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Dossier : Pour une meilleure prise en compte de la radioprotection des patients dans les pratiques médicales
Plusieurs accidents graves de radioprotection sont survenus en France au
cours de ces derniers mois dans des services de radiothérapie, entraînant
des pathologies graves chez les patients exposés et le décès d’une per-
sonne.
Ces accidents, ainsi que le fait que l’utilisation à des fins médicales des
rayonnements ionisants constitue la première source d’exposition des per-
sonnes, justifient le caractère prioritaire pour l’ASN de la radioprotection des
patients, et de son contrôle.
Avec la transposition par l’ASN de la directive Euratom 97/43 relative à l’ex-
position des patients aux rayonnements ionisants la France dispose pour la
première fois d’un cadre réglementaire spécifique, inséré dans le code de la
santé publique,… Que dire de la situation en matière de radioprotection des
patients en France en 2006?
Je me félicite de l’implication des sociétés savantes au côté de l’ASN dans
l’élaboration des différents guides d’indications et de procédures, mis en
avant par la réglementation, qui doivent à terme permettre de progresser
sur la justification des actes et sur la réduction des expositions qu’ils génè-
rent. Plus récemment, les actions de formation prévues par la réglementa-
tion, nécessaires pour faire évoluer la culture de radioprotection, ont com-
mencé à se développer en direction des différentes catégories de person-
nels soignants concernés.
Progressivement, l’ASN a par ailleurs intégré dans son programme de
contrôle des installations médicales un volet dédié à la radioprotection des
patients. Périodiquement, les agents de l’ASN procèdent à des vérifications
pour évaluer la présence et la pertinence des moyens nécessaires à la mise
en œuvre de cette nouvelle réglementation. Sur la base de ces contrôles,
j’observe aujourd’hui que les moyens ne sont pas toujours réunis, en radio-
logie conventionnelle notamment, pour améliorer la connaissance de l’ex-
position réelle des patients et organiser le recueil des données et leur trans-
mission vers l’IRSN, et que ceux consacrés à la radiophysique médicale dans
les établissements ne permettent pas encore de couvrir l’ensemble des
nouvelles missions confiées aux Personnes spécialisées en radiophysique
médicale (PSRPM), depuis novembre 2004. Enfin, le développement très ra-
pide ces dernières années des nouvelles technologies dans le domaine de
l’imagerie médicale, associées ou non aux techniques de radiothérapie ou
de médecine nucléaire, mérite une attention toute particulière du fait d’une
augmentation possible des doses de rayonnements ionisants délivrées aux
patients.
Des progrès sont donc encore nécessaires pour améliorer la radioprotection
des patients en particulier au sein des établissements de santé.
Ils sont de la responsabilité du chef d’établissement, pour ce qui concerne
les moyens à mettre en œuvre, et du médecin responsable de l’acte dans
l’exercice de sa pratique.
Au-delà de sa mission de contrôle et des pouvoirs d’inspection qui lui ont été
confiés dernièrement, l’ASN doit établir une collaboration efficace avec les
organismes qui assurent la tutelle des établissements de soins, pour exa-
miner les modalités pratiques d’un renforcement des moyens matériels ac-
cordés à la radioprotection lorsque cela est nécessaire, et bien entendu les
alerter si la sécurité des patients était menacée. C’est déjà un objectif pour
la nouvelle ASN, devenue autorité indépendante.
Pour une meilleure radioprotection des patients, je souhaite enfin que l’ASN
développe des liens étroits avec l’ensemble des acteurs de la sécurité sani-
taire, qu’ils soient en charge de la programmation des équipements
(Agences régionales d’hospitalisation, Institut national du Cancer), d’évalua-
tion des pratiques médicales (Haute autorité de santé) ou d’actions de
contrôle spécifiques (AFSSAPS).
Éditorial
par André-Claude LACOSTE
Directeur général de la sûreté nucléaire
et de la radioprotection
Foreword
A number of severe radiation protection accidents have occurred in France
in recent months in radiotherapy departments, resulting in serious patholo-
gies among the exposed patients and the death of one person.
These accidents, allied to the fact that use of ionising radiation for medical
purposes is the leading source of human exposure, justify the priority the
ASN gives to radiation protection of patients and its supervision.
With the ASN’s transposition of Directive 97/43/Euratom concerning patient
exposure to ionising radiation, France has for the first time a specific regu-
latory framework incorporated into the Public Health Code. What can be said
about the radiation protection situation of patients in France in 2006?
I am pleased to see learned societies working alongside the ASN in drafting
the various medical indication and procedure guides promoted by the regu-
lations, which should eventually lead to progress in the justification of pro-
cedures and reduce the resulting exposure. More recently, the training ac-
tions required by the regulations and which are necessary if the radiation
protection culture is to move forward, began to expand towards in the various
categories of health care personnel concerned.
The ASN has also gradually incorporated a patient radiation protection item
into its medical installations supervision program. ASN staff periodically
carry out checks to assess the availability and appropriateness of the means
needed to implement these new regulations. These checks lead me to the
conclusion that, particularly in conventional radiology, the means for im-
proving knowledge of actual patient exposure and organising the collection
of data and their transmission to the IRSN are not always available and that
the resources devoted to medical radiophysics in the establishments are as
yet unable to cover all the new duties entrusted to persons specialising in
medical radiophysics (PSRPM) since November 2004. Finally, the extremely
rapid development in recent years of new medical imaging technologies,
whether or not associated with radiotherapy or nuclear medicine techniques,
warrants particularly close attention, owing to the possible rise in the ionis-
ing radiation doses delivered to the patients.
Progress is therefore still necessary in order to improve patient radiation pro-
tection, in particular within health care establishments.
Aside from its supervisory role and the powers of inspection recently granted
to it, the ASN must establish effective cooperation with the organisations in
charge of the health care establishments, to examine ways and means of en-
hancing the material resources given to radiation protection whenever nec-
essary, and of course alert them if patient safety were to be threatened. This
is already a goal for the new ASN, which is now becoming an independent au-
thority.
For better patient radiation protection, I would finally like to see the ASN de-
velop close links with all health safety stakeholders, whether in charge of
equipment planning (regional hospitalisation agencies, national cancer insti-
tute), assessing medical practices (High Health Authority) or specific super-
vision actions (Afssaps).
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