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INTRODUCTION 11
D’autres circonstances historiques, plus biographiques, doivent
être prises en considération. Après avoir obtenu le degré de Bachelor of
Arts à Magdalen Hall (Oxford), Hobbes entre au service de William
Cavendish I comme précepteur de son fils ainé, William Cavendish II.
Hobbes y fait la connaissance de Francis Bacon, ami du jeune William
et auteur des Essayes (1597)1 –ouvrage influencé à plusieurs titres par
l’œuvre de Montaigne2–, et dont le frère, Antony Bacon, a entretenu
un commerce épistolaire avec le Bordelais. Plusieurs années durant
(notamment entre 1622-1626), le philosophe de Malmesbury se liera
au Lord Chancellor et exercera pour lui des activités de secrétaire et
transcripteur, l’aidant en particulier dans la traduction latine des
certains de ses Essayes3.
On ne saurait non plus sous-estimer de ce point de vue l’importance
des fréquents voyages en France de Hobbes et de son long exil parisien
(1641-1651), pendant lequel le philosophe se lie d’amitié avec Marin
Mersenne et les membres du cercle intellectuel qu’il anime, notamment
Samuel Sorbière et Pierre Gassendi. Ce cénacle d’érudits réunissait des
figures hétérogènes (scientifiques, philosophes, lettrés, médecins) dont
Hobbes – suggests that his reading in the 1620s and 1630s included Machiavelli, Bodin, Botero,
Boccalini, Huarte, Montaigne, Sarpi, de Dominis, and Grotius ».
1 Nous tirons ces donnés biographiques de N.Malcom, « A summary Biography », Aspects
of Hobbes, op.cit., p.5-7 et K.Schuhmann, Hobbes: une chronique. Cheminement de sa pensée et
de sa vie, Paris, Vrin, 1998, p.23-32. Rappelons ici que William II publiera des ouvrages
anonymes à imitation du style des Essayes de Bacon (A Discourse against Flatterie, 1614 ;
Horae subsecivae, 1620). William II publiera également une traduction italienne des Essayes
de Bacon en 1618, à laquelle il commence à penser sans doute durant son séjour à Venise,
en compagnie de Hobbes (hiver 1614-1615).
2 Cette influence littéraire et philosophique ne se limite pas, contrairement à ce que l’on
pourrait croire, aux Essayes, mais touche également les œuvres de Bacon consacrées à la
reforme de la méthode scientifique, tout particulièrement l’Instauratio Magna (1620) et
le Novum Organum (1623): voir P.Villey, Montaigne et François Bacon, Paris, Revue de
la Renaissance, 1913, passim ; Th. Gontier, « Bacon, Françis », Dictionnaire de Michel de
Montaigne, éd.P.Desan, Paris, Champion, 2004, p.89-90 et Id. « Les idoles, de Montaigne
à Bacon », Bulletin de la Société Internationale des Amis de Montaigne, Actes du Colloque
International « Montaigne et l’erreur » (Bordeaux, 3-5décembre 2014), à paraître dans
le Bulletin de la Société Internationale des amis de Montaigne. Sur le rapport entre Montaigne
et Antony Bacon, attesté notamment par une lettre de Pierre de Brach envoyée au frère
du célèbre philosophe (datée 10octobre 1592), voir P.Villey, Montaigne et François Bacon,
op.cit., p.10-13 ; W.Boutcher, « Montaigne et Antony Bacon: la familia et la fonction
des lettres », Montaigne Studies, vol.13, 2001, p.241-276.
3 Voir N.Malcom, « A summary Biography », art.cité, p.6 ; K.Schuhmann, op.cit., p.32
(avec les témoignages de John Aubrey et Samuel Sorbière).
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