Troubles du comportement alimentaire du sportif Anorexie, boulimie, binge eating, triade de l’athlète Dr Didier Chapelot Physiologie du Comportement Alimentaire UFR SMBH, Bobigny Université Paris 13 email : [email protected] TCA – Anorexie mentale 1. Anorexie : souvent débute par un régime, puis restriction extrême associée souvent à tri obsessionnel des aliments, “tyrannie” de nourrir les autres... 2. Amaigrissement : progressif mais massif jusqu’à 50% du poids initial, remplacement des reliefs corporels musculo-adipeux par les reliefs osseux, aspect cadavérique, déni, dysmorphophobie 3. Aménorrhée : absence primaire ou secondaire de règles, parfois inaugurale Christy Henrich (1972 – 1994) 1987, 15 ans, 1,43 m, 43 kg, IMC = 21 En 1989, lors d’un meeting international, un juge lui dit qu’elle a besoin de perdre du poids 1994, 22 ans, 1,43 m, 22 kg, IMC = 11 Jeremy Gillitzer A 25 ans, environ 75 kg A 38 ans, 41 kg http://www.2medusa.com/2009/08/jeremy-gillitzer-shadow-of-his-former.html Critères diagnostiques de l'anorexie mentale (DSM-IV-TR) Refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d'un poids minimum normal pour l'âge et pour la taille (p. ex., perte de poids conduisant au maintien du poids à moins de 85% du poids attendu, ou incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un poids inférieur à 85% du poids attendu). Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inférieur à la normale. Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l'estime de Chez les femmes post-pubères, aménorrhée, soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle. c'est-à-dire absence d'au moins trois cycles menstruels consécutifs chez des femmes qui ont déjà eu leurs règles. American Psychiatric Assocation, DSM-IV-TR, 2000. Deux types d'anorexie 1. Type restrictif : pendant l'épisode actuel d‘anorexie mentale, le sujet n'a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). 2. Type avec crises de boulimie/ vomissements ou prise de purgatifs : pendant l'épisode actuel d‘anorexie mentale, le sujet a, de manière régulière, présenté des crises de boulimie et/ ou recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). Autres signes • Troubles de la pilosité (lanugo, alopécie, hypertrichose) • Troubles des phanères (ongles et cheveux secs et cassants) • Constipation • Potomanie (polydipsie) • Mérycisme (rumination) • Fractures spontanées • Hypotension • Bradycardie • Hyperactivité motrice (marche, course, déni de fatigue) • Constante : Désir de maîtrise sur ses pulsions physiologiques Situation aux USA • 8 millions d’Americain(e)s souffrent de TCA • 1 femme sur 100 d’anorexie mentale • 95% des personnes qui souffrent de TCA ont entre 12 et 25 ans • Les TCA ont la plus forte mortalité de toutes les pathologies mentales • 5-10% des anorexiques décèdent dans les 10 ans • Seule 1 anorexique sur 10 est traitée Modèle porteur : mode, mannequins, défilés Années 60 - Twiggy Année 2006, Madrid – Interdiction des IMC < 18 Chiffres des TCA montrent une diminution du nombre d’anorexiques (selon la définition stricte) de 60% pendant les années 1971-1987 à 42,3% pendant les années 1988-1996 alors que parallèlement les anorexies-boulimies augmentent Ostéopénie – ostéoporose et anorexie La densité minérale osseuse (DMO), également ou Bone Mineral Density (BMD), en g/cm² ; • le Z-score : nombre d’écart-types entre la valeur du sujet et la valeur moyenne des adultes de même sexe et même âge. La densité osseuse, comme toute variable biologique, a une répartition gaussienne. Par conséquent, 95 % des individus ont une valeur de densité située entre Z = +2 et Z = -2 ; • le T-score : nombre d’écart-types entre la valeur du sujet et la valeur du pic osseux c'est TCA – Boulimie Elle signifie littéralement Faim de bœuf Deux symptômes cardinaux 1 2 TCA – Boulimie Se définit (en rouge, critères de définition du DSM IV) comme l’ingestion épisodique et compulsive de grandes quantités de nourriture. Compréhension par le patient du caractère anormal de ce comportement: crainte de ne pouvoir s’arrêter = perte de contrôle, sentiment de dévalorisation à l’issue de la crise (qui peut aller jusqu’à la dépression), pratique de vomissements auto-induits par tous les moyens, même les plus rudimentaires = comportement compensatoire. • fréquence très variable (en moyenne une dizaine par semaine mais minimum 2 fois par semaine) • durée très variable que ce soit les crises (moins de 2 heures, mais peut durer 8 heures) ou le syndrome (au minimum 3 mois) • prise énergétique très variable • choix des aliments variables, mais surtout sucrés et énergétiques Dissimulation obsessionnelle des crises à la famille et aux amis Comparaison des tableaux comportementaux et médicaux de l'anorexie mentale et de la boulimie. Sexe prédominant Age Comportement alimentaire Comportement oppositionnel Méthode du contrôle de poids Utilisation de médications Poids lors du diagnostic Existence de crises de "boulimie" Existence d'exercices "ritualisés" Existence d'oedèmes Aménorhée Ostéoporose Symptômes cutanés Symptômes digestifs Symptômes cardiovasculaires Symptômes pulmonaires Symptômes hydroélectrolytiques Divers Complications fatales Anorexie Boulimie Féminin [13:24] ans Hypophagie chronique Rare Hypophagie, exercice Assez fréquents (diurétiques laxatifs) Toujours très diminué Inhabituelle Fréquente Fréquente Constante Fréquente Fréquents (hirsutisme, lanugo, sécheresse…) Fréquents (vidange gastrique retardée, nausées, constipation) Fréquents (bradycardie, hypotension, arythmie) Rares Féminin Adolescent et adulte Hyperphagies par crises Fréquent Vomissements auto-induits Fréquents (diurétiques, laxatifs, émétisants) Souvent normal Obligatoire Rare Rare Dans la moitié des cas environ Rare Rares Fréquents (déshydratation, hypokaliémie) Hypertrophie parotidienne Décès par hypokaliémie et arythmie cardiaque Fréquents (oesophagite) ou rares (rupture gastrique) Rares Peu fréquents (fausses routes, pneumopathie de déglutition) Fréquents (hypokaliémie) Délabrement dentaire Décès par hypokaliémie et arythmie cardiaque ou par rupture digestive ou par autolyse Description par une ancienne anorexique : Vittoria Pazalle Anorexique : certaines parties comme les courbes naturelles m'obsédaient tant, que lorsque je me regardais, je ne voyais qu'elles ; si bien que je me trouvais en permanence trop grosse. Boulimique : je me vivais comme des mains, des pieds et une tête engoncés dans un bloc de graisse. Je ne supportais pas le moindre contact physique que je vivais très mal, soit comme une technique pour m'amadouer, soit comme une intrusion qui me bouleversait. Anorexique : je voulais avant tout que mon corps prenne le moins de place possible. Je le considérais comme une machine qui devait fonctionner sans relâche et sans protester. Boulimique : mes crises de boulimie sur lesquelles je n'avais aucune maîtrise me faisaient tant culpabiliser qu'elles me plongeaient dans une grande détresse et je n'étais plus à mes yeux qu'une "loque". [Dans les 2 cas], je concevais mon corps comme un fardeau que je devais transporter et je n'étais que dans ma tête. http://www.vittoria-pazalle.com/ Préoccupation des experts face aux carences alimentaires des athlètes • En 2000, CSMF (Committee on Sports Medicine and Fitness) s’inquiète des risques liés à carence nutritionnelle des athlètes féminines => troubles menstruels et osseux • Carence secondaire soit à : o incapacité à équilibrer bilan énergétique et nutritionnel o régimes alimentaires : perspective esthétique ou rapport à la pratique o syndrome anorexique et/ou boulimique • Caractère inquiétant : adolescent(e)s particulièrement touché(e)s • Exercice au sein de TCA : + rare Les entraîneurs face aux TCA de leurs athlètes. Enquête aux USA : 236 entraîneurs d'athlètes adolescentes => 160 réponses Je peux identifier une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire Je peux demander à une athlète si elle a un trouble du comportement alimentaire Je peux apporter un soutien efficace à une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire Je peux parler avec les entraîneurs pour déterminer si une athlète a un trouble du comportement alimentaire Je peux adresser une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire à un correspondant médical Comme entraîneur, l'une des choses les plus importantes que je peux faire, c'est de m'assurer qu'une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire reçoive l'aide nécessaire L'une des choses qu'un département sportif universitaire puisse faire est d'établir une procédure pour identifier et traiter les athlètes qui ont un trouble du comportement alimentaire Comme entraîneur, l'une des choses les plus importantes que je peux faire, c'est d'identifier tout athlète qui a un trouble du comportement alimentaire Si une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire reçoit l'aide nécessaire, cela diminuera le risque qu'elle continue à avoir ce trouble du comportement alimentaire La détection des TCA Cliniquement : signe de Russell = Dermabrasions ou callosités sur le dos de la main : frottement répété des dents lors des vomissements auto-induits Plusieurs questionnaires utilisés • Eating Attitude Test (EAT) • Eating Disorder Inventory (EDI) • EAT chez l'adolescent • Female Athlete Screening Tool (FAST) • ATHLETE A propos des aliments Avez-vous des relations détendues avec la nourriture? Quel est votre rythme alimentaire ? Combien de repas faitesvous chaque jour ? A propos du poids Quel a été votre poids le élevé et le plus faible durant l’année écoulée? Que considérez-vous être votre poids de compétition ? Avez-vous perdu du poids récemment ? Qu’avez-vous fait pour y parvenir ? A propos des règles A propos de l’entraînement et des blessures Quand avez-vous commencé à avoir vos règles? Quand avez-vous changé votre entraînement (type, charge ou intensité) ? Vos règles ont-elles été régulières après leur apparition Faites-vous un autre type d’entraînement que celui lié à votre sport ? Quelle a été votre période la plus longue sans aucune règle ? Avez-vous déjà eu des fractures, que ce soit de fatigue ou non ? Evitez-vous certains types d’aliments (aliments interdits) ? Etes-vous satisfait de votre poids actuel ? Quand avez-vous eu vos dernières règles? Qu’avez-vous mangé et bu hier ? Les gens autour de vous ont-ils des opinions concernant votre poids ? Comment vous sentezvous au sujet de vos règles ? Questions sur les méthodes pour se purger Avez-vous pris ou prenezvous une contraception ? Prévalence des TCA chez les athlètes. Peu d'études menées sur la prévalence de l'anorexie chez les athlètes Les chiffres varient beaucoup du fait des différences de définition L'anorexie touche de 1 à 3% des athlètes, la boulimie entre 7 et 10%, et entre 20 et 30% sont à risque de TCA Études sur vaste gamme de disciplines - Sports esthétiques, où MG = handicap, où obligation de poids - Questionnaires sur 263 athlètes féminines (AF) australiennes représentant une grande variété de disciplines sportives => gymnastique, endurance, danse classique, patinage artistique + Sports avec des catégories de poids - Sur 181 AF anglaises : 16% de TCA. Estime de soi inférieure. Demande de minceur, pas intensité de l'effort = principal facteur de risque. - Sur 283 AF espagnoles (20 disciplines) : 23% de TCA - Fréquence de TCA > 5 x à celle attendue dans population non athlète Études sur quelques disciplines particulières • Gymnastes, coureuses et anorexiques ~13-15 ans comparées : MM des athlètes > anorexiques, MG < • 20 % des gymnastes, 40% des coureuses et 70% des anorexiques avaient débuté cycles • Chez toutes les anorexiques=> cycles interrompus vs 50% des coureuses et 25% des gymnastes. • Afrique du Sud : 49 danseuses de ballet (~ 19 ans) : 12 % anorexiques • Australie : TCA chez 11,5% des danseuses vs 5,5% des témoins • 30 professeurs d'aérobie femmes : 23% boulimie et 17% anorexie + perfectionnisme ou quête de la minceur chez anorexiques • Nageuses : 60% de jeunes nageuses d'élite tentaient de perdre du poids => 17% en se faisant vomir. Anorexie de l'athlète (anorexia athletica) • Dans les années 90, entité clinique spécifique proposée pour les TCA qui n'entraient ni dans l'anorexie mentale, ni dans la boulimie, ni dans le binge eating et qui sont souvent rangés dans ce qu'on appelle les EDNOS (eating disorders not otherwise specified) • Définition minimaliste = prise énergétique et masse corporelle faibles en regard des performances réalisées • En fait, entité encore mal définie et non acceptée par tous La triade de l'athlète féminine • Loi dite Title IX (1972) => "Aucune personne, ne doit, sur une base sexuelle, être exclue de participer […] à un programme éducatif ou d'activité recevant un soutien fédéral" • Female Athlete Triad = TCA, aménorrhée et ostéoporose 3 signes dépendants : insuffisance des apports nutritionnels => 2 autres L'adiposité via la baisse de la leptine => aménorrhée Baisse de leptine, diminution d’IGF-1 => ostéopénie-ostéoporose • La Triad Consensus Conference (1992) : critères un peu sévères. Triade s'est affinée = oligoménorrhée, ostéopénie (ABP ou DEXA) http://www.olympic.org/fr/organisation/commissions/medical/full_story_fr.asp?id=1540 A. Pour les femmes, tous les critères de l’Anorexie Mentale sauf présence de règles B. Tous les critères de l’Anorexie Mentale sauf que malgré la perte pondérale significative, le poids est encore dans les limites de la normale C. Tous les critères de la Boulimie sauf que les accès et les mécanismes de compensation surviennent à une fréquence inférieure à deux fois par semaine et pour des durées inférieures à 3 mois D. Usage régulier de comportement compensateur par un individu de poids corporel normal après consommation de petites quantités (par ex. se faire vomir après avoir consommé deux cookies) E. Mâcher et cracher sans avaler une grande partie des aliments F. Binge eating disorder : épisodes récurrents sans comportement compensateur habituellement observé dans la Boulimie La triade de l'athlète féminine Ostéopénie – ostéoporose et triade de l’athlète féminine Ostéopénie à 20 ans : moins bon pronostic dans les années qui suivent qu'ostéoporose à 65 ans Autres facteurs - socio-économique (risque > pour classes les plus élevées), - ethniques => 571 athlètes américaines vs 463 femmes témoins => prévalence chez caucasiennes et hispaniques > afro-américaines Apparent paradoxe Norvège : chez 180 AF, densité minérale osseuse > 145 femmes témoins de même âge avec 10% versus 28% dmo faible Facteurs de risques de TCA chez les athlètes Encore mal connus Parmi ceux retrouvés, on citera • la précocité de l'entraînement spécifique ou des régimes dans l'enfance, • fluctuations pondérales • événements traumatiques en relation avec la pratique (blessure, changement de coach) Si souhait de modifier poids ou graisse évoqué par l’athlète Recommandations du CIO (9 novembre 2005) 1. Evaluation des apports énergétiques par enquête diététique 2. Mesure de la composition corporelle (DEXA) 3. Discuter de l’intérêt ou non de cette modification 4. Selon les éléments, décider d’une intervention diététique, avec suivi à 8 et 16 semaines puis 1 an après 5. Le coach ne doit pas être concerné par ce processus et doit toujours conseiller la consultation d’un médecin / diététicienne s’il suppose un déséquilibre apport/besoins Traitement de l'athlète présentant un TCA Traitement de l'ostéopénie Supplémentation en vitamine D et en calcium en cas de carence en vitamine D, de réaction hyperparathyroïdienne secondaire ou de diminution de la densité minérale osseuse THS ou CO envisagés chez patientes > 16 ans, en aménorrhée depuis plus de 6 mois avec une perte pondérale sévère (BMI inférieur à 15) Pronostic 44 % des cas observés ont une bonne récupération au bout de 4 ans (source : Académie nationale de médecine). AM de type restrictif : 5 % de mortalité par dénutrition après 10 ans d'évolution. Forme type boulimique : 10 % des malades décèdent de dénutrition aggravée et d'hypokaliémie après 10 ans d'évolution (source : Société de Nutrition et de Diététique de Langue Française). Facteurs de mauvais pronostics sont : • un poids initial très bas, • la présence de vomissements, • une mauvaise réponse au traitement initial, • l'âge plus élévé, • l'utilisation de purgatifs. Troubles du comportement alimentaire du sportif Anorexie, boulimie, binge eating, triade de l’athlète Dr Didier Chapelot Physiologie du Comportement Alimentaire UFR SMBH, Bobigny Université Paris 13 email : [email protected] 1 TCA – Anorexie mentale 1. Anorexie : souvent débute par un régime, puis restriction extrême associée souvent à tri obsessionnel des aliments, “tyrannie” de nourrir les autres... 2. Amaigrissement : progressif mais massif jusqu’à 50% du poids initial, remplacement des reliefs corporels musculo-adipeux par les reliefs osseux, aspect cadavérique, déni, dysmorphophobie 3. Aménorrhée : absence primaire ou secondaire de règles, parfois inaugurale 2 Christy Henrich (1972 – 1994) 1987, 15 ans, 1,43 m, 43 kg, IMC = 21 En 1989, lors d’un meeting international, un juge lui dit qu’elle a besoin de perdre du poids 1994, 22 ans, 1,43 m, 22 kg, IMC = 11 3 Jeremy Gillitzer A 25 ans, environ 75 kg A 38 ans, 41 kg 4 http://www.2medusa.com/2009/08/jeremy-gillitzer-shadow-of-his-former.html Critères diagnostiques de l'anorexie mentale (DSM-IV-TR) Refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d'un poids minimum normal pour l'âge et pour la taille (p. ex., perte de poids conduisant au maintien du poids à moins de 85% du poids attendu, ou incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un poids inférieur à 85% du poids attendu). Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inférieur à la normale. Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l'estime de Chez les femmes post-pubères, aménorrhée, soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle. c'est-à-dire absence d'au moins trois cycles menstruels consécutifs chez des femmes qui ont déjà eu leurs règles. 5 American Psychiatric Assocation, DSM-IV-TR, 2000. Deux types d'anorexie 1. Type restrictif : pendant l'épisode actuel d‘anorexie mentale, le sujet n'a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). 2. Type avec crises de boulimie/ vomissements ou prise de purgatifs : pendant l'épisode actuel d‘anorexie mentale, le sujet a, de manière régulière, présenté des crises de boulimie et/ ou recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). 6 Autres signes • Troubles de la pilosité (lanugo, alopécie, hypertrichose) • Troubles des phanères (ongles et cheveux secs et cassants) • Constipation • Potomanie (polydipsie) • Mérycisme (rumination) • Fractures spontanées • Hypotension • Bradycardie • Hyperactivité motrice (marche, course, déni de fatigue) • Constante : Désir de maîtrise sur ses pulsions physiologiques 7 Situation aux USA • 8 millions d’Americain(e)s souffrent de TCA • 1 femme sur 100 d’anorexie mentale • 95% des personnes qui souffrent de TCA ont entre 12 et 25 ans • Les TCA ont la plus forte mortalité de toutes les pathologies mentales • 5-10% des anorexiques décèdent dans les 10 ans • Seule 1 anorexique sur 10 est traitée 8 Modèle porteur : mode, mannequins, défilés Années 60 - Twiggy Année 2006, Madrid – Interdiction des IMC < 18 Chiffres des TCA montrent une diminution du nombre d’anorexiques (selon la définition stricte) de 60% pendant les années 1971-1987 à 42,3% pendant les années 1988-1996 alors que parallèlement les anorexies-boulimies augmentent 9 Ostéopénie – ostéoporose et anorexie La densité minérale osseuse (DMO), également ou Bone Mineral Density (BMD), en g/cm² ; • le Z-score : nombre d’écart-types entre la valeur du sujet et la valeur moyenne des adultes de même sexe et même âge. La densité osseuse, comme toute variable biologique, a une répartition gaussienne. Par conséquent, 95 % des individus ont une valeur de densité située entre Z = +2 et Z = -2 ; • le T-score : nombre d’écart-types entre la valeur du sujet et la valeur10 du pic osseux c'est à dire chez des adultes jeunes de même sexe. TCA – Boulimie Elle signifie littéralement Faim de bœuf Deux symptômes cardinaux 1 2 11 TCA – Boulimie Se définit (en rouge, critères de définition du DSM IV) comme l’ingestion épisodique et compulsive de grandes quantités de nourriture. Compréhension par le patient du caractère anormal de ce comportement: crainte de ne pouvoir s’arrêter = perte de contrôle, sentiment de dévalorisation à l’issue de la crise (qui peut aller jusqu’à la dépression), pratique de vomissements auto-induits par tous les moyens, même les plus rudimentaires = comportement compensatoire. • fréquence très variable (en moyenne une dizaine par semaine mais minimum 2 fois par semaine) • durée très variable que ce soit les crises (moins de 2 heures, mais peut durer 8 heures) ou le syndrome (au minimum 3 mois) • prise énergétique très variable • choix des aliments variables, mais surtout sucrés et énergétiques Dissimulation obsessionnelle des crises à la famille et aux amis 12 Comparaison des tableaux comportementaux et médicaux de l'anorexie mentale et de la boulimie. Sexe prédominant Age Comportement alimentaire Comportement oppositionnel Méthode du contrôle de poids Utilisation de médications Poids lors du diagnostic Existence de crises de "boulimie" Existence d'exercices "ritualisés" Existence d'oedèmes Aménorhée Ostéoporose Symptômes cutanés Symptômes digestifs Symptômes cardiovasculaires Symptômes pulmonaires Symptômes hydroélectrolytiques Divers Complications fatales Anorexie Boulimie Féminin [13:24] ans Hypophagie chronique Rare Hypophagie, exercice Assez fréquents (diurétiques laxatifs) Toujours très diminué Inhabituelle Fréquente Fréquente Constante Fréquente Fréquents (hirsutisme, lanugo, sécheresse…) Fréquents (vidange gastrique retardée, nausées, constipation) Fréquents (bradycardie, hypotension, arythmie) Rares Féminin Adolescent et adulte Hyperphagies par crises Fréquent Vomissements auto-induits Fréquents (diurétiques, laxatifs, émétisants) Souvent normal Obligatoire Rare Rare Dans la moitié des cas environ Rare Rares Fréquents (déshydratation, hypokaliémie) Hypertrophie parotidienne Décès par hypokaliémie et arythmie cardiaque Fréquents (oesophagite) ou rares (rupture gastrique) Rares Peu fréquents (fausses routes, pneumopathie de déglutition) Fréquents (hypokaliémie) Délabrement dentaire Décès par hypokaliémie et arythmie cardiaque ou par rupture digestive ou par autolyse 13 Description par une ancienne anorexique : Vittoria Pazalle Anorexique : certaines parties comme les courbes naturelles m'obsédaient tant, que lorsque je me regardais, je ne voyais qu'elles ; si bien que je me trouvais en permanence trop grosse. Boulimique : je me vivais comme des mains, des pieds et une tête engoncés dans un bloc de graisse. Je ne supportais pas le moindre contact physique que je vivais très mal, soit comme une technique pour m'amadouer, soit comme une intrusion qui me bouleversait. Anorexique : je voulais avant tout que mon corps prenne le moins de place possible. Je le considérais comme une machine qui devait fonctionner sans relâche et sans protester. Boulimique : mes crises de boulimie sur lesquelles je n'avais aucune maîtrise me faisaient tant culpabiliser qu'elles me plongeaient dans une grande détresse et je n'étais plus à mes yeux qu'une "loque". [Dans les 2 cas], je concevais mon corps comme un fardeau que je devais transporter et je n'étais que dans ma tête. 14 http://www.vittoria-pazalle.com/ Préoccupation des experts face aux carences alimentaires des athlètes • En 2000, CSMF (Committee on Sports Medicine and Fitness) s’inquiète des risques liés à carence nutritionnelle des athlètes féminines => troubles menstruels et osseux • Carence secondaire soit à : o incapacité à équilibrer bilan énergétique et nutritionnel o régimes alimentaires : perspective esthétique ou rapport à la pratique o syndrome anorexique et/ou boulimique • Caractère inquiétant : adolescent(e)s particulièrement touché(e)s • Exercice au sein de TCA : + rare 15 Les entraîneurs face aux TCA de leurs athlètes. Enquête aux USA : 236 entraîneurs d'athlètes adolescentes => 160 réponses Je peux identifier une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire Je peux demander à une athlète si elle a un trouble du comportement alimentaire Je peux apporter un soutien efficace à une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire Je peux parler avec les entraîneurs pour déterminer si une athlète a un trouble du comportement alimentaire Je peux adresser une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire à un correspondant médical Comme entraîneur, l'une des choses les plus importantes que je peux faire, c'est de m'assurer qu'une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire reçoive l'aide nécessaire L'une des choses qu'un département sportif universitaire puisse faire est d'établir une procédure pour identifier et traiter les athlètes qui ont un trouble du comportement alimentaire Comme entraîneur, l'une des choses les plus importantes que je peux faire, c'est d'identifier tout athlète qui a un trouble du comportement alimentaire Si une athlète qui a un trouble du comportement alimentaire reçoit l'aide nécessaire, cela diminuera le risque qu'elle continue à avoir ce trouble du comportement alimentaire 16 La détection des TCA Cliniquement : signe de Russell = Dermabrasions ou callosités sur le dos de la main : frottement répété des dents lors des vomissements auto-induits Plusieurs questionnaires utilisés • Eating Attitude Test (EAT) • Eating Disorder Inventory (EDI) • EAT chez l'adolescent • Female Athlete Screening Tool (FAST) • ATHLETE 17 A propos des aliments Avez-vous des relations détendues avec la nourriture? Quel est votre rythme alimentaire ? Combien de repas faitesvous chaque jour ? A propos du poids Quel a été votre poids le élevé et le plus faible durant l’année écoulée? Que considérez-vous être votre poids de compétition ? Avez-vous perdu du poids récemment ? Qu’avez-vous fait pour y parvenir ? A propos des règles A propos de l’entraînement et des blessures Quand avez-vous commencé à avoir vos règles? Quand avez-vous changé votre entraînement (type, charge ou intensité) ? Vos règles ont-elles été régulières après leur apparition Faites-vous un autre type d’entraînement que celui lié à votre sport ? Quelle a été votre période la plus longue sans aucune règle ? Avez-vous déjà eu des fractures, que ce soit de fatigue ou non ? Evitez-vous certains types d’aliments (aliments interdits) ? Etes-vous satisfait de votre poids actuel ? Quand avez-vous eu vos dernières règles? Qu’avez-vous mangé et bu hier ? Les gens autour de vous ont-ils des opinions concernant votre poids ? Comment vous sentezvous au sujet de vos règles ? Questions sur les méthodes pour se purger Avez-vous pris ou prenezvous une contraception ? 18 Prévalence des TCA chez les athlètes. Peu d'études menées sur la prévalence de l'anorexie chez les athlètes Les chiffres varient beaucoup du fait des différences de définition L'anorexie touche de 1 à 3% des athlètes, la boulimie entre 7 et 10%, et entre 20 et 30% sont à risque de TCA 19 Études sur vaste gamme de disciplines - Sports esthétiques, où MG = handicap, où obligation de poids - Questionnaires sur 263 athlètes féminines (AF) australiennes représentant une grande variété de disciplines sportives => gymnastique, endurance, danse classique, patinage artistique + Sports avec des catégories de poids - Sur 181 AF anglaises : 16% de TCA. Estime de soi inférieure. Demande de minceur, pas intensité de l'effort = principal facteur de risque. - Sur 283 AF espagnoles (20 disciplines) : 23% de TCA - Fréquence de TCA > 5 x à celle attendue dans population non athlète 20 Études sur quelques disciplines particulières • Gymnastes, coureuses et anorexiques ~13-15 ans comparées : MM des athlètes > anorexiques, MG < • 20 % des gymnastes, 40% des coureuses et 70% des anorexiques avaient débuté cycles • Chez toutes les anorexiques=> cycles interrompus vs 50% des coureuses et 25% des gymnastes. • Afrique du Sud : 49 danseuses de ballet (~ 19 ans) : 12 % anorexiques • Australie : TCA chez 11,5% des danseuses vs 5,5% des témoins • 30 professeurs d'aérobie femmes : 23% boulimie et 17% anorexie + perfectionnisme ou quête de la minceur chez anorexiques • Nageuses : 60% de jeunes nageuses d'élite tentaient de perdre du poids => 17% en se faisant vomir. 21 Anorexie de l'athlète (anorexia athletica) • Dans les années 90, entité clinique spécifique proposée pour les TCA qui n'entraient ni dans l'anorexie mentale, ni dans la boulimie, ni dans le binge eating et qui sont souvent rangés dans ce qu'on appelle les EDNOS (eating disorders not otherwise specified) • Définition minimaliste = prise énergétique et masse corporelle faibles en regard des performances réalisées • En fait, entité encore mal définie et non acceptée par tous 22 La triade de l'athlète féminine • Loi dite Title IX (1972) => "Aucune personne, ne doit, sur une base sexuelle, être exclue de participer […] à un programme éducatif ou d'activité recevant un soutien fédéral" • Female Athlete Triad = TCA, aménorrhée et ostéoporose 3 signes dépendants : insuffisance des apports nutritionnels => 2 autres L'adiposité via la baisse de la leptine => aménorrhée Baisse de leptine, diminution d’IGF-1 => ostéopénie-ostéoporose • La Triad Consensus Conference (1992) : critères un peu sévères. Triade s'est affinée = oligoménorrhée, ostéopénie (ABP ou DEXA) 23 http://www.olympic.org/fr/organisation/commissions/medical/full_story_fr.asp?id=1540 A. Pour les femmes, tous les critères de l’Anorexie Mentale sauf présence de règles B. Tous les critères de l’Anorexie Mentale sauf que malgré la perte pondérale significative, le poids est encore dans les limites de la normale C. Tous les critères de la Boulimie sauf que les accès et les mécanismes de compensation surviennent à une fréquence inférieure à deux fois par semaine et pour des durées inférieures à 3 mois D. Usage régulier de comportement compensateur par un individu de poids corporel normal après consommation de petites quantités (par ex. se faire vomir après avoir consommé deux cookies) E. Mâcher et cracher sans avaler une grande partie des aliments F. Binge eating disorder : épisodes récurrents sans comportement compensateur habituellement observé dans la Boulimie 24 La triade de l'athlète féminine 25 Ostéopénie – ostéoporose et triade de l’athlète féminine Ostéopénie à 20 ans : moins bon pronostic dans les années qui suivent 26 qu'ostéoporose à 65 ans 27 Autres facteurs - socio-économique (risque > pour classes les plus élevées), - ethniques => 571 athlètes américaines vs 463 femmes témoins => prévalence chez caucasiennes et hispaniques > afro-américaines Apparent paradoxe Norvège : chez 180 AF, densité minérale osseuse > 145 femmes témoins de même âge avec 10% versus 28% dmo faible 28 Facteurs de risques de TCA chez les athlètes Encore mal connus Parmi ceux retrouvés, on citera • la précocité de l'entraînement spécifique ou des régimes dans l'enfance, • fluctuations pondérales • événements traumatiques en relation avec la pratique (blessure, changement de coach) 29 Si souhait de modifier poids ou graisse évoqué par l’athlète Recommandations du CIO (9 novembre 2005) 1. Evaluation des apports énergétiques par enquête diététique 2. Mesure de la composition corporelle (DEXA) 3. Discuter de l’intérêt ou non de cette modification 4. Selon les éléments, décider d’une intervention diététique, avec suivi à 8 et 16 semaines puis 1 an après 5. Le coach ne doit pas être concerné par ce processus et doit toujours conseiller la consultation d’un médecin / diététicienne s’il suppose un déséquilibre apport/besoins 30 31 Traitement de l'athlète présentant un TCA 32 Traitement de l'ostéopénie Supplémentation en vitamine D et en calcium en cas de carence en vitamine D, de réaction hyperparathyroïdienne secondaire ou de diminution de la densité minérale osseuse THS ou CO envisagés chez patientes > 16 ans, en aménorrhée depuis plus de 6 mois avec une perte pondérale sévère (BMI inférieur à 15) 33 Pronostic 44 % des cas observés ont une bonne récupération au bout de 4 ans (source : Académie nationale de médecine). AM de type restrictif : 5 % de mortalité par dénutrition après 10 ans d'évolution. Forme type boulimique : 10 % des malades décèdent de dénutrition aggravée et d'hypokaliémie après 10 ans d'évolution (source : Société de Nutrition et de Diététique de Langue Française). Facteurs de mauvais pronostics sont : • un poids initial très bas, • la présence de vomissements, • une mauvaise réponse au traitement initial, • l'âge plus élévé, • l'utilisation de purgatifs. 34