La supplémentation en
coenzyme Q10 et en
sélénium protège de
la cardiomyopathie
Cette étude a enrôlé 443 citoyens suédois
en bonne santé, âgés de 70 à 88 ans. Ils ont
été attribués de façon aléatoire à un groupe
témoin qui recevait un placebo et à un grou-
pe traité, qui recevait 200 µg de sélénium et
200 mg de coenzyme Q10 par jour, avec les
autres médicaments. L’étude a duré un peu
plus de cinq ans et une batterie d’analyses a
été effectuée tous les six mois. Avec notam-
ment le dosage du marqueur biologique du
cœur : le proBNP N-terminal (NT-proBNP) (voir
encadré). Les modifications échocardiograp-
hiques ont également été contrôlées, et la
mortalité enregistrée. Les résultats étaient con-
vaincants. Au cours de la période d’étude de
cinq ans, il est apparu que 12,6% des sujets
du groupe placebo étaient décédés des sui-
tes d’événements cardiovasculaires par rap-
port à 5,9% dans le groupe ayant reçu du
CoQ10 et du sélénium. Ce qui correspond à
une baisse de 54% de la mortalité cardiovas-
est considérablement réduit par rapport aux sujets normaux, en bonne santé. En circonstances idéales, le corps
produit suffisamment de cette enzyme et complètera la synthèse interne par du CoQ10 apporté par une alimen-
tation équilibrée. Le coenzyme Q10 est présent de nature dans les aliments tels que le soja, les sardines, la viande
de bœuf et de porc, les brocolis. Pourtant, des carences se manifestent régulièrement en cas de besoins accrus
suite à une maladie, le stress, l’excès pondéral ou l’obésité, une mauvaise alimentation et une production pertur-
bée du CoQ10. De plus, la production interne du CoQ10 diminue progressivement avec l’âge. Ainsi, le taux de
CoQ10 dans le tissu cardiaque de personnes âgées (entre 77 et 81 ans) a baissé en moyenne jusque 43% du
taux de CoQ10 par rapport aux jeunes de vingt ans. En plus de la synthèse réduite du CoQ10 avec l’âge, le stress
oxydatif augmente et la fonction mitochondriale régresse. Le CoQ10 joue par ailleurs un rôle antioxydant important
et fonctionne comme un capteur de radicaux. Une série d’études publiées a déjà montré que des patients atteints
d’insuffisance cardiaque chronique, présentent des signes nets d’amélioration après traitement avec des supplé-
ments contenant le coenzyme Q10 (en général entre 100 et 400 mg/jour).
Le sélénium, un élément essentiel du
coenzyme Q10
Le sélénium est un oligo-élément qui soutient au moins 25 à
30 protéines différentes dans notre organisme. Ces protéines
dépendantes du sélénium (sélénoprotéines) interviennent dans
diverses fonctions de l’organisme, allant du système immunitaire
à la fertilité et à la lutte contre les inflammations. Dans le passé,
une carence du minéral sélénium a été mise en corrélation
avec des maladies cardiovasculaires. Il semble qu’en Europe
du Nord les apports en sélénium sont nettement inférieurs aux
autres parties du monde. Ce qui pourrait expliquer pourquoi le
taux de maladies cardiovasculaires est plus élevé dans les pays
scandinaves que dans le reste du monde.
Un autre exemple est la maladie de Keshan, une cardiomyo-
pathie endémique dans certaines régions de Chine, où le sol
est particulièrement pauvre en sélénium. Le sélénium fait par-
tie de l’enzyme glutathion peroxydase (GSH-Px), qui protège les
cellules et leurs membranes. Cette enzyme prévient également
l’oxydation des lipides sanguins, notamment du cholestérol. On
peut donc théoriquement espérer que la supplémentation en
sélénium et en coenzyme Q10 est bonne pour le cœur. Pour-
tant, les résultats des études n’étaient jusqu’à présent pas univo-
ques lorsque le sélénium et le CoQ10 étaient administrés séparé-
ment. Une récente étude prospective suédoise, randomisée, en
double aveugle et contrôlée par placebo, d’une durée de cinq
ans, a clarifié la situation.
(Int. J. cardiology, U. Alehagen et al., 2012)