Examen : 1ère L Epreuve : Français Consultez aussi le sujet de l’épreuve sur France-examen.com I – QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? SUJET CONTRAINTES Au théâtre, le rôle du metteur en scène Un sujet générique : le genre peut-il être plus important que celui de littéraire du théâtre. l’auteur ? Une démarche comparative : Vous répondrez à cette question en un comparer le rôle du metteur en développement composé : scène et celui de l’auteur. en prenant appui sur les textes du Contrainte formelle : un plan au corpus, choix. Exemples fournis par : sur ceux que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures personnelles. - le sujet - le cours - la culture personnelle. Caractéristiques générales du texte attendu : Il s'agit de produire une dissertation littéraire, qui doit être écrite comme un essai. Les références aux textes du corpus sont obligatoires, celles à votre culture littéraire, acquise en cours ou non, sont souhaitées, mais pas obligatoires. © France-Examen – 2011 Tous droits réservés – Reproduction sur support électronique interdite 1/5 Examen : 1ère L Epreuve : Français Consultez aussi le sujet de l’épreuve sur France-examen.com II - UN TRAITEMENT POSSIBLE DU SUJET Différents plans sont possibles, mais le plan dialectique est sans doute le plus attendu, vu les habitudes des élèves. C’est aussi le plus simple à appliquer : PREMIÈRE PARTIE : L’AUTEUR PREMIER « Premier » au sens chronologique - Sans auteur, pas de pièce : à part le genre de la commedia dell'arte, où prévaut l’improvisation, l’auteur préexiste à la représentation. Cela s’explique par la double destination du genre théâtral : texte à lire et à jouer. - Cela explique que les acteurs aient un rôle à apprendre, à mémoriser : le texte est premier. Le mot « rôle » désignait d’ailleurs le manuscrit sur lequel il était écrit, avant de désigner l’incarnation d’un personnage. - Le théâtre, comme fruit du travail de l’auteur explique que le lecteur, dans sa solitude, est tout de même en présence de personnages que la seule lecture permet de créer. Le texte théâtral peut donc se passer de représentation et donc de metteur en scène. Musset a ainsi pu parler de « spectacle dans un fauteuil » pour évoquer la lecture possible du texte théâtral. « Premier » au sens de « fondamental » - Le travail du texte est fondamental : texte poétique, les vers peuvent faire la beauté d’une pièce. Ex : les longues tirades comme « morceaux de bravoure » des dramaturges dans les pièces classiques et romantiques. - Les textes recèlent déjà des indications de régie, soit en didascalie, soit dans le corps des répliques elles-mêmes. Ainsi, dans Amphitryon 38, Mercure décrit le spectacle de la transformation de Jupiter : « Je vois vos cheveux pousser, vos ongles s’allonger, vos rides se creuser […] Là, là, plus lentement ». Le personnage se fait lui-même metteur en scène et donne ses « recommandations ». © France-Examen – 2011 Tous droits réservés – Reproduction sur support électronique interdite 2/5 Examen : 1ère L Epreuve : Français Consultez aussi le sujet de l’épreuve sur France-examen.com - La représentation par les mots : Dans Le cas Jekyll, Jekyll raconte sa métamorphose passée. Le portrait (« ses jolis traits un peu tirés ») qu’il fait de Hyde dispense de la représenter sur scène. Elle n’a donc pas à se produire sous les yeux du spectateur. La mise en scène n’est donc pas aussi fondamentale que le texte. Le récit est d’ailleurs le subterfuge utilisé au siècle classique pour respecter les règles de bienséance qui interdisaient de représenter, par exemple, une scène sanglante. DEUXIEME PARTIE : LE TEXTE LACUNAIRE - La liste des personnages ne dit rien de leur physique et de leur âge. La représentation va donc plus loin que le texte, en donnant une incarnation des personnages, qui ne sont plus de simples êtres de papier. - Même si le texte recèle beaucoup de didascalies, il est loin d’accompagner chaque réplique du ton de voix sur lequel elle doit être prononcée. - Le texte théâtral peut même être à trous : Dans Rhinocéros, Ionesco ne livre que des bribes de répliques en didascalie : « L’animal qui émet des barrissements mêlés à des mots à peine distincts : je rage, salaud, etc. » Le « etc. » abrège les mots à proférer, laissant le soin au metteur en scène d’imaginer et de développer ce qu’il veut. © France-Examen – 2011 Tous droits réservés – Reproduction sur support électronique interdite 3/5 Examen : 1ère L Epreuve : Français Consultez aussi le sujet de l’épreuve sur France-examen.com TROISIEME PARTIE : LE METTEUR EN SCENE DANS LES INTERSTICES DU TEXTE - C’est le metteur en scène qui peut décider du jeu de l’acteur. Exemple : dans La Répétition d’Anouilh, on assiste au travail d’une troupe d’acteurs. Cette mise en abîme permet de montrer le rôle du metteur en scène qui orchestre la répétition. - Importance de la mise en place du décor, des conditions concrètes de réalisation de la pièce. Par exemple, dans Rhinocéros d’Ionesco, l’effet sur le spectateur de l’« apparition effrayante » de Jean n’est possible que si le metteur en scène a prévu un cloisonnement de l’espace scénique puisque Jean doit surgir de la salle de bain. Les didascalies, accessibles au seul lecteur, ne prennent corps pour le spectateur que par le biais du metteur en scène qui les rend visibles ou audibles. : Par exemple dans Rhinocéros de Ionesco, à partir de l’indication scénique « la corne s’allonge à vue d’œil », le metteur en scène devra avoir recours à des trucages ou à des accessoires… Ceci rappelle qu’une pièce est un spectacle, mot étymologiquement lié à la vue : grâce au metteur en scène, les signes se superposent : textes et gestes deviennent simultanés (alors que pour le lecteur, ils restent séparés). Par exemple, dans Rhinocéros de Ionesco : « (Il regarde de tous côtés) Par où sortir, par où sortir ? ». - C’est le metteur en scène qui donne sens à la pièce : toute lecture est une interprétation. La mise en scène est parfois décisive, par le seul choix de l’acteur. Imaginons une Phèdre jouée par une actrice d’un certain âge : le caractère incestueux de son amour pour Hippolyte n’en ressortira que davantage, alors que son interprétation par une actrice du même âge qu’Hippolyte pourrait rendre plus cruelle l’impossibilité de cet amour. Ce dernier point souligne l’importance des choix du metteur en scène qui contribuent aussi à la création, chaque fois renouvelée, des personnages. Choisir, par exemple, Sarah Bernhardt pour incarner Lorenzaccio était pour le metteur en scène une façon de créer un Lorenzaccio présenté dans sa fragilité. L’importance du metteur en scène est d’ailleurs parfois révélée par le dramaturge même, comme c’est le cas dans L’impromptu de Versailles et La répétition ou l’Amour puni où l’on voit Molière et le Comte dispenser leurs directives aux acteurs : « C’était parfait. C’est ce que je voulais. Continuez ». © France-Examen – 2011 Tous droits réservés – Reproduction sur support électronique interdite 4/5 Examen : 1ère L Epreuve : Français Consultez aussi le sujet de l’épreuve sur France-examen.com CONCLUSION Le genre théâtral suppose un texte relevant à la fois de la lecture et de la représentation. Cette double orientation explique que le personnage puisse être créé et recréé à chaque nouvelle lecture, à chaque mise en scène. Néanmoins, on peut considérer que le théâtre (dont le nom renvoie en grec à la notion de « regard ») ne s’accomplit que par la représentation, et qu’à ce titre, le metteur en scène joue un rôle tout aussi important que celui de l’auteur. LES FAUSSES PISTES Il ne fallait surtout pas : - oublier de parler de la représentation, des acteurs, des metteurs en scène et des spectateurs ; - oublier de s’appuyer constamment sur des exemples ; - parler d’un autre genre que le genre théâtral. © France-Examen – 2011 Tous droits réservés – Reproduction sur support électronique interdite 5/5