VigiNantes n°6
Novembre 2009
5
Effets ind
é
sirables des collyres mydriatiques
atropiniques
sur les sujets
à
risque
: enfant et sujet
âgé
Il existe diff
é
rents collyres mydriatiques
atropiniques
:
-Les collyres d
atropine
à
0,3
; 0,5 et 1% (Atropine
Alcon
®
),
à
0,3% (Sulfate d
atropine
Europhta
®
) et
à
1% (Atropine Faure
®
).
-
Le collyre de
cyclopentolate
à
0,5% (
Skiacol
®
),
-
Le collyre de
tropicamide
à
0,5% (
Mydriaticum
®
).
Les collyres mydriatiques bloquent les réponses aux stimulations
cholinergiques du sphincter irien et du muscle ciliaire responsa
ble
de l'accommodation.
Ils produisent ainsi une dilatation de la pupille (mydriase) et
une
paralysie de l'accommodation (
cyclopl
é
gie
).
Ils possèdent une autorisation de mise sur le marché depuis les
ann
ées 1980 et sont utilisé
s
à
vis
ée diagnostique (mydriase avant
les mesures de r
é
fraction) ou th
é
rapeutique (
cyclopl
é
gie
).
Les effets indésirables classiques sont à type de sécheresse de la
peau et de la bouche, fièvre, tachycardie notamment. Ils sont dus
aux propri
étés
anticholinergiques
de la mol
é
cule.
En cas de surdosage, observé chez les patients à risque (sujets âgé
s
et enfants de moins de 4 ans), des effets systé
miques
neuropsychiatriques tels qu agitation, délire, convulsions sont
constat
é
s.
Une
é
tude a
été ré
alis
é
e
à
partir des donn
é
es
de la base nationale de pharmacovigilance
concernant les collyres d
atropine,
cyclopentolate
et
tropicamide
et des observations envoy
é
es par les laboratoires de
la commercialisation au premier trimestre 2006. Les effets
syst
émiques dans les âges extrêmes de la vie ont été
analys
é
s.
Sur 150 dossiers, 133 concernait des enfants et des personnes
âgées de plus de 75 ans. Au total, 277 effets indé
sirables
syst
émiques ont été
observ
és. Globalement, les effets
ind
ésirables les plus fréquemment rencontrés et les plus sévè
res
étaient
neuropsychiatriques
. Chez les nouveaux-nés ou
nourrissons anciens pré
matur
és, les effets digestifs
pr
é
dominaient.
Une harmonisation des RCP des collyres mydriatiques est en
cours.
Pour cela, un groupe de travail ophtalmologie/pédiatrie s
est
créé
afin que le problème chez le tout petit (nouveau né, grand
pr
é
matur
é) soit évoqué et des recommandations puissent ê
tre
é
mises.
Affaire
à
suivre
Réfé
rences
:
-
Rapports de la Commission Nationale de Pharmacovigilance du 25
Mars 2008
Thrombocytoses
sous HBPM
: un effet m
é
connu !
La numération plaquettaire est considérée comme «
normale
»
lorsqu elle se situe entre 150 et 350 x 10^3 /mm3. En l absence de
consensus, on définit une « augmentation du nombre de plaquettes »
lorsque le nombre de plaquettes est supé
rieur
à 400 x 10^3/mm3 et
on parle de
thrombocytose
lorsque celui-ci dépasse 500x 10^3/mm3.
On distingue 2 types de
thrombocytoses
:
-
primaire due
à
des pathologies
my
é
loprolif
é
ratives
- secondaire ou réactionnelle engendrée par splé
nectomie,
hémorragie aiguë, inflammation chronique ou par les mé
dicaments.
Elle repr
é
sente 90% de l
ensemble des
thrombocytoses
. [1]
Contrairement
à la thrombopénie secondaire aux traitements
hé
pariniques
, la
thrombocytose
sous HBPM est un effet indé
sirable
mé
connu.
Cet effet indésirable survient essentiellement dans un contexte de
chirurgie orthopédique. Sa découverte se fait en moyenne dans un
délai de 12 jours, souvent de manière fortuite. En effet, ces
thrombocytoses sont en général isolées et asymptomatiques, et
n
entra
înent pas de complications. Elles sont ré
versibles
à l
arr
êt du
traitement.
Selon une enquête de pharmacovigilance et des donné
es
bibliographiques, aucun cas de thrombose engendrée par une
thrombocytose
au
-
del
à
de 1 000 000/mm3 n
a
été
identifi
é
.
Les données de la banque de pharmacovigilance montrent la
possibilit
é de survenue de
thrombocytose
avec toutes les HBPM,
avec un nombre variable de notifications compte tenu de
l
anciennet
é de certaines HBPM comme l é
noxaparine
et la
nadroparine
.
Cependant, il a
été dé
montr
é qu
une
thrombocytose
pouvait modifier
la réponse au traitement par héparine, voire induire une hé
parino
-
ré
sistance. [2]
Suite
à une enquête de pharmacovigilance de 2006, les RCP de
toutes les HBPM mentionnent, a l heure actuelle, une «
possibilit
é
d élé
vation asymptomatique des plaquettes
».
Les héparines favorisent la mé
gacaryocytopo
ïè
se
, notamment en
potentialisant l
activit
é
de l
interleukine 6 et de la
thrombopo
ïétine
et en neutralisant les effets inhibiteurs des principaux facteurs de
ré
gulation n
é
gative de la
mé
gacaryocytopo
ïè
se
.
Au cours des
thrombocytoses
réactionnelles, principalement
celles d origine inflammatoire, liées aux cancers ou aprè
s
chirurgie ou traumatisme, c est l IL6 qui est mise en avant. C
est
l un des mé
diateurs
relargu
és (essentiellement par les monocytes
et macrophages) au cours des états inflammatoires, et qui induit
la synthè
se
hé
patocytaire
de protéines de l inflammation, parmi
lesquelles la protéine C réactive. Il semble cependant que l
IL6
n ait isolément qu un effet limité, ne permettant d augmenter la
num
ération plaquettaire que de 150 à 200% maximum. [3] La
synergie
thrombopo
ïétine
et IL6 pourrait rendre compte des plus
fortes
thrombocytoses
relev
é
es sous HBPM.
Quelle est la conduite
à
tenir
?
L apparition d
une
thrombocytose
au cours d un traitement par
héparine est un évènement rare. La conduite à tenir dans cette
situation, si l étiologie médicamenteuse est retenue, devra tenir
compte principalement de l importance de la
thrombocytose
(plaquettes < ou > 1000G/L), de l
existence
éventuelle de
d autres facteurs de risque de thrombose du patient (â
ge,
ant
écédents de thrombose), et de l indication initiale du
traitement par h
é
parine.
Ainsi, l
arr
êt du traitement par héparine et l utilisation d un autre
anticoagulant peuvent
ê
tre envisag
é
s.
La numération plaquettaire lors d un traitement sous HBPM est
instauré
e
à la recherche d une thrombopénie mais retrouve
parfois une
thrombocytose
. Le risque de
thrombocytose
renforce
l importance d un suivi régulier, et incite à un relais, si
né
cessaire, par anticoagulants oraux.
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