LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 Article original BILAN HORMONAL THYROIDIEN : PROPOSITION D’UNE FICHE TECHNIQUE ET CONTRIBUTION AUX RECOMMANDATIONS POUR L’INTERPRETATION DES VARIATIONS ET PIEGES Thyroid hormone balance: recommandations and technical plug for interpretation of changes and traps FE.Ellakhdi1, A.Naamane2 Résidente1, Chef de service2 Centre d’exploration hormonale et marqueurs tumoraux -Faculté de Médecine et Pharmacie- Casablanca. Université Hassan II Ain chock- Casablanca RÉSUMÉ: Un bilan hormonal thyroïdien classique comporte le dosage de TSHus et/ou T4Libre et/ou T3L. De nombreuses discordances du couple TSHus-T4L et/ou T3L peuvent être imputées à des conditions physiologiques ou pathologiques, mais les conditions de prélèvements, qualité de l’échantillon, sa conservation ainsi que la sensibilité de la méthode de dosage sont également fréquemment impliqués. Une meilleure connaissance des variations du bilan hormonal thyroïdien au cours d’états physiologiques et pathologiques garanti une synthèse clinico-biologique parfaite et une prise en charge adéquate. Le but de notre travail est de proposer une fiche technique par une série de définitions afin d’éviter les pièges d’interprétation pour améliorer la qualité des soins, tout en insistant sur l’importance d’une meilleure collaboration entre clinicien prescripteur et biologiste. Mots clés : Bilan, Hormones 4 ABSTRACT A classical thyroid hormone balance involves the determination of TSHus and / or FT4 and / or FT3. Many discrepancies torque TSHus, FT4 and / or FT3 can be attributed to the physiological or pathological conditions, but conditions for sampling, sample quality, conservation and the sensitivity ofthe assay are also frequently involved. A better understanding of changes in thyroid hormone balance during physiological and pathological guaranteed a perfect clinico-biological synthesis and an adequate care. The aim of our work is to propose a factsheet from a series of definitions to avoid the pitfalls of interpretation to improve the quality of care, while emphasizing the importance of greater collaboration between clinician and biologist prescriber. Key words: Balance, thyroid hormones, TSH, T4, LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 précèdera la prise des traitements par les hormones thyroïdiennes. Eviter tout facteur de stress au moment de l’analyse. Les hormones sériques se conservent réfrigérées au moins 7 jours et congelées (à – 20°) au moins 30 jours. [5-7] Il faudra tenir compte pour l’analyse : • Des traitements qui interfèrent avec le fonctionnement thyroïdien (antithyroïdien, bêtabloquants, lithium, iode). • Les glucocorticoïdes, la dopamine et la somatostatine (diminuent la sécrétion de TSH). [8-10] • La prise d’œstrogènes et d’androgènes (qui augmentent la T4 totale par augmentation des protéines de transport). [11] • Des médicaments qui modifient la clairance tissulaire des hormones thyroïdiennes ou inhibent la conversion périphérique de T4 en T3 (amiodarone, propranolol et dexaméthasone à forte dose). [12] • Patient ayant reçu des produits de contraste iodés ont une T4 libre augmentée par inhibition de la 5’-désiodase, de même pour ceux traités par héparine qui déplace la T4 de ses protéines porteuses. [5-8] • En cas de prise antérieure de thyroxine exogène, il faudra attendre environ un mois avant de pouvoir mesurer la thyroxine endogène. • La prise de triiodothyronine T3 exogène n’interfère pas dans le dosage mais abaisse la T4 endogène par rétrocontrôle hypophysaire. INTRODUCTION Le bilan hormonal thyroïdien occupe une place importante dans l’exploration fonctionnelle du corps thyroïde. Le nombre et la qualité des moyens d’investigations permettent aujourd’hui de réduire notablement la marge d’incertitude diagnostique grâce notamment aux méthodes immuno-enzymatiques de 3ème génération. Mais cette richesse ne doit pas faire sous-estimer l’importance de la démarche clinique qui reste indispensable à l’indication bien posée des examens. Nous proposons une série de recommandations au clinicien et au biologiste afin de réduire les causes d’erreurs et de garantir une interprétation correcte des résultats. I- RAPPEL PHYSIOLOGIQUE La glande thyroïde sécrète deux hormones : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). La T3 circulante provient essentiellement d’une conversion dans les tissus extrathyroïdiens de la T4 en T3 sous l’effet d’une désiodase spécifique. La majeure partie de ces hormones est inactive car liées à des protéines de transport (T4=99,97 %, T3=99,7 %). Seule les fractions libres sont biologiquement actives (T4= 0,03%, T3=0,3 %). [1-4]. La sécrétion hormonale est contrôlée par la thyréostimuline (TSH) d’origine hypophysaire. La TSH (thyroid stimulating hormone) contrôle la croissance et la fonction thyroïdienne. La thyrolibérine (TRH) hypothalamique stimule la production hypophysaire de TSH. La T4 libre et la T3 libre exercent un rétrocontrôle négatif étroit sur la sécrétion de TSH dont le taux est inversement corrélé aux concentrations de T4 libre et de T3 libre, avec une meilleure corrélation pour la T4L. [1-4] 2- Méthode de dosage Les tests biochimiques utilisés actuellement pour explorer la fonction thyroïdienne sont basés sur une réaction antigène-anticorps utilisant des antigène-anticorps utilisant des anticorps monoclonaux hautement spécifiques et de haute affinité. Pour la TSHus : les méthodes immunologiques actuellement disponibles sont très sensibles et précises et présentent une limite de détection fonctionnelle inférieure ou égale à 0,01mUI/l. La TSH est prise en sandwich entre deux anticorps dont l’un est marqué. Les méthodes automatisées utilisent le plus souvent la chimiluminescence. II- EXPLORATION BIOLOGIQUE INITIALE D’UNE PATHOLOGIE THYROIDIENNE 1- Prélèvements Les examens biochimiques destinés à explorer la fonction thyroïdienne sont effectués sur le sérum. Le prélèvement est réalisé sur tube sec, de préférence le matin à jeun, toujours à la même heure pour la surveillance thyroïdienne, et 5 LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 Hyperthyroï dies à T3 Pour la T4L et T3L: la spécificité des méthodes de dosage de nature immunologique compétitive évite l’interférence des analogues de T4, T3 et la rT3. [6-7] 2- Valeurs de référence Il faut tenir compte de la technique utilisée et des normes du laboratoire. A titre indicatif : TSH us chez l’adulte : 0,4-4 mUI/L. Elles sont plus élevées à la naissance et diminuent progressivement au cours de la première année. T4L : 10 et 25pmol/L chez l’adulte. Chez l’enfant, les concentrations sont plus élevées à la naissance et pendant les premiers mois de l’existence. [11] T3L : 3-9pmol/L T4 totale : 65 à 155nmol/l T3 totale : 1,8 à 2,8 nmol/l Test à la TRH : Depuis l'apparition du dosage de la TSHus, ce test est beaucoup moins pratiqué : injection IV de TRH qui provoque une augmentation de TSH en 30 mn. L'indication de ce test est portée lorsque la TSH est basse mais non effondrée avec des hormones libres normales. Dans les hyperthyroïdies, on note une absence de réponse à la 30ème minute. Dans les hypothyroïdies, le test au TRH permet de cibler l'étage atteint : réponse retardée ou normale si hypothalamique, réponse absente ou diminuée origine hypophysaire. [5,10] Hyperthyroï dies à T4 Hyperthyroïdies infracliniques Hyperthyroïdies infrabiologiques Hyperthyroïdies centrales Hyper thyroïdies conventionnelles ↑ ↑ ↓ ↑ ↓ ↓ N N N N N Forme de début Carence en iode Surcharges iodées Altération de la désiodation Symptomatologie fruste + biologie perturbée Détection scintigraphique ↑ ↑ N ou ↑ Par définition la TSH, la T4L et la T3L ont été qualifiées d’anormales lorsque leurs valeurs étaient supérieures ou inférieures aux bornes de normalité données par le laboratoire. 3- Stratégie d’utilisation des examens biologiques pour le diagnostic d’une hyperthyroïdie Le dosage de TSH est nécessaire et suffisant. En fonction de ce résultat et du contexte clinique, d’autres examens utiles au diagnostic sont réalisés en seconde intention. Dans ce cas, trois situations sont possibles : TSH normale : Le diagnostic d’hyperthyroïdie est éliminé sauf si conviction clinique forte de thyrotoxicose. Dans ce cas, dosage de T4L. Si la T4L est augmentée, envisager une hyperthyroïdie d’origine hypothalamo-hypophysaire ou un syndrome de résistance aux hormones thyroïdienne. [7-9] TSH basse : Il est recommandé de doser en 2ème intention la T4L pour confirmer le diagnostic et préciser l’intensité de l’hyperthyroïdie avant l’instauration d’une thérapeutique : Tableau1: Les différents types d’hyperthyroïdies, leurs signes biologiques et leurs étiologies. TSH ↓ Adénome thyréotrope Résistance aux hormones thyroïdiennes T4L= Thyroxine libre T3L=Triiodothyronine libre TSH= Thyroid Stimulating Hormone N : taux normal ↓ : taux bas ↑ : taux élevé 1- Définition : L’hyperthyroïdie désigne un hyperfonctionnement de la glande thyroïde qui accroît la production des hormones thyroïdiennes dont la conséquence est la thyrotoxicose. [5] 2- Variétés biologiques des hyperthyroïdies (tableau1) T3L ↑ N III- DIAGNOSTIC D’UNE HYPERTHYROIDIE T4L N ETIOLOGIES Signes cliniques francs + biologie perturbée 6 LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 • éventuelle hypothyroïdie iatrogène ou une récidive de l’hyperthyroïdie. Traitement chirurgical : Après thyroïdectomie, la surveillance post opératoire se fonde sur le dosage de la TSH et de la T4L dès le premier mois puis tous les 3 mois pendant 1an. Par la suite, le dosage sera annuel avec le dosage de la TSH. En cas d’abstention thérapeutique, un suivi clinique et biologique (TSH complété ou pas par la T4L et T3L) est réalisé à 3 mois puis tous les 6 mois si nécessaire. La TSH est basse voire indétectable et la T4L élevée : hyperthyroïdie franche. • La TSH basse voire indétectable avec T4L normale ou limite : dosage de T3L. • Patient symptomatique avec T3L augmentée : hyperthyroïdie à T3. • Patient pauci ou monosymptomatique et T3L normale : hyperthyroïdie infraclinique. • La TSH basse voisine de l’intervalle de référence, il est recommandé si la conviction clinique persiste d’effectuer un dosage de T4L. Il convient d’envisager, dans ce même temps une enquête étiologique de l’hyperthyroïdie. [5] TSH élevée : La TSH élevée et conviction clinique d’une hyperthyroïdie, dosage de T4L en seconde intention. Une T4L élevée évoquera une hyperthyroïdie d’origine hypothalamohypophysaire ou un syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes. [8] IV- DIAGNOSTIC D’UNE HYPOTHYROIDIE 1- Définition (tableau2) Tableau 2 : Définitions des différents types d’hypothyroïdie. 4- Surveillance biologique d’une hyperthyroïdie Les modalités de la surveillance biologique de l’hyperthyroïdie avérée dépendent du type de traitement. Traitement par antithyroïdien de synthèse ATS : Le premier paramètre à doser est la TSH. • Si elle est normale, le traitement est adéquat. • Si la TSH est augmentée, il faut diminuer la posologie des ATS. • Si la TSH est abaissée on complète le bilan par un dosage de T4L : - T4L élevée → sous dosage du traitement. - T4L normale → on continue les ATS à la même posologie. - T4L basse → continuer la même posologie ou la diminuer en fonction de la clinique. Traitement par iode radioactif : Contrôle toutes les 4 à 6 semaines par un dosage de T4L (ou T3L) durant les 3 premier mois du traitement. Il est recommandé de doser la TSH et la T4L dans les 3 à 6 mois qui suivent le traitement puis faire une surveillance annuelle basée sur le dosage de TSH dans le but de reconnaître une Type Définition Hypothyroïdie clinique Association signes cliniques francs et biologie perturbée (TSH ↑ et T4L↓) Symptomatologie fruste ou absente et biologie perturbée (TSH ↑ et T4L N) Atteinte primitive de la glande thyroïde Atteinte de l’hypophyse (défaut de sécrétion de la TSH) Atteinte de l’hypothalamus (défaut de sécrétion de la TRH) Hypothyroïdie infraclinique Hypothyroïdie primaire Hypothyroïdie secondaire (ou centrale ou hypophysaire) Hypothyroïdie tertiaire T4L= Thyroxine libre T3L=Triiodothyronine libre TSH= Thyroid Stimulating Hormone TRH= Thyrotropin releasing hormone N : taux normal ↓ : taux bas ↑ : taux élevé 2- Stratégie d’utilisation des examens biologiques pour le diagnostic d’une hypothyroïdie - 7 En première intention, réaliser un dosage de TSH : TSH normale : hypothyroïdie primaire peu probable TSH dans le bas de l’intervalle de référence du laboratoire chez un patient LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 - - symptomatique: hypothyroïdie secondaire ou tertiaire. Compléter le bilan par dosage de T4L (qui sera basse) et un test à la TRH (réponse faible ou nulle en cas d’hypothyroïdie II aire, retardée en cas d’hypothyroïdie III aire). En seconde intention, lorsque la TSH est élevée, réaliser un dosage de T4L : T4L basse, hypothyroïdie franche T4L normale chez un patient asymptomatique : hypothyroïdie infraclinique. T4L élevée : syndrome de résistance au hormone thyroïdienne ou adénome hypophysaire à TSH Dosage des Ac anti TPO ( Anticorps antithyroperoxydase): Pour préciser le diagnostic étiologique de l’hypothyroïdie Comme élément pronostique en cas d’hypothyroïdie infraclinique. normale vers J3-J4, d’où la date de dépistage de l’hypothyroïdie congénitale vers J5. [11] - Tout au long de la vie, la T3 diminue avec l’âge ; chez l’enfant, elle est supérieure à la valeur de l’adulte ; chez l’adulte, elle diminue progressivement avec l’âge ; chez le sujet âgé, la T3 passe au dessous des valeurs normales de l’adulte. - Chez le sujet âgé, la sécrétion de TSH et la réponse à la TRH diminuent. La TSH normale ou basse avec une T4L et/ou T3L basse ont pour causes : Le taux de TBG augmente avec l’âge Réduction de l’activité de la 5’ monodésiodase de type I, donc de la synthèse de T3 ; Actions des médicaments ; Influence des pathologies aiguës et chroniques. 2- Grossesse Une baisse isolée de TSH n’est pas exceptionnelle chez une femme enceinte à la fin du premier trimestre. Cette diminution est habituellement transitoire et est concomitante au pic sécrétoire de l’HCG placentaire. L’augmentation de la synthèse hépatique de TBG diminue la saturation de la TBG pour la T4 avec diminution de T4L et T3L d’où une élévation discrète de TSH. [14-16]. En présence d’une conviction clinique de thyrotoxicose, il est recommandé d’effectuer un dosage de TSH et de la T4L (et de T3L si la T4L est normale). En cas de maladie de Basedow, un dosage des Ac antirécepteurs de TSH est indispensable pour évaluer le risque de thyrotoxicose fœtale. Surveillance maternelle : • chez une femme enceinte traitée par ATS : une surveillance toutes les 2 à 4 semaines fondée sur le dosage de T4L ou T3L si hyperthyroïdie à T3 est nécessaire jusqu’à l’acquisition de l’euthyroïdie. Puis surveillance mensuelle tout au long de la grossesse. • En cas d’antécédents d’hyperthyroïdie, la surveillance mensuelle de la TSH et T4L 3- Surveillance biologique d’une hypothyroïdie Hypothyroïdie primaire - Pour le traitement hormonal : un premier contrôle du dosage de la TSH pourra être proposé 6 à 8 semaines après avoir atteint la dose thérapeutique efficace. - Après ajustement des doses thérapeutiques, un contrôle de la TSH au minimum 8 à 12 semaines après tout changement de posologie. - Patient correctement équilibré, dosage de TSH tous les 6 à 12 mois. - Dosage complémentaire de T4L ou T3L si doute sur la compliance du patient, traitement à l’amiodarone ou instabilité inexpliqué de l’hypothyroïdie. Hypothyroïdie secondaire ou tertiaire - Le dosage de TSH est inutile. - La surveillance biologique repose sur le dosage de l’hormone substituée (T4L si traitement avec la L-thyroxine, T3L si avec la triodothyronine). V- VARIATION DU BILAN THYROIDIEN SELON LE TERRAIN 1- Age - Chez le nouveau né, la TSH s’élève, passe par un maximum à 60 minutes et revient à la 8 LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 • baisse des taux de TSH, de la T3L et de la réponse au test de TRH et une augmentation de T4L. La TSH est normale dans les MNT sauf si traitement par corticoïdes, dopamine, phénytoïne, dans ce cas la TSH est diminuée. [18] s’impose durant le premier trimestre, période durant laquelle le risque de récidive est élevé. • Dans le post partum, la surveillance clinique et biologique (TSH et T4L) doit rester méticuleuse car l’hyperthyroïdie maternelle peut s’exacerber ou récidiver dans les 2 à 6 mois après l’accouchement. Surveillance fœtale : • L’hyperthyroïdie fœtale ou néonatale résulte du passage transplacentaire d’Ac antirécepteurs de la TSH maternelle. Il est souhaitable de doser ces AC au moins à la 28ème semaine chez toutes les femmes ayant ou ayant eu une maladie de Basedow. [15-16] 3- Amiodarone L’Amiodarone est un antiarythmique majeur. Elle diminue la désiodationde la T4 en T3. Le bilan thyroïdien peut être modifié précocement par l’amiodarone : augmentation modérée de T4L, diminution de T3L. La TSH s’élève un peu en début de traitement d’où l’intérêt de réaliser systématiquement un dosage avant l’instauration de celui-ci et tous les 6 à 12 mois y compris l’année qui suit l’arrêt du traitement et en cas de signes cliniques d’appel. [5,12] Lorsque la TSH est abaissée, faire un dosage de T4L et de la T3L : T4L normale ou à peine augmentée et T3L normale ou abaissée implique l’interruption de l’amiodarone et surveillance clinique et biologique renforcée (contrôle de TSH, T4L et T3L tous les 2 à 3mois jusqu’à normalisation de TSH) ; • T4L et T3L augmentées, l’hyperthyroïdie est patente. L’interruption de l’amiodarone est quasi impérative sauf si arythmie ventriculaire maligne. 4- Maladies graves non thyroïdiennes (MNT) Au cours de toute maladie générale sévère, l’interprétation des résultats des dosages de la TSH et de la T4L est difficile. Les modifications métaboliques induites par la situation pathologique (réduction des apports glucidiques, stress…) et les thérapeutiques peuvent entraîner en dehors de toute pathologie thyroïdienne une 5- Infections par le VIH Il y a parfois une augmentation de la T4 et de la TBG ; la rT3 est diminuée. A une phase avancée, le bilan thyroïdien évoque une hypothyroïdie. [5,8] 6- Néphropathies Dans l’insuffisance rénale chronique, la T3L est abaissée, la T4L et la rT3 sont normales ou peu abaissées. La TSH peut être un peu élevée. Une hypothyroïdie peu se voir au cours de poussées de syndrome néphrotique. [5,8] 7- Interféron Une dysthyroïdie se voit chez 10% des patients traités par interféron, pendant le traitement ou à son décours. Il s’agit d’une hypothyroïdie dans 2/3 des cas. Les anticorps sont souvent positifs. [5] Le tableau 3 récapitule les étiologies des principaux bilans discordants : VALEUR DE TSH Elevée Normale 9 ETIOLOGIES - T4L abaissée ou normale basse : hypothyroïdie - T4L élevée : * contrôler : le bilan * rechercher : -une interférence médicamenteuse -une anomalie des protéines porteuses -des Ac anti T4 * sécrétion inappropriée de TSH : -résistance hypophysaire aux hormones thyroïdiennes -adénome hypophysaire à TSH - T4L et T3L normale : * hypothyroïdie insuffisamment traitée * hypothyroïdie fruste -Euthyroïdie -Si dysthyroïdie clinique, contrôler la T4L -T4L normale ou élevée et T3L basse : *traitement par amiodarone ou corticoïdes *maladie grave non thyroïdienne LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2010, Volume 5, N°21 Abaissée - T4L et/ou T3L augmentée : hyperthyroïdie - T4L et/ou T3L diminuées : * hypothyroïdie d’origine centrale * maladie grave non thyroïdienne - T4L et/ou T3L normale : *rechercher - une grossesse - une interférence médicamenteuse - une MNT - une maladie psychiatrique *compléter le bilan :bilan iodé, immunologique, scintigraphie *origine : - hyperthyroïdie fruste autonome ou autoimmune - hyperthyroïdie traitée par ATS - traitement par hormones thyroïdiennes - traitement par corticoïdes - traitement par dopaminergiques ATS= Antithyroïdien de synthèse MNT= Maladies graves non thyroïdiennes CONCLUSION : Devant un bilan thyroïdien dissocié, il faut compléter les investigations par une reprise de l’anamnèse à la recherche de maladies associées ou de prise médicamenteuses, contrôler les résultats si possible avec une technique différente surtout pour les hormones thyroïdiennes libres, compléter le bilan en fonction du contexte par un bilan immunologique, un bilan iodé, une recherche d’anomalie des protéines porteuses, une scintigraphie. Un deuxième bilan, un peu à distance, permettra souvent d’établir un diagnostic T4L= Thyroxine libre T3L=Triiodothyronine libre TSH= Thyroid Stimulating Hormone TRH= Thyrotropin releasing hormone REFERENCES [1]A.ADAM. La biologie clinique et la pharmacothérapie. Maloine 2003 EMC- Endocrinologie-Nutrition, 10002-E-10,2007. [2]V.VLAEMINCK-GUILLEM. Structure et physiologie thyroïdiennes. EMC Endocrinologie-Nutrition, 10002-B-10,2003. [8]ANAES diagnostic et surveillance biologique de l’hypothyroïdie de l’adulte. Décembre 1998. [3]S.BERNARD. Biochimie clinique. Maloine 1989. [9]V.FATOURCHI, M.CLIN. What’s a normal TSH ? Congrès de l’endocrine society ENDO, 2006, 24-27 Juin Boston. [4]H.BRICAIRE, E.BAULIEU, J.LEPRAT Glandes endocrines 3ème édition.Flammarion-Médecine Science.1980 [10]P.KAMOUN, JP FREJAVILLE. Guide des examens de laboratoire. 4ème édition 2002. [5]ANAES (Agence national d’accréditation et d’évaluation en santé). 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