Biodiversité économique Code d’accès Rapport annuel 2014-2015 La biodiversité économique est un concept soutenu par les réseaux de l’économie sociale et solidaire. Elle prend en considération une diversité d’acteurs et de logiques économiques. Ce concept cherche l’équilibre entre les diverses tendances de l’économie de marché jusqu’à l’économie sociale et solidaire. Plan de développement d’UPA DI 2014-2019 et des UPA Développement international (UPA DI), ésultats r dans sa poursuite de préoccupations agroenviron­ nementales enracinées, vous présente son rapport s visibles u l p annuel uniquement sous une forme électronique. Résolu… ment moins de papier Et dans sa poursuite de préoccupations dévelop­ pementales incarnées, un accent est mis sur les résultats. Les rendre plus compréhensibles, plus visibles et pourquoi pas plus démonstratifs, tel est notre objectif. Confortablement emballés par nos rapports ancestraux avec le papier, nous avions quelques inquiétudes à faire les choses autrement. Conserverons-nous le ton et le style, et nous lira-t-on sous cette autre forme? Finalement, nous avons trouvé la réponse, la clé, sur une carte…, comme un code d’accès! Vous accédez effectivement au rapport annuel, toujours en matière de rétrospective et de perspective, ainsi qu’à une courte vidéo de 11 minutes intitulée « Beau temps, MAUVAIS TEMPS ». Elle traite de la résilience aux changements climatiques dans la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso, un geste quotidien. Bon et beau regard sur ces deux formes de témoignage que nous vous offrons fièrement et tout aussi humblement. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 2 Table des matières •• Introduction - Biocode............................................................................................ 4 •• Mot du président – Miser sur l’agriculture pour réduire la pauvreté................... 5 •• Mot du secrétaire général – Un plan de et pour le développement..................... 6 •• Mot du partenaire – Lettre de la Central Cooperativa Agropecuaria.................. 7 •• I – Contexte : La biodiversité économique malmenée.......................................... 8 •• II – Quelques résultats d’une coopération soutenue.......................................... 14 •• III – D’autres résultats spécifiques........................................................................ 19 •• IV – Contribution d’UPA DI................................................................................. 26 •• Tableau des partenaires de diverses cités............................................................. 34 •• Artisanes et artisans, pro-moteurs de la « biodiversité économique »................. 35 •• À la biodiversité conceptuelle, littéraire et visuelle............................................. 37 •• Post-scriptum – Code d’accès pour qui et pour quoi......................................... 37 Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 3 En bref Encore Code d’accès Introduction Biodiversité économique – Code d’accès Introduisons Biocode •• Agriculture familiale, la grande corvée des peuples [2013-2014]. •• Biodiversité économique et code d’accès à l’agriculture familiale. •• Mission d’UPA DI : le soutien à l’agriculture familiale. •• Résultats développementaux qui s’inscrivent dans la durée. •• Contribution d’UPA DI à ces changements. Deux mille quatorze avait été déclarée « Année inter­ nationale de l’agriculture familiale » par les Nations Unies. Dans cette foulée, notre rapport annuel de l’an dernier s’intitulait « L’agriculture familiale, la grande corvée des peuples ». C’était l’occasion de faire le point et de réaffirmer notre conviction profonde dans cette façon de voir notre rapport à la nature, la production et l’alimentation. Cela ne nous a pas empêchés de nous questionner sur l’avenir. « Nos agricultures familiales sont malmenées par les tenants du néolibéralisme qui pensent seulement en termes d’unité de production où les personnes, les familles deviennent une considération marginale » pouvait-on lire dans ce rapport. Biodiversité signifie, selon Larousse, « La diversité des espèces vivantes et de leurs caractères génétiques ». C’est exactement ce que nous affirmons à notre tour, mais, ici, en l’appliquant à nos économies. L’agriculture familiale est une des espèces vivantes dans les différents types d’agriculture pratiqués sur la planète et elle a, évidemment, son propre caractère génétique. Mot de passe… Nom d’utilisateur... NIP... Code d’accès... à l’agriculture familiale. Code défini, identifié, concep­ tualisé à partir de l’expérience des familles agricoles d’ici et d’ailleurs. Attention, il ne faut pas croire que le code donne toutes les réponses. Il nous conduit plutôt aux bonnes questions... Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 UPA DI, dans le cadre de son plan de développement 2014-2019, a réaffirmé sa mission. « Soutenir la ferme familiale comme modèle d’agriculture durable en ap­ puyant les organisations paysannes démocratiques, les systèmes collectifs de commercialisation des produits agricoles et toutes autres initiatives structurant l’avenir de l’agriculture dans les pays en voie de développement ». Mu par cette mission, le présent rapport annuel met l’accent sur les résultats qui durent, qui traversent le temps tout en continuant à se multiplier et à s’inscrire dans la biodiversité économique de l’agriculture. Nous vous les présenterons à la fois de façon globale pour mesurer l’ampleur de notre contribution dévelop­ pementale et de façon spécifique pour illustrer la profondeur des changements apportés. Moussa et Awa vont continuer de nous accompagner cette année, mais où est Moussa? Nous vous laissons le découvrir. Bonne lecture, bonne réflexion, dans ce mode sans papier, mais avec autant de détermination, de convictions et… disons, de biodiversité dans le ton… 4 En bref Mot du président M. Marcel Groleau Encore Miser sur l’agriculture pour réduire la pauvreté L’action d’UPA DI repose sur deux principes : l’égalité des chances pour tous les agriculteurs, où qu’ils soient sur la planète, et la diversité des modes de production agricole. Selon la Banque mondiale, la croissance économique dans le secteur agricole est au moins deux fois plus efficace pour réduire la pauvreté que les autres formes de croissance économique4. Lors de ma visite dans la Vallée du fleuve, au Sénégal, j’ai vu des productrices et producteurs de riz réunis au sein d’une organisation forte, la Fédération des périmètres autogérés (FPA). Ensemble, ils sont capables de répondre à l’appel de leur gouvernement en participant efficacement à la sécurité alimentaire de leur pays. Devant les résultats, j’ai été impressionné par le travail accompli, heureux d’y être associé à travers notre coopération. Mais surtout, j’étais fier, très fier de l’engagement des membres de l’Union des producteurs agricoles. Par leur contribution financière et leur expertise, ils rendent possible un monde où l’égalité des chances fera école. Un monde où la diversité sera vue comme une richesse et non pas un obstacle à la croissance. Dans un monde dont l’économie dominante ne s’embarrasse pas de concept tel que la diversité des modes de production, à elles seules ces informations témoignent de façon éloquente que l’égalité des chances reste à faire. Pourtant, il y a de plus en plus d’exemples témoignant du potentiel d’un mode de production respectueux du vivant, près des êtres humains et de la terre, l’agriculture familiale. Nos observations d’ici et d’ailleurs nous enseignent quotidiennement l’à-propos de ces principes. Dans un récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il est démontré que les agriculteurs et les éleveurs absorbaient 22 % des pertes lors de catastrophes naturelles, alors qu’ils reçoivent moins de 5 % de l’aide fournie par la suite1. D’autres études démontrent que, dans les pays non industrialisés, l’agriculture familiale doit composer avec une situation foncière précaire, des sols dégradés, un climat imprévisible et des infrastructures défail­lantes. Malgré cela, dans la plupart de ces pays, elle nourrit près de 80 % de la population en cultivant moins de 25 % des terres arables2, 3. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Il est important de soutenir des organisations comme UPA DI qui, par des actions terrain concrètes, con­ courent à l’amélioration du sort des agriculteurs et du coup, de la sécurité alimentaire à l’échelle planétaire. L’action collective, pour l’UPA, c’est aussi de s’investir à l’international et de partager, avec les agriculteurs du monde entier, l’expertise et les savoirs qui nous per­ mettent, ensemble, de mieux vivre de notre profession. On ne peut que se féliciter du travail d’UPA DI. 1 F AO. 2015. The impact of natural hazards and disasters on agriculture and food and nutrition security. A call for action to build resilient livelihoods. www.fao.org/3/a-i4434e.pdf 2 G RAIN, 2015. Hungry for Land. www.grain.org 3 Hoering, Uwe. 2008. Who Feeds the World? Church Develop­ ment Service. An Association of the Protestant Churches in Germany (EED) – Evangelischer Entwick­lungsdienst 4 Ibid. 5 En bref Mot du secrétaire général Encore UPA DI accompagnatrice de l’émancipation À la suite de cette première année de mise en œuvre de notre plan de développement, nous sommes habités par : la fébrilité devant les résultats atteints, l’effer­ vescence devant les nouveaux défis à relever et des aspirations toujours grandissantes. Un pareil plan, basé sur la volonté de participer à l’émancipation de l’agriculture familiale, n’est pas une mince affaire dans le contexte actuel. Il faut à la fois y croire, en étant presque idéaliste, et s’y mettre réso­ lument pour être des plus pragmatiques. M. André D. Beaudoin Un plan de et pour le développement •• Émancipation de l’agriculture familiale : affranchissement de… •• Des gestes : appels de propositions, fonds dédié, Caisse d’économie solidaire… •• De plus en plus de productrices et producteurs agricoles du Québec pourront s’impliquer… Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 « L’émancipation » fait référence à un développement de l’agriculture familiale dans un contexte facilitant et positif. Les mots de Larousse pour l’exprimer sont « action de s’affranchir d’un lien, d’une entrave, d’un état de dépendance, d’une domination, d’un préjugé. » L’émancipation de l’agriculture familiale se traduit, notamment, par l’affranchissement aux règles commer­ ciales injustes et inéquitables, l’accès à la connaissance pour éviter la dépendance, des politiques agricoles pertinentes et adaptées où les organisations paysannes sont consultées, etc. Au cours de la dernière année, balisés par notre plan de développement, nous avons répondu à plusieurs appels de propositions lancés par le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD) avec, ma foi, des perspectives plutôt pro­ metteuses devant nous. Nous avons aussi participé activement, au sein de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), à l’élaboration d’un fonds dédié à l’économie dans les pays en développement. L’idée étant de s’imprégner du modèle québécois de soutien au développement économique. Celui-là même qui a démontré, au fil du temps, et particulièrement en tant de crises qu’il pouvait donner du sens à la notion de résilience. Dans le même esprit, UPA DI a pris l’importante décision de transférer ses actifs et ses opérations cou­ rantes à la Caisse d’économie solidaire Desjardins. Une caisse qui a su démontrer son attachement aux valeurs promues par son fondateur. Des valeurs plus déter­ minantes que jamais, tout aussi universelles que la Déclaration des droits humains et situant la Personne au cœur du développement. C’est sur cette lancée que nous avons accueilli avec beaucoup d’enthousiasme, la décision du MAECD d’appuyer notre programme « Réseau Agro-Innov ». L’appui du ministère est pour cinq ans. L’éclat de cette nouvelle réside dans la nature même de ce projet, soit la mise à contribution de l’expertise des agricultrices et agri­culteurs du Québec de même que celle des per­ sonnes gravitant autour du monde rural. Ce programme met aussi en perspective une dynamique de coopération rejoignant les aspirations des entrepreneurs que sont les paysannes et paysans que nous appuyons. En ce sens, l’émancipation de l’agriculture familiale repose sur notre capacité collective de mettre à profit, à travers des partenariats durables, nos connaissances au bénéfice de résultats concrets. 6 En bref Mot du partenaire Encore Lettre de la Central Cooperativa Agropecuaria du El Salvador Famille UPA DI, Depuis El Salvador en Amérique centrale; en tant que Central Cooperativa Agropecuaria (CCA) nous saluons très fraternellement tous nos frères et sœurs qui forment la grande famille d’UPA DI. M. José Luís Cubías Meléndez Historiquement, la CCA s’est constituée en 1994 et est actuellement formée de onze coopératives. Neuf d’entre elles proviennent de la réforme agraire de 1980. Leurs principales productions sont la canne à sucre et les vaches laitières. Les efforts communs d’UPA DI et de la CCA se sont concentrés dans cette dernière production. L’accompagnement technique d’UPA DI, l’appui-conseil de techniciens nationaux, les tournées et échanges d’expériences avec des producteurs canadiens et des organisations nationales ont contribué à l’atteinte des résultats suivants : a) la commercialisation collective du lait de six coopé­ ratives, permettant d’obtenir deux avantages : réduction des coûts de gestion des ventes et un meilleur prix de vente négocié grâce aux volumes de lait; b) la création d’un fonds de développement laitier pour financer les activités reliées à l’élevage laitier; c) l ’implantation et l’établissement d’une alimentation stratégique avec une production fourragère adaptée à la zone et de meilleure qualité nutritionnelle; d) l ’acquisition d’équipements agricoles. Un système d’analyse économique a été établi, permettant de mesurer la bonne marche du travail et de toutes les activités mises en action, analyses qui sont reprises dans les réunions tenues par le comité élevage. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 D’autres axes de travail sont en cours, à des niveaux d’avancement différents, comme : renforcement orga­ni­ sationnel des coopératives dans le processus de prise de décision; définition de registre technique pour l’élevage pour une analyse objective et précise; systé­ matisation du contrôle et de l’analyse de l’inci­dence de la mammite; organisation d’éleveurs individuels, débutée dans cinq communautés. Les leaders de la CCA sont actuellement en train d’évaluer la possibilité d’établir un processus de commer­ cialisation collective dans la canne à sucre, basé sur le succès obtenu dans le lait. Nous, organisations sœurs, manifestons par cette communication nos sincères remerciements à UPA DI pour cet appui solidaire sans lequel, nous en sommes convaincus, beaucoup de chemin resterait à parcourir pour des résultats incertains. Notre activité productive est durable et dynamique, mais elle se réalise dans un contexte mondial très changeant qui génère cons­tam­ ment de nouveaux défis. C’est en travaillant main dans la main que nous aurons la capacité de relever ces défis. À toutes les organisations sœurs, à distance, recevez la poignée de main et la chaleur d’une accolade fraternelle, et n’oubliez jamais : la lutte continue! José Luís Cubías Meléndez Président et représentant légal de la CCA 7 I - Contexte : La biodiversité économique malmenée 8 Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 En bref Encore Nécessité de se surpasser Loin d’être dépassée, l’agriculture familiale doit se surpasser… •• Dans une économie mondialisée, un modèle économique néolibéral dominant et une agriculture dominée. •• Confrontée à des changements climatiques souvent catastrophiques, et surtout, de plus en plus inquiétants. •• Poussée par une croissance démographique effrénée de la population mondiale. •• Devant un contexte d’insécurité physique et de perturbations sociales aux confins d’une mondialisation déshumanisée et en croissance. « Courir après sa queue » On insiste souvent sur la capacité d’adaptation des individus et des populations pour mettre en lumière les conséquences des bouleversements engendrés par, disons-le, les grandes orientations de notre monde. Cependant, comme le disait si bien le grand-père de Boucar Diouf, « Quand on court tout le temps, il faut se rendre compte que ça ne marche pas ». L’agriculture familiale a une grande capacité de rési­ lience nécessaire et même salutaire pour l’avenir de l’humanité. De tout temps, elle a su répondre à une demande croissante de produits agricoles en conjuguant avec l’instabilité, qu’elle soit climatique ou d’ordre social. Toutefois, comme il n’y a pas d’observatoire mondial pour témoigner de cette réalité, on continue d’opter pour la concentration de la production en misant sur la course au rendement pour garantir la sécurité alimen­ taire planétaire. Comme une fatalité avec laquelle nous devions composer, on se convainc qu’il n’y a pas d’autres choix. Tout converge vers cette tendance lourde de conséquences. Comme un sage le disait « Lorsqu’on naît clou, tout devient marteau ». Le résultat net de l’aventure est désormais locataire de plusieurs grandes surfaces arides dans le monde, avec des rendements qui passent dans les craques d’un système qu’il a lui-même provoquées. Il a même droit de cité. La Californie. Moussa : « Je ne sais pas pourquoi, quand on lutte contre la faim ça nous laisse toujours sur notre appétit. » Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 9 Note aux lecteurs Pour les personnes qui ne connaissent pas Moussa, rappelons qu’il est un pêcheur et un paysan africain d’un certain âge dont le village est Bunchibourara. Il a plusieurs enfants et sa fille aînée, Awa, demeure au Québec depuis plusieurs années. Elle travaille pour une organisation québécoise de coopération inter­na­ tionale, Enfaire. Depuis plus de 15 ans, UPA DI recueille les réactions de Moussa et d’Awa sur les différents thèmes abordés dans ses rapports annuels. Parfois, d’autres membres de la famille et d’autres paysans du village ou d’ailleurs sont mis à contribution. Ici, Moussa réagit à la présentation qu’Awa lui a faite du rapport 2014-2015 d’UPA DI lors de sa dernière visite au village. En bref Encore La biodiversité économique, un néologisme à créer pour contrer le modèle économique dominant Pour cesser… •• De se concentrer sur l’accélération de la production et sa concentration continue, voire oppressante. •• Des pratiques de contractualisation inéquitables et appauvrissantes aux dépens des petits producteurs. •• L’accaparement du bien commun, des richesses naturelles. Ouvrier sur ses terres Le système néolibéral, dominant la production agricole mondiale, s’impose comme une dictature économique. Il est contrôlé par le haut à partir d’une pyramide très étroite dont le socle est la masse monétaire mise à sa disposition. Sa légitimité provient des grandes insti­ tutions internationales qui impriment leur marque de confiance sur des billets trop souvent biaisés. C’est ainsi que l’on concentre et s’accapare les bénéfices de la mondialisation au même rythme qu’on s’accapare des terres. On propose même aux petits producteurs d’y contribuer sous forme de métayage modernisé, mais… tout aussi avilissant. La concentration de la richesse a favorisé la déres­pon­ sabilisation de la population. Pourquoi agir sur une terre qui ne nous appartient pas, pourquoi vouloir faire plus lorsque le mieux-être appartient princi­pa­lement à celles et ceux qui contrôlent le système? En revanche, la biodiversité économique repose sur la démocratisation de l’économie. Elle mise sur le sens de la responsabilité citoyenne et s’inscrit dans une dyna­ mique d’économie circulaire. C’est-à-dire une économie dont chaque geste favorise la régénérescence du patri­ moine, quel qu’il soit. Moussa : Il n’y a rien de modernisé dans votre système. Dans le temps passé, et encore trop présent, on cultivait l’arachide du colon sur nos terres et la récolte partait ailleurs nous laissant que notre fatigue et celle de nos terres pour se nourrir. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 10 En bref Résilience climatique Encore Changements climatiques qui inquiètent, réchauffent les esprits et tarissent les chances de l’humanité Prévisions météorologiques, weather forecast, pronósticos meteorologicos •• Catastrophes naturelles à répétition. Élevage en enclos de porcs, de chèvres et de brebis Plus de nourriture et de revenus Fourrage Plantation de Faidherbia albida Fumier tuyau de gaz couvercle de trou d’homme amovible scellé avec de l’argile arrivée •• Fluctuation excessive des rendements. •• Impact désastreux sur la sécurité alimentaire et les revenus des productrices et producteurs agricoles. gaz Puits (eau) Résilience de l’agriculture familiale À titre d’exemple, l’utilisation de biogaz tel que le méthane provenant de la fermentation de fumures d’animaux gardés en enclos offre une solution de remplacement au bois de chauffe. i) Le fait d’économiser ce bois qui capte les gaz à effet de serre; ii) le fait que les femmes économisent leur propre énergie améliorant ainsi leur qualité de vie; iii) le fait que la fumure, une fois compostée, permet de redonner à la terre une partie de ce que les récoltes lui ont soutirée; iv) le fait que les récoltes de plantes oléagineuses produisent de l’huile destinée à l’alimentation humaine et des tourteaux destinés à l’alimentation animale; v) de fait, cela démontre que l’économie circulaire n‘est pas une théorie qui tourne en rond. La biodiversité économique n’est pas davantage un concept qu’on peut tourner au ridicule, il repose sur du concret. couvercle mobile Compost 1000mm maximum boues Biodigesteurs En cette matière, l’agriculture familiale peut s’appa­ renter au concept d’humanitude, c’est-à-dire la capacité de prendre soin d’une personne en perte d’autonomie. Bien que ce ne soit pas la terre qui est en perte de contrôle, mais bien ses habitants, la terre a besoin de bientraitance pour continuer de supporter le poids des hommes. Il revient donc aux êtres humains d’adopter un comportement permettant à la terre de mieux imprégner la notion de Terre des hommes. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Culture de niébé amélioré Amélioration de la fertilité des sols et des rendements cuve de détente conduite de sortie BiogaZ pour l’éclairage et la cuisson des aliments À noter que cet exemple est tiré de la pratique d’UPA DI et de ses partenaires. Nous ne sommes pas dans l’agroécologico-fiction, mais plutôt dans l’agro-écologicoréalité. Il demeure que la pérennité de cette démarche doit s’appuyer sur des outils tels que des mécanismes de sécurisation des récoltes et des revenus. Moussa : M oi qui croyais que le progrès et la modernité allaient répondre à tous nos besoins! Si je comprends bien, là-bas, ils réchauffent la planète et c’est le paysan d’ici qui s’y brûle. Heureusement, en Afrique, on est allé de l’avant avec l’économie qui circule. Awa : apa, de la façon dont vous le P dites, c’est comme si en Afrique on tournait en rond… Moussa : M a fille, c’est pour dire qu’on cir­ cule en cercle à la manière d’une spirale qui avance, progresse, prend de l’ampleur. 11 En bref Encore Une population mondiale qui ajoute du poids à la terre On assiste à… •• L’intensification de la production. •• La concentration de la population. •• Une pression sur l’environnement. D’où vient le citron que l’on presse? D’une part, on intensifie la production sur des espaces limités à la manière des grands parcs industriels. D’autre part, on concentre les populations dans les mégapoles. Entre les deux, on développe des grands axes routiers et des routes commerciales. Ici et là, on croise des villages de plus en plus dévitalisés, quelques grands camps de réfugiés et des voies de plus en plus étroites pour permettre à quelques-uns de rejoindre le monde dit développé. Un accès limité que l’on donne de façon parcimonieuse. Dans ce contexte, la pression n’est pas juste sociale, elle n’est pas uniquement humaine, elle est aussi envi­ ronnementale. On ne peut pas mettre des fils barbelés restreignant les revendications de l’eau, de l’air et de la terre. Si, à bien y penser, on le fait surtout pour empêcher les hommes d’approcher des sites contaminés. La terre a besoin d’équilibre et qui dit équilibre, conçoit que la répartition géographique du vivant est essentielle. La concentration crée des anomalies, des excroissances, multipliant les risques de toutes sortes : manque d’eau, manque d’air, trop de microbes, trop de béton, etc. L’agriculture familiale a une vertu souvent ignorée par le modèle économique néolibéral, celle d’occuper et de protéger le territoire. Dit autrement, elle offre aux êtres humains de se répartir géographiquement, non pas uniquement pour occuper l’espace, non pas juste pour occuper leur temps. Elle offre une activité noble, celle de nourrir la vie et de procurer de l’espace au vivant. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Moussa : Je ne suis pas sûr de bien com­ prendre… Jadis, on venait chercher notre production agricole pour nourrir un ailleurs. Aujourd’hui, on nous dit que nous ne pouvons pas produire notre besoin et qu’ils vont nous nourrir avec les produits d’ailleurs. Et pourtant, je les vois venir avec leurs grosses machines produire sur nos terres. Ailleurs aurait-il déménagé ici? 12 En bref Encore Insécurité physique et perturbations sociales : la question qui tue… Être physique et social •• Deux épidémies : crise de l’Ebola et conflits armés en tout genre. •• Croissance et inégalité. De croissance en crises et les crises en croissance Difficile de cultiver lorsque ta terre est un champ de mines. Difficile de performer lorsque tu as la mine basse tellement le monde autour de toi a la fièvre, surtout celle de l’Ebola. Lorsque ton environnement est un champ de ruines, ton intégrité physique est bel et bien, c’est le moins que l’on puisse dire, menacée. Depuis toujours, la façon la plus efficace d’affaiblir une population c’est de limiter son accès à l’alimentation. Il faut prendre acte que dans l’état actuel des choses, l’ensemble des facteurs agissant, même séparément, concourt à fragiliser la sécurité alimentaire mondiale. Comme si la croissance, au lieu de nous aider à répondre aux besoins, en créait de nouveaux dans l’équation des inégalités. Pendant que certains croissent, d’autres croas­ sent famine. L’agriculture familiale est particulièrement confrontée à l’ensemble de cette problématique. C’est dans cet espace qu’UPA DI participe dans chacune de ses interventions à inverser la tendance. Nous pouvons faire mieux, nous devons faire mieux, nous devons le faire sans ménagement. Moussa : Si on est tant dans la misère, pourquoi l’ailleurs se retrouve-t-il ici? On se trouve à ne plus avoir d’ici et on ne veut pas qu’on aille ailleurs! Ça l’air compliqué et fra­ gile votre développement! Awa : apa, il faut comprendre que l’Ebola P fait peur à plusieurs en Europe, en Amérique et même au Québec. Moussa : Ici elle fait mourir… De l’autre côté du grand marigot Atlantique, l’Ebola fait la manchette, parce qu’elle peut traverser plus que la Manche et vous rejoindre dans vos salons. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 13 II - Quelques résultats d’une coopération soutenue 14 Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 En bref Encore Nombre de productrices et de producteurs au sein des organisations partenaires appuyées Dans le cadre de la programmation d’UPA DI… •• 141 157 productrices et producteurs agricoles ont participé directement à des activités et 47 % sont des femmes. •• 3 638 388 membres des organisations partenaires ont été rejoints dont 57,5 % sont des femmes. Ensemble on va loin Si un bâtonnet isolé peut se briser facilement, liés entre eux, des milliers de bâtonnets font preuve de résilience et résistent au tsunami du modèle économique do­ minant. De ce fait, ils participent et contribuent à la biodiversité économique. Les productrices et pro­ ducteurs, appuyés par UPA DI, ont compris depuis longtemps qu’ils devaient se regrouper, au sein d’orga­ nisations fortes, pour mieux exercer leur profession. Ce n’est qu’au sein de telles organisations qu’ils pourront se doter de moyens qui, non seulement leur permettront de nourrir leur monde, mais également d’assurer des conditions de vie décentes à leur famille, dans un environnement sain. Les chiffres qui précèdent témoignent du nombre de paysannes et de paysans qui ont « directement », à travers leur organisation respective, participé à des programmes appuyés par UPA DI au cours de la dernière année. Les productrices et producteurs « rejoints », représentent l’ensemble des membres des organisations paysannes avec lesquelles UPA DI collabore. Le renforcement de ces organisations, à travers les programmes d’UPA DI, a évidemment un impact sur l’ensemble de leurs membres. Nous attirons votre attention sur l’im­ portance de la participation des femmes au sein de ces organisations, contribuant activement à l’éman­ci­pation de l’agri­ culture familiale et à la bio­d iversité économique. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Moussa : Je savais que la famille africaine était grande de même que celle des Amériques espagnoles. C’est tout de même bon de se dire que la majorité de cette famille pra­ tique le même métier, celui de nourrir. Ma fille, il faudra, dans ces Amériques, que tu leur fasses goûter notre poisson, ça va leur rappeler la saveur de leurs ancêtres. Awa : L es productrices et producteurs des Amériques parlent peut-être la même langue qu’en Espagne, mais ils ne sont pas espagnols pas plus qu’africains d’ailleurs. Mais vous avez raison, ils font partie de la grande famille de l’agriculture et défendent les mêmes droits et intérêts que votre groupement. 15 En bref Encore Valeur des fonds disponibles pour les membres Types de fonds et fonds pour les types •• 500 497 $ CAN de fonds rotatifs. •• 14 750 864 $ CAN en ligne de crédit. •• 522 758 $ CAN autres fonds. Quelques mots pour expliquer quelques chiffres très significatifs Ces crédits mis à la disposition des productrices et des producteurs par leur organisation pour soutenir la production, la mise en marché collective et d’autres services à caractère économique, sont de trois ordres. 1- L e fonds rotatif est mis à la disposition des exploi­ tations, des groupements et des organisations paysannes, sous forme de subventions, pour soutenir des activités économiques à chacun de ces trois niveaux. À partir des bénéfices de ces activités, le fonds initial est reconstitué et même augmenté pour soutenir de nouvelles activités dans de nouvelles exploitations ou pour développer les activités mises en place par les organisations. C’est le cas du pro­ gramme Les Savoirs des gens de la terre (LSGT). 2- L a ligne de crédit est un fonds rendu disponible aux productrices et producteurs par leur organisation à partir d’une entente avec une institution financière. Cette entente est possible grâce à la constitution d’un fonds de garantie au sein des organisations paysannes. 3- L es autres fonds sont constitués par des organisations pour soutenir les actions de leurs membres, dont des fonds de sécurité pour faire face aux aléas de toutes sortes. La mise en place de fonds de garantie appartenant aux organisations paysannes est beaucoup plus qu’une valeur monétaire dans un compte de banque. Ces fonds ont une forte valeur symbolique renforçant le sentiment d’autonomie, de confiance et d’appartenance des membres à leur organisation. Les fonds permettent aux organisations qui les détien­ nent de négocier davantage d’égal à égal avec les institutions financières et d’offrir des services à Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 caractère économique à leurs membres. Ils permettent également aux organisations de faire preuve de saine gestion du fait de l’attachement de leurs membres à ce patrimoine acquis. Ils mènent donc, le plus souvent, à de bonnes pratiques démocratiques. Finalement, ils font office d’école autant dans le domaine de l’admi­ nistration, de la réglementation que de l’économie. Au fil du temps, ils permettent de développer de nou­ veaux mécanismes de sécurité financière bénéfiques au maintien d’une agriculture familiale dynamique. Moussa : A wa, ma fille, tu m’avais déjà dit que faire l’agriculture coûtait cher au pays des Tremblay, mais que des banques aidaient les producteurs. Je n’ai jamais vu ça ici! Si ça existait, c’est sûr que je pourrais changer ma pirogue et recom­mencer à faire la pêche. Awa : Il faut aussi reconnaître que vous vieillissez un peu pour continuer à pêcher Papa. Moussa : M a fille, ce n’est pas parce qu’on vieillit qu’on arrête de rêver. C’est parce qu’on arrête de rêver qu’on vieillit. 16 En bref Encore Volume mis en marché ou produit par l’ensemble des membres Produire pour nourrir Nourrir notre monde L’action de coopération d’UPA DI, avec les organisations paysannes par­ tenaires, a contribué à la production de : Aux fins de la présentation, nous avons regroupé les produits en quatre catégories : 20 136 tonnes 3 de céréales et de riz. 1- Céréales : incluant riz, maïs, céréales sèches. 2- Maraîchage : incluant légume, arachide, niébé, bissap’s, etc. 3- Viande : toute production animale confondue. 4- L ait. 77 463 tonnes 1 de produits maraîchers. 5 562 tonnes 5 de viande. 1 852 807 litres 2 de lait. Toutes ces denrées ont contribué directement à approvisionner 7 768 954 personnes soit l’équivalent de 95 % de la population québécoise. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Le portrait est certes modeste à l’échelle planétaire. Il témoigne cependant de l’importance et du potentiel de l’agriculture familiale dans la réponse aux besoins alimentaires des populations locales et nationales. De fait, il s’agit de sa contribution à la biodiversité éco­ nomique. Si les quelques partenaires d’UPA DI peuvent contribuer de la sorte à la sécurité alimentaire de leur population, on peut facilement imaginer l’impact de l’agriculture familiale à l’échelle mondiale. Ce qui est encore plus rassurant pour l’avenir de l’humanité, c’est que ce modèle d’agriculture a traversé les frontières et les époques, affrontant les aléas climatiques, éco­ nomiques et sociaux. En poursuivant son émancipation, l’agriculture familiale demeure un des principaux acteurs de la biodiversité économique. Moussa : R ien de nouveau sous le soleil! Nos ancêtres nourrissaient déjà leur monde jusqu’à ce qu’on vienne les solliciter à produire du coton et des arachides pour nos voisins du Nord. Quand on a accès à nos terres, à la technologie et au crédit, on peut encore le faire. Il faut poursuivre notre engagement paysan parce que « Tant et aussi longtemps qu’on marche vers le soleil, l’ombre est dernière nous. » (Proverbe africain) 17 En bref Encore L’effort de formation en jours Renforcement des capacités Devenir meilleur En 2014-2015, UPA DI et ses parte­naires ont réalisé au total 16 224 jours-personnes de formation, soit l’équi­valent d’une personne, à raison de 5 jours par semaine, pendant 62,4 années. La formation est un axe d’intervention privilégié par UPA DI depuis ses origines, inspirée en cela par l’évolution de l’agriculture au Québec à travers l’Union des producteurs agricoles (UPA). Le développement de l’agriculture dépend du développement des capacités des personnes qui la pratiquent, mais aussi de celui des organisations professionnelles qui contribuent à la structurer. Pour bien jouer leur rôle, les productrices et producteurs, aussi bien que les organisations qui les ras­ semblent, ont besoin de connaissances et d’habiletés. Ainsi le renforcement du savoir, du savoir-faire et du savoir-être, de la base au sommet des organisations, est nécessaire. ATTESTATION DE FORMATION Cette attestation est décernée à Madame Larousse Pour une formation d’une durée de 62,4 ans 2014-2015 UPA Développement international Pour prétendre au renforcement des capacités, les formations doivent se concrétiser dans l’action. La stratégie de renforcement des capacités d’UPA DI s’appuie sur le quotidien des personnes en formation et se poursuit dans l’accompagnement de la mise en œuvre des acquisitions. La diversité des activités de formation ref lète bien cette stratégie à partir de formation formelle, jusqu’à l’échange d’expertise entre les producteurs d’ici et nos partenaires, en passant par l’appui à la mise en œuvre des actions concrètes. Moussa : J e me souviens, il y a un peu long­ temps, on m’avait parlé « d’Université au Village ». J’imaginais que les gens de la ville viendraient s’abreuver de nos savoirs. Mais j’ai constaté, dans mes échanges avec Tremblay de l’UPA, que l’on parlait plus des savoirs qui poussent dans nos champs ici et ailleurs. Ce sont ces savoirs que nous devons partager. « Si tu me donnes un œuf et que je te donne un œuf, nous aurons chacun un œuf. Si tu me donnes une idée et je te donne une idée, nous aurons chacun deux idées. » (Proverbe africain) Awa : ous avez raison Papa. C’est le V programme Les Savoirs des gens de la terre (LSGT) dont nous avons souvent parlé. Le monde change et les savoirs des ancêtres doivent s’adapter et attacher un nouveau bout de corde à l’ancienne pour aller puiser l’eau du puits. Moussa : O ui, mais faut pas oublier l’es­ sentiel, ce sont des hommes et des femmes comme nous qui nour­ rissent le monde. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 18 III - D’autres résultats spécifiques 19 À noter que la présente section veut partager des exemples de résultats atteints par quelques-uns de nos partenaires. En effet, nous ne présentons pas une revue de toute notre programmation. Un peu plus loin, vous pouvez retrouver sous le titre « Tableau des partenaires de diverses cités » une liste des groupes avec lesquels nous avons travaillé au cours de la dernière année. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 En bref Encore Sénégal avec la Fédération des périmètres autogérés Au cours de la dernière année… •• Semences de riz certifiées produites : 1 150 tonnes, soit 38 % de la production nationale. •• 8 350 membres et 10 141 hectares de production couverts. •• Production de 70 198 tonnes de riz, correspondant à 16 % de la production nationale et répondant au besoin en riz de 800 000 personnes. Mieux produire et meilleur riz Il est intéressant de mettre en perspective le fait qu’en cinq ans, la Fédération des périmètres autogérés (FPA) a triplé ses volumes de riz mis en marché. Cela représente 16 % de la production nationale. Elle a aussi doublé le nombre d’unions membres faisant passer le nombre de producteurs commercialisant le riz par son entremise de 3 000 à 8 350. La production semencière se révèle un apport encore plus significatif. L’accès aux intrants est un élément déterminant pour maintenir l’agriculture familiale. Non seulement la FPA a su identifier cette problématique, elle ne s’est pas contentée de porter le discours, mais elle a pris les moyens pour que la réponse vienne de ses membres. Le développement de la production semencière démontre que les producteurs ont les savoirs et savoirfaire pour améliorer les conditions menant à la sécu­ risation de la production et par le fait même, favo­risant la sécurité alimentaire du pays. Ceci se réalise en contribuant à l’augmentation des revenus des membres. L’ensemble des actions mené par la FPA fait de cette organisation, un acteur incontournable, non seulement dans la Vallée du fleuve, mais dans tout le pays. Sa capacité d’entreprendre n’a d’égale que sa volonté d’agir pour ses membres et pour la sécurité alimentaire des Sénégalaises et des Sénégalais. Moussa : Ils sont forts ces Sénégalais! Ils pourront bientôt se passer du riz d’Asie. Leur thiéboudiène (riz au poisson) n’en sera que meilleur! Mais encore faudra-t-il que leur gouvernement cultive des lois qui leur seront favorables. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 20 En bref Encore Sénégal avec l’Union des groupements paysans de Méckhé Ici aussi au cours de la dernière année… •• Semences d’arachides produites : 2 500 kg. •• 4 761 hectares d’arachides emblavés par l’ensemble des membres. Quand l’agriculture familiale se professionnalise… En 2004, l’Union des groupements paysans de Méckhé (UGPM) ne produisait pas de semences d’arachides. Pourtant, la majeure partie de ses membres les cultivait. Année après année, on utilisait une partie de la récolte de l’année précédente en guise de semences avec des résultats mitigés à la fin de la campagne. Avec un premier projet collectif mis en œuvre en 2006, dans le cadre du programme LSGT, l’UGPM forme des pro­ ducteurs semenciers pour alimenter ses membres en semences améliorées. Les premières années furent difficiles. Les résultats étaient minces. Mais « C’est la nécessité qui fait grimper le singe dans un arbre épineux » (Proverbe africain). Les leaders de l’UGPM persévèrent. Ils négocient avec certains membres de la FPA, qui ont des conditions favorables pour leur fournir la première génération de semences. Et moins de dix ans plus tard, avec l’acquisition d’expertise, l’UGPM peut mettre à la disposition de ses membres, 2,5 tonnes de semences certifiées qui amélioreront les rendements et aug­men­ teront les revenus des familles productrices. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Moussa : Ils sont encore plus futés que je pensais ces Sénégalais! Quand on fait face à un mur, on va chercher l’échelle auprès de nos amis pour le surmonter. Et de l’autre côté du mur, c’est le soleil qui fait pousser l’arachide et nourrit bien la famille de l’UGPM. Mais ma fille, j’ai en­ tendu dire que de la même façon des pêcheurs béninois semaient des poissons. Peut-être que nous, pêcheurs de Bunchibourara, on devrait demander à nos amis béninois de nous apprendre à semer pour réapprendre à pêcher et nous passer de l’aide ou de la pirogue! 21 En bref Encore Mali avec Faso Jigi Toujours au cours de la dernière année… •• Construction par Faso Jigi de quatre entrepôts de stockage d’une capacité totale de 5 400 tonnes de riz et céréales sèches, et d’un entrepôt de 20 tonnes pour les échalotes. •• Volume de production : - riz....................... 3 219 tonnes - céréales sèches.......261 tonnes - échalotes................162 tonnes •• Chiffre d’affaires de l’année : 2 270 968 $ CAN. 20 ans plus tard Faso Jigi est une organisation qui a vu le jour en 1995. Sa fonction première est de mettre en marché le riz principalement, mais également les céréales telles que le petit mil et le sorgho et enfin les échalotes. Elle est une référence dans son domaine. En 2012, elle a été reconnue par la Fondation AGRA comme étant la meilleure organisation paysanne de toute l’Afrique. Elle a également inspiré le ministère canadien des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD) pour un projet d’appui aux organisations œuvrant dans la mise en marché du riz au Mali. Il s’agit du projet Feere Diyara mis en œuvre depuis un an par l’Alliance agricole internationale (AAI) et s’inscrivant dans la volonté de professionnaliser les OP en leur permettant de jouer un rôle majeur sur les marchés. Moussa : A wa, ma fille, peux-tu dire à monsieur AGRA et à sa fondation que nous aussi on veut participer au concours. J’espère que monsieur AGRA n’est pas un Malien qui aime seulement les haricots. Nous vou­ lons lui proposer notre poisson… Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 22 En bref Encore Burkina Faso avec l’Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun D’une année à l’autre… •• Diversité des activités économiques : - S ervice de commercialisation collective. - S ervice d’achat d’intrants groupés : engrais et semences. - S ervice d’achat de petits équipements : charrettes, charrues, brouettes, pelles, etc. - S ervice-conseil agricole aux plans de la gestion et de l’agroenvironnement. - Pépinière. •• Volumes de production de la dernière année : -4 500 tonnes de céréales sèches. - 29 tonnes de bissap’s. - 58 tonnes de niébé. •• Chiffre d’affaires de l’année pour l’ensemble des activités économiques : 2 010 644 $ CAN. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Diversification des services Aujourd’hui, l’Union des groupements pour la commer­ cialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA/BM) est une organisation qui a une portée beaucoup plus importante que son nom l’indique, puisqu’elle déborde largement de ses fonctions d’origine. L’UGCPA/BM offre des conseils en gestion à ses membres. Elle agit à titre de fournisseur d’intrants et elle produit des semences certifiées. Elle traite les céréales permettant de répondre aux normes interna­ tionales en matière de qualité. Moussa : N os amis burkinabès ont eu une bonne idée de diversifier leurs activités. Nos femmes au village pourraient se mettre ensemble et fumer notre poisson pour le ven­ dre en ville sur le marché. Crois-tu Awa que les banques pourraient nous aider? Parce que sans finan­ cement, le poisson reste dans l’eau et ce sont nos jeunes qui fument… Avec l’appui du programme de résilience climatique, elle a étendu son action à des activités agroenviron­ nementales, forestières et d’élevage. L’UGCPA/BM est un point de mire dans son pays. Elle a même été reconnue en Afrique comme l’organi­ sation donnant le meilleur accès au marché pour ses membres, en 2013. Elle a d’ailleurs été primée, à l’instar de Faso Jigi, par la fondation AGRA à cet effet. 23 En bref Encore El Salvador avec la Central cooperativa agropecuaria En ce qui a trait à la dernière année… •• Volume de lait produit par la Central cooperativa agropecuaria (CCA) : 1 566 313 litres. •• 16 % d’approvisionnement du transformateur. •• Transposition du modèle de production laitière sur la production de la canne à sucre. Collectif ou privé oui collectif La CCA est une des dernières entreprises collectives agricoles de travail au pays. Elle est née de la réforme agraire de 1985 et, cette dernière, a fait partie des actes ayant mené à la fin de la guerre civile au El Salvador. Elle doit toujours convaincre ses membres du bienfondé de l’entrepreneuriat collectif dans une formule coopérative. Ceci dans un contexte où les gens croient davantage au bienfait de l’entreprise privée. Même si la partie n’est pas gagnée, la CCA poursuit sur sa lancée. Jusqu’à maintenant, sa force repose sur sa capacité d’offrir des services à ses coopératives mem­ bres permettant d’améliorer sensiblement le sort des coopérateurs. Sa volonté est d’étendre le système de gestion d’approvisionnement et de paiement, développé et négocié collectivement pour le secteur laitier, à la filière de la canne à sucre. Son plus grand défi repose sur sa capacité de convaincre les coopérateurs qu’ils ont plus à gagner à parfaire ce modèle de développement que de se laisser entraîner sur une voie qui servirait davantage les intérêts de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Moussa : Ç a ne doit pas être facile, ma fille, de négocier en espagnol! Avec tous ces exemples d’actions collectives qui semblent bien fonctionner, il serait peut-être temps, si tu veux gagner ton ciel, que tu convain­ ques l’Enfaire, ton organisation qui déve­loppe, de venir nous appuyer puisque « nous sommes déjà col­ lectivés ». D’autant plus que j’ai entendu dire que ton gouver­ ne­ ment avait desserré les cordons de sa bourse. 24 En bref Encore Haïti avec la Fondation pour le développement économique et social Conjuguer aide alimentaire aux enfants et développement de l’agriculture locale •• Action concertée de plusieurs partenaires d’intervention : Fondation pour le développement économique et social (FODES-5 en Haïti), Collaboration QuébecHaïti, Association québécoise pour l’avancement des Nations Unies (AQANU), Agro-Paix au Québec, Cuisines collectives St-Roch à Montréal, Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ), L’ŒUVRE LÉGER au Québec et Fonds de Solidarité Sud. •• Deux cuisines collectives et repas aux plus jeunes dans deux écoles à partir des produits cultivés localement. •• 200 enfants à chaque jour d’école qui mangent un repas complet, 40 000 repas servis au cours de la dernière année scolaire. •• 50 femmes améliorent l’alimentation de leur famille à moindre coût. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Du champ à la cuisine FODES-5 est une organisation non gouvernementale (ONG) se définissant, d’abord et avant tout, comme une organisation communautaire. D’ailleurs, sa devise est « La communauté d’abord ». Elle œuvre à Labrousse un territoire de 40 kilomètres carrés. Les dirigeants ont choisi de changer durablement leur zone en intervenant dans plusieurs secteurs différents tout en s’assurant d’une interaction et d’une complémentarité entre les secteurs. Que ce soit dans le domaine de la santé, l’édu­ cation, l’alimentation, le développement économique, social et culturel ou encore dans les infrastructures, chaque geste est posé en fonction de construire d’abord les êtres formant la communauté. La notion d’éman­ cipation prend tout son sens dans cette approche. Dans ce petit coin de pays, il y a probablement la plus grande concentration d’ONG québécoises œuvrant dans un concert d’harmonies beau à entendre et à voir. Chacune apporte son expertise spécifique en concer­ tation et complémentarité avec les autres. UPA DI croit qu’il y a dans ce modèle de quoi inspirer la coopération pour le développement ailleurs dans le pays et même dans le monde. Moussa : J’espère que mon ami haïtien Saint-Jules gros orteil se porte bien et qu’il participe à LTSG, la terre sage et généreuse comme vous appelez ça? Je me souviens encore quand Tremblay m’avait invité à parler de mes savoirs au séminaire de Patentikourou. Nous avions, Saint-Jules et moi, échangé sur nos savoirs. Je suis heureux d’apprendre que notre savoir inté­ resse encore beaucoup du monde. 25 IV - Contribution d’UPA DI 26 Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 En bref Encore À travers… Un appui et une présence •• L e soutien à des organisations démocratiques. •• L’appui au développement de services à caractère économique. •• L a formation et le renforcement des capacités des productrices et producteurs dans leur profession et des élus dans leur fonction. •• L’appui au développement de politiques favorables à l’agriculture. •• L e partage d’expertises et de savoir-faire. -L e renforcement des réseaux terrain, notamment : le Réseau des organisations paysannes et des producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA). -L a Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC). Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Tout est question de couverture… UPA DI n’a pas pour mandat de fournir des couvertures aux plus démunis de la planète, bien qu’il s’agisse aussi d’une nécessité absolue. UPA DI n’a pas non plus le mandat de fournir une couverture aux décideurs publics qui cherchent à imposer leurs agendas. UPA DI a le mandat de fournir une couverture végétale au monde pour garantir la sécurité alimentaire planétaire. Elle a reçu le mandat de tout mettre en œuvre pour que l’agriculture familiale puisse contribuer de façon signi­ ficative à cet immense défi. Moussa : A vec le froid qui fait chez vous, je comprends que Tremblay puis son UPA gardent les couvertures pour eux. Ça doit faire beaucoup de vil­ lages les 800 millions d’affamés? Mais je ne comprends pas le lien avec les « démons graphiques ». Ce sont eux qui font des dessins qu’ils ne devraient pas faire??? Faut-il rappeler qu’au moment d’écrire ces lignes, plus de 800 millions d’êtres humains n’arrivent pas à se nourrir convenablement? En mettant en relief le con­ texte dans lequel le monde évolue et la croissance démographique qui pèse sur la planète, admettons que le mandat est ambitieux. L’organigramme qui suit veut illustrer comment nos partenaires se structurent, tissent des liens et travaillent en réseau. Toutes les organisations dont le nom est mentionné sont des partenaires d’UPA DI. Les paysannes et paysans, exploitant même une très petite unité de production, sont d’abord et avant tout des entrepreneurs capables collectivement d’inverser la tendance. Le rôle d’UPA DI est de les soutenir dans cette mission essentielle pour le mieux-être de l’humain et de l’humanité. 27 RÉSEAUX D’ORGANISATIONS PAYSANNES PARTAGE D’EXPERTISES ET DE SAVOIR-FAIRE Réseau des organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA) Cadre national de concertation rurale (CNCR) | Association pour la promotion du développement à la base (ASPRODEB)* (Sénégal) Fédération des périmètres autogérés (FPA) Fédération des ONG du Sénégal (FONGS) 26 autres OP membres du CNCR Plateforme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC) Confédération paysanne du Faso (CPF) (Burkina Faso) Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA-BM) 5 autres OP membres de la CPF 3 autres plateformes régionales couvrant ainsi l’ensemble de l’Afrique Plateforme nationale des organisations paysannes, des syndicats autonomes et des producteurs agricoles (PNOPPA) (Bénin) Coordination nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP-Mali) Fédération des unions de producteurs agricoles du Bénin (FUPRO) 11 OP membres de la CNOP Groupement des exploitants agricoles (GEA) 8 autres OP membres de la PNOPPA 9 autres plateformes nationales membres du ROPPA Faso Jigi** Baabahuu Jici** 28 Union des groupements paysans de Méckhé (UGPM) * ASPRODEB est au CNCR ce qu’UPA DI est pour l’UPA. ** Ne sont pas membres de la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP-Mali) Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 En bref Encore Par… Le partage et des échanges •• L a participation des productrices et producteurs, ainsi que des conseillères et conseillers experts. •• L e partage de l’expertise des groupes affiliés à l’UPA. •• L a disponibilité d’une équipe professionnelle compétente et engagée. •• Un programme et une campagne de levée de fonds pour soutenir les initiatives de développement de nos partenaires : « DigniTerre ». •• L a recherche de financements pour nos partenaires et la mise à disposition de fonds de garantie et de fonds dédiés. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Langues différentes et même langage La valorisation de la profession est un élément essentiel dans la courbe d’apprentissage d’un métier. Le monde agricole ne fait pas exception. Pour les organisations paysannes partenaires, leur reconnaissance par une autre organisation agricole, comme l’UPA, valorise déjà leur engagement pour le développement de l’agri­culture. L’envoi de producteurs experts, la mise à disposition de l’expertise des groupes affiliés à l’UPA, la disponibilité de l’équipe de professionnels d’UPA DI sont des éléments permettant aux exploitants agricoles d’ailleurs de se reconnaître à travers le langage et la forme que prennent les appuis que nous proposons à nos partenaires terrain. Le type d’appui financier est aussi révélateur. UPA DI cherche les moyens de répondre, de manière concrète et directe, aux problèmes que rencontre tout entre­ preneur agricole. Le financement est au cœur de la problématique. Il permet aux organisations d’offrir des services à caractère économique à leurs membres. Il permet également aux membres d’offrir leurs produits sur le marché. La formation, la valorisation de la pro­ fession ne servent absolument à rien si la production ne se rend pas sur le marché, faute de moyens, faute de financement. Moussa : C ’est vrai qu’un agricole de chez vous parle le même langage qu’un agri­ cole d’ici, mais dans des langues différentes. J’en avais rencontré plu­ sieurs au séminaire de Patentikourou. C’est simple, la graine qu’on met en terre ici ou chez vous, on voudrait qu’elle produise beaucoup, qu’on nous achète ses fruits à un bon prix et qu’elle nourrisse plusieurs per­ sonnes. C’est ça le métier et c’est facile à comprendre. 29 En bref Encore En créant des alliances avec… Des partenaires préoccupés par l’agriculture familiale et le renforcement des OP •• AgriCord. •• L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). •• L’Alliance agricole internationale (AAI). •• L’ŒUVRE LÉGER. •• La Collaboration Québec-Haïti. Monsieur Marcel Groleau, président général de l’UPA et d’UPA Développement international et monsieur José Graziano da Silva, directeur général de la FAO. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Alliés pour une même cause AgriCord : une structure internationale réunissant des organismes de coopération appartenant à des orga­ nisations professionnelles agricoles telles que l’UPA. Ces agriagences se concertent pour favoriser le dévelop­ pement de l’agriculture et le soutien aux orga­nisa­ tions de productrices et de producteurs dans les pays d’intervention. La FAO, Organisation des Nations Unies pour l’ali­men­ tation et l’agriculture, a signé un protocole d’accord avec UPA DI en 2012, particulièrement pour le soutien à l’agriculture familiale, partie prenante de la sécurité alimentaire mondiale. Depuis, il y a eu des collabo­ rations au Niger et au Maghreb en Afrique du Nord. L’Alliance agricole internationale (AAI) est constituée du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), de la Société coopérative pour le développement international (SOCODEVI) et d’UPA DI. Elle est née de la volonté d’offrir la meilleure expertise disponible en ce qui a trait au développement de la vie associative des partenaires terrain. Le sens de notre association avec L’ŒUVRE LÉGER prend sa source dans la réunion de deux valeurs complémentaires et déterminantes pour l’avenir de l’humanité, la dignité humaine et le respect de la terre. Cette alliance a donné naissance à DigniTerre, une pro­ grammation et une levée de fonds. Par sa solidarité, la Collaboration Québec-Haïti est en quelque sorte le ciment qui permet à plusieurs acteurs québécois de la coopération d’être réunis sur un même territoire, chacun en complémentarité avec les autres. 30 En bref Encore En collaborant avec des partenaires d’intervention Particulièrement… •• L’Association québécoise pour l’avancement des Nations Unies (AQANU). •• L e Groupe d’économie sociale et solidaire du Québec (GESQ). •• Agro-Paix. 31 Chacun met la main à la pâte L’AQANU est une organisation non gouvernementale (ONG) québécoise composée uniquement de béné­ voles, répartis en comités régionaux, qui se consacrent à la promotion de la solidarité internationale et du développement durable en Haïti. Le GESQ est un regroupement d’organisations prônant l’économie sociale et solidaire comme modèle de développement. Son originalité repose sur le fait qu’il réunit, en son sein, des chercheurs et des gens de terrain pour réfléchir à des solutions porteuses et documenter des pratiques innovantes. Le GESQ coordonne présentement un groupe de recherche- Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 action analysant les relations de partenariat Nord-Sud, Sud-Nord, notamment dans la mise en œuvre des cui­ sines collectives et cantines scolaires dans les régions de Labrousse et Rivière Froide en Haïti. Agro-Paix est un groupe de solidarité né en 1986 et formé essentiellement de bénévoles provenant surtout du milieu rural. La mission du groupe est de tisser des liens de solidarité avec des communautés paysannes. Jusqu’en 2011, Agro-Paix a été actif avec des organi­ sations aux Philippines. Après de nombreux échanges et projets fructueux dans ce pays, les Agro-Pacifistes ont décidé d’ouvrir leurs horizons vers Haïti. En bref Encore En établissant des partenariats financiers avec Des institutions et fondations appuyant le développement durable •• Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement du Canada (MAECD). •• Ministère des Relations internationales du Québec (MRI). •• Fondation internationale Roncalli. •• Fondation Louise Grenier. •• Banque mondiale. •• Fonds international de développement agricole (FIDA). Avoir les moyens de nos ambitions Le MAECD est un nouveau ministère qui en regroupe trois anciens : les Affaires étrangères, le Commerce international et celui de la Coopération internationale. Il est le principal partenaire financier d’UPA DI. Le MRI est au gouvernement du Québec celui qui soutient le développement international en sensibilisant et mobilisant la population québécoise autour des enjeux de la solidarité internationale. Il est le principal par­ tenaire de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) dont UPA DI est membre. La Fondation internationale Roncalli a été créée en 1974 par la Congrégation des Sœurs de la Providence, une communauté religieuse catholique fondée à Montréal en 1843. La mission de la Fondation est de manifester la compassion et la Providence de Dieu auprès des populations les plus défavorisées dans les pays en voie de développement afin de soulager la misère causée par les injustices et les cataclysmes. La Fondation Louise Grenier a pour but d’encourager et d’appuyer financièrement des organismes de bien­ faisance, reconnus au sens de la loi, qui viennent en aide au développement durable des populations des pays du Sud en soulageant la pauvreté et en améliorant l’éducation. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 La Banque mondiale est une institution internationale soutenue par 188 pays membres créée initialement en 1944 pour aider la reconstruction des pays dévastés par la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, elle vise à soulager la pauvreté partout dans le monde en soutenant les États des pays en développement. L’Alliance agricole internationale (AAI) réalise certains projets financés par la Banque mondiale. Le Fonds international de développement agricole (FIDA) est une banque d’aide au développement créée en 1977 et associée aux Nations Unies. Il a pour vo­cation d’appuyer financièrement, comme bailleur de fonds et organisateur, le développement agricole et rural dans les pays en développement et en transition. UPA DI obtient du financement du FIDA pour la réalisation de projets notamment en Afrique centrale et dans d’autres régions de l’Afrique au travers AgriCord. 32 En bref Encore En maintenant des liens avec des réseaux Principalement avec… •• L’Association québécoise des organisations de coopération internationale (AQOCI). •• L a Coalition pour la souveraineté alimentaire. Se connaître et se reconnaître Peut-on raisonnablement imaginer aujourd’hui inter­ venir en vase clos, sans compter sur des collaborations, des alliances, des partenaires de confiance? Évidem­ ment pas! Avancer l’idée de l’émancipation de l’agriculture familiale sans avoir en tête cette volonté de partage serait un non-sens. Le développement de la production agricole est un aspect, certes non négligeable, mais insuffisant. Pour faire court, sans la pleine reconnaissance des fonctions de l’agriculture familiale et de celles et ceux qui exercent la profession, on ne peut pas parler réellement d’émancipation. L’occupation du territoire, la prise en considération des dimensions environnementales, du bien-être animal et des conditions de vie des exploitants agricoles sont tout aussi déterminants que les volumes de production à mettre sur le marché. Lorsque l’on dit conditions de vie, on recon­ naît que les conditions de travail ne sont qu’une des facettes à tenir compte. L’accès aux services, à l’éducation, aux soins de santé est aussi essentiel pour permettre à un être humain de s’émanciper. L’agriculture familiale ne réfère pas uni­ quement à l’industrie de la production d’aliments. Elle fait appel à la dimension humaine dans l’ac­ ti­ v ité agricole. L’éman­ ci­ pation de l’agri­c ulture familiale repose donc sur la capacité de permettre l’émancipation des personnes qui gravite autour de l’exploitation. En ce sens, nos relations sont une absolue nécessité pour atteindre notre objectif. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Moussa : H eureusement que tu as ajouté « les conditions de vie des exploi­t ants agricoles », car je n’arrivais pas à te suivre quand tu parlais de bien-être animal et même environ­nement. Ici en Afrique on com­mence par se préoccuper du bien-être de celle ou celui qui vient grossir notre famille. Puis son environnement est souvent assez restreint autour de lui. Mais au fur et à mesure qu’il se sent bien, et plus il se sent bien, mieux il veut partager avec les animaux et la terre sur laquelle il cultive son avenir. 33 AXES D’INTERVENTIONS Appui à l’agriculture familiale et aux actions agroenvironnementales Conception et développement d’outils financiers Renforcement des réseaux Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC) Appui à la Plateforme avec le Fonds international pour le développement de l’agriculture (FIDA) X X X X Réseau des organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA) Maintien des liens X L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) – Le bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord. Plus spécifiquement avec : i) l’Union maghrébine des associations d’éleveurs ovins et caprins; ii) l’Union maghrébine des associations apicoles; iii) le Réseau maghrébin des associations de la pêche artisanale. Renforcement des capacités des différents acteurs au travers des ateliers de formation ainsi que de la formation de formateurs avec l’appui et la collaboration de la FAO X Bénin Union des groupements des agriculteurs du Mowossokpo (UGAM) Appui à la commercialisation collective du maïs et du manioc avec AgriCord et le Groupement des exploitants agricoles du Bénin (GEA) X Bolivie Asociación de productores lecheros de la zona Originarios (APLEZO) Asociación de productores lecheros de la zona Catavi (APROLEZCA) Appui au développement du secteur laitier et des services de la fédération FEPROLEA à deux de ses membres, avec AgriCord X Union des groupements pour la commercialisation des produits agricoles de la Boucle du Mouhoun (UGCPA/BM) Appui au développement de la commercialisation des semences certifiées avec AgriCord La Terre de chez nous 20 à 24 chroniques Terres à Terres par année et couverture médiatique de divers événements ou dossiers Fédération de l’UPA Chaudière-Appalaches Accueil de la mission dans le cadre de l’année internationale de l’agriculture familiale X X Les Éleveurs de volailles du Québec et Aliments Québec Responsables du déjeuner DigniTerre des grands honneurs lors du Congrès annuel de l’UPA X X Les Producteurs de pommes et Les Éleveurs de porcs du Québec Organisation de l’événement La Digne tablée pour DigniTerre X X L’Union des producteurs agricoles (UPA) En plus des divers groupes affiliés précédemment nommés, l’UPA apporte différents types d’appui selon la nature des interventions d’UPA DI X X Central cooperativa agropecuaria (CCA) Appui en production laitière avec Les Producteurs de lait du Québec et TRIAS membre d’AgriCord X X La mission d’UPA DI est de soutenir la ferme familiale comme modèle d’agriculture durable en appuyant les organisations paysannes démocratiques, les systèmes collectifs de commercialisation des produits agricoles et toutes autres initiatives structurant l’avenir de l’agriculture dans les pays en voie de développement. PAYS Afrique Burkina Faso Canada El Salvador Haïti PARTENAIRES La Fondation pour le développement économique et social (FODES-5) PROJETS / ACTIVITÉS X X X X X X X X X X X Économie sociale et solidaire : cuisines collectives et cantines scolaires avec le ministère des Relations internationales du Québec (MRI) et le Fonds de solidarité Sud X X X X Production maraîchère sur terrasses aménagées avec l’Œuvre Léger et le ministère des Relations internationales du Québec (MRI) X X X X Accroître la performance de l’activité de commercialisation du riz, céréales sèches et des échalotes avec AgriCord X X X X Diverses organisations agricoles Programme compétitivité et diversification agricoles (PCDA) avec l’appui de la Banque mondiale et réalisé avec l’Alliance agricole internationale (AAI) X X X X 16 organisations paysannes Feere Diyara avec le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD) et l’Alliance agricole internationale (AAI). Appui aux OP dans le développement ou la consolidation de leurs services collectifs de nature économique, par le renforcement des capacités des membres et le financement d’équipements et infrastructures postrécoltes. X X X X X X X X X X X X X X X X X X Faso Jigi Rapport annuel UPA Développement Mali international 2014-2015 Fédération des périmètres autogérés (FPA) Union des groupements paysans de Méckhé (UGPM) Centre interprofessionnel pour la formation aux métiers de l’agriculture (CIFA) Sénégal X X Rapprochement des productrices et des producteurs Appui aux politiques favorisant l’égalité des chances Tableau des partenaires de diverses cités Les Savoirs des gens de la terre (LSGT) au travers le Programme intégré de développement de l’agriculture et de renforcement des capacités (PIDARC) avec AgriCord Société d’aménagement des équipements du Delta du Fleuve Sénégal (SAED) X Fédération des périmètres autogérés (FPA) Bey Dunde avec le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD) et l’Alliance agricole internationale (AAI) X Conseil de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) Maintien des liens X Au Canada, en plus des organisations mentionnées dans ce tableau, UPA DI collabore avec plusieurs autres partenaires : la Collaboration Québec-Haïti, le Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ), la Fondation internationale Roncalli, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) et autres. Elle collabore également avec des partenaires sur la scène internationale : AgriCord, dont TRIAS dans l’intervention au El Salvador, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et la Banque mondiale. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 X X X X X X Rappelons que l’Alliance agricole internationale (AAI) est formée, en plus d’UPA DI, du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et de la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI). L’ŒUVRE LÉGER et UPA DI forment la coalition du même nom 34 34 Artisanes et artisans, pro-moteurs de la « biodiversité économique » Conseil d’administration • Marcel Groleau, président • Norman MacIsaac, administrateur • Richard Maheu, vice-président •R aymonde Plamondon, administratrice • Hervé Dancause, administrateur • Normand Roy, administrateur • Gib Drury, administrateur • Rémy Trudel, administrateur • Bruno Letendre, administrateur Équipe du personnel Au Québec • André D. Beaudoin, secrétaire général • Isabelle Daoust, directrice administrative et secrétaire-trésorière •T amari Langlais, agente d’information et de formation •Y annick N’Guessan, comptable • Paul Langelier, directeur de la programmation •É lizabeth Viens, agente de projets • Hugo Beauregard-Langelier, chargé de programmes • J ulie Comeau, agente d’administration • Martin Couture, chargé de programmes et du développement d’affaires • F rance Morin, technicienne administrative • Jacob Hamel-Jolette, agent de projets • Hélène Jolette, responsable du réseau des partenaires •L inda Blouin, technicienne administrative •M yriam Payant, technicienne administrative •C arole Richard, secrétaire À l’étranger • Gaëtane Fournier, conseillère à la Plateforme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC) basée au Cameroun • Normand Jacob, directeur projet Feere Diyara – Mali pour l’Alliance agricole internationale Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 35 Artisanes et artisans, pro-moteurs de la « biodiversité économique » (suite) Consultants UPA DI fait appel à des consultants pour la réalisation de mandats précis. Voici ceux qui ont contribué à la coopération de paysans à paysans au cours de la dernière année. • Claude Giles • Pierre Jobin • Jean-Luc Poirier Producteurs et conseillers experts ainsi que fermes hôtes Pour que la coopération de paysans à paysans prenne tout son sens, UPA DI fait appel à des agricultrices et agriculteurs d’ici, membres de l’UPA, pour réaliser des appuis sur le terrain ou pour accueillir des stagiaires étrangers au Québec. Des permanentes ou permanent de l’UPA s’impliquent également avec UPA DI. Producteurs et conseillers experts • Gloria Fernandez..............Haïti • Émilie Fortin-Lefebvre.....Haïti • Claude Giles......................Mali – Bénin • Isabelle Hardy...................Sénégal • Franklin Midy...................Haïti Fédération régionale d’accueil de Chaudière-Appalaches – Fermes hôtes au Québec • Guylaine Bergeron – Ferme Porc plaisant inc. • Luce Bisson • Hervé Dancause • Normand Côté Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 36 À la biodiversité conceptuelle, littéraire et visuelle À la composition • André D. Beaudoin • Claude Giles • Paul Langelier À la rectitude • Carole Richard • France Morin À l’embellissement graphique et visuel • Ginette Morneau, Versicolore desing inc. Post-scriptum Code d’accès Code d’accès pour qui et pour quoi Au Canada comme dans la majorité des pays bien nantis, la sécurité alimentaire fait occasionnellement l’objet de quelques lignes de presse, surtout lorsqu’un cas d’innocuité alimentaire est découvert. On souligne aussi parfois le fait que le coût des aliments cause des maux de ventre aux familles vivant sous le seuil de la pauvreté. La sous-alimentation dans le monde? Parfois, on nous sert quelques statistiques impersonnelles rendant le visage de la faim anonyme. D’un autre angle, mis à part les changements de cultures dans les champs, la population ne voit pas l’agriculture se transformer radicalement. Les visites à la campagne sont rares et du bord de la route, l’illusion d’optique trompe l’œil et l’analyse qui s’en suit. En fait, l’agriculture d’aujourd’hui se perçoit davantage à tra­ vers le contenu de nos assiettes. Elle s’introduit dans nos vies par les mets que l’on mange. Puisque l’on fait porter à l’agriculture le poids de la pauvreté du monde, on cherche à nourrir le plus grand nombre de personnes avec des aliments bon marché. Devant ce constat, il est difficile pour le commun des mortels de débattre du type d’agriculture qui, à long terme, garantirait le mieux la sécurité alimentaire et planétaire. Pourtant, les plus grands experts s’entendent pour dire que l’agriculture familiale est un mode de production porteur. Cela est indéniable en autant qu’on lui permette d’exister et pourvu que l’on arrête de l’étouffer doucement en se faisant croire que l’on fait pour le mieux. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Dans le monde du vivant, chaque activité a un code assurant sa fonctionnalité et lui permettant d’agir de manière dynamique. Il s’agit d’un code d’accès. L’agri­ culture familiale ne fait pas exception. Comme pour toutes activités, modifier son code change irrémé­ diablement sa façon d’être. Cela peut engendrer un dysfonctionnement pouvant mener à sa disparition. Le code de l’agriculture familiale repose sur les accès suivants : •• Accès aux ressources, dont la terre et l’eau. •• Accès aux intrants tels que les semences et les engrais. •• Accès à la connaissance et la recherche. •• Accès aux techniques et technologies adaptées. •• Accès aux financements courts, moyens et longs termes. •• Accès aux services-conseils en agronomie, en gestion technico-économique, en finance et en environnement. •• Accès aux marchés domestiques et d’exportation. Chacun de ces accès est de plus en plus difficile à ob­tenir. Globalement, ils ne sont absolument plus ga­ rantis par les pouvoirs publics et les chemins pour y parvenir sont plus opaques que jamais. Ceci est le fruit de l’aboutissement de la déréglementation donnant lieu à une absence de politiques. Ce faisant, les plus fort…tunés changent le code d’accès à une vitesse insupportable pour la majorité des agricultrices et agriculteurs du monde entier. Voilà pourquoi nous revendiquons l’émancipation de l’agriculture familiale partout dans le monde. 37 38 Photo d’équipe UPA DI Rangée du haut de gauche à droite : Tamari Langlais, Hugo Beauregard-Langelier, Jacob Hamel-Jolette, Paul Langelier et Yannick N’Guessan. Rangée du bas de gauche à droite : Linda Blouin, Julie Comeau, Carole Richard, Myriam Payant, Hélène Jolette, André D. Beaudoin, Isabelle Daoust, France Morin et Élizabeth Viens. Absents de la photo : Martin Couture, Gaëtane Fournier et Normand Jacob. Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015 Pour tout commentaire UPA Développement international (UPA DI) 555, boul. Roland-Therrien, bureau 020 Longueuil (Québec) J4H 4E7 Téléphone : 450 679-0540, poste 8844 ou 450 679-0530 pour l’extérieur du pays Télécopieur : 450 463-5202 Courriel : [email protected] Pour complément d’information, visitez notre site : www.upadi-agri.org Rapport annuel UPA Développement international 2014-2015