue, située sur les
muqueuses génitales ou le
pourtour de l’anus, due au
papillomavirus.
(3) Cryothérapie :
Traitement par le froid
(4) Œdème maculaire :
Inflammation au niveau de
la rétine qui entraîne une
baisse de la vision.
(5) CMV (cytomégalovirus) :
Virus de la famille des
herpes-virus. Le CMV peut
se transmettre par les
rapports sexuels et pendant
une grossesse de la mère à
l’enfant.
(6) Molluscum :
Le molluscum contagiosum
(MC) est une infection
bénigne de la peau par un
virus de la famille des
poxvirus. Elle guérit le plus
souvent spontanément.
Mais lorsque certains
molluscum disparaissent,
d'autres peuvent survenir
par contamination de la
peau avoisinante.
(7) Leuco-encéphalopathie
multifocale progressive :
Terme désignant de façon
globale des atteintes de la
substance blanche du
cerveau.
(8) VHC :
Virus de l’hépatite C
(9) Médiane :
Valeur statistique qui
reflète le milieu de toutes
les valeurs recueillies.
(10) Cytokines :
Ce sont des glycoprotéines
solubles produites en
réponse à un signal
activateur ; elles assurent la
communication entre les
différentes cellules de
l’organisme, elles ont un
rôle de stimulation ou
d’inhibition, c’est-à-dire de
régulation des phénomènes
immunitaires.
(11) Encéphalomyélite :
inflammation du système
nerveux central (constitué
par l'encéphale et la moelle
épinière), caractérisée par
une raideur de la nuque et
des maux de tête, ainsi que
par des troubles visuels,
psychiques et moteurs
Glossaire