Editorial du Président - La continuité de l'ASN avec un collège renouvelé - 28
novembre 2012
Mis à jour le 04/12/2012 par
SFR
André
-
Claude Lacoste a achevé le 12 novembre 2012 son mandat de président de
l
’
Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en même temps que Marie
-
Pierre Comets,
commissaire.
J
’
ai l
’
honneur d
’
avoir été nommé par le président de la république par un décret du 9
novembre 2012 président de l
’
ASN pour un mandat unique de 6 ans. Margot Tirmarche,
épidémiologiste, a été nommée commissaire. Nous venons compléter le nouveau collège
de l
’
ASN dont les autres membres sont toujours Michel Bourguignon, Jean
-
Jacques
Dumont et Philippe Jamet.
En ce début de mandat, je voudrais dire à l
’
ensemble des radiologues français que je
veillerai à la continuité de l
’
action de l
’
ASN, dans le respect de ses valeurs.
Le travail accompli en matière de radioprotection médicale depuis une dizaine d
’
années est
considérable. Ce travail a été effectué en bonne concertation de l
’
ASN avec le G4 et s
’
est toujours
attaché à poursuivre les objectifs essentiels pour la radioprotection que sont la justification des actes
et l
’
optimisation des pratiques. Des actions de fond ont été menées notamment avec le
«
Guide du bon
usage des examens d
’
imagerie médicale
»
pour leur justification et le
«
Guide des procédures
»
pour la
réalisation optimisée de ces examens. Vous avez pris en compte la radioprotection dans une politique
d
’
amélioration globale des pratiques, encadrée désormais sur le plan scientifique par des
recommandations fondées sur les preuves. Je sais qu
’
il s
’
agit là d
’
un changement culturel important qu
’
il
s
’
agira de conforter.
Il reste en effet encore beaucoup à faire en matière de radioprotection médicale.
■L
’
imagerie médicale utilisant les rayonnements ionisants constitue déjà la première source
d
’
exposition radiologique de la population. Or, du fait des performances de l
’
imagerie qui contribue
puissamment au diagnostic des maladies, à l
’
élaboration de la stratégie thérapeutique, au suivi de
l
’
efficacité des traitements ou au traitement lui
-
même avec la radiologie interventionnelle, nous
savons que les doses de rayonnements délivrées aux patients vont continuer d
’
augmenter. En
application des principes de radioprotection, il conviendra donc d
’
agir pour maîtriser la progression
des doses, en particulier due à l
’
utilisation du scanner ou à la répétition des examens, tout en
gardant le bénéfice de l
’
utilisation de ces examens pour les patients. Il conviendra aussi d
’
élaborer
les recommandations adéquates pour prendre en compte, en matière de risque, l
’
espérance de vie
du patient examiné et le risque de ne pas pratiquer l
’
examen d
’
imagerie médicale nécessaire à sa
bonne prise en charge. Par ailleurs, il faut souligner les efforts constants faits par les industriels
pour réduire les doses délivrées en optimisant les appareillages.
■En radiologie interventionnelle, l
’
évaluation des pratiques permettant des actions correctives de
réduction de doses doit être encore encouragée et renforcée.
■En matière de radiosensibilité, nous savons que, pour une même dose reçue, une exposition aux
jeunes âges comparativement à une exposition aux âges plus avancés de la vie, induit un risque
supplémentaire de cancer à long terme. Le cancer du sein en est le meilleur exemple car le sein
est un organe très radiosensible. Moins connu est le phénomène de la radiosensibilité individuelle
liée à des anomalies génétiques de la signalisation et de la réparation de l
’
ADN, qui concerne
environ 10% de la population, peut
-
être davantage. Les techniques modernes
d
’
immunofluorescence permettent désormais de visualiser et quantifier le détriment au niveau de
l
’
ADN de doses d
’
expositions aussi basses que 1 mGy délivrées à haut débit de dose. Même si une
lésion de l
’
ADN ne signifie pas pour autant la survenue ultérieure d
’
un cancer, il n
’
y a pas de cancer
sans lésions de l
’
ADN. Il convient donc de progresser dans les recommandations de bonnes
pratiques prenant en compte tous les facteurs de radiosensibilité qui restent encore à identifier et
à quantifier.
■N
’
oublions pas enfin que des progrès sont encore à réaliser dans notre pays dans 2 domaines :
d
’
une part, développer l
’
accès à l
’
IRM comme examen non irradiant de substitution au scanner
conformément aux recommandations du Guide du Bon Usage, et, d
’
autre part, améliorer le recours
aux radiophysiciens médicaux dont l
’
expertise manque cruellement pour la mise en œ
uvre
optimisée des appareillages les plus modernes et les plus sophistiqués comme ceux de la
radiologie interventionnelle. C
’
est sûrement dans ce dernier domaine qu
’
une vigilance est de mise
afin de protéger les travailleurs, vous
-
mêmes et vos collaborateurs, des risques liés aux
rayonnements ionisants. N
’
oublions pas que la radioprotection est née au sein de la communauté
radiologique mondiale dans la première moitié du XXème siècle pour faire face à une épidémie
regrettable de leucémies chez les radiologues utilisateurs de la radioscopie sans protection
aucune.
Je me réjouis de la poursuite de la concertation de l
’
ASN et des radiologues français afin que la
radioprotection dans le domaine médical soit au meilleur niveau possible pour le bénéfice de tous dans
notre pays.
Pierre
-
Franck Chevet, président de l
’
ASN
28 novembre 2012