Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie

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Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 11-­‐13 septembre 2013 Université Lumière Lyon 2 Conférenciers invités Pr. Isabelle Varescon, Université Paris Descartes Dr. Joel Swendsen, CNRS, Université Victor Segalen Bordeaux 2 Dr. J. Kevin O'Regan, Laboratoire Psychologie de la Perception -­‐ CNRS, Université Paris Descartes Pr. Martial Mermillod, LPNC, Université de Grenoble Pr. Francis Eustache, Ecole Pratique des Hautes Etudes Pr. François Ric, Université de Bordeaux Segalenen Pr. Lionel Naccache, Université Pierre et Marie Curie 1 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Comité scientifique Histoire de la psychologie : S. Nicolas Psychologie du Développement : L. Lannegrand, F. Lemetayer, P. Colé, E. Demont, S. Droit-­‐
Volet, Annie Magnan Psychologie Cognitive : J. Barcenilla, S. Casalis, A. Didierjean, S. Donnadieu, M. Guerraz, V. Gyselink, P. Hot, B. Lété, Gaen Plancher, Francois Osiurak, R. Versace Psychologie clinique et psychopathologique : C. Bayens, M. Costantini, A. Denis, B, Houbre, P. Antoine, M.C. Castillo, I. Saillot, R. Trouillet, A. Brun, N. Dumet Psychologie différentielle : P.Y. Gilles, P. Rozencwajg, P. Vrignault, S. Portalier Criminologie et psychologie judiciaire : C. Blatier, N. Lionet-­‐Przygodzi, J. Py Psychologie des conduites addictives : S. Montel, G. Bouju, I. Giroux, J-­‐L Nandrino, A. Bonnet-­‐
Suard, Lydia Fernandez Psychologie de la formation et de l'insertion : J.B. Lanfranchi, F. Bonnel, G. Guinguouain, P. Mollaret, P. Pansu Psychologie de l'environnement : V. Fointiat, M.L. Fellonneau, G. Fleury, F. Girandola, K. Weiss Thérapies et psychotraumatologie : C. Tarquinio, A. Blanchet, C. Dantzer, P. Graziani Psychologie interculturelle et relations inter-­‐groupes : P. Tisserant, D. Bourguignon, C. Maisonneuve, A. Molleron, M. Lahlou Psychologie ergonomique et les interactions (homme-­‐machine) : C. Bastien, A. Chevalier, S. Leduc, A. Tricot, J. Navarro Neuropsychologie : T. Atzeni, R. Soulimani, A-­‐M. Berardi, H. Delecroix, G. Michael Psychologie de la santé & de la prévention : A. Gauchet, E. Le Barbenchon, E. Spitz, L. Muller, T. Apostolidis, O. Desrichard, K. Gana, D. Truchot, M. Préau Psychologie du travail et des organisations : E. Brangier, P. Desrumeaux, M. Roques, D. Steiner, A.M. Vonthron, P. Sarnin 2 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Psychologie économique et prise de décision : C. Roland Levy, V. Le Floch, F. Martinez Psychologie du sport : B. Bolmont, G. Lecocq, M. Alles-­‐Jardel, P. Fontayne, G. Decamps, P. Sarrazin Psychologie du vieillissement : L. Peter, D. Brouillet, V. Pennequin, J. Gaucher, H. Chainay Psychologie sociale : C. Bry, D. Muller, M. Beaudoin, P. Moulin, C. Guimelli, I. Milhabet, P. Moliner, A. Somat, N. Kalampalikis Psychologie de l'apprentissage, de l'orientation et de l'éducation : J. Dinet, S. Amici, F. Amadieu, K. Boudjemaa, S. Croity, C. Remermier, J. Ecalle Psychologie de la communication : R.V. Joulé, P. Georget, P. Marchand, M. Musiol Psychologie des émotions : L. Mondillon, P. Chekroun, O. Luminet, O. Koenig Psychologie du handicap : Y. Courbois, N. Marut 3 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Table des matières Symposiums ............................................................................................................................................................. 15 Nouvelles approches en psychologie transculturelle – transmission et migration -­‐ M. Bossuroy ................................................................................................................................................. 15 Complexité transculturelle et modernité : le complémentarisme dans la clinique et la recherche -­‐ M. Mansouri1, & M-­‐R. Moro2 ............................................................................................. 15 La transmission du trauma mère-­‐bébé dans un contexte transculturel -­‐ M. Feldman1, E. Dozzio2, E. Drain3, & M-­‐R. Moro4 ............................................................................................................. 16 La transmission de la langue maternelle en situation migratoire -­‐ M. Bossuroy1, L. Racotomalala2, D. Rezzoug3, & M-­‐R. Moro4 ........................................................................................ 16 Contre-­‐transfert du chercheur et transmission du trauma : à propos d’une recherche auprès des enfants des rues de Casablanca (Maroc) -­‐ A. Bernichi, & Y. Mouchenik ........ 17 La conduite automobile : que d'émotions ! -­‐ J. Navarro ......................................................... 18 Mesure automatique du stress du conducteur par analyse du diamètre pupillaire -­‐ M. Pedrotti1,2, A. Tedesco3, T. Baccino2,4 ................................................................................................... 18 Cécité aux changements : effets de la colère et de la tristesse -­‐ C. Jallais1, D. Letisserand1, C. Gabaude1, M. Regan2 ............................................................................................................................... 18 Influence du tempo de la musique sur les performances de conduite automobile simulée -­‐ J. Navarro, M. Perdrix, G. Seccia, & E. Reynaud ............................................................. 19 Comment les émotions influencent-­‐elles nos comportements? -­‐ O. Koenig ....................... 20 Pratiques de jeux : jeux de hasard et d'argent, jeux vidéo, Internet & bourse -­‐ quels liens ? G. Bouju ...................................................................................................................................... 20 Addiction à la bourse : définition du concept, différences et similarités avec le jeu pathologique -­‐ J. Caillon, G. Bouju, J-­‐L. Venisse, & M. Grall-­‐Bronnec ....................................... 20 Usage des jeux vidéo du collège au lycée : caractéristiques des jeux et profils des joueurs -­‐ A. Coëffec1, L. Romo2, L. Kern3, S. Plantey4, N. Cheze5, & G. Kotbagi4 ................... 21 Conduites de jeu associées au trouble déficit de l’attention/hyperactivité dans un échantillon de joueurs -­‐ M. Fatseas1, J-­‐M. Alexandre1, G. Bouju2, C. Legauffre3, M. Valleur4, D. Magalon5, I. Chereau-­‐boudet6, M.-­‐A. Gorsane7, M. Auriacombe1, J.-­‐B. Hardouin2, J-­‐L. Venisse2, & M. Grall-­‐Bronnec2 .................................................................................. 21 L'hétérogénéité des troubles liés à internet -­‐ J. Billieux ............................................................... 22 Développement des habiletés de compréhension : Du jeune enfant à l’enfant lecteur -­‐ S. Gueraud & C. Royer ......................................................................................................................... 23 Le développement des habiletés de compréhension chez l'enfant : le matériel multimédia comme support d’apprentissage -­‐ N. Blanc .............................................................. 23 Apports de l’étude on-­‐line de la production d’inférences chez l’enfant -­‐ S. Gueraud, C. Royer, & F. Sonnier ....................................................................................................................................... 23 Evaluer la comprehension en lecture au cycle 3 -­‐ M. Bianco1, A. Nardy1, G. Joet1, L. Laurent1, M. Remond1, P. Cole2, & H. Megherbi3 .............................................................................. 24 Compréhension de la métaphore chez des enfants bons et faibles compreneurs -­‐ H. Megherbi1, A. Seigneuric1 , M. Bianco2, P. Cole3, & S. Bueno1 ...................................................... 24 Défauts d’attention en conduite automobile : quelques mécanismes cognitifs sous-­‐
jacents -­‐ C. Gabaude & G. Michael .................................................................................................. 25 Inattention au volant: impact des pensées distractives sur le comportement attentionnel -­‐ C. Lemercier1, C. Pêcher 2, & G. Berthié1 ................................................................. 25 Influence du flow psychologique sur la gestion des tâches cognitives en conduite automobile : approche comparée des mesures subjective et objective de l’effort mental -­‐ C. Gabaude1, V. Rolland2, A. Carrotte2, C. Jallais1, A. Fort2, B. Baracat3, & M. George2 .... 26 4 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Effets de la colère et de la tristesse sur le champ visuel utile des conducteurs -­‐ C. Jallais, J. Rogé, A. Fort, & C. Gabaude ................................................................................................................... 26 Défauts d’attention en conduite automobile simulée : approche comportementale et électrophysiologique -­‐ A. Fort1, C. Gabaude, C. Pêcher2, C. Jallais1, & B. Baracat3 ............. 27 Identification, reconnaissance, et dénomination des expressions faciales émotionnelles -­‐ V. Quaglino & M. Hainselin ............................................................................... 27 Reconnaissance des expressions faciales émotionnelles chez des patients alcoolodépendants : intérêts pour la prise en charge -­‐ E. Dewever & V. Quaglino ........... 28 Amorçage affectif des expressions faciales émotionnelles : un traitement spécifique ? -­‐ F. Cerroti & V. Quaglino .............................................................................................................................. 28 Contexte et label émotionnels des émotions dans le vieillissement et la maladie d’alzheimer -­‐ M. Hainselin1 & V. Quaglino2 ........................................................................................ 29 Conscience, Corps, Action : quelques aspects discutés vers 1900 -­‐ G. Lecocq & I. Saillot
................................................................................................................................................................... 30 De l’inconscience d’être sportif ! -­‐ G. Lecocq ..................................................................................... 30 Pierre janet et « le problème de la conscience » -­‐ I. Saillot ......................................................... 30 John dewey et le théâtre désincarné de la conscience -­‐ T. Camus ........................................... 31 La problématique de la conscience dans les débuts de la psychologie et ses retentissements dans les sciences contemporaines de la cognition -­‐ J-­‐M. Gallina ........... 31 L'apprentissage de la lecture dans des conditions atypiques -­‐ J. Ecalle, B. Lété, & A. Magnan ................................................................................................................................................... 32 Dyslexie & dysphasie : les mêmes difficultés en lecture ? un même déficit phonologique ? -­‐ E. Demont, C. Nithart, M-­‐N. Metz-­‐lutz ............................................................... 32 L'apprentissage de la lecture chez des enfants sourds implantés: rôle du code lpc -­‐ S. Colin1, J. Ecalle2, & A. Magnan2 ................................................................................................................. 33 Le traitement syllabique en lecture : les enfants dyslexiques y ont-­‐ils accès ? -­‐ N. Maionchi-­‐Pino1, J. Ecalle2, & A. Magnan2 ............................................................................................. 33 Apprentissage de la lecture chez des enfants et adolescents porteurs du syndrome de Williams -­‐ N. Marec-­‐Breton1, E. Bonjour1, A. Lacroix1, & S. Majerus2 .................................... 34 Entraînement aux apprentissages scolaires -­‐ A. Magnan, J. Ecalle, & B. Lete ................ 34 Effets d’entraînements informatisés adaptés aux profils des faibles lecteurs -­‐ A. Potocki, N. Kleinsz, J. Ecalle, & A. Magnan ............................................................................................................ 35 Aide à la maîtrise de la compréhension implicite des textes : tacit, un logiciel d’évaluation et de remédiation -­‐ F. De la haye1, O. Le Bohec2, Y. Noël2, C. Quaireau2, & J. Nogues ............................................................................................................................................................... 35 Comment aider les adolescents porteurs de retard mental à apprendre à lire et à écrire ?-­‐ H. Labat1, G. Karakaya2, G. Bussy3, J. Ecalle2 , & A. Magnan2 ...................................... 36 Des entraînements pour améliorer les performances arithmétiques ? -­‐ M. Fayol, N. Gendre, & L. Pautonnier ............................................................................................................................. 36 Psychologie interculturelle et consciences -­‐ A. Molleron ....................................................... 37 Conscience de soi, conscience de l’autre, les perceptions mutuelles des adolescents et de leur mère de leurs attitudes d’acculturation -­‐ C. Sabatier1, & V. Avezou-­‐Boutry2 ...... 37 Pratique de psychologie clinique dans le champ socio-­‐éducatif et prise de conscience des cultures autres -­‐ A. Molleron ............................................................................................................ 37 La prise en charge des personnes victimes de torture, exilées en france : pluridisciplinarité, psychologie clinique et psychanalyse comme réponses adaptées -­‐ S. Agrali .................................................................................................................................................................. 38 4 différents niveaux de conscience en Afrique de l’Ouest -­‐ A. Cherif ...................................... 38 Conscience de soi, conscience l’autre dans une démarche interculturelle : l’expérience de l’ADRIC -­‐ J. Costa-­‐Lascoux ................................................................................................................... 38 5 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Fluence et attribution: construction du jugement et activités conscientes -­‐ L. Brunel & D. Brouillet ............................................................................................................................................. 39 Fluence motrice et mémoire -­‐ D. Brouillet, A. Milhau, & T. Brouillet ...................................... 39 Effet de la fluence motrice sur le jugement de valence de mots neutres, positifs et négatifs -­‐ A. Milhau, T. Brouillet, & D. Brouillet, ............................................................................... 40 La conscience autonoëtique comme phénomène d’attribution : effet de la fluence lors de la construction d’un point de vue égocentré -­‐ M. Cerles & S. Rousset ............................. 40 Jugements émotionnels et mnésiques : construction et contamination -­‐ L. Brunel, A. Hamon, & A. Go ............................................................................................................................................... 40 Fluence, attribution & conséquences -­‐ D. Brouillet1, S. Rousset2, R. Versace3, & L. Brunel1 ............................................................................................................................................................... 41 Focus de la conscience : Processus de Conceptualisation et de Contextualisation -­‐ N. Acioly-­‐Régnier ...................................................................................................................................... 41 L’instruction au sosie et l’autoconfrontation comme déclencheurs de phénomènes de prise de conscience -­‐ G. Perez-­‐Caraballo ............................................................................................ 42 Conscience de l'appartenance brésilienne chez les descendants d'italiens à caxias do sul -­‐ F. Paladino ..................................................................................................................................................... 42 Images, mots et changement du focus de conscience dans l’apprentissage: une étude sur les pratiques superstitieuses en situation de stress à partir d’un dispositif pédagogique utilisant des bandes dessinées -­‐ I. Terence ............................................................ 43 Construction de l’identité professionnelle de psychologues et focus de conscience -­‐ M. Baraud ................................................................................................................................................................ 43 MMPI-­‐2-­‐RF -­‐ L. Chudzik ...................................................................................................................... 44 Le mmpi-­‐2-­‐rf : du nouveau dans l’évaluation de la psychopathologie -­‐ L. Chudzik ......... 44 Il y a-­‐t-­‐il un effet flynn dans l’évaluation de la personnalité ? implications pour la validation des auto-­‐questionnaires -­‐ L-­‐C. Vannier ......................................................................... 45 Comment utiliser le mmpi-­‐2-­‐rf comme une intervention thérapeutique brève ? -­‐ H. De Saeger ................................................................................................................................................................. 45 Communications orales individuelles ...................................................................................................... 46 Session thématique : Psychologie Clinique & Interculurelle ................................................ 46 Que mesure le Rorschach ? Analyse en Composantes Principales du Système Intégré -­‐ P. Fontan1, A. Andronikok1, C-­‐E. Mattlar2, & C. Mormont3 ................................................................ 46 Utilisation de la thérapie emdr en unité de traitement de la douleur chronique -­‐ M-­‐J. Brennstuhl & C. Tarquinio ......................................................................................................................... 47 Stratégies identitaires et processus d’acculturation en terre algérienne : cas de sujets chinois résidant dans la région de batna en algérie -­‐ S. Boubakour & A. Meziani ............ 48 Les théories sur l'acculturation à l'épreuve de la transmission familiale -­‐ M. Bennabi Bensekhar1 & M. El djilali2 ......................................................................................................................... 50 Session thématique : Psychologie Clinique ................................................................................. 50 Retrait des jeunes ou hikikomori, clinique comparative france / japon -­‐ N. Vellut ......... 50 Body art et modification corporelle : du paraître à l’être -­‐ D. Rochaix1, C. Blatier1 & A. Bonnet2 .............................................................................................................................................................. 52 Le rap, un langage à la marge ? -­‐ A., Régol & A. Bonnet ................................................................ 53 Étude des facteurs influençant l'accession des sdf à un dispositif de réinsertion sociale -­‐ G. Langlard1, E. Bouteyre2, & A. Rezrari1 ............................................................................................. 53 Sensibilité aux récompenses/punitions et impulsivité dans la pratique vidéo-­‐ludique addictive, en fonction du format de jeu vidéo, chez les adolescents -­‐ S. Gaetan1, A. Bonnet2, & P. Therme1 ............................................................................................................................... 55 Traumatisme et violence familiale -­‐ C. Attard1, & J-­‐L. Pedinielli2 ............................................. 56 6 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les psychothérapies de groupe pour les auteurs d’infractions sexuelles : recherche sur l’efficience et les processus thérapeutiques -­‐ M. Perrot, & K. Chahraoui .............................. 57 “le corps-­‐image”. asthme et photolangage : regarder, parler pour respirer -­‐ P. Ughetto
............................................................................................................................................................................... 58 Pierre ou la vie ordinaire d’un auteur de violences sexuelles pris en charge dans un dispositif thérapeutique de psychodrame psychanalytique de groupe -­‐ B. Smaniotto1, & M. Reveillaud2 ................................................................................................................................................. 59 L'intérêt clinique d'une prise en charge groupale pour les auteurs d'infractions sexuelles en détention-­‐ S. Kalouche ...................................................................................................... 60 Les infirmiers psychiatriques face à la violence du suicide des patients -­‐ M. Granados1, I. Banovic2, A. Andronikov1, & D. Gilibert3 .............................................................................................. 61 Approche générationnelle des phénomènes de maltraitance au québec : enjeux cliniques de la prévention et horizons thérapeutiques -­‐ D. Lafortune & S. Gilbert .......... 62 Religion et sida: le coping religieux peut-­‐il conduire à moins d’observance? -­‐ C. Mambet Doué1, N. Roussiau1, & M. Bourdon2 ...................................................................................................... 63 Recherche clinique exploratoire qualitative avec cinq cas cliniques sur la vulnérabilité des aidants auprès des publics eux-­‐mêmes vulnérables -­‐ C. Singer ....................................... 64 Transplantation hépatique et greffe de moelle osseuse : approche clinique et vécu psychologique -­‐ A. Aubert1 & K. Chahraoui2 ...................................................................................... 65 Relations entre styles défensifs et dimensions de personnalité au sein d’un échantillon d’alcoolodépendants -­‐ A. Ribadier & I. Varescon ............................................................................. 66 Être parent d’un enfant autiste : quels besoins spécifiques ? -­‐ C. Derguy1, M. Bouvard2, K. Mbailara1, S. Roux1 & G. Michel1 .............................................................................................................. 67 Session thématique : Neuropsychologie ...................................................................................... 68 Résultats au wisc iv et au cbcl chez l’enfant porteur d’un trouble neurodéveloppemental isolé ou comorbide -­‐ M. Biotteau1, J-­‐M. Albaret2 & Y. Chaix1 .... 68 Ressources attentionnelles et inhibition chez l’adulte avec trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (tdah) -­‐ G. Michael1, V. Chastaing1, A. Truche2 & P. Neusxhwander3 .............................................................................................................................................. 69 L'imagerie motrice chez des adolescents paralysés cérébraux -­‐ J. Guilbert1, F. Jouen2 & M. Molina1 ......................................................................................................................................................... 71 La mémoire dans le syndrome de stress post traumatique. aspects théoriques -­‐ R. Godard, C. Tarquinio, J. Barcenilla & E. Duvillard ........................................................................... 72 Session thématique : Langage ........................................................................................................ 73 Les enfants utilisent-­‐ils les repères dans les itinéraires virtuels? le rôle du langage. -­‐ M. Nys1,2, V. Gyselinck3, C. Mores4,2, E. Orriols3, & M. Hickmann4,2 ................................................. 73 Effets du changement de langue et du changement de tâche chez les multilingues -­‐ X. Aparicio1, & J-­‐M. Lavaur2 .......................................................................................................................... 74 Les capacités linguistiques chez les sw : une histoire sans fin ? -­‐ C. Touchet, L. Ibernon, & L. Vandromme ............................................................................................................................................ 75 Explorer les dynamiques de traitement durant la production manuscrite conceptuellement dirigée : l’apport de l’EEG-­‐ C. Perret, M. Laganaro .................................... 76 Session thématique : Psychologie Sociale ................................................................................... 77 Attractivité du visage d’un homme et décision d’une femme de le prendre pour partenaire sexuel-­‐ A. Ind ............................................................................................................................ 77 Les pratiques écologiques sont-­‐elles impactées par les différences de genre ?-­‐ E. Causse & M-­‐L. Félonneau .......................................................................................................................................... 78 Les représentations sociales de la voiture électrique et de l'automobile : "environnement" versus "usage"-­‐ C. Philipps-­‐Bertin1, L. Poupon2, P. Champelovier1 & A. Chaumond1 ....................................................................................................................................................... 79 7 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Influence normative sur le comportement des automobilistes au feu orange-­‐ B. Palat & P. Delhomme ................................................................................................................................................... 80 Effet de la familiarité sur les représentations sociales de l’obésité-­‐ M. Pena Pena, Manuela ), I. Urdapilleta, A. Gaillard & J-­‐F. Verlhiac ....................................................................... 81 Recatégorisation dans le paradigme des groupes minimaux : le rôle d’un exogroupe maintenu. -­‐ A. Parant & M-­‐L. Félonneau .............................................................................................. 82 Représentations sociales culinaires et culture gastronomique : la place du goût-­‐ J. Boussoco1, I. Urdapilleta1, C. Schwartz2 , A. Gaillard1, L. Dany3 & A. Giboreau2 .................. 83 Validation française de l’échelle cfc-­‐14 (consideration of future consequences) de joireman, shaffer, balliet et strathman (2012)-­‐ G. Camus, S. Berjot & A. Ernst-­‐Vintila ... 84 L’effet de l’impulsivité, de la recherche de sensations et de l’illusion de contrôle dans un jeu de loto-­‐ C. Roland-­‐Lévy & J. Lemoine ...................................................................................... 85 Session thématique : Psychologie Cognitive .............................................................................. 86 Intégration et motricité : de la multisensorialité à la multimodalité -­‐ T. Camus, L. Brunel, T. Brouillet, & D. Brouillet .......................................................................................................................... 86 Liage sensoriel par l'action : effet du délai temporel et des contingences sensorimotrices -­‐ X. Corveleyn1, J. Loper-­‐Molier2, & Y. Coello1 ................................................. 88 La perception des distances : quand le poids et l'action simulée augmentent la distance -­‐ J. Romàn, T. Camus, & D. Brouillet ....................................................................................................... 89 The perception of peripersonal space in right and left brain damage hemiplegic patients -­‐ A. Bartolo1, M. Carlier1, S. Hassaini2, Y. Martin3, Y. Coello1 ..................................... 90 Des jugements affectifs sensibles à la dynamique motrice -­‐ T. Brouillet, A. Millau, T, Camus, & D. Brouillet ................................................................................................................................... 91 Effet de compatibilité valence/latéralité: droitiers et gauchers à égalité -­‐ A. Milhau, T. Brouillet, L. Heurley, L. Brunel, D. Brouillet ....................................................................................... 92 Rien ne sert de compter, il faut partir outillé : surestimation des bénéfices associés à l’utilisation d’outils -­‐ G. Vallet1, N. Morgado2, C. Morel1, A. Grand2, R. Palluel-­‐Germain2, & F. Osiurak1 .................................................................................................................................................... 93 Etude d'amorçage visuomoteur sur la saisie d'objet : initiation et mouvement -­‐ K. Roche1, R. Verheij2, D. Voudouris2, E. Brenner2, H. Chainay1 & J. Smeets2 ............................ 94 Étude des amorçages visuomoteurs : de la sélection du but d’action au contrôle de l’atteinte -­‐ A. Coutté1, Y. Coello2, & O. Gérard3 ................................................................................... 95 Modèle mnésique et faux souvenirs : contribution d’un processus d’appariement global -­‐ A. Hamon, & L. Brunel ............................................................................................................................... 96 Quand canari amorce jaune : effet sur l’orientation de l’attention -­‐ L. Léger, & E. Chauvet .............................................................................................................................................................. 97 Représentation sémantique probabiliste et associations verbales -­‐ N. Leveau1, G. Denhiere1, & S. Jhean-­‐Larose2 .................................................................................................................. 98 Impact d’une odeur non consciemment perçue sur des choix alimentaires -­‐ M. Gaillet, C. Sulmont-­‐Rossé, S. Issanchou, C. Chabanet, S. Chambaron ........................................................... 99 Le rôle du langage intérieur dans la flexibilité -­‐ etude électromyographique -­‐ L. Laurent1, J-­‐L. Millot2, P. Andrieu1, V. Camos3, C. Floccia4, F. Mathy5 .................................... 101 La dimension sociale de l’experience humaine : reflexions autour de l’attention conjointe -­‐ DS. Verissimo ........................................................................................................................ 102 Rôle de l’anxiété et de l’état de stress post-­‐traumatique dans les processus d’inhibition -­‐ M. Gindt1, O. Nachon2, L. Chanquoy1, & R. Garcia2 ..................................................................... 103 Les fonctions exécutives dans le syndrome de prader-­‐willi : double approche confirmant la présence d’un syndrome dysexécutif -­‐ J. Chevalère1, V. Postal1, J. Jauregui2, P. Copet3, V. Laurier3, & D. Thuilleaux3 ............................................................................................. 104 Session thématique : Psychologie du Travail .......................................................................... 105 8 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La satisfaction environnementale dans le cadre organisationnel-­‐ E. Moffat & L. Rioux
............................................................................................................................................................................ 105 Rôle de la disponibilité des ressources dans la perception d’un environnement de travail ?-­‐ N. Cascino1, C. Mélan1 & E. Galy2 ...................................................................................... 106 Antécédents des intentions et justifications des salariés envers les violations de règles de sécurité-­‐ L. Auzoult & F. Lheureux ............................................................................................... 107 Désynchronisation des rythmes psychologiques et physiologiques des sapeurs-­‐
pompiers : un facteur d’adaptation et de prévention ?-­‐ M. Riedel1 , R. Clarisse1 , A. Reinberg2, N. Le Floc'h1, E. Brousse3 , B. Mauvieux4, M. Marlot3, S. Berrez, Stéphane3, Y. Touitou2, M. Smolensky5 & M. Mechkouri2 ...................................................................................... 108 Conscience …et prise de références dans le jugement de recrutabilité-­‐ C. Soubrier1, A. Pelissou2 , V. Le Floch1 , J. Py1 & M. Brunel1 ..................................................................................... 109 Enjeux et perspectives d’une approche psychologique du bénévolat comme un travail-­‐ C. Dansac ........................................................................................................................................................ 110 La réorganisation d’un centre de contact spécialisé et ses incidences sur l’activité-­‐ M. Ianeva1 & J. Vacherand-­‐Revel2 .............................................................................................................. 112 Entre coopération et collaboration : favoriser la professionnalisation et la construction des capacités collectives chez les acteurs de la santé au travail-­‐ O. Tatu1,2 & M. Lourel1
............................................................................................................................................................................ 113 Utilisation d’une approche méthodologique mixte dans l’évaluation des résultats de l’intervention d’un conseiller-­‐psychologue-­‐ P. Jacquin1 & J. Juhel2 ...................................... 114 Nouveaux métiers : evaluer les dispositifs de formation. l’exemple de l’appropriation et du développement des acquis de formation chez les agents de sûreté aérienne-­‐ J-­‐L. Megemont & R. Dupuy ............................................................................................................................. 115 Session thématique : Psychologie du Développement/Education .................................... 116 Approche longitudinale des performances et fluctuations journalières de l’attention d’élèves entre 5 et 8 ans-­‐ M. Alcorta, C. Ponce & Y. Saada ........................................................ 116 L’étude de la collaboration entre enseignants ordinaires et spécialisés dans un contexte d’intégration scolaire : résultats préliminaires et développement d’un projet de recherche.-­‐ M. Valls & P. Bonvin .......................................................................................................... 117 Approche typologique des niveaux et des variations de l'attention évaluées et auto-­‐
évaluées de l'adulte en formation.-­‐ N. Le Floc'h, R. Clarisse & E. Faget-­‐Martin .............. 118 L’attention et la mémoire sémantique chez l’enfant de 8 à 10 ans : perspective chronopsychologique-­‐ R. Clarisse1, N. Le Floc'h1 & M. Rebelo2 .............................................. 119 Session thématique : Psychologie du vieillissement ............................................................. 120 Effet du format de prescriptions médicamenteuses présentées sur tablette multimédia chez des personnes jeunes et âgées -­‐ L. Heurley, E. Vandenbergh, & V. Quaglino ......... 120 Quid de l’autmatisation d’une nouvelle tâche avec l’âge ? -­‐ F. Maquestiaux1, A. Didierjean2, E. Ruthfuff 3, G. Chauvel4, & A. Hartley5 ................................................................... 121 Influence de l’âge et du temps inter-­‐stimulus sur l’effet de difficulté séquentielle en mémoire -­‐ L. Burger1, K. Uittenhove2, P. Lemaire2, & L. Taconnat1 ...................................... 122 Veillissement et compréhension des relations temporelles dans les textes narratifs -­‐ S. Chaulet, & P. Maury ................................................................................................................................... 123 Session thématique : Psychologie de l’Emotion ...................................................................... 124 La présence de distracteurs sexuels dégrade-­‐t-­‐elle la détection d’un mot cible dans une tâche de présentation visuelle rapide sérielle ?-­‐ A. Didierjean1 , F. Maquestiaux2 & S. Vieillard3 ........................................................................................................................................................ 125 Les vertus sociales d’une émotion mal aimée : l’embarras-­‐ H. Maire ................................. 126 Emotions et dynamique des représentations sociales-­‐ B. Bouriche .................................... 127 9 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Influence de l'incertitude et de l'idée de mort sur la prise de risque-­‐ G. Merlhiot1, L. Mondillon1, P. Bonin2, J-­‐L. Le Pennec3 & M. Mermillod4 ............................................................ 128 Session thématique : Psychologie judiciaire ............................................................................ 129 Audition de témoins oculaires : analyse des pratiques professionnelles -­‐ C. Launay1, J. Py1, M. Brunel1, & S. Demarchi2 ............................................................................................................ 129 Le quartier, comment « s’en sortir » ? -­‐ M. Braud ........................................................................ 130 L’acceptabilité de l’entretien cognitif, première impression par des gendarmes -­‐ M. Brunel1, J. Py1, C. Launay1, M. Ginet2, F. Verkampt1 ...................................................................... 131 La médiation animale en milieu pénitentiaire: réflexion autour d'une pratique à définir -­‐ C-­‐E. Laguerre ............................................................................................................................................. 132 Le témoignage judiciaire : responsabilité énonciative et polyvocalité -­‐ M. Batt1, A. Trognon1, M. Coutelour1, J-­‐P. Vauthier2 ............................................................................................ 133 Session thématique : Ergonomie cognitive .............................................................................. 135 Validation d’une taxonomie des concepts liés à l’utilisabilité par la méthode du tri de cartes-­‐ A. Roche, V. Lespinet-­‐Najib, & J-­‐M. Andre ........................................................................ 135 Proximité et conflit dans les échanges entre adolescents dans les forums internet -­‐ N. Gauducheau1, H. Atifi1, M. Marcoccia1, M. Arguet2, & V. Laval3 ............................................... 136 Effet de l'outil informatique sur la performance de pointage de l'enfant et de l'adolescent -­‐ C. Kudlinski1, M. Molina1, F. Jouen2 ........................................................................ 137 L'accessibilité web en 2012 en france: enquête sur les pratiques et les usages des professionnels du web -­‐ V. Lespinet-­‐Najib1, N. Pinède2, C. Bélio3, F. Demontoux4, & V. Liquete1 .......................................................................................................................................................... 138 Session thématique : Psychologie de la Santé ......................................................................... 139 Gestion de la performance par suggestions hypnotiques chez les golfeurs amateurs-­‐ N. Cazenave1 & A. Untas2 .............................................................................................................................. 139 Pratiques de consommation d'alcool et alcoolisme au regard des représentations sociales-­‐ E. Taschini, I. Urdapilleta, J-­‐F. Verlhiac .......................................................................... 141 Quels liens de causalité entre le burnout et la motivation? une étude longitudinale auprès de jeunes sportifs en centre d’entraînement intensif-­‐ G. Martinent, Guillaume1 & J-­‐C. Decret2 .................................................................................................................................................... 142 Amélioration des fonctions exécutives, de la cognition haute et les processus psychologiques par une pratique physique-­‐ M. Carlier & Y. Delevoye-­‐Turell ................. 143 Communications écrites ................................................................................................................................ 144 Session Poster 1 ................................................................................................................................. 144 Une démarche de prévention des risques psychosociaux : le cas d'une collectivité territoriale-­‐ E. Furstoss1 & A. Bouchakour2 .................................................................................... 144 Agir avec autrui : influence du contexte social sur les actions contraintes et non contraintes-­‐ F. Quesque, D. Lewkowicz, Y. Delevoye-­‐Turell & Y. Coello ............................ 145 Conscience emotionnelle, alexithymie et empathie. implications pour le fonctionnement émotionnel-­‐ M. Marmond, V. Bréjard & A. Bonnet .................................... 146 Dynamique et fonctionnement émotionnel chez les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents-­‐ M. Marmond, V. Bréjard & A. Bonnet ......................................................................... 147 Induction et annotation d’expressions faciales spontanées et dynamiques : la base de données dynemo-­‐ D. Dupre1, A. Tcherkassof1, B. Meillon2, N. Mandran2, J-­‐M. Adam2, M. Dubois1, A. GuÉrin-­‐DuguÉ3, A-­‐M. Benoit4 & A. Caplier3 ............................................................. 148 Intertact : l’interaction tactile pour jeunes déficients visuels-­‐ A. Vallée, M-­‐C. Letailleur & K. Rovira ......................................................................................................................................................... 150 Interdépendance fonctionnelle entre la théorie de l’esprit et les capacités exécutives chez l’enfant d’âge préscolaire -­‐ C. Tiberghien1, J. Calderon2, M. Grellier1 & N. Angeard2
............................................................................................................................................................................ 151 10 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Sentir les mots : influence d'une odeur sur la mémorisation-­‐ B. Riou1,2, C. Chochard2, K. Schumacher2 & G. Molinari2 ................................................................................................................... 152 Odeurs, mémoires et reproduction sérielle : pour une réplication des travaux princeps de bartlett (1932)-­‐ B. Cerisier .............................................................................................................. 153 Effet des émotions sur la mémoire à court-­‐terme : rôle de l’attention.-­‐ C. Cadix, J. Matias, G. Plancher & H. Chaina ........................................................................................................................... 154 Le sommeil permet-­‐il de faire des liens entre les différentes traces en mémoire ?-­‐ M. Cherdieu, R. Versace & S. Mazza .......................................................................................................... 155 L’apport de l’analyse du discours et des représentations sociales dans l’etude des rps-­‐ J. Lemoine & C. Roland-­‐Lévy ..................................................................................................................... 156 L’effet de l’integration multi sensorielle sur la perception de la taille dans l’illusion d’ebbinghaus-­‐ L. Brunel & M. Panis .................................................................................................... 157 Dites-­‐moi comment votre mémoire fonctionne au quotidien ?-­‐ C. Mazzocco1, Y. Stephan1, D. Brouillet1 & S. Martin1,2 .................................................................................................. 158 Construction d’un matériel expérimental pour la détection des troubles praxiques-­‐ C. Jacquemont, C. Collette, A. Bartolo, I. Bonnotte & S. Kalénine ................................................ 159 Effet du vieillissement sur l’intelligence fluide : implication differentielle du controle et des representations-­‐ S. Gombart, S. Fay, B. Bouazzaoui & M. Isingrini ............................... 160 Le rôle de la voie réticulo-­‐tectale dans le déplacement exogène de l’attention-­‐ R. Mizzi, C. Couffe, G. Vallet & G. Michael ............................................................................................................ 162 Passage du temps : une approche écologique de ses distorsions et évolutions au cours du vieillissement-­‐ M. Wilmann-­‐Courteau1, J. Wearden2 & S. Droit-­‐Volet1 ......................... 163 Les motivations à Être bénévole : validation d’un inventaire et approche socionormative-­‐ C. Dansac1, C. Maisonneuve2, N. Goutas3 & A. Taillandier4 .................... 164 La place des dysharmonies psychotiques dans les classifications et les enjeux qui y sont liés-­‐ Gwon, Jung-­‐A ...................................................................................................................................... 165 Caractères implicites/explicites des duels du quotidien-­‐ M. Charles .................................. 166 Âgisme et sexisme en contexte professionnel, entre l'explicite et l'implicite : deux types de discrimination, deux modes d'expression des préjugés-­‐ A. Faure & A. Ndobo ......... 167 Evaluation d’une discrimination religieuse : l’islamophobie-­‐ A. Ameline, N. Roussiau & A. N'dobo ........................................................................................................................................................ 168 S’approprier l’écrit en cm2 : diagnostic des compétences et profils sur l’écrit-­‐ S. Majaji & J-­‐M Besse ................................................................................................................................................... 169 L’attention conjointe, vecteur d'intentionnalité chez les enfants de 6 à 18 mois-­‐ L-­‐H Aubineau, B. Le Driant, Barbara & L. Vandromme, Luc ............................................................. 170 Le raisonnement propositionnel dans la conversation chez l’enfant d’âge scolaire-­‐ A. Aubry1, C. Touchet2 & C. Bocéréan1 .................................................................................................... 171 La compréhension des émotions, un pré-­‐requis au dessin expressif ?-­‐ N. Vendeville, C. Brechet & N. Blanc ..................................................................................................................................... 172 Session Poster 2 ................................................................................................................................. 173 Refus scolaire anxieux à l’adolescence et fonctionnement familial-­‐ M.Gallé-­‐tessonneau1, O. Grondin1, L.,Daheron2 , J. Doron1 .................................................................................................... 173 L'écriture de mots en dénomination d’images, en production sous dictée et en copie immédiate : différentes tâches, différentes trajectoires cognitives ? -­‐ A. Lagarrigue1, P. Bonin, 1, S. Roux2, A., Meot1 .................................................................................................................... 175 A quel niveau de traitement les connaissances graphotactiques influencent-­‐elles l’apprentissage de l’orthographe lexicale? -­‐ A. Sobaco, S. Pacton ....................................... 176 Processus d’adaptation lors de la perception de la parole rapide chez l’enfant -­‐ H. Guiraud1, N. Bedoin1, E. Ferragne2, & V. Boulenger1 ................................................................... 177 11 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Un dispositif d’évaluation en ligne de la lecture et de ses compétences associées -­‐ H. Bouchafa1, L. Beauvais2, C. Beauvais2, A. Magnan2, & J. Ecalle2 ............................................... 178 Liens fonctionnels entre langage et motricité : effets de l’âge d’acquisition -­‐ D. Roman, Y. Delevoye, & L. Perre .................................................................................................................................. 179 Inhibition de réponse en audition et traits phonologiques : etude en potentiels évoqués -­‐ N. Bedoin1, J. Krzonowski1, & E. Ferragne2 .................................................................................. 180 Traits de personnalité et intention de poursuivre ou d’abandonner un projet de thèse : quelles actions préventives pour la santé et la réussite des doctorants ?-­‐ F. Osanna Jacolin1, O. Tatu petric2, J. Marassot1, & R. Ait-­‐maten1 ............................................................... 181 Le diagnostic du burnout : un enjeu pour la recherche et pour l’intervention -­‐ N. Girault-­‐lidvan1, C. Amoura2, & S. Berjot2 .......................................................................................... 182 Validation d’une classification des jeux de hasard et d’argent sur une cohorte de 628 joueurs français -­‐ G. Bouju1, J-­‐B Hardouin2, N. Renard1,2, C. Legauffre3, M. Valleur4, D. Magalon5, M. Fatseas8, I. Chereau-­‐Boudet6, M-­‐A. Gorsane7, A. Guilleux2, J-­‐L. Venisse1, & M. Grall-­‐Bronnec1 ....................................................................................................................................... 183 Déterminants de l'expérience positive et négative des usagers des transports en commun : une étude exploratoire -­‐ E. Grison1,2, & V. Gyselinck,2 , J-­‐M. Burkhardt1 .... 184 Evaluation du transfert d’apprentissage d’une procédure en environnement virtuel à une situation réelle -­‐ C. Hoareau, F. Ganier, R. Querrec, C. Buche, & F. Le Corre ............ 185 Etude longitudinale de l’influence de la satisfaction/menace des besoins psychologiques fondamentaux sur le burnout sportif -­‐ S. Moiret1, E. Guillet Descas1, S. Isoard Gautheur2, & G. Martinent1 ...................................................................................................... 187 L’entretien cognitif : une aide au rappel d’un événement émotionnel chez les adolescents ? -­‐ O. Dodier1, & F. Verkampt2 ...................................................................................... 188 Les indices de tromperie diffèrent selon le sexe seulement lorsque la personnalité est prise en compte -­‐ R. Bet, E. Brossat, C. Ducamp, C. Graziano, & G.A. Michael .................. 189 La fapq-­‐12 : adaptation française de l’aggressive provocation questionnaire -­‐ A. Akel, R. Hoyer, , A. Lambert, S. Melih, G. Pepin, T. Sansorgne, & G.A. Michael .................................. 190 La consommation de protoxyde d'azote : une conduite ordalique et une recherche de sensations vers une assuétude psychique. Étude dans le milieu étudiant -­‐ A. Agnes, A. Bernoussi, & S. Schauder ......................................................................................................................... 191 Personnalité limite addictive mariholique: élaboration verbale des affects des événements de vie et appréhension des traumatismes -­‐ F. Gibot, A. Bernoussi, & S. Schauder ......................................................................................................................................................... 192 La médiation jeu vidéo dans la clinique avec l’enfant. pourrait-­‐elle devenir l’instrument privilégié du psychologue ? -­‐ E. Duvillard, C. Tarquinio, & R. Godard ................................. 194 Effet de l’âge sur les corrélats neuronaux des processus de remémoration et de familiarité -­‐ L. Angel1, 2, C. Bastin1, S. Genon1, E. Salmon1, & F. Collette1 ........................... 195 Saillance et distinctions hémisphériques : entre progression attentionnelle et conscience -­‐ C. Couffe, R. Mizzi, & G.A. Michael ............................................................................. 196 Perception d’actions dirigées vers les objets vs. actions non-­‐dirigées vers les objets : etude en EEG -­‐ Y. Wamain1, E. Pluciennicka1, Y. Coello1, & S. Kalenine2 ............................. 197 Vieillissement et organisation en mémoire épisodique: une étude en oculométrie -­‐ L. Taconnat1, M. Frasca1, N. Vibert2 ...................................................................................................... 198 Session Poster 3 ................................................................................................................................. 200 Les « baianos » de l’umbanda du sud-­‐est du brésil: une approche ethnopsychologique -­‐ A-­‐C. Macedo, & J-­‐F-­‐M-­‐H. Bairrão .......................................................................................................... 200 Le jugement esthétique musical : personnalité & potentiel créatif - J-L. Tavani1,
N. Berlin2, M. Besançon3, X. Caroff1, L. Lavy-Garboua2, & T. Lubart1 ........................ 201 12 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie L’indiçage contextuel temporel inter-­‐essais et certaines de ses limites -­‐ C. Thomas1, A. Didierjean1, F. Maquestiaux2, & A. Goujon3 ..................................................................................... 202 Le bonheur au travail. Impact de quelques variables psycho-­‐environnementales -­‐ M. Morice, E. Modda, & L. Rioux ................................................................................................................. 203 Les valeurs du développement durable. validation française de la « sustainable development values » de shepherd & al. (2009) -­‐ N. Nanda, L. Rioux, & M. Morice ...... 204 Parle moi de tes souvenirs d’enfance, je te dirai qui tu es… influence du partage de souvenirs sur la similarité perçue, la sociabilité perçue et la catégorisation sociale -­‐ J-­‐L., Tavani, L. Roger, S. Guened, & J. Collange ........................................................................................ 205 Comment les femmes voient-­‐elles la nourriture? Étude exploratoire de l’influence du sentiment de faim, de la masse corporelle et du type d’aliment -­‐ V. Postal, & J. Chevalère
............................................................................................................................................................................ 206 Traitement explicite et implicite des émotions : l’effet de compatibilité stimulus -­‐ réponse -­‐ A-­‐A. Sava, & H. Chainay ....................................................................................................... 207 Quand les dimensions mnésiques modifient la perception : influence d’une amorce visuelle sur le jugement gustatif -­‐ A. Rey, B. Riou, & R. Versace ............................................ 208 Compatibilité stimulus-­‐réponse dans la perception de la distance: une étude développementale -­‐ A. Richez, & Y. Coello ...................................................................................... 209 La construction culturelle de l'objet-­‐livre chez le jeune enfant -­‐ S. Ignacchiti ................ 210 Position séquentielle et apprentissage implicite de dépendances adjacentes et non-­‐
adjacentes -­‐ A. Sobaco1, P. Perruchet2, & S. Pacton1 .................................................................... 211 Développement du traitement conceptuel chez l’enfant : etude en oculométrie -­‐ E. Pluciennicka, Y. Coello, & S. Kalenine ................................................................................................ 211 Le(s) féminin(s) et le sacré : Élaborations de genre à la lumière de cultes de possession au brésil -­‐ M. Leal de Barros .................................................................................................................. 213 Rôle des processus top-­‐down dans le contrôle attentionnel auditif au cours du développement -­‐ M. Phélip1, J. Donnot2, & J. Vauclair1 ............................................................... 214 Les informations émotionnelles du récit : un support à la production d’inférences prédictives chez l’enfant d’école primaire -­‐ S. Creissen, & N. Blanc ..................................... 215 Le sujet sans-­‐domicile et son chien compagnon de relation. la clinique du lien mise à l’épreuve dans et par la relation entre le sujet sans-­‐domicile et son chien -­‐ J. Chevalier, & Pascal Le Malefan ................................................................................................................................... 216 Le corps dans la performance artistique : suspension, tatouage et état de conscience modifiée -­‐ D. Rochaix1, C. Blatier1, & A. Bonnet2 ........................................................................... 217 Impact du logiciel filharmonie sur l’autonomie d’autistes asperger -­‐ Impact du logiciel filharmonie sur l’autonomie d’autistes asperger -­‐ N. Cazenaze1, M. Lafitte1, N. Robert1, N. Pichard2 , C. Dangays3, B. Rogé1 ............................................................................................................ 218 Cancer du sein et travail de reconnaissance de soi à travers le dessin de l’arbre -­‐ S. Lantheaume1, C. Nou2, L. Fernandez1, J. Finkelstein-­‐rossi3, & J-­‐P. Pierron4 ...................... 219 Cancer du sein, qualité de vie et réhabilitation fonctionnelle -­‐ M. Fautriere, L. Fernandez, M. Germain, & M. Poussin ............................................................................................... 220 L’adaptation psychologique de la personnalité limite addictive À l’expérience cancéreuse -­‐ P. Lecointe, A. Bernoussi, & M. Wawrzyniak ....................................................... 221 Éducation thérapeutique articulée à l'alliance thérapeutique : recherche clinique exploratoire auprès de patients diabétiques des pôles de prévention et d’éducation thérapeutique de picardie -­‐ L. Valot1, M. Cozette Mience1, P. Lecointre1, M. Wawrzyniak1, J-­‐D. Lalau2 ...................................................................................................................................................... 222 L'adolescent obèse face à sa famille -­‐ M-­‐A. Schwailbold, P. Cuynet, A. Sanahuja, L. Rosier, A. Bernard, & F. Vanca .............................................................................................................................. 224 13 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Exploration des déterminants de la perception d’un consommateur de substances psychoactives -­‐J-­‐L. Tavani1, S. Guened1, L. Roger1, S. Lelaurain2, G. Lo Monaco2, A. Piermatteo2, L. Dany2, & J. Collange1 .................................................................................................. 225 14 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Symposiums
Mercredi 11 Septembre Nouvelles approches en psychologie transculturelle – transmission et migration -­‐ M. Bossuroy Ce symposium vise à présenter des recherches récentes dans le champ de la psychologie transculturelle. Celles-­‐ci étudient des thématiques contemporaines dans nos sociétés plurielles et métissées, où les migrations apportent diverses langues, cultures, représentations et parcours de vie. Ce symposium fera une large part à la question de la transmission en situation transculturelle, dans ses enjeux conscients ou inconscients : celle de la langue du pays d’origine, celle de l’histoire de la famille, celle des représentations ou des traumatismes. Transmissions inconscientes, voulues ou bloquées ; transmissions de la mère au bébé, des parents aux enfants et adolescents, du patient au clinicien ou au chercheur ; transmissions encouragées ou déniées par la société. Ces travaux soulignent la richesse de la méthodologie complémentariste de G. Devereux, prenant en compte tant les éléments culturels que psychiques, dans la clinique comme dans la recherche. Complexité transculturelle et modernité : le complémentarisme dans la clinique et la recherche -­‐ M. Mansouri1, & M-­‐R. Moro2 1 Unité INSERM U669, Université Paris Descartes/Secteur 1 de Pédopsychiatrie de Seine Saint-­‐
Denis 2 EA 4056, U669, Université Paris Descartes/Maison de Solenn, Hôpital Cochin Selon une étude sociologique menée au tribunal de Bobigny, les « émeutes » de l’automne 2005 ont été agies par des adolescents « français d’origine étrangère » majoritairement maghrébine, puis subsaharienne (Mucchielli, Delon, 2006). Ces adolescents sont nés de l’histoire française et de ses anciennes colonies, mais les tentatives de compréhension de la colère « émeutière » se sont multipliées sans s’attarder sur cette particularité de leur filiation. C’est la perspective que propose cette recherche en psychologie qui tente de saisir les incidences subjectives des violences de l’histoire coloniale chez les descendants de ceux qui l’ont vécue (Mansouri, 2013). Pour pouvoir mener à bien une étude nécessitant à la fois l’analyse des représentations collectives liées à l’histoire et les dynamiques inconscientes dont celles qui passent de génération en génération, nous avons opté pour une démarche complémentariste (Moro, 1994 ; Devereux, 1972), associant les principes de la psychanalyse et de l’histoire, dans un rapport de proximité avec les études postcoloniales (Smouts, 2007). Cette recherche complémentariste a permis, au cas par cas, d’approcher d’un peu plus près ce qui de « l’autre scène » découverte par Freud peut donner sens aux révoltes sociales de nos banlieues, en tant qu’elles sont le symptôme très spécifique d’un dysfonctionnement du lien social. Mots clefs : émeutes, adolescents, complémentarisme, psychanalyse, histoire, colonialisme. Bibliographie Devereux G. Ethnopsychanalyse complémentariste. Paris : Flammarion ; 1972. Mansouri M. Révoltes postcoloniales au Cœur de l’Hexagone. Voix d’adolescents. Paris : Puf ; 2013. Moro M.R., Parents en exil. Psychopathologie et migration. Paris : Puf ; 1994. Mucchielli L. Delon A. Les mineurs émeutiers jugés à Bobigny (93). In Justice des mineurs – Emeutes urbaines. Paris : Revue Claris n°1 ; 29 octobre 2006. Smouts MC. La situation postcoloniale. Les postcolonial studies dans le débat français. Paris : Presses de Sciences Po ; 2007. 15 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La transmission du trauma mère-­‐bébé dans un contexte transculturel -­‐ M. Feldman1, E. Dozzio2, E. Drain3, & M-­‐R. Moro4 1 Laboratoire lPCP EA 4056, Université Paris Descartes 2 Université Paris 13 3 Hôpital Avicenne/ Hôpital Jean Verdier) 4 EA 4056, U669, Université Paris Descartes/Maison de Solenn, Hôpital Cochin Cette communication fait part des premiers résultats d’une recherche sur les modalités de transmission du trauma mère-­‐bébé, dans un contexte transculturel. Cette recherche actuelle consiste en l’observation des mécanismes de transmission du trauma entre la mère et son bébé à travers l’observation de leurs interactions. L’objectif de cette recherche consiste en une meilleure prise en charge des dyades mère-­‐bébé mais aussi des soignants les prenant en charge. Le matériau clinique est issu d’entretiens mère-­‐bébés qui sont réalisés dans différents lieux : maternité, unité d’hospitalisation mère-­‐bébé, crèche préventive. Ils sont filmés, enregistrés et retranscrits. Il s’agit de traiter la question d’un traumatisme psychique de la mère survenu avant la naissance du bébé, de sa transmission au bébé et des conséquences que cela pourrait porter dans la relation mère-­‐enfant et donc sur le développement de l’enfant. Une proposition pour accéder au processus de la transmission du trauma au bébé, se base sur les modalités contre-­‐transférentielles du clinicien ainsi que sur la dynamique triadique : mère-­‐bébé-­‐
clinicien. Le clinicien pris dans l’intersubjectivité, s’engage également dans le partage du traumatisme. Le contre-­‐transfert du thérapeute permet d’accéder au vécu du bébé dans l’interaction avec sa mère, lorsque celle-­‐ci a vécu un événement traumatique. L’identification du “scénario émergent” (Lachal 2006) dans le contre-­‐transfert est notamment un indicateur du vécu du bébé. Mots clés : trauma – dyade mère-­‐bébé – transculturel -­‐ transmission – contre-­‐transfert Bibliographie Lachal C., 2006, Le partage du traumatisme, Grenoble, la pensée sauvage. Moro M.R., Asensi H., Feldman M., 2013, Le devenir du trauma infantile, Grenoble, la pensée sauvage, à paraître. La transmission de la langue maternelle en situation migratoire -­‐ M. Bossuroy1, L. Racotomalala2, D. Rezzoug3, & M-­‐R. Moro4 1 Laboratoire lPCP EA 4056 U669, Université Paris Descartes/ Hôpital Jean Verdier 2 UTRPP, Université Paris 13 3 Service de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent, Hôpital Avicenne/Université Paris 13 4 EA 4056, U669, Université Paris Descartes/Maison de Solenn, Hôpital Cochin Transmettre sa langue après une migration n’est pas seulement un acte linguistique mais également un processus de transmission culturelle et identitaire qui aura un impact sur la construction de la personnalité et des affiliations de l’enfant. L’équipe pluridisciplinaire du Centre du Langage du Service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne a développé une recherche incluant la construction de deux outils d'évaluation (actuellement en cours de validation): un test d’évaluation des compétences langagières en langue maternelle pour les enfants, l’ELAL d’Avicenne (Wallon et al, 2008), ainsi qu’un guide d'entretien pour les parents, explorant des problématiques migratoires telles que les affiliations culturelles au pays d’origine et au pays d’accueil, les relations familiales, les processus de transmission et l’inscription trans-­‐générationnelle, l'histoire migratoire ainsi 16 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie que de la réalité du bain langagier des enfants. Le croisement des résultats aux deux évaluations devrait mettre en évidence les facteurs en jeu, au sein de la famille, dans la transmission et l’acquisition de la langue maternelle. En effet, si de nombreux enfants de migrants apprennent très vite la langue française dès l’entrée à l’école, d’autres sont en difficulté pour réaliser le passage d’une langue à l’autre et présentent des troubles complexes du langage . Cette recherche a donc pour but de mieux comprendre, mieux prévenir et mieux prendre en charge ces situations (Bossuroy et Simon, 2010). Mots-­‐clés : Langue, transmission, migration, transculturel, bilinguisme Bibliographie Bossuroy, M., Simon, A. « La recherche ELAL d’Avicenne, à la rencontre des langues dans les écoles », La revue de santé scolaire et universitaire, 2010, n°4, pp.20-­‐24 Wallon E, Rezzoug D, Bennabi-­‐Bensekhar M, Moro MR, Evaluation langagière en langue maternelle pour les enfants allophones et les primo-­‐arrivants. Un nouvel instrument : l’ELAL d’Avicenne, Psychiatrie de l’enfant L1, 2, 2008 : 597-­‐622. Contre-­‐transfert du chercheur et transmission du trauma : à propos d’une recherche auprès des enfants des rues de Casablanca (Maroc) -­‐ A. Bernichi, & Y. Mouchenik UTRPP, Université Paris 13 Cette communication tente de rendre compte de l’importance du contre-­‐transfert du chercheur, un outil précieux dans la compréhension de ce qui se (re) joue pour les enfants/adolescents vivant dans les rues de Casablanca ainsi que pour le chercheur. En effet, la rencontre avec ces enfants de la rue et la mise en récit de leur trajectoires, nous confrontent à une transmission des éléments traumatiques. Enfin, nous aborderons la question de la toxicomanie de ces enfants et adolescents dans la rue, une problématique qui s’ajoute à l’errance tout en les y maintenant. Cette consommation des toxiques propre à la rue leur permet de rendre ces traumas non élaborés « plus supportables ». Notre propos s’appuie sur un travail de recherche portant sur les problématiques des enfants de la rue de Casablanca s’inscrivant dans une approche transculturelle où divers champs des sciences humaines sont convoqués afin de rendre intelligible la complexité clinique de ces enfants et adolescents dans l’espace urbain marocain. Ce travail s’inscrit en ce sens dans la mouvance actuelle de la clinique contemporaine qui consiste à un « aller vers » le terrain et invite le clinicien-­‐chercheur à interroger ce qu’il a lui-­‐même éprouvé et à ce qui l’a « affecté ». Nos données cliniques sont issues de récits de trajectoires de vie recueillis auprès d’enfants et d’adolescents vivant dans les rues de Casablanca. A ces entretiens de recherche, nous avons attaché notre contre-­‐transfert, en lien avec la rencontre de l’autre dans sa singularité, avec sa souffrance psychique, les traumatismes vécus et son état de déchéance. Mots clés : enfants de la rue – contre-­‐transfert du chercheur – traumatisme – toxicomanie Bibliographie Ben Slama, F. (1986). Le contre-­‐transfert dans la recherche. De la notion au paradigme. Bulletin de Psychologie, 39 (377), pp. 791-­‐796. Devereux, G. (1967). De l'angoisse à la méthode dans les sciences du comportement. Paris : Flammarion. Laplantine, F. (2002). Pour une ethnopsychiatrie critique. Vie sociale et traitements (73), pp. 29-­‐33. 17 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La conduite automobile : que d'émotions ! -­‐ J. Navarro L’objectif de ce symposium est de traiter des liens existants entre les émotions et la situation de conduite automobile. L’exercice de la manipulation des émotions est rendu délicat de part les multiples facteurs susceptibles d’influencer l’état émotionnel dans lequel se trouvent les conducteurs. Après un exposé introductif traitant de l’impact des émotions sur différents comportements y compris de conduite par O. Koenig, les autres travaux exposés ont cherché à modifier l’état émotionnel de conducteurs à l’aide de musique ou de stimuli stressants. Différents types de mesures de l’état émotionnel, toutes recueillies en situation de conduite automobile simulée, seront discutées : Les mesures physiologiques et en particulier la variation du diamètre pupillaire seront abordées par M. Pedrotti et coll. Une mesure cognitive sera présentée par C. Jallais et coll. au travers de la mesure de la cécité au changement. Les mesures des comportements de conduite, notamment le temps inter-­‐véhiculaire seront présentées par J. Navarro et coll. Mesure automatique du stress du conducteur par analyse du diamètre pupillaire -­‐ M. Pedrotti1,2, A. Tedesco3, T. Baccino2,4 1Université Paris 6 -­‐ Pierre et Marie Curie, 4 Place Jussieu, 75005, Paris, 2CHArt/LUTIN (EA 4004), Cité des Sciences et de l’ Industrie de la Villette, 30 Avenue Corentin Cariou, 75930, Paris 3Scientific Brain Training, 66 Boulevard Niels Bohr, BP 52132, F -­‐ 69603, Villeurbanne, France 4Université Paris VIII -­‐ Vincennes St.Denis, 2 rue de la Liberté, 93200, Saint-­‐Denis, France Les nouvelles technologies de formation et en particulier le e-­‐learning et les simulateurs peuvent générer chez certains apprenants un stress négatif affectant l’efficacité de la formation et le bien-­‐être. Nous proposons une méthode de mesure du stress basée sur l’analyse de l’ activité pupillaire1,2. Pour commencer, le diamètre pupillaire est mesuré sur chaque participant au repos. Puis, les signaux de diamètre enregistrés pendant les tâches expérimentales sont normalisés selon le diamètre moyen calculé au repos. Ensuite, une approximation du signal est extraite avec la Discrete Wavelet Transform. Enfin, l’approximation du signal est utilisée comme input pour un classifieur basé sur réseaux de neurones. Nous avons testé cette méthode dans le cadre d’ une expérience de conduite simulée. Les participants ont passé trois séances de conduite: dans la première séance, ils ont conduit sans stresseurs. Dans la deuxième, des sons les alertaient en cas d’ erreurs. Dans la troisième, deux expérimentateurs les observaient tout en évaluant leur performance. Notre classifieur est en mesure de déterminer avec une précision de 73.3% de quelle séance est issu un signal pupillaire inconnu. Beatty, J. (1982). Task-­‐Evoked Pupillary Responses, Processing Load, and the Structure of Processing Resources. Psychological Bulletin, 91, 276-­‐292. Granholm, E., Steinhauer, S.R. (2004). Pupillometric measures of cognitive and emotional processes. International Journal of Psychophysiology, 52, 1-­‐6. Cécité aux changements : effets de la colère et de la tristesse -­‐ C. Jallais1, D. Letisserand1, C. Gabaude1, M. Regan2 1Université de Lyon, F-­‐69622, Lyon -­‐ IFSTTAR, LESCOT, F-­‐69675, Bron, France IFSTTAR – Cité des Mobilités -­‐ 25 avenue François Mitterrand 69675 Bron 18 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 2Transport and Road Safety (TARS) Research, School of Aviation, University of New South Wales, Sydney, Australia La cécité au changement est l'incapacité à détecter lors d'une saccade les changements concernant un objet situé dans une scène. Lorsque l'attention se concentre en un endroit, des modifications apportées à un autre peuvent ne pas être remarquées, du fait d’une représentation non détaillée de la scène. Le niveau d'intérêt (central ou marginal) du changement a été manipulé ici avec une version modifiée du paradigme « flicker » afin de tester l'impact des émotions (neutre, colère et tristesse). 60 participants devaient détecter un changement opéré (concernant un véhicule, un piéton, l’infrastructure) sur une photographie d’intersection. Deux images pour chaque cible ont été utilisées (originale et modifiée). La présence de pensées non pertinentes à la conduite automobile lors de la tristesse diminue les ressources attentionnelles. La colère peut ralentir le traitement de l'information visuelle, i.e. détection plus lente des dangers marginaux. Ces deux états peuvent donc donner lieu à de l’inattention. Les analyses ont montré une meilleure allocation des ressources attentionnelles en fonction de l’émotion et des objets sur lesquels les changements sont opérés uniquement lorsque l’intérêt est central. Avec des durées de fixation et un nombre de saccades identiques, le groupe colère était plus rapide à détecter les changements que les autres. Leurs détections des changements opérés sur les véhicules étaient plus rapides que les autres groupes. Il semblerait qu’une priorité de traitement des usagers de la route (potentiels initiateurs de la colère) soit mise en place en colère pouvant conduire à une prise de risque associée à cette focalisation attentionnelle. Influence du tempo de la musique sur les performances de conduite automobile simulée -­‐ J. Navarro, M. Perdrix, G. Seccia, & E. Reynaud Laboratoire EMC, Université Lyon 2, 5 avenue Pierre Mendès France, Bron La musique écoutée au volant peut avoir un impact sur les performances de conduite. Par exemple son volume influe sur la vigilance du conducteur (e.g. Dalton & Behm, 2007). Le tempo de la musique peut également avoir une influence. Brodsky (2002) montre une augmentation de la vitesse du véhicule et du nombre d’infractions au code de la route avec le tempo de la musique. D’autres chercheurs soulignent que la valence émotionnelle de la musique peut détériorer les performances de conduite (Pêcher, Lemercier & Cellier, 2009). Toutefois les effets de la musique ne sont pas unanimement admis et certaines études indiquent une absence de modification des comportements de conduite en sa présence (Ünal, Steg et Epstude, 2012). Cette étude avait pour objectif de déterminer si la variation du tempo de la musique perturbe le contrôle du véhicule. Pour ce faire quatre conditions expérimentales ont été déployées lors d’une tâche de suivi de véhicule en conduite automobile simulée. Les participants devaient conduire sans musique, avec une musique de leur choix, avec cette musique dont le tempo avait été modifié (+10% ou -­‐10%). Le temps inter-­‐véhiculaire (time to contact) et sa variabilité ont été recueillis pour quantifier le comportement de conduite. La fréquence cardiaque et l’état émotionnel subjectif des participants nous ont permis d’évaluer l’effet de la musique sur l’état interne des participants. Références Brodsky, W. (2002). The effects of music tempo on simulated driving performance and vehicular control. Transportation Research Part F, 4, 219-­‐241. Dalton, B.H., & Behm, D.G. (2007). Effects of noise and music on human and task performance: A systematic review. Occupational Ergonomics, 7, 143-­‐152. Pêcher, L., Lemercier, C., & Cellier, J.M. (2009). Emotions drive attention : Effects on driver’s behavior. Safety Science, 47, 1254-­‐1259. 19 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Ünal, A.B., Steg, L., & Epstude., K. (2012). The influence of music on mental effort and driving performance. Accident Analysis and Prevention, 48, 271-­‐278. Comment les émotions influencent-­‐elles nos comportements? -­‐ O. Koenig Laboratoire EMC, Université Lyon 2, 5 avenue Pierre Mendès France, Bron Cet exposé aura pour objectif d'introduire les effets de différentes émotions sur plusieurs de nos comportements. Après une rapide présentation des différentes émotions et de leurs principaux effets, l'exposé s'orientera plus spécifiquement vers l'effet des émotions sur les comportements de conduite. Pratiques de jeux : jeux de hasard et d'argent, jeux vidéo, Internet & bourse -­‐ quels liens ? G. Bouju L’objet de ce symposium est de présenter les différentes pratiques de jeu au sens large, incluant les jeux vidéo, les jeux de hasard et d'argent et les pratiques apparentées comme le jeu en bourse ou l'utilisation excessive d'Internet. L'objectif est de discuter les liens et les divergences entre ces différentes pratiques, notamment en termes de psychopathologie et de pratiques. Nous présenterons les résultats de 4 études, chacune centrée sur l’une de ces pratiques : -­‐ une recherche sur les jeux de hasard et d'argent et les liens avec le trouble de déficit de l’attention et hyperactivité -­‐ une recherche sur l’usage des jeux vidéo du collège au lycée -­‐ une synthèse de plusieurs recherches sur le spectre des cyberaddictions (exemples empiriques liés à l'utilisation excessive des MMORPGs, du téléphone portable ou des jeux de hasard et d'argent en ligne) -­‐ une revue de littérature permettant de résumer l’état des recherches sur l’addiction à la bourse, étayée de quelques cas cliniques Addiction à la bourse : définition du concept, différences et similarités avec le jeu pathologique -­‐ J. Caillon, G. Bouju, J-­‐L. Venisse, & M. Grall-­‐Bronnec IFAC, CHU de Nantes Contexte: Sur les 18 types de jeux de hasard et d’argent les plus populaires, le jeu en bourse se placerait au 16ème rang (1). Les personnes les plus aisées, les plus jeunes et les plus éduquées seraient les plus attirées par cette nouvelle forme de jeu (2). Le récent crash boursier a mis en évidence les dangers de la négociation sur le marché boursier et les risques de perte financière. Parallèlement à cela, quelques personnes ont pris pour la 1ère fois rendez-­‐vous dans notre service en raison de la perte de contrôle de leur pratique du jeu en bourse. Objectif: Résumer l’état des recherches sur l’addiction à la bourse et les implications en termes de recherche, de prise en charge et de prévention. Méthode: Revue de la littérature à partir des mots-­‐clés "addiction, trading, stock market, stock exchange" sur trois bases de données scientifiques (PsycINFO, Pubmed, Francis) et étude des cas cliniques issus de notre pratique. Résultats: La littérature sur le sujet est très faible. L'étude de nos cas cliniques révèle des similitudes importantes avec le jeu pathologique en termes de diagnostic, de parcours et de 20 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie comorbidités. Aucune étude ne propose de stratégie spécifique de prise en charge et de prévention pour cette problématique. Conclusion: Au regard de la littérature internationale, plusieurs observations et recommandations peuvent être faites : 1) mener des études sur le sujet, 2) développer et valider des outils diagnostiques adaptés, 3) développer des stratégies de prise en charge et de prévention propres aux joueurs en bourse, 4) étudier plus spécifiquement les comorbidités liées à cette problématique. Références (1) Turner N.E, Wiebe J, Falkowski-­‐Ham A, Kelly J & Skinner W. Public awareness of responsible gambling and gambling behaviours in Ontario. International Gambling Studies, 2005;5(1): 95-­‐112. (2) Wardle H, Sproston K, Orford J, Erens B, Griffiths M, Constantine R, et al. British Gambling prevalence survey 2007: National Centre for Social Research. London: The Stationery Office; 2007. Usage des jeux vidéo du collège au lycée : caractéristiques des jeux et profils des joueurs -­‐ A. Coëffec1, L. Romo2, L. Kern3, S. Plantey4, N. Cheze5, & G. Kotbagi4 1 Université de paris ouest nanterre la défense et service d’addictologie de l’hôpital rené muret) 2 Université de paris ouest nanterre la défense, cmme et centre de psychiatrie et neurosciences inserm), 3 CERSM EA 2931, Université Paris Ouest Nanterre La Défense 4 Ea 4430, Université Paris Ouest Nanterre La Défense 5 Laboratoire Modal’x, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Notre recherche a pour objectif de caractériser le profil de jeu des jeunes joueurs de jeux vidéo. Pour cela, nous avons fait passer des questionnaires auprès de 1276 jeunes dont 558 garçons et 714 filles (4 personnes n’ont pas donné leur sexe) collégiens et lycéens, âgés de 11 à 18 ans. Le questionnaire comportait des items sur les jeux vidéo et les réseaux sociaux, ainsi que des mesures : de la symptomatologie anxieuse (HAD) et dépressive (HAD, CES-­‐D), de la satisfaction de vie (échelle de Diener), de l’estime de soi (échelle de Rosenberg), de l’impulsivité (échelle de Whiteside et Lynam) et de l’émotivité (variable de tempérament mesurée par l’EAS). Les premiers résultats de cette étude montrent que 92,4% des jeunes (sur les 1248 ayant répondu) ont joué aux jeux vidéo au cours de l’année écoulée. Les situations les plus fréquentes de jeu sont : jouer seul (64,2%), avec des amis (57,2%) ou avec des membres de la famille, autres que les parents (43,7%). La plupart des jeunes déclarent jouer chez eux (94,3%) ou chez des amis (42,2%) et 5% déclarent jouer quand ils sont au sein de l’établissement scolaire. 18,5% des jeunes pensent que leur vie serait plus triste ou monotone sans les jeux vidéo et parmi eux, la moitié présente plus de trois critères (sur 7) de dépendance aux jeux vidéo et 36,4% se qualifient eux mêmes d’« accro ». Dans la suite de nos analyses nous aborderons plus en détails les liens entre les dimensions psychologiques, et les jeux vidéo et les réseaux sociaux utilisés par 85,2% des jeunes. Références Billieux J. & coll. (2011). Psychological Predictors of Problematic Involvement in Massively Multiplayer Online Role-­‐Playing Games: Illustration in a Sample of Male Cybercafé Players. Psychopathology, 44: 165–171 King D.L. & coll. (2009). Understanding and assisting excessive players of video games : A community psychology perspective. The Australian Community Psychologist, 21(1): 62-­‐74 Conduites de jeu associées au trouble déficit de l’attention/hyperactivité dans un échantillon de joueurs -­‐ M. Fatseas1, J-­‐M. Alexandre1, G. Bouju2, C. Legauffre3, M. Valleur4, D. Magalon5, I. Chereau-­‐boudet6, M.-­‐A. Gorsane7, M. Auriacombe1, J.-­‐B. Hardouin2, J-­‐L. Venisse2, & M. Grall-­‐Bronnec2 21 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 1 Laboratoire de psychiatrie/Sanpsy CNRS USR 3413, Université Victor Segalen, Bordeaux 2 Institut fédératif des addictions comportementales, CHU de nantes et EA4275, Université de Nantes 3 Service de psychiatrie et addictologie, Hôpital Louis Mourier (ap-­‐hp), Colombes 4 Centre Médical Marmottan 5 Département de psychiatrie adulte, CHU Sainte Marguerite, Marseille 6 Département de psychiatrie, CHU Clermont-­‐Ferrand 7 Département de psychiatrie et d'addictologie, CHU Paul Brousse, Villejuif Les liens entre le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDA/H) et les addictions aux substances ont fait l’objet de nombreuses études montrant une forte prévalence de ce trouble parmi les sujets dépendants ainsi qu’une plus grande sévérité du comportement addictif. Néanmoins, peu d’études ont porté sur les relations entre TDA/H et les addictions sans substances comme le jeu pathologique. L’objectif de cette étude multicentrique était d’examiner les caractéristiques des conduites de jeu associées au repérage de TDA/H dans un échantillon de 599 joueurs recrutés en centres de soin et dans les lieux de jeux. Les sujets étaient interviewés à l’aide de questionnaires standardisés explorant les symptomes de TDA/H dans l’enfance et à l’age adulte, les caractéristiques du jeu (habitudes, critères DSM-­‐
IV de Jeu Pathologique, sévérité, distorsions cognitives) et la psychopathologie associée. La prévalence du TDA/H dans l’échantillon était estimée à 20,7 % (n= 124). L’existence d’un TDA/H était associée à un risque plus élevé de développer un jeu pathologique et de présenter des problèmes de jeu sévères (p<0,0001). Les résultats montrent un niveau plus élevé de distorsions cognitives chez les sujets atteints de TDA/H (p<0,05). Cette étude souligne la prévalence élevée du TDA/H chez les joueurs mais également l’association avec des marqueurs de sévérité des conduites de jeu. Un meilleur repérage du TDA/H dans cette population devrait permettre d’améliorer les actions de prévention et les réponses thérapeutiques du jeu pathologique. Références Grall-­‐Bronnec M, Wainstein, L., Augy,J., Bouju,G., Feuillet, F., Venisse, JL.,Sebille-­‐Rivain, V.. Attention deficit hyperactivity disorder among pathological and at-­‐risk gamblers seeking treatment: a hidden disorder. Eur Addict Res. 2011, 17 (5): 231-­‐240. Grall-­‐Bronnec M, Wainstein, L., Feuillet, F., Bouju,G., Rocher, B., Venisse, JL.,Sebille-­‐Rivain, V..et al.. Clinical profiles as a function of level and type of impulsivity in a sample group of at-­‐
risk and pathological gamblers seeking treatment. J Gambl Stud. 2012, 28(2) : 239-­‐52. L'hétérogénéité des troubles liés à internet -­‐ J. Billieux Laboratory for experimental psychopathology, Université Catholique de Louvain-­‐la-­‐Neuve, Belgique Au cours des dernières années, Internet est devenu un média essentiel dans des domaines tels que la communication sociale, la recherche universitaire et les divertissements. En dépit de ses conséquences positives reconnues, un nombre croissant d'études ont révélé que l'utilisation d’Internet peut, dans certains cas, devenir problématique. L'utilisation problématique d'Internet, ou « cyberaddiction », est généralement considérée comme une incapacité à contrôler l'utilisation d'Internet, qui peut impliquer des problèmes psychologiques, sociaux et/ou professionnels dans la vie d'une personne. L’utilisation dysfonctionnelle d'Internet a été associée à une variété d’activités telles que le cybersexe, les jeux de hasard et d’argent en ligne, les jeux vidéo en ligne ou l’utilisation de réseaux sociaux, soulignant ainsi que ce comportement problématique peut prendre des formes très différentes et ne doit pas être considéré comme un concept homogène. Dans cet exposé, je passerai en revue quelques-­‐uns des principaux facteurs de risque des cyberaddictions. Des illustrations empiriques seront présentées concernant l'utilisation 22 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie excessive des jeux vidéo en univers persistant et l'utilisation problématique du téléphone portable. En effet, la dernière génération de téléphones mobiles permet aux gens de s'engager dans un large éventail d'activités en ligne, sans être limité à leur domicile ou leur bureau. Pour finir, je conclurai sur l’hétérogénéité des parcours qui peuvent mener à des cyberaddictions apparemment similaires (au niveau de la symptomatologie), ce qui confirmerait la nécessité de développer des traitements adaptés à chaque individu plutôt que des traitements standardisés. Références 1 Widyanto, L., & Griffiths, M. (2006). "Internet addiction": A critical review. International Journal of Mental Health and Addiction, 4, 31-­‐51. 2 Billieux, J. (2012). Problematic mobile phone use: a literature review and a pathways model. Current Psychiatry Reviews, 8, 299-­‐307. Développement des habiletés de compréhension : Du jeune enfant à l’enfant lecteur -­‐ S. Gueraud & C. Royer La maîtrise de la langue orale et écrite constitue un des principaux enjeux de la scolarisation dans notre société. Actuellement, l’Observatoire National de la Lecture (ONL) rapporte, en accord avec les textes officiels (programmes d’Education Nationale, BO n°3,19 juin 2008), qu’apprendre à lire, c’est apprendre à comprendre le message véhiculé par l’auteur. Le présent symposium vise à travers les quatre interventions à mieux comprendre les processus cognitifs impliqués dans la compréhension en lecture chez l’enfant, dans une perspective à la fois développementale et d’explication aux difficultés de compréhension. Les recherches développées dans chacune des interventions questionneront les dimensions essentielles au développement de cette habileté, la manière dont elles peuvent ou doivent être évaluées et dont elles peuvent être entrainées. Le développement des habiletés de compréhension chez l'enfant : le matériel multimédia comme support d’apprentissage -­‐ N. Blanc Université Montpellier 3 La compréhension de textes est une activité qui fait l’objet de nombreuses recherches chez l’enfant et dont l’ambition est de mieux connaître son développement. Ces recherches ont pour avantage d’alimenter les connaissances dont on dispose sur les différentes capacités humaines qui sous-­‐tendent cette compétence. Partant du constat que les difficultés de compréhension en situation de lecture concernent nombre d’enfants à l’entrée au collège, la question d’un apprentissage plus précoce de la capacité à comprendre un récit est soulevée depuis plusieurs années. L’utilisation d’un support audiovisuel tel que le dessin animé offre des perspectives intéressantes pour familiariser l’enfant à la production d’inférences. Une étude menée chez l’enfant scolarisé en maternelle (MS ; GS) permettra de discuter des bénéfices à utiliser du matériel multimédia pour apprendre à produire des inférences et ainsi mieux comprendre une histoire. Précisément, nous verrons que la capacité à produire des inférences ciblées sur les émotions des personnages gagne à être sollicitée dès l’âge de 5 ans à partir de la présentation de récits télévisés (dessins animés). Plus important encore, nous verrons que cette sollicitation répétée sur trois semaines seulement permet d’observer une amélioration des compétences de compréhension. Les bénéfices retirés en matière de compréhension seront analysés au regard des perspectives pédagogiques qu’ils offrent, et des limites qu’il conviendra de contourner. Apports de l’étude on-­‐line de la production d’inférences chez l’enfant -­‐ S. Gueraud, C. Royer, & F. Sonnier 23 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Laboratoire Paragraphe, Université Paris 8 La production d’inférences constitue une habileté déterminante dans le développement des capacités de compréhension (Cain, Oakhill, & Bryant, 2004 ; Oakhill, Cain & Bryant, 2003). Cependant, les études sur la production d’inférences chez l’enfant ont majoritairement recours à des méthodes qualifiées de « off-­‐line » ne testant pas directement mais dans l’après-­‐coup l’activation des inférences au cours de la lecture (Cain & Oakhill, 1999 ; Lynch & van den Broek, 2007). La recherche développée vise alors la mise en place de méthodologies nouvelles palliant certaines des limites de ces méthodologiques. Seront présentées trois études, conduites auprès d’enfants de 10 ans normaux-­‐compreneurs, dont l’apport repose sur l’utilisation de deux méthodes de mesure on-­‐line adaptées de celles utilisées auprès d’adultes : une mesure de l’activation de concepts au cours de la lecture via une tâche de décision lexicale et une mesure de temps de lecture dans le cadre du paradigme des incohérences (Guéraud et al., 2008 ; Harmon-­‐Vukic et al., 2009). L’ensemble des résultats indique la production spontanée d’inférences prédictives au cours de la lecture par des enfants normaux-­‐compreneurs de 10 ans. Il démontre également la pertinence des deux méthodes utilisées dans l’étude de la production d’inférences chez l’enfant. Les apports de cette recherche seront discutés dans une perspective développementale et dans le cadre de l’évaluation de la compréhension en situation de lecture. Evaluer la comprehension en lecture au cycle 3 -­‐ M. Bianco1, A. Nardy1, G. Joet1, L. Laurent1, M. Remond1, P. Cole2, & H. Megherbi3 1 Laboratoire des Sciences de l’Education, Université Pierre Mendès France 2 Laboratoire de Psychologie Cognitive, UMR 7290, CNRS 3 EA 4403, Université Paris 13 La plupart des tests de la compréhension en lecture sont conçus à partir d’une conception unitaire et fournissent l’estimation d’une performance générale alors qu’il y de multiples manières d’être ou de se révéler faible compreneur quelques années après de début de la scolarité. La compréhension en lecture est en effet une activité complexe qui se structure autour de trois dimensions essentielles, susceptibles d’être à l’origine des difficultés des enfants faibles compreneurs : une lecture peu fluide, un faible développement du langage oral et une faible capacité à utiliser un répertoire de stratégies cognitives pour comprendre. Nous présenterons une recherche destinée à analyser les relations qu’entretiennent ces dimensions et leur poids respectifs dans le développement de la compréhension en lecture au cycle 3 de l’école primaire. Les données sont issues de l’évaluation de 314 enfants (116 CE2, 102 CM1 et 87 CM2) et ont été analysées à l’aide d’équations structurales. Les résultats montrent que les 3 dimensions citées plus haut structurent les performances de compréhension en lecture dès le CE2. Nos résultats montrent cependant que leurs poids dans l’explication des performances évoluent avec l’âge et qu’au CM2, l’influence de certaines habiletés de base (identification des mots, MT et capacités logiques verbales et non verbales) est entièrement médiatisée par la construction des habiletés de lecture fluide en contexte et des capacités d’inférences. Ces résultats, compatibles avec de nombreux travaux antérieurs (Cain & Oakhill 2011, Eason et al. 2012 ; Kintsch, 1998 ; Snowling & Hulme, 2012) confirment que les sources des difficultés de compréhension en lecture peuvent être multiples et ouvrent la voie d’un diagnostic plus précis. Compréhension de la métaphore chez des enfants bons et faibles compreneurs -­‐ H. Megherbi1, A. Seigneuric1 , M. Bianco2, P. Cole3, & S. Bueno1 1 EA 4403 UTRPP, Université Paris 13 2 Laboratoire des Sciences de l’Education, Université Pierre Mendès France 3 Laboratoire de Psychologie Cognitive, UMR 7290, CNRS 24 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Comprendre une métaphore exige de construire et de résoudre la mise en correspondance de deux classes sémantiques initialement séparées. Dans la métaphore nominale, deux éléments, la topique et le véhicule, sont comparés et rassemblés dans la même classe sur la base d’un attribut commun (les danseuses/les papillons). Des recherches ont été réalisées pour tenter d’identifier l’âge d’acquisition de la compréhension et de la production de la métaphore et de caractériser les mécanismes sous-­‐jacents à son interprétation (Cacciari & Padovani, in press ; Gardner et al. 1978 ; Gibbs, 1991 ; Levorato & Cacciari, 1992). La recherche menée chez 228 enfants âgés de 8 à 11 ans a pour objectif d’étudier les liens entre compréhension de la métaphore et compréhension de l’écrit. Dans l’interprétation de la métaphore nominale, des auteurs supposent que la difficulté réside moins dans le traitement du langage figuré que dans le traitement co-­‐référentiel (Gibbs, 1990 ; Onishi & Murphy, 1993), procédé similaire à celui impliqué dans le traitement des anaphores nominales et pronominales. Or, la littérature a montré que les enfants faibles compreneurs présentent des difficultés dans le traitement des marques anaphoriques insérées dans des énoncés de type littéral (Megherbi & Ehrlich, 2005), mais également dans le traitement figuré des expressions idiomatiques (Cain, Oakhill & Lemmon, 2005). Nous contrastons des bons et faibles compreneurs sur la base de scores en compréhension de textes écrits et étudions leurs performances sur des épreuves de métaphores et d’anaphores, ainsi que leur sensibilité à des facteurs faisant varier la complexité des traitements comme la proximité sémantique entre la topique et le véhicule pour la métaphore. Les premières analyses montrent que les deux opérations sont très corrélées sur l’ensemble de l’échantillon, mais des différences émergent lorsque l’on considère les deux groupes d’enfants. Les résultats sont discutés dans le cadre de modèles d’acquisition. Jeudi 12 Septembre Défauts d’attention en conduite automobile : quelques mécanismes cognitifs sous-­‐jacents -­‐ C. Gabaude & G. Michael La distraction et l’inattention expliquent environ 20% des accidents1. Leur classification permet de comprendre leurs conséquences2, mais il reste à trouver les mécanismes cognitifs sous-­‐jacents. Ce symposium propose d’explorer certains de ces facteurs. Un effort est fait pour déterminer la façon dont les pensées non émotionnelles et non liées à l’activité de conduite modifient cette dernière. Ensuite le rôle de certaines caractéristiques inhérentes aux individus dans les stratégies de régulation de la charge cognitive au volant est abordé. La troisième présentation examine le rôle des émotions négatives sur la variation de la taille de la fenêtre attentionnelle. Enfin, à l’aide des techniques comportementales et physiologiques, la façon dont les défauts d’attention affectent le traitement de l’information en fonction de leur source. 1 Galera C. et al. (2012). BMJ 2012;345:e8105. 2 Regan, M. et al. (2011). Accid. Anal. & Prev. 43(5): 1771-­‐1781. Inattention au volant: impact des pensées distractives sur le comportement attentionnel -­‐ C. Lemercier1, C. Pêcher 2, & G. Berthié1 1Université Toulouse 2 2Université de Bourgogne Le mind-­‐wandering (pensées non liées à la tâche en cours) est une des causes reconnues d’inattention1. Un tel concept recouvre l’ensemble des pensées du sujet humain. Plusieurs 25 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie études ont déjà montré un impact fort des pensées émotionnelles sur le comportement du conducteur au volant2. Qu’en est-­‐il de l’impact des pensées distractives sur l’attention que le conducteur porte à son activité principale? L’étude comprend deux phases : induction de pensées distractives (encodage d’associations image/mot et image/intention), conduite sur un parcours autoroutier simulé comportant des panneaux présentant des images, parmi lesquelles celles encodées lors de la phase d’induction. Les participants rappellent le mot associé (rappel rétrospectif) ou l’intention associée (rappel prospectif) à l’image présentée. Des données oculaires sont enregistrées. Les pensées distractives conduisent à une altération des micro-­‐régulations à la fois sur la vitesse et sur la position latérale. Par ailleurs, une augmentation de la charge mentale de travail est observée. Enfin, une dégradation du comportement de balayage visuel de la scène routière est observée3. Les pensées distractives entrainent donc une altération du comportement de balayage visuel et de gestion de l’environnement de conduite. 1 Smallwood, J., et al. (2003). Consciousness and Cognition, 12, 452–484. 2 Pêcher, C. et al. (2009). Safety Sci. 47(9), 1254-­‐1259. 3 He, J. et al. (2011). Human Factors, 53, 13-­‐21. Influence du flow psychologique sur la gestion des tâches cognitives en conduite automobile : approche comparée des mesures subjective et objective de l’effort mental -­‐ C. Gabaude1, V. Rolland2, A. Carrotte2, C. Jallais1, A. Fort2, B. Baracat3, & M. George2 1 IFSTTAR-­‐TS2-­‐Lescot 2 Laboratoire EMC, Université Lumière Lyon 2 3 CUFR J.F. Champollion, Albi Afin d’aider les conducteurs inattentifs, il est nécessaire de mieux comprendre l’effet de l’interférence cognitive sur l'activité de conduite. Des travaux indiquent que différentes stratégies de régulation de la charge cognitive existent1. Comme l’activité de conduite peut être une expérience autotélique, la prédisposition des conducteurs pour le flow psychologique pourrait influencer leurs stratégies. En effet, de nouvelles perspectives en sciences cognitives sur l’attention et l’action remettent en question certaines théories attentionnelles classiques et attestent de l’existence d’une attention sans effort2. Une expérience sur simulateur de conduite a été réalisée auprès de 23 conducteurs (26 ans d’âge moyen) en comparant deux situations pouvant induire des distractions d’ordre cognitif à la tâche de conduite seule. La prédisposition au flow est évaluée à l’aide d’une version française du Swedish Flow Proneness Questionnaire3. L’effort mental est mesuré à l’aide du Driving Activity Load Index et de la variabilité du rythme cardiaque. Une corrélation négative entre la propension au Flow et l’effort mental déclaré est observée. Cependant, la variabilité du rythme cardiaque n’est pas différente chez les individus ayant une forte ou faible propension au flow. Par ailleurs, les stratégies de régulation de la charge cognitive mise en œuvre sur nationale et sur autoroute semblent différentes. 1Gabaude, C. et al. (2012). http://hfes-­‐europe.org. 2Bruya, B. (2010). Effortless attention. 3Ullèn, F. et al. (2012). Pers. Indiv. Differ., 52, 167-­‐172. Effets de la colère et de la tristesse sur le champ visuel utile des conducteurs -­‐ C. Jallais, J. Rogé, A. Fort, & C. Gabaude IFSTTAR-­‐TS2-­‐Lescot 26 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La conduite automobile requiert un traitement en continu de l’information visuelle. Les émotions influencent l’attention visuelle tant en sélection qu’en traitement de l’information pertinente. Les états émotionnels négatifs peuvent conduire à de l’inattention et avoir un effet sur le désengagement, la flexibilité attentionnelle et le traitement des informations spatiales1. Le CVU est la partie du champ visuel périphérique autour du point de fixation dans laquelle les informations peuvent être traitées en situation de double tâche3. Des facteurs internes, comme l’âge ou la fatigue, réduisent la taille de la fenêtre attentionnelle, pouvant engendrer un phénomène de vision en tunnel2. A ce jour, aucune étude n’a envisagé les effets d’un contexte émotionnel sur le CVU en conduite automobile. Les effets de la colère et de la tristesse sont étudiés sur le CVU en comparaison d’un groupe contrôle. Le participant doit suivre un véhicule et repérer les changements de couleur d’un disque situé sur l’arrière de celui-­‐ci tout en détectant des points apparaissant brièvement à différentes excentricités de leur champ visuel. Le CVU est évalué sur la base des performances obtenues dans la tâche périphérique. Les résultats révèlent un effet positif de la colère (une meilleure détection dans la tâche centrale sans détériorer celle de la tâche périphérique) mais une dégradation du CVU en tristesse. Une classification de ces émotions dans la taxonomie de l'inattention est discutée. 1Pêcher, C. et al. (2009). SAFETY SCI L, 47, 1254-­‐1259. 2Rogé, J. et al.. (2009) SAFETY SCI, 47, 1271-­‐1276. 3Ball, K. et al. 1988. J OPT SOC AM, 5(12), 2210–2219. Défauts d’attention en conduite automobile simulée : approche comportementale et électrophysiologique -­‐ A. Fort1, C. Gabaude, C. Pêcher2, C. Jallais1, & B. Baracat3 1 IFSTTAR-­‐TS2-­‐Lescot 2 Université de Bourgogne 3 CUFR J.F. Champollion, Albi Afin de mieux comprendre comment les défauts d’attention peuvent impacter la conduite automobile1 et plus particulièrement le traitement de l’information, une expérience faisant varier la source du défaut d’attention a été réalisée sur simulateur. Les participants conduisaient dans 4 conditions. En condition contrôle, ils n’avaient que la tâche de conduite à effectuer. Dans deux conditions de distraction, ils devaient en parallèle réaliser une tâche d’imagerie mentale visuo-­‐spatiale (VS) ou une tâche de réflexion mentale d’ordre verbal (V). Enfin ils devaient conduire après avoir été induit dans un état émotionnel triste, l’hypothèse étant que cette induction engendre lors de la phase de conduite des ruminations pouvant dégrader le traitement de l’information2. Des données comportementales et électrophysiologiques (potentiels évoqués et activité cardiaque) ont été recueillies. Les résultats préliminaires révèlent que les tâches VS et V augmentent chacune les temps de réaction (TR) mais affectent différemment les mesures électrophysiologiques. L’induction peut augmenter ou diminuer les TR, mais aucun effet n’a été mis en évidence au niveau électrophysiologique. 1 Klauer et al., 2006. The impact of driver inattention on near-­‐crash/crash risk: An analysis using the 100-­‐car naturalistic driving study data. VTTI, pp. 226. 2 Pêcher et al. ,2011. In D.A. Hennessy (Ed.), Traffic psychology: An international perspective. NY: Nova Science Publishers. Identification, reconnaissance, et dénomination des expressions faciales émotionnelles -­‐ V. Quaglino & M. Hainselin 27 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Ce symposium présente des études réalisées dans l’identification, la reconnaissance et la dénomination des expressions faciales émotionnelles (EFE) ou de leur contexte, chez des participants tout venants, jeunes et âgés, et des patients atteints de pathologies (alcoolisme et maladie d’Alzheimer). L'originalité des études présentées réside dans les aspects méthodologiques, utilisant des épreuves d’amorçage affectif, ou des évaluations interrogeant l’évocation ou la reconnaissance d’EFE ou de leur situation. En effet, il semble nécessaire de développer, dans les bilans cognitifs, une évaluation des compétences émotionnelles utilisant des paradigmes adaptés. De plus, il est montré que l’interprétation des performances doit prendre en compte l’ensemble des facteurs cognitifs et personnels des participants. Ces altérations des traitements émotionnels seront alors importantes à considérer dans la prise en charge des patients, notamment dans l’ajustement aux signaux émotionnels en situation d’interaction. Reconnaissance des expressions faciales émotionnelles chez des patients alcoolodépendants : intérêts pour la prise en charge -­‐ E. Dewever & V. Quaglino Université de Picardie Jules Verne Des études ont montré que les alcoolodépendants (ALC) présentaient des déficits de la reconnaissance des expressions faciales émotionnelles (EFE), pour la colère, le dégoût (Townshend & Duka, 2003), ou la tristesse (Frigerio et al., 2002). De plus, les cortex orbitofrontal, cingulaire, l’insula et le striatum ventral sont des substrats neuronaux impliqués dans la reconnaissance des émotions et dans la dépendance. L’alcoolodépendance pourrait être associée à une mauvaise reconnaissance des EFE (Verdejo-­‐García & Bechara, 2009). Toutefois, peu d’étude ont pris en considération les facteurs personnels et les performances cognitives dans l’interprétation de ces déficits. Nous avons comparé les scores de 18 alcoolodépendants sevrés (ALC) et 18 buveurs occasionnels (BO) appariés selon l’âge (34 à 50 ans) et le niveau socioculturel. L’investigation cognitive incluait une batterie de tests standardisés et la reconnaissance d’EFE représentant cinq émotions (joie, peur, tristesse, colère et dégoût). Les résultats ont mis en évidence que les ALC obtenaient des performances plus faibles que les BO pour les empans visuo-­‐spatiaux, la copie de la figure de Rey, le nombre de persévération au RL/RI-­‐16, le Modified Card Sorting Test et le Trail Making Test, ainsi que pour la reconnaissance des EFE colère, tristesse et dégoût. L’âge de début d’alcoolisation était corrélé positivement aux performances des ALC pour la reconnaissance de l’EFE de dégoût (R = 0.62). Ce déficit de reconnaissance des EFE est particulièrement important à considérer dans la prise en charge thérapeutique des patients alcoolodépendants. Frigerio, E., Burt, D. M., Montagne, B., Murray, L. K., & Perrett, D. I. (2002). Facial affect perception in alcoholics. Psychiatry research, 113, 161–71. Townshend, J. M., & Duka, T. (2003). Mixed emotions: alcoholics’ impairments in the recognition of specific emotional facial expressions. Neuropsychologia, 41, 773–82. Verdejo-­‐García, A., & Bechara, A. (2009). A somatic marker theory of addiction. Neuropharmacology, 56, 48–62. Amorçage affectif des expressions faciales émotionnelles : un traitement spécifique ? -­‐ F. Cerroti & V. Quaglino Université de Picardie Jules Verne L’amorçage affectif se manifeste lorsque le traitement de deux stimuli congruents (même valence émotionnelle) est plus rapide que lorsqu’ils ne le sont pas, engageant l’activation de 28 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie régions cérébrales spécifiques (Zhang, Lawson, Guo, & Jiang, 2006). Hermans, De Houwer et Eelen (2001) ont mis en évidence un effet d’amorçage affectif, pour des adjectifs, avec des SOA (Stimulus Onset Asynchrony) courts (moins de 150 msec), mais pas avec des SOA longs (300 et 450 msec). Des mécanismes automatiques pourraient ainsi être activés par la présentation d’une amorce affective (Herring et al., 2013). Si de nombreuses études ont utilisé des adjectifs émotionnels, peu cependant ont manipulé des expressions faciales émotionnelles (EFE). Notre étude a pour objectif d’évaluer l’influence des SOA dans une tâche évaluative d’amorçage affectif d’EFE. Dix-­‐neuf étudiants ont participé à cette étude consistant à déterminer si les visages-­‐cibles présentés, étaient « joyeux» ou « tristes ». Les cibles étaient précédées de visages-­‐amorces joyeux, tristes ou neutres, dans deux conditions de SOA courts (100 ms) et longs (500 ms). L’indice de mesure était le temps de réponse (ms) nécessaire aux participants pour effectuer une décision évaluative lors de la présentation de la cible. Les résultats ont mis en évidence des temps de réponses plus faibles lors de la présentation de stimuli congruents pour le SOA de 100 ms, mais pas pour le SOA de 500 ms. Ces résultats vont dans le sens de la mise en jeu de mécanismes automatiques, au niveau de l’amorce, avec des EFE. Frigerio, E., Burt, D. M., Montagne, B., Murray, L. K., & Perrett, D. I. (2002). Facial affect perception in alcoholics. Psychiatry Research, 113(1-­‐2), 161–71. Hermans, D., De Houwer, J., & Eelen, P. (2001). A time course analysis of the affective priming effect. Cognition and Emotion, 15(2), 143–165. Herring, D. R., White, K. R., Jabeen, L. N., Hinojos, M., Terrazas, G., Reyes, S. M., Taylor, J. H., et al. (2013). On the Automatic Activation of Attitudes: A Quarter Century of Evaluative Priming Research. Psychological Bulletin. Contexte et label émotionnels des émotions dans le vieillissement et la maladie d’alzheimer -­‐ M. Hainselin1 & V. Quaglino2 1 INSERM-­‐EPHE-­‐UCBN U1077 2 Université de Picardie Jules Verne De nombreuses études ont mis en évidence des déficits dans la reconnaissance des expressions faciales émotionnelles (EFE) au cours du vieillissement normal (VN) (Keightley, Chiew, Winocur, & Grady, 2007) et dans la maladie d’Alzheimer (MA) (Klein-­‐Koerkamp, Beaudoin, Baciu, & Hot, 2012). Cependant, ces évaluations ont souvent utilisé la dénomination des EFE, alors que les capacités langagières des participants pouvaient être déficitaires. L’objectif de notre étude a été d’étudier la reconnaissance des EFE au cours du VN et dans la MA, sans dépendre uniquement de la dénomination du label émotionnel. Trois groupes de participants ont été inclus : 26 participants jeunes, 21 participants âgés, et 28 patients atteints de la MA. La reconnaissance des EFE a été évaluée à l’aide d’un paradigme original comprenant 4 conditions, croisant 2 tâches (évocation spontanée vs reconnaissance à choix multiple) et 2 types de réponse (label émotionnel vs contexte relatif à l’émotion). Pour la reconnaissance des contextes, des listes de phrases correspondant à une situation représentative d’une émotion, ont été testées au préalable. Les performances ont été comparées à l’aide de tests non paramétriques. En évocation spontanée, les participants sains, jeunes et âgés, ont obtenu de meilleures performances pour décrire un contexte relatif à l’émotion que pour dénommer son label. Le pattern inverse a été retrouvé en reconnaissance. Dans la MA, les patients ont obtenu de meilleures performances, en évocation spontanée comme en reconnaissance, avec le label comparativement au contexte émotionnel. Ces résultats confirment le rôle des capacités langagières dans la reconnaissance des EFE. Keightley, M.L., Chiew, K.S., Winocur, G., & Grady, C.L. (2007). Age-­‐related differences in brain activity underlying identification of emotional expressions in faces. Social Cognitive and Affective Neuroscience, 2, 292-­‐302. 29 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Klein-­‐Koerkamp, Y., Beaudoin, M., Baciu, M., & Hot, P. (2012). Emotional decoding abilities in Alzheimer’s disease: a meta-­‐analysis. Journal of Alzheimer’s Disease, 32(1), 109–25. Conscience, Corps, Action : quelques aspects discutés vers 1900 -­‐ G. Lecocq & I. Saillot A l’aube du vingtième siècle, des évolutions conceptuelles favorisent de nouveaux débats sur la place de la conscience par rapport à un « propre de l’homme » fuyant. Dans le même temps, une conception renouvelée du corps va être à l’œuvre au sein des gestes sportifs. Si l’expérience du corps propre favorise la création d’un geste moteur autonome par rapport à la conscience du sujet, le débat s’approfondit sur ce que doit être l’objet de la psychologie : l’expérience ou la conscience renverront respectivement aux options fonctionnaliste et structuraliste. Sur le terrain d’un naturalisme métaphysique novateur, P. Janet et J. Dewey font des phénomènes de conscience des réactions internes à nos propres conduites. Au cours de ce symposium, le théâtre incarné de la conscience sera ainsi confronté à l’inconscience qui est mise en jeu lors d’une action motrice et à la façon dont la cognition prend en compte un corps qui s’exprime en première personne. De l’inconscience d’être sportif ! -­‐ G. Lecocq Ileps-­‐cergy, crp-­‐ea7273-­‐upjv Quelles sont les intelligences mobilisées par un sujet sportif pour réaliser des performances ab-­‐normales ? A quelles conditions la fatigue associée à un effort sportif devient-­‐elle sans limite ? Que devient le rôle de la conscience lorsque le corps se décline en première personne et permet au sujet sportif de développer une motricité jusqu’alors muette ? C’est à partir de ces trois questions que nous nous proposons d’identifier de quelles façons la psychologie à développer une compréhension du phénomène sportif tout au long de la première moitié du vingtième siècle autour : -­‐ Des phénomènes culturels mis en scène dans le cadre d’une compétition sportive, -­‐ Des façons dont les gestes sportifs esquissent et assument des figures existentielles et des représentations du monde. Deux formes d’expériences motrices seront plus particulièrement étudiées : -­‐ L’expérience du corps propre, ce corps en première personne qui favorise la création d’un geste moteur efficace et qui dans le même temps est autonome par rapport à la conscience d’un sujet qui produit ce geste. -­‐ L’expérience de la compétition qui se révèle à travers des actes psychologiques individuels qui ne peuvent pourtant se réaliser que dans la conscience de l’existence de partenaires et d’adversaires et dans l’inconscience des liens intersubjectifs qui mettent en scène ces mêmes adversaires et partenaires. Entre inconscience corporelle et conscience psychologique, nous conclurons nos propos en précisant de quelles façons des modèles psychologiques élaborés lors de la première moitié du vingtième siècle restent intelligibles pour permettre à un sujet sportif du vingt et unième siècle de dépasser la double aliénation qui le guette : s’oublier dans l’hyper compétition ou s’oublier dans l’activité autotélique pure. Pierre janet et « le problème de la conscience » -­‐ I. Saillot Réseau Janet Reprenant à son compte la question d’A Garnier « La conscience est-­‐elle une faculté spéciale ? » (1852), P. Janet détaille sa position dans L'Évolution psychologique de la 30 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie personnalité (1929). Au sein de ce qu’il appelle « le problème de la conscience », Janet définit la conscience comme « une certaine connaissance » que l'être vivant a de ce qui se passe en lui-­‐même ; ainsi, dans le cadre de son « primat de l’action » (Prévost, 1973), le fait psychologique étant la conduite de l'être vivant, les phénomènes de conscience commencent à un second degré quand apparaissent des réactions internes à nos propres conduites : la conscience s’y « surajoute », c’est la « conscienciation », que Janet appellera aussi, après Claparède (1916), la « prise de conscience ». Ce « quelque chose que nous ajoutons intérieurement à nos propres conduites » n’est pas sans rappeler la définition des émotions : c'est l'absence ou la présence d’émotions qui nous permet de dire si un individu a ou n'a pas conscience. Le problème de la conscience une fois ramené à celui des émotions s’ancre alors chez Janet dans ses travaux antérieurs sur les liens entre émotion et action. En soutenant Dewey (1895) contre la théorie des émotions de James (1884), Janet anticipe de plusieurs décennies la redécouverte du rôle des émotions dans l’adaptation des actes au contexte. Références Dewey, J. (1895). The Theory of Emotion. (2) The Significance of Emotions. Psychological, Review, 2, pp.13-­‐32. Janet, P. (1926 – 1928). De l'Angoisse à l'extase. Études sur les croyances et les sentiments. Paris: Alcan. Janet, P. (1929). L'Évolution psychologique de la personnalité. Paris: Chahine. Garnier, A. (1852). Traité des facultés de l'âme. Paris:Hachette. Claparède, É.. (1916). L’École et la psychologie expérimentale», Annuaire de l’Instruction publique en Suisse, pp.71-­‐130. James, W. (1884). What is an Emotion? Mind, vol. 9, pp. 188-­‐205. Prévost, C. (1973). La psycho-­‐philosophie de Pierre Janet. Paris: Payot. John dewey et le théâtre désincarné de la conscience -­‐ T. Camus Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 Partant des considérations de J. Dewey (1896, 1899, 1903) concernant ce que doit être l’objet et le point de vue de la psychologie (l’expérience plutôt que la conscience et le fonctionnalisme plutôt que le structuralisme), j’aimerais développer ici les prérequis nécessaires à cette conception de la psychologie ainsi que certaines des conséquences qu’impliquent ces positionnements théoriques. En premier lieu, rappeler que l’adoption d’un naturalisme métaphysique visant à rétablir l’unité du sujet et de l’expérience est nécessaire pour surmonter les dualismes qui jalonnent tant l’histoire de la philosophie que celle de la psychologie. Deuxièmement, expliciter en quoi la continuité ainsi restaurée entre le sujet et l’expérience permet de redéfinir la compréhension de l’individu en terme d’actes. Enfin, proposer des liens conceptuels avec des éléments de théories plus récentes dans l’histoire de la psychologie, telle que la notion d’affordance chez J.J. Gibson (1977, 1979). La problématique de la conscience dans les débuts de la psychologie et ses retentissements dans les sciences contemporaines de la cognition -­‐ J-­‐M. Gallina PSITEC, Université Lille 3 Les théories classiques de la conscience sont un lieu de tension que l’on retrouve aujourd’hui dans la confrontation entre neurosciences et philosophie de l’esprit. Comment la psychologie peut-­‐elle s’inscrire dans ces débats et quel peut être son apport ? 31 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Wundt (1832-­‐1920) prétend faire de la psychologie une science distincte dont les « états mentaux » seraient l’objet spécifique supposant une méthode propre : l’introspection expérimentale. Plus tard, Külpe, Titchener et Bühler, dans le sillage de l’école de Leipzig, vont s’opposer à l’élémentarisme wundtien et mettent en évidence le fonctionnement global de la conscience. Stumpf (1848-­‐1936), élève de Brentano veut, quant à lui, s’appuyer sur l’introspection, mais dans une perspective qui se distingue à la fois de l’élémentarisme de Wundt et d’une phénoménologie transcendantale telle qu’elle se présente chez Husserl. William James, enfin, ouvre dès la fin du 19ème siècle, une perspective qui présage des interrogations contemporaines à l’égard de la question de la conscience. Il promeut une méthode alliant l’introspection et l’expérimentation. Il défend un « empirisme radical » (1912) et propose une conception de la conscience comme un « flux », un « courant » (stream of consciousness). La question de la conscience paraît être un enjeu central des discussions de la psychologie naissante : leur examen éclaire, nous semble t-­‐il, les enjeux des débats contemporains dans lesquels on retrouve cette tension entre un matérialisme réductionniste très présent dans les neurosciences et une forme de dualisme « réformé » qui peut se rencontrer dans les théories de Davidson (1980) ou celle de Chalmers (1996). La psychologie d’aujourd’hui trouvera t-­‐elle sa place dans cette configuration épistémologique ? L'apprentissage de la lecture dans des conditions atypiques -­‐ J. Ecalle, B. Lété, & A. Magnan Ce symposium porte sur l'apprentissage de la lecture chez des enfants dyslexiques, dysphasiques, sourds et porteurs du syndrome de Williams. Leur mode d'appropriation du code écrit malgré leur différent déficit (sensoriel, génétique et cognitif) est une source précieuse d'informations pour comprendre l'acquisition normale de la lecture et proposer des remédiations. La discussion portera sur le déficit phonologique et l’impact sur la lecture (Ramus et al., 2013; Majerus et al., 2011 ; Leybaert & La Sasso, 2010). Bibliographie Leybaert, J., & LaSasso, C. J. (2010). Cued speech for enhancing speech perception and first language development of children with cochlear implants. Trends in Application, 14, 96-­‐112. Majerus, S., et al. (2011). Evidence for atypical categorical speech perception in Williams syndrome. Journal of Neurolinguistics, 24, 249-­‐267. Ramus, F., et al. (2013). Phonological deficits in specific language impairment and developmental dyslexia: towards a multidimensional model. Brain, 136(2), 630-­‐645. Dyslexie & dysphasie : les mêmes difficultés en lecture ? un même déficit phonologique ? -­‐ E. Demont, C. Nithart, M-­‐N. Metz-­‐lutz LPC, Université de Strasbourg La dyslexie développementale et la dysphasie développementale constituent deux troubles spécifiques du langage. Si la dyslexie est considérée comme une pathologie du langage écrit et la dysphasie comme une pathologie du langage oral, de nombreux dyslexiques semblent présenter des difficultés du langage oral et une majorité des dysphasiques présenterait également des difficultés massives en lecture. Nous inscrivant dans la continuité des études ayant cherché à préciser la nature de la relation entre ces deux troubles neuro-­‐
développementaux (e.g. Bishop et al., 2004 ; Catts et al., 2005 ou plus récemment, Ramus et al., 2013), notre recherche visait à déterminer si les difficultés en lecture présentées par les dyslexiques et les dysphasiques étaient liées à un même déficit phonologique. Différents 32 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie composants du traitement phonologique réputés être impliqués lors de l’apprentissage de la lecture ont été simultanément évalués : discrimination phonologique, conscience phonologique, mémoire phonologique (dont la mémoire sérielle). Au-­‐delà de l’observation chez les enfants dyslexiques et/ou dysphasiques, de difficultés notables dans la manipulation de la structure phonologique du langage, notre étude est une des premières études à mettre en évidence un déficit sévère de la mémoire sérielle. A l’instar de ce qui a été observé pour la conscience phonologique, il convient de souligner que ce déficit apparaît plus marqué chez les dysphasiques. Par ailleurs, seuls les enfants dysphasiques présentent un déficit de la discrimination phonologique (Ziegler et al., 2011). Nos résultats conduisent à conclure que le déficit phonologique à l’origine des difficultés en lecture observés chez des dyslexiques et des dysphasiques ne serait pas de même nature (Demont et al., 2010 ; Nithart et al., 2009). L'apprentissage de la lecture chez des enfants sourds implantés: rôle du code lpc -­‐ S. Colin1, J. Ecalle2, & A. Magnan2 1 ISPEF, Université de Lyon 2Laboratoire EMC, Université L yon 2 De plus en plus d’enfants sourds profonds sont munis d’un implant cochléaire (IC). Si les bénéfices sont significatifs en perception de la parole par rapport aux prothèses conventionnelles (Geers et al., 2003; Watson et al., 2006), l’IC ne fournirait qu’une information phonétique imparfaite sur le lieu d’articulation et le voisement (Leybaert et al., 2005). Les mots proches phonologiquement seraient mal perçus, d’autant plus s’ils sont nouveaux, produits rapidement et dans le bruit. Ce constat conduit à s’interroger sur la pertinence d’une aide à la lecture labiale avec un codage LPC (Langage Parlé Complété) à ces enfants afin qu’ils construisent des représentations phonologiques précises susceptibles de faciliter l'apprentissage de la lecture. Le LPC est un système manuel qui permet une perception visuelle complète en temps réel de la parole (Leybaert et al., 1998). Il permet d’identifier une syllabe du français parlé en combinant les informations manuelle et labiale. Son apport sur l'apprentissage de la lecture a déjà été mis en évidence (Colin et al., 2007; 2013) mais peu de travaux portent sur le rôle conjoint de l'IC et du LPC. Nous avons comparé les performances d’enfants sourds implantés (précocement vs tardivement) et exposés au LPC (précocement vs tardivement) à celles d’ entendants de même âge chronologique (m = 8;7 ans; sd = 9 mois) et de même niveau scolaire (CE1-­‐CE2) dans des épreuves de phonologie, lecture (décodage et compréhension), orthographe et vocabulaire. Les analyses de régressions révèlent une contribution significative de l’âge d’implantation sur les habiletés testées (après avoir contrôlé l’âge chronologique) et aucun apport significatif du facteur âge d’exposition au LPC. Cependant, conformément à notre hypothèse, les enfants sourds implantés et exposés tôt au LPC développent un profil de lecteur proche des entendants. Les résultats plaident en faveur de la nécessité de compléter l'apport de l'IC par l'utilisation d'informations visuelles (LPC, lecture labiale) (Leybeart & La Sasso, 2010) pour faciliter la lecture. Le traitement syllabique en lecture : les enfants dyslexiques y ont-­‐ils accès ? -­‐ N. Maionchi-­‐Pino1, J. Ecalle2, & A. Magnan2 1 LAPSCO, Université Clermont-­‐Ferrand 2Laboratoire EMC, Université Lyon 2 L’une des nombreuses questions qui agite la communauté scientifique concerne la nature du déficit phonologique chez les enfants dyslexiques, alors même que celui-­‐ci tend, 33 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie progressivement, à être reconnu comme un marqueur universel de leurs difficultés en lecture. Et en français, se pose notamment la question de la taille des représentations phonologiques impliquées. Alors que la syllabe est une unité linguistique dont l’importance est avérée en français (Chetail & Mathey, 2008 ; 2009 ; Doignon & Zagar, 2005 ; 2006 ; Maïonchi-­‐Pino, Magnan, & Ecalle, 2010a), ce n’est pourtant que récemment certains travaux se sont penchés sur le statut de la syllabe en lecture chez les enfants dyslexiques (Maïonchi-­‐
Pino, Magnan, & Ecalle, 2010b; Doignon-­‐Camus et al., 2013). Bien qu’encore peu nombreux, ces travaux ont montré que les enfants dyslexiques seraient capables d’accéder et de segmenter les mots écrits sur la base d’unités syllabiques. De manière surprenante, au même titre que les enfants normo-­‐lecteurs de même âge chronologique et lexique, les enfants dyslexiques seraient sensibles aux propriétés de celles-­‐ci, à savoir : la fréquence de la syllabe initiale, la complexité de la structure syllabique, la sonorité… (Maïonchi-­‐Pino, de Cara, Écalle, & Magnan, 2012a; 2012b). Cette présentation tentera de faire un état des lieux des connaissances actuelles en décrivant les principaux résultats qui contribuent à alimenter le débat qui oppose les partisans de représentations phonologiques sous-­‐
spécifiées aux partisans d’un accès aux représentations phonologiques dégradé (Ramus & Szenkovits, 2008) et introduira une nouvelle perspective de recherche qu’est la « grammaire phonologique universelle ». Apprentissage de la lecture chez des enfants et adolescents porteurs du syndrome de Williams -­‐ N. Marec-­‐Breton1, E. Bonjour1, A. Lacroix1, & S. Majerus2 1 CRPCC EA1285, Université Rennes 2 2 Université de Liège Le syndrome de Williams (SW) est une maladie génétique rare pour laquelle un profil neuropsychologique atypique a souvent été décrit. Celui-­‐ci se caractérise par une dissociation entre la cognition spatiale considérée comme déficiente et le langage considéré comme préservé (Bellugi & al., 2000). Le langage oral des enfants et adolescents porteurs du SW a été beaucoup étudié. Les études mettent en avant des aspects structuraux préservés (le lexique par exemple) et des aspects pragmatiques plus altérés (Lacroix & al., 2007, 2010). Cependant, le langage écrit n’a été que peu exploré. Les principales recherches se sont attachées à étudier les relations existantes entre les capacités phonologiques et le niveau de lecture (Laing & al., 2001 ; Levy & al., 2003 ; Majerus & al., 2011 ; Menghini & al., 2004). L’objectif de notre étude est de caractériser les capacités en décodage et compréhension de 10 SW pour comprendre leurs relations avec leur niveau intellectuel, leurs capacités phonologiques, perceptives, visuo-­‐attentionnelles et visuo-­‐spatiales et leurs capacités mnésiques. Les performances des SW sont comparées à celles d’enfants typiques de même niveau de lecture. Les résultats seront discutés autour de 2 axes : (1) comment se caractérisent le profil des SW dits lecteurs et celui de ceux dits non-­‐lecteurs et (2) comment peut-­‐on expliquer, au regard de leurs compétences, l’accès à la lecture pour certains et le non-­‐accès à la lecture pour d’autres. Vendredi 13 Septembre Entraînement aux apprentissages scolaires -­‐ A. Magnan, J. Ecalle, & B. Lete L'objectif est de rendre compte de l'apport de travaux en psychologie cognitive dans le domaine des apprentissages scolaires. Les résultats de recherches fondamentales ont permis de développer des outils ou des situations d'aides aux apprentissage. Il s'agira de présenter des recherches novatrices dans le domaine des entraînements aux apprentissages scolaires. Plusieurs domaines seront explorés, l'entraînement multi-­‐sensoriel à la connaissance des lettres (H. Labat, Paris 8), l'entraînement à la compréhension en lecture 34 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie chez les jeunes enfants (A. Potocki, Lyon2) et chez les collégiens (C. Quaireau, Rennes 2) et l'entraînement aux activités numériques (M. Fayol, Clermont-­‐Ferrant). Effets d’entraînements informatisés adaptés aux profils des faibles lecteurs -­‐ A. Potocki, N. Kleinsz, J. Ecalle, & A. Magnan Laboratoire EMC, Université Lyon 2 Selon la formule classique L = R * C de Gough et Tunmer (1986), la lecture (L) est le produit de l’interaction entre des processus spécifiques de reconnaissance des mots écrits (R) et des processus plus généraux de compréhension du langage (C). Cette formule rend interdépendantes ces deux composantes et la lecture experte ne saurait d’ailleurs les dissocier. A l’inverse, on observe que les difficultés des enfants faibles lecteurs peuvent touchées de manière relativement spécifique l’une ou l’autre de ces capacités. Les enfants faibles identifieurs présentent ainsi des difficultés au niveau de l’identification des mots écrits alors que les enfants faibles compreneurs connaissent des difficultés récurrentes au niveau de la compréhension du langage, à l’oral comme à l’écrit. Pour chaque profil de faibles lecteurs, il convient donc de proposer des aides qui soient adaptées c’est-­‐à-­‐dire qui visent spécifiquement la composante de lecture déficitaire (Aaron et al, 2008). Cette étude se propose de présenter les effets différenciés de deux entraînements informatisés visant l’un, l’identification de mots écrits (Ecalle et al, 2013) et l’autre, la compréhension (Potocki et al, 2013). La validité de ces logiciels a été éprouvée auprès d’enfants faibles identifieurs et faibles compreneurs scolarisés en CP et CE1 dans le cadre d’un paradigme classique pré-­‐
test/entraînement/post-­‐tests avec groupe expérimental et groupe contrôle. Le suivi longitudinal de ces enfants a de plus permis de tester le maintien à long-­‐terme des bénéfices observés dans des épreuves de lecture de mots pour l’un et de compréhension orale et écrite de récits pour l’autre. Aide à la maîtrise de la compréhension implicite des textes : tacit, un logiciel d’évaluation et de remédiation -­‐ F. De la haye1, O. Le Bohec2, Y. Noël2, C. Quaireau2, & J. Nogues 1 CRPCC & IUFM Saint Brieuc, Université Bretagne Ouest 2 CRPCC, Université Rennes 2 Un enfant sur cinq présente des difficultés de compréhension (INSEE, 2011) qui peuvent persister jusqu’à l’âge adulte. La compréhension de l’implicite des textes, qui correspond à la capacité à effectuer des inférences (Cain, Oakhill & Bryant, 2004), est particulièrement cruciale : elle est spontanée et instantanée chez les normo-­‐lecteurs mais peut poser problème pour certains lecteurs. Cain, Oakhill, Barnes et Bryant (2001) ont montré qu’il s'agirait essentiellement d'un problème de mise en place de stratégies d'intégration des éléments. L’analyse des pratiques pédagogiques (Benoit & Boule, 2001 ; Goigoux, 2000) montre que les élèves sont généralement très peu sollicités sur le registre de la compréhension implicite, quand ils ne sont pas simplement encouragés à penser que toute réponse à une question sur le sens est présente explicitement dans le texte. L’apprentissage des stratégies de compréhension ne fait pas suffisamment l'objet d'un enseignement spécifique systématique -­‐ même si quelques outils papier-­‐crayon existent (Cèbe, Goigoux & Thomazet, 2003)-­‐, des recherches montrent pourtant que des entrainements permettent de développer les stratégies inférentielles (Bauman, 1986, Yuill & Joscelyne, 1988, Fritschmann & al. 2007). La compréhension de l’implicite doit donc faire l’objet d’entrainements spécifiques, au même titre que le décodage graphèmes-­‐phonèmes (Bianco, 2003). TACIT (Testing Adaptatif de la Compréhension de l’Implicite des Textes) est un logiciel en ligne (http://www.tacit.fr), développé pour permettre aux enseignants d’évaluer la compréhension de l’implicite et de construire des séances d’apprentissage différenciées. 35 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie L'évaluation est basée sur la méthodologie des modèles de réponse à l'item. Les premiers résultats suggèrent des effets positifs de l’usage de cet outil, notamment chez les sujets initialement les plus en difficulté. Comment aider les adolescents porteurs de retard mental à apprendre à lire et à écrire ?-­‐ H. Labat1, G. Karakaya2, G. Bussy3, J. Ecalle2 , & A. Magnan2 1 Laboratoire Paragraphe, Université Paris 8 2 Laboratoire EMC, Université Lyon 2 3 Service de génétique CHU Nord Saint-­‐Etienne La lecture constitue un socle fondamental aux apprentissages scolaires et l'étude de son acquisition dans des populations atypiques font l'objet d'un certain nombre de travaux. Les personnes porteuses de retard mental (RM) sont particulièrement en grandes difficultés dans cet apprentissage (Ratz & Lenhard, 2013). Celles-­‐ci seraient notamment reliées au faible niveau de conscience phonologique (Channel et al., 2013). La remédiation cognitive (basée sur les habiletés phonologiques et les correspondances audio-­‐visuelles ; Cohen et al., 2006) s’avère efficace pour améliorer la lecture. Par ailleurs, une étude pilote suggère que l’exploration haptique (i.e., toucher actif de la forme de la lettre) facilite l’apprentissage des lettres chez l’enfant RM (Labat et al., sous presse). Notre objectif est ici d’examiner l’impact d’un entraînement phonologique et multis ensoriel à la connaissance des lettres sur les capacités d’identification et de production de mots écrits chez les adolescents RM ? Un paradigme niveau de base / remédiation / niveau +1 est utilisé. Nous comparons l’amélioration de lettres entraînées et non entraînées. Des analyses de cas sont menées (N=7) avec le test Q’2*k afin d’évaluer l’effet de l’entraînement. De plus, la sensibilité à l’entraînement en fonction du profil cognitif est étudiée. Les résultats seront discutés dans le cadre de la théorie multisensorielle de l'encodage des traces mnésiques (i.e., Modèle Act-­‐In de Versace et al., 2009). Des entraînements pour améliorer les performances arithmétiques ? -­‐ M. Fayol, N. Gendre, & L. Pautonnier LAPSCO-­‐CNRS, Université Blaise Pascal, Clermont-­‐Ferrant L’importance sociale et scolaire de la réussite en arithmétique a conduit à s’intéresser à la fois à l’évolution des performances, aux indicateurs susceptibles de les prédire et aux dispositifs pouvant les améliorer. Parmi ces derniers, deux ont fait l’objet de recherches préliminaires : les connaissances perceptivo-­‐tactiles (Fayol et al., 1998 ; Noël, 2005) et la ligne numérique (Ramani & Siegler, 2008, 2011). L’objectif de la recherche est de comparer les effets respectifs de chacun de ces entraînements sur une population de 56 enfants de 5 ans scolarisés dans 3 classes de GSM. Un plan Pré-­‐test – Entraînement – Post-­‐test a été conduit en classe par les enseignantes elles-­‐mêmes à partir d’un protocole précis. Les 3 classes ont été pré-­‐testées à l’aide d’une batterie d’épreuves portant à la fois sur l’arithmétique et les capacités cognitives générales. Des entraînements ont ensuite été mis en place avec deux d’entre elles d’une durée égale (6 semaines) avec alternance : Doigts puis Ligne pour G1 ; Ligne puis Doigts pour G2 ; activités usuelles pour G3 (Groupe Contrôle). Des post-­‐tests ont été organisés à la fin des premiers (avril PT1) puis second (juin PT2) entraînements (6 et 12 semaines respectivement) et enfin, au retour des vacances d’été (PT3) sur des épreuves directement concernées par les entraînements et sur d’autres visant à évaluer les effets induits sur des performances arithmétiques non directement entraînées (dénombrement, comparaison de quantités, opérations). L’exposé présentera et comparera les effets de ces entraînements à court et moyen terme. 36 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Psychologie interculturelle et consciences -­‐ A. Molleron Le DAIP a le plaisir cette année d’accueillir des intervenants provenant de différents champs de la psychologie, chercheurs et/ou praticiens, qui travaillent ou ont travaillé avec des populations migrantes. Cette diversité des approches paraît de plus en plus indispensable pour élargir la compréhension de la conscience et de ses différents niveaux possibles en fonction des Cultures et de nous-­‐mêmes. Nous voyagerons de la psychologie du développement (C. Sabatier, Université de Bordeaux2-­‐ Segalen), à l’ethnopsychanalyse (A. Cherif, MSK, Paris), à la psychanalyse du Centre Primo Levi avec S. Agrali, en passant par les pratiques appliquées dans le champ social avec l’exposé de J. Costa-­‐Lascoux (CNRS, ADRIC), et aussi via l’anthropologie médicale clinique (A. Molleron, SFP, J. Cotxet, ETSUP). La discussion portera notamment sur les (in)compatibilités des grilles de lectures théorico-­‐
pratiques et conceptuelles qui se révèlent plus ou moins applicables in situ quand et là où nous les utilisons. Conscience de soi, conscience de l’autre, les perceptions mutuelles des adolescents et de leur mère de leurs attitudes d’acculturation -­‐ C. Sabatier1, & V. Avezou-­‐Boutry2 1 Université Bordeaux Segalen 2Université Paris Ouest L’acculturation est au cœur de la famille dans le cas des minorités culturelles et des populations qui ont immigré. Les perceptions mutuelles ainsi que les attributions font partie intégrante de la dynamique familiale et des processus d’adaptation au long cours des groupes qui ont immigré. La psychologie des relations familiales montre à la fois des différences générationnelles de l’endossement des valeurs et de l’identité et la transmission d’une génération à l’autre d’un grand nombre de valeurs assurant ainsi la continuité culturelle. Les travaux sur la transmission culturelle soulignent l’importance de l’adéquacité de la perception des attitudes et valeurs des autres. Pour qu’il y ait transmission, il faut que les valeurs à transmettre soient repérées par le sujet apprenant. Nous avons exmainé la questiion de la transmission des attitudes et de la transmission des attitudes d'acculturation en interrogeant 75 adolescents de 12 ans d’origine marocaine et leurs mères sur leurs attitudes d’acculturation ainsi que sur la perception de chacun des membres des attitudes de l’autre. Les résultats montrent des justesses de perceptions différentes selon la saillance sociale des attitudes à percevoir. Ainsi mères et adolescents ont des perceptions mutuelles relativement justes des attitudes d’intégration et de séparation alors qu’il n’y a pas de correspondance entre les attitudes d’assimilation de chaque membre et la perception par l’autre. Nous discuterons ces résultats en fonction de la conscience de soi et la conscience de l’autre dans les processus interculturels au sein de la famille. Pratique de psychologie clinique dans le champ socio-­‐éducatif et prise de conscience des cultures autres -­‐ A. Molleron SFP/Association Jean Cotxet/ETSUP Des exemples concrets tirés de notre pratique clinique mettront en lumière des obstacles observés dans la compréhension et la prise en charge d’enfants et/ou de parents ayant migré. Les vignettes cliniques seront tirées d’une pratique en Action Educative à Domicile et d’un récent mémoire de DU en anthropologie médicale clinique auprès d’une dizaine d’adolescents accueillis dans l’Association Jean Cotxet. La prise de conscience du mal-­‐être de certains adolescents et/ou de certains parents se heurte parfois à des incompréhensions des Services. Allusion sera faite aux différentes méthodes et concepts pour mieux appréhender ces réalités relationnelles, d’un projet humaniste de base (« accueillir au mieux »), à l’analyse du transfert psychanalytique, 37 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie à la proposition de de B. Xipas jusqu’au «management interculturel »de S. Hall. L’ampleur fréquente du sickness et les trajectoires traumatiques seront évoquées. Articuler différents modèles explicatoires de ces situations complexes paraît de plus en plus important, obligeant à leurs confrontion pour mieux accueillir, ce que chaque professionnel est amené à faire selon ses places et fonctions et selon les Ebalissements . La prise en charge des personnes victimes de torture, exilées en france : pluridisciplinarité, psychologie clinique et psychanalyse comme réponses adaptées -­‐ S. Agrali Centre de soins Primo Levi de Paris La pratique du centre de soins Primo Levi repose sur le constat que les effets de la violence politique sur la personne sont multiples, profonds : la démarche de soins s'inscrit dans le temps. Ces effets étant complexes et durables aussi, la démarche de soin est pluridisciplinaire(médecins généralistes,kinésithérapeute,psychologues-­‐
psychanalystes,Assistants sociaux,juriste,Directrice) ce qui permet aussi d’éviter aux patients la dispersion sur plusieurs lieux d’accueil et de soins et faire face à la diversité des problématiques. La torture et la violence politique, donc institutionnelle, s’attaquant aux liens sociaux -­‐la capacité à faire confiance aux institutions, à l’autre et à soi-­‐même est atteinte. Cette violence intentionnelle doit trouver un espace institutionnel pour les accueillir et reconnaître leur souffrance. Les patients reçus au centre de soins ont traversé une expérience hors du commun, issue de la violence politique, au carrefour du singulier et du collectif. Cette violence a provoqué une effraction telle dans le corps et la psyché, que le sujet ne peut l’intégrer dans ses représentations, ni l’abstraire de son champ de conscience. Le sujet est fixé sur la scène traumatique, privé de sa parole et de son intimité. Chosifié et rendu muet par l’horreur irreprésentable, il tend alors à disparaître au profit d’un statut de victime via la répétition incessante d’une scène traumatique qui parasite ses pensées et obture toute temporalité. En s’appuyant sur la psychanalyse,Le psychologue clinicien au Centre tente de permettre au patient qu’une parole singulière s’énonce et que le Symbolique et l’Imaginaire reprennent leurs droits pour qu’une nouvelle temporalité s’instaure. S’ouvre ainsi au patient la possibilité de sortir du silence. La destruction des liens sociaux consécutifs à la violence politique nécessite que le travail du clinicien s’étaye sur la pluridisciplinarité. 4 différents niveaux de conscience en Afrique de l’Ouest -­‐ A. Cherif MSF Paris Le concept de conscience dans le champ ethnopsychanalytique se conçoit dans quatre dimensions exclusives : le visible est constitué comme le conscient (conscience), se définissant comme ce qui se voit, se touche .le rêve, dans ce cas, s’interprète par l’image du rêve, c’est le rêve manifeste. L’interprétation ici sera exclusivement prémonitoire. L’invisible aura un lien avec l’inconscient : il sera le réceptacle de toutes les survenues morbides ou pathologiques .les symptômes névrotiques ainsi que les étiologies en sorcellerie se construisent sur ce même modèle cde niveau d’inconscient. Le sacré est le niveau qui accorde une sacralité toutes les actions métaphysiques .les soins et la guérison se négocient principalement ici. Le profane enfin, résume la synthèse de toutes les actions liées aux trois premières dimensions. Conscience de soi, conscience l’autre dans une démarche interculturelle : l’expérience de l’ADRIC -­‐ J. Costa-­‐Lascoux ADRIC, Paris 38 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les familles immigrées sont contraintes d’adopter des stratégies d’adaptation à des codes sociaux qu’elles ne connaissent pas ou, parfois, qu’elles ne comprennent pas. Mais elles sont aussi conduites à des stratégies de reconnaissance de leur identité, de leurs aspirations et de leur demande. Le travail social, la pédagogie, le soutien psychologique sont confrontés à ces contradictions. Les professionnels expriment souvent leur désarroi : certains recourent à des interprétations culturalistes en fonction de l’origine des personnes, d’autres veulent imposer un modèle culturel préétabli. L’ADRIC traite les situations dans une démarche interculturelle qui donne à chacun une parole, des outils de compréhension, des éléments de réponse au cas par cas tout en offrant des clés de lecture plus générales sur la diversité de la société française. Fluence et attribution: construction du jugement et activités conscientes -­‐ L. Brunel & D. Brouillet De quelle manière faisons nous un jugement ? A quelle source attribuons nous ce dernier ? Quel est l’état de conscience associé à ce jugement ? Dans une perspective constructiviste de la cognition, nos jugements et la conscience associée à ces derniers se construisent dans une relation subtile entre un indice à traiter et la situation environnementale. En fonction de la relation antérieure entre le système, l’indice et/ou la situation, le traitement cognitif sera plus ou moins fluent. C’est alors l’attribution de cette fluence qui va être à l’origine du jugement. L’objet de ce symposium sera de traiter les conséquences de la fluence des processus cognitifs sur l’attribution de cette dernière et la construction de jugement diverses (mnésiques, émotionnels) Fluence motrice et mémoire -­‐ D. Brouillet, A. Milhau, & T. Brouillet Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 Juger qu'un stimulus est ancien (i.e. le reconnaître) repose prioritairement sur un sentiment de familiarité (Mandler, 1980). Ce sentiment de familiarité peut être liée à l'activation de traces en mémoire mais il peut être aussi le produit d'un processus d'attribution (Jacoby et al., 1989): si le traitement d'un objet est fluent (i.e., sentiment de facilité) c'est que je l'ai déjà rencontré (Jacoby & Witherspoon, 1982). Whittlesea et Williams (2001a, 2001b) ont établi que ce processus d'attribution pouvait avoir aussi pour origine une incongruité pour laquelle la personne ne peut pas déterminer la source (The discrepancy-­‐attribuation hypothesis). La présente expérience a but de tester cette hypothèse en s'appuyant sur l'effet de latéralité. Suivant les travaux de Fisk & Goodale (1985), les individus sont plus rapides pour des réponses ipsilatérales (main droite-­‐côté droit et main gauche-­‐côté gauche) que pour des réponses controlatérales (main droite-­‐côté gauche et main gauche-­‐côté droit). Dans un premier temps les participants doivent apprendre une liste de mots après quoi ils doivent reconnaître ces mots parmi une liste. Avant de donner leur jugement les participants doivent effectuer une tâche de détection perceptive en appuyant le plus rapidement possible sur la touche qui correspond à une réponse controlatérale ou à une réponse ipsilatérale en fonction de leur main de réponse. Pour donner leur jugement de reconnaissance les participants doivent également répondre en utilisant une réponse ipsilatérale ou controlatérale. En accord avec l'hypothèse d'incongruité, nous avons observé que le taux de reconnaissance était plus élevé après une réponse ipsilatérale qui suit une réponse controlatérale qu'une réponse ipsilatérale qui suit une réponse ipsilatérale. En effet, dès lors que les réponses sont plus rapides, les participants vont être surpris par la fluence de leur geste qu'ils vont attribuer au stimulus (i.e., je l'ai déjà vu). 39 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Effet de la fluence motrice sur le jugement de valence de mots neutres, positifs et négatifs -­‐ A. Milhau, T. Brouillet, & D. Brouillet, Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 Les droitiers associent naturellement la valence positive à la droite, et la valence négative à la gauche. Ces associations seraient fondées sur la fluence (marquée positivement) des interactions avec l’environnement du côté dominant par rapport à l’autre côté: c’est la Body-­‐
Specificity Hypothesis (Casasanto, 2009). Nous étudions ici l’effet de gestes latéralisés sur l’évaluation de mots neutres, positifs et négatifs. De plus, nous manipulons l’orientation de l’échelle d’évaluation, avec soit une présentation congruente avec les associations valence/latéralité des droitiers (positif à droite, négatif à gauche), soit une présentation non-­‐congruente. Pour les mots neutres, la réalisation d’un geste fluent (main droite vers la droite) et la présentation de l’échelle congruente entraînent une évaluation positive des mots neutres, alors que les mouvements non-­‐fluents (main droite vers la gauche) et l’échelle d’évaluation non-­‐congruente entraînent des évaluations négatives. Pour les mots positifs, l’évaluation est moins positive après un mouvement non-­‐fluent et sur une échelle non-­‐
congruente que dans les autres conditions. Enfin, l’évaluation des mots négatifs est influencée par l’orientation de l’échelle, avec un jugement négatif plus intense sur l’échelle non-­‐congruente, surtout après la réalisation d’un mouvement fluent. Ces résultats soulignent que la valeur hédonique d’un mot est un processus émergent, sensible à des contraintes fonctionnelles et situationnelles La conscience autonoëtique comme phénomène d’attribution : effet de la fluence lors de la construction d’un point de vue égocentré -­‐ M. Cerles & S. Rousset LPNC, Université Grenoble 2 L'état de conscience autonoëtique (CA) renvoie à la capacité à revivre un instant de son passé. Les manipulations on-­‐line de la fluence lors de tests de reconnaissance via la manipulation de facteurs perceptifs (niveau de bruits...) ont montré un effet de la fluence sur le sentiment de familiarité mais pas sur la CA. Cependant, de tels résultats pourraient être liés au fait que les processus rendus fluents agissent sur des traitements pertinents pour le sentiment de familiarité, mais pas pour la CA. Un modèle récent de mémoire épisodique suggère un rôle prédominant du traitement spatial égocentré avec mise à jour (Ego-­‐MJ) dans l'accès à un état de CA, en agissant sur la reconstruction du point de vue égocentré vécu. Des expériences ont été conduites afin de tester l'effet d'une fluence Ego-­‐MJ sur l'état de CA. Les participants visionnaient un film présentant un trajet en vue subjective, puis devaient reconnaitre parmi des extraits de trajets si ceux-­‐ci appartenaient ou non au trajet appris et préciser leurs états de conscience associé (procédure Remember-­‐Know). La fluence Ego-­‐MJ est manipulée via la présence d'une légère accélération sur les trajets à reconnaitre. Les résultats d'une 1ère expérience révèlent que la présence d'une fluence Ego-­‐
MJ augmente significativement l'état de CA sur les extraits de trajets appris. Les résultats d'une 2nde expérience permettent de confirmer que cet effet est déterminé par l'existence d'un processus de reconstruction lors de la récupération. Ces résultats suggèrent que l'état de CA résulte d'un phénomène d'attribution. Cette attribution peut être biaisée en rendant artificiellement fluent le processus Ego-­‐MJ qui est spécifique à la ré-­‐évocation en mémoire épisodique. Jugements émotionnels et mnésiques : construction et contamination -­‐ L. Brunel, A. Hamon, & A. Go Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 40 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Dans une perspective classique, la reconnaissance est assimilée à une capacité de notre mémoire. Nous sommes capables de reconnaitre des stimuli à partir de l’activation d’une connaissance en mémoire. Cependant, on peut considérer la reconnaissance, non plus comme une performance de notre mémoire mais comme une activité de jugement effectuée par un individu (Jacoby, 1991). Cette activité peut alors être considérée comme une détection d’un signal (i.e., stimulus à juger comme ancien) parmi du bruit (i.e., stimulus à juger comme nouveau). L’intérêt d’adopter une telle position vis-­‐à-­‐vis de la reconnaissance est de permettre de considérer la performance d’un individu non plus uniquement d’un point de vue quantitatif (i.e., nombre d’éléments correctement reconnus) mais aussi d’un point de vue qualitatif (i.e., nombre d’éléments correctement reconnus en relation avec le nombre d’éléments faussement reconnus). Plus précisément, l’erreur de reconnaissance ne peut plus être considérée comme une défaillance du système mnésique, mais comme une erreur d’attribution de la fluence engendrée par le stimulus à juger (e.g., Jacoby et al., 1989). Cette fluence générée par le stimulus va pouvoir induire un marquage émotionnel positif de ce dernier (Zajonc, 1968). Dans cette présentation, nous voulons mettre en évidence que la manipulation expérimentale classique des fausses reconnaissances (e.g., DRM, Roediger & McDermott) est avant tout une manipulation de la fluence. Nous avons mis en évidence que des items neutres faussement reconnus vont être associés à une évaluation émotionnelle positive. Fluence, attribution & conséquences -­‐ D. Brouillet1, S. Rousset2, R. Versace3, & L. Brunel1 1 Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 2LPNC, Université Grenoble 2 3 Laboratoire EMC, Université Lyon 2 Le modèle de Tulving (1976, 1982, 1983) prolongé par les modèles d'appariement global (SAM, Raaijmakers & Shiffrin, 1981; MINERVA 2, Hintzman, 1988; CHARM, Eich, 1982), considère que le souvenir émerge de la synergie entre les composants des indices présents dans la situation de récupération et les composants des traces des expériences passées. Le modèle SCAPE (Selective Construction And Preservation of Experience) de Whittlesea (Leboe & Whittlesea, 2002; Whittlesea, 1997, 2002) prolonge cette conception de la mémoire en proposant que la récupération d'une connaissance implique deux étapes: a) la construction d'un état mental qui est de produit de l'appariement entre les composants des indices présents et les composants des expériences passées, b) l'occurrence d'un sentiment subjectif de familiarité, produit d'une évaluation et d'une inférence. Ici, l'évaluation ne réfère pas à un jugement sur le stimulus, mais à un jugement sur l'accès à l'état mental construit (i.e. accès facile vs difficile). L'inférence repose quant à elle sur le sentiment qui résulte de l'accès à l'état mental construit. C'est-­‐à-­‐dire que la personne tente d'attribuer à une source objective (i.e., le stimulus) le sentiment subjectif lié à l'accès à l'état mental (Whittlesea & Williams, 1998). Comme la personne n'est pas consciente que l'état mental est une construction elle a recours à un processus d'attribution élémentaire: si j'ai le sentiment que l'accès à cet état mental est facile, cela signifie que j'ai déjà été en contact avec le stimulus. En effet la personne a déjà fait l'expérience que quelque chose de connu est plus facile à traiter que quelque chose d'inconnu. Autrement dit la personne commet une erreur d'attribution qui l'a conduit à produire un jugement de reconnaissance (Whittlesea, 2011) Focus de la conscience : Processus de Conceptualisation et de Contextualisation -­‐ N. Acioly-­‐Régnier 41 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Dans la perspective théorique adoptée dans ce symposium les notions centrales sont celles de conscience des concepts et de focus de la conscience à partir de la théorie des champs conceptuels de Vergnaud qui définit le concept comme un système constitué par trois ensembles: Signifiants, Situations, Signifiés. Nous étudions la conceptualisation à travers le focus de la conscience et nous en distinguons deux modalités. Dans des contextes scolaires ce focus est dirigé vers la relation bipolaire signifiant-­‐signifié laissant de côté les situations de référence. La faiblesse du sujet apparaît dans sa difficulté à reconnaître les situations professionnelles où les concepts développés sont opératoires. Par contre, dans le cadre professionnel, le focus est plutôt dirigé vers la relation bipolaire situation-­‐signifié négligeant les signifiants. Ici, la faiblesse du sujet réside dans l’insuffisance des ressources symboliques qui lui permettent d’amplifier les connaissances développées localement. L’instruction au sosie et l’autoconfrontation comme déclencheurs de phénomènes de prise de conscience -­‐ G. Perez-­‐Caraballo Universidade Federal do Rio Grande do Norte/Université Lumière Lyon 2 Dans cette communication développée dans le cadre d’un Doctorat en psychologie, nous montrerons comment des phénomènes de prise de conscience peuvent se déclencher à partir de deux outils méthodologiques, l’instruction au sosie et l’autoconfrontation. Il s’agit de montrer le changement de focus de conscience dans la conceptualisation du réel qui semble migrer de l’axe signifiant-­‐situation à l’axe signifiant-­‐signifié. Ce travail a été fait auprès de professionnels de la santé qui développent leur activité professionnelle à la frontière Uruguay-­‐Brésil. Notre problématique se résume par la question suivante : comment se construisent les compétences professionnelles dans le domaine de la santé lorsque les professionnels sont insérés dans un espace caractérisé par le multiculturalisme et le plurilinguisme ? Afin de répondre à celle-­‐ci, une partie de cette recherche s’appuie sur l’approche théorico-­‐méthodologique utilisée par la Clinique de l’activité, groupe de travail situé au CNAM. Ce courant s’inspire, entre autres, de la psychologie historico-­‐culturelle de Vygotski et a comme objectif la recherche d’instruments qui permettent d’augmenter le pouvoir d’agir collectif et individuel des professionnels. Les méthodes utilisées donnent la possibilité aux sujets d’avoir une prise de conscience et de transformer les fonctionnements réalisés en objet d'un nouveau fonctionnement. L’objectif de cette communication, qui s’appuie sur des entretiens, est de montrer qu’au-­‐delà des observations ethnographiques et du questionnaire, ces techniques permettent aux professionnels de vivre une nouvelle expérience à partir d’une expérience professionnelle déjà vécue. Clot, Y. (2008). Travail et pouvoir d’agir. Paris : PUF Vygotski, L. (2003). Conscience, inconscient, émotions. Paris : La Dispute. Fernandez, G., Clot, Y. (2010). Entrevistas en auto-­‐confrontación: un método en clínica de la actividad. Informática na educação: teoria & prática. Porto Alegre, v.13, n.1, jan./jun Conscience de l'appartenance brésilienne chez les descendants d'italiens à caxias do sul -­‐ F. Paladino Université Lumière Lyon 2 Dans la ligne théorique guidant ce symposium, ce travail traite du sentiment d’appartenance à la nation : indicateur de bien-­‐être biopsychosocial, lié à l’estime de soi ; étudié chez des descendants d’italiens du Sud du Brésil à travers les processus implicites d’identification. L’enjeu de cette recherche se situe dans l’impact psychologique de la rencontre de cultures, le « résidu du colonialisme » exprimé par la survalorisation de l’origine européenne, la transmission par négatif et ses conséquences sur l’appartenance brésilienne. Situés dans un entre-­‐deux identitaire, ces sujets adaptent leur sentiment d’appartenance. En effet, la conceptualisation du réel relative à cette question paraît situationnelle, et le sens donné à la 42 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie question de l’appartenance semble remanier le discours selon les avantages psychiques, économiques et culturels du contexte. Le focus de la conscience s’oriente ainsi en fonction de ce qui est transmissible et valorisant de l’identité. Nous avons mené des entretiens semi-­‐
directifs de groupe auprès de sept familles de la zone urbaine de Caxias do Sul, rencontrées par le biais de l’université. Les résultats, analysés avec une grille à posteriori, montrent des trajectoires oscillant entre l’ancrage dans la culture locale gaúcha, un attachement à un Brésil rural, le retour à la culture mythique d’origine italienne, ainsi que des tentatives d’affiliation du mythe à un passé imaginaire de l’Italie. D’une certaine fierté liée à l’origine européenne, nous avons vu apparaître des discours semblant se modifier face à la situation de crise européenne et de croissance économique brésilienne. De Biase, A. (2009). Vénitiens dans la pampa. Paris: L’Harmattan Douville, O. (2005). L’identité/altérité, fractures et montages. In, Kaës, R., Différence culturelle et souffrance de l’identité, p.21-­‐44. Paris : Dunod Kaës, R. (2005). Différence culturelle et souffrance de l’identité. Paris: Dunod Images, mots et changement du focus de conscience dans l’apprentissage: une étude sur les pratiques superstitieuses en situation de stress à partir d’un dispositif pédagogique utilisant des bandes dessinées -­‐ I. Terence Université Lumière Lyon 2 Dans le cadre d’une recherche sur le stress en milieu scolaire et la mobilisation de pratiques superstitieuses comme stratégie visant à renforcer le sentiment d’efficacité personnelle, nous aborderons la question du focus de la conscience dans les processus d’apprentissage. A partir de données recueillies auprès de 32 travailleurs sociaux en formation, nous présenterons un dispositif pédagogique qui a permis aux sujets la prise de conscience et la verbalisation des émotions dans la conceptualisation du réel. La production individuelle d’une bande dessinée et d’un récit écrit explicatif associés à un entretien d’autoconfrontation croisée, a partir de situations source de stress vécues en stage et en formation, ont permis une compréhension des affects éprouvés et à une prise de conscience des processus à l’œuvre. Ce logiciel ludique accessible en ligne a permis aux sujets d’élaborer un récit en bande-­‐dessinée. Ce dispositif à visée formative faisant appel à l’expression des émotions, initié par Acioly-­‐Regnier, se démarque des outils traditionnels du psychologue. Les entretiens d’autoconfrontation croisée ont favorisé la prise de conscience des manifestations cliniques du stress et des stratégies de coping. Acioly-­‐Régnier, N.M., Andrade, V.L.V.X. de, & Régnier, J-­‐C. (2012). Changements socio-­‐
historiques et nouvelles formes d’activités dans des situations de formation universitaire: approche ASI pour l’étude d’un dispositif pédagogique basé sur la construction de Bandes Dessinées à l’aide d’un logiciel. In J.-­‐C. Régnier, M. Bailleul & R. Gras (eds.), L’analyse statistique Implicative : de l’exploratoire au confirmatoire. p. 335-­‐363. Toulouse: Cépaduès Bourgeois, M. et Paulhan I. (2008) Stress et coping, les stratégies d’ajustement à l‘adversité. Paris, P.U.F. Legros P. et Renard J-­‐B. (2001) Croyances et pratiques liées à la chance et à la malchance. Montpellier, P.U.M. Leconte, J. (2004), Les applications du sentiment d’efficacité personnelle, Savoirs, HS. n°5, 59-­‐90 Construction de l’identité professionnelle de psychologues et focus de conscience -­‐ M. Baraud Universidade Federal do Rio Grande do Norte/Université Lumière Lyon 2 43 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Nous proposons une réflexion sur l'impact de la confrontation à l'altérité sur la construction de l’identité professionnelle chez des étudiants de Master 2. Confrontés à des processus d’apprentissage centrés sur des connaissances plutôt prédicatives, ces sujets sont habitués à une conceptualisation du réel réduite et parfois inefficace pour leurs pratiques professionnelles. Selon la théorie des champs conceptuels de Vergnaud et sa continuité par Acioly-­‐Régnier, ces connaissances se basent sur des concepts dont le focus de conscience est mis surtout sur la relation signifiant-­‐signifié, laissant dans l’obscurité l’ensemble de situations donnant du sens aux concepts, entraînant une conceptualisation peu opératoire en contexte professionnel. Nous avons mis en place un dispositif de formation composite comprenant un récit individuel inspiré de la méthode des chocs culturels de Cohen-­‐
Emerique, la création collective d’une bande-­‐dessinée (BD) relatant une situation professionnelle imaginaire avec d'un logiciel et enfin un entretien d'autoconfrontation croisée à partir de l’objet–lien BD. Celle-­‐ci est utilisée ici dans une démarche de catachrèse, visant à transformer un instrument technique en instrument psychologique, d’après Rabardel. Nous montrerons trois exemples où la confrontation du sujet à sa production en présence de pairs engendre des modifications du focus de conscience amenant le sujet à donner un sens particulier à sa production, participant à l'élaboration de son identité professionnelle. Acioly-­‐Régnier, N.M (2008) Des instruments techniques aux instruments psychologiques : béquilles intellectuelles ou aides à la conceptualisation en mathématiques ? Carrefours de l’éducation, 26, 115-­‐128 Cohen-­‐Emerique, M. (2011) Pour une approche interculturelle en travail social. Rennes: Presses de l’EHESP Clot, Y. (2008) Travail et pouvoir d’agir. Paris : P.U.F. Rabardel (1995) Les hommes et les technologies. Approche cognitive des instruments contemporains. Paris : A. Colin MMPI-­‐2-­‐RF -­‐ L. Chudzik Le MMPI est l’un des tests de psychopathologie le plus utilisé depuis sa création dans les années quarante. Le MMPI-­‐2-­‐RF, édité en 2013 en France (Ben-­‐Porath & Tellegen, 2013) est le fruit de cette évolution. Le symposium sera consacré au questionnement que soulève la conception et la validation de cet outil. Nous resituerons le MMPI-­‐2-­‐RF dans l’histoire du MMPI et, plus généralement, de l’évaluation de la personnalité. Nous présenterons la nouvelle structure de l’outil, les Echelles Cliniques Restructurées (RC) ainsi que le travail de validation, réalisé entre 2009 et 2012. Enfin, nous aborderons une façon d’utiliser le MMPI-­‐2-­‐RF à travers une présentation de l’Evaluation Thérapeutique. Cette technique thérapeutique brève utilise les tests comme pièce maîtresse du processus thérapeutique. Une étude de cas nous permettra de souligner toute la richesse de l’outil et de son utilisation clinique. Le mmpi-­‐2-­‐rf : du nouveau dans l’évaluation de la psychopathologie -­‐ L. Chudzik Université de Tours L’édition en 2008 du MMPI-­‐2-­‐RF a soulevé de vifs débats au sein de la communauté scientifique (Caldwell, 2006; Nichols, 2006). Les conflits ont principalement porté sur les échelles restructurées (RC) à partir desquelles a été élaboré le MMPI-­‐2-­‐RF (Tellegen et al., 2003). La « fidélité syndromique » a occupé une grande place dans ces échanges. En effet, la restructuration des échelles cliniques originales (quasiment inchangé depuis 1940) a débouché sur des résultats qui vont au-­‐delà du MMPI. Cherchant à solutionner le chevauchement des échelles et des inter-­‐corrélations parfois fortes, les auteurs ont réussi à 44 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie dégager un facteur commun à toutes les échelles (évaluant un ensemble de pathologie très variées), qu’ils ont nommer demoralization(Ben-­‐Porath & Tellegen, 2008). La portée conceptuelle de cette échelle permet d’envisager l’impact de la psychopathologie sur l’espoir ainsi que l’engagement dans une prise en charge psychothérapeutique. Nous présenterons les critiques et les réponses qui y ont été apportés ainsi que l’intérêt des échelles restructurées du MMPI-­‐2-­‐RF. Il y a-­‐t-­‐il un effet flynn dans l’évaluation de la personnalité ? implications pour la validation des auto-­‐questionnaires -­‐ L-­‐C. Vannier Consultant pour les ECPA L’effet Flynn est un phénomène bien connu dans le domaine de l’évaluation de l’intelligence (Flynn, 2007). Il consiste en un accroissement des performances à un même test au fil des générations. Il existe aujourd’hui un certain nombre d’éléments en faveur d’un équivalent de l’effet Flynn pour l’auto-­‐évaluation de la personnalité. En effet, différentes recherches ont rapporté un accroissement des scores au cours du temps (Colligan, Osborne, Swenson, & Offord, 1984; Newsom, Archer, Trumbetta, & Gottesman, 2003; Twenge et al., 2010). Nous présenterons les résultats de cette littérature. Puis, nous présenterons l’étude de l’équivalence des scores de deux populations normatives constituées à quinze ans d’intervalles (1995 pour le MMPI-­‐2 et 2010 pour le MMPI-­‐2-­‐RF). Nous développerons les implications psychométriques des différences observées et leur impact sur l'interprétation des profils. Au-­‐delà de ces résultats propres au MMPI-­‐2-­‐RF, nous aborderons les ré-­‐étalonnages des échelles en psychopathologie et la nécessité d'une pratique en permanente évolution intégrant l'expertise clinique et la recherche, la pertinence clinique des mesures restant le principal critère de validité de l'outil. Comment utiliser le mmpi-­‐2-­‐rf comme une intervention thérapeutique brève ? -­‐ H. De Saeger De viersprong, therapeuticcenter for personality pathologi L’Evaluation Thérapeutique (ET) est un paradigme original de l’évaluation psychologique dans lequel les tests sont utilisés comme la pièce maîtresse d’une intervention psychothérapeutique brève (Finn, 1996, 2007). Cette méthode est née de la tradition collaborative et humaniste de l'évaluation psychologique introduite par Constance Fischer (1994), Leonard Handler (1995), Caroline Purves (2002). Cette approche semi-­‐structurée, en réconciliant approches qualitative et quantitative, idiographique et nomothétique, permet de tirer parti de toutes les possibilités de nos outils de psychologue. En outre, tout en attachant beaucoup d’importance aux hypothèses nomothétiques, l’Evaluation Thérapeutique considère les résultats obtenus aux tests comme étant fortement influencé par la dynamique interpersonnelle dans laquelle la passation a lieu. Ainsi, toutes les étapes du bilan, de la proposition à la discussion des résultats sont pensées avec la personne qui bénéficie du bilan et avec des tiers potentiels (psychiatre, médecin, parents…). Nous présenterons les six étapes qui constituent généralement une Evaluation Thérapeutique. Plusieurs recherches ont montré l’efficacité de cette façon d’envisager le bilan. Un des résultats récurrents, hormis la diminution de la détresse psychologique, semble être l’impact positif sur l’alliance thérapeutique. 45 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Communications orales individuelles
Session thématique : Psychologie Clinique & Interculurelle Que mesure le Rorschach ? Analyse en Composantes Principales du Système Intégré -­‐ P. Fontan1, A. Andronikok1, C-­‐E. Mattlar2, & C. Mormont3 1 Laboratoire ipsé (ea4432), Université Paris Ouest Nanterre 2 Jyväskylä University 3 Université de Liège Introduction Les questions portant sur la validité du test de Rorschach en Système Intégré (RSI) restent très controversées. Dans une approche dimensionnelle, certains auteurs ont cherché à déterminer les composantes principales mesurées par le RSI. Cependant, la revue de la littérature indique des différences importantes dans le choix des variables ainsi qu’une confusion entre scores bruts et indices dérivés (Mason, Cohen, & Exner, 1985; Meyer, 1992; Wood, Krishnamurthy, & Archer, 2003). De plus, ces analyses proposent des solutions dans des espaces à 3 ou 4 dimensions selon le critère de Cattel. Cela impliquerait que les la richesse et la complexité des réponses au RSI peuvent se résumer à 3 ou 4 scores, une position qu’aucun auteur ne défend. Une Analyse en Composantes Principales de l’ensemble des scores bruts du RSI semble donc nécessaire. En l’absence de consensus sur ces questions, nous avons opté pour une démarche exploratoire. La détermination du nombre de composantes à extraire constituera un point clé de cette analyse. Méthodes Population : Nous avons agrégé les données des échantillons normatifs français, belge et finlandais (N=695). Revue des données : Nous avons cherché à conserver autant d’observations et de variables brutes que possible. Néanmoins, nous avons regroupé (sur la base de critères de cotation) certaines variables qui présentaient une fréquence trop rare, et certaines observations atypiques ont été exclues. Nombre de composantes : Si le critère de Cattel semble trop restrictif, le critère de Kaiser risque de surestimer le nombre de composantes à extraire. Nous avons donc opté pour une stratégie guidée par les données : nous avons estimé la valeur propre des composantes principales de 1000 jeux de données générés aléatoirement par permutations. Un Test de Permutation indique que la valeur propre des 13 premières composantes de l’échantillon original diffèrent significativement d’une répartition aléatoire des données (Dray, 2008). 46 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Analyse : Nous avons réalisé une Analyse en Composante Principales, extrait 13 composantes, et réalisé une rotation varimax (orthogonale) afin de préserver l’indépendance des composantes. Résultats Les données RSI peuvent se résumer à 13 composantes très cohérentes avec la compréhension générale du test. Il s’agit des composantes Formelle, Kinesthésique, Couleur, Explosive, Masque, Animal, Reflet, Anxiété Somatique, Botanique, Estompage, Originalité, Malaise relationnel et Agressive. Le nombre de réponse ne constitue pas un facteur de confusion. Certaines hypothèses concernant les indices couramment utilisés ne sont pas corroborées par ces résultats ; l’existence d’une capacité globale d’organisation des réponses par exemple (il y a différents moyens d’organiser les planches). Discussion Ces résultats sont prometteurs et ouvrent la voie vers l’élaboration de scores pour le RSI qui soient définis de manière fiable sur le plan psychométrique par opposition aux indices empiriques couramment utilisés. Nos résultats constituent un premier pas dans cette direction. En effet, ces données sont issues d’échantillons normatifs, et des études sur des populations cliniques sont nécessaires. De même des études empiriques doivent être menées afin d’apporter des critères de validité externe au modèle que nous proposons. Bibliographie: Dray, S. (2008). On the number of principal components: A test of dimensionality based on measurements of similarity between matrices. Computational Statistics & Data Analysis, 52(4), 2228-­‐2237 Mason, B. J., Cohen, J. B., & Exner, J. E., Jr. (1985). Schizophrenic, Depressive, and Nonpatient Personality Organizations Described by Rorschach Factor Structures. Journal of Personality Assessment, 49(3), 295-­‐305 Meyer, G. J. (1992). The Rorschach Factor Structure: A Contemporary Investigation and Historical Review. Journal of Personality Assessment, 59(1), 117-­‐136 Wood, J. M., Krishnamurthy, R., & Archer, R. P. (2003). Three factors of the comprehensive system for the Rorschach and their relationship to Wechsler IQ scores in an adolescent sample. Assessment, 10(3), 259-­‐265 Utilisation de la thérapie emdr en unité de traitement de la douleur chronique -­‐ M-­‐J. Brennstuhl & C. Tarquinio Université de Lorraine Bien que le troisième plan Douleur national vienne de s’achever, les difficultés persistent dans la prise en charge de cette pathologie particulière qu’est la douleur chronique. A ses quatre composantes fondamentales que sont les composantes cognitives, comportementales, sensitives et émotionnelles, s’ajoute désormais une composante traumatique sous-­‐jacente (Beck & Clapp, 2011 ; Asmundson, Coons, Taylor & Klatz, 2002 ; Sharp & Harvey, 2001). Face à ce constat, la thérapie EMDR – Eye-­‐Movement Desensitization and Reprocessing -­‐ est apparue comme un mode de prise en charge intéressant et pertinent. Elaborée par Shapiro en 1987 et basée sur les mouvements oculaires, rappelant les mécanismes du sommeil REM – Rapid Eye Movement, l’EMDR a montré son efficacité 47 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie concernant le traitement des traumatismes psychiques (notamment l'Etat de Stress Post Traumatique). Divers protocoles ont alors été élaborés pour des pathologies diverses comme les phobies, la dépression, le deuil … mais également la douleur. A l’heure actuelle, une seule étude clinique utilisant le protocole EMDR spécifique à la douleur a été menée, et montre des résultats plus qu’encourageants (Mazzola, Calcagno, Goicochea, Pueyrredon, Leston & Salvat, 2009). Face à la part importante d’ESPT comorbide à la douleur chronique, nous avons mis au point un protocole de recherche souhaitant évaluer l’efficacité d’une part, de la thérapie EMDR en comparaison à une prise en charge psychologique classique, d’autre part une comparaison d’un protocole EMDR standard (efficace sur l’ESPT) vs un protocole EMDR douleur. Trois groupes de 15 patients hospitalisés en Unité Douleur ont alors été suivis durant 5 séances soit en suivi psychologique classique, soit en EMDR standard (Shapiro, 2001), soit en EMDR douleur (Grant & Threlfo, 2002). La sensation douloureuse a été évaluée grâce à l'EVA – Echelle Visuelle Analogique; la partie traumatique et émotionnelle de la douleur par la PCL-­‐S – Posttraumatic disorder CheckList Scale; les cognitions liées à la douleur par la PBPI – Pain Beliefs and Perception Inventory; et la dimension comportementale par le Brief Pain Inventory. Il apparaît alors significativement que la thérapie EMDR dénote une plus grande efficacité sur les paramètres évalués, que la prise en charge classique. De plus, si le protocole EMDR douleur s’avère significativement efficace, le protocole standard dénote une meilleure efficace, qui se poursuit après les 5 séances (évaluation post hospitalisation à un mois). Cette différence tend à s’appréhender en termes de cause à effet, où la douleur s’apparente à une réaction différée face à des évènements de vie traumatiques. En retraitant ces évènements grâce au protocole EMDR standard, nous obtenons davantage d’efficacité qu’avec un protocole EMDR spécifique à la douleur qui semble s’attacher à la diminution d’un symptôme. Asmundson, G. J., Coons, M. J., Taylor, S., & Klatz, J. (2002). PTSD and the experience of pain: Research and clinical implications of shared vulnerability and mutual maintenance models. Canadian Journal of Psychiatry, 47, 903–907. Beck, J.G., & Clapp, J. (2011). A different kind of comorbidity : Understanding Posttraumatic stress disorder and chronic pain. Psychological Trauma : Theory, Research, Practice and Policy, 3(2), 101-­‐108. Grant, M. & Threlfo, C. (2002). EMDR in the treatment of chronic pain. Journal of Clinical Psychology, 58, 1505-­‐1520. Mazzola, A., Calcagno, M.L., Goicochea, M.T., Pueyrredon, H., Leston, J. & Salvat, F. (2009). EMDR in the treatment of chronic pain. Journal of EMDR Practice and Research, 3(2), 66-­‐79. Sharp, T. J., & Harvey, A. G. (2001). Chronic pain and posttraumatic stress disorder: Mutual maintenance? Clinical Psychology Review, 21, 857–877. Shapiro, F. (2001). Eye movement desensitization and reprocessing : Basic principles, protocols and procedures. (2ndEd.) New York : Guilford Press. Shapiro, F. (1989). Efficacy of the eye movement desensitization procedure in the treatment of traumatic memories.Journal of traumatic Stress, 2, 199-­‐223. Stratégies identitaires et processus d’acculturation en terre algérienne : cas de sujets chinois résidant dans la région de batna en algérie -­‐ S. Boubakour & A. Meziani Université de Batna -­‐ Algérie Introduction 48 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La présente étude s’inspire des travaux relatifs au domaine de la psychologie sociale et de l’interculturel, elle fait référence à des concepts tels que l’acculturation (Abou 2002, Berry 1989, Bourhis et al, 1997), les stratégies identitaires (Camilleri 1990, Lipiansky 1990), l’identité sociale et les relations entre groupes (Deschamps et al 1999) et les représentations sociales (Abric 2003, Guimelli et Rouquette 1992, Rouquette et Rateau 1998, Moscovici 1961, Jodelet 1989). L’objectif de notre recherche est de mieux appréhender les stratégies identitaires et acculturatives des Chinois en terre algérienne, et de tenter de déterminer s’il existe une différence d’adaptation, en fonction de la durée d’acculturation, du désir de retour en Chine et du degré de contact avec les autochtones ainsi que de la nature de l’activité exercée en Algérie, et les éléments de la représentation sociale qu’ils se font des autochtones. La méthodologie La méthodologie adoptée est principalement qualitative, se composant d’entretiens avec des échelles d’attitude (Likert et Bogardus) et des tests d’associations, effectués avec 10 sujets chinois installés dans la ville de Batna. Nous avons procédé à une analyse de contenu des entretiens avec le repérage des mots clés et cooccurrences avec la constitution d’un index propre à chaque sujet, avec détermination de l’orientation penchant vers les pôles ontologique ou pragmatique, la tendance vers l’ouverture ou le repli et les attitudes visant : l’intégration, la marginalisation, l’assimilation et la séparation. Dans notre analyse, nous avons adopté le modèle des profils acculturatifs et stratégies identitaires développé par Vinsonneau (2005) Résultats Les principaux résultats montrent que les sujets se représentent comme étant sérieux et travailleurs par rapport aux autochtones joyeux qui ont une conception différente du temps et du travail. Les données obtenues suggèrent que le type d’acculturation des Chinois en Algérie ne donne pas lieu à une différenciation trop marquée des modes d’identification ethnique entre les sujets optant pour une immigration provisoire ou permanente. En effet, tous les sujets ont estimé avoir plus de valeurs en commun avec leurs concitoyens qu’avec des groupes se référant à la culture du pays d’accueil. En termes de stratégies identitaires, selon la typologie de Camilleri (1990), les sujets interrogés, optent plus pour l’évitement des conflits identitaires par la cohérence simple, en valorisant la préoccupation ontologique, c’est-­‐à-­‐dire leur identité ethnique spécifique. Cependant, la cohérence complexe est plus présente chez les sujets qui sont le plus en contact avec les autochtones. Les modalités d’acculturation développées par ces sujets se situent entre deux pôles, le premier favorise le maintien d’une identité ethnique et la revendication d’un vif attachement au système culturel d’origine, le second se rapporte à l’adoption d’attitudes traduisant un lien avec des groupes issus de la société d’accueil. L’ouverture sur la culture d’accueil s’inscrit dans la dimension pragmatique, car les sujets qui optent pour cette stratégie estiment que l’installation prolongée dans la société d’accueil et le contact direct avec les autochtones leur imposent une meilleure connaissance de la culture d’accueil. L’emploi de la langue arabe est un élément stratégique d’ordre professionnel dans leur négociation identitaire, mais l’importance de la culture d’origine et de la préférence de la sauvegarde des contacts avec les concitoyens installés en Algérie témoigne du désir de préservation de la culture d’origine et de l’évitement de l’assimilation. Les sujets de cette enquête se présentent comme ayant adopté des stratégies oscillant entre deux mouvements : le premier visant l’intégration dans les rapports sociaux notamment avec l’apprentissage de la langue arabe pour ceux qui désirent s’établir pour une longue durée en Algérie. Le second prônant la préservation des éléments culturels de la société d’origine, avec les systèmes d’alimentation et de croyances pour ceux qui ont durée acculturative limitée. 49 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les théories sur l'acculturation à l'épreuve de la transmission familiale -­‐ M. Bennabi Bensekhar1 & M. El djilali2 1 Centre d’Histoire des Sociétés, des Sciences et des conflits, Université de Picardie Jules Verne 2 Centre de Recherche en Psychologie : Cognition, psychisme et Organisations, Amiens Les recherches sur l’acculturation procèdent habituellement par l'analyse des manières de «réagir» aux oppositions générées par la disparité culturelle. Les valeurs sociales liées à la famille, appréhendées sous l’angle des solidarités transgénérationnelles, peuvent nous révéler comment des adultes concilient des représentations antagonistes et négocient leurs appartenances. Nous avons choisi de porter notre intérêt sur l’expression identitaire de 14 adultes de la «seconde génération» aux trajectoires de vie variées dans une configuration d'acculturation des parents qui ont migré dans les années 70. Les outils retenus permettent d’aller au-­‐delà du déclaratif, d’analyser la discursivité de la narration de soi pour atteindre le positionnement effectif par rapport aux valeurs de solidarités transgénérationnelles avec, pour compléter, la présentation de fictions dont la problématique est la solidarité à l'égard des personnes âgées avec des situations ouvertes sur des alternatives multiples. Il s'y ajoute le Répertoire de Positions Personnelles (RPP), une matrice de positions préétablies, construite à partir d’une théorie du self dialogique de Hermans (2010). Nous nous attendions à observer que l'œuvre de l’acculturation est avancé au point que les sujets s'engagent dans des pratiques de solidarités transgénérationnelles nouvelles. Les résultats obtenus révèlent que nos sujets expriment des identités fluides, fluctuantes, conjoncturelles et par ailleurs ouvertes aux dynamiques transnationales. L'hybridité de ces identités repose non pas sur une "fusion" mais sur une capacité d'alternance des normes en fonction des contextes. De plus, les sujets ont conscience que leur acculturation s’inscrit dans des configurations familiales désorganisées tant par la migration que par les modifications culturelles qui affectent les pays d'origine. Autant d’éléments pour discuter de la validité des échelles d’acculturation attitudinales qui ne tiennent pas compte de l'effet des dynamiques transnationales. Références bibliographique Bhabha, H. (2007). Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, Paris, Payot. Berry, J. (1980). Acculturation as varietis of adaptation, in A. Padilla (Ed.). Acculturation: theory, models and fidings (pp 9-­‐25). Boulder, Westview. Camilleri, C. (1990). Identité et gestion de la disparité culturelle, in C. Camilleri (Ed.). Stratégies identitaires, Paris, PUF. Hermans, H.J.M.; Hermans-­‐Konopka, A. (2010). Dialogical self theory. Positioning and counter-­‐positioning in a globalizing society, Cambridge University Press. Session thématique : Psychologie Clinique Retrait des jeunes ou hikikomori, clinique comparative france / japon -­‐ N. Vellut CNRS / CERMES 3 L’auteur remercie l’expert pour ces avis et encouragements. Introduction Le Hikikomori, que nous pouvons traduire par retrait social extrême ou prolongé, est un phénomène nommé et étudié au Japon depuis les années 1990 où il est considéré comme un problème de santé publique. Des articles scientifiques l’identifient depuis le milieu des années 2000 dans d’autres pays. En France, la psychiatre Marie-­‐Jeanne Guedj-­‐Bourdiau a 50 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie récemment identifié 21 cas de hikikomori dans le cadre de sa pratique à l’hôpital psychiatrique de Sainte-­‐Anne à Paris. Problématique Le phénomène de retrait à domicile est l’objet de plusieurs débats. S’agit-­‐il d’un phénomène exclusivement japonais, soit d’un culture-­‐bound syndrom ? S’agit-­‐il d’un phénomène émergent qui tendrait à se développer dans les sociétés modernes occidentales? Il pourrait alors s’agir d’un nouveau trouble du passage adolescent qui s’inscrirait en opposition à des troubles plus manifestes comme les conduites à risques, les addictions ou les passages à l’acte. Certains cliniciens envisagent le Hikikomori comme pouvant être sous-­‐tendu par des pathologies psychiatriques existantes, tandis que d’autres proposent une nouvelle classification diagnostique à inclure dans le DSM V. Un psychiatre japonais K. Suzuki propose de distinguer Hikikomori primaire, pour lequel la situation de retrait n’est pas la conséquence d’une pathologie psychiatrique existante, et Hikikomori secondaire. En termes psychopathologiques, différentes causes explicatives du retrait peuvent être avancées comme un défaut d’attachement parental, des brimades par les pairs, le caractère timide du retirant. Exposé du matériel clinique 4 cas cliniques français et 6 cas cliniques japonais sont analysés, comparés et discutés, au regard de la littérature internationale. Interprétation Ces cas français et japonais présentent des ressemblances. Tous sont de jeunes hommes, issus de familles de classe moyenne, considérés comme de bons élèves et semblant adhérer aux idéaux parentaux et sociétaux. Tous entrent dans une chronicisation du retrait à domicile qui peut se poursuivre pendant plusieurs années. La conscience du temps et de l’espace est altérée. Le rythme nycthéméral peut être inversé. La description du phénomène évoque un processus addictif dont l’objet serait l’expérience du retrait en tant que telle. Des consommations de toxiques ne sont mentionnés que du côté français. Le mode d’entrée dans le retrait semble relié à un événement concret, comme l'échec amoureux, pour les cas français, à un évitement pour les cas japonais. Le retrait s’accompagne d’une hostilité forte aux parents et en particulier à la mère dans les cas japonais. Des pathologies, comme la phobie sociale, des troubles paniques, un syndrome d’Asperger, peuvent être associées au phénomène. Cependant, ces diagnostics sont posés simultanément ou secondairement et n’expliquent pas l’intensité et la durée du retrait. Surtout ils ne dispensent pas d’une prise en charge spécifique du retrait qui en tant que tel s’oppose ou complexifie le traitement de co-­‐morbidités. Discussion et conclusion Ce retrait social prolongé d’adolescents ou jeunes adultes peut être analysé comme une nouvelle expression du malaise adolescent, de la difficulté à devenir adulte dans nos sociétés contemporaines. Il convoque la nécessité d’étudier sa prévalence ainsi que ses causes et de réfléchir à des prises en charge adaptées. Bibliographie succincte Furuhashi T. et al : Etat des lieux, points communs et différences entre les jeunes adultes retirants sociaux en France et au Japon (hikikomori). L'évolution psychiatrique 2013 Guedj-­‐Bourdiau MJ. Claustration à domicile de l'adolescent. Hikikomori. Annales Médico-­‐
psychologiques 2011; 169(10): 668-­‐73 Kato TA et al : Does the “hikikomori” syndrome of social withdrawal exist outside japan? A preliminary international investigation. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology 2011 Saitō, Tamaki. Social Withdrawal: Adolescence without End. Minneapolis, University of Minnesota Press, 2012. Suzuki, Kunifumi. A propos du phénomène de hikikomori. (Rencontre avec). Abstract Psychiatrie, 2009, 41, pp.4-­‐5 51 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Body art et modification corporelle : du paraître à l’être -­‐ D. Rochaix1, C. Blatier1 & A. Bonnet2 1 Université Pierre Mendès France 2 Aix Marseille Université Le Body Art (BA) est un mouvement artistique aux références culturelles et sociales qui place le corps au devant de la scène. Il apparait comme un matériau permettant diverses expérimentations. Le BA renvoie à des dimensions artistiques (incluant la réalisation de performances) et esthétiques (axées sur la modification corporelle). Notre recherche se centre sur la modification corporelle (MC), ou bodmod, et sur le discours des sujets bodmoders. La MC correspond à une «altération délibérée (semi) permanente du corps incluant des procédures telles que le tatouage et le piercing» (Featherstone, 1999). L’objectif de notre recherche a été d’analyser le discours produit sur la MC. Nous nous sommes intéressé à la façon dont le bodmoder exprime certaines des représentations qu’il peut avoir de l’acte de MC (concernant ses pratiques, la façon dont il les perçoit et s’y implique) à travers l’utilisation de verbes spécifiques. Méthodologie Nous avons procédé à une analyse sémantique (logiciel Tropes-­‐Zoom VF7) en nous intéressant à la fréquence d’utilisation des verbes relevés dans les productions discursives de 16 sujets adultes (23 ans+/-­‐5,73; sexe ratio H/F: 2/14). L’intérêt que nous portons à cette catégorie grammaticale repose sur les renseignements fournis par les verbes quant à l’implication du sujet dans son discours. Ils servent à structurer ce qui est dit, à décrire une action, un état, et à présenter des faits. Résultats La répartition s’établie autour de verbes statifs (exprimant un état, comme c’est le cas dans l’extrait de discours suivant:«c’est quelque chose qui m’appartient »); factifs (évoquant une action: « ça me plaisait de me dire que j’allais faire cette modification »); déclaratifs («j’y réfléchirai un peu parce que j’ai eu cette expérience de la douleur») et performatifs (renvoyant à l’acte introduit par le langage: « je veux pas que mes tatouages dégueulent»). La comparaison de la fréquence d’utilisation des verbes révèle l’emploi majoritaire de verbes statifs et factifs. Les verbes statifs sont davantage utilisés que les verbes factifs (40% contre 36,27%, sans que cette distinction ne soit significative, p=.148). En revanche, ces deux catégories sont significativement présentes en proportion supérieure (p<.001) aux verbes déclaratifs (23,02%) et performatifs (0,71%). Les verbes statifs et factifs concernent des significations opposées, renvoyant respectivement à des états et actions. Ce résultat semble venir marquer une opposition entre la continuité des représentations et états du corps, tel qu’il est investi au quotidien, et la ponctualité de ces représentations et états au moment de la MC. Nous pouvons transposer cette dichotomie discursive à l’acte de MC. Ainsi, elle rendrait compte de l’investissement que le bodmoder fait de son corps, qui se situerait entre la perception d’un corps quotidien (lié à des représentations stables) et celle d’un corps artistique (mobilisé par l’action). Discussion Nous pouvons relever l’utilisation majoritaire de verbes statifs comme témoignant d’un état, d’une manière d’être, mis en lien avec la MC. Selon Andrieu (2008), les transformations du corps permettraient la construction d’un «soi corporel». De plus, Borel (1992) évoque une incorporation de la parure associée à un changement de comportement du bodmoder. La MC permettrait une «transformation du corporel au psychique» (Smadja, 2011). Le sujet passerait ainsi du registre de l’avoir, tel qu’il est évoqué dans le discours par les verbes factifs (associé à la marque ou l’accessoire porté sur la peau) au registre de l’être, tel qu’il est souligné par les verbes statifs (venant soutenir le sentiment d’exister et, par extension, celui d’identité). 52 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Bibliographie Andrieu, B. (2008). Mon corps est remarquable! Du body art à la chirurgie esthétique. Informations sociales, 145, 82-­‐89. Borel, F. (1992). Le vêtement incarné. Paris : Calmann-­‐Lévy. Featherstone, M. (1999). Body modification: An introduction. Body & Society, 5, 1-­‐13. Smadja, C. (2011). «Le travail de psychisation du corps». Revue française de psychosomatique 1 (39), 147-­‐161. Le rap, un langage à la marge ? -­‐ A., Régol & A. Bonnet Laboratoire lpcls, EA 3278, AMU L'objet de notre recherche clinique porte sur les processus psychiques inconscients opérant dans le rap, envisagé comme un langage. Une approche transversale à partir de certaines notions fondamentales en linguistique : le fait social de la langue (De Saussure, 1936), en philosophie du langage : la voix comme présence (Derrida, 1937) et la théorie des jeux de langage (Wittgenstein, 1967), situe le rap comme un langage. L'hypothèse générale est que le rap, ainsi défini, constitue un langage à la marge du langage académique. La problématique s’attache à mettre en lumière l'action des processus psychiques inconscients pour le sujet à l'individuel et au collectif. Les mécanismes de défense, les processus d'identification, de représentation interviennent dans l’organisation psychique du sujet dans son rapport singulier à l’autre, à l’objet et dans son rapport au collectif (Freud, 1915, 1921). La méthodologie qualitative repose, d’une part sur l’analyse sémantique du discours à l’aide du logiciel Tropes et, d’autre part sur une lecture psychopathologique. Les données se constituent d’un journal de bord tenu à partir de l’observation et d’entretiens cliniques et d’un corpus de textes de rap. La population se compose d’un groupe de six jeunes patients âgés de dix-­‐huit à vingt-­‐six ans. Un atelier-­‐rap leur est proposé dans le cadre des activités du « Groupe Jeunes » du C.A.T.T.P (CH. E.T, Marseille 13). Les résultats attendus sont que le rap, soutient un mode de socialisation, de reconnaissance à un autre par l'appartenance à un groupe, à une communauté de langage. Références bibliographiques Freud S., (1915), Métapsychologie, Éditions Gallimard, Folio-­‐Essais, 1968 Freud S.,(1921), Site internet : http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/essais_de_psychanalyse/Essai_2_psy_c
ollective/psycho_collective.html Béthune C., «Pour une esthétique du Rap», Collection 50 Questions Klinsksieck, 2004 De Saussure F., (1936), Cours de Linguistique Générale, Editions Payot, 2005 Derrida J., (1967), La Voix et le phénomène, Editions PUF Wittgenstein L., (1965), Cahier Bleu et Cahier Brun, Editions Gallimard Étude des facteurs influençant l'accession des sdf à un dispositif de réinsertion sociale -­‐ G. Langlard1, E. Bouteyre2, & A. Rezrari1 1Laboratoire psy-­‐nca (ea 4700) 2Laboratoire lpcls (ea 3278). En France, le phénomène Sans Domicile Fixe (SDF) se pose comme une problématique sociétale majeure. Afin d’endiguer ce phénomène, les gouvernements ont mis en place un large dispositif d’aide sociale constitué de deux principales actions idéalement successives : (1) l’hébergement d’urgence avec le développement d’asiles de nuit et (2) la réinsertion sociale avec la mise en place de Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS). Les 53 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie limites de ces actions se font voir. Certains SDF refusent l’hébergement d’urgence et d’autres ne parviennent à accéder au dispositif de réinsertion. Face cette réalité, certains auteurs dénoncent les carences de ces dispositifs (Dambuyant-­‐Waegny, 2004 ; Martin, 2011 ; Soulié, 1997); d’autres soulèvent ces questions sous un angle psychopathologique (Combaluzier et Pedinielli, 2003 ; Langlard et Bouteyre, sous presse). L’objectif de notre étude est d’identifier le poids de certains facteurs dans les difficultés de réinsertion sociale des SDF. Méthodologie Un groupe de 10 sujets SDF accueillis en CHRS est comparé à un groupe de 16 sujets SDF non-­‐accueillis en CHRS. Un entretien semi-­‐directif mené auprès de chaque sujet permet d’investiguer la responsabilité subjective qu’ils ont de leur situation SDF, leurs relations amicales/familiales, leur tentative de réinsertion, leur vision de l’avenir. La passation de l’échelle HAD (A.S Zigmond et R.P. Snaith, 1983) éclaire leurs niveaux de dépression et d’anxiété. Résultats Des différences significatives émanent de la comparaison de ces deux groupes de sujets : -­‐ les sujets accueillis en CHRS présentent un niveau moyen de dépression et d’anxiété (6,4 et 8,5) plus faibles que ceux des non-­‐accueillis en CHRS (9,4 et 13,3) ; -­‐ les sujets accueillis en CHRS sont proportionnellement plus nombreux à se sentir pleinement responsable de leur situation SDF (60% contre 12,5%), à entretenir des relations amicales et familiales (60% contre 12,5%), à entreprendre des démarches pour s’extraire de leur situation (90% contre 31,3%), et se projeter dans un avenir (70% contre 18,8%). Discussion Les difficultés d’accession à un CHRS sont liées à des niveaux dépressif et anxieux élevés. Ces niveaux d’anxiété-­‐dépression traduisent une souffrance psychique et un état de détresse plus accentués chez les sujets non-­‐accueillis par un CHRS et sont à relier aux conditions de vie de ces deux groupes. Les sujets inscrits en CHRS disposent d’un cadre sécurisant et d’un accompagnement soutenu sur du long terme. La responsabilité personnelle qu’ils portent sur leur situation leur offre un sentiment de maîtrise de leur vie et favorise leur entrée dans une dynamique de réinsertion. A l’inverse, les sujets non-­‐accueillis par un CHRS sont livrés à la rue au quotidien. Contraints à la survie, ces sujets ne peuvent maintenir des relations amicales et familiales, sont dans l’incapacité de se projeter dans l’avenir et d’entreprendre les démarches nécessaires à leur réinsertion. Conclusion Cette étude permet de poser l’anxiété et la dépression comme deux variables significatives de l’accession des personnes SDF à un CHRS. Ces résultats éclairent les difficultés de réinsertion sociale et offrent des pistes de réflexion nécessaires à l’amélioration de la prise en charge de ces populations SDF. Références Combaluzier, S., Pedinielli, J.-­‐L. (2003). Etude de l’influence des troubles mentaux sur les difficultés de réinsertion sociale. Annales médico-­‐psychologiques, 161, 1, 31-­‐37. Dambuyant-­‐Waegny, G. (2004). Sans toit ni loi : les exclus. Ethnologie française, 34, 499-­‐508. Langlard, G., Bouteyre, E. (Sous presse). Etude comparative de dix sujets SDF fréquentant un Centre d’Hébergement d’Urgence et de dix sujets SDF vivant uniquement dans la rue : acceptation et refus de l’hébergement d’urgence.Annales médico-­‐psychologiques. Martin, J.-­‐P. (2011). La rue des précaires. Toulouse : Erès. Soulié, C. (1997). Le classement des sans-­‐abri. Actes de la recherche en sciences sociales, 118, 69-­‐80. 54 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Sensibilité aux récompenses/punitions et impulsivité dans la pratique vidéo-­‐ludique addictive, en fonction du format de jeu vidéo, chez les adolescents -­‐ S. Gaetan1, A. Bonnet2, & P. Therme1 1Aix-­‐Marseille Université, ism 2Aix-­‐Marseille Université, lpcls La pratique vidéo-­‐ludique peut parfois devenir addictive, notamment lorsqu'il s'agit de jeux vidéo en ligne (Valleur, 2009). La littérature considère les "caractéristiques addictogènes" spécifiques à de ce type de jeu (Gaon & Stora, 2008). De manière plus générale, le système de récompenses immédiates est une caractéristique inhérente à tout jeu vidéo, considérée comme un des facteurs explicatifs de la mise en place d'un processus addictif (Valeur, 2009). Par ailleurs, la sensibilité́ aux punitions/récompenses et l’impulsivité sont des traits de personnalité considérés comme des signes de l'adaptation du sujet à son environnement (Inserm, 2005; Torrubia, et al. 2001). En effet ce système motivationnel, en lien avec l’impulsivité, déterminerait les comportements du sujet mais aussi les conséquences ou jugements liés à ces comportements. Or, les réponses impulsives sont fréquentes à l'adolescence (Constant, 2000) et se retrouvent dans les conduites addictives (Sarramon et al. 1999 ; Turner, et al. 2008). L’environnement virtuel du jeu vidéo serait alors un moyen d’expression et d’adaptation pour certains adolescents. L'objectif de cette étude est de questionner la pratique vidéo-­‐ludique addictive, dans une approche compréhensive, en lien avec la sensibilité aux récompenses, aux punitions et l’impulsivité. Nous avons rencontré, au sein de leurs établissements scolaires, 159 adolescents (10 à 18 ans). La méthodologie quantitative nous a permis d'évaluer la pratique vidéo-­‐ludique (GAS, Lemmens et al. 2009), la sensibilité aux récompenses et punitions (SPSRQ, Torrubia et al. 2001), l’impulsivité fonctionnelle et dysfonctionnelle (FIDI, Dickman et al. 1990). Les sujets ont leur format de jeu vidéo privilégié (en ligne/hors ligne). Les résultats soulignent l'existence d'une conduite addictive ayant pour objet les jeux vidéo en ligne (n=11) et hors ligne (n=9). La conduite addictive est positivement liée à la sensibilité aux punitions (r=.227, p<.05) et négativement liée à l'impulsivité fonctionnelle (r=-­‐.176, p<.05). Les adolescents considérés comme addictés aux jeux vidéo hors ligne sont plus sensibles aux punitions que les adolescents non addictés (p<.05). Ils sont également plus sensibles aux punitions qu'aux récompenses. L’impulsivité des adolescents considérés comme addictés aux jeux vidéo hors ligne est plus dysfonctionnelle que fonctionnelle. La sensibilité aux punitions et l’impulsivité dysfonctionnelle sont ici mises en avant. Classiquement, la sensibilité aux récompenses est en lien avec l’impulsivité (Torrubia, 2001), laquelle est généralement associée aux conduites addictive (Sarramon et al. 1999 ; Turner et al. 2008). Ces résultats suggèrent que le système de récompenses immédiates inhérent aux jeux vidéo ne suffit pas à rendre compte d’une pratique addictive (Valleur, 2009). Nous pouvons penser que la pratique vidéo-­‐ludique serait un moyen d'adaptation au monde, ici l'environnement virtuel. Sensible aux punitions et ayant des comportements impulsifs inappropriés, l’adolescent s’immergerait dans l’environnement virtuel, lui apparaissant comme plus compréhensible. Pour finir, des éléments semblent émerger quant à une spécification du processus addictif selon le format de jeu vidéo. Constant, J. (2000). Comportement (troubles du). In D. Houzel, M. Emmanuelli, & F. Moggio, Dictionnaire de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent (pp. 136-­‐138). Paris: Presses Universitaires de France. Gaon, T., & Stora, M. (2008). Soigner des jeux vidéo/Soigner par les jeux vidéo. Quaderni, 67, 33-­‐42. Inserm. (2005). Trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent. Paris: Editions Inserm. Torrubia, R., Avila, C., Molto, J., & Caseras, X. (2001). The Sensitivity to Punishment and Sensitivity to Reward Questionnaire (SPSRQ) as a measure of Gray's anxiety and impulsivity dimensions. Personality and Individual Differences, 31, 837-­‐862. 55 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Turner N., Jain U, Spence W., Zangeneh M. (2008). Pathways to pathological gambling: component analysis of variables related to pathological gambling. International Gambling Studies, 8 (3), 281-­‐298. Valleur, M. (2009). La cyberaddiction existe-­‐t-­‐elle? Psychotropes, 15(1), 9-­‐19. Traumatisme et violence familiale -­‐ C. Attard1, & J-­‐L. Pedinielli2 1Université de Corse 2Université de Provence Cette étude cherche à déveloper une visée théorique et thérapeutique de la prise en charge des situations de violences familiales. Elle délcine ainsi l’expression traumatique de la violence au sein de la relation mère/enfant et ses répercussions sur le développement de l’enfant. Au sein de configurations familiales marquées par la négligence, la carence et la tyrannie du lien, elle envisage une approche économique et dynamique de l'agir, considéré à la fois comme processus de décharge et comme porteur d’un sens psychique qui vient signifier un traumatisme initial dont le sens métaphorique est brouillé. (Penot, 2002. Berger, 2003; Balier, 2005). Matériel et Méthode Cette recherche s’est déroulée dans un Centre Maternel à partir de quatre dyades mère/enfant, admises dans le cadre d'une alternative au placement. Cette recherche qualitative s'appuie sur 2 hypothèses opérationnelles: Dans le rapport à la réalité et dans le rapport à l'objet, l'usage répété de l'agir par la mère traduit un vécu traumatique qui figure d'un réel non symbolisé et qui désorganise les interractions mère/enfants. La répétition d’activités autosensuelles et le maintien d’une position d’omnipotence traduisent les manifestations d’un trauma chez l’enfant. Concernant la mère, nous avons procédé à une analyse de contenu. Concernant les interactions mère/enfant, nous avons procédé à une analyse comportementale et à une étude psychodynamique. Concernant l’enfant, nous avons procédé à une analyse comportementale. Résultats et interprétations des résultats : Au niveau de la mère, nous retrouvons une difficulté à se voir et à se représenter elles-­‐
mêmes, leurs familles, leurs enfants et par là même certaines composantes de la réalité, comme objets différenciés (Bokanowski, 2006). Cette absence de soi contribue, par le discours et par les actes, à situer le conflit spécifiquement au regard de la réalité, soulignant la relation entre pauvreté symbolique, primat du perceptif et richesse de la réalité externe. Cette relation a pour effet de nuire à la dimension imaginaire et fantasmatique du sujet, à l’endroit même où le réel se présente, en tant que non symbolisé (Roussillon, 1999). Au niveau de l’enfant, nous notons une absence significative du jeu avec les pairs et avec l’adulte. Parallèlement, face à l’absence de l’objet, le vécu s’assimile a une perte brutale où l’enfant est propulsé dans le registre des défenses autosensuelles (Mahler, 1972; Golse, 1999). Nous repérons chez l’enfant une difficulté à supporter l’absence et à construire la question de la perte. Le risque se situe d’une part, dans l’installation d’un enfermement défensif au sein du monde sensoriel, considéré comme plus satisfaisant que le monde environnant, et d'autre part, au niveau de l’évolution de cette défense vers un recours à l’agir compulsif, soumis à la recherche d’excitations (Mises, 1990). Conclusion Les résultats nous conduisent à prévenir du risque que l'institution se centre sur le réel, en faillite elle-­‐même de symbolisation, et qu'elle propose à l'enfant, désorganisé par la question de la perte, des séparations et des ruptures brutales. Cette étude envisage ainsi la 56 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie résonnance de la violence familiale sur les pratiques institutionnelles qui courent le risque de se teinter de violence. Bibliographie : 1. Berger, M. (1992). Violence et échec de l’emprise. Dialogue, 3, 117, p. 3-­‐
2. Berger, M. (2003). L’échec de la protection de l’enfance. Paris : Dunod, 2004.
3. Bokanowski, T. (2002). Traumatisme, traumatique et trauma. Revue française de psychanalyse, 3, 66, p. 745-­‐757.
4. Mises, R. (1990). La pathologie limite de l’enfance. Paris : Dunod.
5. Mahler, M. (1970). Psychose infantile. Paris : Payo
6. Penot, B. (2002). Agir au service du processus de subjectivation. Revue française de psychanalyse, 5, 66, p. 1603-­‐1611.
7. Roussillon, R. (1999). Agonie, clivage et symbolisation. Paris: Presses Universitaires de France. 8. Golse,B.(1999).Du corps à la pensée. Paris: Dunod.
Mots clés : Traumatisme – Violence – Maltraitance familiale – Agir – Trauma – Vécu traumatique Les psychothérapies de groupe pour les auteurs d’infractions sexuelles : recherche sur l’efficience et les processus thérapeutiques -­‐ M. Perrot, & K. Chahraoui Lppm Université de Bourgogne Introduction Alors que de nombreux thérapeutes estiment que le groupe est une modalité privilégiée de prise en charge des auteurs d'infractions sexuelles, les chercheurs se sont encore peu intéressés à l'efficience de ce type de thérapie. Ainsi, notre recherche a pour objectif d'évaluer l'évolution du fonctionnement psychique d’auteurs d’infractions sexuelles après deux ans de psychothérapie de groupe et de cerner certains des processus thérapeutiques en jeu. Méthodologie Le choix méthodologique pour cette étude exploratoire a été de croiser l’évaluation des patients, des thérapeutes et du chercheur sur la base d’un test-­‐retest. Au regard de la littérature scientifique sur les auteurs de violences sexuelles ainsi que sur l’évaluation des psychothérapies, nous avons choisi d’évaluer certaines dimensions concernant d’une part le fonctionnement psychique des patients (profil de personnalité, caractéristiques psychopathologiques, psycho-­‐criminologiques et psycho-­‐sexologiques, fonctionnement défensif, profil d’attachement narratif) et d’autre part les processus thérapeutiques (alliance thérapeutique, contre-­‐transfert et relation psychothérapeutique). Vingt-­‐huit hommes majeurs ont participé à la première phase et dix-­‐sept ont effectué le retest. Ils ont été condamnés ou mis en examen pour des infractions sexuelles de différentes natures et reconnaissent au moins en partie les faits. Tous bénéficient d'une prise en charge dans un des cinq groupes sollicités et sont volontaires pour participer à une recherche sur les psychothérapies de groupe dans le cadre d’une thèse de psychologie. Résultats Les premiers résultats statistiques montrent un développement des capacités d'insight à la grille clinique d'évaluation remplie par les thérapeutes, une meilleure perception de la réalité d’après le Rorschach et un réaménagement défensif mesuré par le DSQ-­‐60. Alors que les analyses statistiques indiquent une assez grande stabilité entre T1 et T2, l'approche qualitative, à travers des études de cas, révèle la complexité de la clinique des auteurs d'infractions sexuelles. En effet, il apparait que les changements s'opèrent chez les patients de manière variable. Pour certains patients, l'évolution mise en lumière peut porter par exemple sur une meilleure connaissance d'eux-­‐mêmes, une compréhension plus 57 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie approfondie de leur passage à l'acte, des relations aux autres plus épanouissantes ou encore sur le développement de leur capacité de mentalisation. Discussion Cette recherche montre l’intérêt d’une évaluation approfondie pour mettre en évidence l’évolution d’auteurs d’infractions sexuelles en thérapie de groupe. Cette recherche exploratoire pose les bases d'une réflexion qui devra porter sur un nombre plus important de patients afin d'approfondir les résultats. Bibliographie -­‐ Ciavaldini A., & Bouchard M. (2004). Evaluation psychodynamique de l’impact du psychodrame en groupe sur des sujets pédophiles judiciarisés, Forensic, 18, 12-­‐15. -­‐ Coutanceau R., & Smith J. (2010) Outil clinique d’évaluation du changement chez les auteurs d’agressions sexuelles. In R. Coutanceau & J. Smith (Eds), La violence sexuelle. Approche psychocriminologique (pp. 91-­‐104). Paris : Dunod. -­‐ Devaud Cornaz C., & Guraiib G. (2011). Psychothérapies de groupe d’auteurs de violence sexuelle. Intérêt d’un traitement de groupe combiné avec un suivi individuel. Psychothérapies, 31(1), 27-­‐37. -­‐ Fédération française de psychiatrie (2002). Psychopathologie et traitements actuels des auteurs d'agressions sexuelles. Conférence de consensus. Montrouge : John Libbey Eurotext. -­‐ Roussel V., & Savin B. (2008). Groupe de parole pour des auteurs d’agression sexuelle incarcérés. Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 50(1), 97-­‐112. -­‐ Smith J., Andronikof A., Coutanceau R., & Weyergans E. (2002). Etude longitudinale à l’aide du test de Rorschach de trois sujets présentant une problématique pédophilique, Pratiques Psychologiques, 2, 3-­‐13. -­‐ Thurin J.M., & Thurin M. (2007). Evaluer les psychothérapies. Méthodes et pratiques. Paris: Dunod. “le corps-­‐image”. asthme et photolangage : regarder, parler pour respirer -­‐ P. Ughetto Université lyon 2 Cette recherche porte sur les prémices de prise de conscience que le dispositif du Photolangage (Vacheret) instaure chez des patients asthmatiques. Centrée sur la théorie psychanalytique des groupes etl’équation « groupe=mère=cadre » (Kaës), la problématique est : le Photolangage, ne constituerait-­‐il pas une enveloppe psychique groupale et un espace de pensée dans lequel se rejouerait la fonction miroir maternelle, réélaborant ainsi le «corps-­‐image»? Animé par un médecin, le groupe de Photolangage a constitué l’objet et le terrain de recherche, à Buenos Aires. Huit femmes asthmatiques (population plutôt homogène) se regroupaient une fois par mois. Trois séances significatives au niveau de la dynamique groupale composent le matériel clinique exploité après prise de notes. Le premier outil d’investigation a été l’observation des expressions émotionnelle, comportementale et langagière. Quelles photos étaient choisies par les patientes ? Et comment ces dernières en parlaient-­‐elles, écoutaient-­‐elles les autres et se laissaient-­‐elles interpeller ? L’analyse approfondie des ressentis générés chez le chercheur (transfert/contre-­‐transfert) a constitué le deuxième outil. Le concept novateur de ce travail est celui de «corps-­‐image». Il s’agit d’un corps « quasi-­‐
étranger à lui-­‐même », se percevant difficilement de « l’intérieur » et devenu image (entendue comme les représentations, perceptions, sentiments, élaborés face à son corps). Le Photolangage amènera les patientes asthmatiques à prendre conscience qu’elles sont spécifiquement affectées par ce « corps-­‐image », percevable, cliniquement parlant, à travers leur « retenue émotionnelle » et la tendance fusionnelle de leur lien aux autres. Grâce à sa fonction miroir et relationnelle, le groupe a alors révélé des failles lors des premiers échanges mère/nourrisson, plus ou moins à l’origine de ce « corps-­‐image ». Le travail du lien a permis l’accès aux nuances dans les ressentis auparavant marqués par 58 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie l’excès et « le trop » ainsi qu’un début d’ambivalence. L’étude a aussi montré comment le psychisme de chacun, semblable à une enveloppe (Anzieu) se trouve déployé dans une enveloppe groupale pare-­‐excitante, mettant en travail la différenciation Soi/non-­‐Soi. Enfin, la parole et la respiration ont pu se déployer dans « le nid contenant » groupal par la photographie et la chaine associative groupale. L’aptitude à davantage de rêveries, fantasmes et prises de conscience suggère une ébauche de symbolisation grâce à « l’être ensemble ». Souhaitant rendre compte d’une prise de conscience véritablement «mutatrice» du «corps-­‐
image», une étude à plus long terme permettrait alors d’affiner ces résultats et de mettre plus en avant l’évolution clinique de l’atteinte somatique. L’intérêt de cette recherche réside ainsi en l’instauration de thérapeutiques groupales dans le champ psychosomatique. Ces dernières semblent en effet constituer des « leviers » et permettre des transformations significatives chez les sujets dont la souffrance psychique ne parvient à s’exprimer autrement que par le biais du corps. ANZIEU D., (1984), Le Groupe et l’Inconscient, Paris, Dunod BERNARD M., (et col), (1995), Desarrollos sobre grupalidad, Buenos Aires, Lugar Editorial COCHE B. (1972), L’asthme grave de l’adulte –de la psychologie clinique à la pathologie du narcissisme, Lyon, Thèse KAES R. (2000), L’appareil psychique groupal, Paris, Dunod LICHTENSTEIN H., (1976), Le rôle du narcissisme dans l’émergence et le maintien d’une identité primaire, Nouvelle Revue de Psychanalyse, Tome 13, pp.147-­‐160 NASIO J.D., (2007), Mon corps et ses images, Paris, Payot NERI C. (1997), Grupo-­‐Manual de psicoanalisis de grupo, Buenos Aires, Nueva Vision SCHILDER P. (1980), L’image du corps, Paris, Gallimard VACHERET C (1984), Image, imaginaire et représentation de soi -­‐Thèse de troisième cycle, Université Lumière Lyon 2-­‐ VACHERET C. (et col), (2000), Photo, groupe et soin psychique, Lyon, PUL WINNICOTT D. (1971), Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975 Pierre ou la vie ordinaire d’un auteur de violences sexuelles pris en charge dans un dispositif thérapeutique de psychodrame psychanalytique de groupe -­‐ B. Smaniotto1, & M. Reveillaud2 1Université lyon 2 2Rapav Introduction : Cette étude de cas met en lumière la contradiction entre le parcours d’un homme ordinaire et ses actes de violence sexuelle. Nous repérons dans l’histoire de Pierre, ses fragilités narcissiques en lutte avec ses conditions environnementales ; ou comment un homme « banal » peut s’engager dans des agirs sexuels violents, en lien avec la partie clivée de sa personnalité. Nous suivrons son évolution dans un dispositif de psychodrame psychanalytique. Le dispositif : A la suite des travaux de Balier (1996), notre Service de Soins Ambulatoires Spécialisés propose des groupes de psychodrame psychanalytique (Kaës, 1999) aux auteurs de violences sexuelles. Ces groupes de 8 patients, animés par 2 psychothérapeutes, ont lieu tous les quinze jours et durent une heure et quart. Les règles de fonctionnement sont : régularité, confidentialité, non jugement, solidarité, libre association, « faire semblant » dans les scènes. Nous demandons aux patients de s’engager pour une durée minimale de deux ans ou six mois au-­‐delà des soins contraints. Ce dispositif impliquant la création progressive de l’enveloppe groupale (Anzieu, 1984) favorise la mobilisation des affects (Ciavaldini, 2004) et l’ouverture à la capacité de sollicitude (Winnicott, 1963). Il permet l’assouplissement des 59 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie défenses, parmi lesquelles le déni et le clivage, sans attaquer brutalement les résistances. Il contribue à leur levée progressive sans risquer l’effondrement psychique. Clinique : Pierre, 32 ans, nous est adressé après deux ans de détention. Il apparaît comme un homme stable et solide ; pourtant, à 22 ans, il a agressé sa nièce mineure trois fois. Pierre nous expose avec difficulté les faits et rapporte une enfance normale. Il perçoit l’intérêt de rencontrer d’autres auteurs d’agressions sexuelles, espérant comprendre son comportement en échangeant avec les autres. Discussion : Enfant obèse et humilié, son premier contact sexuel le rend père à 18ans avec une partenaire qu’il n’aime pas. Encore aux prises d’enjeux œdipiens, il ressent alors de la frustration et de la culpabilité. Le clivage s’est construit à travers ces différents traumatismes : une part de lui-­‐même étant un père de famille ordinaire ; l’autre part restant cet enfant obèse attaché à la mère. Dans le groupe, sa partie clivée trouve une figuration dans les mises scènes et les affects associés sortent de l’ombre. Enfin, la règle de solidarité encourage l’empathie : l’amour prédateur et sans compassion de Pierre se transforme en préoccupation pour sa victime et son destin. Conclusion : La vie apparemment ordinaire d’un auteur de violences sexuelles peut masquer, sous l’effet du clivage, des traumatismes infantiles enfouis éclairant la dynamique du passage à l’acte. Ces traumas ont coupé le sujet d’une part de lui-­‐même et entravé ses capacités d’empathie. Notre dispositif stimule l’entraide entre les patients, restaurant la capacité de sollicitude et ouvre à l’exploration partagée des affects. Ce mouvement est à l’œuvre chez Pierre : de sa position de leader positif, il aide les autres dans leur cheminement, accueillant leurs difficultés… en écho à son propre travail au décours duquel il parvient à mettre des mots sur les « trous » de son histoire et reconnaître la souffrance de sa victime. Bibliographie Anzieu D. 1984. Le groupe et l’inconscient, l’imaginaire groupal. Dunod, Paris Balier C. 1996. Psychanalyse des comportements sexuels violents. Une pathologie de l’inachèvement. PUF, Paris Ciavaldini A. 2004. Mobilisation des affects par le psychodrame de groupe dans le traitement des auteurs d’agressions sexuelles. Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe 42, 69-­‐78 Kaës R.1999. Le psychodrame psychanalytique de groupe. Dunod, Paris Réveillaud M. Guyod F. 2008. Le psychodrame pour les auteurs de violences sexuelles : Juste ou les malheurs de la vertu. L’Evolution Psychiatrique 73(2), 305-­‐318 Winnicott DW. 1963. Elaboration de la capacité de sollicitude et valeur de la dépression. In DW Winnicott, Processus de maturation de l’enfant. Développement affectif et environnement, Payot, Paris, 1970 L'intérêt clinique d'une prise en charge groupale pour les auteurs d'infractions sexuelles en détention-­‐ S. Kalouche Centre de détention de Montmédy Les sujets qui participent au groupe sont tous condamnés pour "agressions sexuelles" et ont un suivi socio judiciaire prononcé. Ce groupe fait partie d'un dispositif de soin psychiatrique proposé par l'UCSA du centre de détention, tout comme le suivi individuel. Il s'agit d'un mode d'approche psychothérapeutique particulièrement efficace en terme de prévention et qui peut être une bonne indication dans le cas où le suivi individuel n'est pas ou plus fructueux. Le groupe permet d'aborder plusieurs thématiques: des aspects psycho criminologiques (rapport aux faits, contrainte, loi) psychopathologiques (symptômes, personnalité), psychosociologiques (pathologies de la relation, milieu social), psycho sexologiques (conflits, fantasmes).Les patients apprennent tout au long des séances à contrôler leurs pulsions, à 60 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie respecter les limites du cadre imposé, à comprendre leurs schémas de distorsions cognitives, à se mettre à la place de l'autre, à reconnaître les faits... Le groupe est constitué d'Auteurs d'Infractions Sexuelles, leur nombre varie entre 6 et 12. 2 thérapeutes, un psychologue et un infirmier les encadrent. Suite à un entretien d'évaluation en binôme, une proposition d'indication de groupe est émise en fonction des résultats obtenus à la grille. Cette évaluation est basée sur la grille de CONTANCEAU dans "La Violence Sexuelle" qui inclut 7 critères permettant de définir dans quel groupe se situe le patient. (Les critères sont : Reconnaissance des faits/ Reconnaissance de la contrainte lors de l'acte/ Vécu Surmoïque /Retentissement psychique pour la victime/Positionnement face à la loi/Adhésion au soin/ Transfert Contre transfert). Selon Coutanceau, les sujets qui répondent majoritairement favorablement aux 7 critères appartiennent au groupe 1 dit "Immaturo névrotique", les sujets qui n'ont qu'une reconnaissance partielle de ces critères font partie du groupe 2: "Immaturo egocentrique", enfin les sujets qui ne répondent pas ou peu à ces 7 critères appartiennent au groupe 3 dit: "Immaturo pervers".L'inclusion au groupe est essentiellement basée:-­‐Sur la grille de Contanceau (7 critères/3 groupes) (appartenir surtout au groupe 2 voire au groupe 1, moins au groupe 3) et -­‐Sur le rapport aux faits (reconnaissance à minima). Nous faisons l'hypothèse qu'une névrotisation des sujets A.V.S aura comme conséquence une diminution de la récidive. En effet, d'après les travaux de Bergeret sur "la Violence fondamentale" et de Freud sur la métapsychologie (3 instances: Ca, Moi, Surmoi), la mentalisation des actes entraînant une meilleure gestion des pulsions, une intégration symbolique de l'interdit, un vécu surmoique plus important empêchera par là même le passage à l'acte sexuel violent. Si les patients sont intégrés au groupe, un contrat thérapeutique est signé par eux même, après lecture des règles de fonctionnement. Ces règles définissent le cadre (respect des horaires, présence, confidentialité des propos, respect de l'autre, groupe ouvert sans quotas de séance déterminées) En fin de session de groupe, les sujets sont réévalués sur la même base qu'à l'entrée, à travers la grille d'évaluation de Coutanceau, l'objectif étant qu'ils se "névrotisent" et qu'ils intègrent le gpe 1 pour éviter d'autres passages à l'acte. Pendant les séances, le rôle des thérapeutes est de favoriser la circulation de la parole, de n'omettre personne, de susciter des réactions, d'encourager l'élaboration psychique. Après la séance, un débriefing a lieu entre les intervenants. Une supervision a lieu une fois par mois pour ces derniers et des réunions cliniques sont organisées régulièrement avec le psychiatre. Les thérapeutes sont ammenés à élaborer un travail spécifique de réflexion sur le cadre de soin, sur le discours de chaque participant, sur le contenu des séances, sur leurs propres interventions et sur leurs mouvements transfero contre transférentiels. Biblio: "La violence sexuelle", Coutanceau 2006, "La prise en charge pénitentiaire des auteurs d'agressions sexuelles" Alvarez, 2007, "Psycho-­‐criminologie, Senon, 2008. Les infirmiers psychiatriques face à la violence du suicide des patients -­‐ M. Granados1, I. Banovic2, A. Andronikov1, & D. Gilibert3 1 interpsy (ea 4432), Paris-­‐Ouest Nanterre 2 interpsy (ea 4432), Université de Bourgogne 3 Université de Lorraine Introduction Les infirmiers en psychiatrie font face à une population suicidante car 4% des suicides ont lieu en séjour psychiatrique (1). Le suicide du patient aurait un impact émotionnel fort sur le personnel (2) car il constitue un facteur de stress (3), de traumatisme (1), voire un stress post-­‐traumatique (4). Alors que l’intervention des patients suicidants s’appuie sur le maintien d’une relation thérapeutique (5), peu d’études ont repéré les répercutions de cet acte sur les investissements perdus de cette relation et sur la santé mentale des infirmiers. A partir du modèle transactionnel (6) et considérant la distance professionnelle comme un mode de défense (7), on se demande comment un infirmier, 61 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie travaillant en psychiatrie, utilise la relation soignant/soigné pour limiter l’impact de la violence que peut lui renvoyer l’acte suicidaire (suicide/tentative de suicide) d’un patient ? Objectifs: A/préciser l’impact d’un acte suicidaire d’un patient sur la perception de la relation thérapeutique de l’infirmier; B/comprendre l’impact d’un acte suicidaire d’un patient sur la santé mentale de l’infirmier; C/décrire les stratégies défensives, utilisant la relation thérapeutique, développées par l’infirmier pour restaurer une image positive de lui-­‐
même. Hypothèses: A/Conformément à ce qui a été observé (3), les croyances des infirmiers en l’aspect protecteur d’une relation thérapeutique toute puissante seraient ébranlées, dans le sens où elle protégerait le patient de tout passage à l’acte; B/On s’attend à trouver un fort état de stress post traumatique chez l’ensemble des infirmiers ayant vécu le suicide d’un patient; C/Selon à la théorie de la gestion de la terreur (8), plus l’estime de soi professionnelle serait forte, plus le niveau des troubles de l’Etat de Stress Post Traumatique est faible; D/Au regard du modèle transactionnel (6), l’infirmier parviendrait à se défendre du contexte hostile émanant du suicide en désinvestissant la relation soignant/soigné pour se centrer sur les défauts d’organisation institutionnelle. Méthode: 200 infirmiers (travaillant dans des unités qui accueillent, pour au moins six mois, des adultes atteints de troubles psychiatriques) seront recrutés. Deux groupes de 100 sujets, appariés en sexe et ancienneté, seront comparés : contrairement au groupe contrôle, le groupe expérimental a connu le suicide d’un patient au cours de l’année. Un entretien semi-­‐
directif sera analysé (par la théorisation ancrée) pour évaluer les attributions causales de la représentation de la relation thérapeutique et celles des déterminants du suicide. Nous évaluerons aussi le niveau d’estime de soi (SEI), le stress post-­‐traumatique (IESR) et les stratégies de coping (WCCR). Bibliographie (1)Terra, J.L.(2010). Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en France. Bulletin épidémiologique hebdomadaire,47,487-­‐510; (2)Proulx, F., Grunberg, F. (1994). Le suicide chez les patients hospitalisés. Santé mentale au Québec,19,2,131-­‐143; (3)Henry, M., Seguin, M. & Drouin, M-­‐S.(2008). L’impact du suicide d’un patient chez les professionnels en santé mentale: différences entre les femmes et les hommes. Frontières,21,53-­‐63; (4)Hendin, H., Haas, A.P., Maltsberger, J.T., Szanto, K. & Rabinowicz, H. (2004) Factors Contributing to Therapists’ Distress After the Suicide of a Patient, American Journal of Psychiatry,161,1442-­‐
1446; (5)Canevascini, M.(2009). Accompagner un patient suicidaire. Pensée Plurielle, 22,3,99 109; (6)Lazarus, R.S., & Folkman, S.(1984).Stress, appraisal, and coping. New York: Springer; (7)Pravez, P.(2003). Distance professionnelle et qualité du soin: distance et affectivité, distance et déshumanisation, enjeux individuels et collectifs. France:Worlters Kluwer; (8)Pyszczynski, T., Greenberg, J., Solomon, S., Arndt, J., & Schimel, J. (2004). Why do people need self-­‐esteem?A theoretical and empirical review. Psychological Bulletin 130,435-­‐
468 Approche générationnelle des phénomènes de maltraitance au québec : enjeux cliniques de la prévention et horizons thérapeutiques -­‐ D. Lafortune & S. Gilbert Université du québec à montréal En 1998, on estimait à plus de 135 000 le nombre d’enquêtes menées au Canada sur la maltraitance des enfants et à 45% la proportion de cas corroborés (Trocmé et al., 2001). Seulement au Québec, 27 259 signalements ont été retenus entre 2010 et 2011, ce qui représente une hausse de 8,2% par rapport à l’année précédente (Association des Centres jeunesse du Québec, 2011). Les cliniciens concernés témoignent de leur impuissance à prévenir les abus et la négligence, mentionnant leur besoin d’être plus outillés face à certains défis cliniques, notamment la répétition générationnelle des comportements maltraitants ou à risques dans ces familles en difficulté (Kim, 2009; Wats, 2005). Une situation d’autant plus préoccupante que les effets délétères de ces comportements, tant au 62 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie plan de l’attachement que du développement neurologique, cognitif, social et affectif de l’enfant sont largement documentés (Bonneville, 2010; De Bellis, 2005; Perry, 2009). Par ailleurs, ces parents en difficulté confrontent régulièrement les professionnels par leur embarras à aborder leur souffrance psychologique (Gilbert et Lussier, 2007); une souffrance souvent reliée à des traumatismes relationnels qui ont ponctué très précocement leur propre histoire familiale (Lacharité et Éthier, 2007). S’additionnent à cela leur difficulté à passer par la parole (préférant l’agir ou le déni) et l’absence d’une demande manifeste de suivi (Lafortune et Gilbert, 2013), bousculant les repères habituels du cadre en psychothérapie. Une recension des écrits pointe une lacune dans la littérature quant aux approches d’intervention qui intègrent à la fois la donne générationnelle et les obstacles majeurs au processus thérapeutique spécifiques à cette clientèle, notamment le passage par la parole entravé sur une histoire en souffrance et l’engagement lacunaire dans la relation thérapeutique. Cette communication poursuivra deux visées : 1) décrire les manifestations des enjeux cliniques susmentionnés, eut égard aux défis qu’ils posent au psychologue ; 2) rendre compte des motifs pour lesquels la prise en charge actuelle de ces familles au Québec s’en trouve limitée, pour identifier, en substance, des pistes fertiles pour la recherche et la clinique. Association des Centres jeunesse du Québec. 2011. Bilan des directeurs de la protection de la jeunesse/Directeurs provinciaux : la violence change l’enfant (Publication n°978-­‐2-­‐
89394-­‐085-­‐4). Bonneville, E (2010). Effets des traumatismes relationnels précoces chez l’enfant. La psychiatrie de l'enfant, 53(1), 31-­‐70. De Bellis, M. (2005). The psychobiology of neglect. Child Maltreatment, 10(2), 150-­‐172. Gilbert, S., Lussier, V. (2007). Déjouer l’impasse du lien et de la parole : d’autres repères pour l’aide en itinérance.Nouvelles pratiques sociales, 20(1), 128-­‐150. Kim, J. (2009). Type-­‐specific intergenerational transmission of neglectful and physically abusive parenting behaviours among young parents. Children and Youth Services Review, 31(7), 761-­‐767. Lacharité, C., Éthier, L. (2007). Traumatisme et maltraitance. La revue internationale de l'éducation familiale, 21(1), 13-­‐28. Lafortune, D., Gilbert, S. (accepté, 2013). Défis cliniques dans l’intervention auprès de jeunes parents en situation de précarité psychosociale : éclairage psychodynamique sur un mode relationnel paradoxal. Bulletin de psychologie. Perry, B. (2009). Examining child maltreatment through a neurodevelopmental lens: clinical applications of the neurosequential model of therapeutics. Journal of Loss and Trauma, 14, 240–255. Trocmé , N., MacLaurin, B., Fallon, B.,..., McKenzie, B. (2001). Étude canadienne sur l'incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants : Rapport final (Publication n°0-­‐662-­‐85403-­‐9). Wats, N. (2005). Travail en réseau et maltraitance. Médecine et Hygiène, 26, 7-­‐18. Religion et sida: le coping religieux peut-­‐il conduire à moins d’observance? -­‐ C. Mambet Doué1, N. Roussiau1, & M. Bourdon2 1laboratoire de psychologie des pays de la loire, upres ea 4638 2centre de psychologie de la religion, université catholique de louvain Bien que plusieurs études aient été menées sur le sida en psychologie de la santé, très peu d’entre elles impliquent la dimension religieuse et encore moins la dimension culturelle et religieuse des patients séropositifs d’origine africaine. Les travaux de Pargament et al. (2004), soutiennent que la religion grâce au sens donné à la maladie, protège contre les épisodes dépressifs, améliore le soutien social et favorise un coping positif. Cependant, 63 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Meredith, Jeffe, Mundy, et Fraser (2001), rapportent une influence négative de la prière sur les décisions relatives aux traitements antirétroviraux. Aussi, peut se poser un problème par rapport à la stabilité de l’observance thérapeutique, surtout que celle-­‐ci doit être maximale, c’est-­‐à-­‐dire supérieure à 95%, pour garantir une efficacité sur le plan virologique. On se demande alors si le coping religieux essentiellement basé sur la prière et les croyances religio-­‐thérapeutiques, en faisant espérer au patient une guérison surnaturelle et en lui attribuant une origine mystique, ne va pas conduire à une diminution de l’observance. Cette étude aura donc pour but d’étudier les liens entre le coping religieux et l’observance thérapeutique. On suppose qu’il n’y aura pas de lien direct entre le coping religieux et l’observance thérapeutique. En revanche, lorsque le coping religieux induira des croyances magico-­‐religieuses, il diminuera l’observance thérapeutique. Quatre-­‐vingt-­‐un patients séropositifs, migrants africains, asymptomatiques, ont été rencontrés dans le service de maladies infectieuses, de l’Hôpital Lariboisière à Paris. On leur a proposé après consentement éclairé, un entretien individuel, au cours duquel était renseigné un ensemble de questionnaires. Ont été évalués dans cet ordre : la satisfaction du soutien social (Goodger, Byles, Higganbotham, & Mishra, 1999), la dépression avec la version française de l'échelle CES-­‐D (Center Epidemiologic Studies-­‐Depression Scale) de Führer et Rouillon (1989), les croyances magico religieuses sur le sida avec une échelle élaborée pour cette recherche, l’échelle d’observance de Tarquinio, Fischer et Grégroire (2000) , les stratégies de coping, à l’aide du Brief COPE (Carver, 1997). Les données ont fait l’objet d’analyses de régressions multiples à l’aide du logiciel SPSS© et de la macro PROCESS (Hayes, 2013). On a effectué 5000 ré-­‐échantillonnages (bootstrapping). Toutes les variables incluses dans le modèle, ont été préalablement centrées. Les variables soutien social (r = .44, p < .01) et dépression (r = .24, p < .05) ont été contrôlées puisqu’elles sont corrélées avec l’observance thérapeutique. Comme attendu, le lien direct entre le coping religieux et l’observance thérapeutique n’est pas significatif (t = .94, p = .35), mais, on observe bien un lien indirect significatif entre le coping religieux et l’observance thérapeutique (IE = -­‐.36, SE = .16, 95% confidence interval [CI] = [-­‐.73,-­‐.08]). Pour finir, on s’est assuré de la validité de notre modèle en testant les modèles alternatifs. Dans cette étude on met en évidence que dans le cas où le coping religieux induit des croyances magico-­‐religieuses, un lien indirect négatif apparaît entre ce dernier et l'observance thérapeutique. Ces résultats montrent qu’il importe d’aborder avec le patient, ses croyances concernant la guérison et de renforcer le soutien à l’observance. Références bibliographiques. Meredith, K. L., Jeffe, D. B., Mundy, L. M., & Fraser, V. J. (2001). Sources influencing patients in their HIV medication decisions. Health Education & Behavior, 28, 40-­‐50. Pargament, et al., (2004). Religion and HIV: A review of the literature and clinical implications. Southern Medical Journal, 97, 1201-­‐1209. Recherche clinique exploratoire qualitative avec cinq cas cliniques sur la vulnérabilité des aidants auprès des publics eux-­‐mêmes vulnérables -­‐ C. Singer Laboratoire santé individu société (eam sis/hcl 4128), université de lyon Cette présentation issue d’une recherche clinique (Singer, 2013) menée auprès d’un public issu d’une banlieue a pour objectif de présenter notre acception du concept de vulnérabilité pour ensuite envisager les conséquences de cette approche sur l’accompagnement des sujets en situation de vulnérabilité multiples et cumulées. La plupart des approches de la vulnérabilité, indépendamment du domaine (psychologique, social,…) auquel elles se rapportent, réduisent celle-­‐ci aux aspects incapacitants du sujet. Pour Dupont (2003), la vulnérabilité est définie « comme l’absence d’alternative, tant matérielle que symbolique ou culturelle à une situation de grande fragilité ou de menace ». Elles se situent donc dans une approche assez négative de la vulnérabilité, vue comme une faiblesse, synonyme de fragilité et donc, selon nous, dans une approche stigmatisant le sujet. 64 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Pour nous, la vulnérabilité ne peut se réduire à des fragilités potentielles ou révélées car la fragilité renvoie davantage à la structure d’une chose, d’un être, structure de nature inconsistante qui la rend susceptible d’être cassée voire détruite. La vulnérabilité implique aussi des forces, des sensibilités, des compétences et capacités inhérentes au sujet lui-­‐même ou construites pour répondre à l’adversité. Ainsi, nous définissons la vulnérabilité comme un processus universel, dynamique et comme une dialectique entre fragilité et résilience. De plus, du fait de l’évolution de la société et des caractéristiques de ce public (non demande d’aide, méfiance,..), ce contexte d’intervention oblige à une reconfiguration de la relation d’aide ce qui renforcerait d’une certaine façon la vulnérabilité des professionnels. La méthodologie utilisée dans le cadre de cette recherche clinique exploratoire est qualitative et repose sur la méthode de l’étude de cas telle que la définit Marty (2009). L’échantillon est constitué de 5 sujets (3 enfants, 1 adolescente et 1 adulte) que nous avons rencontrés dans le cadre d’accompagnements thérapeutiques (entretien clinique semi-­‐
directifs) mis en place au sein d’un club de foot partenaire de la structure associative dans laquelle nous avons réalisé notre contrat CIFRE. Les résultats montrent d’une part, que la mise en place d’un espace transitionnel passe par une phase que nous nommons « chercher-­‐trouver » qui se caractérise, entre autre, par l’engagement, la recherche de proximité, la coopération entre professionnels. D’autre part, ces résultats montrent que c’est grâce à la prise de conscience d’un « vécu commun » (Winnicott, 1969) de vulnérabilité dans la rencontre, que sujet et clinicien parviendront à co-­‐créer l’espace transitionnel. La relation d’aide avec ce public repose sur la contrainte à « chercher-­‐trouver » à chaque fois les conditions de félicité qui permettent d’entrer en relation avec des sujets et des univers contemporains, eux-­‐mêmes en perpétuelle mutation. Il existe donc un processus continu d’agencement des éléments des dispositifs susceptibles de nombreux errements et ratages. Mais cette intervention implique aussi un processus d’ajustement des dispositions (engagement, proximité) de l’aidant. La conséquence est que cette façon de procéder et de considérer les dispositifs vulnérabilise les intervenants puisqu’ils ne savent pas à l’avance et doivent toujours « chercher-­‐trouver », réajuster, agencer en fonction du public et du sujet auquel ils ont à faire. Dupont, Y. (2003). Dictionnaire des risques. Paris : Armand Colin. Marty, F. (2009). La méthode du cas. Dans S. Ionescu et A. Blanchet (dir.), Méthodologie de la recherche en psychologie clinique (p.53-­‐75). Paris : Puf. Singer, C. (2013). Rencontres cliniques par la vulnérabilité-­‐ Pratiques du psychologue dans un dispositif d’accompagnement psychologique en Zone Urbaine Sensible. Thèse de doctorat : Université Lyon2. Winnicott, D-­‐W. (1958). Le développement affectif primaire. DansD-­‐W. Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse (p. 57-­‐71). Paris : Payot. Transplantation hépatique et greffe de moelle osseuse : approche clinique et vécu psychologique -­‐ A. Aubert1 & K. Chahraoui2 1Psychologue clinicienne CHU Besançon, doctorante lppm Université de Bourgogne 2Université de Bourgogne, Dijon Introduction : La greffe a pris une place importante avec une technique d’évolution rapide ainsi que l’optimisation des résultats ayant comme répercussion une demande croissante, nettement supérieure au nombre de dons d’organes. Touchant le corps réel, la transplantation d’organes est un état de crise, impliquant une rupture ; l’atteinte organique entraînant toujours un changement. Réelle menace de dissociation, la transplantation remet également en question le sujet sur son identité corporelle et psychique. Perturbation de l’estime de soi, modifications physiques, poids du traitement médical, crainte du rejet, la greffe représente une véritable expérience traumatique. Objectifs : L’originalité de cette étude exploratoire est la comparaison entre le vécu psychologique de transplantés hépatiques et ceux de moelle osseuse. Nous allons tenter de comprendre à travers 4 cas 65 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie cliniques en quoi l’impact d’une transplantation hépatique, lourde intervention chirurgicale nécessitant l'effraction de l'enveloppe corporelle est-­‐il similaire ou diffère-­‐t-­‐il d'une greffe de moelle osseuse et quels sont les bouleversements psychologiques et identitaires vécus par les sujets? Méthodologie : Nous avons étudié 4 cas cliniques et mis en place une méthodologie qualitative alliant des entretiens cliniques semi structurés à un test projectif, le test de l’arbre. Résultats : Nous montrons que si la greffe de moelle osseuse n’implique pas forcément le décès du donneur, elle nécessite un travail psychique de la part du sujet ; l’effraction traumatique venant alors désintégrer la représentation cohérente et unifiée de soi. L’introduction de moelle saine dans l’intimité corporelle du patient réactive souvent des peurs archaïques au risque de faire vaciller les assises du sentiment identitaire. Les résultats montrent que le mécanisme d’accorporation n’est pas nécessairement empêché par une intervention lourde et le décès du donneur. A l’inverse, cette incorporation psychique peut être retardée même si la greffe est une « simple » transfusion provenant d’un donneur vivant. Ainsi, toute transplantation implique nécessairement d’importantes répercussions physiques et psychiques chez le patient ; l’un des enjeux commun étant de parvenir à accepter l’intrusion d’un greffon en soi ; greffon solide et matérialisable pour le foie, liquide et diffus pour la moelle osseuse. Conclusion : Pour conclure, nous nous questionnons sur le rôle et la place du psychologue clinicien dans ce type de service où se mêlent différentes problématiques inhérentes à la transplantation. Mots-­‐clés : Greffe de moelle osseuse ; Identité ; Transplantation hépatique ; Traumatisme Bibliographie : Burner M. « La greffe d’organe – Fantasmes du receveur – Fantasmes du donneur », Psychologie médicale, 1994, 26, Spécial 2 : 120-­‐121. Calmus Y : Transplantation hépatique : l’état des lieux en 2010, Le courrier de la transplantation, n°4 -­‐ Décembre 2010 Fellous M. : «Soi-­‐même et un autre : l'identité paradoxale du greffé», Cités, 2005/1 n°21, p.47-­‐55 Grosclaude M., « Greffe(s) d’organe(s) : vécu(s) subjectif(s), problématiques fondamentales et aspects contingents. Etude comparative et longitudinale », Psychologie médicale, 1994, 26, Spécial 2. Kress J.-­‐J., Cledes A., « Etude psychologique du don, de la dette et de la culpabilité à l’occasion des greffes d’organes », Psychologie médicale, 1994, 26, Spécial 2 : 147-­‐152. Miyazaki ET, Dos Santos R Jr, Miyazaki MC, et al : Patients on the waiting list for liver transplantation : caregiver burden and stress, Liver Transplantation, 2010 Oct ; 16(10):1164-­‐8 Spoljar P. : L'accompagnement du patient greffé, un travail sur les liens, Pratiques psychologiques 14(2008) 323-­‐338 Relations entre styles défensifs et dimensions de personnalité au sein d’un échantillon d’alcoolodépendants -­‐ A. Ribadier & I. Varescon Université Paris Descartes L’alcoolodépendance est un problème de santé publique dont les modalités d’installation et de maintien demandent encore à être étudiées. Concernant les études sur la personnalité, les aspects dimensionnels sont privilégiés. Par exemple, Coëffec (2011), dans sa revue de littérature à partir du modèle du Big Five, montre la présence de score élevé pour le névrosisme et bas pour l’extraversion, l’agréabilité et la conscience. Néanmoins, les résultats restent contrastés et soulignent l’absence de profil type. Cuneyt et ses collaborateurs (2012), montrent, quant à eux, la présence de certaines défenses névrotiques et immatures ainsi qu’un style défensif immature. Compte tenu du peu de littérature et d’absence de consensus, il est nécessaire évaluer les relations entre dimensions de personnalité, défenses et styles défensifs afin de mieux comprendre le fonctionnement psychologique et dans le but de développer de nouvelles techniques de prises en charge. Cette étude préliminaire a été réalisée auprès d’un échantillon de 32 personnes consultant pour une problématique de dépendance à l’alcool au sein de 4 services différents d’addictologie. Les dépendances à l’alcool et autres produits psychoactifs, recensées dans le DSM IV TR, ont été évaluées à partir du MINI (Sheehan et al., 1998). La personnalité a été 66 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie évaluée avec le questionnaire BFI-­‐Fr (Plaisant et al., 2010) et les styles défensifs avec le DSQ-­‐40 (Andrews et al., 1993). Les éléments socio-­‐démographiques ont été recueillis lors d’un entretien de recherche. Les données ont été analysées avec le logiciel Statistica (version 10). En moyenne, les personnes alcoolodépendantes obtiennent un score élevé au DSQ-­‐40 pour le style immature et un score faible pour le style mature. Au BFI-­‐ Fr, elles montrent un névrosisme élevé et une faible extraversion. Les analyses indiquent des corrélations négatives entre l’agréabilité et le passage à l’acte (r =-­‐0,67), l’ouverture et la rêverie autistique (r =-­‐0,57) et le névrosisme et la dissociation (r =-­‐0,54). L’agréabilité est corrélée positivement avec le style mature (r = 0,46) et le style névrotique (r = 0,4). Enfin, le style mature est corrélé négativement au névrosisme (r = -­‐0,47). Les résultats préliminaires sont concordants avec les quelques études publiées sur les dimensions de personnalité et les styles défensifs chez les alcoolodépendants avec un névrosisme élevé, une basse extraversion et un style immature particulièrement élevé. Toutefois, les résultats obtenus apportent des informations nouvelles par la mise en évidence de l'existence de relations entre styles défensifs et personnalité. Ainsi, cette étude préliminaire apporte des explications supplémentaires sur le fonctionnement psychologique de la personne alcoolodépendante et permettra d’adapter au mieux les prises en charge. Andrews, G., Singh, M., & Bond, M. (1993). The Defense Style Questionnaire. Journal Of Nervous And Mental Disease, 181(4), 246-­‐256. Coëffec, A. (2011). Les apports du modèle des cinq grands facteurs dans le domaine de l’alcoolodépendance.L'Encéphale, 37(1), 75-­‐82. Evren, C., Cagil, D., Ulku, M., Ozcetinkaya, S., Gokalp, P., Cetin, T., & Yigiter, S. (2012). Relationship between defense styles, alexithymia, and personality in alcohol-­‐dependent inpatients. Comprehensive psychiatry, 53(6), 860–7. Finn, M., & Robinson, E. a. R. (2012). Personality and Drinking Behavior in Alcohol Dependence: A Survival Analysis.Alcoholism Treatment Quarterly, 30(2), 146–162. Plaisant, O., Courtois, R., Réveillère, C., Mendelsohn, G. a., & John, O. P. (2010). Validation par analyse factorielle du Big Five Inventory français (BFI-­‐Fr). Analyse convergente avec le NEO-­‐
PI-­‐R. Annales Médico-­‐psychologiques, 168(2), 97–106. Sheehan, D. V., Lecrubier, Y., Sheehan, K., Amorim, P., Janavs, J., Weiller, E., & Dunbar, G. C. (1998). The Mini-­‐International Neuropsychiatric Interview (M.I.N.I): The development and validation of a structured diagnostic psychiatric interview for DSM-­‐IV and ICD-­‐10. Journal Of Clinical Psychiatry, 59(20), 22-­‐33. Être parent d’un enfant autiste : quels besoins spécifiques ? -­‐ C. Derguy1, M. Bouvard2, K. Mbailara1, S. Roux1 & G. Michel1 1Laboratoire de psychologie, santé et qualité de vie ea 4139, Université Bordeaux 2Centre ressources autisme Aquitaine, centre hospitalier Charles Perrens Introduction. Etre parent d’un enfant avec un trouble du spectre autistique (TSA) est une expérience stressante entrainant des modifications de l’équilibre familial, du quotidien et une fragilisation du rôle parental [1]. Les répercussions du trouble sur l’entourage familial et la vulnérabilité parentale sont bien décrites [2], [3] alors que peu d’études mettent en évidence les besoins inhérents au rôle de parent. Afin de développer des programmes de soutien pertinents et favoriser l’adhésion des parents, il est primordial de pouvoir identifier au préalable leurs besoins et attentes. L’objectif principal de cette étude est donc d’explorer les besoins des parents d’enfants ayant un trouble du spectre autistique afin de proposer des recommandations en matière d’accompagnement. Matériel et méthode. Cette recherche exploratoire a été menée auprès de deux populations de parents d’enfants âgés entre 3 et 10 ans (TSA ou témoins). Les besoins parentaux ont été 67 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie recueillis grâce à des entretiens semi-­‐structurés. Une analyse thématique de contenu a été réalisée à l’aide du logiciel NVivo10©. Résultats. L’échantillon est composé de 162 sujets dont 78 parents d’enfants TSA et 84 parents témoins. L’analyse thématique a permis d’identifier 6 dimensions de besoin : matériel, information, guidance parentale, gestion du quotidien, soutien relationnel, soutien émotionnel. Les parents d’enfant TSA rapportent significativement plus de besoins que les parents témoins dans les dimensions : matériel, information, guidance parentale et soutien émotionnel. Les 3 dimensions citées prioritairement par les pères et les mères d’enfant TSA sont respectivement le besoin matériel, le besoin d’information et le besoin de guidance parentale. Discussion. Les parents d’enfant TSA rencontrent des besoins dans les mêmes domaines que les témoins. Toutefois leur priorités sont différentes et concernent majoritairement la transmission de connaissances et de compétences concernant les troubles du spectre autistique. Le soutien émotionnel et relationnel sont aussi deux dimensions importantes à prendre en compte, mises en évidence dans cette étude. Actuellement, la majorité des programmes d’accompagnement développés auprès de cette population visent une meilleure gestion du trouble par le parent [4] et ont pour but principal l’amélioration de la symptomatologie présente chez l’enfant. Notre étude souligne la nécessité de réfléchir à des programmes de soutien à la parentalité centrés sur les besoins du parent, qui tiennent compte des dimensions pédagogique, comportementale et psychologique [5]. Le modèle de la psychoéducation multifamiliale, issu du champ de l’éducation thérapeutique, semble ici particulièrement pertinent à développer [6]. Mots-­‐clés : Troubles du spectre autistique (TSA) -­‐ Parentalité -­‐ Besoins parentaux -­‐ Psychoéducation Références bibliographiques [1] Gau, S. S.-­‐F., et al. Parental adjustment, marital relationship, and family function in families of children with autism. Research in Autism Spectrum Disorders. 2012; 6(1), 263-­‐
270. [2] Johnson N, et al. Autism spectrum disorder: Parenting stress, family functioning and health-­‐related quality of life. Families, Systems, & Health. 2011;29(3):232-­‐52. [3] Bernier R, et al. Evidence for broader autism phenotype characteristics in parents from multiple-­‐incidence autism families. Autism Research. 2012 févr; 5(1):13-­‐20. [4] Steiner, A. et al. Issues and Theoretical Constructs Regarding Parent Education for Autism Spectrum Disorders.Journal of Autism and Developmental Disorders. 2011 Jun;42(6):1218-­‐27. [5] Haute Autorité de Santé. Autisme et autres troubles envahissants du développement: interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l'enfant et l'adolescent. Mars 2012. [6] Haute Autorité de Santé. Guide Méthodologique : Structuration d’un programme d’éducation thérapeutique du patient dans le champ de maladies chroniques, Juin 2007. Session thématique : Neuropsychologie Résultats au wisc iv et au cbcl chez l’enfant porteur d’un trouble neurodéveloppemental isolé ou comorbide -­‐ M. Biotteau1, J-­‐M. Albaret2 & Y. Chaix1 1Inserm u825 2Prissmh—ea 4561 68 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Introduction : Plusieurs études soulignent la fréquence élevée des associations comorbides dans les troubles neurodéveloppementaux et leurs répercussions sur les compétences cognitives et scolaires de ces enfants (Kaplan et al., 1998 ; Nicolson & Fawcett, 2007). Parmi ceux-­‐ci, la dyslexie développementale (DD) concerne 5 à 10 % des enfants d’âge scolaire et le trouble d’acquisition de la coordination (TAC) 5 à 6 %. L’association des deux troubles peut aller jusqu’à 60 %, en lien avec des capacités attentionnelles diminuées (Chaix et al., 2007). Pour autant, cette co-­‐occurence impacte-­‐t-­‐elle les capacités intellectuelles (WISC-­‐IV) ou la psychopathologie (CBCL) ? La réponse à une telle question a des implications théoriques sur les mécanismes neuropsychologiques communs engagés et pratiques sur la nécessité d’une analyse sémiologique étendue. Matériel et méthode : Nous avons comparé les résultats aux tests neuropsychologiques (WISC-­‐IV ; CPT-­‐II -­‐ attention soutenue ; CBCL, version parents) de 65 enfants (21 -­‐44 ) de 8 à 12 ans répartis en trois catégories : 20 DD (8 -­‐12 ), 22 TAC (6 -­‐16 ), 23 DD+TAC (7 -­‐
16 ). En accord avec les critères du DSM-­‐IV-­‐TR, le diagnostic de TAC est établi sur les résultats au M-­‐ABC et celui de DD sur les résultats à l’Alouette et à l’ODEDYS-­‐2. Sont exclus les enfants avec pathologie neurologique ou psychiatrique, Trouble Spécifique du Langage, TDAH ou retard mental. Résultats : Après vérification des conditions d’application (test de Levene), les ANOVAS ne montrent des différences significatives au WISC-­‐IV qu’entre les groupes DD et TAC en faveur des DD : Cubes (F(2, 64)=4.73; p = .012), Symboles (F(2, 64)=4.63; p=.013) et IVT (F(2, 64)=4.10; p=.021) avec des tailles de l’effet fortes (d de Cohen ≥ 0.8). On ne trouve aucune différence significative entre ces deux groupes et le groupe comorbide. Au CBCL et au CPT, aucune différence significative n’est trouvée entre les groupes. Discussion : Les différences significatives entre les enfants atteints d’un TAC ou d’une DD s’expliquent par les difficultés connues des TAC dans le traitement visuo-­‐spatial (Wilson et McKenzie, 1998). L’existence de corrélations entre ces indices et les résultats au M-­‐ABC vont dans ce sens. Les résultats ne montrent pas de différence significative entre le groupe comorbide et les deux autres groupes, ce qui implique que la comorbidité ne provoque pas un écrasement des capacités intellectuelles. Ces enfants se positionnent en position intermédiaire, semblant compenser les atteintes provoquées par un des troubles par les forces de l’autre trouble. Le pourcentage d’enfants ayant un score pathologique au CBCL est très élevé dans les trois groupes mais l’association des troubles ne constitue pas un facteur aggravant. Dans la lignée des réflexions de Kaplan et al. (2001), ces résultats indiquent que le diagnostic multiple n’a pas comme conséquence inéluctable un cumul des déficits cognitifs et psychopathologiques contrairement à ce que familles et praticiens pourraient penser. La prise en compte des forces et faiblesses des enfants avec troubles neurodéveloppementaux est essentielle pour limiter les conséquences néfastes en terme d’estime de soi et de troubles internalisés. Bibliographie Chaix, Y., et al. (2007). Motor impairment in dyslexia: The influence of attention disorders. Eur J Paediatr Neuro, 11, 368-­‐74. Kaplan, B. J., et al. (2001). The term comorbidity is of questionable value in reference to developmental disorders: data and theory. J Learn Disabil, 34, 555-­‐65. Kaplan, B. J., et al. (1998). DCD may not be a discrete disorder. Hum Mov Sci, 17, 471-­‐90. Nicolson, R. I., & Fawcett, A. J. (2007). Procedural learning difficulties: reuniting the developmental disorders? Trends Neurosci, 30, 135-­‐41. Wilson, P. H., & McKenzie, B. E. (1998). Information processing deficits associated with Developmental Coordination Disorder: A meta-­‐analysis of research findings. J Child Psychol Psychiatry, 39, 829-­‐40. Ressources attentionnelles et inhibition chez l’adulte avec trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (tdah) -­‐ G. Michael1, V. Chastaing1, A. Truche2 & P. Neusxhwander3 69 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 1Université Lyon 2, institut de psychologie, dpt psychologie cognitive & neuropsychologie, lab emc 2Clyress Val Rosay, St Didier au Mont d'Or 3Groupement hospitalier Est, hôpital Pierre Wertheimer, Bron Introduction Le TDAH est l’une des causes principales de retards scolaires et de comportements sociaux difficilement acceptables. Les études sur les troubles de l’attention à l’âge adulte sont peu fréquentes. Il est actuellement difficile de savoir si la capacité relativement intacte à diviser l’attention et le déficit d’inhibition rapportés souvent chez l’enfant (Qian et al., 2013 ; Sergeant, 2000) persistent chez l’adulte, et si le sexe joue un rôle. L’objectif de cette étude était donc d’investiguer l’éventuelle persistance de tels déficits chez les femmes et hommes adultes avec TDAH, et d’explorer l’état des liens entre allocation des ressources attentionnelles et inhibition. Matériel & Méthodes 25 patients diagnostiqués avec TDAH (11F/14H ; 34.4±2.1 ans) et 25 sujets sains appariés (10F/15H ; 34.6±2.9 ans) ont participé à cette expérience. Les deux groupes avaient un niveau d'études équivalent. La tâche visuelle consistait à porter un jugement sur une cible présentée parmi 6 ou 10 items. Pour faciliter sa recherche, elle était placée dans un losange saillant. Deux conditions ont été testées: (a) dans la condition de base, aucun événement particulier ne survenait ; (b) dans la condition distracteur, un autre item du dispositif était placé dans un cercle afin de le rendre saillant et de détourner l’attention de la cible. Les sujets avaient reçu comme instruction d’éviter cet item et, donc, de mettre en œuvre les processus inhibiteurs. Parallèlement, une tâche de filature auditive était réalisée pendant laquelle les sujets devaient détecter 0, 1 ou 3 cibles prédéterminées. Résultats Tâche visuelle : Une ANOVA a été menée sur les TR et les BR avec le groupe (contrôles vs. TDAH) et le sexe (hommes vs. femmes) comme facteurs inter, la difficulté de la tâche auditive concurrente (0, 1 ou 3 cibles) et la condition (absence vs. présence d'un distracteur visuel) comme facteurs intra. Dans l'analyse des TR, le facteur groupe n’a pas interagi avec la difficulté de la tâche auditive (P>0.54), mais il a interagi avec la condition (P<0.05). La présence d’un distracteur a affecté plus les performances des patients (effet : 196ms) que celle des contrôles (158ms). L’interaction groupe X sexe X condition s’est avérée significative (P<0.02). L’effet du distracteur était similaire chez les femmes et hommes du groupe contrôle, et chez les hommes avec TDAH, mais plus grand chez les femmes avec TDAH. Les BR n’ont révélé rien de particulier. Tâche auditive: L'indice d' et C de la détection du signal ont été calculés et soumis séparément à une ANOVA avec le groupe (contrôles vs. TDAH) et le sexe (hommes vs. femmes) comme facteurs inter, et la difficulté de la tâche (1 ou 3 cibles) comme facteur a été menée. Pour le d’, seul l’effet de la difficulté s’est avéré significatif (P<0.01). Pour le C, l’interaction groupe X difficulté fut significative (P<0.01). Seuls les patients ont adopté un critère sévère (i.e., ont répondu que la cible était absente) lorsqu’ils devaient détecter 3 cibles auditives. Discussion Cette étude confirme la présence d’un déficit d’inhibition chez les TDAH adultes, mais ceci ne semble concerner que les femmes. Ce résultat est nouveau. Une toute autre image émerge en ce qui concerne l’attention divisée. Prise indépendamment du sexe et de la condiiton de distraction, la performance (TR et BR) des patients ne diffère pas de celle des contrôles dans la tâche visuelle, mais elle diffère dans la tâche auditive. Ceci suggère que les patients privilégient la tâche visuelle au détriment de l’auditive et, donc, il s’agit d’un problème de répartition des ressources (Roberts et al., 2012). Cependant, le retrait des ressources de la tâche auditive n’affecte pas la détectabilité des cibles mais la stratégie de réponse. Références 70 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Qian Y. et al. (2013). Res Dev Disabil., 34, 1434-­‐1445. Roberts et al. (2012). Neuropsychol., 26, 695-­‐703. Sergeant j. (2000). Neurosci Biobehav Rev., 24, 7-­‐12. L'imagerie motrice chez des adolescents paralysés cérébraux -­‐ J. Guilbert1, F. Jouen2 & M. Molina1 1Laboratoire palm, ea 4649, Université de Caen Basse-­‐Normandie 2Chart, ea 4004, ephe-­‐Paris Introduction L’imagerie motrice correspond à la capacité à générer une image de soi en action au cours de laquelle les conséquences kinesthésiques de l’action sont évoquées en dehors de son exécution réelle (Jeannerod, 1994). Mutsaarts, Steenbergen et Bekkering (2007) ont révélé, à partir d’une tâche de rotation mentale, que la capacité à simuler mentalement des mouvements de la main est préservée chez des adolescents présentant une paralysie cérébrale (CP) avec une atteinte hémiplégique gauche tandis qu’elle est altérée chez des adolescents CP avec une atteinte hémiplégique droite. L’objectif de cette recherche consiste à déterminer si des adolescents CP peuvent utiliser l’imagerie motrice dans une situation qui mobilise l’ensemble du corps. Il s’agit d’étudier si les caractéristiques temporelles du mouvement pensé reproduisent celles du mouvement agi. Pour ce faire, nous avons proposé à trois groupes d’adolescents CP spastique (11 quadriplégiques (Q), 14 diplégiques (D) et 11 hémiplégiques droits (H)) le paradigme de chronométrie mentale, qui permet de comparer le temps nécessaire pour exécuter une action au temps nécessaire pour l'imaginer. La tâche des participants consistait à se déplacer et à s’imaginer se déplacer sur deux distances différentes. Si les participants sont en mesure d’utiliser l’imagerie motrice, alors nous devrions observer une invariance temporelle entre le temps de mouvement simulé et le temps de mouvement réel, quelle que soit la distance à parcourir. Méthode La tâche des participants consistait à se déplacer réellement (condition réelle) et à s’imaginer se déplacer (condition imaginée) à un rythme régulier sur deux distance (4m et 8m). Tous les participants commençaient par la condition imaginée, puis par la condition réelle, suivie une nouvelle fois de la condition imaginée. L’ordre de présentation des distances était contrebalancé parmi les sujets. Résultats Afin d’évaluer l’invariance temporelle, une analyse des corrélations entre le temps de déplacement exécuté et le temps de déplacement imaginé a été réalisée. Cette analyse révèle que la corrélation est significative pour chaque groupe de participants, aussi bien lorsqu’ils réalisaient la condition imaginée avant la condition réelle (Q: R2=.3, p<.01 ; D: R2=.25, p<.01 ; H: R2=.25, p<.05) que lorsqu’ils réalisaient la condition réelle avant la condition imaginée (Q: R2=.43, p<.00 ; D: R2=.3, p<.01 ; H: R2=.37, p<.01). Afin d’évaluer dans quelle mesure les participants utilisent avec précision l’imagerie motrice, nous avons calculé pour chaque participant un ratio E/I entre le temps de déplacement exécuté et le temps de déplacement imaginé, sur chacune des distances. Plus ce ratio est proche de 1 plus il indique une étroite similarité entre les temps de mouvement réel et imaginé. Les résultats ne révèlent pas d’effet de l’atteinte, ni d’effet de la distance quel que soit l’ordre de présentation des conditions (imaginée avant réelle et réelle avant imaginé). Discussion Les résultats de notre recherche révèlent l’existence d’une invariance temporelle entre les temps de déplacement réel et imaginé pour les trois groupes de participants. Des adolescents CP peuvent donc utiliser l’imagerie motrice dans une situation qui implique l’ensemble du corps. Dans notre recherche, les participants devaient simuler une action qu’ils expérimentent quotidiennement (un déplacement), ce qui pourrait expliquer la 71 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie différence observée avec l’étude de Mutsaarts et al. (2007) concernant le groupe de participants hémiplégiques. Enfin, nos résultats permettent d’envisager la possibilité d’utiliser l’imagerie motrice comme un outil de rééducation potentiel chez des enfants et adolescents CP. Bibliographie Jeannerod, M. (1994). The representing brain: Neural correlates of motor intention and imagery. Behavioral and Brain Sciences, 17(2), 187-­‐202. Mutsaarts, M., Steenbergen, B., & Bekkering, H. (2007). Impaired motor imagery in right hemiparetic cerebral palsy.Neuropsychologia, 45(4). La mémoire dans le syndrome de stress post traumatique. aspects théoriques -­‐ R. Godard, C. Tarquinio, J. Barcenilla & E. Duvillard Université de Lorraine Dans cette revue de question, au travers de la présentation de plusieurs études nous cherchons à identifier les altérations de la mémoire observées dans la symptomatologie post traumatique ainsi que les répercutions qu’elles entrainent sur l’individu lors des manifestations dissociatives(Krans, Näring, Holmes, & Becker, 2009, 2010; Moradi et al., 2008; Rubin, Boals, & Berntsen, 2008). Dans l’état de stress post traumatique (ESPT) ce sont ces intrusions qui révèlent une altération de la mémoire. Dans le DSM-­‐V, on observe l’apparition du terme « dissociation » au sein du critère B suggéré auparavant mais non nommé. Dans l’ESPT, les altérations de la mémoire touchent principalement la mémoire autobiographique (Conway & Pleydell-­‐pearce, 2000) et ces altérations se caractérise par une élaboration et une contextualisation pauvre de l’évènement, une mémoire associative forte ainsi qu’une association perceptive importante. Ce qui distingue les intrusions traumatiques des autres souvenirs de la mémoire autobiographique, c’est le fait qu’elles se situent dans « l’ici et maintenant ». Dans les suites d’une exposition, l’ampleur de ce sentiment que l’événement «est encore présent» est un bon indicateur du développement d’un ESPT chronique (Ehlers & Clarke, 2000; Grey & Holmes, 2008; Hackmann, Ehlers, Speckens, & Clark, 2004). Le paradoxe de ces altérations mnésiques est que d’un côté, les personnes ayant vécu un événement traumatique ont beaucoup de mal à récupérer volontairement l’ensemble des éléments constituants le traumatisme, et d’un autre côté, ce sont des images et détails persistent qui sous-­‐tendent les phénomènes de reviviscences. Les intrusions sont des rappels involontaires et le contenu émotionnel de ces intrusions est très fort. On note la coexistence de phénomènes d’hypermnésies et d’épisodes d’amnésies relatives à un ou plusieurs aspects du traumatisme (Tapia, Clarys, Isingrini, & El-­‐Hage, 2007). Selon Ehlers et Clark (2000) l’altération de la mémoire autobiographique se caractérise également par le manque de conscience de l’individu au moment du rappel du souvenir. Les personnes souffrant d’un ESPT présentent un déficit de la conscience autonoétique (remémoration consciente des souvenirs) associé à la mémoire explicite (Tapia et al., 2007). La mémoire du traumatisme est intégrée de manière inadéquate aux contextes, aux temps et aux lieux englobant l’information. La non contextualisation dans le temps de l’événement provoque une perception de menace actuelle et l’absence de lien et de considération pour les informations ultérieures au traumatisme. Dans la littérature, on trouve les appellations suivantes pour caractériser ces phénomènes dissociatifs: «intrusions», «flashbacks», «reviviscences», «hotspots». Il s’agit de concepts différents caractérisants des entités différentes. Il est important de pouvoir les distinguer. Leurs différences se portent à la fois sur la nature, le contenu, et les éprouvés présents au moment de l’épisode dissociatif (Deeprose, Zhang, Dejong, Dalgleish, & Holmes, 2011; Ehlers & Clarke, 2000; Grey & Holmes, 2008; Hackmann, Ehlers, Speckens, & Clark, 2004; Hackmann & Holmes, 2004; Holmes, Grey, & Young, 2005; Holmes, 2004; Tapia, Clarys, Isingrini, & El-­‐
Hage, 2007). Les évaluations négatives des évènements faites par les individus les poussent 72 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie à utiliser des stratégies adaptatives dysfonctionnelles qui ne font qu’augmenter et renforcer les symptômes d’ESPT. Session thématique : Langage Les enfants utilisent-­‐ils les repères dans les itinéraires virtuels? le rôle du langage. -­‐ M. Nys1,2, V. Gyselinck3, C. Mores4,2, E. Orriols3, & M. Hickmann4,2 1Lmc, Université Paris Descartes, laboratoire sfl, cnrs 2Université Paris 8 3Laboratoire mémoire et cognition, Université Paris Descartes 4Laboratoire structures formelles du langage, cnrs Introduction. Si de nombreux travaux ont été consacrés aux représentations spatiales chez le jeune adulte, la nature des modèles spatiaux, les processus qui président à leur construction et la façon dont ils évoluent tout au long de la vie sont loin d’être compris. Quelques études en réalité virtuelle se sont intéressées à l’utilisation des repères (informations spécifiques et saillantes) chez l’enfant. Certaines impliquant des labyrinthes virtuels montrent un rôle des repères dans une tâche de navigation (Jansen et Fuch, 2006). Cependant, peu de recherches ont étudié l’influence de l’encodage linguistique des repères. L’objectif de cette étude est de déterminer, dans une situation expérimentale écologique, à partir de quel âge les enfants mémorisent et utilisent les informations spécifiques liées aux repères pour construire une représentation spatiale d’itinéraires urbains. En particulier, l’étude met en relation des mesures verbales et non verbales permettant d’examiner l’hypothèse d’une influence de la sémantisation des repères à travers le développement du langage. Méthode. 18 enfants monolingues scolarisés en CE1 et 18 en CM1 ont été comparés à 18 jeunes adultes. Trois itinéraires virtuels complexes leur sont présentés deux fois sous forme vidéo. Chaque itinéraire a deux versions différentes et contrebalancées suivant la position des repères dans le parcours (5 repères décisifs et 5 confirmatoires). Diverses tâches sont ensuite administrées dans un ordre contrebalancé pour évaluer la représentation spatiale construite : 1) description verbale de l’itinéraire ; 2) reconnaissance visuelle des repères: cibles ; entités semblables sur le plan sémantique (« fontaine ») mais pas sur le plan visuel ; distracteurs différents sur les deux plans; 3) reconnaissance verbale des repères; 4) choix de directions à prendre sur des photographies des carrefours de l’itinéraire. Enfin, un ensemble de tests standardisés évalue l’attention, la perception des directions, la flexibilité/inhibition, la mémoire de travail, la mémoire épisodique, ainsi que des capacités de compréhension et de production du langage. Résultats. On observe une amélioration de la reconnaissance visuelle des repères avec l’âge (F(2,55)=37,07 p<0,001). Alors que les items cibles sont de mieux en mieux reconnus et les distracteurs différents de plus en plus rejetés, les distracteurs sémantiquement similaires sont de moins en moins rejetés (fausses reconnaissances), ce qui conforte l’hypothèse que le langage joue un rôle dans la mémorisation des repères. La reconnaissance verbale des repères augmente également avec l’âge (F(2,55)=52,84 p< 0,001). Pour la tâche de décision des directions, les performances augmentent avec l’âge (F(2,55)=30,43 p<0,001), montrant une capacité croissante à reproduire un itinéraire vu précédemment. Enfin, l’ensemble des résultats aux tests concernant l’itinéraire corrèlent positivement entre eux. Quant aux tests standardisés, les performances aux épreuves d’attention, de perception des directions et de mémoire épisodique sont corrélées positivement avec la capacité à choisir les directions à 73 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie prendre et à reconnaître des repères. Les capacités de compréhension sont également liées à la qualité du choix des directions. Discussion. En conclusion, les capacités de représentation spatiale sont liées au développement d’habiletés cognitives et linguistiques. Toutefois, dès 7 ans, les participants sont capables de mémoriser et utiliser des informations spécifiques de type repères, afin de reproduire un itinéraire. L’utilisation de ces repères devient de plus en plus précise et efficace au cours du développement. Cette efficacité semble néanmoins liée à une sémantisation des repères par le biais du langage et non à un meilleur souvenir de l’élément visuel spécifique. Jansen-­‐Osmann, P. & Fuchs, P. (2006) Wayfinding behavior and spatial knowledge of adults and children in a virtual environment: the role of landmarks. Experimental Psychology, 53[3], 171-­‐181. Effets du changement de langue et du changement de tâche chez les multilingues -­‐ X. Aparicio1, & J-­‐M. Lavaur2 1Université Paris Descartes -­‐ Laboratoire vision action cognition eau01 2Université Montpellier 3 -­‐ Laboratoire epsylon ea 4556 Introduction Connaître plusieurs langues implique de reconnaître leurs formes écrites et sonores et d’accéder rapidement à leur signification. Les temps de reconnaissance dépendent de la fréquence relative des mots, de l'influence mutuelle des langues (explicitement présentes ou non), et de leur maitrise relative1. Les interférences ou facilitations observées sont en général liées au degré de proximité formelle entre les mots des deux lexiques, aux changements de langue éventuels et aux exigences de la tâche. En situation de décision lexicale, des études ont montré que les mots identiques en deux langues3 (TAXI en français et en anglais) sont reconnus plus vite que ceux dits spécifiques (MOON en anglais/LUNE en français). En décision de langue (décider à quelle langue A ou B appartient le mot présenté), les participants décident plus lentement de la langue d’un mot si sa forme est proche de son équivalent de traduction (CLASSE/CLASS, mots cognats), comparé aux mots spécifiques (JUPE/SKIRT, non-­‐cognats). Pour expliquer cette inversion, l’objectif de notre étude est de comprendre comment plusieurs niveaux de traitement (lexical, sémantique, et lié à la langue) peuvent faciliter ou ralentir les réponses portant sur le statut lexical ou sur la langue de l’item. Méthode Dans une 1ère étude, nous avons examiné les effets liés à la proximité formelle entre équivalents de traduction en décisions lexicale et de langue, en manipulant leur fréquence (mots rares/fréquents) pour deux groupes de 24 bilingues français/espagnol de niveau équivalent. Dans une 2ème étude, nous avons observé le traitement du même type de mots chez 24 trilingues français/anglais/espagnol qui effectuaient ces deux tâches en comparant les langues 2 à 2. Résultats Dans la 1ère expérience, on observe un effet lié à la proximité entre les équivalents de traduction. Les cognats sont reconnus plus vite que les non-­‐cognats en décision lexicale sans interaction avec la fréquence des mots. L’appartenance à la langue est par contre plus lente pour les cognats quelle que soit leur fréquence. En décision de langue, nous observons des coûts élevés liés au changement de langue, ainsi qu’à la proximité formelle dans les deux langues. Dans l’étude trilingue, nous obtenons également un effet facilitateur accru pour les cognats en décision lexicale dû à la ressemblance en trois langues, sans interaction avec la fréquence des mots. En comparant les trois langues 2 à 2 en décision de langue, les mêmes effets 74 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie inhibiteurs sont obtenus pour les cognats en 3 langues. Les effets liés au changement de langue de la 1ère expérience sont répliqués et concernent les 3 langues. Discussion Nos résultats sont interprétés en termes de compétition entre le niveau sémantique et le niveau langue, et d’activations renvoyées au niveau lexical tel que décrit dans le modèle de traduction de mots2. Lorsqu’un mot spécifique est présenté au système, il active très rapidement sa langue mais lentement sa signification dans la mesure où les deux systèmes restent en compétition. Mais, lorsqu’un mot est proche de sa traduction, le niveau sémantique est plus rapidement atteint et une indécision demeure quant à sa langue d’appartenance. Les effets du changement de langue sont similaires chez les bilingues et les trilingues (mêmes coûts du changement) et rejoignent ceux obtenus récemment lors de tâches de décisions lexicales généralisées1. Bibliographie 1Aparicio, X., & Lavaur, J-­‐M. (2013). Recognizing words in three languages: Effects of language dominance and language repetition. International Journal of Multilingualism, InPress. 2Roelofs, A., Dijkstra, T., & Gerakaki, S. (2013). Modeling of word translation: Activation flow from concept to lexical items. Bilingualism: Language and Cognition, 16, 343-­‐353 3Peeters, D., Dijkstra, T., & Grainger, J. (2013). The representation and processing of identical cognates by late bilinguals: RT and ERP effects. Journal of Memory and Language, 68(4), 315-­‐332. Les capacités linguistiques chez les sw : une histoire sans fin ? -­‐ C. Touchet, L. Ibernon, & L. Vandromme Crp-­‐cpo, ea 7273, université de picardie jules verne Décrit en 1961 par Williams, Barrat-­‐Boyes et Lowe et en 1962 par Beuren, Apitz et Harmjanz, le syndrome de Williams (SW) présente trois caractéristiques principales : anomalies cardiaques, dysmorphie faciale et retard mental. Avec les travaux de Bellugi, Bihrle, Marks et Sabo (1988), l’étude du SW connaît un regain d’intérêt. Ils décrivent le cas de 3 SW présentant un langage « complexe en termes de structures morphologiques et syntaxiques » en dépit d’un retard mental moyen à modéré (p. 183). Suite à ces travaux, le profil cognitif du SW a été utilisé comme preuve des théories modulaires. En réponse à ces dernières, les théories neuroconstructivistes avancent que la modularité ne tient pas compte du processus de développement et postulent que les facultés cognitives des SW sont le fruit de contraintes pesant sur le développement (i.e. modularisation). Même si le langage est un domaine relativement robuste, des déficits résiduels seraient toujours présents. De nombreuses recherches ont depuis été menées afin d’étudier les différents aspects du langage chez les SW. Si, dans l’ensemble, les aspects structuraux du langage apparaissent de relativement bon niveau, cela n’est pas le cas pour les aspects pragmatiques. Ils n’ont cependant été que très peu étudiés, et essentiellement dans des tâches en production évaluant les capacités de narration (e.g., Bernicot, Lacroix, & Reilly, 2003). La synthèse de Brock (2007) démontre que même si le langage reste un point fort par rapport à d’autres pathologies, les capacités linguistiques des SW ne sont pas meilleures que ce l’on pourrait prédire compte tenu de leur déficit cognitif. Par ailleurs, si l’on dispose d’un certain nombre de résultats concernant les capacités linguistiques des SW, on ne sait que peu de choses sur leur mise en place. Quel est l’effet de leur hyperacousie sur la perception et la segmentation des sons de parole ? Quel est l’impact de leur mémoire phonologique à court terme sur le développement lexical ? Certaines anomalies semblent également exister au niveau des précurseurs du développement linguistique : l’attention conjointe et le pointage référentiel seraient retardés et atypiques mais remplacés par des stratégies compensatrices (e.g., Laing et al., 2002). Sachant que ces éléments sont aussi déterminants dans la mise en place de la théorie de l’esprit, un domaine également considéré comme 75 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie préservé (Tager-­‐Flusberg & Sullivan, 2000), il semblerait que le profil cognitif des SW soit bien plus complexe que ce qui a jusqu’alors été décrit. En résumé, les résultats des travaux menés depuis 25 ans sont contradictoires, le mystère plane donc toujours sur les réelles capacités linguistiques des SW. Une meilleure connaissance du SW est pourtant primordiale pour leur proposer un accompagnement adapté. Bellugi, U.,Marks, S., Bihrle, A., & Sabo, H. (1988). Dissociation between language and cognitive functions in Williams syndrome. In D. Bishop and K. Mogford (Eds.), Language development in exceptional circumstances (pp. 177–189). London: Churchill Livingstone. Bernicot, J., Lacroix, A., & Reilly, J. (2003). La narration chez les enfants atteints du syndrome de Williams : aspects structuraux et pragmatiques. Enfance, 55(3), 265. Beuren, A. J., Apitz, J., & Harmjanz, D. (1962). Supravalvular Aortic Stenosis in Association with Mental Retardation and a Certain Facial Appearance. Circulation, 26(6), 1235–1240. Brock, J. (2007). Language abilities in Williams syndrome: a critical review. Development and Psychopathology, 19(1), 97–127. Laing, E., Butterworth, G., Ansari, D., Gsödl, M., Longhi, E., Panagiotaki, G., et al. (2002). Atypical development of language and social communication in toddlers with Williams syndrome. Developmental Science, 5(2), 233–246. Tager-­‐Flusberg, H., & Sullivan, K. (2000). A componential view of theory of mind: evidence from Williams syndrome.Cognition, 76(1), 59–90. Williams, J. C. P., Barratt-­‐Boyes, B. G., & Lowe, J. B. (1961). Supravalvular Aortic Stenosis. Circulation, 24(6), 1311–1318. Explorer les dynamiques de traitement durant la production manuscrite conceptuellement dirigée : l’apport de l’EEG-­‐ C. Perret, M. Laganaro Fpse -­‐ Uni. genève Même si les productions orale et écrite sont utilisées fréquemment dans nos sociétés industrialisées, nos connaissances sur les processus cognitifs et neurophysiologiques portant sur la seconde modalité sont relativement restreints. Dans cette étude, nous nous proposons de spécifier le décours temporel des étapes de traitement cognitif de la production manuscrite en utilisant les potentiels évoqués (ERPs) et les analyses de segmentations spatio-­‐temporelles. Dans un premier temps (Perret et Laganaro, 2012), des enregistrements EEG à haute densité ont été réalisés chez 21 participants dénommant 120 images à l’oral et à l’écrit. Des analyses de traces (waveform analysis) et de segmentation spatio-­‐temporelle ont été réalisées à la fois sur les ERPs alignés sur le stimulus et ceux alignés sur la réponse, et ce afin de couvrir l’ensemble des processus de préparation de la réponse verbale (Laganaro & Perret, 2011). Des corrélats électrophysiologiques communs aux deux modalités de production apparaissaient jusqu’à environ 260 ms après la présentation du stimulus. Ensuite, l’écriture manuscrite divergeait de l’oral. Deux configurations topographiques stables apparaissaient de façon spécifique pour chaque modalité, i.e., une débutant environ à 260 ms et se terminant à 400-­‐450 ms et une seconde s’entendant de 400-­‐450 ms à 600 ms. Dans un deuxième temps (Perret et Laganaro, soumis), nous avons réalisé deux expériences visant à associer les deux fenêtres temporelles décrites spécifiquement à l’écrit avec des étapes de traitement cognitif. En se fondant sur les modèles de production manuscrite (e.g., van Galen, 1991), nous pouvons faire l’hypothèse que la première configuration topographique stable (de 260 ms à 400-­‐450 ms) peut être associée avec l’encodage de la forme verbale graphémique alors que la seconde (de 400-­‐450 ms à 600 ms) peut être reliée aux processus post-­‐graphémiques (e.g., accès aux codes allographiques, récupération des programmes moteurs). Deux expériences de potentiels évoqués ont été effectuées avec chacune 20 participants. Des enregistrements EEG de haute densité ont été réalisées durant 76 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie des tâches de dénomination d’images. Dans la première expérience, nous avons manipulé la consistance du première graphème du nom du dessin. Nous faisions l’hypothèse que si la première configuration électrophysiologique spécifique de l’écrit peut être associée au processus de récupération de la forme verbale graphémique, les effets d’inconsistance initiale devraient être observés durant cette fenêtre temporelle. Dans la seconde expérience, les participants devaient dénommer par écrit des noms d’images en majuscule et en minuscule. L’association entre la seconde configuration stable spécifique de l’écrit et les processus post-­‐graphémiques suggèrent qu’une différence d’activité électrophysiologique devrait être observée durant la fenêtre temporelle s’étendant de 400-­‐450 ms à 600 ms. Les données sont en accord avec les deux hypothèses. Pris ensemble, les résultats de ces études sont discutés pour leur apport concernant le décours temporel de préparation de la réponse verbale manuscrite. Laganaro, M. & Perret, C. (2011). Comparing electrophysiological correlates of word production in immediate and delayed naming through the analysis of word age of acquisition effects. Brain Topography, 24, 19-­‐29 Perret, C., & Laganaro, M. (2012). Comparison of electrophysiological correlates of writing and speaking: A Topographic ERP analysis. Brain Topography, 25, 64-­‐72. Perret, C. & Laganaro, M. (soumis). Exploring the dynamics of processing during handwritten picture naming : A Topographic ERP Analyses study. Van Galen, G.P. (1991). Handwriting: Issues for a psychomotor theory. Human Movement Science, 10, 165-­‐191. Session thématique : Psychologie Sociale Attractivité du visage d’un homme et décision d’une femme de le prendre pour partenaire sexuel-­‐ A. Ind Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale, EA 4386 Intro Pour les évolutionnistes, les jugements d’attractivité des femmes seraient basés sur la recherche d’indices concernant l’état de santé d’un partenaire. La symétrie d’un visage ou sa correspondance à une moyenne indiqueraient une bonne résistance aux parasites. De même les caractéristiques masculines du visage d’un homme (eg. mâchoire large) seraient positivement corrélées à son état de santé. Selon la théorie évolutionniste du choix du partenaire sexuel, la perspective d’une femme influencerait l’importance accordée à l’attractivité d’un homme. A court terme ce serait le critère décisif, alors qu’à long terme le statut social l’emporterait. Or du côté psychosocial, une association entre attractivité et jugements positifs a été établie : le stéréotype du "beau c’est bien". Il s’agit d’explorer le rôle de la beauté du visage d’un homme dans le choix du partenaire sexuel d’une femme, ensuite de comprendre les facteurs impliqués dans les jugements d’attractivité des visages d’homme. Je m’attends à retrouver l’effet du "beau c’est bien" dans le choix du partenaire sexuel d’une femme à long et à court terme. Je vérifie l’influence de la symétrie, moyenne et genre des visages d’homme sur les jugements d’attractivité des femmes. Et j’explore le rôle conjoint de la symétrie, moyenne et genre sur les jugements d’attractivité. Méthode 24 visages d’homme sont crées à l’aide du logiciel Facegen selon un plan intra sujet, en faisant varier le genre (masculin vs féminin), la symétrie (symétrique vs non symétrique) et la moyenne (moyen vs non moyen) des visages. L’ordre d’apparition des visages est 77 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie aléatorisé. Les visages sont accompagnés d’un questionnaire demandant des renseignements sur la participante (n=118) et permettant l’évaluation des visages (attractivité, intérêt rencontre, bon mari, bon père de famille). Résultats Les analyses de variance à mesures répétées ont révélé un effet principal de la symétrie, de la moyenne et du genre des visages sur l’attractivité. Les participantes ont jugé les visages d’homme féminins plus beaux que les visages d’homme masculins ; les visages symétriques plus beaux que les non symétriques ; et les visages moyens plus attractifs que les non moyens. On observe un effet additif du genre et de la symétrie des visages sur l’attractivité. Les visages symétrique et féminin ont été déclarés plus attractifs que les non symétrique et masculin. Enfin, on remarque une interaction de la symétrie, moyenne et du genre sur l’attractivité. Quand le visage est féminin, les visages moyens et symétriques sont estimés plus attractifs que les non moyens et non symétriques. Lorsque le visage présenté est masculin les visages non moyens et non symétriques sont jugés plus attractifs que les moyens et symétriques. Les régressions révèlent un effet de l’attractivité sur les items bon mari et bon père de famille ainsi que sur l’intérêt à rencontrer l’homme présenté. Plus les visages étaient jugés attractifs plus les femmes y projetaient les qualités d’un bon mari et bon père de famille, et plus elles portaient d’intérêt à rencontrer l’homme. Discussion Primo, le rôle observé de la symétrie, de la moyenne et du genre sur l’attractivité confortent la littérature. L’interaction de ces trois variables sur l’attractivité est inattendue. L’effet "mâle rare" pourrait l’expliquée. Secondo, notons le rôle positif de la beauté dans la perception d’aptitude à être un bon mari et un bon père de famille et, dans la volonté des femmes à vouloir rencontrer l’homme présenté. Ceci va plus dans le sens du stéréotype du "beau c’est bien" que dans celui des évolutionnistes. Réf Grammer, K. & Thornhill, R. (1994). Human (Homo sapiens} facial attractiveness and sexual selection: the role of symmetry and averageness.Journal of Comp. Psychol., 108(3), 233-­‐242. Little, A. C., Cohen, D. L., Jones, B. C., & Belsky, J. (2007). Human preferences for facial masculinity change with relationship type and environmental harshness.Behav. Ecol. Sociobiol, 61,967-­‐973. Les pratiques écologiques sont-­‐elles impactées par les différences de genre ?-­‐ E. Causse & M-­‐L. Félonneau Laboratoire EA 4139 Psychologie, Santé et Qualité de Vie, Université Bordeaux Segalen Introduction. La littérature montre que les femmes adhèrent plus que les hommes à des valeurs pro-­‐environnementales et s’impliquent plus dans des pratiques de protection environnementale (Becker & Félonneau, 2011 ; Dunlap, Van Liere, Mertig & Jones, 2000). Cependant, cette différence entre les genres dépend du caractère public ou privé du contexte. En effet, les femmes s’engagent plus dans des comportements pro-­‐
environnementaux privés, personnels et en lien avec le foyer (Meneses & Palacio, 2005) alors qu’en public, elles sont moins actives que les hommes dans leur défense de l’environnement (McStay & Dunlap, 1983). A partir de ces constats, l’objectif de cette recherche est de repérer les différences genrées au sein de la sphère familiale, spécifiquement liées à l’adoption de pratiques de réduction des déchets. Méthode. 140 participants tout venants (28.6% d’hommes, Mâge = 49.22) ont complété une mesure de préoccupation environnementale liée aux déchets (en 2 dimensions : Nuisances et Dépenses & santé) et une mesure de la perception des impacts liés aux textiles sanitaires jetables (plutôt que lavables, ex : mouchoirs en tissu). Cet exemple précis étant emblématique dans ce domaine. On a eu recours au modèle de la TCP (Ajzen, 1991) pour 78 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie prédire l’intention d’utiliser des textiles sanitaires lavables (plutôt que jetables) en prenant en compte les attitudes (3 items, alpha = .84), les normes subjectives (2 items, alpha = .97) et les obstacles (3 items, alpha = .71). Résultats. Concernant la préoccupation environnementale, sur la dimension Nuisances, les femmes ont un score plus élevé que celui des hommes, Mfemmes = 7.47 > Mhommes = 6.73, t(133) = 55.321, p = .056. Sur la dimension Dépenses et santé, il n’y a pas de différence de genre t(133) < 1. Les femmes estiment que les textiles sanitaires jetables sont impactants pour l’environnement, davantage que les hommes, t(118) = -­‐1.89,p = .061, Mfemmes = 54.35 et Mhommes = 46.68. Pour les hommes (r2 = .64), le plus fort prédicteur de l’intention d’utiliser les textiles sanitaires lavables correspond aux normes subjectives, béta = .55, p = .001, devant les attitudes, béta = .35, p = .032 et les obstacles, béta = -­‐.25, p = .094. Pour les femmes (r2 = .50), le plus fort prédicteur de l’intention correspond aux attitudes, béta = .49, p < .001, devant les normes subjectives, béta = .25, p= .033 et les obstacles, béta = -­‐.22, p = .040. Discussion. Cette étude permet de révéler que les déterminants psychosociaux des comportements environnementaux diffèrent selon le genre. Ainsi, la TCP montre, de façon inédite, que les pratiques écologiques semblent sous-­‐tendues plutôt par les attitudes chez les femmes et la conformité aux normes chez les hommes. Les hommes seraient-­‐ils plus sensibles à la pression sociale en matière écologique que les femmes ? Références. Ajzen, I. (1991). The theory of planned behaviour. Organizational Behaviour and Human Decision Processes, 50(2), 179-­‐211. Becker, M., & Félonneau, M.-­‐L. (2011). Pourquoi être pro-­‐environnemental ? Une approche socio-­‐normative des liens entre valeurs et pro-­‐environnementalisme. Pratiques Psychologiques, numéro spécial « Psychologie Sociale appliquée à l’Environnement », 17(3),219-­‐236. Dunlap, R.E., Van Liere, K.D., Mertig, A. G., & Jones, R.E. (2000). Measuring Endorsement of the New Ecological Paradigm: A revised NEP Scale. Journal of Social Issues, 56, 3, 425-­‐442. Meneses, G.D., & Palacio, A.B. (2005). Recycling behavior: amultidimensional approach. Environment and Behavior,37, 837–60. McStay, J.,& Dunlap, R. E. (1983). Male-­‐female differences in concern for environmental quality. International Journal of Women’s Studies, 6, 291-­‐301. Les représentations sociales de la voiture électrique et de l'automobile : "environnement" versus "usage"-­‐ C. Philipps-­‐Bertin1, L. Poupon2, P. Champelovier1 & A. Chaumond1 1 Ifsttar 2 Greps-­‐université lyon 2 Les résultats présentés sont issus d’une recherche qui a pour objectif d’étudier les facteurs individuels et les conditions pour que les individus substituent leur véhicule thermique par un véhicule électrique. Elle s’inscrit dans le champ des recherches sur l’acceptabilité car elle concerne un objet à ce jour peu disponible et peu diffusé, même si il existe depuis plus d’une centaine d’années. Mais si l’on considère sa réapparition et le regain d’intérêt qu’il suscite actuellement, se pose la question du statut de cet objet. Si on le compare à son équivalent actuel, le véhicule thermique, il ne répond pas à la définition de l’innovation qui sous-­‐tend une amélioration des performances de l’utilisateur. En effet, du fait de sa vitesse et de son autonomie limitées, il induit des contraintes inexistantes avec un véhicule thermique. Par contre au niveau collectif, le renouveau du véhicule électrique vient comme une réponse technologique à la question de la réduction des nuisances environnementales dues aux transports. Une des hypothèses de la recherche est que l’adoption d’une nouvelle 79 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie technologie reposerait à la fois sur la valeur sociale que lui accordent les individus et sur l’évaluation des bénéfices individuels. L’analyse des attitudes et représentations sont incontournables dans ce cadre. Elles recouvrent l’ensemble des dimensions, qui en l’absence de contraintes externes, conduit l’utilisateur à évaluer favorablement ou non les conséquences de l’adoption d’un comportement ou d’une technologie (TAR de Fishbein & Ajzen, 1975 ; TAM de Davis, 1989 ; TdCP de Taylor et Todd, 1995). Concernant le véhicule électrique, elles s’appliquent à l’objet lui-­‐même, son usage, sa pratique, et à son statut en relation avec la « technologie thermique » existante. Ce travail s’inscrit donc dans le champ de l’étude des représentations sociales, en recherchant les éléments constitutifs de la représentation du véhicule électrique. Des entretiens semi-­‐directifs ont été réalisés auprès de 69 personnes (36 hommes et 33 femmes), âgées de 20 à 73 ans (âge moyen : 40 ans). Toutes, possèdent un permis de conduire depuis plus d’un an et conduisent pour leurs déplacements habituels un véhicule de type citadin. Pour explorer les représentations sociales nous avons introduit dans l’entretien une tâche d'association verbale à partir du mot inducteur « voiture électrique ». Dans une phase précédente de l’expérimentation, nous avions proposé cette même tache d’association à partir du mot inducteur « automobile ». La liste de mots produite est organisée par le biais de l'analyse prototypique (Verges, 1992) qui permet d’évaluer la saillance des mots à partir de la fréquence et du rang d’apparition. Pour aborder l’appartenance des éléments au système central de la représentation (Abric, 2003) les sujets devaient classer les évocations de la plus caractéristique à la moins caractéristique. En complément, la connotation positive négative ou neutre devait également être associée à chaque évocation, ce qui a permis de leur attribuer un indice de polarité (Rosa, 2003). Les résultats des analyses lexicographique et prototypique des évocations, montre l’importance des éléments liés à la fonction de l’objet dans la représentation de l’automobile et à l’inverse l’importance des éléments liés à l’environnement et donc aux normes dans la représentation du véhicule électrique. La représentation du « véhicule électrique » est « écologique » et vient répondre aux attentes en terme de préoccupation environnementale et notamment de réduction de la pollution de l’air. Elle est aussi « économique » en relation avec le coût de plus en plus important de l’énergie. Mais elle reste abstraite et comporte très peu d’éléments fonctionnels du fait de l’absence de pratique mais aussi du très faible niveau de connaissances des individus des caractéristiques du véhicule électrique. A l’inverse la représentation de « l’automobile » a une dimension fonctionnelle : le « déplacement » décrit en termes de « rapidité » et de « liberté ». Ce qui s’oppose au travers de ces représentations est bien l’intérêt commun versus individuel. Influence normative sur le comportement des automobilistes au feu orange-­‐ B. Palat & P. Delhomme IFSTTAR-­‐LPC La tâche de conduite nécessite de gérer des interactions actualisées ou potentielles avec tous ceux qui partagent l’espace routier. Pour rendre les comportements des usagers de la route plus prévisibles et ainsi diminuer le risque d’accident, le trafic est régulé par des normes légales qui peuvent cependant être transgressées au point que leur non respect devient une norme implicite. P. ex., s’arrêter au feu orange est obligatoire alors qu’en réalité beaucoup d’automobilistes ne s’y arrêtent pas. La probabilité qu’un automobiliste franchisse un feu orange augmenterait lorsque la norme implicite à le franchir est saillante (Sigelman & Sigelman, 1976) comme lorsqu’un automobiliste suit un conducteur qui franchit le feu orange juste devant lui. Cependant, l’automobiliste qui s’arrêterait dans cette situation pourrait regretter sa décision ce d’autant que franchir le feu orange constitue un comportement routinier (Kahneman & Tversky, 1982). Il pourrait alors être motivé à compenser par la suite le temps passé à l’arrêt au feu rouge. 80 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Il s’est agit ici de tester l’effet de la saillance de la norme à franchir le feu orange sur la décision de s’arrêter vs. franchir ce feu ainsi que sur la façon dont se déroule le redémarrage au feu vert. Nous nous attendions à davantage de franchissements des feux orange dans la condition où les automobilistes suivent un véhicule qui ne s’arrête pas au feu orange par rapport à la condition où il n’y a personne devant eux. Pour ceux qui se sont arrêtés alors qu’il y avait un véhicule qui franchissait le feu orange juste devant eux, nous nous attendions à des redémarrages plus précipités par rapport à ceux qui se sont arrêtés alors qu’il n’y avait personne devant eux. Matériel et méthode. L’étude a été menée sur simulateur de conduite auprès de 46 automobilistes, dont 20 femmes. En moyenne, ils ont 21,9 ans, détiennent le permis B depuis 2,7 ans et ont parcouru 23 574 km depuis l’obtention du permis. Le trajet comprenait 6 intersections où les feux tricolores passaient à l’orange lorsque les participants se trouvaient à une distance où ils pouvaient décider de s’arrêter ou d’accélérer pour tenter de franchir le feu orange. Pour 3 intersections, ils suivaient une file de véhicules et lorsqu’ils s’approchaient des feux, le véhicule juste devant eux franchissait le feu orange. Ils traversaient les trois autres intersections en absence d’autres automobilistes devant eux. Résultats. Il existe un effet de la saillance de la norme implicite à franchir le feu orange. Sur les 276 traversées d’intersection à feux tricolores, 20 feux ont été franchis à l’orange ou au rouge lorsque les participants suivaient un véhicule qui franchissait le feu orange, contre 10 feux lorsqu’il n’y avait personne devant eux, Wald Chi² = 8,28, p < 0,004. Sur le plan des redémarrages, les participants mettaient moins de temps à regagner la vitesse qu’ils adoptaient avant le passage du feu à l’orange dans la condition où ils se sont arrêtés alors qu’un véhicule devant eux franchissait le feu orange (M = 6,27, σ = 2,01) par rapport à la condition où il n’y avait personne devant eux (M = 7,14, σ = 2,55), F(1,199) = 20,54, p < 0,001. Discussion. Les automobilistes seraient davantage disposés à se conformer à la norme implicite à franchir le feu orange lorsqu’elle est rendue saillante par le comportement d’un autre conducteur. Même le comportement de ceux qui ne s’y sont pas conformés serait affecté. Ainsi, ces automobilistes redémarraient plus violemment comme s’ils essayaient de compenser l’occasion ratée d’économiser du temps. Bibliographie Kahneman, D., & Tversky, A. (1982). The simulation heuristic. In D. Kahneman, P. Slovic, & A. Tversky (Eds.), Judgment under uncertainty: Heuristics and biases (pp. 201-­‐208). New York: Cambridge University Press. Sigelman, C. K., & Sigelman, L. (1976). Authority and conformity : violation of a traffic regulation. The Journal of Social Psychology, 100, 35-­‐43. Effet de la familiarité sur les représentations sociales de l’obésité-­‐ M. Pena Pena, Manuela ), I. Urdapilleta, A. Gaillard & J-­‐F. Verlhiac Université Paris X & Université Paris 8 -­‐ Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale (EA 4386) Mots clefs : Représentation sociale, Obésité, Stigmatisation, Contact inter groupe. Introduction Les personnes obèses sont parfois sujettes à la stigmatisation (Puhl & Heuer, 2009), définie comme : « le rejet et la disgrâce qui sont associés à ce qui est vu (l’obésité) comme une déformation physique et une aberration comportementale » (Cahnman, 1968, p. 293). Nous avons formulé l’hypothèse selon laquelle cette stigmatisation serait modulée par l’existence d’un contact intergroupe (Dovidio, Gaertner, & Kawakami, 2003). Ainsi, la familiarité serait la connaissance, ou non, dans son entourage d’une personne obèse. Méthode Deux cents étudiantes normo-­‐pondérées (Mâge = 22.1 ; E.Tâge = 1.52 ; MIMC = 21.9 ; E.TIMC = .94) ont réalisé une tâche d’associations verbales (i.e., citer les premiers mots ou 81 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie expressions leur venant à l'esprit à la lecture du mot inducteur) avec deux mots inducteurs « Obésité » et « Personne obèse ». Afin d'analyser les données en fonction du degré de familiarité des participantes, trois groupes ont été constitués : le premier connaissait un ami obèse (N = 20), le second connaissait un membre de leur famille obèse (N = 80) et 3) et le troisième ne connaissait pas de personne obèse (N =100). Nous avons relevé les mots produits lors de la tâche d’associations verbales et les données verbales ont été soumises à une Analyse Factorielle des Correspondances (AFC). Une analyse de la variance a permis d’analyser les effets de la familiarité sur l’orientation attitudinale. Résultats En ce qui concerne le mot inducteur « obésité », l’AFC ne montre aucun effet de la variable « familiarité » sur la répartition du contenu représentationnel. L’obésité est associée à la surconsommation alimentaire (e.g., « malbouffe », « excès ») ainsi qu’au domaine de la santé (e.g., « maladie », « diététicien »). Aucun effet n’a été révélé sur l’orientation attitudinale. L’AFC réalisée sur le mot inducteur « personne obèse » montre une opposition entre les modalités « connait un ami obèse » et « connait un membre de leur famille obèse » de la variable « familiarité ». La modalité « ne connait pas de personne obèse » n’apparaît pas. Les participantes ayant un ami obèse ont un contenu représentationnel orienté sur une thématique physique (i.e. « manque de sport » et « lourd ») et esthétique (i.e. « moche » et « laid »), alors que les participantes ayant un membre de leur famille obèse ont un contenu représentationnel axé sur le point de vue médical (i.e. « maladie » et « surpoids »). Notons que les participantes ayant un ami obèse ont une orientation attitudinale moins négative que les participantes ayant un membre de leur famille obèse et celles ne connaissant pas de personne obèse. Conclusion Cette étude montre que l’image des personnes obèses est construite sur deux versants : la « maladie » vs. le « physique » et l’ « esthétique » et est modulée en fonction de la familiarité. Nos résultats sont discutés au regard des théories de la familiarité décrite dans les études portant sur les représentations sociales et la stigmatisation. Bibliographie Cahnman, W.J. (1968). The stigma of obesity. Sociological Quarterly, 9, 283-­‐299. Dovidio, J. F., Gaertner, S. L., & Kawakami, K. (2003). Intergroup Contact: The Past, Present, and the Future. Group Processes & Intergroup Relations, 6(1), 5 21. Puhl, R. M., & Heuer, C. A. (2009). The Stigma of Obesity: A Review and Update. Obesity, 17(5), 941–964. Recatégorisation dans le paradigme des groupes minimaux : le rôle d’un exogroupe maintenu. -­‐ A. Parant & M-­‐L. Félonneau Université de Bordeaux Segalen Introduction : Il est généralement admis qu’une simple catégorisation dans un groupe social provoque un biais de favoritisme pro-­‐endogroupe tant comportemental, qu’évaluatif ou attitudinal ((Tajfel et al. 1971). Parmi les nombreuses théories visant à réduire ce biais, le Common Ingroup Identity Model (CIIM) (Gaertner et al., 1993; Gaertner et al., 1989) propose qu’une recatégorisation de l’endogroupe et de l’exogroupe en une supra-­‐catégorie permette une réduction du biais de favoritisme pro-­‐endogroupe. Cette hypothèse a largement été confirmée dans la littérature pour le versant attitudinal du biais (Crisp et al., 2010; Gaertner et al., 1989). Néanmoins, très peu de travaux se sont intéressés à la réduction du biais de favoritisme pro-­‐endogroupe comportemental. Une étude a donc été mise en place pour tester le CIIM sur ce type de variables. Méthode : 157 étudiants ont participé à une tâche d’allocation issue du PGM dans différentes configurations groupales : 1) 2 groupes 2) 2 groupes + une supracatégorie 3) 4 groupes 3) 4 82 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie groupes recatégorisés deux à deux en 2 supracatégories. Deux types de matrices d’allocations étaient renseignés par les participants pour deux types de mesures potentielles du biais de favoritisme pro-­‐endogroupe : 1) celles où le montant total des allocations était constant, le rapport entre les groupes variant 2) celles ou la différenciation positive d’un groupe n’était possible qu’en réduisant les bénéfices de tous. Les points distribués correspondaient à des bénéfices individuels soi-­‐disant utilisables ultérieurement. Résultats : Les résultats montrent un biais de favoritisme pro-­‐endogroupe plus faible quand deux groupes sont recatégorisés, mais uniquement pour les matrices de type 1. En revanche, la réduction du biais est significative pour les deux types de matrices après recatégorisation de 4 groupes et donc en présence d’un exogroupe maintenu. Discussion : Cette expérience confirme l’intérêt d’une stratégie de recatégorisation pour la réduction du biais de favoritisme pro-­‐endogroupe comportemental dans un contexte de groupes minimaux, mais elle montre également des limites à cette recatégorisation. En effet, il semblerait que lorsque la différenciation n’est plus possible, la recatégorisation ne permette pas une réduction optimale des biais et que cet écueil pourrait être évité par le maintien d’un exogroupe. Ce constat qui peut-­‐être analysé à la lumière des théories des motivations identitaires (Vignoles et al., 2006) questionne cependant sur son applicabilité à un niveau sociétal et sur ses éventuelles conséquences délétères. Mots clés : recatégorisation, biais de favoritisme pro-­‐endogroupe, Common Ingroup Identity Model, Paradigme des Groupes Minimaux Références : Crisp, R. J., Turner, R. N., & Hewstone, M. (2010). Common ingroups and complex identities: Routes to reducing bias in multiple category contexts. Group Dynamics, 14(1), 32-­‐46. Gaertner, S. L., Dovidio, J. F., Anastasio, P. A., Bachman, B. A., & Rust, M. C. (1993). The common ingroup identity model: Recategorization and the reduction of intergroup bias. In W. Stroebe & M. Hewstone (Eds.), European Review of social Psychology (Vol. 4, pp. 1-­‐26). Gaertner, S. L., Mann, J., Murrell, A., & Dovidio, J. F. (1989). Reducing Intergroup Bias: The Benefits of Recategorization. Journal of Personality and Social Psychology, 57(2), 239-­‐249. Tajfel, H., Billig, M. G., Bundy, R. P., & Flament, C. (1971). Social categorization and intergroup behaviour. European Journal of Social Psychology, 1, 149 178 Vignoles, V. L., Regalia, C., Manzi, C., Golledge, J., & Scabini, E. (2006). Beyond self-­‐esteem: Influence of multiple motives on identity construction. Journal of Personality and Social Psychology, 90(2), 308-­‐333. Représentations sociales culinaires et culture gastronomique : la place du goût-­‐ J. Boussoco1, I. Urdapilleta1, C. Schwartz2 , A. Gaillard1, L. Dany3 & A. Giboreau2 1 Université Paris 8 2 Centre de Recherche de l'Institut Paul Bocuse 3 Université de Provence Introduction Le choix d’une recette est lié à de nombreux facteurs. D’une part, certains facteurs contextuels entrent en jeu, tels que le type de repas –quotidien, festif– et les contraintes matérielles –budget, temps, matériel et aliments disponibles–. D’autre part, le choix est également modulé par des facteurs individuels, tels que les caractéristiques personnelles des individus –ses connaissances, ses préférences sensorielles– et, des considérations de nature culturelle –la région, les habitudes alimentaires du foyer– (Hubert, 2000 ; Kaufmann, 2005). Ainsi, afin de mieux comprendre les mécanismes de choix d’une recette, nous nous intéressons à l’étude des représentations sociales liées à l’alimentation (Lahlou, 1998) et aux préparations culinaires de cuisiniers domestiques : croyances, connaissances, attitudes, opinions et images produites et partagées par un groupe donné 83 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Plus spécifiquement, nous avons étudié quelle était la place du « goût » dans ces représentations sociales. Le goût est ici considéré dans son sens multimodal, englobant l’ensemble des sensations ressenties lorsqu’un plat est consommé : de sa vue à sa dégustation en bouche. Ainsi, les dimensions relatives au goût, spontanément évoquées, ainsi que les catégories de goûts qui font sens pour les cuisiniers domestiques, ont été mises en évidence. Méthodologie Sept groupes de 60 cuisiniers domestiques issus de 7 régions de France ont participé (Centre, Alpes et Jura / Sud-­‐Ouest / Sud-­‐Est / Ouest et Pays de Loire / Nord et Nord-­‐Est / Ile-­‐de-­‐France/ DOMTOM, Poulain, 2002). Les participants ont complété deux tâches d’associations libres (i.e., citer les 5 premiers mots leur venant à l'esprit suite à la présentation d'un mot inducteur, Abric, 1994) sur Internet pour les expressions « Faire la cuisine » et « plat réussi ». Ensuite, leurs connaissances et pratiques culinaires ont été évaluées à l’aide de questionnaires. Une analyse de prototypique (logiciel EVOC 2000©) a permis de mettre en évidence la place du goût dans les éléments supposés centraux de la représentation sociale. L’attitude face aux différents éléments représentationnels de « Faire la cuisine » a également été mise en évidence. Résultats Les résultats montrent une influence de la région et des connaissances culinaires sur les représentations sociales et sur l’importance et la place du goût dans ces représentations. Les représentations sociales des sept groupes de participants réfèrent à la prise en compte de contraintes (e.g. rapidité de préparation, santé), et à des motivations différentes (e.g. faire la cuisine par plaisir, faire la cuisine juste pour manger). Ces données nous ont permis de construire une typologie de cuisiniers domestiques en lien avec la région gastronomique. Mots-­‐clés : Représentations sociales, goût, région, cuisine. Bibliographie Abric, J.-­‐C. (1994). Pratiques sociales et représentations. Paris : Presses universitaires de France. Hubert, A. (2000). Cuisine et Politique : le plat national existe-­‐t-­‐il ? Revue des sciences sociales, 27, 8 11. Kaufmann, J.-­‐C. (2005). Casseroles, amour et crises: ce que cuisiner veut dire. Paris : A. Colin. Lahlou, S. (1998). Penser manger: alimentation et représentations sociales. Paris: Presses universitaires de France. Poulain, J.-­‐P. (2002). Manger aujourd’hui. Attitudes, normes et pratiques. Toulouse : Privat. Validation française de l’échelle cfc-­‐14 (consideration of future consequences) de joireman, shaffer, balliet et strathman (2012)-­‐ G. Camus, S. Berjot & A. Ernst-­‐Vintila Université de Reims Champagne-­‐Ardennes Introduction La prise en considération des conséquences futures est un construit identifié par Strathman, et al., en 1994 qui reflète l’importance que les individus accordent aux conséquences à long terme de leurs comportements versus aux conséquences immédiates. L’intérêt psychologique de ce construit vient, du fait qu’on s’intéresse d’une certaine manière à un construit motivationnel stable (trait) qui permettrait de saisir la tendance des individus à se détacher du moment présent pour s’orienter vers l’avenir, dans le but d’atteindre des objectifs désirés. Ce construit général mesure l’extension temporelle vers le futur des personnes et diffère ainsi d’autres outils tels que la ZTPI (Zimbardo et Boyd, 1999), qui lui mesure l’orientation et l’attitude temporelle des individus dans les trois directions : passée, présente et future. 84 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Si différentes conceptualisations de ce construit existent dans la littérature, celle de Joireman, et al. (2012), postulant une bi dimensionnalité du construit, possède certains avantages théoriques et pratiques. Leur échelle de mesure, composée des dimensions prise en considération des conséquences immédiates d’une part et futures d’autres parts, possède les meilleures qualités psychométriques et permet d’observer si un comportement donné est principalement influencé par l’une ou l’autre de ces dimensions. L’objectif de cette présentation est de proposer une traduction et validation en français de cet outil. Méthode Après une traduction/contre-­‐traduction des items et de la consigne et un pré-­‐test de la version retenue, nous avons mené trois études auprès de trois échantillons indépendants d’étudiants. La première (N=281) a pour objectif d’évaluer la structure factorielle de la CFC-­‐14. La seconde (N=331) a pour objectif de confirmer la structure de l’outil et d’étudier les liens avec d’autres construits, notamment avec la ZTPI. Enfin, la troisième (N=219) a pour objectif d’analyser la fidélité test/re-­‐test de l’outil. Résultats L’analyse factorielle exploratoire met en évidence une solution factorielle en accord avec celle de la version originale de Joireman et al. (2012). Chacun des items sature de 0.49 à 0.82 sur un des deux facteurs, ceux-­‐ci expliquant 47.03% de la variance totale et sont négativement corrélés (α = -­‐.36). L’analyse factorielle confirmatoire montre qu’une structure a deux dimensions inter corrélées (Joireman et al., 2012) est la solution la mieux en adéquation avec nos données et possède de bons indices d’ajustement. Les résultats montrent également que la dimension CFC-­‐Future de la CFC-­‐14 corrèle positivement à celle de la ZTPI et négativement à la dimension « présent fataliste » de la ZTPI. La dimension CFC-­‐Immédiate de la CFC-­‐14 est corrélée positivement avec les deux dimensions de la ZTPI et négativement avec sa dimension « futur ». Ces résultats sont en accord avec ceux présents dans la littérature. Les corrélations test/retest sont de 0.70 pour les sous-­‐échelles ‘présent’ (α = .84) et ‘futur’ (α = .79), indiquant une stabilité temporelle acceptable de l’outil. Discussion L’ensemble des résultats nous indique que la version française de la CFC-­‐14 dispose de qualités psychométriques satisfaisantes et proches de la version initiale, autorisant son utilisation auprès de populations francophones. Cette échelle ouvre la porte à de nombreuses recherches dans des domaines tels que l’éducation, le sport, le travail ou encore l’insertion professionnelle. Références Joireman, J., Shaffer, M. J., Balliet, D., & Strathman, A. (2012). Promotion Orientation Explains Why Future-­‐Oriented People Exercise and Eat Healthy: Evidence From the Two-­‐Factor Consideration of Future Consequences-­‐14 Scale. Personality and Social Psychology Bulletin, 38(10), 1272-­‐1287. Strathman, A., Gleicher, F., Boninger, D. S., & Edwards, C. S. (1994). The consideration of future consequences: Weighing immediate and distant outcomes of behavior. Journal of Personality and Social Psychology, 66, 742-­‐752. Zimbardo, P.G., & Boyd, J.N. (1999). Putting time in perspective: A valid, reliable individual-­‐
differences metric. Journal of Personality and Social Psychology, 77, 1271–1288. L’effet de l’impulsivité, de la recherche de sensations et de l’illusion de contrôle dans un jeu de loto-­‐ C. Roland-­‐Lévy & J. Lemoine Université de Reims Champagne-­‐Ardenne Parmi les recherches effectuées sur les jeux de hasard, peu de travaux se sont centrés sur la prise de risque au cours du jeu (e.g. Ladouceur & Gaboury, 1988). La littérature indique que 85 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie différents facteurs intra-­‐individuels ont un effet sur la prise de risque dans un contexte de jeu de hasard : l’illusion de contrôle, la recherche de sensations et l’impulsivité. Pour notre expérience, nous avons programmé un jeu de hasard, de type loto avec différentes possibilités de paris. Cinquante hommes et cinquante femmes de diverses professions ont participé à cette étude composée de deux tâches. Tout d’abord, les participants devaient répondre à un questionnaire mesurant l’illusion de contrôle à l’aide des questions de Martinez et al. (2011), la recherche de sensations avec la traduction Française de l’Arnett Inventory of Sensation Seeking (Desrichard, Vos, Bouvard, Dantzer, & Paignon, 2008) et l’impulsivité en utilisant la BIS 10 validée en Français (Bayle et al., 2000). Dans la seconde tâche, les participants jouaient au jeu de hasard, leur prise de risque étant mesurée à l’aide de l’indice de risque utilisé par Martinez, Le Floch et Gaffié (2005). Durant la partie, les participants avaient 100 jetons qu’ils pouvaient miser sur cinq différents paris, chacun avec une probabilité de gain différente. A chaque tour, les participants étaient libres de miser le nombre de jetons qu’ils souhaitaient sur le ou les paris de leur choix. Pour procéder aux analyses, les participants ont été catégorisés en trois groupes à partir des centiles 33 et 67. Les résultats indiquent qu’il y a bien un effet simple des 3 variables sur la prise de risque des participants : ceux qui ont une illusion de contrôle élevée prennent davantage de risques que ceux ayant une illusion de contrôle faible. Les participants qui ont un niveau de recherche de sensations élevé prennent plus de risques que les participants qui ont un niveau de recherche de sensations faible. Les participants qui ont un niveau d’impulsivité élevé notamment sur la dimension planification de l’action prennent plus de risques que ceux qui ont un niveau faible sur cette même dimension. L’analyse par corrélation indique un lien significatif entre l’illusion de contrôle et la planification de l’action. D’autres analyses, à l’aide d’équations structurelles, sont en cours afin de déterminer la part de chacune de ces variables sur la prise de risque et de répondre à l’objectif final de ce travail : modéliser la relation de ces trois variables sur la prise de risque dans un jeu de hasard. prise de risque, jeu de hasard, illusion de contrôle, recherche de sensations, impulsivité Bayle, F. J., Bourdel, M. C., Caci, H., Gorwood, P., Chignon, J.-­‐M., Ades, J., & Loo, H. (2000). Structure factorielle de la traduction française de l’échelle d’impulsivité de Barratt (BIS-­‐10). Canadian journal of psychiatry, 45(2), 156–165. Desrichard, O., Vos, P., Bouvard, M., Dantzer, C., & Paignon, A. (2008). The French version of the Arnett Inventory of Sensation Seeking: Internal and predictive validity. Personality and Individual Differences, 44(8), 1673–1683. Ladouceur, R. & Gaboury, A. (1988). Effects of limited and unlimited stakes on gambling behavior. Journal of Gambling Behavior, 4, 119–126. Martinez, F., Le Floch, V., & Gaffié, B. (2005). Lien entre perception de contrôle et prise de risque dans un jeu de hasard: Quand l’annonce d’un gain d’autrui intervient. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 18(3), 129–151. Martinez, F., Le Floch, V., Gaffié, B., & Villejoubert, G. (2011). Reports of Wins and Risk Taking: An Investigation of the Mediating Effect of the Illusion of Control. Journal of Gambling Studies, 27, 271–285. Session thématique : Psychologie Cognitive Intégration et motricité : de la multisensorialité à la multimodalité -­‐ T. Camus, L. Brunel, T. Brouillet, & D. Brouillet Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 Introduction 86 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La perception a été longtemps considérée comme composée de systèmes modulaires contenant différents éléments relativement indépendants les uns des autres (Fodor, 1983). Cependant, la perception d’un environnement multisensoriel ne requiert pas seulement de nombreuses activations des différentes aires sensorielles mais aussi que ces activations soient synchrones et intégrées (King, 2005). Différentes études sur l’intégration multisensorielle ont montré qu’un élément sensoriel peut modifier la perception d’un autre élément sensoriel par le biais de mécanismes d’activation et d’intégration intra et intermodalités (Versace, Labeye, Badard & Rose, 2009). Brunel, Labeye, Lesourd & Versace (2009) ont montré que l’intégration multisensorielle et les mécanismes d’activation font partie intégrante des mécanismes de la mémoire : un élément mnésique peut avoir des effets sur un élément perceptif, cela supposant alors que l’élément en question ait été auparavant intégré en mémoire au sein d’une trace unique. Le rôle de la motricité dans le processus d’intégration est jusqu’à présent très peu documenté. L’originalité de notre étude est de montrer que l’intégration des composantes sensorielles au sein de la trace mnésique est dépendante de l’activité motrice de l’individu : de multisensorielle, la trace devient ainsi multimodale. Afin de tester cette hypothèse, nous avons repris la procédure de Brunel et al. (2009, Expérience 1) en y ajoutant une variable portant sur la motricité : fournir ou non une réponse en appuyant sur une touche du clavier. Nous nous attendons à répliquer les résultats princeps de Brunel et al. (2009), à savoir un effet d’amorçage sur les temps de catégorisation de sons cibles d’une amorce visuelle apprise avec du son par rapport à une amorce visuelle apprise sans son. Si la motricité a un rôle, nous devrions observer un effet d’amorçage limité à l’amorce visuelle apprise avec du son et de la motricité. Matériel et méthode Le matériel est composé de 3 formes différentes et de 3 sons différents. Les 3 sons utilisés sont : un bruit blanc, un son grave (256Hz) et un son aigu (312Hz). La phase d’apprentissage est basée sur l’hypothèse que la répétition d’une association forme/bruit-­‐blanc/réponse facilite l’intégration de l’image et du son en mémoire. Chaque essai consiste en la présentation d’une forme (parmi 3 formes différentes) associée avec : soit un bruit blanc et une réponse ; soit un bruit blanc et pas de réponse ; soit sans bruit blanc mais avec une réponse. La présentation du son et de l’image est simultanée. La phase test consiste en une tache de catégorisation d’un son cible (aigu vs. grave) avec amorçage selon la forme. Les participants doivent utiliser pour la catégorisation des sons les mêmes touches de clavier que lors de la phase d'apprentissage. Résultats Nous répliquons les résultats de Brunel et al. (2009). De plus et comme nous l’attendions, les participants sont plus rapides pour catégoriser les sons en phase test lorsque la forme en amorce correspond à celle qui associe un bruit blanc avec une réponse en phase d’apprentissage, et ce comparativement aux autres amorces. Discussion Ces résultats confortent notre hypothèse selon laquelle l’activité motrice facilite le processus d’intégration. Le fait d’observer un effet d’amorçage uniquement sur les formes associées précédemment à une réponse met l’emphase sur le rôle de la motricité dans l’intégration des composantes sensorielles au sein de la trace mnésique et sur son caractère multimodal. Bibliographie Brunel, L., Labeye, E., Lesourd, M., Versace, R. (2009). The sensory nature of episodic memory: sensory priming effects due to memory trace activation. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 35, 1081-­‐1088. Fodor, J. A. (1983). The modularity of mind. Cambridge, MA: MIT Press. King, A. J. (2005). Multisensory integration: Strategy for synchronization. Current Biology, 11, 322-­‐325. 87 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Versace, R., Labeye, Badard, G., & E. Rose, M. (2009). The contents of long-­‐term memory and the emergence of knowledge. The European Journal of Cognitive psychology, 21(4), 522. Liage sensoriel par l'action : effet du délai temporel et des contingences sensorimotrices -­‐ X. Corveleyn1, J. Loper-­‐Molier2, & Y. Coello1 1 Ureca, Université Lille 3 2 Université de Barcelone Introduction Les traitements sensoriels (couleur, taille, texture...) d'un objet doivent être intégrés afin de permettre la perception cohérente de cet objet. La littérature dans ce domaine montre que les propriétés des stimuli visuels sont traitées de manière différenciée dans des zones corticales localisées impliquant des temps de traitements spécifiques [1,2]. Des asynchronies temporelles sont ainsi observées lors du traitement de différentes propriétés des objets et des variations de ces propriétés au cours du temps. La nature des mécanismes permettant le liage sensoriel lors de la perception des objets n'est pas connue à ce jour. Toutefois, une idée répondue depuis quelques années est que la motricité volontaire aurait un rôle fondamental dans le liage des informations sensorielles [2,3]. Des résultats antérieurs [4] montrent en effet dans une tâche de jugement d'ordre temporel (JOT) que l'asynchronie temporelle observée dans la perception des changements de position et de couleur d'un stimulus visuel réduit fortement lorsque les changements résultent d'un mouvement volontaire. Cette étude vise à identifier la fenêtre temporelle à l'intérieur de laquelle la réduction de l'asynchronie perceptive se produit en fin de mouvement. Elle vise également à tester si l'apprentissage de nouvelles contingences sensorimotrices peut modifier l'étendue de cette fenêtre temporelle. Méthode 40 participants ont été placés face à un écran où une cible visuelle était affichée (1cm) à une distance de 24 cm du point de départ (bas de l’écran). Les trajectoires manuelles 3D étaient enregistrées. La cible changeait de couleur (rouge-­‐vert) et de position (déplacement de 1cm vers le haut). Les participants étaient testés dans une condition perceptive (JOT en absence d'action motrice) et une condition motrice (JOT lors d'une action motrice). Dans chaque condition, les participants devaient, après chaque essai, indiquer le changement qu'ils avaient perçu en premier (couleur ou position). Expérience 1: l'attribut référent (couleur ou position) changeait 250ms, 500ms ou 1000ms après la survenue d'un son (condition perceptive) ou du contact doigt-­‐cible (condition motrice). Le changement de l'attribut test (position ou couleur) se produisait dans un intervalle de ±200ms autour du premier changement (par pas de 50ms, présentation aléatoire). Expérience 2: 40% des essais étaient les mêmes que dans l'expérience 1. Pour les 60% des essais restant (situation de nouvelles contingences), les changements de position et de couleur de la cible se produisaient de manière synchrone une seconde après la survenue d'un son (condition perceptive) ou du contact doigt-­‐cible (condition motrice). Résultats et Discussion Expérience 1: les résultats montrent une réduction de l'asynchronie perceptive dans la condition motrice quand l'intervalle entre la fin de l'action et les changements sensoriels était de 250 ms. Aucune réduction n'est observée avec un intervalle de 500 ms. Expérience 2: les résultats montrent une asynchronie temporelle dans la condition perceptive au début et à la fin de la phase d'adaptation au délai de 1 seconde. Cela confirme les résultats précédemment obtenus dans la littérature [2] et montrent l'impossibilité de prédire des événements, dont l'occurrence est aléatoire, à partir d'un événement neutre (son). Une diminution de l’asynchronie est observée à la fin de la phase d'adaptation au délai de 1 seconde dans la condition motrice. Ce résultat montre que même lorsque l'action et les 88 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie changements environnementaux sont séparés d'une seconde, la liage sensoriel par l'action est rendu possible par l'apprentissage de nouvelles contingences sensorimotrices. Bibliographie [1] Nowak, L. G., & Bullier, J. (1997). In Rockland K, Kaas JH, Peters A. New-­‐York, Plenum. [2] Aymoz, C., & Viviani, P. (2004). Vision Research, 44(13), 1547-­‐1563. [3] Cravo, A. M. et al. (2009). Experimental Brain Research, 199(1), 95-­‐99. [4] Corveleyn, X. et al. (2012). Journal of Vision, 12(11). La perception des distances : quand le poids et l'action simulée augmentent la distance -­‐ J. Romàn, T. Camus, & D. Brouillet Laboratoire EPSYLON, Montpellier 3 Introduction Selon les théories de la cognition incarnée, l'environnement, le corps, et les simulations dans les structures sensori-­‐motrices du cerveau sont la base des connaissances et de la cognition humaine (Barsalou 2010). Witt, Proffit et Epstein (2004) ont montré que nos perceptions ne dépendaient pas uniquement des informations géométriques de notre environnement spatial couplées à nos informations visuelles, mais également de nos intentions d’action vis-­‐
à-­‐vis de cet environnement. De plus, nos actions – réalisées ou planifiées -­‐ nécessiteraient un coût énergétique propre à chaque action spécifique, qui influencerait la perception visuelle. Witt et Proffitt (2008) ont demandé à des participants d’estimer des distances les séparant de différentes cibles (distances egocentriques). Les résultats montrent que les participants ayant l’intention d’utiliser un outil – situé proche d’eux – pour atteindre les cibles voient les cibles plus proches que ceux qui n’ont aucune intention d’utiliser l’outil. La perception n’est donc pas seulement fonction des propriétés de l’environnement mais également des capacités, réelles ou imaginées, de l’observateur, ce que Witt (2011) nomme Action-­‐Specific Perception Account. Nous nous demandons alors dans quelles conditions nos perceptions sont influencées par nos simulations motrices ? Dans l’expérience que nous proposons, nous manipulons les distances à évaluer par les participants (distances allocentriques) ainsi que l’objet impliqué dans les estimations des distances. Nous faisons l’hypothèse que les participants percevront une distance allocentrique impliquant un objet lourd plus grande qu’une distance allocentrique impliquant un objet léger. De plus, cette différence sera d’autant plus marquée lorsque l’objet sera situé proche des participants. Méthode Les participants évaluent la distance séparant un chariot d’une cible positionnée quelques mètres en avant selon différentes positions (distance allocentrique). Dans une première condition le chariot est Vide. Dans une seconde condition le chariot est Plein (rempli d’encyclopédies). De plus, la position du chariot et la position de la cible (facteurs intra-­‐
sujets) varient de manière à ce que le chariot soit Proche des participants (< 2m) ou Eloigné des participants (> 5m). Au moment d’évaluer chaque distance les participants ont l’intention future de pousser le chariot. Résultats Lorsque le chariot est situé loin des participants nous n’observons aucun effet de poids du chariot sur les estimations des distances des participants. En revanche, cet effet de poids est observable lorsque le chariot est situé proche des participants. Les participants perçoivent les distances entre le chariot et la cible plus grandes lorsque le chariot est Plein que lorsque le chariot est Vide. De plus, lorsque le chariot se trouve proche des participants, cet effet de poids se fait d’autant plus ressentir que la distance séparant l’objet de la cible est importante. Discussion 89 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Nos résultats sont en accord avec l’Action-­‐Specific Perception Account (Witt, 2011) selon lequel nos perceptions du monde se font en fonction de nos capacités à interagir avec notre environnement et les objets qui l’entourent. Ici, la distance à l’objet est un facteur déterminant quant à la capacité de projection de notre système. Au-­‐delà d’une certaine distance, les effets liés au coût énergétiques ne se font plus ressentir dans nos perceptions. Bibliographie. Barsalou, L.W. (2010). Grounded cognition: Past, present, and future. Topics in Cognitive Science, 2, 716-­‐724. Witt, J.K., Proffitt, D.R., & Epstein, W. (2004). Perceiving distance: A role of effort and intent. Perception, 33, 570-­‐590. Witt, J.K., Proffitt, D.R., & Epstein, W. (2005). Tool use affects perceived distance but only when you intend to use it. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 31, 880-­‐888. Witt, J. K. (2011). Action’s effect on perception. Current Directions in Psychological Science, 20, 201–206. The perception of peripersonal space in right and left brain damage hemiplegic patients -­‐ A. Bartolo1, M. Carlier1, S. Hassaini2, Y. Martin3, Y. Coello1 1 Ureca, Université Lille 3 2 Service de neuropsychologie, clinique Sainte Barbe, Fouquières les Lens 3 Service de neuropsychologie, Centre l'espoir, Hellemmes Background Visually determining the boundary of our peripersonal space requires combining information about the visual location of objects with information about body capabilities [1]. In support of this, recent studies have provided converging evidences that perceiving objects in peripersonal space specifically activates a neural network overlapping with that subtending voluntary action [2]. Furthermore, it was found that modifying either upper-­‐
limb length representation directly influences where the boundary of peripersonal space is perceived [3]. Previous studies have also underlined the specific role of the right hemisphere in the planning of voluntary action, and the role of the left hemisphere in motor online adjustments [4]. In the present study, we investigated how peripersonal space is perceived in left or right brain damage patients. Method Participants: 16 hemiplegic patients with lesions to the left (LH, 52.87 years) or to the right (RH, 50 years) hemisphere associated with hemiplegia were submitted to neuropsychological and physical assessments and took part in the study. Eight matched healthy individuals represented the control group (HC, 48.8 years). Procedure: The task consisted in presenting a cup (of different colour and distances) on a table in virtual reality scene (Blender software). Participantsperformed a colour discrimination task (light -­‐ dark judgments of cups of 30 different luminous contrasts), and a reachability judgment task (reachable-­‐non reachable judgments of a grey cup presented at a distance of 30 cm to 175 cm by steps of 5 cm). This last task was performed according to the valid and hemiplegic arm. An actual (valid arm only) and imagery (both arms) motor task (5 touching of the fingers with the thumb) were also included. Except for last two tasks, responses were given by pressing a keyboard key. Data analysis For the colour and reachability judgment tasks, the stimulus corresponding to the change from one type of response (light, reachable) to the other type (dark, unreachable) was estimated using a logistic regression function based on the maximum likelihood fit procedure (hereafter called transition area). Response time for both types of responses was also analysed, as well as in the response transition area. For the actual and imagery motor tasks, we registered the time spent to perform the task. 90 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Results Data analysis revealed no difference among the groups in the colour judgement task. This suggests an absence of general perceptual, motor or decisional deficits in the patients’ groups. By contrast, in the reachability judgment task, RH patients showed a reduced size of reachable space for the healthy hand (84.31 cm) compared to LH and HC (116.91 cm and 113.02 cm, F(2, 23)=3.63, p=.04) and for the hemiplegic hand (78.10 cm, 110.78 and 113.02, F(2, 23)=4.37, p=.02). Response time in the actual motor task was longer in RH (18.40 s) than in LH and HC groups (12.87 s and 9.88 s, F(2, 23)= 9.38, p<.01). In the imagery motor task performed with the healthy hand, RH (18.42 s) showed longer response times than LH and HC (13.03 s and 10.59 s, F(2, 23)=10.95, p<.01). When performing with the hemiplegic hand, RH (20.15 s) showed longer response times than LH (15.11 s) which showed longer response time than HC (10.59 s, F(2, 23)=16.86, p<.01). Discussion Taken together, results confirm the crucial role of the motor system in the perception of peripersonal space. They also revealed that a lesion of the right hemisphere has a more detrimental effect on the planning of voluntary action and the perception of reachability, suggesting that motor planning processes contribute specifically to the representation of peripersonal space. References [1] Coello & Delevoye-­‐Turrell (2007). Consciousness & Cognition, 16, 667-­‐683. [2] Bartolo, Coello, et al. (submitted). [3] Bourgeois & Coello (2012). Attention, Perception, & Psychophysics 74(6): 1268-­‐1283. [4] Schaefer, et al. (2007). Brain, 130, 2146-­‐2158. Des jugements affectifs sensibles à la dynamique motrice -­‐ T. Brouillet, A. Millau, T, Camus, & D. Brouillet Laboratoire Epsylon, Université Montpellier 3 Dans tout magasin nous sommes constamment entrain de juger quel produit nous préférons. Si les qualités objectives des produits jouent un rôle prédominant dans l’élaboration du jugement, n’y a-­‐t-­‐il pas des composantes plus subjectives prises en compte? Par exemple, est-­‐ce qu’un produit qui est dur à attraper ou éloigné de l’observateur sera jugé avec la même objectivité que celui qui est proche ? L’objectif de notre travail est de mettre en évidence le rôle des dynamiques motrices dans l’élaboration des jugements affectifs. De nombreux travaux (Cacioppo, Bernston & Priester, 1993) ont mis en évidence que les jugements affectifs peuvent être influencés par des mouvements susceptibles d’activer les systèmes motivationnels de l’approche et de l’évitement : la flexion (vers soi) et l’extension (hors soi) du bras par exemple. Dans ce type d’expériences, l’élaboration du jugement est influencée par les conséquences que peuvent avoir ces réponses sur la distance qui sépare le sujet du stimulus émotionnel : la flexion rapproche, l’extension éloigne. De façon complémentaire, d’autres travaux montrent que les jugements affectifs peuvent être sensibles à des composantes motrices plus subjectives (Canon et al., 2010 ; Brouillet et al., 2011). Par exemple, l’équipe de Hayes et col. (2008) a mis en évidence que la fluence du mouvement, c'est-­‐à-­‐dire sa facilité d’exécution, a une influence causale sur les jugements affectifs. Par exemple, un participant évalue plus positivement un stimulus cible lorsqu’il a préalablement réalisé un mouvement rapide et/ou facile (déplacer un objet) que lorsqu’il a réalisé un mouvement plus lent et/ou plus difficile. Expériences Les travaux présentés ci-­‐dessus portent un intérêt conjoint à l’influence des dynamiques motrices sur le jugement affectif. Reste à déterminer l’effet conjoint de l’orientation de la réponse (vers soi/hors soi) et de la fluence de l’action : effet d’interaction ou d’additivité ? L’expérience suivante combine ces deux composantes motrices. 91 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les participants (S=24) doivent statuer le plus rapidement possible sur le caractère plaisant ou non de stimuli à valence émotionnelle (34 positifs et 34 négatifs ; 34 fréquents et 34 non-­‐
fréquents ; 34 concrets et 34 abstraits) en exécutant soit un mouvement ample (30cm) soit un mouvement de plus faible amplitude (10cm). De plus, pour répondre les participants doivent effectuer une action orientée vers soi ou hors de soi. Le dispositif de réponse se compose de trois boutons dont celui du centre est le point de départ pour chaque essai expérimental. L’amplitude de la réponse et l’orientation du mouvement sont manipulés en intra-­‐sujet. Résultats Nous observons que des mouvements de faible amplitude facilitent les temps de jugement de mots positifs alors que les mouvements de forte amplitude facilitent les temps de jugement de mots négatifs. Nous observons également que les mouvements vers soi facilitent les temps de jugement de mots positifs alors que les mouvements hors soi facilitent les temps de jugement de mots négatifs. Pour finir, les résultats montrent un effet additif des deux composantes motrices (amplitude et orientation) sur les jugements affectifs. Conclusion Ces résultats confortent l’idée que l’élaboration des jugements affectifs est sensible aux dynamiques motrices. Ainsi, pour reprendre notre exemple du supermarché, il est fort probable que nous ne jugions pas de la même façon un produit proche de nous qu’un produit éloigné selon que nous allons vers lui ou que nous nous en éloignons. Brouillet, T., Ferrier, L.P., Grosselin, A., & Brouillet, D. (2011). Action Compatibility Effects are Hedonically Marked and have Incidental Consequences on Affective Judgment. Emotion, 11(5), 1202-­‐1205. Cacioppo, J. T., Priester, J. R.,&Berntson, G. G. (1993). Rudimentary determinants of attitudes: Arm flexion and extension have differential effects on attitudes. Journal of Personality and Social Psychology, 65, 5–17. Hayes, A. E., Paul, M. A., Beuger, B., & Tipper, S. P. (2008). Self produced and observed actions influence emotion: The roles of action fluency and eye gaze. Psychological Research, 72, 461472. Effet de compatibilité valence/latéralité: droitiers et gauchers à égalité -­‐ A. Milhau, T. Brouillet, L. Heurley, L. Brunel, D. Brouillet Laboratoire Epsylon, Université Montpellier 3 Introduction. D’après Casasanto et la Body-­‐Specificity Hypothesis (2009), nos interactions avec l’environnement conditionnent notre façon de concevoir ce dernier. Par exemple, les associations entre valence et latéralité seraient basées sur la façon dont l’agent interagit avec l’environnement. Ainsi, la valence positive est associée à l’espace latéral dans lequel les interactions sont les plus aisées (les plus fluentes), donc au côté dominant. A l’inverse, le négatif est associé au côté où l’on est le moins adroit, c’est à dire au côté non-­‐dominant. Casasanto (2009) demandait à des droitiers et des gauchers de disposer deux objets désignés comme bons ou mauvais dans deux boîtes situées à droite et à gauche. Les droitiers placèrent le positif à droite et le négatif à gauche, et les gauchers firent l’inverse. Toutefois, ces associations ne semblent pas figées. Casasanto & Chrysikou (2011) ont montré qu’un droitier qui agit comme un gaucher pendant une courte période manifeste ensuite les associations valence/latéralité d’habitude observées chez les gauchers (positif à gauche et négatif à droite). Il semble donc que le facteur central expliquant les phénomènes de compatibilité entre émotion et latéralité soit la facilité des participants à agir (fluence motrice). L’objectif de notre expérience est de directement tester cette hypothèse. Pour cela, les participants évaluent des mots à l’aide de leur bras (dominant ou non) en effectuant un geste du même côté du bras ou du côté opposé. Une réponse du côté congruent du bras de réponse est plus facile (fluent) par rapport au geste du côté opposé (non fluent ; Fisk & Goodale, 1985), les 92 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie mots positifs devraient être jugés plus vite avec un geste fluent, et les mots négatifs avec un geste non-­‐fluent. Méthode. Les participants évaluent des mots connotés positivement et négativement (e.g., musique ou cafard) en utilisant une seule main (dominante vs non-­‐dominante) pour répondre sur deux boutons localisés à gauche et droite. Pour la moitié des participants, la touche ‘positif’ est à droite et la touche ‘négatif’ est à gauche, pour l’autre moitié les touches sont inversées. Nous constituons 4 groupes de 20 droitiers, et 4 groupes de 12 gauchers (128 participants au total): 1) main dominante/positif à droite ; 2) main dominante/positif à gauche ; 3) main non-­‐dominante/positif à droite ; 4) main non-­‐dominante/positif à gauche. Résultats. Quelle que soit leur dominance manuelle (droitiers ou gauchers), les participants utilisant leur main droite ont répondu plus vite sur les mots positifs à droite qu’à gauche, et ceux utilisant leur main gauche ont répondu plus vite pour les mots positifs à gauche qu’à droite. En d’autres termes, lorsque l’action est fluente, les temps de réponse sont plus courts. Par contre, cet effet de la compatibilité n’apparaît pas pour les temps d’évaluation des mots négatifs. Discussion. Cette expérience soutient l’idée que les associations valence/latéralité ne sont pas figées mais se construisent lors de l’interaction de l’individu avec son environnement. Plus précisément, le facteur clé serait la facilité à agir dans un contexte donné. La présence d’effets uniquement sur les mots positifs pourrait se justifier par le caractère positif de la fluence motrice, compatible avec la valence de ces items (Winkielman & Cacioppo, 2001). Références. Casasanto, D. (2009). Embodiment of Abstract Concepts: Good and Bad in Right-­‐ and Left-­‐
Handers. Journal of Experimental Psychology: General, 138(3), 351-­‐367. Casasanto, D., & Chrysikou, E.G. (2011). When Left is 'Right': Motor fluency shapes abstract concepts. Psychological Science, 22(4), 419-­‐422. Fisk, J. D., Goodale, M. A. (1985). The organization of eye and limb movements during unrestricted reaching to targets in ipsilateral and contralateral space. Experimental Brain Research, 60, 159-­‐178. Winkielman, P., & Cacioppo, T. (2001). Mind at ease puts a smile on the face: Psychophysiological evidence that processing facilitation increases positive affect. Journal of Personality and Social Psychology, 81, 989-­‐1000. Rien ne sert de compter, il faut partir outillé : surestimation des bénéfices associés à l’utilisation d’outils -­‐ G. Vallet1, N. Morgado2, C. Morel1, A. Grand2, R. Palluel-­‐Germain2, & F. Osiurak1 1 Laboratoire EMC, Université Lyon 2 2 Laboratoire de Psychologie et Neurocognition, Université de Grenoble Introduction. Une des spécificités de l’être humain est sa propension à utiliser fréquemment des outils (Osiurak, Jarry, & Le Gall, 2010). Par ailleurs, nous préférons utiliser un outil pour ranger des objets même lorsque son utilisation est plus coûteuse qu’utiliser la main (Osiurak, Morgado, Vallet, Drot, Palluel-­‐Germain, sous presse). Cette surestimation des bénéfices de l’outil pourrait provenir d’une perception différente des quantités d’objets à ranger. Si c’est le cas, face à deux quantités d’objets à débarrasser, il devrait être plus difficile d’estimer quelle quantité est la plus faible si ces objets doivent être débarrassés avec un outil plutôt qu’avec la main. Méthode. Dans deux expériences, des étudiants (Exp. 1 et 2 : n = 20) devaient se mettre à la place d’un croupier de casino. Les participants devaient choisir parmi deux tables de jeu présentées sur un l’écran celle contenant le moins de jetons en s’imaginant devoir les débarrasser soit avec leur main (un jeton à la fois), soit avec un petit râteau (un jeton à la fois, outil 1), ou soit avec un gros râteau (deux jetons à la fois, outil 2). La table étalon 93 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie comportait toujours le même nombre de jetons (Exp. 1 : 32 ; Exp. 2 : 28) alors que la table test en comportait une quantité variable (Exp. 1 : 26 à 38 jetons ; Exp 2 : 22 à 34 jetons). Résultats. Les pentes des courbes psychométriques représentant la proportion de choix de la table étalon comme étant celle comportant le moins de jetons pour les différentes conditions expérimentales (main, outil 1, outil 2) ont été utilisées comme indice de précision de la tâche de comparaison de quantité. Le point d’égalité subjective (PES) de la condition main et outil a été utilisé comme indice de perception des participants. Dans les deux expériences, les résultats indiquent que la pente de la courbe pour les deux outils pris ensemble est significativement moins élevée que celle de la courbe pour la main. Dans la condition outil, les participants choisissaient dans 20 % des cas la table avec 32 jetons plutôt que celle contenant le moins de jetons (Exp. 1 : 26 jetons ; Exp. 2 : 22 jetons), contre 4 % des cas dans la condition main. Ainsi, les participants faisaient moins d’erreurs lorsqu’ils devaient indiquer la table comportant le moins de jetons lorsqu’ils s’imaginaient devoir débarrasser les tables à la main plutôt qu’avec un outil. Par ailleurs, une différence significative est observée pour le PES dans les trois expériences, un plus nombre de jetons doivent être présent sur la table en condition main par rapport à la condition outilpour percevoir le nombre standard (33 versus 31 jetons respectivement pour en percevoir 32). Discussion. Les résultats indiquent qu’anticiper l’utilisation d’un outil semble modifier notre perception des quantités d’objets à manipuler. Il est possible que l’anticipation de l’utilisation de l’outil engendre une perception réduite de l’effort nécessaire pour réaliser la tâche biaisant en retour la perception des quantités. L’absence de différence entre les outils 1 et 2 pourrait quant à elle suggérer que la surestimation des bénéfices de l’outil est indépendante de son efficacité relative. Il demeure à explorer le choix d’un outil et sa pertinence dans ces effets. Références Osiurak, F., Jarry, C., & Le Gall, D. (2010). Grasping the affordances. Understanding the reasoning: Toward a dialectical theory of human tool use. Psychological Review, 117, 517-­‐
540. Osiurak, F., Morgado, N., Vallet, G.T., Drot, M. Palluel-­‐Germain, R. (sous presse). Getting a tool gives wings: Overestimation of tool-­‐based benefits in an imagery task and a decision task. Psychological Research. Etude d'amorçage visuomoteur sur la saisie d'objet : initiation et mouvement -­‐ K. Roche1, R. Verheij2, D. Voudouris2, E. Brenner2, H. Chainay1 & J. Smeets2 1 Laboratoire EMC, Université Lyon 2 2 Faculty of Human Movement Sciences, Amsterdam, The Netherland La saisie d’un objet est sous-­‐tendue par une voie spécifique pour l’action (voie dorsale) qui opère seule et en temps réel la transformation visuomotrice (Milner et Goodale, 1992) Ainsi, aucun amorçage visuomoteur n’est possible si l’objet est visible lors de sa saisie. Toutefois, des effets d’amorçage visuomoteur ont été observés sur le temps d’initiation (TI) et sur la pince distale (Hesse et al., 2008) lorsque l’orientation entre l’amorce et la cible était congruente. Pour étudier l’hypothèse d’une mémoire pour l’action, nous avons utilisé le paradigme d’amorçage visuomoteur en manipulant l’orientation d’objets (Exp 1, 2, 3). L’expérience 3 étudie aussi l’effet de présentation partielle (partie saisissable vs. fonctionnelle) ou entière en amorce de l’objet à saisir. Nous avons prédit des effets d’amorçage sur le TI et sur la pince distale (PD). L’orientation congruente entre l’amorce et la cible devait faciliter la saisie de la cible, contrairement à l’orientation non congruente. Méthodologie générale: Stimuli: Expériences 1 et 2 quatre objets à manches et Expérience 3 un objet, ont été utilisés. Procédure: Le sujet portait des lunettes Translucides PLATO, permettant de contrôler le temps de présentation des stimuli. Deux caméras Optotrak enregistraient le geste. Un essai débutait par un ‘bip’, suivit d’une amorce visible 500 ms, Après un intervalle de 1500 ms les 94 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie lunettes s’ouvraient indiquant qu’il faut saisir l’objet. Deux conditions d’amorçage (Amorce) ont été proposées : congruente (même orientation pour l’amorce et la cible); non congruente (orientation opposée). La cible était orientée à 2 angles différents: Exp1 : 0° et 50° ; Exp2 et 3 : 20° et 70° par rapport à l’axe sagittal du sujet. Sujets: 8 sujets dans chaque expérience, tous droitiers et étudiants à l’Université Libre d’Amsterdam. Expérience 1. Une ANOVA avec les facteurs Amorce et Orientation n’a montré aucun effet d’amorçage sur les TI. La même analyse effectuée sur PD a montré une interaction significative entre les 2 facteurs (p<.05). Un effet d’amorçage était visible uniquement pour une orientation à 50° (p<.05). Afin de déterminer si ce résultat vient du choix de l’orientation, nous avons répliqué l’expérience avec 2 orientations différentes (20° et 70°). Expérience 2. Une ANOVA avec les facteurs Amorce et Orientation a montré un effet d’amorçage sur les TI (p<.05). Voir une orientation congruente au préalable réduit le TI par rapport à voir une autre orientation. Une interaction significative entre les 2 facteurs (p<.05) a été observé sur PD. Un effet d’amorçage a été observé uniquement pour une orientation à 70° (p<.05). Expérience 3 Une ANOVA avec les facteurs Amorce, Type d’amorce et Orientation a montré une interaction significative entre les facteurs Amorce et Type d’amorce (p<.05). Des TI plus courts ont été observés dans la condition congruente comparée à incongruente et ceci uniquement pour l’objet entier en amorce. Aucune différence significative n’a été observée sur la PD. Discussion: Nos résultats confortent l’idée que l’amorçage visuomoteur est possible et montre l’existence d’une courte mémoire pour l’action. Ils suggèrent que les traitements dans la voie dorsale, impliqués dans la saisie n’opèrent pas exclusivement en temps réel. Les effets d’amorçage sur les PD uniquement sur les orientations de la cible à 50° et 70° semblent indiquer que plus il a des changements entre amorce et la cible, plus les processus en temps réel sont importants, ce qui rends la planification du mouvement en avance moins pertinente. Par ailleurs, l’amorce et la cible doivent être identiques pour trouver un effet de congruence d’orientation. Nos résultats sont compatibles avec la proposition que voir en amorce un objet identique à la cible évoque des actions potentielles et qu’elles sont retenues en mémoire un court instant. Hesse, C., de Grave, D.D.J., Franz, V.F., Brenner, E., & Smeets, J.B.J. (2008). Planning movements well in advance. Cognitive Neuropsychology, 25, 985-­‐995. Goodale, M. A., & Milner, A. D. (1992). Separate visual pathways for perception and action. Trends in Neurosciences, 15, 20-­‐25. Étude des amorçages visuomoteurs : de la sélection du but d’action au contrôle de l’atteinte -­‐ A. Coutté1, Y. Coello2, & O. Gérard3 1 Lapcos, Nice 2 Ureca, Lille 3 Lirces, Nice Introduction Le paradigme d’amorçage visuomoteur montre classiquement que la présentation d’un stimulus visuel potentialise automatiquement une réponse manuelle. Cette dernière interfère avec tout geste manuel devant être réellement exécuté (cf. Tucker et Ellis, 2004). Cet effet de compatibilité peut notamment être lié à (cf. Buetti et Kerzel, 2009 ; Olivier, 2006) : (a) la latéralité relative de la main de réponse (et/ou du but d’action) par rapport à la position du stimulus (i. e. effet Simon) ; (b) l’amplitude de l’atteinte de la réponse manuelle par rapport à la distance au stimulus. Si la sélection de l’effecteur et du but spatial sont connus pour intervenir tôt dans la planification du geste, le contrôle moteur de l’amplitude d’un geste d’atteinte intervient 95 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie généralement plus tardivement (Glover, 2004). Le but de cette étude est d’étudier conjointement les influences respectives des effets de compatibilités relatifs au but et à l’amplitude du geste au fil de la réalisation d’une tâche d’amorçage visuomoteur. Méthode Les 20 participants sont droitiers. Le dispositif de réponse, entre le sujet et l’écran, est composé de 6 boutons disposés symétriquement par rapport à l’axe sagittal: de chaque côté, un bouton de départ est sous la main ipsilatérale, un taquet saisissable est proche de lui (à 11cm) tandis qu’un second en est plus éloigné (à 28cm). Sur l’écran, un pion d’échec (soit noir, soit blanc) est latéralisé (soit à droite, soit à gauche) à un emplacement soit proche, soit éloigné. Au début de chaque essai, le sujet doit maintenir enfoncé un bouton de départ prédéfini (droit ou gauche) avec la main ipsilatérale. Suite à la fixation d’une croix centrale en bas de l’écran, un pion apparait (sa position en largeur et en profondeur est manipulée). En fonction de la couleur de ce pion, le sujet doit répondre en relâchant le bouton de départ pour actionner un taquet (proche ou éloigné). La localisation du pion n’est pas pertinente pour sélectionner la réponse. Le temps d’initiation (TI entre l’apparition du pion et le relâchement du bouton) et le temps d’exécution (TE entre le relâchement du bouton et l’actionnement du taquet) sont enregistrés. Résultats et Discussion Des ANOVA à mesures répétées ont été menées sur les TE et les TI (le test HSD de Tuckey a été utilisé pour les comparaisons post-­‐hoc). Deux facteurs y ont été manipulés : (a) la compatibilité latérale entre la main de réponse et la position du pion ; (b) la compatibilité de profondeur entre la position du taquet et celle du pion. Au niveau des TI, la compatibilité latérale a un effet significatif, F (1, 19) = 18.26, p <.001, tandis que la compatibilité de profondeur a un effet tendanciel, F (1, 19) = 3.45, p <.079 : dans les deux cas, les TIs sont plus court en cas de compatibilité qu’en cas d’incompatibilité. L’absence d’interaction significative suggère qu’ à ce stade, en amont de l’initiation de la réponse manuelle, les effets de compatibilité latérale et de profondeur sont cumulables. Au niveau des TEs, pendant l’exécution motrice, la compatibilité latérale interagit avec la compatibilité de profondeur, F (1, 19) = 6.5, p <.025 : les TM sont plus longs exclusivement en cas de double incompatibilité par rapport à toutes les autres conditions (p <.01). Ces résultats sont discutés autour de 2 questions : (a) « ces effets de compatibilité, reflètent ils l’influence du stimulus sur la réponse, ou au contraire l’influence de la réponse sur le stimulus ? » ; (b) « dans quelle mesure les modèles du contrôle moteur permettent t’ils de rendre compte de la dynamique temporelle des différents effets de compatibilité et de leurs interactions ? ». Modèle mnésique et faux souvenirs : contribution d’un processus d’appariement global -­‐ A. Hamon, & L. Brunel Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 Depuis Bartlett (1932), les erreurs de mémoires sont de plus en plus considérées comme la conséquence du fonctionnement normal du système mnésique. Dans cette optique, Roediger, Watson, McDermott & Gallo (2001) ont développés la théorie activation-­‐monitoring (TA-­‐M) afin d’expliquer les faux souvenirs (Roediger & McDermott, 1995). Selon cette théorie, le faux souvenir d’un mot critique (e.g., reconnaître un mot que l’on a pas appris) nécessite sont activation par l’apprentissage des mots qui lui sont reliés sémantiquement. Le mot critique serait associé aux caractéristiques d’encodages (e.g., contexte). Sur la base de celles-­‐
ci, le processus de monitoring attribuerait au mot critique la même source que les mots effectivement appris aboutissant à sa fausse reconnaissance. Néanmoins, les modèles d’appariement global (MAG) (e.g., Hintzman, 1988) proposent un processus unique pour expliquer les faux souvenirs. Selon ces modèles, l’item testé est 96 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie comparé en termes de similarité avec toutes les traces en mémoire (i.e., mots appris). Plus la similarité est élevée, plus la probabilité de reconnaître l’item testé est grande. Afin d’opposer ces deux approches, nous avons utilisé des non-­‐mots (e.g., NOBZUV). Nous avions une condition ancien (i.e., non-­‐mots appris), une condition nouveau + (i.e., non-­‐mots similaires à ceux de l’apprentissage) et une condition nouveau -­‐ (i.e., non-­‐mots faiblement similaires). En accord avec les MAG le taux de réponse ancien était significativement supérieur dans la condition nouveau + F(1,17) = 8,28 ; p < .05 que pour la condition nouveau -­‐. Ces résultats sont en désaccord avec la théorie activation-­‐monitoring car elle ne prédisait pas plus de fausses reconnaissances dans l’une des deux conditions nouveaux car un non-­‐mot de l’apprentissage n’activait pas à priori un non-­‐mot nouveau + ou -­‐. Dans une seconde expérience, le contexte entre l’apprentissage et la reconnaissance était différent (CTX -­‐) contrairement à la première expérience ou le contexte était similaire (CTX +). En désaccord avec les MAG l’effet du facteur similarité du contexte était significatif pour la condition ancien F(1,39) = 10.62 ; p<.05 mais non significatif pour les items nouveau + et -­‐. L’expérience 1 affaiblie la nécessité d’un processus d’activation en apprentissage pour expliquer les faux souvenirs. En effet, non seulement des faux souvenirs étaient créés mais en plus ils étaient fonction de la similarité des items testés. En revanche, l’expérience 2 n’écarte pas le processus de monitoring concernant le facteur contexte. En effet, par l’utilisation des non-­‐mots, ce processus ne pouvant pas se baser sur les caractéristiques d’encodage, les faux souvenirs ne pouvaient pas être supérieur dans la condition CTX + pour les items nouveaux + et – que dans la condition CTX -­‐. Cependant, cette différence non significative pourrait-­‐être due à une trop faible intégration des items nouveaux + et -­‐ avec le contexte d’apprentissage, contrairement aux items anciens dont la différence était significative entre CTX + et -­‐. Au final, l’explication par un processus d’appariement global ne serait pas suffisante mais pourrait être complétée par un processus d’intégration à l’apprentissage. Bibliographies Arndt, J. (2010). The role of memory activation in creating false memories of encoding context. Journal of experimental psychology. Learning, memory, and cognition, 36(1), 66–79. Bartlett, F. (1932). Remembering: A study in experimental and social psychology. Hintzman, D. L. (1988). Judgments of frequency and recognition memory in a multiple-­‐trace memory model. Psychological Review, 95(4), 528–551. Roediger, H. L., Watson, J. M., McDermott, K. B., & Gallo, D. a. (2001). Factors that determine false recall: a multiple regression analysis. Psychonomic bulletin & review, 8(3), 385–407. Roediger III, H. L., & McDermott, K. B. (1995). Creating False Memories: Remembering Words Not Presented in Lists. Journal of Experimental Psychology, 21(4), 803–814. Quand canari amorce jaune : effet sur l’orientation de l’attention -­‐ L. Léger, & E. Chauvet Université Paris Ouest Introduction théorique L’objectif de cette étude est d’explorer l’effet d’un amorçage sur l’orientation de l’attention. Orienter son attention est un processus qui nous permet d’acquérir et de traiter de l’information lorsque nous interagissons avec notre environnement. Plusieurs facteurs influencent cette orientation. Ces facteurs peuvent être liés aux caractéristiques même du stimulus ou aux connaissances qu’on a sur cet objet (Wolfe, 1994). Par ailleurs, certaines études ont montré que lors de l’audition d’un mot particulier le regard des observateurs était dirigé préférentiellement vers des objets qui faisaient partie de la même catégorie sémantique (mot entendu : Piano, image regardée : violon) ou qui avaient des propriétés visuelles communes comme la forme (Serpent -­‐ Tuyau) ou la couleur (regarder des objets 97 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie de couleur verte après l’écoute du mot grenouille) (Huettig & Altman, 2005, 2007, 2011). Le but de cette recherche est de compléter l’étude de l’effet de l’amorçage de propriétés visuelles des objets sur l’orientation de l’attention. L’hypothèse de cette étude est que la couleur amorcée par la lecture d’un mot (« jaune » pour « canari ») va orienter l’attention des participants vers les mots écrits dans cette couleur. Expérience Les mouvements oculaires de 27 participants, de langue maternelle française (Age : m= 21.22 ; s = 2.48) ont été enregistrés pendant qu’ils effectuaient une tâche de recherche lexicale. Cette tâche consistait à trouver un mot particulier dans un écran contenant 12 mots (dont le mot cible) répartis aléatoirement dans une matrice 5x5 cellules. Chaque planche de mots présentait la moitié des mots écrits dans une certaine couleur et l’autre moitié des mots dans une autre couleur. Trois conditions expérimentales ont été construites : (1) « contrôle » où aucun mot à l’écran n’est écrit dans la couleur amorcée par la lecture du mot cible, (2) « cible » où la moitié des mots de l’écran dont la cible est écrite dans la couleur amorcée par la lecture du mot cible et (3) « distracteurs » où la moitié des mots à l’écran, sauf la cible, est écrite dans la couleur amorcée la lecture du mot cible. L'ordre de présentation des planches était aléatoire et l'exploration oculaire sur chacune d'elle commençait par le centre de l'écran. L’analyse des performances nous indique que la condition « distracteurs » présente des temps de réponse significativement plus longs que les conditions « contrôle » et « cible ». Les analyses concernant les localisations des fixations oculaires nous indiquent que la première fixation effectuée lors de la recherche était plus souvent orientée vers un mot écrit dans la couleur amorcée par la lecture du mot cible que sur une autre couleur. De plus, les mots écrits dans la couleur amorcée par la lecture de la cible sont plus souvent fixés que les mots écrits dans une autre couleur. Discussion-­‐conclusion Ces résultats viennent conforter des études antérieures (Huettig & Altman, 2005, 2007, 2011) et suggèrent fortement que l’attention peut être orientée par des propriétés visuelles amorcées par la lecture d’un mot, même si celles-­‐ci ne sont pas pertinentes pour réaliser la tâche. Cette étude est un premier pas pour étudier plus finement les processus non conscients sur l’orientation de l’attention dans la recherche d’information. Bibliographie Huettig, F., & Altmann, G. T. M. (2005). Word meaning and the control of eye fixation: Semantic competitor effects and the visual world paradigm. Cognition, 96, B23–B32. Huettig, F., & Altmann, G. T. M. (2007). Visual-­‐shape competition during language-­‐mediated attention is based on lexical input and not modulated by contextual appropriateness. Visual Cognition, 15, 985–1018. Huettig, F., & Altmann, G.T. M. (2011). Looking at anything that is green when hearing "frog": How object surface colour and stored object colour knowledge influence language-­‐mediated overt attention. The Quarterly Journal of Experimental Psychology, 64, 122-­‐145. Wolfe, J.M. (1994). Guided search 2.0: A revised model of visual search. Psychonomic Bulletin & Review, 1, 202–238. Représentation sémantique probabiliste et associations verbales -­‐ N. Leveau1, G. Denhiere1, & S. Jhean-­‐Larose2 1 Equipe chart -­‐ Cognition Humaine et Artificielle (Paris) -­‐ Scientific Brain Training (Lyon) 2 Laboratoire EDA (Paris) Une propriété des modèles néo-­‐connexionnistes de la mémoire tels l’Analyse de la Sémantique Latente (Landauer et Dumais, 1997) et Topic (Griffith, Steyvers & Tennebaum, 2007) est de rendre compte des associations verbales (Ferrand & Alario, 1998 ; Ferrand, 2001). Une caractéristique de ces associations est la non-­‐commutativité : alors que Ancre est 98 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie associé à Bateau pour 39.3 % des réponses, Bateau n’est associé à Ancre que pour 1.1 % des réponses. LSA et Topic prétendent rendre compte des associations verbales, mais seul Topic, de par sa nature probabiliste, peut être capable d’en traduire l’asymétrie (Denhière, Leveau, Jhean-­‐Larose, 2010). L’objet de cette communication consiste à examiner si Topic rend compte des normes d’association et, à la différence de LSA, de l’asymétrie de ces associations. Dans le modèle Topic, un corpus de documents est transformé en une matrice de cooccurrences mots x documents. Cette matrice est ensuite soumise à l’Allocation Latente de Dirichlet (LDA) avec pour paramètre le nombre de thèmes à extraire du corpus. Chaque mot est caractérisé par sa probabilité dans chaque thème et chaque thème est caractérisé par sa probabilité dans le corpus. La similitude entre deux mots mot1 et mot2 revient à évaluer la probabilité conditionnelle p(mot2|mot1) qu’un mot mot1 soit présent dans un texte sachant que le mot mot2 y est déjà. A la différence du cosinus utilisé dans LSA pour calculer la similitude, les propriétés de non commutativité et de non déterminisme de la probabilité conditionnelle permettent de rendre compte de l’asymétrie de la force de liaison et de la variabilité intra individuelle des associations. Dans le premier test, pour évaluer la capacité du modèle Topic à prédire l’association entre 2 mots, nous avons sélectionné des normes de Ferrand les 1er et 3ème associés de 235 mots test dont les 3 mots réponse sont présents dans le corpus, et dont l’entropie des réponses associatives est minimale. Nous avons calculé la probabilité p(mot réponse|mot test) -­‐ que l’on peut exprimer par « la probabilité d’avoir pour réponse “mot réponse” sachant que le mot inducteur est “mot test” ». La prédiction selon laquelle la probabilité conditionnelle sera significativement plus élevée pour le 1er que pour le 3ème mot associé est vérifiée (m = 131.10-­‐6 vs 112.10-­‐6 ; t(235)=2.75 ; p<.01). Dans le second test, nous avons retenu des normes de Ferrand les paires pour lesquelles les pourcentages d’associations sont disponibles dans le sens direct et dans le sens inverse soit 2x65 paires de mots concrets et 2x32 paires de mots abstraits. L’hypothèse selon laquelle la probabilité conditionnelle P(mot réponse|mot test) sera significativement plus élevée dans le sens direct que dans le sens inverse est vérifiée (m = 185.10-­‐6 vs 94.8.10-­‐6 ; t(97)=3.84 ; p<.01). En conclusion, les résultats des 2 tests effectués illustrent la capacité du modèle Topic à rendre compte des relations associatives et de leur asymétrie, ce qui rend crédible son emploi dans la modélisation de la compréhension de textes pour activer l’acception pertinente d’un mot en mémoire de travail selon le contexte (Kintsch, 2008 ; Jhean-­‐Larose & Denhière, 2010). Bibliographie Denhière, G., Leveau, N., & Jhean-­‐Larose, S. (2010). Mémoire, représentation sémantique probabiliste et extraction automatique de thèmes. Communication orale au 52ème Congrès de la Société Française de Psychologie, Lille, 7-­‐ 9 septembre. Ferrand, L., & Alario, F.-­‐X. (1998). Normes d’associations verbales pour 366 noms d’objets concrets. Année Psychologique, 98, 659-­‐670. Ferrand, L. (2001). Normes d'associations verbales pour 260 mots abstraits. Année psychologique, 101, 683-­‐721. Griffiths, T. L., Steyvers, M., & Tenenbaum, J. B. (2007). Topics in Semantic Representation. Psychological Review, 114, 211-­‐244. Leveau, N., Denhière, G. & Jhean-­‐Larose, S. (2011). Does TOPIC really extract topics of a text? Communication au 21ème Colloque de la Society for Text and Discourse, Poitiers, 11-­‐13 Juillet. Impact d’une odeur non consciemment perçue sur des choix alimentaires -­‐ M. Gaillet, C. Sulmont-­‐Rossé, S. Issanchou, C. Chabanet, S. Chambaron UMR Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation, f-­‐21000 Dijon, France 99 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Bien qu’il ait été longtemps considéré que nous étions pleinement conscients des motivations guidant nos comportements, les recherches actuelles en psychologie et en économie suggèrent qu’en matière de choix, nous ne sommes pas les êtres rationnels que nous pensons être (Dijksterhuis et al., 2006; Kahneman & Tversky, 2000). Les choix correspondent en fait à des processus complexes d’intégration, qui ne sont pas seulement rationnels, mais surtout basés sur des sentiments, des émotions et des souvenirs (Loewenstein et al., 2001). En outre, il est maintenant bien établi en psychologie qu’une part significative des comportements et choix sont influencés par des processus non-­‐conscients (Greenwald, & Banaji, 1995). Afin d’étudier les mécanismes non-­‐conscients, impliqués dans les choix alimentaires, nous avons utilisé le paradigme d’amorçage. Dans une précédente étude, nous avons montré que des odeurs de fruits non-­‐consciemment perçues pouvaient avoir un impact sur des intentions de choix alimentaires (sur un menu), guidant les participants vers des plats à base de fruits et/ou légumes (Gaillet et al., under review). La présente étude vise à montrer que l’exposition incidente à une odeur de poire peut impacter les choix alimentaires, dans une situation de consommation réelle. Cent quinze participants ont été assignés aléatoirement soit dans un groupe contrôle soit dans un groupe amorcé. A leur arrivée, les participants patientaient dans la salle d’attente du laboratoire qui était soit inodore pour le groupe contrôle ; soit odorisée avec une odeur de poire, diffusée 30 minutes avant l’arrivée des participants pour le groupe amorcé. L’odeur était ainsi présente à une intensité à peine perceptible, de sorte qu’elle ne soit pas consciemment perçue par une personne non avertie de sa présence. Après avoir passé dix minutes dans cette salle, les participants étaient invités à rejoindre une autre salle, inodore, où un « buffet » les attendait. Ils devaient alors individuellement choisir une entrée, un plat et un dessert, qu’ils consommaient ensuite lors du déjeuner, pris au laboratoire. Les résultats ont montré que les participants du groupe amorcé choisissaient plus fréquemment le dessert à base de fruits (compote de pommes) que les participants du groupe contrôle, qui se tournaient plutôt vers le dessert à haute densité énergétique (brownie). Dans la lignée des résultats obtenus dans nos précédents travaux, ces résultats renforcent l’idée d’effets d’amorçage dits « amorce spécifique ». Pour la première fois, cette étude apporte la preuve scientifique qu’une odeur de fruit non-­‐consciemment perçue peut influencer des choix alimentaires réels, guidant les personnes vers des desserts à base de fruits. Etant donné la difficulté de la plupart des gens à consommer leur part quotidienne recommandée de fruits et légumes (World Health Organization, 2006), on peut penser que l'utilisation d'approches implicites telles que celles utilisées dans cette étude pourraient potentialiser l’action des interventions explicites existantes. Références Dijksterhuis, A., Bos, M. W., Nordgren, L. F., & van Baaren, R. B. (2006). On making the right choice: the deliberation-­‐without-­‐attention effect. Science, 311, 1005-­‐1007. Gaillet, M., Sulmont-­‐Rossé, C., Issanchou, S., Chabanet, C., & Chambaron, S. (under review). Priming effects of an olfactory food cue on subsequent food-­‐related behaviour. Food Quality and Preference. Greenwald, A. G., & Banaji, M. R. (1995). Implicit social cognition: attitudes, self-­‐esteem, and stereotypes. Psychological Review, 102, 4-­‐27. Kahneman, D., & Tversky, A. (2000). Choices, values and frames. In. Cambridge University Press. Loewenstein, G. F., Weber, E. U., Hsee, C. K., & Welch, N. (2001). Risk as feelings. Psychological Bulletin, 127, 267-­‐286. World Health Organization (2006). Comparative analysis of nutrition policies in the WHO European Region. WHO: Copenhagen, Denmark. 100 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Le rôle du langage intérieur dans la flexibilité -­‐ etude électromyographique -­‐ L. Laurent1, J-­‐L. Millot2, P. Andrieu1, V. Camos3, C. Floccia4, F. Mathy5 1 MSHE Ledoux, Université de Franche-­‐Comté 2 Laboratoire de Neurosciences, Université de Franche-­‐Comté 3 Département de Psychologie, Université de Fribourg (Suisse) 4 School of psychology, plymouth university (UK) 5 Laboratoire de Psychologie, Université de Franche-­‐Comté La flexibilité est une fonction cérébrale permettant d’alterner entre plusieurs tâches. La technique de suppression articulatoire, visant à empêcher les participants de verbaliser leur raisonnement intérieur, est la méthode la plus utilisée pour étudier le rôle du langage intérieur dans les tâches d'alternance (Baddeley, Chincotta, & Adlam, 2001 ; Emerson & Miyake, 2003). Le but de notre étude était de quantifier le rôle du langage intérieur dans des tâches d'alternance catégorielle de complexité croissante à l'aide de l'électromyographie de surface, afin de permettre aux participants de verbaliser librement leur raisonnement. En effet, même lorsque le langage n'est pas produit à haute voix, les muscles impliqués dans la parole s’activent souvent de manière irrépressible (Betts, Binsted, & Jorgensen, 2006 ; Jou, Schultz, Walliczek, Kraft, & Waibel, 2006 ; Sokolov, 1972). Une question importante était de savoir si les trains de langage intérieur enregistrés étaient synchronisés avec les processus exécutifs qui sous-­‐tendent le raisonnement. Les résultats montrent que le langage agit comme un support aux fonctions exécutives, particulièrement lorsque les tâches sont complexes. Méthode Dans cette étude, les participants devaient réaliser trois tâches de flexibilité de complexité croissante (présentée aléatoirement d'un participant à un autre), chacune composée de deux règles de classification. Chaque tâche était divisée en cinq blocs permettant d'apprendre la première règle de catégorisation de deux stimuli (bloc 1), la seconde règle s'appliquant à deux autres stimuli (bloc 2), d'appliquer les première et seconde règles (blocs 3 et 4), et enfin d'alterner entre les deux (bloc 5). Le logiciel sur lequel étaient effectuées les tâches a été synchronisé avec un appareil électromyographique permettant d'enregistrer l'activité électrique des muscles laryngés impliqués dans le langage intérieur. Deux paires d’électrodes ont été appliquées au niveau des muscles laryngés afin d’enregistrer deux voies de signal. Résultats Les résultats ont montré une corrélation entre la quantité de langage produite pendant les réponses et les temps de réponses. Nous avons par exemple observé que le recours au langage intérieur augmentait avec la complexité des règles entre lesquelles alterner, et ce notamment quand les règles étaient conflictuelles, non pas seulement parce que certaines règles sont plus complexes à verbaliser, mais parce que l'exécution des règles (i.e., la reconfiguration mentale) requiert une planification complexe qui nécessite le soutien d'un encodage verbal. Discussion Contrairement aux études utilisant la suppression articulatoire, l'utilisation de l'électromyographie de surface dans notre procédure nous a permis d'explorer le langage intérieur sans perturber l'exécution des tâches. Nos résultats indiquent que le langage intérieur soutient probablement la régulation et la planification des comportements complexes grâce à sa fonction extracommunicative. Le langage semble jouer un rôle prédominant dans les tâches de flexibilité, permettant ainsi aux stimuli d'être encodés et aux décisions logiques d'être associées à l'information verbale. 101 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Baddeley, A., Chincotta, D., & Adlam, A. (2001). Working memory and the control of action: Evidence from task switching. Journal of Experimental Psychology: General, 130(4), 641-­‐
657. Betts, B. J., Binsted, K., & Jorgensen, C. (2006). Small-­‐vocabulary speech recognition using surface electromyography. Interacting with Computers, 18(6), 1242-­‐1259. Emerson, M. J., & Miyake, A. (2003). The role of inner speech in task switching: A dual-­‐task investigation. Journal of Memory and Language, 48(1), 148-­‐168. Jou, S.-­‐C., Schultz, T., Walliczek, M., Kraft, F., & Waibel, A. (2006). Towards Continuous Speech Recognition using Surface Electromyography. Interspeech, 573-­‐576. Sokolov, A. N. (1972). Inner speech and thought (G. T. Onischenko, Trans.). New York: A Plenum / Rosetta edition. La dimension sociale de l’experience humaine : reflexions autour de l’attention conjointe -­‐ DS. Verissimo Faculté de Sciences et Lettres de Assis – Universidade Estadual Paulista – UNESP, Brésil). Dans ce travail, nous discutons les positions théoriques adoptées par des études sur l’intersubjectivité dans le domaine de la cognition sociale, notamment les recherches qui portent sur le concept de l’attention conjointe et son interprétation à partir de la théorie de l’esprit. Nos observations et analyses se basent sur les contributions de la philosophie phénoménologique. Nous soulignons la dette rationaliste contractée au moyen de la théorie de l’esprit et la possibilité de traiter des aspects ontogénétiques de l’intersubjectivité à partir des approches descriptives, qui permettent la remise en question du sens de l’expérience de coexistence. A la fin du siècle dernier, le champ des études consacrées à la cognition sociale s’est affirmé. La notion d’attention conjointe (joint attention) ressort de ces études comme axe théorique. Les comportements infantiles d’attention conjointe observés à partir de neuf mois, comme celui de regarder alternativement des objets et ses partenaires adultes, suggèrent l’inclusion d’autrui dans la référence à la chose perçue. Dans la définition psychologique du phénomène, il ne s’agit pas seulement de constater que l’enfant s’intéresse à l’objet sur lequel autrui porte son attention, mais d’affirmer que le bébé se rend compte qu’autrui se tourne vers cette même chose, et donc d’observer l’émergence d’une « conscience d’un voir en commun » (Bimbenet, 2011, p.309). Tomasello (1999) affirme que l’attention conjointe se réfère à « la capacité d’organismes individuels à comprendre que leurs congénères sont comme eux, qu’ils ont une vie intentionnelle et mentale semblable à la leur » (p.05). Selon les apports provenant de la théorie de l’esprit, l’enfant serait en mesure de projeter sur autrui sa propre relation avec la réalité, en le découvrant comme agent intentionnel, soit par théorisation proto-­‐scientifique du comportement d’autrui (mind-­‐reading), soit par une simulation à la première personne du comportement des autres (simulation theory). D’après Bimbenet (2011), dans les termes de la théorie de l’esprit, la relation avec autrui, depuis l’enfance, se présente comme un problème relatif à l’intériorité des congénères. On finit par reproduire « des préjugés qui saturent, de manière hypercartésienne, le cognitivisme des années 1990 » (Bimbenet, 2011, p.348), ce qui établit une distance infranchissable entre l’enfant et les autres. On appelle théories de l’intersubjectivité les apports qui se distinguent par une rigueur descriptive allant à l’encontre de l’engagement préalable aux idéaux cognitivistes en ce qui concerne les relations de l’enfant avec autrui. La communication pré-­‐verbale de l’enfant peut alors être décrite dans des termes désintellectualisés. On souligne la relation affective de l’enfant à autrui, sans que le moi aie prédominance sur l’autre. Il résulte des théories de l’intersubjectivité que « dans l’ordre des relations à autrui la communication précède la séparation » (Bimbenet 2011, p.360). La conclusion concernant 102 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie l’événement représenté par l’attention conjointe est, donc, qu’il ne s’agit pas de conjuguer des consciences qui avant étaient séparées. L’attention conjointe « sépare, plutôt qu’elle ne conjoint » (Bimbenet 2011, p.360). La discussion de la dimension intentionnelle de l’attention conjointe apporte des éclaircissements. L’établissement de la distance entre moi et autrui renferme une nouvelle perception des choses. Le monde recule dans une transcendance comparable à celle qui s’inaugure dans la reconnaissance de l’altérité intentionnelle d’autrui. Les idées d’un monde réel et de la conscience de soi sont produits tardifs de l’activité humaine. Prendre ces idées comme le point de départ de l’enquête sur l’ontogenèse implique l’adoption d’une position objectiviste, qui, justement par le fait de « commencer par la fin », revient aux formes intellectualistes de concevoir l’intersubjectivité. Références bibliographiques Bimbenet, E. (2011). L’animal que je ne suis plus. Paris: Galimard. Tomasello, M. (1999). The cultural origins of human cognition. Cambridge: MIT Press. Rôle de l’anxiété et de l’état de stress post-­‐traumatique dans les processus d’inhibition -­‐ M. Gindt1, O. Nachon2, L. Chanquoy1, & R. Garcia2 1 Laboratoire BCL, UMR 7320, Université de Nice 2 Laboratoire de Neurobiologie et Psychotraumatologie (EA4321), Université de Nice Introduction : Suite à un événement potentiellement traumatique (EPT), les processus attentionnels sont impliqués, que ce soit dans le développement, la sévérité ou encore le maintien des symptômes associés (Etat de Stress Post-­‐Traumatique -­‐ESPT-­‐, Dépression, ...). Pour autant, les études portant sur le traitement de l'information, chez ces participants, fournissent des résultats relativement hétérogènes. Ainsi, ils présentent soit un déficit spécifique aux informations en lien avec la peur, soit une altération plus globale, concernant toutes les informations négatives. Aussi, le débat concernant le type d'informations émotionnelles altérées, chez les individus ayant vécu un EPT, n'est pas tranché. Le but de cette étude est donc de tester l'implication des symptômes anxieux dans la modulation des biais attentionnels, plus particulièrement dans les mécanismes d'inhibition, présents chez les individus ayant vécu un EPT et ayant des symptômes sub-­‐cliniques ESPT. Matériel : La tâche d'inhibition a permis d'évaluer la capacité à refréner les réponses motrices prédominantes. Elle était composée de 4 blocs différents de stimuli : visages de peur, de colère, de joie et stimuli neutres. Pour chaque bloc, deux types de stimuli étaient présentés : des distracteurs (essai Go) et un stimulus cible (essai NoGo). Chaque bloc comprenait 40 photos : 30 images pour les essais Go (soit 75%) et 10 pour les essais NoGo (soit 25%). L'évaluation des symptômes était réalisée à l'aide de deux auto-­‐questionnaires. Les symptômes anxieux étaient objectivés par le biais de la State Trait Anxiety Inventory et les symptômes ESPT, par le biais de la Post-­‐Traumatic Stress Disorder Diagnosis Scale. Méthode : 148 étudiants de l'Université Nice Sophia Antipolis ont participé à cette expérience. Dans un premier temps, ils ont effectué la tâche d'inhibition. Le pourcentage de réponses correctes et un score d'interférence (essai NoGo -­‐ essai Go) ont été calculés pour chaque bloc. Ensuite, les participants remplissaient les deux échelles préalablement décrites. En fonction des scores obtenus aux échelles, les participants ont été répartis en trois groupes : participants sans symptôme, avec symptômes ESPT et comorbides (symptômes anxieux et ESPT). Résultats : Dans un premier temps, des t de student ont été réalisés pour comparer les résultats obtenus entre les symptômes avec ESPT (N = 95) et les personnes sans symptôme (N = 53). Les résultats obtenus indiquent que le groupe ESPT présente une plus grande exactitude que le groupe sans symptôme, pour les visages de peur, pour les essais Go et les essais NoGo. 103 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Dans un second temps, des t de student ont permis de comparer les participants avec symptômes ESPT (N = 44) et les participants comorbides (N = 51). Au niveau de l'exactitude, les participants comorbides commettent moins d'erreurs pour les visages de colère, que les participants ESPT, dans les essais Go. Au niveau de l'interférence, le groupe avec des symptômes comorbides est moins rapide que le groupe avec symptômes ESPT pour les visages de joie dans les essais NoGo et les essais Go, et pour les visages de colère, dans les essais NoGo. Discussion : Cette étude présente des patterns de réponse différents entre les participants ESPT et les comorbides. Ainsi, il semble que l'anxiété module les déficits objectivés dans l'ESPT, dans le cadre du traitement de l'information. Les participants ayant des symptômes ESPT sub-­‐cliniques semblent se caractériser par un hyper-­‐éveil pour les informations en lien avec la peur. Le groupe comorbide montre des déficits pour les émotions de joie et de colère, par rapport au groupe ESPT. Les symptômes anxieux semblent donc accroître les biais attentionnels, consécutifs à l'ESPT. Les fonctions exécutives dans le syndrome de prader-­‐willi : double approche confirmant la présence d’un syndrome dysexécutif -­‐ J. Chevalère1, V. Postal1, J. Jauregui2, P. Copet3, V. Laurier3, & D. Thuilleaux3 1 Université Bordeaux Segalen, Bordeaux, France 2 Euskal Herriko Unibertsitatea, St Sebastien, Espagne 3 Ap-­‐hp Hôpital Marin, Hendaye, France Introduction Le syndrome de Prader-­‐Willi (SPW) est une maladie génétique rare caractérisée par une dysrégulation du sentiment de la satiété, des accès de colère, un retard mental, des persévérations et une forte labilité des émotions [Ho & Dimitropoulos, 2010]. La maladie résulte de l’absence d’expression des gènes d’origine paternels d’une région du chromosome 15 au patrimoine héréditaire de l’enfant [Cassidy & Driscoll, 2008] le plus souvent par délétion de cette région ou par disomie uniparentale maternelle. Plusieurs aspects comportementaux du SPW ont été liés avec le dysfonctionnement de processus cognitifs assurant la régulation du comportement et des actions [Jauregi et al., 2007 ; Postal et al., 2011] dites fonctions exécutives (FE). Le but de ces études est d'appuyer les données suggérant que les individus atteints du SPW pourraient présenter un déficit des FE en utilisant une double approche évaluant ces processus grâce à une échelle d'évaluation globale du fonctionnement exécutif (cf. étude 1) et en appréhendant chaque FE par des épreuves spécifiques (cf. étude 2). Un deuxième objectif est de déterminer si le dysfonctionnement exécutif est spécifique aux patients SPW ou est lié au retard mental. Une troisième question est posée quant à la différence de performance entre les deux principales étiologies génétiques du syndrome [Copet et al., 2010]. Méthode Pour la première étude, 20 patients atteints du SPW âgés entre 19 et 49 ans (m = 28, ET = 8) avec un quotient intellectuel (QI) de 55 à 90 ont passé la batterie Behavioral Assessment of Dysexecutif Syndrome (BADS). La performance des participants a été comparée à la population normative de la batterie (groupe de participants sains et groupe neuropathologique atteint de trouble des FE). Le groupe SPW est composé de 14 délétions et de 6 disomies, reflétant la proportion de chacune des étiologies dans la population générale. Pour la deuxième étude, 17 patients SPW âgés entre 18 et 55 ans (m = 29,7, ET = 9,8) avec un quotient intellectuel (QI) de 56 à 90 ont été comparés à un groupe sain d'âge correspondant (n = 17) âgés entre 20 et 63 ans (m = 25,5, ET = 10,13). Six tâches ont été administrées pour évaluer les EF suivantes : inhibition, flexibilité mentale, mise à jour de l’information, estimation cognitive et planification. Résultats Etude 1 La performance du groupe SPW apparaît plus faible que celle de la population normative saine et équivalente de celle de la population normative neuropathologique. La plupart des scores à la BADS ont été corrélés de manière plutôt élevée avec les QI Total et QI Verbal et assez faiblement avec le QI Performance. Des 104 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie différences entre délétions et disomies ont été trouvées pour deux tâches évaluant la planification et l’alternance de règle, le groupe disomie ayant de plus faibles performances que le groupe délétion. Etude 2 La performance aux tâches exécutives s’est révélée significativement plus faible dans le groupe PWS que dans le groupe contrôle pour l'inhibition, la flexibilité mentale, l'estimation cognitive et la planification. Après avoir contrôlé la variance commune au QI et aux scores des tâches exécutives, des différences entre les groupes sont restées pour la flexibilité mentale et l'estimation cognitive. Des corrélations modérées à élevées ont été trouvées entre FE et QI. Conclusion Le SPW semble être associé à un déficit des FE étroitement liée au retard mental et ce quelle que soit la méthodologie employée, confortant ainsi les résultats d’autres études [Jauregi et al., 2007; Postal et al., 2011]. Aussi, les données suggèrent que le déficit des FE en ce qui concerne la flexibilité mentale et l’estimation cognitive ne sont pas totalement imputables au QI (cf. étude 2) et peuvent être reliés à un pattern comportemental spécifique au SPW [Woodcock et al., 2009]. De plus, le dysfonctionnement exécutif parait varier sensiblement selon l’étiologie génétique (cf. étude 1, Chevalère et al., sous presse). Session thématique : Psychologie du Travail La satisfaction environnementale dans le cadre organisationnel-­‐ E. Moffat & L. Rioux Université Paris Ouest Nanterre, La Défense La satisfaction environnementale est devenue un concept central en psychologie environnementale. Définie comme un processus affectif qui engendre l'expression d'un niveau de satisfaction pour un lieu ou pour une composante de ce lieu, elle peut se décliner en fonction du type d'environnement auquel elle s'applique (Bonaiuto, Fornara et Bonnes, 2006). Curieusement, la satisfaction évaluant les divers espaces organisationnels reste guère étudiée en France, probablement parce qu’il existe très peu d'outils d'évaluation globale. En effet, les outils recensés dans la littérature scientifique sont validés auprès de populations ou d’espaces spécifiques : par exemple, les employés de bureau travaillant dans une organisation gouvernementale ou bien les bureaux paysagés. Ce travail a pour objectif de : (a) évaluer la satisfaction environnementale dans le cadre organisationnel d’employés de bureau, (b) évaluer l’impact des variables sociodémographiques (âge, sexe), socio-­‐
organisationnelles (activité professionnelle, ancienneté dans le poste, dans l’entreprise, statut professionnel…) et psycho-­‐ environnementales (attachement au lieu de travail, ambiance de travail perçue) sur la satisfaction environnementale dans le cadre organisationnel. Nous nous attendons que les variables psycho-­‐environnementales aient un impact plus fort que les autres variables sur la satisfaction environnementale appliquée au contexte organisationnel. Méthode : Notre population est composée de 143 employés de bureau travaillant dans différents secteurs professionnels (banque, santé, agroalimentaire, industrie, commerce) ont été sollicités via les réseaux sociaux professionnels et par mailing pour répondre à : (a) Le questionnaire de satisfaction environnementale appliquée au contexte organisationnel de Moffat (soumis). Cet outil comporte quatre sous-­‐échelles : la satisfaction envers le poste de travail, l’espace de bureau, l’espace de travail et l’environnement extérieur (b) l’échelle d’attachement au lieu de travail (Rioux, 2006). Cette échelle unidimensionnelle a été utilisée dans différents contextes organisationnels (c) l’échelle d’ambiance au travail (Bahi-­‐Fleury, 2011). Cette échelle prend en compte deux dimensions de la satisfaction envers les espaces de travail, à savoir la dimension de contrôle/privacité et celle de confort/fonctionnalités. 105 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Ces trois outils présentent des caractéristiques psychométriques tout à fait satisfaisantes. Résultats : Les résultats mettent en avant un niveau de satisfaction relativement modéré (M= 2,82 ; ET= 1,32) mais différencié selon les espaces. Ainsi les moyennes sont d’autant plus faibles que l’espace est éloigné du cœur du travail de l’employé (M poste = 0,84 ; M bureau = 0,83 ; M organisation = 0,66 ; M environnement extérieur = 0,29) (p<.05). Les analyses de régression incrémentielles ascendantes montrent que contrôle/privacité et confort/fonctionnalités, les deux dimensions de l’échelle d’ambiance au travail, constituent des prédicteurs significatifs de chacune des échelles composant le questionnaire de satisfaction environnementale dans le cadre organisationnel. L’attachement au lieu de travail n’est un prédicteur significatif que de la satisfaction envers le bureau. Notons qu’aucune des variables socio-­‐démographiques et socio-­‐organisationnelles n’est un prédicteur d’une de ces échelles. Références : Bahi-­‐Fleury, G., Marcouyeux, M., (2011). Évaluer la satisfaction envers l'espace de travail : développement d'une échelle et 1ère validation, Revue de Psychologie du travail et des organisations, 17 Bonaiuto, M., Fornara, F., & Bonnes, M., (2006). Perceived residential environmental quality middle-­‐ and low-­‐ extension italian cities. Revue européenne de la Psychologie appliquée 56, 23-­‐24 Rioux, L. (2006). Construction d'une échelle d'attachement au lieu de travail. Une démarche exploratoire. Revue Canadienne des Sciences du Comportement, 38, 325-­‐336 Rôle de la disponibilité des ressources dans la perception d’un environnement de travail ?-­‐ N. Cascino1, C. Mélan1 & E. Galy2 1 Laboratoire Cognition, Langues, Langage, Ergonomie -­‐ Université Toulouse 2 2 Centre Recherche Psychologie Connaissance, Langage et Emotion, Université de Pro Un des principaux modèles évaluant les liens entre l’environnement de travail perçu et l’état de santé des salariés souligne le rôle des facteurs de demandes (psychologiques et physiques) du travail, de contrôle perçu et de soutien social professionnel ; le contrôle et le soutien social étant, par ailleurs, définis comme des ressources disponibles au travail (Theorell & Karasek, 1996). D’autres auteurs évaluent quant à eux l’impact des interférences réciproques entre la vie au travail et la vie hors travail sur la santé (Greenhauss & Beutell, 1985). Ces modèles font référence à des concepts théoriques différents, explorés grâce à des outils spécifiques, permettant d’évaluer les perceptions de l’environnement de travail de manière globale et rétrospective. Pourtant, d’autres approches, en particulier l’observation de l’activité de travail ou l’enregistrement d’indicateurs subjectifs et psychophysiologiques, laissent à penser que ces perceptions pourraient aussi varier entre les postes travaillés et en fonction du moment du poste considéré (Cazabat et al., 2008 ; Cariou et al., 2008). Dans une double perspective, théorique et méthodologique, nous avons développé un questionnaire permettant d’évaluer les perceptions relatives aux demandes, au contrôle, au soutien social mais aussi la disponibilité de ressources techniques et techniques et humaines et les interférences entre vie au travail et vie hors travail (Cascino et al., soumis). Ce questionnaire a été complété trois fois lors de chacun des postes occupés, par des personnels hospitaliers (25 aides-­‐soignantes et 41 infirmières ; 354 observations) et par des contrôleurs aériens (9 contrôleurs ; 27 observations). Les résultats obtenus auprès du personnel hospitalier révèlent des variations complexes de la perception de l’environnement de travail, non seulement en fonction du poste travaillé et du moment du poste, mais également en fonction du statut spécifique des personnels. Chez les contrôleurs aériens, travaillant tous en poste de jour et ayant le même statut, apparaissent des liens significatifs entre les demandes et le contrôle professionnel comme chez les personnels hospitaliers. De manière intéressante, dans les deux populations étudiées, la disponibilité des ressources techniques et humaines 106 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie est significativement liée aux dimensions de demandes, de contrôle et de soutien social perçus. En résumé, le recours à un outil d’évaluation pluridimensionnel, apportant une appréciation nuancée dans le temps d’un environnement de travail, a révélé que l’évaluation de celui-­‐ci est 1/ un phénomène dynamique, 2/ qui dépend à la fois de l’organisation du travail et de facteurs indépendants de celle-­‐ci, et 3/ qui est spécifique aux environnements de travail étudiés. 4/ Plus particulièrement, la disponibilité des ressources au travail serait un élément déterminant dans l’évaluation des environnements de travail. Ces résultats ouvrent des perspectives appliquées, notamment en termes de réorganisation ponctuelle de certaines tâches dans un environnement de travail donné. Cariou, M., Galy, E., Mélan, C. (2008). Differential 24-­‐h variations of alertness and subjective tension in process controllers: investigation of a relationship with body temperature and heart rate. Chronobiol Int, 25, 597-­‐609. Cascino, N., Galy, E., Mélan, C. (submitted). Perception of job characteristics across the shift and according to the shift worked. European Revue of applied Psychology. Cazabat, S., Barthe, B., Cascino, N. (2008). Charge de travail et stress professionnel : deux facettes d’une même réalité ? Etude exploratoire dans un service de gérontologie. PISTES, 10, http://ww.pistes.uquam.ca. Greenhauss, J.H. et Beutell, N.J. (1985). Sources of conflict between work and family roles. Acad Manage Rev, 10, 76-­‐88. Theorell, T., Karasek R. (1996). Current issues relating to psychosocial job strain and cardiovascular disease research. J Occup Health Psychol, 1, 9-­‐26. Antécédents des intentions et justifications des salariés envers les violations de règles de sécurité-­‐ L. Auzoult & F. Lheureux Université de Franche Comté Introduction Les violations de règles de sécurité, qui sont des comportements intentionnels (Reason & al., 1990), s’expliquent par les caractéristiques des salariés (statut, sexe), le contexte de travail, le fonctionnement organisationnel (Mason, 1997) voire l’environnement socio-­‐économique (Reason & al., 1993 ; Alper & Karsh, 2009). Les études dans ce domaines prennent rarement en compte la subjectivité des salariés et notamment les raisons (Lawton, 1998) et les croyances qu'ils avancent pour justifier d'éventuelles violations. Lindsay, Ridsdale, Mulney (2004) suggèrent de s’appuyer sur les intentions comportementales pour évaluer les violations, celles-­‐ci pouvant être expliquées à partir de l’attitude, de la norme subjective et du contrôle comportemental. Dans l'étude que nous présentons, nous prenons en compte ces éléments liés aux intentions ainsi que certaines variables médiatrices comme la force de l’attitude (Petty & Krosnick, 1995) et l’homogénéité des proches (Visser & Mirabile, 2004), qui décrit l'homogénéité des opinions et comportements des proches du salarié vis-­‐à-­‐vis des violations. Nous avons également pris en compte le contexte et interrogé les salariés sur les raisons, qu’eux-­‐mêmes ou de manière générale les salariés, ont de violer ou non les règles de sécurité (Billig, 1996). Matériel et méthode Cent un salariés ont participé à cette étude. Les sujets répondaient au questionnaire à l’aide d’échelles en 7 points. On mesurait les construits suivants : L’intention comportementale et ses déterminants (contrôle comportemental, norme subjective, homogénéité). On mesurait l’attitude sur sa dimension instrumentale, affective et globale, ainsi que la force de l’attitude (certitude, intensité, importance du thème, ambivalence, extrémité). On demandait aux sujets d’indiquer les raisons qui, selon eux versus généralement, permettaient d’expliquer pourquoi on violait versus on ne violait pas les règles de sécurité. Une analyse thématique a permis de distinguer 19 raisons expliquant les violations et 14 raisons expliquant le respect des règles de sécurité. 107 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Enfin, on interrogeait les sujets sur leurs contextes de travail (risques, climat de sécurité, formation, habilitation, accident et présence dans l'entreprise d'un responsable sécurité). Résultats Les résultats font apparaître une opposition entre les salariés qui expriment l’intention de violer les règles de sécurité et ceux qui exprimentl’intention de les respecter. Ces deux types de populations se différencient du point de vue de l’exposition au risque, du climat de l’entreprise, du secteur et du statut professionnel, du sexe ou du niveau d’étude. Ces deux populations s’opposent sur de nombreuses dimensions antécédentes de l’intention. La présence d’un responsable sécurité au sein de l’entreprise (β=.20) et l'attitude (β=.57) déterminent l’intention comportementale liées aux violations. On retrouve l’effet escompté de l’homogénéité mais pas celui de la force de l’attitude, ce qui peut être dû à la nature du comportement étudié. L’examen des raisons invoquées pour expliquer les violations suggère que les violations s’actualisent lorsqu’elles ne sont pas assimilées à une erreur et que les contraintes de travail, les motifs liés à la déviance ou la menace pour soi sont saillants. Discussion Ces résultats suggèrent d’analyser les violations du point de vue de la subjectivité des salariés ou de la pensée sociale, et confirment l’intérêt d’intégrer les attitudes dans les modèles explicatifs des violations. Désynchronisation des rythmes psychologiques et physiologiques des sapeurs-­‐
pompiers : un facteur d’adaptation et de prévention ?-­‐ M. Riedel1 , R. Clarisse1 , A. Reinberg2, N. Le Floc'h1, E. Brousse3 , B. Mauvieux4, M. Marlot3, S. Berrez, Stéphane3, Y. Touitou2, M. Smolensky5 & M. Mechkouri2 1 E.A. 2114, Psychologie des Ages de la Vie, Université de Tours, France 2 Unité de Chronobiologie. Fondation A. de Rothschild. 25 rue manin. 75940 paris 19, France 3 Service Départemental d’Incendie et de Secours de Saône et Loire, 71000. France 4 Inserm U1075, Université de Caen, France 5 Dept. Biomedical Engineering, Cockrell School of Engineering, The University of Texas at Austin, TE Introduction Les sapeurs-­‐pompiers (SP) sont exposés dans le cadre de leur travail à des interruptions de sommeil irrégulières, mais montrent pourtant une excellente tolérance clinique à ces contraintes. Nous nous sommes donc intéressés à la synchronisation et la désynchronisation circadienne de 30 SP au travers l’exploration de 16 rythmes connus et étudiés dans la littérature (Ticher 1995) Méthode 3 groupes de SP ont été étudiés (A=12 SP de garde en Centre de Secours, B=9 SP de garde au Centre de Traitement de l’Alerte, C=9 SP en régime exclusivement diurne) d’âge moyen, de BMI, d’expérience, et de chronotypes comparables. 16 variables ont été mesurées : 1. Rythmes physiologiques: activité/repos, veille/sommeil, température corporelle, force musculaire mains D et G, pression artérielle systolique, diastolique et fréquence cardiaque
2. Rythmes psychologiques: somnolence, fatigue, disponibilité au départ en intervention, tolérance à l’agressivité, coordination œil-­‐main (vitesse et erreurs), attention (vitesse et erreurs).
Les données ont été recueillies en continu (4 à 6 mesures/24h) sur 2 sessions de 7j, hiver et été, puis soumises à une analyse spectrale. Le taux de désynchronisation (TD: nbre de rythmes avec T=24h / nbre total de variable mesurées x 100) a été calculé pour chaque 108 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie individu, pour chaque groupe et pour chaque saison. Les différences interindividuelles du TD ont été explorées entre les groupes et entre les saisons (χ2, tests de corrélation, ANOVA). Résultats Il a été constaté l’existence d’un gradient de robustesse des oscillateurs circadiens, indexé sur le TD, et indépendant du groupe et de la saison. 2/3 des SP avaient un rythme de 24h de la somnolence et de la fatigue, alors qu’1/3 seulement présentaient des rythmes de 24h de la coordination œil-­‐main et de l’attention (erreurs et vitesse). Le rythme de la force musculaire des mains semblait également instable : 1/2 SP avaient un rythme de 24h pour la main D, 1/10 pour la main G. Dans chaque groupe, une distribution normale a été observée été comme hiver dans le nombre de SP ayant des rythmes de T=24h allant de 5/16 (forte désynchronisation) à 16/16 (aucune désynchronisation). Discussion Deux études portant sur la même population (Brousse et al. 2011, Riedel et al. 2011) ont démontré qu’il existait un rythme des accidents en intervention (AI) des SP et de la réponse aux appels de détresse (RA) avec des pics nocturnes (Cosinor p <.01) et une amplitude variant du simple au double entre le pic (2h) et le creux (14h). Les deux rythmes étaient hautement corrélés (r =.85, p <.01). Alors que la littérature fait l’hypothèse d’un impact important des rythmes de la performance psychologique et de la force musculaire dans celui des accidents, chez la plupart des SP ces rythmes viennent à manquer alors que ceux des AI et du RA persistent. Au regard de nos résultats, nous pensons donc que cette hypothèse à été surestimée aux dépens de l’impact des rythmes ou fonctions psycho/physiologiques liés à la fatigue et à la somnolence. Hors somnolence et fatigue, les rythmes psychologiques des SP sont classés parmi les oscillateurs faibles. La stabilité intra-­‐individuelle de ce résultat supporte l’hypothèse d’une origine héritée, ce qui, au regard de l’imprévisibilité de leur sollicitation nocturne, pose également la question d’un éventuel « rôle tampon » de la désynchronisation sur le rythme des AI. Bibliographie Brousse, E., Forget, C., Riedel, M., Marlot; M., Mechkouri, M., Smolensky, MH., Touitou, Y., & Reinberg, A. (2011). 24 hour Rhythm in Lag Time of Firemen when Responding to Calls for Medical Help. Chronobiol.Int., 28, 275-­‐281 Riedel M, Berrez S, Pelisse D, Brousse E, Forget C, Marlot M, Smolensky M, Touitou Y, Reinberg A. (2011). 24-­‐hour pattern of work-­‐related injury risk of French firemen: Nocturnal peak time. Chronobiol. Int. 28: 697-­‐705. Ticher A, Ashkenazi, IE, Reinberg A. (1995). Preservation of the functional advantage of human time structure. FASEB J. 9: 269-­‐272. Conscience …et prise de références dans le jugement de recrutabilité-­‐ C. Soubrier1, A. Pelissou2 , V. Le Floch1 , J. Py1 & M. Brunel1 1 Université de Toulouse, Laboratoire CLLE-­‐LTC, UMR 5263 du CNRS 2 CUFR Champollion, Albi Introduction Actuellement, la méthode de recrutement la plus utilisée en France est le Trio classique, composée d'un Curriculum Vitae, d'un entretien et d'une prise de référence (Levy-­‐Leboyer, 2011). Si l'utilisation du CV et de l'entretien reste légitime de part une assez bonne validité 109 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie prédictive (respectivement .35 et .51), la prise de référence (obtenue auprès de l'ancien employeur), couramment utilisée pour des postes nécessitant de bonnes qualifications, est pourtant peu valide scientifiquement (.26) (Schmidt & Hunter, 1998). Les résultats d'études antérieures ont montré que lorsque la prise de référence du candidat était mitigée, elle avait un effet rédhibitoire sur le recrutement du candidat qui avait pourtant un CV et un entretien en adéquation avec le poste (Le Floch, Brunel, Py & Frugnac, 2011). Afin de mieux comprendre l'effet et le poids de cette prise de référence, et compte tenu des nouvelles formes qu'elles peuvent prendre (consultation de la page facebook et/ou d'un ancien collègue), le choix de la ou les consulter a été laissé aux recruteurs. Nous supposions que la majorité des professionnels consulteraient une prise de référence et qu'elle aurait un effet délétère sur l'embauche dans le cas où elle est mitigée. Méthode Trente professionnels du recrutement (22 femmes et 8 hommes, Mâge=41,93, Etâge=9,96) ayant 10 ans d'expériences en moyenne, issus d'agence d'intérim (N=17) et de cabinets privés (N=13) devaient évaluer trois dossiers de candidatures (composés d'un CVs et d'un entretien) pour un poste de technicien en électronique et informatique. Les trois types de prises de références étaient consultables sur demande. Chaque candidature complète comportait deux éléments positifs (ex: un bon CV et un bon entretien) et un élément mitigé (ex: une prise de référence mitigée). Résultats Dix-­‐huit recruteurs ont consulté au moins une prise de référence (qu'ils travaillent en agence d'interim ou en cabinets). La prise de référence auprès de l'ancien employeur est la plus convoitée (58, 5% pour l'ancien employeur, 22% pour l'ancien collègue et 19,5% pour Facebook). Elle est jugée plus pertinente (Mancien employeur=7,2, ET=2,4) que les autres prises de référence [Mancien collègue=3,4, ET=2,2 (t(28)=-­‐7,7, p=.000) et Mfacebook=1,6, ET=2,3 (t(28)=-­‐
10,4,p=.000)]. Elle est considérée comme plus informative (Mancien employeur=7,3, ET=2,4) que les autres prises de référence [Mancien collègue=4,6, ET=2,9 (t(28)=-­‐4,7,p=.000) et Mfacebook=2,4, ET=2,9, (t(28)=-­‐6,4, p=.000)]. Les résultats montrent que lorsque les recruteurs ont consulté les prises de référence, le candidat possédant un entretien mitigé, un bon Cv et une bonne prise de référence est jugé plus recrutable que les deux autres candidats (p=.017). En revanche, lorsque les recruteurs n'ont pas consulté les prises de référence, les notes de recrutabilité des trois dossiers ne diffèrent pas entre elles. Discussion Le fait de rendre libre la consultation de la prise de référence a montré que lorsqu'elle n'est pas consultée, les recruteurs ne discriminent pas les candidats entre eux. Seule la prise de référence permettrait de le faire. La discussion porte sur les perspectives permettant d'améliorer la capacité de discrimination des professionnels autrement que par la consultation de la prise de référence (peu prédictive). Références bibliographiques Le Floch, V., Brunel, M. & Py, J., Frugnac, B. (2011, septembre) Avez-­‐vous bonne réputation ? Impact de cette variable dans une procédure de recrutement. In symposium organisé par P. Desrumaux et M. Brunel. 53ème congrès de la Société Française de psychologie, Metz. Lévy-­‐Leboyer, C. (2003, 2007, 2011). Évaluation du personnel : objectifs et méthodes, Éditions d'organisation, les références, Paris. Réédition 2011 Schmidt F.L., & Hunter, J.E. (1998). The validity and utility of selection methods in personnel psychology: Practical and theoretical implications of 85 years of research findings. Psychological Bulletin, 124, 262-­‐274. Enjeux et perspectives d’une approche psychologique du bénévolat comme un travail-­‐ C. Dansac 110 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Équipe Organisations Non Orientées Vers le Profit et Gouvernance, Glrpmip / IUT Toulouse 2 Figeac Si en France sociologues et économistes se sont emparés de la question du bénévolat, les travaux de psychologie qui s’intéressent à cette activité que pratiquent 16 millions de français restent à notre connaissance largement en retrait. Pourtant, l’engagement de ces bénévoles dans le secteur associatif joue un rôle essentiel pour nombre de services cruciaux et génère 10% de l’emploi privé. La revue de question s’attachera à décrire quelques problématiques qui traversent ce domaine d’activité ainsi que les enjeux scientifiques de leur étude. Le bénévolat est un comportement prosocial planifié, répété dans la durée, et qui intervient dans un contexte organisationnel. Si certains pointent l’importance des caractéristiques dispositionnelles, au premier rang desquelles l’altruisme, dans la détermination du comportement (ex. Craig-­‐Lees, Harris, & Lau, 2008), nombre de travaux adoptent plutôt une approche en termes de motivation. Le courant de recherche le plus alimenté dérive de l’approche fonctionnaliste proposée par Clary et Snyder (1999). Plus récemment des travaux interrogent la motivation bénévole selon la théorie de l’autodétermination. Ces travaux interrogent la relation entre les motivations, la satisfaction des attentes et l’investissement dans les organisations, pointant les différences qui existent entre les travailleurs bénévoles et salariés, mais sans analyse systématique de celles-­‐ci. Or, le bénévolat peut faire l’objet d’un attachement à l’organisation (Boezeman & Ellemers, 2007) rapprochant les bénévoles des salariés. Et de fait, l’activité bénévole porte aussi des enjeux identitaires qui influencent la fidélité et le temps que les bénévoles consacrent à l’organisation. L’apport des bénévoles, l’accent qu’ils mettent sur l’entraide, la loyauté, l’esprit d’équipe sont régulièrement pointés, néanmoins il n’existe pas pour l’heure d’approche de ces comportements en termes de citoyenneté organisationnelle (ex. Rioux & Penner, 2001). Dans le monde associatif, la hiérarchisation touche les bénévoles comme les salariés. Cette hiérarchisation, et la forte technicité qui est parfois l’apanage de certaines associations entraîne des rapports de pouvoir complexes entre bénévoles ou avec les salariés (parfois des volontaires) à ce jour peu explorés. Ce terrain de recherche est d’autant plus intéressant que malgré les valeurs de désintéressement, d’égalité et de démocratie revendiquées, hommes et cadres accèdent plus souvent aux responsabilités, ce qui fait des associations un terrain fécond d’étude des processus de la domination. Enfin le bénévolat peut être considéré sous l’angle des carrières, permettant le maintien d’une activité pour de jeunes retraités, l’accès à une expérience pour des jeunes, l’accomplissement personnel en marge d’un travail peu gratifiant pour des salariés… Une approche économique de la question du bénévolat permet d’ailleurs de rétablir le continuum existant entre le travail au sein des associations qui est rémunéré et celui qui ne l’est pas. La conclusion de cette revue de question récapitulera comment les questions de recherche qui émergent grâce à l’approche psychosociale du bénévolat s’inscrivent dans les différents niveaux d’explication proposés par Doise (1982). Boezeman, E. J., & Ellemers, N. (2007). Volunteering for charity: Pride, respect, and the commitment of volunteers. Journal of Applied Psychology, 92(3), 771 785. Clary, E. G., & Snyder, M. (1999). The Motivations to Volunteer: Theoretical and Practical Considerations. Current Directions in Psychological Science, 8(5), 156 159. Craig-­‐Lees, M., Harris, J., & Lau, W. (2008). The Role of Dispositional, Organizational and Situational Variables in Volunteering. Journal of Nonprofit & Public Sector Marketing, 19(2), 1 24. Doise, W. (1982). L’explication en psychologie sociale. Paris: Presses universitaires de France. Rioux, S. M., & Penner, L. A. (2001). The causes of organizational citizenship behavior: A motivational analysis. Journal of Applied Psychology, 86(6), 1306 1314. 111 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La réorganisation d’un centre de contact spécialisé et ses incidences sur l’activité-­‐ M. Ianeva1 & J. Vacherand-­‐Revel2 1 Université Lumière Lyon 2 2 Ecole Centrale de Lyon Introduction De nombreuses études en psychologie du travail soulignent les incidences négatives que les changements organisationnels sont susceptibles d’avoir sur l’expérience des salariés et les modalités de fonctionnement des collectifs professionnels (Caroly & Clot, 2004). Au travers des évolutions externes aux individus (règles, outils etc.), se transforment le rapport des professionnels à leur activité et les valeurs associées au métier (Clot, 2006). Aussi la transformation de l’infrastructure sociotechnique inhérente à l’activité productive constitue à la fois un risque de détérioration des conditions de travail et une opportunité pour repenser les termes de ce qui fait métier (Engeström, 2000). L’objectif de cette communication est double. Nous présentons d’abord les principaux résultats d’une étude ethnographique de deux ans au sein d’un centre d’appels (Santé Info) chargé d’informer et d’orienter les adhérents de trois mutuelles. Notre étude cherche à saisir les incidences de la restructuration du service social de Santé Info sur les pratiques des salariés et la manière dont ces reconfigurations nourrissent le développement de l’activité. Dans un deuxième temps, nous portons un regard critique sur le dispositif de gestion de la recherche mis en œuvre et interrogeons la façon dont notre travail a été exploité par le terrain. Matériel et méthodes Afin de documenter le travail, nous avons mobilisé plusieurs techniques : observation des pratiques, enregistrements audiovisuels de situations d’interaction, autoconfrontations, entretiens et analyse de documents internes. Notre stratégie observationnelle était celle du suivi (de personnes, d’affaires et d’évènements). Nous avons choisi comme unité d’analyse le cas afin d'inscrire les pratiques en situation dans le contexte de l’activité. Ainsi ont été analysés des situations de réception et d’émission d’appels ainsi que des réunions d’équipe comme occasions de négocier les règles du métier. En parallèle du recueil des données sur le terrain, nous avons mis en place un dispositif de gestion de la recherche (accès au terrain, comité de suivi et de pilotage, restitutions). Son but était de développer le sens de notre démarche pour les acteurs-­‐partenaires et de faciliter l’exploitation de nos résultats par le terrain. Résultats Les résultats de cette étude mettent en évidence que l’évolution de la division du travail au travers de la création d’une équipe de télé-­‐opérateurs spécialisés (émission d’appels) contribue à la consolidation d’une nouvelle figure du métier de téléconseiller centré autour du conseil aux adhérents et enrichi de ses propres exigences. Les spécificités de l’émission d’appels (connaissance de l’adhérent, position d’expert, temps de préparation etc.) crée les conditions pour que les salariés réinvestissent l’objet de leur travail (de l’information au conseil). Discussion La coexistence de perspectives différentes sur le travail (téléconseillers généralistes et spécialisés) témoignent des incidences de la restructuration sur l’activité collective. L’analyse critique du dispositif de gestion de l’investigation souligne le rôle de notre travail de recherche comme révélateur de la dynamique collective propre à l’activité. Toutefois cette étude n’est pas mobilisée par l’organisation comme ressource épistémique pour le développement du travail. Nous en analysons les raisons et les conséquences pour notre étude. Références bibliographiques 112 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Caroly, S., Clot, Y. (2004). Du travail collectif au collectif de travail : développer des stratégies d’expérience. Formation Emploi, n°88, 43-­‐55. Clot, Y. (2006). L’activité entre l’individuel et le collectif: approche développementale. In G. Valléry & R. Amalberti (Eds.). L’analyse du travail en perspectives : influences et évolutions, 148-­‐157. Toulouse : Octarès. Engeström, Y.(2000). Activity theory as a framework for analysing and redesigning work. Ergonomics, 43, pp. 960-­‐ 974. Entre coopération et collaboration : favoriser la professionnalisation et la construction des capacités collectives chez les acteurs de la santé au travail-­‐ O. Tatu1,2 & M. Lourel1 1 Université d'Artois 2 VTE La construction des capacités est une approche développementale qui favorise le pouvoir d’agir des personnes, des groupes et des organisations pour s’engager de manière proactive dans le processus de construction de la santé (Eade, 1997; Hoffmann, Jenny & Bauer, 2011). La construction des capacités s’inscrit dans la perspective de la salutogènese (Antonovsky, 1996 ; Hoffmann, Jenny & Bauer, 2011), car elle identifie et valorise les ressources existantes et s’appuie sur la collaboration des acteurs et la participation des salariés. A partir des modèles théoriques de l’activité collective (Vaxevanoglou , 2002 ; Hatchuel, 2005, cité par Gronier et Valoggia, 2009) et du modèle des étapes du développement des groupes (Tuckman, et Jensen, 1977), cette recherche se propose d’analyser le processus de construction de la capacité collective des acteurs de la santé au travail. Les données ont été recueillies dans le cadre d’un travail avec un groupe de dix acteurs de la santé au travail (direction, responsable sécurité, responsable ressources humaines, manager, membres CHSCT, délégués du personnel, médecin du travail, infirmière). Ce groupe a été constitué dans le cadre d’une intervention pour la prévention des risques psychosociaux au travail. Ainsi, six sessions de travail collectif ont été réalisées sur une période de huit mois. Chaque séance de travail a été d’une durée de trois heures. Le recueil des données qualitatives, par l’observation (dirigée et participante) et leur analyse nous a permis de proposer un modèle de construction des capacités collectives pour les acteurs de la santé au travail qui permet d’identifier et de développer les ressources et les pratiques de prévention existantes. Ainsi, le groupe va passer par quatre phases de maturation : une première phase qui se caractérise par un travail et des relations informels, ainsi que des pratiques de prévention « personnalisées » ou mal identifiés ; une deuxième phase qui se caractérise par un travail de coordination, avec des rôles et des relations qui sont plus formalisés, mais un partage limité, encore indéfini sur les connaissances et le « faire ensemble » ; une troisième phase qui se définit par un travail de coopération entre les acteurs, une bonne compréhension et appropriation des connaissances et un partage des rôles et des responsabilités ; une quatrième phase caractérisée par un travail de collaboration entre les acteurs et d’intégration des informations, avec un processus de prévention qui se transmet dans la durée au-­‐delà des personnes. Cette recherche longitudinale nous a permis d’analyser le processus de construction des capacités collectives des acteurs de la santé au travail.A travers les six séances nous avons constaté que l’activité collective, a rendu possible le développement d’un référentiel opératif commun (Terssac, et Chabaud, 1990) et de la coopération entre les acteurs. Antonovsky, A. (1996). The salutogenic model as a theory to guide health promotion; Health promotion international, 11 (1), 11-­‐18. Eade, D (1997). Capacity-­‐Building: An Approach to People-­‐Centered Development, Oxfam: UK and Ireland 113 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Gronier, G. et Valoggia, P. (2009). Proposition d’analyse des activités collectives : un outil d’aide à la décision pour les organisations. 44ème congrès de la Société d'Ergonomie de Langue Française Hatchuel, A. (2005). Pour une épistémologie de l'action. L'expérience des sciences de gestion. In R. Teulier & P. Lorino (Eds.), Entre connaissance et organisation : l'activité collective (pp. 72-­‐92). Paris : Editions La Découverte. Terssac, G. de, & Chabaud, C. (1990). Référentiel opératif commun et fiabilité. In J. Leplat & G. de Terssac (Eds.), Les facteurs humains de la fiabilité dans les systèmes complexes (pp. 111-­‐139). Toulouse, France : Octarès. Vaxevanoglou, X. (2002c). Les déterminants organisationnels et psychosociaux du stress des équipes soignantes. In M. Neboit & M. Vézina Utilisation d’une approche méthodologique mixte dans l’évaluation des résultats de l’intervention d’un conseiller-­‐psychologue-­‐ P. Jacquin1 & J. Juhel2 1 Laboratoire de Psychologie, Santé et Qualité de Vie. Université de Bordeaux 2 2 Centre de Recherches en Psychologie, Cognition et Communication, Université de Rennes 2 L’objectif de cette recherche est de présenter une démarche d’évaluation quantitative et qualitative des résultats de l’intervention d’un conseiller de carrière-­‐psychologue. Cette démarche d’évaluation basée sur des données probantes s’inscrit dans le courant de la Psychologie Fondée sur la Preuve (PFP) (APA Presidential Task Force, 2006). Son développement répond à une « demande croissante de clarification des activités du psychologue praticien tant du point de vue des méthodes utilisées, des actions engagées que des bénéfices retirés par le bénéficiaire » (Juhel, 2008, p. 358). L’échantillon expérimental est composé de six personnes en bilan de compétences. Toutes sont de sexe féminin et ont été accompagnées par le même conseiller-­‐psychologue. Les effets du bilan de compétences sont évalués à l’aide d’une version brève du questionnaire d’auto-­‐perception de Ferrieux et Carayon (1998). Le questionnaire est composé de cinq items en lien avec le sentiment de capacité à : i) construire un projet professionnel ; ii) identifier ses savoir-­‐faire professionnels ; iii) identifier ses savoir-­‐être professionnels ; iv) définir ses objectifs professionnels ; v) parler de sa situation à des professionnels. En réduisant le temps de passation, l’emploi de cette version brève permet une auto-­‐évaluation quotidienne effectuée à 43 reprises dans cette étude. Un regard qualitatif est également porté à la variabilité intra-­‐individuelle en recueillant le récit de vie associé aux changements quantitatifs observés. Cette approche idiographique qui combine les deux axes d’analyse quantitative et qualitative vise à appréhender plus complètement la complexité de la situation (Creswell & Plano-­‐Clark, 2007). La recherche a deux objectifs. Le premier objectif est de décrire l’évolution au cours des différentes occasions de mesure du niveau de réponse aux items liés à l’élaboration d’un projet. Le second objectif est d’évaluer l’intérêt de la démarche mise en place par le conseiller-­‐psychologue en analysant l’éclairage fourni par le récit biographique du bénéficiaire à la compréhension du changement de son auto-­‐perception au cours du temps. Les données quantitatives recueillies sont analysées à l’aide de modèles non-­‐linéaires mixtes. Les résultats montrent que l’intervention du conseiller-­‐psychologue dans le cadre du bilan s’accompagne chez chaque participant d’une évolution positive de la capacité perçue à construire un projet professionnel, à identifier ses savoir-­‐faire et ses savoir-­‐être professionnels, à définir ses objectifs professionnels, à parler de sa situation à des professionnels. L’analyse individuelle croisée des séries temporelles et des verbatim permet d’identifier certaines des actions du conseiller-­‐psychologue susceptibles de contribuer à la construction d’un projet professionnel. Ces premiers résultats montrent selon nous l’intérêt 114 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie d’une approche méthodologique centrée sur l’individu et mixte c’est-­‐à-­‐dire utilisant conjointement des données idiographiques de nature quantitative et qualitative. Références bibliographiques APA Presidential Task Force (2006). Evidence-­‐based practice in psychology. American Psychologist, 61, 271–285. Creswell, J. W., & Plano-­‐Clark, V. L. (2007). Designing and conducting mixed methods research. London: Sage. Ferrieux, D., & Carayon, D. (1998). Évaluation de l’aide apportée par un bilan de compétences en terme d’employabilité et de réinsertion de chômeurs de longue durée. Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 48(4), 251–259. Juhel, J. (2008). Les protocoles individuels dans l’évaluation par le psychologue praticien de l’efficacité de son intervention. Pratiques Psychologiques, 14, 357-­‐373. Nouveaux métiers : evaluer les dispositifs de formation. l’exemple de l’appropriation et du développement des acquis de formation chez les agents de sûreté aérienne-­‐ J-­‐L. Megemont & R. Dupuy Laboratoire PDPS -­‐ Université de Toulouse le Mirail IntroductionLes activités et métiers du transport aérien font actuellement l'objet de profondes transformations liées, notamment, aux enjeux de sûreté aérienne et aéroportuaire dont l'acuité s'est considérablement accrue à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Ces changements donnent lieu, depuis quelques années, à l'expérimentation de nouvelles méthodes de prévention qui visent à renforcer les dispositifs existants de sûreté aérienne. Dans ce cadre, la mise en place d'Agents de Détection Comportementale (ADC), dans certains aéroports du territoire national, a donné lieu à une demande d'évaluation d'une action de formation destinée à un échantillon d'Agents De Sureté (ADS) pour les préparer à l'exercice de ce nouveau métier. Le traitement de cette demande a débouché sur la réalisation d'une recherche, dont l'un des objectifs principaux est d'étudier les modalités et conditions d'application des connaissances acquises en formation. En référence au modèle de Kirkpatrick (1976), ce niveau d'évaluation est centré sur l'analyse du transfert de ces acquis en situation de travail. Nombre de recherches ont mis en lumière l'existence de différents facteurs susceptibles de faciliter le processus de transfert (Colquitt, LePine & Noe, 2000 ; Dierdorff, Surface & Brown, 2010). A partir d'une analyse critique de ces modèles d'évaluation et, en particulier, de la notion de transfert des acquis de formation, vous supposons que la mise en œuvre des apprentissages dans les situations de travail donne lieu, chez les sujets formés, a des stratégies d'appropriation que notre étude exploratoire vise à décrire et expliquer. Dispositif méthodologique Le recueil de données s'est appuyé, d'une part, sur des entretiens réalisés auprès d'un échantillon de 29 ADC nouvellement formés, d'autre part, sur l'exploitation de 70 fiches d'activité qui ont été traitées à l'aide du logiciel Alceste (Analyse des Lexèmes Co-­‐occurents dans les Enoncés Simples d'un Texte). Ces fiches correspondent à des comptes rendus standardisés que les ADC doivent systématiquement remplir lorsqu'un passager est suspecté d'avoir une intention malveillante. L'analyse de ces données a été complétée par une série d'observations portant sur l'activité des ADC en situation de travail. Résultats Le traitement des données recueillies révèle que les connaissances apprises en cours de formation ne sont pas appliquées de manière mécanique par les ADC. Ceux-­‐ci se les approprient par le recours à différentes stratégies de régulation qui consistent, d'une part, à développer ou modifier ces connaissances de manière à les rendre plus opérantes, d'autre part, à agir sur les conditions de leur application. Nos résultats montrent, en particulier, que ce processus d'appropriation met en jeu des activités de coordination entre les ADC qui 115 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie donnent lieu à une construction collective des compétences requises par l'exercice du métier. Discussion Notre étude contribue à une meilleure compréhension des processus psychosociaux à l'œuvre dans la phase d'application des connaissances acquises en formation. Elle souligne l'importance d'un suivi "ex post" des stagiaires permettant une formalisation et un meilleur partage des compétences qui se développent, en dehors du moment de la formation, dans la pratique même de l'activité en situation de travail. Références bibliographiques Colquitt, J. A., LePine, J. A., & Noe, R. A. (2000). Toward an integrative theory of training motivation: A meta-­‐analytic path analysis of 20 years of research. Journal of Applied Psychology, 85, 678–707. Dierdorff, E.C., Surface, E. A., & Brown, K.G. (2010). Frame-­‐of-­‐Reference Training Effectiveness: Effects of Goal Orientation and Self-­‐Efficacy on Affective, Cognitive, Skill-­‐Based and Transfer Outcomes. Journal of Applied Psychology, 95(6), 1181-­‐1191. Kirkpatrick, D. L. (1976). Evaluation of training. In R. L. Craig,(Ed.), Training and development handbook (2nd Ed., pp. 301-­‐319). New York : McGraw-­‐Hill. Session thématique : Psychologie du Développement/Education Approche longitudinale des performances et fluctuations journalières de l’attention d’élèves entre 5 et 8 ans-­‐ M. Alcorta, C. Ponce & Y. Saada Universite Bordeaux Segalen Cette étude s’inscrit dans le cadre des travaux menés dans le domaine de la chronopsychologie scolaire avec une méthode longitudinale. Beaucoup d’études (Delvolvé et Jeunier, 1999; Leconte-­‐Lambert, 1994; Testu, 2000) ont montré un profil d’évolution journalier de l’attention appelé « classique » avec une attention basse en début de journée, qui augmente au cours de la matinée puis chute en début d’après-­‐midi et remonte en fin d’après-­‐midi. L’évolution journalière des fluctuations s’inverse entre la maternelle et le cycle primaire (Testu, 2000; Janvier et Testu, 2005). Notre objectif est de préciser l’évolution des performances attentionnelles des élèves entre 5 et 8 ans et l’impact sur les fluctuations journalières. Nous nous sommes focalisées sur la transition entre l’école maternelle et le primaire. Cette recherche postule que la dynamique évolutive des performances peut nous aider à comprendre la dynamique des fluctuations journalières. Pour cela, 59 élèves de grande section d’école maternelle dont 24 élèves en zone d’éducation prioritaire ont été suivis sur trois ans. On a utilisé une tâche de discrimination visuelle de signes, mise au point par l’équipe de Leconte-­‐Lambert et la passation a lieu le jeudi au début et à la fin de la matinée ainsi qu’au début et fin d’après-­‐midi. La tâche dure 5 minutes. Ces élèves étaient dans un aménagement hebdomadaire à quatre jours de classe. Nous avons retenu comme indicateur d’attention, le nombre de signes correctement traités par les élèves (480 maximum par élève). Les résultats montrent une homogénéisation des performances au bout des trois ans avec un saut attentionnel important entre la maternelle et le primaire. Ce saut attentionnel concerne essentiellement les débuts de matinée et d’après-­‐midi et il est surtout imputable aux élèves présentant des performances attentionnelles basses en maternelle. Les facteurs zone de scolarisation et âge agissent essentiellement en maternelle, comme un plafond de verre, qui limite l’accès dans le groupe de « Forte Attention », des plus jeunes, nés au dernier trimestre de l’année et des élèves scolarisés en zone prioritaire. Cette recherche contribue au débat sur la réforme des rythmes scolaires notamment en préconisant un aménagement des rythmes journaliers différent pour l’enfant de moins de 6 ans et pour l’enfant de plus de six ans. 116 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Janvier, B. & Testu, F. (2005). Développement des fluctuations journalières de l’attention chez des élèves de 4 à 11 ans, Enfance, 2, 155-­‐170. Delvolvé, N. & Jeunier, B. (1999). Effet de la durée du week-­‐end sur l’état cognitif de l’élève en classe au cours du lundi, Revue Française de Pédagogie, 126, 111-­‐117. Leconte-­‐Lambert, C. (1994). Fonctionnement attentionnel et chronopsychologie, quelques données actuelles chez l’enfant de maternelle et primaire, Enfance, 4, 408-­‐414. Testu, F. (2000). Chronopsychologie et rythmes scolaires, Paris : Masson, (réédition). L’étude de la collaboration entre enseignants ordinaires et spécialisés dans un contexte d’intégration scolaire : résultats préliminaires et développement d’un projet de recherche.-­‐ M. Valls & P. Bonvin UER Développement de l'Enfant à l'Adulte, Hep Lausanne En Suisse, depuis 2008, un accord intercantonal fixe le cadre de la pédagogie spécialisée, promouvant l’intégration scolaire d’enfants ayant des besoins particuliers. Dans ce contexte, de nouvelles formes de prestations d’enseignement spécialisé sont mises en place, impliquant la collaboration entre enseignants ordinaires et spécialisés. Les termes intégration/inclusion sont souvent utilisés de façon interchangeable. L’intégration est une condition préalable à l’inclusion consistant à placer physiquement un enfant ayant des besoins particuliers dans une classe ordinaire. L’inclusion implique une modification de l’environnement scolaire (Avramidis & Norwich, 2002), de la façon d’enseigner (Slee, 2011) et un intérêt particulier porté aux besoins spécifiques des élèves (Stainback, Stainback, & Jackson, 1992). Le co-­‐enseignement permet donc de répondre aux exigences de l’inclusion (Murawski & Lochner, 2011). Il implique une relation de partenariat entre les enseignants qui interviennent ensemble auprès d’un groupe hétérogène d’élèves (Benoit & Angelucci, 2011 ; Mastropieri & Scruggs, 2006). En septembre 2012, le projet intitulé La collaboration entre enseignants réguliers et spécialisés dans les dispositifs de soutien à l'intégration scolaire a reçu un financement du Fonds National Suisse pour la recherche scientifique (FNS). Dans un contexte de variabilité des pratiques de co-­‐enseignement et des populations concernées, l’objectif général de ce projet est de décrire les modalités de collaboration entre les enseignants et leurs effets sur les performances scolaires et l’intégration sociale de tous les élèves. En premier lieu, il s’agira de présenter les différents concepts ainsi que les apports empiriques issus des recherches préliminaires (recherche-­‐action au sein d’établissements scolaires inclusifs) disponibles en matière de co-­‐enseignement dans le contexte Suisse romand. Dans un deuxième temps, le projet et sa méthodologie seront présentés : un recueil de données quantitatives visera à obtenir des informations sur la collaboration elle-­‐même, à décrire les caractéristiques des enseignants et des enfants intégrés, ainsi que le vécu de chacun (y compris des camarades de classe). Il s’agira de comparer les formes de pratiques observées, et d’explorer leurs influences sur les élèves et les enseignants. Cette étude permettra d’observer les facteurs facilitant la réussite des mesures intégratives ou au contraire lui faisant obstacle, d’identifier les besoins des enseignants afin d’optimiser les prestations de soutien à l’intégration. Le projet dans son ensemble participera à la compréhension des liens théoriques entre certains concepts, et à un enrichissement méthodologique pour la recherche sur l’inclusion. Références Avramidis, E., & Norwich, B. (2002). Teachers’ attitudes towards integration/inclusion: A review of the literature. European Journal of Special Needs Education, 17, 129-­‐147. Benoit, V., & Angelucci, V. (2011). Réflexion autour du concept de coenseignement en contexte inclusif. Education et Francophonie, XXXIX, 105-­‐121. Mastropieri, M. A., & Scruggs, T. E. (2006). The inclusive classroom: Strategies for effective instruction (3rd ed). Upper Saddle River, NJ: Prentice-­‐Hall. 117 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Murawski, W. W., & Lochner, W W. (2011). Observing co-­‐teaching: What to ask for, look for, and listen for. Intervention in School and Clinic, 46, 174-­‐183. Slee, R. (2011). Irregular school: Exclusion, schooling and inclusive education. London: Routledge. Stainback, S., Stainback, W., & Jackson, H. J. (1992). Toward inclusive classrooms. In S. Stainback & W. Stainback (Eds.), Curriculum considerations in inclusive classrooms: Facilitating learning for all students. Baltimore: Paul H. Brookes. Approche typologique des niveaux et des variations de l'attention évaluées et auto-­‐
évaluées de l'adulte en formation.-­‐ N. Le Floc'h, R. Clarisse & E. Faget-­‐Martin Université de Tours EA 2114 Psychologie des Âges de la Vie Introduction Les variations journalières des processus cognitifs en situation d’apprentissage ont fait l’objet de nombreux travaux chez l’enfant scolarisé. Ainsi, pour l’attention, les performances progressent du début jusqu’en fin de matinée, diminuent durant la pause méridienne et s’élèvent au cours de l’après-­‐midi. Ce profil, nommé « profil classique » (Testu, 1982) est majoritairement présent chez les enfants de 6 à 11 ans. Au-­‐delà des différences de niveau d’attention constatées selon l’âge, la diversité des profils relevée entre 4 et 7 ans contraste avec l’homogénéité observée chez les 9-­‐10 ans (Clarisse, Le Floc’h, & Testu, 2010). Si les rythmicités cognitives de l’adulte en milieu de travail ont souvent été investies en revanche, peu de travaux sont repérables dans la littérature chez l’adulte en situation de formation. Le but poursuivi ici était d’étudier selon une perspective différentielle les niveaux et les variations de l’attention mesurée et de les comparer aux résultats déjà obtenus chez les enfants scolarisés. Les relations entre mesures objectives et subjectives ont-­‐elles mêmes été investies en comparant performances attentionnelles, scores de vigilance et de fatigue auto estimés selon l’âge et le genre. Matériel et méthode Participants : 135 adultes en formation -­‐ 39 étudiants en ostéopathie 1ère année (24 femmes et 15 hommes ; Age : 21; 7 ± 4 ; 3) -­‐ 51 étudiants en ostéopathie 3ème année (39 femmes et 12 hommes ; Age : 22;10 ± 2 ; 6) -­‐ 45 stagiaires cadres de santé (36 femmes et 9 hommes Age : 38;11 ± 5 ; 7) Déroulement : Quatre passations (8h45, 12h15, 14h00 et 16h45) en situation collective sur une même journée de la semaine Epreuves : Tests de barrage et Echelles Visuelles Analogiques (EVA) de vigilance et de fatigue. Traitement des données : ANOVA, clusters et corrélations. Résultats Le niveau moyen de l’attention des 3 groupes est comparable. Aucune différence de genre n’est observée. Le profil journalier indique une élévation des performances du début de la matinée jusqu’en fin d’après-­‐midi sans creux post prandial. Une interaction « groupes x moment de passation » traduit une baisse attentionnelle en fin de journée pour le seul groupe 1. L’analyse en cluster au sein de chaque groupe conduit à une typologie principalement contrastée par le niveau d’attention sans différenciation de profil. L’attention mesurée n’est corrélée ni avec la fatigue ni avec la vigilance perçue. Une corrélation négative est présente entre les deux mesures analogiques. L’attention mesurée ainsi que la perception de la fatigue sont corrélées négativement avec l’âge. Discussion Selon ces résultats, le profil classique journalier établi chez l’enfant constituerait une étape dans le développement de l’attention de l’enfant à l’adulte. Le creux post prandial observé dans la littérature semble disparaître avec l’avancée en âge pour ce type de tâche. 118 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie L’approche typologique confirme l’homogénéité des profils qui, contrairement aux résultats obtenus chez les jeunes enfants, ne se différencient que par le niveau de performances, excepté pour les étudiants de 1ère année dont la baisse d’efficience en fin de journée interroge l’adaptation au dispositif de formation. En accord avec la littérature, les performances attentionnelles diminuent avec l’avancée en âge. Les écarts observés entre mesures objectives et subjectives suggèrent l’existence de ressources métacognitives tampon entre auto-­‐estimation et réalisation effective pour réguler et maintenir les performances attentionnelles. Clarisse, R., Le Floc’h, N., & Testu, F., (2010). Approche différentielle des rythmicités journalières de l’attention de l’enfant de 4 à 11 ans. In A. de Ribaupierre, P. Ghisletta, T. Lecerf & J-­‐L. Roulin (Eds.), Identité et spécificités de la psychologie différentielle (pp.277-­‐282). Rennes : PUR. Testu, F. (1982). Les variations journalières et hebdomadaires de l’activité intellectuelle de l’élève. Paris : Editions du CNRS. L’attention et la mémoire sémantique chez l’enfant de 8 à 10 ans : perspective chronopsychologique-­‐ R. Clarisse1, N. Le Floc'h1 & M. Rebelo2 1 Université de Tours EA 2114 Psychologie des Âges de la Vie 2 Université de Tours Introduction L’étude des niveaux et des variations des processus cognitifs contribue depuis plus de 30 ans à la recherche fondamentale autant qu’appliquée en identifiant les moments de meilleures ou de moindres performances au cours de la journée (Testu, 2008). Concernant la mémoire, selon certains auteurs, l’optimisation des performances mnésiques par l’organisation sémantique, identifiée par Bousfield dès 1953, n’interviendrait chez l’enfant qu’à partir de 10-­‐11 ans (Lieury, 1997). L’objectif poursuivi ici était d’étudier dans une perspective développementale, l’efficience de cette catégorisation et de ses variations journalières ainsi que les liens entretenus avec l’attention sélective mesurée aux mêmes moments. Matériel et méthode Matériel -­‐ Attention : Epreuve de barrage de nombres -­‐ Mémoire sémantique : Liste de 24 mots (organisée versus non organisée) Participants 145 enfants de 8 à 10 ans : -­‐ 54 élèves de CE2 (26 filles et 28 garçons ; Age : 8 ,6 ± 0,21) -­‐ 45 élèves de CM1 (17 filles et 28 garçons ; Age : 9 ,7 ± 0, 33) -­‐ 46 élèves de CM2 (23 filles et 23 garçons ; Age : 10, 7 ± 0, 38) Déroulement L’épreuve de barrage, suivie de l’apprentissage de mots avec rappel ont été administrés collectivement à quatre moments (9h00, 11h30, 13h30, 16h00) à raison d’une seule passation par semaine sur quatre jeudis consécutifs. Deux groupes randomisés sont constitués pour chaque niveau de scolarisation (apprentissage de mots catégorisés versus non catégorisés). Tests statistiques : ANOVA et corrélations au seuil .05. Résultats Le niveau moyen de l’attention progresse du CE2 au CM2. Les performances varient au cours de la journée avec une forte augmentation au cours de la matinée, un creux post prandial suivi d’une absence de reprise l’après-­‐midi. L’interaction « moment de passation » x « niveau de scolarisation » indique des profils différenciés. 119 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les performances mnésiques progressent avec l’avancée en âge que l’apprentissage soit catégorisé ou non. Le rappel de mots est plus élevé en apprentissage catégorisé. Quel que soit le mode d’apprentissage, le recours à la catégorisation au rappel différencie les niveaux de scolarisation, au bénéfice des enfants les plus âgés et le ratio mots catégorisés/mots restitués s’élève avec l’âge des enfants. Enfin lorsque l’apprentissage est présenté sous la forme de catégorie de mots, le nombre de mots restitués en catégories sémantiques est lui-­‐
même plus élevé. Les effets principaux du moment de passation pour les scores mnésiques apparaissent le plus souvent non significatifs mais l’analyse des interactions différencie les résultats selon le niveau de scolarisation de l’enfant et selon le mode d’apprentissage (catégorisé versus non catégorisé). Le ratio mots catégorisés/ mots restitués ne présente aucune variation au cours de la journée quel que soit le niveau de scolarisation. Enfin, les performances attentionnelles et mnésiques sont corrélées positivement. Discussion D’un point de vue développemental, les résultats obtenus pour l’attention comme pour la mémoire s’inscrivent de manière cohérente avec les conclusions de la littérature. Pour prolonger les conclusions de Lieury (1997), selon nos résultats, si le recours à la catégorisation sémantique en situation de rappel augmente bien fortement chez les CM2, il reste cependant non négligeable dès le CE2 et source d’amélioration des performances. Les rythmicités des processus cognitifs diffèrent entre elles mais pour l’attention comme pour la mémoire, elles apparaissent dépendantes de l’âge de l’enfant et des conditions d’apprentissage. Enfin le lien entre l’attention et la mémoire interpelle sans doute les méthodes et l’organisation des apprentissages. Références bibliographiques Bousfield, W.A (1953). The occurrents of clustering in the recall of randomly arranged associates. Journal of General Psychology, 49, 229-­‐240. Lieury, A. (1997). Mémoire et réussite scolaire. Paris : Dunod. Testu, F. (2008). Rythmes de vie et rythmes scolaires. Paris : Masson. Session thématique : Psychologie du vieillissement Effet du format de prescriptions médicamenteuses présentées sur tablette multimédia chez des personnes jeunes et âgées -­‐ L. Heurley, E. Vandenbergh, & V. Quaglino CRP-­‐CPO EA 7273, Université de Picardie Jules Verne Dans le domaine médical, des documents procéduraux électroniques sont utilisés comme aides à l’autonomie des patients jeunes et âgés. Leur efficacité reste cependant à prouver (Morrow, D. G., Conner-­‐Garcia, T., Graumlich, J. F., Wolf, M. S., McKeever, S., Madison, A., Davis, K., Wilson, E. A. H., Liao, V., Chin, C.-­‐L. & Kaiser, D., 2012). On sait que le design de notices pharmaceutiques ou de prescriptions médicamenteuses sur support « papier » a un effet sur la compréhension et l’utilisation de ces documents chez les patients âgés (Dickinson, Raynor & Duman, 2001 ; Wogalter, Barlow Magurno, David, Dietrich & Scott, 1999). Des études récentes réalisées sur le même support suggèrent que la présentation tabulaire faciliterait la compréhension et la mise en œuvre de prescriptions médicales (Morrow, Raquel, Schriver, Redenbo, Rozovski & Weill, 2008). Qu’en est-­‐il sur support électronique ? Pour répondre à cette question, nous avons réalisé une expérience visant à étudier, chez des adultes jeunes et âgés sains, l’effet de deux formats de présentation (tableau vs. fiche) de prescriptions médicamenteuses électroniques. Les deux hypothèses principales étaient que 120 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie la présentation « tableau » devait faciliter la consultation et l’exécution des prescriptions et, que cet effet de facilitation devait être plus prononcé chez les participants âgés que chez les adultes jeunes. Pour tester ces hypothèses nous avons demandé à 10 participants âgés sains (âge moyen : 80.3 ans) et à 10 adultes jeunes (âge moyen : 23.3 ans) de consulter deux prescriptions fictives sur une tablette multimédia sous Windows 7. Chaque prescription comprenait un diaporama de 4 pages (diapositives) sur lesquelles étaient indiquées les modalités de prise de 4 médicaments fictifs. Dans la prescription « tableau » les informations étaient présentées dans un tableau à double entrée (jours x moments de la journée) ; dans la prescription « fiche », les mêmes informations étaient présentées de manière non tabulée. Immédiatement après avoir consulté la première prescription, les participants devaient remplir un pilulier de mémoire avec des médicaments fictifs. La même procédure était répétée ensuite pour la seconde prescription. Le temps d’exposition en lecture par page (TELp) et le nombre d’erreurs de remplissage du pilulier ont été recueillis et analysés à l’aide d’ANOVAs et de tests non paramétriques. Les analyses réalisées sur les TELp ont permis de vérifier les deux hypothèses : le TELp moyen était moins élevé dans la condition « tableau » (24.51 sec.) que dans la condition « fiche » (29.52 sec.), F(1, 18) = 6.27, p = 0.022, et l’interaction entre le format de présentation et l’âge des participants prédite par la 2ème hypothèse était significative, F(1, 18) = 7.45, p = 0.013. En revanche, les analyses réalisées sur les erreurs n’ont permis de vérifier aucune des deux hypothèses. Les résultats de cette étude sont discutés en relation avec l’essor des gérontechnologies. Références Dickinson, D., Raynor, D.K., & Duman, M. (2001). Patient information leaflets for medicines: using consumer testing to determine the most effective design. Patient Education and Counseling, 43, 147-­‐159. Morrow, D. G., Conner-­‐Garcia, T., Graumlich, J. F., Wolf, M. S., McKeever, S., Madison, A., Davis, K., Wilson, E. A. H., Liao, V., Chin, C.-­‐L., & Kaiser, D. (2012). An EMR-­‐based tool to support collaborative planning for medication use among adults with diabetes: Design of a multi-­‐site randomized control trial. Contemporary Clinical Trials, 33, 1023-­‐1032. Morrow, D. G., Raquel, L., Schriver, A., Redenbo, S., Rozovski, D., & Weill, G. (2008). External support for collaborative problem solving in a simulated provider/patient medication scheluding task. Journal of Experimental Psychology: Applied. 14, 288-­‐297. Wogalter, M., S., Barlow Magurno, A., David A., Dietrich, D. A., & Scott, L. (1999). Over-­‐the-­‐
counter medications by making better use of container surface space. Experimental Aging Research, 25, 27-­‐48. Quid de l’autmatisation d’une nouvelle tâche avec l’âge ? -­‐ F. Maquestiaux1, A. Didierjean2, E. Ruthfuff 3, G. Chauvel4, & A. Hartley5 1 Université Paris-­‐Sud 2 Université de Franche-­‐Comté 3 University of New Mexico 4 University of Nevada 5Scripps College Introduction Malgré des déclins cognitifs, les seniors réalisent avec efficacité de nombreuses activités de la vie de tous les jours en s’appuyant sur des routines (des procédures automatisées au cours de la vie). Mais les seniors peuvent-­‐ils apprendre à automatiser de nouvelles routines ? Pour répondre à cette question, Maquestiaux, Laguë-­‐Beauvais, Ruthruff, Hartley, et Bherer (2010) ont d’abord demandé à des adultes jeunes et âgés d’apprendre une nouvelle tâche de temps de réaction (TR) de choix en la répétant sur 5 040 essais (répartis sur 6 sessions). Ensuite, ils ont évalué le besoin en attention de cette tâche pratiquée au 121 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie moyen du protocole de double tâche de la période réfractaire psychologique (PRP). Spécifiquement, la tâche pratiquée devient la tâche 2 et est appariée avec une nouvelle tâche 1 non pratiquée. Les durées séparant les stimuli des deux tâches sont variées aléatoirement d’un essai à l’autre. En cas de traitement automatique de la tâche 2 pratiquée, son TR ne devrait pas être allongé pendant l’allocation de l’attention au traitement de la tâche 1. Mais en cas de traitement non automatique, le TR de la tâche 2 pratiquée devrait être allongé de plusieurs centaines de millisecondes pendant l’allocation de l’attention au traitement de la tâche 1. L’analyse des résultats a révélé une différence qualitative du traitement entre les deux groupes d’âge : le TR de la tâche 2 est allongé en moyenne de 166 ms chez 17 des 20 adultes jeunes mais en moyenne de 541 ms chez 9 des 10 adultes âgés. Cette différence suggère une perte de la capacité d’automatisation avec le vieillissement. Pourtant, ce résultat n’apporte pas de preuve concluante puisque les seniors n’ont peut-­‐être pas été assez entraînés : après 5 040 essais d’entraînement, leur TR moyen est plus lent de 200 ms, comparativement à celui des adultes jeunes. Dans cette recherche, nous avons testé l’hypothèse selon laquelle, après élimination des différences d’âge sur la tâche pratiquée (en égalisant les TR entre adultes jeunes et âgés), les seniors ont une capacité d’automatisation comparable à celle des adultes jeunes. Méthode Dix seniors ont participé à une expérimentation comportant deux changements majeurs par rapport à l’étude de Maquestiaux et al. (2010) : deux fois plus d’essais d’entraînement (10 080 répétitions au lieu de 5 040), l’utilisation de versions simplifiées de la tâche non pratiquée et de la tâche pratiquée. Les seniors ont d’abord appris la nouvelle tâche de TR de choix au cours de 12 sessions d’entraînement (une heure par session). Le besoin en attention de cette tâche pratiquée a ensuite été évalué au moyen du protocole PRP au cours de 3 sessions. Résultats L’entraînement a considérablement réduit le TR des seniors, de 482 ms en session 1 à 307 ms en session 12. Cette valeur de 307 ms est comparable au TR moyen de 308 ms atteint par les adultes jeunes après moitié moins d’essais sur une tâche plus difficile (Maquestiaux et al., 2010). Malgré cette égalisation du TR sur la tâche entraînée, le TR de cette tâche est allongé de 485 ms en situation de double tâche. Discussion Cette recherche démontre que la capacité d’automatisation décline avec l’âge. Un ralentissement généralisé avec le vieillissement ne peut expliquer ce déclin puisqu’il a été observé dans des conditions expérimentales qui égalisent les performances de base entre adultes jeunes et âgés. Le vieillissement s’accompagnerait donc d’une perte de la capacité d’automatisation. Références bibliographiques Maquestiaux, F., Didierjean, A., Ruthruff, E., Chauvel, G., & Hartley, A. A. (sous presse). Lost ability to automatize task performance in old age. Psychonomic Bulletin & Review. Maquestiaux, F., Laguë-­‐Beauvais, M., Ruthruff, E., Hartley, A. A., & Bherer, L. (2010). Learning to bypass the central bottleneck: Declining automaticity with advancing age. Psychology and Aging, 25, 177-­‐192. Influence de l’âge et du temps inter-­‐stimulus sur l’effet de difficulté séquentielle en mémoire -­‐ L. Berger1, K. Uittenhove2, P. Lemaire2, & L. Taconnat1 1 UMR-­‐CNRS 7295 : cerca, équipe “vieillissement et mémoire” 2 Laboratoire de psychologie cognitive, CNRS, Université de Provence, Marseille, France' Introduction Le vieillissement entraîne un déclin de la mémoire épisodique dû en partie à des difficultés à initier des stratégies à l’encodage et/ou à la récupération. Notamment, les personnes âgées 122 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie éprouvent des difficultés à mettre en place des stratégies adaptées et à alterner entre différentes stratégies. Récemment, Uittenhove et Lemaire (2012) ont mis en évidence un effet de la difficulté séquentielle (EDS) en arithmétique, montrant que les participants (jeunes et âgés) étaient moins performants avec une stratégie lorsque l’exécution de cette stratégie suivait l’exécution d’une stratégie difficile que lorsqu’elle suivait une stratégie plus facile. Cet effet peut s’expliquer par le fait que l’exécution d’une stratégie difficile mobilise fortement les ressources attentionnelles, ce qui diminue la quantité de ressources disponibles pour exécuter la stratégie sur l’item suivant (Taylor & Lupker , 2001). Cet effet a été répliqué en mémoire (Uittenhove et al., soumis). L’objectif de la présente recherche est d’étudier la possibilité de voir diminuer l’EDS lorsque le temps inter-­‐stimulus est augmenté, afin d’examiner le temps nécessaire pour « recharger » les ressources attentionnelles chez des adultes jeunes et âgés. Nous faisons l’hypothèse que les adultes âgés auront besoin de plus de temps pour que l’EDS disparaisse, étant données la diminution des ressources attentionnelles dans le vieillissement (Craik, 1990) et le ralentissement cognitif (Salthouse, 1996). Matériel et méthode 80 adultes jeunes (18 -­‐ 40 ans) et 80 adultes âgés (60 ans et plus) devaient apprendre 60 mots. Les participants étaient répartis aléatoirement dans quatre groupes correspondant à 4 conditions expérimentales, en fonction du temps inter-­‐stimulus : 500 ms entre chaque item vs. 1000 ms vs. 1500 ms vs. 2000 ms. Chaque mot était présenté pendant 3 secondes et était précédé d’une consigne d’apprentissage (facile : répétition vs. difficile : image mentale) correspondant à la stratégie à utiliser pour apprendre le mot. Ces mots étaient suivis de mots à apprendre avec une autre stratégie (stratégie cible, intermédiaire en termes de difficulté) dont la consigne était « phrase » (faire une phrase avec le mot). On obtenait alors deux types d’essais : les essais difficiles où la stratégie cible était précédée de la stratégie difficile, et les essais faciles où la stratégie cible était précédée de la stratégie facile. La variable dépendante correspond au nombre de mots rappelés et appris avec la stratégie phrase, soit en essai facile soit en essai difficile. Résultats Les données montrent un effet significatif de l’âge et de la difficulté séquentielle sur les performances en mémoire épisodique à 500 ms : les sujets âgés rappellent moins de mots que les sujets jeunes, et globalement, les sujets rappellent moins de mots correspondant aux essais difficiles. L’interaction entre les deux facteurs, n’est pas significative. Nous avons observé une diminution puis une disparition (à 2000 ms) de l’EDS résultant de l’augmentation du temps disponible pour « recharger » les ressources cognitives entre deux stratégies consécutives. De plus, l’EDS ne disparaît dans cette dernière condition que chez les sujets jeunes. Discussion Notre étude confirme l’EDS en mémoire épisodique et suggère que la mise en œuvre de stratégies difficiles en mémoire puiserait plus de ressources attentionnelles que celle de stratégies plus faciles et interfèrerait sur l’exécution de la stratégie à l’item suivant utilisée pour mémoriser, laissant peu de ressources disponibles pour traiter l’information suivante. Cette information s’en trouverait donc moins bien encodée et par conséquent moins bien retenue. Ceci expliquerait aussi la disparition de l’effet de difficulté séquentielle lorsque le temps de récupération entre les stimuli est plus important. Etonnamment, notons également que bien que les adultes âgés rappellent moins de mots que les adultes jeunes, l’EDS n’interagit globalement pas avec l’âge. Veillissement et compréhension des relations temporelles dans les textes narratifs -­‐ S. Chaulet, & P. Maury Laboratoire EPSYLON, Université Montpellier 3 123 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Si de nombreux travaux sur les relations entre compréhension de texte et vieillissement ont conclu à des capacités préservées avec l’âge (Maury, Besse, Martin, 2010 ; Radvansky & Dijkstra, 2007 ; Radvansky, Lynchard & von Hippel, 2009), en revanche, très peu d’études ont porté sur la compréhension des relations temporelles. Or, la désorientation temporo-­‐
spatiale caractérise de nombreuses pathologies liées à l’âge (Eustache & Faure, 2000). Le but de cette étude est donc de déterminer si l’avancée en âge s’accompagne d’une plus grande difficulté à se représenter et à actualiser les relations temporelles décrites entre les évènements d’une histoire. Participants : Trois groupes de participants ont été constitués (28 âgés, M = 80.45 ans ; sd = 4.71, 29 moyennement âgés, M = 41.14 ans ; sd = 2.53 et 32 jeunes, M = 20.75 ans ; sd = 2.36). Les participants âgés ont tous un MMS ≥ 27 et un score au test de l’horloge ≥ à 5 sur 7. Matériel et Procédure : Les participants devaient lire, à leur rythme, de courts textes narratifs dont certains (textes expérimentaux) décrivent les déplacements de deux personnages. Dans la moitié des textes, la phrase cible (sixième phrase des textes) décrit des relations temporelles cohérentes avec la représentation de l’ordre de survenue des évènements construite par les lecteurs à partir de la troisième phrase des textes (ex : Marc arrive avant Claudia ….. Marc attend Claudia en phrase cible ou Marc arrive après Claudia ….Claudia attend Marc en phrase cible). Pour l’autre moitié des textes, la relation entre la troisième et la sixième phrase est temporellement incohérente (ex : Marc arrive avant Claudia ….. puis Claudia attend Marc ou Marc arrive après Claudia…. Marc attend Claudia). Enfin, l’ordre discursif (ordre dans lequel sont mentionnés les deux personnages de l’histoire) peut être le même dans les deux phrases ou inversé. A l’issue de la lecture de chaque texte, les participants devaient répondre par VRAI ou FAUX à cinq énoncés. Deux d’entre eux étaient des énoncés inférentiels portant sur la dimension temporelle de l’histoire (ex : « Claudia et Marc arrivent à l’aube » et « Marc est le premier à la gare »), deux autres portaient sur des informations explicitement mentionnées dans les textes (Marc a voyagé en train) et un dernier concernait un évènement, non mentionné dans le texte, mais susceptible de permettre aux lecteurs de rétablir la cohérence temporelle du texte lorsque celle-­‐ci avait été rompue (ex : « Marc a acheté des fleurs dans le hall de la gare »). Résultats. Les temps de lecture de la phrase-­‐cible, les temps de réponse et les erreurs aux énoncés de vérification ont fait l’objet d’une analyse de variance (Anova) avec l’âge comme facteur inter-­‐groupe, l’ordre discursif (identique entre la phrase trois et six versus différent) et la cohérence/incohérence temporelle comme facteurs intra-­‐groupe. Globalement, tous les lecteurs sont ralentis lorsque la relation temporelle entre les évènements mentionnés est incohérente avec la représentation de la survenue des évènements construite par les lecteurs, F(1,86) = 15.28, p= .001. La présence de cette incohérence temporelle rallonge également les temps de réponse aux énoncés portant sur la relation de rang entre les personnages, F(1.89) = 12.55, p = .001. L’ordre discursif n’a globalement ni d’effet sur le temps de lecture la phrase cible ni sur les temps de réponse aux énoncés de vérification, Fs < 1 ; en revanche, l’interaction entre l’âge et l’ordre discursif est significative, F(2.89) = 5.69, p = .004 : les lecteurs moyennement âges et âgés sont gênés lorsque l’ordre discursif entre la phrase cible et la phrase trois est différent. Ce résultat suggère qu’avec l’âge les lecteurs utilisent des indices de surface (l’ordre de mention des personnages de l’histoire) pour se représenter la temporalité entre les actions. Ces résultats seront discutés en référence à la notion de Support Environnemental (Craik, 1986; Morrow & Rogers, 2008). Session thématique : Psychologie de l’Emotion 124 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La présence de distracteurs sexuels dégrade-­‐t-­‐elle la détection d’un mot cible dans une tâche de présentation visuelle rapide sérielle ?-­‐ A. Didierjean1 , F. Maquestiaux2 & S. Vieillard3 1 Université de Franche-­‐Comté et IUF 2 Université Paris-­‐Sud 3 Université de Franche-­‐Comté Introduction Dans la vie de tous les jours, seule une portion de la multitude de stimuli qui s’offrent à nous est sélectionnée et traitée. Dans ce processus de sélection, certaines catégories de stimuli ont, de par leur nature, la capacité d’être traité de manière prioritaire. Par exemple une personne au visage menaçant, parce qu’elle représente un danger potentiel pour l’observateur, attirera notre attention. Parmi les nombreux stimuli susceptibles d’attirer en priorité notre attention, ceux en lien avec la sexualité occupent une place importante. La publicité a ainsi très souvent recours à ce stratagème, plaçant dans beaucoup d’affiches publicitaires des photographies ou des slogans en rapport avec la sexualité : des corps dénudés, des slogans à double sens… Nous présenterons deux expériences portant sur la question de la capacité qu’a, ou non, notre attention à ignorer les stimuli sexuels, et de l’évolution de cette capacité avec l’âge. Ces deux expériences ont recours au paradigme de présentation visuelle rapide sérielle (RSVP). Dans ce paradigme, des séries de non mots et mots sont présentées successivement toutes les 110 ms au centre d’un écran. La tâche des participants est de détecter une cible (ici un mot de couleur) apparaissant dans la succession rapide de non mots. Arnell, Killman, et Fijavz (2007, Expérience 3) montrent que si un mot appartenant à la catégorie sémantique « mots sexuels » précède la cible de 330 ms, le pourcentage de détection est moindre que lorsqu’un mot appartenant à la catégorie sémantique « musique » précède la cible. Ce phénomène est connu sous le terme d’ « involuntary attentional blink ». Ces auteurs notent que “arousing sexual words involuntarily capture attention […], at least in the context of laboratory experiments performed by young university participants for whom sexual material might have high impact and relevance”. L’objectif de notre recherche est d’une part de tenter de répliquer ce résultat, et d’autre part d’étudier si les effets de clignement involontaire de l’attention produits par les mots sexuels se limitent aux participants jeunes. Méthode Dans chacune des deux expériences, 25 étudiants de l’université de Franche-­‐Comté (Expérience 1 : âge moyen = 21,7 ans ; Expérience 2, âge moyen = 21.5 ans) et 25 participants âgés (Expérience 1 : âge moyen = 64.9 ans ; Expérience 2, âge moyen = 66.2 ans) ont passé une tâche RSVP. Ces participants devaient détecter un nom de couleur (e.g., "bleu") dans une chaîne de 16 non mots (e.g., "clon"), chaque item apparaissant pendant 112 millisecondes à l’écran. La cible (le nom de couleur) était précédée plusieurs items auparavant, selon les essais, par un mot sexuel (e.g., "bite") ou un mot de musique (e.g., "rock"). Dans l’Expérience 1, la distance séparant le mot cible et le distracteur était toujours de 3 items ; dans l’Expérience 2 cette distance était soit de 3 soit de 8 items. Résultats Les résultats de l’Expérience 1 montrent que, à l’inverse des résultats de Arnell et al (2007), la détection de la cible est toujours supérieure dans les essais comportant un mot sexuel. Ce résultat est plus accentué chez les âgés que chez les jeunes. Les résultats de l’Expérience 2 montrent que rendre variable la distance entre le distracteur et la cible fait disparaître l’effet des mots sexuels observé dans l’Expérience 1. Discussion Nous discuterons ces résultats au regard de la littérature sur le vieillissement et l’attention. Nous discuterons notamment d’hypothèses susceptibles d’expliquer ce résultat au premier 125 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie abord contre-­‐intuitif : la présence de mots sexuels améliore les performances, et davantage chez les âgés que chez les jeunes. Références Arnell, K. M., Killman, K. V., & Fijavz, D. (2007). Blinded by emotion: Target misses follow attention capture by arousing distractors in RSVP. Emotion, 7, 465-­‐477. Didierjean, A., Maquestiaux, F., Vieillard, S., Ruthruff, E., & Hartley, A. A. (sous presse). Sexual distractors boost younger and older adults’ visual search RSVP performance. British Journal of Psychology. Les vertus sociales d’une émotion mal aimée : l’embarras-­‐ H. Maire Université de lorraine Nous proposons ici une revue de la littérature visant à mettre en évidence les fonctions sociales de l'embarras. Emotion de l'interaction par excellence (elle s’éprouve quasi exclusivement en présence d’autrui), il est d'ordinaire perçu négativement. Etre embarrassé ou gêné est douloureux et peu contrôlable, et la peur de l'être peut inhiber les comportements d’aide (Edwards, 1975). Cette émotion aurait ainsi tendance à "figer" la personne dans une posture défensive peu propice à l’altruisme. Pour autant, Goffman (1956) nous informe qu'elle est "vitale pour maintenir l'ordre social". Mais de quelle façon ? On est embarrassé lorsqu’on craint de faire mauvaise impression à autrui (Semin, & Manstead, 1982). Cette volonté de donner une bonne image de soi passe notamment par le respect scrupuleux des normes en vigueur. L’embarras pourrait-­‐il alors avoir des fonctions bénéfiques pour les relations interpersonnelles ? Certains travaux vont dans ce sens. Chez l'enfant, la capacité à éprouver de l’embarras va de pair avec l’acquisition de normes sociales et de principes moraux, garants d’un certain ordre social et de rapports humains pacifiés (Bennett, & Cormarck, 1996). D’un point de vue expressif, les manifestations d’embarras chez l’Homme ont été comparées aux comportements visant l'apaisement observés chez les primates non humains (Keltner, & Busswell, 1997). Elles signalent aux autres notre caractère prosocial (Feinberg, Willer, & Keltner, 2012), et suite à une transgression sociale, permettent de se faire juger de façon plus favorable par un observateur extérieur, à la manière d'excuses non verbales (Edelmann, 1982). Enfin, une fois embarrassées les personnes émettent souvent dans des comportements altruistes, socialement valorisés. Ceux-­‐ci visent à la fois à rétablir une image d'elles favorable aux yeux d’autrui et à contrecarrer le sentiment désagréable associé à l'embarras grâce à l'émotion positive que fournit l'approbation sociale (Apsler, 1975). En nous appuyant sur ces dernières études, notre but est ici de réhabiliter cette émotion en montrant que pour désagréable qu’elle soit, elle possède d'importantes fonctions sociales. Si son expérience, peu contrôlable, s’avère négative au point d’inhiber des comportements d'aide, son expression en public est beaucoup plus maîtrisable. En effet, suite à une situation embarrassante nous pouvons manifester notre gêne par le biais de stratégies verbales, d'expressions faciales et vocales spécifiques ou de comportements altruistes, et ce de façon plus ou moins subtile et intentionnelle. Ces manifestations peuvent ainsi prendre la valeur d'un message adressé à autrui et destiné à rétablir une image positive de l'émetteur. On peut alors concevoir l’embarras non plus comme une émotion douloureuse et paralysante, mais comme un potentiel outil de communication favorisant l’harmonie sociale. Apsler, R. (1975). Effects of embarrassment on behavior toward others. Journal of Personality and Social Psychology, 32 (1), 145-­‐153. Bennett, M., & Cormack, C. (1996). Age and embarrassment at others' gaffes. Journal of Social Psychology, 136 (1), 113-­‐115. Edelmann, R. J. (1982). The effect of embarrassed reactions upon others. Australian Journal of Psychology, 34 (3), 359-­‐367. 126 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Edwards, J. J. A. (1975). Returning a dropped object: Effect of response cost and number of potential helpers. Journal of Social Psychology, 97, 169-­‐171. Feinberg, M., Willer, R., & Keltner, D. (2012). Flustered and faithful: Embarrassment as a signal of prosociality. Journal of Personality and Social Psychology, 102 (1), 81–97. Goffman, E. (1956). Embarrassment and social organization. American Journal of Sociology, 62, 264-­‐271. Keltner, D. & Busswell, B. (1997). Embarrassment: its distinct form and appeasement functions. Psychological Bulletin, 122 (3), 250-­‐270. Semin, G. R., & Manstead, A. S. R. (1982). The social implications of embarrassment displays and restitution behaviour. European Journal of Social Psychology, 12, 367-­‐
377. Emotions et dynamique des représentations sociales-­‐ B. Bouriche Aix Marseille Université Introduction L’étude propose une articulation théorique entre l’approche structurale des Représentations Sociales (RS) et les états affectifs. Les émotions sont envisagées comme des dispositions évaluatives individuelles basées sur la confrontation à la réalité du cadre de référence commun que constitue une RS. En tant que telles, elles peuvent être considérées comme des variables individuelles de la dynamique représentationnelle. En s’appuyant principalement sur la théorie du noyau central (Abric, 1976) et considérant une représentation sociale comme un système de pré-­‐décodage de la réalité déterminant des attentes, la recherche teste l’effet de l’expérience affective sur la dynamique de la RS du travail en équipe. Méthodologie Après avoir défini leur stratégie et leurs objectifs (rentabilité, trésorerie, parts de marché, satisfaction clientèle), quarante trois sujets participent, en groupes de 6 ou 7, à une simulation de gestion se déroulant sur trois jours. Le travail de l’équipe consiste à prendre des décisions de gestion durant 9 périodes. Pour chaque période, le cycle du processus de travail en équipe est le même : analyse de la situation, prise de décision, connaissance des résultats et évaluation de l’atteinte des objectifs en rapport à la stratégie. Par la méthode propre à ce champ (associations libres, questionnaire de caractérisation, test de centralité), nous avons initialement analysé le contenu et la structure de la RS du travail en équipe dans l’échantillon retenu. A chaque fin de période, les sujets étaient invités à reporter leur expérience affective à partir d’une approche dimensionnelle des émotions (échelle SAM Self-­‐
Assessment Manikin scale, Bradley et Lang, 1994) et d’une approche discrète en sélectionnant les affects ressentis parmi une liste de 17 affects proposés. Nous avons ensuite analysé les effets de l’expérience affective sur la dynamique de la RS du travail en équipe. Résultats L’expérience affective entraîne un effet de dynamique représentationnelle tant sur le plan du contenu que de la structure de la représentation. Les croyances centrales se révèlent plus activées et plus stables que les croyances périphériques suite à une expérience affective en rapport à l’objet de représentation. Les résultats suggèrent que les sujets utilisent un cadre de référence commun dans l’attribution de leurs affects et ce quelle que soit la valence considérée. En revanche, l’effet de l’expérience affective s’est fait nettement plus sentir sur les croyances périphériques, très majoritairement concernées par les différences de niveau d’activation. Discussion Les résultats illustrent la fonction justificatrice et le rôle de la dimension symbolique portées par le système central dans l’attribution des états affectifs. Ils mettent également en évidence le rôle déterminant du système périphérique dans le rapport et l’adaptation à la 127 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie réalité. Par ses fonctions de concrétisation et de régulation, la large implication de ce dernier dans la dynamique représentationnelle suite à une expérience affective constitue le signe d’une activation du processus d’ancrage. Les résultats sont discutés en référence au modèle structural et, en particulier, aux relations entre pratiques et RS sous l’angle des états affectifs. Mots-­‐clés : Emotions, Représentations Sociales, Théorie du Noyau Central, Ancrage, dynamique représentationnelle. Références Abric J.C. (Ed.) (1994a). Pratiques sociales et représentations. Paris, PUF. 4e éd. 2003. Guimelli, C. & Rimé, B. (2009). Emotions et représentations sociales. In P. Rateau & P. Moliner (Eds.), Représentations sociales et processus sociocognitifs.Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 165-­‐180. Lazarus, R. S. (1991). Emotion & Adaptation. New York : Oxford University Press. Rimé, B. (2005). Le partage social des émotions. Paris: Presses Universitaires de France. Weick, K. E. (1995). Sensemaking in Organizations. Thousand Oaks, CA, Sage. Influence de l'incertitude et de l'idée de mort sur la prise de risque-­‐ G. Merlhiot1, L. Mondillon1, P. Bonin2, J-­‐L. Le Pennec3 & M. Mermillod4 1 Clermont Université, Université Blaise Pascal, & Lapsco — CNRS, umr 6024, Clermont-­‐
Ferrand, France 2 Université de Bourgogne, Lead — CNRS, UMR 5022, Dijon, France et Institut Universitaire de France 3 Pres Clermont, Université Blaise Pascal, LMV, UMR 6524 CNRS et IRD-­‐R163, Clermont-­‐
Ferrand, France 4 LPNC (CNRS-­‐UMR 5105), Université Grenoble Alpes et Institut Universitaire de France Introduction En cas de catastrophes naturelles, il est important que les individus puissent avoir les meilleures perceptions des risques et prises de décision. Celles-­‐ci dépendent de nombreux facteurs, les émotions ressenties (1), la certitude liée à l’évaluation cognitive (2,3), la formulation (gain/perte) des choix possibles (4,5) ou l’idée de mort (6). Nous avons étudié l’effet de la certitude envers l’idée de mort, lors de la perception et de la prise de risque qui devrait impliquer un traitement systématique de l’information et davantage de prise de risque. Méthode Participants : 107 étudiants (92 femmes ; 15 hommes), âgés de 18 à 41 ans (M = 19.92 ± 2.6), de 1ère et 2ème année de psychologie de l’Université Blaise Pascal. L’étude comprenait les questionnaires et tâches suivantes, dans l’ordre de passation : le questionnaire IPC (LOC) ; les 5 types d’inductions (i.e., certitude ou incertitude de mourir ou d’une douleur dentaire, neutre) et l’enregistrement audio de la consigne ; le PANAS (émotions) ; une tâche de prise de risque avec les choix formulés en gain ou en perte ; une tâche de perception des risques pour soi ; une tâche d’association libre à partir d’une image ambiguë potentiellement associée au concept de mort. Résultats Idée de mort (tâche d’association libre) : L’ANOVA a montré un effet des conditions, F(4, 102)=4.97, p=.001. Seuls les participants induits par l’incertitude de mourir ont reporté plus de mots liés à la mort. Prise de risque : L’ANOVA en mesure répétée 2 (gain/perte) X 5 (conditions) a montré un effet de la formulation, F(1, 87)=12.6, p=.001. Les items formulés en termes de gain donnaient des choix plus sûrs que ceux formulés en termes de perte. Cet effet se retrouvait pour les 3 conditions (neutre, incertitude ou certitude d’une douleur dentaire) et n’était pas 128 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie présent pour les 2 conditions liées à la mort. Pour ces deux dernières, la certitude engendrait une plus grande prise de risque Perception des risques : Le score de LOC expliquait les différences obtenues ; plus le LOC est interne plus le participant a une perception optimiste des risques ; R²=.156, F(1, 106)=19.44, p<.001. Discussion Seule l’incertitude de mourir rend saillante l’idée de mort. Pour la prise de risque, l’absence de « framing effect » (4) pour les sujets induits en idée de mort suggère un traitement de l’information davantage systématique (5). Les sujets induits en certitude de mourir prenaient plus de risque que les sujets induits en incertitude de mourir. Ces résultats s’accordent avec l’effet de la certitude sur les prises de décision (1,2). La perception des risques est uniquement expliquée par le LOC des sujets. Ce résultat, cohérent avec la littérature (6), nécessite d’être vérifié pour une tâche de perception plus écologique. Ce travail ouvre des perspectives afin d’améliorer la prise de décisions lors d’événements catastrophiques via des communications auprès de populations cibles. Bibliographie (1) Lerner, J. S., & Keltner, D. (2001). Fear, anger, and risk. Journal of Personality and Social Psychology, 81(1), 146 159. (2) Tiedens, L. Z., & Linton, S. (2001). Judgment under emotional certainty and uncertainty: The effects of specific emotions on information processing. Journal of personality and social psychology, 81(6), 973-­‐988. (3) Bollon, T., & Bagneux, V. (2013). Can the uncertainty appraisal associated with emotion cancel the effect of the hunch period in the Iowa Gambling Task? Cognition & Emotion, 27(2), 376 384. (4) Tversky, A., & Kahneman, D. (1981). The framing of decisions and the psychology of choice. Science, 211, 453–458. (5) Cassotti, M., Habib, M., Poirel, N., Aïte, A., Houdé, O., & Moutier, S. (2012). Positive emotional context eliminates the framing effect in decision-­‐making. Emotion, 12(5), 926 931. (6) Miller, R. L., & Mulligan, R. D. (2002). Terror management: the effects of mortality salience and locus of control on risk-­‐taking behaviors. Personality and Individual Differences, 33(7), 1203 1214. Session thématique : Psychologie judiciaire Audition de témoins oculaires : analyse des pratiques professionnelles -­‐ C. Launay1, J. Py1, M. Brunel1, & S. Demarchi2 1 CCLE-­‐LTC, Université Toulouse 2 2 LAPPS, Université Paris 8 Résumé Afin de rendre compte des pratiques professionnelles concernant l’audition de témoins, 42 simulations d’auditions réalisées par des policiers en formation ont été analysées. On observe que les policiers utilisent en moyenne plus de techniques délétères pour le souvenir que non délétères. Nous discuterons de l’intérêt d’appréhender ces pratiques de terrain pour adapter les méthodes de recueil du témoignage. Introduction Les techniques d’audition pour les témoins oculaires ont été créées sur la base des principes de fonctionnement de la mémoire et ont pour objectif le recueil d’un récit exhaustif et exact 129 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie (e.g., l’entretien cognitif, Geiselman et al., 1984). Ces techniques doivent aussi s’adapter aux pratiques des professionnels de la justice pour être utilisées sur le terrain (Brunel & Py, sous presse ; Kebbell & Wagstaff, 1997). Si nombre d’études ont porté sur l’analyse des auditions des enfants telles que pratiquées par la police, peu d’études ont porté sur l’audition des adultes (Schreiber Compo, Hyman Gregory, & Fisher, 2012). L’objectif de cette étude est d’analyser les pratiques professionnelles de la police quant à l’audition de témoins adultes. Matériel et Procédure Nous avons analysé 42 simulations d’audition réalisées par des enquêteurs de police lors d’une formation aux techniques d’entretien pour les témoins et victimes. Les enquêteurs (15 femmes et 27 hommes), de grades différents, provenaient de plusieurs services de la Police Nationale (e.g., Brigade de Sûreté Urbaine, Brigade Criminelle). En début de formation, dans le cadre d’un jeu de rôle basé sur des films, les enquêteurs auditionnaient un témoin (i.e., un autre enquêteur) avec pour consigne de mener l’audition comme ils le feraient sur le terrain. Ces auditions filmées puis retranscrites, ont été analysées. Les analyses ont porté sur les types de question et autres techniques de recueil d’informations utilisés par les enquêteurs. Résultats et Discussion Les analyses montrent que les enquêteurs utilisent plus de techniques délétères pour le souvenir (e.g., questions fermées et dirigées, interruptions du discours) que de techniques non délétères (e.g., questions ouvertes et d’approfondissement). Ces résultats sont consistants avec les précédentes études (pour une revue, voir Oxburgh, Myklebust, & Grant, 2010). Outre les questions, d’autres stratégies ont été utilisées par les enquêteurs pour faire émerger des détails : demander un croquis de la scène, préciser au témoin que tous les détails sont importants mais aussi confronter le témoin à des informations déjà connues de l’enquête. Ces résultats seront discutés au regard de l’adaptation des techniques d’entretien judiciaire déjà existantes (e.g., l’entretien cognitif) aux pratiques de terrain. Références bibliographiques Brunel, M., & Py, J. (sous presse). Questioning the acceptability of the cognitive interview to improve its use. L’Année Psychologique. Geiselman, R. E., Fisher, R. P., Firstenberg, I., Hutton, L. A., Sullivan, S. J., Avetissian, I. V., & Prosk, A. L. (1984). Enhancement of eyewitness memory: an empirical evaluation of the cognitive interview. Journal of Police Science and Administration, 12(1), 74-­‐80. Kebbell, M. R., & Wagstaff, G. F. (1997). Why Do the Police Interview Eyewitnesses? Interview Objectives and the Evaluation of Eyewitness Performance. The Journal of Psychology, 131(6), 595 601. doi:10.1080/00223989709603841 Oxburgh, G. E., Myklebust, T., & Grant, T. (2010). The question of question types in police interviews: A review of the literature from a psychological and linguistic perspective. International Journal of Speech Language and the Law, 17(1), 45 66. Schreiber Compo, N., Hyman Gregory, A., & Fisher, R. (2012). Interviewing behaviors in police investigators: a field study of a current US sample. Psychology, Crime & Law, 18(4), 359 375. doi:10.1080/1068316X.2010.494604 Le quartier, comment « s’en sortir » ? -­‐ M. Braud CREN La question centrale de cette étude est de comprendre comment certains jeunes de banlieue, qui ont connu un épisode de délinquance voire d’incarcération, ont réussi à rebondir par une construction de savoirs transférables vers une insertion professionnelle de qualité. Cette recherche a porté sur les itinéraires hors du commun de quatre jeunes, devenus écrivains, homme d’affaire ou chercheur. 130 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Ces parcours atypiques font écho au phénomène de résilience développé par Boris Cyrulnik et Jean-­‐Pierre Pourtois. En effet, la résilience est un processus complexe et fragile, il désigne la capacité à se développer dans des conditions incroyablement adverses ; c’est la manière de reprendre un nouveau développement après un traumatisme psychologique, culturel ou social. Résilier est ainsi la capacité à réussir à vivre, de manière acceptable pour la société, en dépit d’un stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative. Via une méthodologie qualitative, j’ai tenté de mieux comprendre les stratégies qui ont abouti à ces spectaculaires redressements et notamment par le bais de récits d’expériences qui ont permis aux sujets une prise de distance réflexive. Pour analyser ces textes, je me suis armée notamment des schémas narratifs et actanciels qui m’ont permis d’analyser le rôle des personnes en jeu dans ces parcours ainsi que la structure des récits et donc des parcours. De plus, une analyse du système énonciatif ainsi qu’une analyse thématique ont abouti à relever des éléments communs à ces quatre parcours. Au cours de l’adolescence, on assiste à un premier basculement qui se traduit par la tombée dans la délinquance, ces jeunes ne se voient pas d’avenir possible à travers une insertion sociale ordinaire. On remarque la force de l’engrenage, de la spirale de la délinquance, la personne perd le contrôle des événements, elle n’est plus aux commandes de sa vie. Avec cette chute, la personne touche le fond et peur alors rebondir (résilience). Il apparaît ensuite un rebasculement dans le parcours de vie accompagné d’une adhésion à de nouvelles valeurs. Ces nouveaux codes accompagnent de nouveaux projets de vie à travers une nouvelle orientation existentielle couplée à un projet professionnel. Des tuteurs de résilience (soutien des mères, des enseignants), personnes ressources, personnes-­‐clés, ouvrent les portes de sortie du quartier et d’entrée dans l’autre monde en guidant la personne qui devra emprunter le chemin de la réinsertion. Deux mondes parallèles (la banlieue et la société ordinaire) sont mis en évidence avec une mise en tension entre ces deux univers qui revendiquent chacun ses valeurs et ses codes (vestimentaires, langagiers etc.). Pour développer un processus de résilience, ces personnes ont réalisé un transfert de compétences entre la délinquance et l’insertion professionnelle classique. Des aptitudes de discrétion, d’adaptation, d’organisation et de gestion ont notamment été développées au cours de leurs activités illicites qui vont être réinvesties, grâce à l’aide d’adjuvants, dans le monde professionnel ordinaire. Mots-­‐clés : banlieue, délinquance, résilience, savoirs, insertion professionnelle Avenel C. (2010). Sociologie des quartiers sensibles. Armand Colin. Bouteyre, E. (2008). La résilience scolaire de la maternelle à l’université. Paris : Belin. Cyrulnik, B. ; Pourtois J.P. (2007). Ecole et résilience. Odile Jacob. Pourtois J.P. ; Humbeeck B. ; Desmet H. (2012). Les ressources de la résilience. PUF. L’acceptabilité de l’entretien cognitif, première impression par des gendarmes -­‐ M. Brunel1, J. Py1, C. Launay1, M. Ginet2, F. Verkampt1 1 CCLE-­‐LTC, Université Toulouse 2 2 Université Blaise Pascal Introduction L’entretien cognitif (EC) est une technique d’audition des témoins et victimes qui permet d’obtenir des témoignages volumineux et exacts (Fisher, Geiselman, Raymond, & Jurkevich, 1987; pour une méta-­‐analyse récente voir Memon, Meissner, & Fraser, 2010). Les recherches menées sur l’EC ont toutes pour vocation de promouvoir son usage (Ginet & Py, 2001). A ce jour, l’utilisation de cette technique, par les professionnels de la justice, reste sommaire (Dando, Wilcock, & Milne, 2008). Nous avons choisi de questionner l’usage de l’EC en faisant référence au modèle d’acceptabilité des systèmes de Nielsen (1993). Pour Nielsen, 131 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie l’acceptabilité d’une technique renvoie à la fois à l’acceptabilité pratique, mais aussi à l’acceptabilité sociale. En introduction, nous verrons ainsi que malgré un nombre important de recherches réalisées jusqu’alors, les études se sont essentiellement focalisées sur la mise en avant de l’utilité théorique de l’EC et à notre connaissance aucune n’a porté directement sur son acceptabilité sociale (Brunel & Py, sous presse). Méthode Nous avons mené une enquête par entretiens semi-­‐directifs (viz., questions ouvertes), auprès de 15 gendarmes, visant à récolter des informations concernant la vision qu’ils ont du métier d’enquêteur, ainsi que du témoignage. Après leur avoir posé ces questions nous leur avons fait visionner la mise en œuvre d’un entretien cognitif puis nous leur avons demandé d’exprimer leurs impressions par rapport à ce type d’entretien. Cette étude a été réalisée juste après un entretien portant sur les pratiques d’audition auprès de jeunes témoins et victimes. Notons que ces deux parties de l’interview étaient distinctes et que la première partie relative à l’audition des mineurs ne sera pas traitée dans cette communication. Résultats et Discussion Une analyse thématique a été faite à partir des réponses, il en est ressorti une grille d'analyse comportant 7 catégories. Les catégories identifiées sont : évaluation général de l'entretien cognitif, évaluation de certains points de l’EC, problèmes de l’EC, référence à sa propre pratique, référence à la formation, adaptation de l’EC. Les résultats principaux montrent que les impressions relatives à l’entretien cognitif sont mixtes : trois enquêteurs ont donné clairement une évaluation négative, six ont donné une évaluation positive, quatre ont également donné une évaluation positive tout en disant que la méthode est inapplicable et deux n’ont pas donné d’avis. Par ailleurs, 11 enquêteurs sur 15 ont fait référence à leur propre pratique pour argumenter leur attitude. Les résultats de cette étude seront discutés à travers le concept d’acceptabilité. Références Brunel, M., & Py, J. (sous presse). Questioning the acceptability of the cognitive interview to improve its use. L’Année Psychologique. Dando, C., Wilcock, R., & Milne, R. (2008). The cognitive interview: Inexperienced police officers' perceptions of their witness/victim interviewing practices. Legal and Criminological Psychology, 13(1), 59 -­‐ 70. Fisher, R. P., Geiselman, R. E., Raymond, D. S., & Jurkevich, L. M. (1987). Enhancing enhanced eyewitness memory: Refining the cognitive interview. Journal of Police Science & Administration, 15(4), 291 -­‐ 297. Ginet, M., & Py, J. (2001). A technique for enhancing memory in eyewitness testimonies for use by police officers and judicial officials: the cognitive interview. Le Travail Humain(64), 173-­‐191. Memon, A., Meissner, C., & Fraser, J. (2010). The cognitive interview: a meta-­‐analytic review and study space analysis of the past 25 years. Psychology, Public Policy, and Law, 4(16), 340-­‐
372. Nielsen, J. (1993). Usability engineering. Boston: Academic Press. La médiation animale en milieu pénitentiaire: réflexion autour d'une pratique à définir -­‐ C-­‐E. Laguerre Ecole nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) Résumé : Depuis quelques années, l’animal est utilisé comme objet médiateur auprès des personnes incarcérées. L’un des buts visés par ce dispositif est l’amélioration de la santé psychologique de la personne incarcérée. L’objectif de cette présentation est de questionner 132 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie cette pratique en proposant une problématique de recherche liée à la théorie de l’attachement. Introduction : Aux Etats-­‐Unis, les maisons de correction utilisent depuis plusieurs années, les animaux comme objets thérapeutiques ou de réhabilitation (Furst, 2006). Pourtant, rares sont les recherches évaluant les bénéfices de ces programmes sur les personnes incarcérées. Le but de cette communication est de se questionner sur une pratique dont les contours sont difficilement clairs et précis. Problématique : Dans ces programmes en prison, le clinicien y est absent ; les dispositifs étant assurés généralement par des intervenants spécialisés au monde animal. Il est alors difficile d’apprécier les effets de ces programmes sur la santé mentale des détenus. L’animal qui n’affiche pas de posture de jugement n’est-­‐il pas un médiateur idéal dans la reconstruction psychologique (confiance en les autres sous-­‐
tendue par un attachement secure) des personnes incarcérées notamment lorsque l’on sait que les styles d’attachement secure chez les personnes incarcérées souffrant de troubles mentaux sont extrêmement sous représentés comparé aux individus de la population générale (Frodi, Dernevik, Sepa, Philipson & Brahesjö, 2001) ? Présentation du dispositif : La Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP) Est a sollicité l’Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire (ENAP) afin d’évaluer le programme de médiation animale. Développé à la Maison d’arrêt (MA) de Strasbourg depuis septembre 2008, ce programme permettrait aux personnes détenues d’engager un travail personnel au travers de deux processus clés : la responsabilité vis-­‐à-­‐vis de l’animal et la confiance. Cette action permettrait également dans certains cas, de déclencher chez les détenues présentant des problématiques telles que l’angoisse, les troubles d’addiction, les troubles du comportement, une motivation à solliciter quelques services médico-­‐psychologiques spécialisés. Le programme comprend actuellement trois volets : le travail en groupe (4 à 5 détenus) où sont abordées nombreuses thématiques (ex. addictions, violence, respect, sexualité, etc.) ; le travail personnalisé où chaque détenu, dit « référent », a à sa charge un animal ; et le travail en face à face effectué en séances individuelles. A la MA de Strasbourg, le programme, quelque soit sa forme, est assurée par un professionnel de l’association Evi’dence. Nous proposons une recherche analysant les répercussions d’un tel programme sur la santé psychologique et le bien-­‐être des personnes détenues en évaluant entre autre, les troubles de l’attachement, du comportement et d’addiction. Il s’agit d’une étude comparative de type cas/témoins (les cas étant les détenus qui suivent la médiation animale et les témoins ceux qui ne la suivent pas) se déroulant en trois temps (au début de la médiation animale et deux fois tous les 2 mois suivants). Discussion : A ce jour, peu d’études ont travaillé sur le cadre thérapeutique de la médiation animale en milieu pénitentiaire mais elles ont montré des résultats comportementaux et psychosociaux positifs chez les détenus (Fournier, Geller, Fortney, 2007). Nous serons donc amener à réfléchir sur les effets potentiels que peuvent avoir les programmes incluant des animaux sur l’état psycho-­‐émotionnel et social des personnes incarcérées. Quels enjeux et quelles conséquences ? Références Fournier, A.K., Geller, E.S., Fortney, E.V. (2007). Human-­‐Animal Interaction in a prison setting: Impact on criminal behaviour, treatment progress, and social skills. Behavior and Social Issues, 16, 89-­‐105. Frodi, A., Dernevik, M., Sepa, A., Philipson, J., & Bragesjö, M. (2001). Current attachment representations of incarcerated offenders varying in degree of psychopathy. Attachment & Human Development, 3, 269-­‐283. Furst, G. (2006). Prison-­‐based animal programs: A national survey. The Prison Journal, 86, 407-­‐430. Le témoignage judiciaire : responsabilité énonciative et polyvocalité -­‐ M. Batt1, A. Trognon1, M. Coutelour1, J-­‐P. Vauthier2 1 INTERPSY-­‐PSI-­‐EA4432, Université de Lorraine 2 Institut F. Geny-­‐Inscrimed-­‐EA7301, Université de Lorraine 133 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie INTRODUCTION Le témoignage judiciaire verbal est au centre du procès, et y joue un rôle essentiel, bien que la subjectivité du témoin par l’intermédiaire de la parole soit bien établie. L’entretien d’expertise psychologique est une situation interlocutoire planifiée qui vise à répondre à l’ordonnance d’une autorité de justice. Une des missions de l’expert judiciaire est le recueil d'éléments susceptibles de participer à la manifestation de la vérité. L’originalité de cette recherche exploratoire interdisciplinaire tient à la confrontation des analyses qui visent à établir les propriétés de l’entretien d’expertise pénale en tant que jeu de langage spécifique dans l’interdiscours judiciaire. OBJECTIF L’objectif principal de cette recherche est d’étudier le témoignage verbal que les plaignant(e)s-­‐victimes d’agression sexuelle délivrent au cours de l’entretien d’expertise psychologique judiciaire. METHODE Le témoignage est abordé comme un jeu de langage spécifique dont les aspects pragmatiques et psychosociolinguistiques sont décrits. -­‐ 30 témoignages de victimes d’agressions sexuelles recueillis dans le cadre d’expertise psycholégale ; -­‐ Une analyse manuelle des discours met en évidence les représentations individuelles par les sujets des faits dont ils se plaignent ; -­‐ Deux analyses automatiques (logiciel Alceste) mettent en évidence les caractéristiques sémantiques des informations rappelées et modélisent les interactions entre le sujet-­‐témoin et l’expert (logiciel NVivo9). RESULTATS La présentation de 3 exemples de témoignage illustrera les analyses de 16 entretiens-­‐tests choisis au hasard. Nous observons un « dialogisme » massif dont la constante est le caractère polyphonique : est mis en scène un dialogisme baktinien, où la parole du témoin se forme au sein d’un champ social clos, formé d’une communauté d’interlocuteurs qui commentent l’agression, et s’en inspirent pour la reconstruire. La voix d’autrui circule et pénètre le témoignage du sujet dans un dialogisme passif ou s’entremêlent des récits rapportés, de façon si flagrante que l’expert est amené à rompre cette forme d’« assimilation » et à faire surgir dans le discours du locuteur la parole des énonciateurs qui y sont « enfouis ». Sur une majorité de témoignages, la place importante de la modalisation déontique dans le discours du Tiers renforce l’impression globale de forte responsabilité énonciative des énonciateurs absents, mais très présents dans le témoignage de la victime. Ces instances énonciatives incarnées, multiples et variables, font apparaître des faits amalgamés dans un même récit, duquel émerge la description de plusieurs niveaux d’états psychologiques. BIBLIOGRAPHIE Batt, M., & Trognon, A. (2010). De quelles méthodes logiques avons-­‐nous besoin pour soutenir le projet d’une logique naturelle de l’usage du langage en interaction ? In C. Hudelot (Ed.), Sciences du langage et demandes sociales (pp. 31-­‐53). Limoges : Editions Lambert-­‐
Lucas. Batt, M., Trognon, A., & Vernant, D. (2004). Quand l’argument effleure la conviction. Psychologie de l’interaction, 17-­‐18, 167-­‐218. Carel, M., & Ducrot, O. (2009). Mise au point sur la polyphonie. Langue Française, 164(4), 33-­‐
43. Coutanceau, R. & Smith, J. (2010). La violence sexuelle. Paris : Dunod. Ducrot, O. (1984). Le dire et le dit. Paris : Editions de Minuit. 134 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Grossen, M. (2010). Interaction Analysis and Psychology: A dialogical perspective. Integrative Psychological and Behavioral Science 44(1), 1-­‐22. Le Floch, V. & Villejoubert, G. (2013). Il y a sans doute …In S. Abdellaoui (Ed.) L’expertise psycholégale, p. 107-­‐117. Paris : L’Harmattan. Loftus, E.-­‐F., Loftus, G.-­‐R., & Messo, J. (1987). Some facts about weapon focus. Law and Human Behavior, 11, 55-­‐62. Zhu, B., Chen, C., Loftus, E.,... & Dong, Q. (2012) Brief exposure to misinformation can lead to long-­‐term false memories, Applied Cognitive Psychology, 26, 301-­‐307. Session thématique : Ergonomie cognitive Validation d’une taxonomie des concepts liés à l’utilisabilité par la méthode du tri de cartes-­‐ A. Roche, V. Lespinet-­‐Najib, & J-­‐M. Andre Laboratoire IMS -­‐ UMR 5218 Introduction Le développement des nouvelles technologies a entrainé un intérêt pour la conception centrée utilisateur. Un des concept clé est celui d’utilisabilité, défini comme «le degré selon lequel un produit peut être utilisé, par des utilisateurs identifiés, pour atteindre des buts définis avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte d’utilisation spécifié» [1]. Les notions d’apprenabilité et mémorisation y sont aussi associées [2]. Il existe de nombreuses méthodes de conception et d’évaluation de l’utilisabilité d’une IMH. Il reste en revanche difficile d’appréhender les concepts relatifs à leur mise en place (mesures, etc.). Une première étape de notre travail a consisté à interviewer des experts en utilisabilité et proposer une taxonomie des éléments liés à l’utilisabilité sous forme de carte conceptuelle. Elle repose sur 6 catégories : méthode, support, mesure, contexte, participant, type de participation. Nous proposons aujourd’hui d’utiliser la méthode du tri de cartes pour valider cette taxonomie. Matériel et méthode Le tri de cartes permet de catégoriser et hiérarchiser des informations [3]. 2 approches sont utilisées ici: 1.Tri de cartes ouvert: 37 cartes sont proposées au participant, il doit les grouper et nommer les groupes constitués. Les cartes reprennent les principales méthodes (persona,…), mesures (performance,...), contextes (naturel,...), participants et type de participation. Cette technique permet d’identifier des noms de groupes possibles et offrir une grande liberté de classement aux utilisateurs permettant de mieux appréhender leur logique. 2.Tri de cartes fermé: les 6 catégories définies par les experts sont présentées au participant, il doit y classer les 37 cartes. Cette technique permet de guider les utilisateurs et évaluer la pertinence des catégories prédéfinies. Néanmoins, le classement des participants étant conditionné, il est plus difficile d’appréhender la logique de classement. La durée moyenne de passation est de 45 min pour un tri de carte fermé, 1h pour un tri de cartes ouvert. Les participants sont des professionnels ou étudiants sensibilisés aux problématiques d’utilisabilité. 10 ont effectué le tri de cartes ouvert, 10 le tri de cartes fermé. Résultats Les données du tri de carte ouvert ont été analysées via une matrice de cooccurrence permettant d’identifier les fréquences d’association des cartes entre elles. 3 principaux groupes ont été mis en évidence : 1) les méthodes, 2) les mesures et 3) l’environnement. 135 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les données du tri de cartes fermé ont été analysées par une matrice de taux de propagation des cartes dans les groupes, permettant de distinguer les cartes qui sont associées à des catégories précises de celles qui ne le sont pas. 2 cartes sur 3 ont été classées dans les catégories telles que définies par les experts. Sur les 6 catégories proposées, 2 catégories (contexte, participants) n’ont pas été utilisées. Discussion La taxonomie des experts repose sur 6 catégories distinctes selon si l’accès aux utilisateurs finaux est possible. Les résultats du tri de carte fermé sont concordants avec cette classification, exceptées les 2 catégories non utilisées. On peut se poser la question de leur pertinence ou compréhension. Concernant les résultats du tri de carte ouvert, la distinction avec/sans utilisateurs finaux n’est pas très marquée. La description de l’environnement est moins précise que dans la taxonomie des experts, ce qui rejoint la non utilisation des 2 catégories du tri de carte fermé. On retrouve les mêmes éléments avec une forte dispersion dans les 2 tris de cartes, ce qui indique la difficulté de classement de ces éléments quelque soit la modalité du tri de cartes. Bibliographie 1.International Organization for Standardization ISO 9241-­‐210, Ergonomie de l'interaction homme-­‐système, Partie 210: Conception centrée sur l'opérateur humain pour les systèmes interactifs, 2010 2.Brangier E. & Barcenilla J, Concevoir un produit facile à utiliser, 2003 3.Barrère G. & Mazzone E. Card Sorting, ed. Eyrolles, 2012 4.Boucher A. Ergonomie Web, Ed. Eyrolles, 2011 Proximité et conflit dans les échanges entre adolescents dans les forums internet -­‐ N. Gauducheau1, H. Atifi1, M. Marcoccia1, M. Arguet2, & V. Laval3 1 Université de technologie de Troyes 2 Université de Caen Basse-­‐Normandie 3 Université de Poitiers Internet joue un rôle important dans les relations entre adolescents. Les échanges avec les pairs semblent facilités : désinhibition pour les plus timides, opportunité de créer de nouvelles relations (Subrahmanyam et Greenfield, 2008). En même temps, selon certaines études, internet n’est pas un dispositif approprié pour développer des relations satisfaisantes : phénomène de cyber-­‐harcèlement, amitiés en ligne de moins bonne qualité (Kwan et Skoric, 2013). Il est donc important de comprendre le type de relation que les adolescents construisent sur internet. C’est l’objectif de cette étude, qui est focalisée sur deux dimensions : la proximité (la relation est-­‐elle marquée par la familiarité, l’intimité ou la distance ?) et le conflit (les échanges sont-­‐ils conflictuels, impolis ou, au contraire, polis et coopératifs ?). Nous avons réalisé une analyse de corpus de 600 messages postés dans le forum « naturel » Ados.fr (prélevés le 12 mai 2009). Ce forum est dédié aux adolescents (sans précision sur l’âge). Les thèmes traités sont liés à la culture adolescente : people, musique, étude, beauté, mode, sport, etc. Le caractère proche (vs. distant) des échanges est identifié grâce aux indicateurs suivants : les termes d’adresse (familiers ou non), le contenu des propos (intime vs. impersonnel) et l’expression des émotions. Le caractère conflictuel (vs. coopératif) des échanges est identifié en le limitant à la question de la politesse, en repérant les actes de langage les plus menaçants et anti-­‐menaçants (c’est-­‐à-­‐dire polis et impolis dans la théorie de Brown et Levinson, 1978) : les injures/qualifications péjoratives (vs. compliments). Les résultats montrent que la relation construite dans le forum est plutôt marquée par la proximité, voire l’intimité : la plupart des sujets de discussion sont intimes (comme la pilule, les relations amoureuses), il y a expression des émotions (43% des messages comportent un procédé expressif, par exemple des smileys de joie). En revanche, l’adressage des messages instaure une relation « impersonnelle ». De manière inattendue, 136 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie les pseudonymes et les prénoms sont peu présents (2% des messages) : l’adressage collectif ou l’absence d’adressage est privilégié. Enfin, les relations sont plutôt conflictuelles, avec la présence d’insultes parfois très dures (12,5% des messages comportent une insulte et 6% un compliment). Il est intéressant de noter que cette dimension conflictuelle est parfois liée à l’instauration de relations inégalitaires contestées. En fait, certains aspects des échanges dans le forum, comme l’intimité (Bukowski et al., 1996), sont simplement représentatifs des relations entre adolescents. En revanche, le dispositif semble jouer un rôle sur la dimension conflictuelle des relations. Il semble que le conflit entre pairs soit plus important dans le forum que dans les échanges en face à face. L’anonymat (ou pseudonymat) pourrait rendre les participants moins sensibles aux normes sociales et au jugement d’autrui (Caplan et Turner, 2007). Cette hypothèse est à examiner avec prudence. La théorie SIDE (Spears, Lea, et Postmes, 2007) montre que l’anonymat peut favoriser l’identité de groupe et ainsi le respect des normes sociales. De plus, les internautes peuvent avoir un usage stratégique des spécificités du dispositif (anonymat, isolement…). Brown, P., Levinson, S.C. (1978), Politeness: Some Universals in Language Usage, vol. 4 of Studies in Interactional Sociolinguistics. Cambridge, Cambridge University Press. Caplan, S. et Turner, J. (2007). Bringing theory to research on computer-­‐mediated comforting communication, Computers in Human Behavior, vol. 23, n° 2, p. 985-­‐998. Kwan, G.C. E. & Skoric, M. (2013). Facebook bullying: An extension of battles in school, Computer in Human Behavior, 29 (1), 16-­‐25. Spears, R., Lea, M., & Postmes, T. (2007). Computer-­‐mediated communication and social identity. In Joinson, A., McKenna, K., Postmes, T. & Reips, U.-­‐D. (eds.) The Oxford Handbook of Internet Psychology (pp.253-­‐269), New York , Oxforf University Press. Subrahmanyam, K., Greenfield, P. (2008). Online Communication and Adolescent Relationships, The Future of Children, 18(1), 119-­‐146 Effet de l'outil informatique sur la performance de pointage de l'enfant et de l'adolescent -­‐ C. Kudlinski1, M. Molina1, F. Jouen2 1 Palm 2 Chart Une séquence développementale qui rend compte du développement des capacités de pointage a été proposée par Hay (Hay, 1978). Cette séquence développementale fait état de l'usage d'une stratégie balistique sans utilisation des réafférences sensorielles à l'âge de 5 ans. A 7ans, le rétrocontrôle sensoriel est principalement utilisé. L'intégration des informations proprioceptives n'apparait que vers 8 ans. Les études menées dans des environnements 3D montrent qu'à 10 ans, l'enfant est capable comme l'adulte de passer d'une stratégie prédictive de type "Feedforward" à une stratégie de type "Feedback". Dans les environnements 2D, il a été mis en évidence qu'à 10 ans, des différences subsistent en comparaison avec les adultes (Smits-­‐Engelsman, 2012). La question est ici de savoir dans quelle mesure la séquence proposée par Hay reste observable lors d’un mouvement réalisé dans un espace différent de celui du contrôle visuel (par exemple, l’utilisation d’une souris informatique). Il est également question de savoir si des raffinements dans le contrôle moteur continuent d’intervenir dans l’adolescence. 3 groupes de 108 participants (pour chaque groupe, 54 garçons et 54 filles âgés de 6, 8, 10, 12, 14 ans et des adultes) répartis dans trois conditions expérimentales. Une tâche de pointage réciproque a été développée sur ordinateur. Chaque groupe a passé une des trois conditions : Dans la 1ère condition, les sujets devaient réaliser la tâche sur un ordinateur portable avec une souris. Dans la 2nde condition, les sujets devaient réaliser la tâche sur une tablette PC avec une souris. Dans la 3ème condition, les sujets utilisaient un stylet sur la tablette PC. Deux barres verticales parallèles de couleurs différentes apparaissaient à l’écran de façon symétrique. Le participant devait pointer et cliquer le plus rapidement et précisément possible sur le centre de la cible bleue. A chaque clic, la position droite-­‐gauche des barres s’inversait. Chaque sujet réalisait 100 clics successifs. Pour chaque clic, le point de départ de la souris était déterminé par la position de la barre jaune qui varie à chaque 137 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie changement de combinaison largeur-­‐distance. 20 combinaisons ont été utilisé (4 distances et 5 largeurs). Pour chaque combinaison, 3 essais successifs étaient enregistrés. Dans les trois tâches, des effets principaux de l'âge ont été révélés et indiquent une amélioration des performances de pointage avec l'âge. A 10 ans, on continue d'observer des différences significatives avec les adultes. Cela confirme qu'à l’adolescence, des raffinements continuent d'avoir lieu dans les stratégies de contrôle moteur (Smits-­‐Engelsman, 2012). Conformément à loi de Fitts, on observe une augmentation du temps de mouvement avec l'augmentation de la distance à la cible et avec la diminution de la largeur des cibles. La comparaison des deux tâches réalisées à la souris (tablette PC et PC portable) ne révèle pas de différence significative: L'inclinaison de l’écran sur lequel est réalisée la tâche n'influence pas la performance. En revanche la comparaison des deux tâches réalisées sur la tablette PC (avec la souris et avec le stylet) révèle un effet significatif sur le temps de mouvement en faveur de l'utilisation du stylet. Les analyses post-­‐hoc révèlent que c'est chez les enfants les plus jeunes que cette différence est mise en évidence. La dissociation de l'espace de pointage avec l'espace où a lieu le contrôle visuel a un impact sur la performance de pointage, surtout chez les sujets qui n'utilisent pas les informations proprioceptives, soit avant 8 ans. L'ensemble de nos résultats est interprété dans le cadre général des modèles internes de l'action proposés par Wolpert & Kawato (1998). Hay, L. (1978). Accuracy of children on an open-­‐loop pointing task. Perceptual Motor Skills 47, 1079-­‐1082. Smits-­‐Engelsman, B. C. M., & Wilson, P. H. Age-­‐Related changes in motor imagery from early childhood to adulthood: Probing the internal representation of speed-­‐accuracy trade-­‐offs. Human Movement Science (2012). Wolpert, D. M., Kawato, M (1998) Multiple paired forward and inverse models for motor control. Neural Networks 11, 1317 -­‐ 1329. L'accessibilité web en 2012 en france: enquête sur les pratiques et les usages des professionnels du web -­‐ V. Lespinet-­‐Najib1, N. Pinède2, C. Bélio3, F. Demontoux4, & V. Liquete1 1 Laboratoire IMS -­‐ Bordeaux 2 MICA -­‐ EA 4426 Bordeaux 3 CHU Bordeaux 4 IUT Bordeaux 1 Introduction L’accessibilité web est défini par le W3C (World Wide Web Consortium) : « mettre le web et ses services à la disposition de tous les individus, quels que soient leur matériel ou logiciel, leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation géographique et leurs aptitudes physiques ». Il existe des normes, internationales le WCAG [1] et, nationales le RGAA en France [2], qui décrivent les règles permettant de rendre un site accessible. Malgré l’existence de ces normes, peu de sites internet sont accessibles [3]. Or, il a été montré que l'accessibilité d’un site est un levier puissant qui peut non seulement faciliter l'accès au savoir et à la vie des personnes en situation de handicap, mais aussi améliorer la qualité globale des sites en termes de portabilité des sites, de référencement ou d’ergonomie [4 ; 5]. Réduire l'accessibilité à une dimension « coercitive» et légale serait donc une erreur. Malheureusement, les développeurs de site se considèrent comme très peu concernés par ces enjeux [6]. Les idées fausses sur l'accessibilité du Web sont fréquentes : concerne uniquement les personnes non-­‐voyantes, pauvreté graphique, mise en œuvre difficile et coûteuse, etc. La représentation plutôt négative et stéréotypée de l’accessibilité que se font les spécialistes du web entraîne un manque d’intérêt pour cette question [5 ; 6]. 138 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie C’est dans ce contexte qu’il nous a semblé pertinent d’évaluer la réalité des pratiques professionnelles des acteurs du web autour de la question de l’accessibilité web et ceci à travers la réalisation d’une enquête. Méthodologie Un questionnaire en ligne a été réalisé en 2012 et s’adressait à l’ensemble de la communauté du web. Il comprenait quatre parties : représentation et positionnement des acteurs face à des idées reçues sur l’accessibilité web [6], connaissance sur l’accessibilité web, usages de l’application des normes d’accessibilité dans leurs projets web, profil des répondants. Résultats 189 répondants dont 62% d’hommes et 38 % de femmes, âge moyen 35 ans. Les postes des répondants sont: ergonome (17%), intégrateur/développeur (15%), chef de projet web (10%), ingénieur cogniticien (9%), consultant (8%), webmaster (8%), etc. Les principaux résultats montrent que la représentation de l’accessibilité web se concentre autour de 2 points : question du handicap et normes et législation. Deux idées reçues persistent : pauvreté graphique et surcoût financier. 1 professionnel sur 3 ne connaît ni le RGAA ni le WCAG. 64 % des répondants ont été formés aux normes d’accessibilité dans le cadre de l’autodidactie (livre, forum, web, etc.) puis par la formation privée payante et enfin au cours de leur formation académique. 76% des professionnels ont été confrontés à la question de l’accessibilité dans leur pratique. Pour ceux n’ayant jamais été confrontés à l’accessibilité dans leurs pratiques, les raisons évoquées sont: surcoût financier, désintérêt de la part des clients, importance du design du site et méconnaissances des normes d’accessibilité. Discussion Nos résultats seront discutés essentiellement à travers la question des freins qui perdurent en 2012 (idées fausses, méconnaissances, problème de formation, etc.) pour réfléchir aux leviers à mettre en place pour favoriser l’appropriation systématique des normes d’accessibilité web dans les pratiques professionnelles des acteurs du web. Bibliographie 1. WCAG: http://www.w3.org/TR/WCAG20.
2. RGAA: http://references.modernisation.gouv.fr/rgaa-­‐acessibilite
3. Web accessibility in European countries. Rapport de European Union, 2009.
4. Afchain A. & J. Lanceraux L. Créer des sites accessibles à tous. Ed. Neret, 2003.
5. Van Lancker L., Accessibilité des sites web, mise en œuvre des directives WCAG 1.0. Ed ENI, 2008.
6. Lazar J., Dudley-­‐Sponaugle A., & Greenidge KD. Improving web accessibility. Computer in human Behavior, 20, 2004, 269-­‐288.
Session thématique : Psychologie de la Santé Gestion de la performance par suggestions hypnotiques chez les golfeurs amateurs-­‐ N. Cazenave1 & A. Untas2 1 Université de Toulouse 2 -­‐ Octogone-­‐CERPP (Centre d'Etudes et de Recherches en Psychopathologie) 2 Université Paris Descartes, Sorbonne -­‐ Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé 139 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Introduction : Le golf est un sport qui demande de maîtriser, en plus des gestes techniques, ses états de concentration et de relâchement. Le développement d’habiletés mentales spécifiques en vue de l’optimisation des performances sportives demande un investissement important de la part du sportif. Cependant, l’hypnose autorise une approche basée sur la détente et la réappropriation de ses ressources, elle vient en complément à d'autres tecnhiques : relaxation et mindfulness. Le premier intérêt de l’hypnose concernant la pratique sportive est de faciliter l’entrée dans un état de relaxation. La sensation la plus fréquemment rapportée par les sportifs sortant de la transe est le bien-­‐être et le relâchement (Newmark & Bogacki, 2005). De plus, « l’hypnose vise essentiellement à optimiser chez le sujet ses différentes ressources psychiques et comportementales facilitatrices de la performance et par conséquent, à optimiser la performance sportive elle-­‐même. » (Missoum, 2007). L’hypnose est aujourd’hui caractérisée par l’emploi de suggestions indirectes, par une communication inconsciente et une synchronisation avec le patient (respiration, langage…). Elle nous permettra d’agir sur différentes modalités : 1-­‐ Induction d’une hyperfocalisation 2-­‐ Effets bénéfiques sur les tensions internes Objectif était donc d’étudier l'impact de l’hypnose sur l'amélioration des capacités de performance des joueurs de golf amateurs, en travaillant essentiellement par des suggestions hypnotiques ciblant la concentration et le relâchement. Méthode : Une population de 28 golfeurs amateurs (15 hommes et 13 femmes) a été recrutée. La moyenne d’âge était de 34,2 ans avec une étendue allant de 24 à 46 ans. Nous avons constitué aléatoirement 2 groupes : un groupe d’étude à qui nous avons proposé une séance d’hypnose ; et un groupe contrôle qui n’a pas bénéficié de l’hypnose et s’est entrainé « normalement ». Nous avons mesuré chez eux la performance en s’intéressant tout particulièrement au nombre total de coups (avec et sans hypnose) sur un parcours de 9 trous (par 36), ainsi qu’à un comptage spécifique du nombre de putts. Les données ont été analysées avec des tests t de student. Résultats : Les joueurs ont tous augmenté leur performance (l’ordre avec et sans hypnose avait été contrôlé). Mais seules les performances sur green (putts) sont statistiquement significatives. Discussion : Les champs d’application de l’hypnose dans la préparation mentale du sportif sont nombreux (Cazenave, 2012) et le gain est potentiellement important. L’ensemble des études, bien que peu nombreuses, s’accordent sur son intérêt en termes d’optimisation des performances et de rétablissement après l’effort. Quelle que soit l’activité physique pratiquée, l’athlète pourra travailler des habiletés de base comme la fixation des buts, la confiance en soi…, des habiletés psychosomatiques telles que la gestion du stress et des émotions, la relaxation…, et des habiletés cognitives : concentration, imagerie… En effet, les caractéristiques de l’hypnose comme l’hyper-­‐focalisation ou l’augmentation de la sensibilité aux suggestions permettent d’avoir un impact majeur sur le développement d’habiletés mentales dans cette dynamique de recherche de performance. Cependant de plus amples recherches s’avèrent nécessaires pour mesurer, au travers d’une méthodologie qualitative, l’impact de l’hypnose sur les performances mais aussi pour spécifier par quels biais agit l'hypnose. Références bibliographiques : Cazenave, N. (2012). L’utilisation de l’hypnose dans la recherche de performance sportive. In : Décamps, G. (Ed.) Psychologie du sport et de la Performance (à paraître). Editions De Boeck. 140 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Missoum, G. (2007). A la poursuite de l’excellence sportive. L’apport de l’hypnose au sport de haut niveau. Hypnose et Thérapies Brèves, HS1, 42-­‐48. Newmark, T. S. & Bogacki, D. F. (2005). The use of relaxation, hypnosis, and imagery in sport psychiatry. Clinics in Sports Medicine, 24, 973-­‐977. Pratiques de consommation d'alcool et alcoolisme au regard des représentations sociales-­‐ E. Taschini, I. Urdapilleta, J-­‐F. Verlhiac Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale, LAPPS, EA 4386, Universités de Paris 8 & Paris 10 De nombreux auteurs ont montré que l'étude des représentations sociales dans le champ appliqué de la psychologie de la santé contribuait à expliquer le risque et les comportements à risque (Apostolidis, & Dany, 2012) et permettait de penser par exemple des démarches de prévention adaptées (Dany, & Apostolidis, 2002). Selon Beck, De Peretti et Legleye (2006), la perception sociale de la consommation d'alcool est significativement différente selon qu'elle concerne un homme ou une femme. Notre recherche vise à étudier l’influence des pratiques de consommation d'alcool à risque sur les représentations sociales de l'alcoolisme et des alcoolismes de genre (i.e., alcoolisme féminin et masculin). Quatre cent trente six personnes réparties en 5 classes d'âge (18-­‐24, 25-­‐34, 35-­‐44, 45-­‐54 et 55-­‐64) ont réalisé une tâche d’association libre avec évocation hiérarchisée associée à une évaluation de l'orientation attitudinale ; à une échelle d'optimisme comparatif portant sur trois événements négatifs liés à la consommation d'alcool; et à une évaluation des pratiques de consommation d'alcool. L'analyse prototypique (Abric 2003) montre que l'alcoolisme est significativement associé à la dimension de maladie (maladie, problèmes de santé) ainsi qu'au danger. L'alcoolisme masculin est associé à l'abus d'alcool (abus, beuverie, ivrognerie, être bourré) alors que l'alcoolisme féminin est associé au mal-­‐être (mal-­‐être, désespoir, détresse). Toutefois, ces trois formes d'alcoolisme sont perçues comme négatives quel que soit l'âge, le genre ou les pratiques des participants. Les résultats de l'analyse factorielle des correspondances (AFC, Deschamps, 2003) opposent les consommateurs "à risque" et les consommateurs dit "non problématiques". Le premier groupe associe plutôt les différentes formes d'alcoolisme à l'excès d'alcool et le second groupe aux pratiques "non problématiques" l'associant plutôt aux différents risques encourus par les consommations d'alcool. L'AFC met en évidence l'opposition des plus jeunes (18-­‐24 ans), qui associent l'alcoolisme à l'espace festif, au reste de la population étudiée. Les analyses de médiation (Baron & Kenny, 1986) montrent que moins on est optimiste quant aux différents événements négatifs liés à l'alcool, plus les pratiques de consommation d'alcool sont problématiques et plus les éléments associés aux champs représentationnels des alcoolismes féminin et masculin sont positives. Nos résultats sont discutés selon deux des apports appliqués de cette recherche : appréhender, à travers les représentations sociales qui y participent, le sentiment de stigmatisation dont souffrent les hommes et les femmes alcooliques et penser, grâce à la notion d'optimisme, la prévention des conduites de consommation d'alcool à risque auprès des jeunes. Bibliographie : Abric, J.-­‐C. (2003). La recherche du noyau central et de la zone muette des représentations sociales. In J.-­‐C. Abric (Ed.). Méthodes d’étude des représentations sociales (pp. 59–80). Ramonville Saint-­‐Agne : Erès. Apostolidis, T., & Dany, L. (2012). Pensée sociale et risques dans le domaine de la santé : le regard des représentations sociales. Psychologie française, 57, 67-­‐81. 141 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Baron, R. M., & Kenny, D. A. (1986). The moderator-­‐mediator variable distinction in social psychological research: conceptual, strategic, and statistical considerations. Journal of Personality and Social Psychology, 51, 1173-­‐1182. Beck F., De Peretti G., & Legleye S. (2006). L’alcool donne-­‐t-­‐il un genre ?,L'alcool donne-­‐t-­‐il un genre ? Travail, genre et sociétés, 15, 141-­‐160. Dany, L. & Apostolidis, T. (2002). L'étude des représentations sociales de la drogue et du cannabis : un enjeu pour la prévention. Santé publique, 14(4), 335-­‐344. Deschamps, J.-­‐C. (2003). Analyse des correspondances et variations des contenus de représentations sociales. In J.-­‐C. Abric (Ed.), Méthodes d’études des représentations sociales (pp. 179-­‐199). Ramonville Saint-­‐Agne : Erès. Quels liens de causalité entre le burnout et la motivation? une étude longitudinale auprès de jeunes sportifs en centre d’entraînement intensif-­‐ G. Martinent, Guillaume1 & J-­‐C. Decret2 1 Université Claude Bernard Lyon 1 -­‐ Centre de Recherche et d'Innovation sur le Sport (CRIS) 2 Fédération Française de Tennis de Table (FFTT) Les jeunes athlètes en structure d’entraînement intensif doivent gérer des contraintes élevées qui les rendent vulnérable au syndrome de burnout (épuisement physique et émotionnel, baisse d’accomplissement, dévaluation de l’activité sportive) entraînant une multitude de conséquences négatives. Le burnout est ainsi corrélé positivement avec les types de motivation les plus contrôlés (régulation externe, amotivation) et négativement avec les types de motivation les plus autodéterminées (motivation intrinsèque, régulation identifié) (Cresswell et Eklund, 2005). Cependant, peu d’études ont utilisé un plan de recherche longitudinal permettant d’explorer le sens de causalité entre le burnout et la motivation (Lonsdale et Hodge, 2011). En conséquence, cette étude a pour but d’investiguer la relation entre le burnout et la motivation pour mettre en lumière le sens de causalité entre ces deux construits. Matériel et méthode Un total de 46 filles (M âge = 14,40 ; M heures d’entraînement = 16.61) et 99 garçons (M âge = 13,66 ; M heures d’entraînement = 14.56) pongistes pensionnaires des pôles France et Espoir de la FFTT ont volontairement participé à notre étude. Parce qu’ils sont évalués continuellement durant les entraînements et compétitions, il devient alors primordial pour eux de démontrer leurs compétences personnelles et de réussir. Cependant, des résultats négatifs associés à un dévouement total à la poursuite de leurs objectifs, à un entraînement quotidien intensif ou à un manque de soutien social pourraient conduire au burnout (Isoard-­‐Gautheur et coll., 2013). Ces pongistes ont complété l’Echelle de Motivation en Sport (Brière et coll., 1995) et le questionnaire de burnout sportif (Isoard-­‐Gautheur et coll., 2010) à trois reprises (T1 : mars ; T2 : avril ; T3 : mai). Cette période a été choisie car elle représente un moment clé de la saison : interne dans la structure depuis 6 à 8 mois (éloignement familial et social), fin de l’année scolaire (examens, charge de travail accrue) et fin de la saison de compétition (matches importants, pression accrue). Durant cette période, les athlètes doivent alors faire face à des exigences toujours croissantes qui peuvent conduire à un accroissement du burnout. Résultats Dans un premier temps, 3 séries (correspondant aux 3 dimensions de l’ABQ) de modélisation par équation structurelle des modèles des effets réciproques entre la motivation et le burnout en s’appuyant sur les 3 temps de recueil de données, avec 6 modèles dans chaque série (correspondant aux 6 dimensions de l’EMS) ont été testées (voir figure 1). Dans un deuxième temps, 3 séries de 6 modèles s’appuyant sur les temps de recueil de données T1 et T3 ont été testées. 142 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les résultats montrent que l’ensemble des 36 modèles testés présentent un ajustement acceptables aux données collectées (CFI > .96, NNFI > .95, SRMR < .07). Onze liens significatifs montrant une influence du burnout sur la motivation ont été identifiés contre seulement 2 liens significatifs montrant une influence de la motivation sur le burnout. Discussion Même si la relation entre la motivation et le burnout varie suivant le type de motivation mesuré et la dimension du burnout considérée, les résultats suggèrent d’une manière générale que le burnout influence la motivation à travers le temps alors que la motivation n’influence pas le burnout. Ces résultats sont contradictoires avec ceux observés par Lonsdale et Hodge (2011) et questionnent les postulats de la théorie de l’auto-­‐
détermination. Des différences dans la programmation du recueil des données dans la saison sportive ou dans le type de population étudiée peuvent expliquer en partie ces divergences de résultats. Nos résultats remettent également en cause certaines préconisations énoncées pour prévenir l’apparition du burnout (Lonsdale et Hodge, 2011). Amélioration des fonctions exécutives, de la cognition haute et les processus psychologiques par une pratique physique-­‐ M. Carlier & Y. Delevoye-­‐Turell Université lille 3 Introduction : Des études révèlent les bienfaits des activités physiques (AP) en filière aérobie sur la santé (Shephard, 1997). Plus particulièrement des bénéfices sont observés au niveau cognitif (Colcombe et al., 2004). Cependant, les études à l'heure actuelle ne considèrent pas la pratique d'une activité physique comme pouvant améliorer spécifiquement les fonctions exécutives (Miyake et al., 2000) et la cognition haute (planification, attention). Or Cisek et Kalaska (2010) considèrent les réseaux neurocognitifs utilisés pour la planifaction motrice sont semblables à ceux utilisés pour les fonctions exécutives. Une planification motrice nécessaire pour une tâche physique complexe requière toutefois une plus large activation cérébrale. Objectif : observer, à travers une étude pilote, si la pratique d'une activité physique améliore la cognition (fonctions exécutives, cognition haute) et la motricité. Nous avons donc créé une batterie de tests neuropsychologiques permettrant de mesurer des bénéfices sur ces processus. Des questionnaires psychologiques ont également été ajoutés car des bienfaits sont observables (Gill et al., 2013). Hypothèses : la pratique d'une activité physique devrait améliorer les fonctions cognitives et motrices. Les bienfaits observés devraient être dépendant de la complexité de la pratique physique. Des bienfaits au niveau psychologique devraient être observés. Méthode : Deux populations de jeunes adultes: des personnes saines et sédentaires; des personnes souffrant de pathologies mentales (dépression, schizophrénie, troubles bipolaires). La batterie de tests a été utilisée pour évaluer les compétences motrices et cognitives avant et après une pratique physique. Les sujets contrôles réalisaient soit une activité aérobique simple (vélo, 2 sujets), soit une activité aérobique complexe (stepping, 3 sujets), soit regardaient un documentaire (groupe témoin, 2 sujets). Les patients réalisaient une activité physique durant 12 semaines à raison de 2h/semaine (3 sujets). Les groupes de sujets contrôles sont appariés en âge. Une étude de cas sur 24 semaines de pratique d'un patient a également été réalisée. Résultats : Sujets sains : amélioration des fonctions cognitives et motrices lors de la pratique d’une AP en comparaison du visionnage d’un documentaire. Les bienfaits observés sont dépendant de la complexité de la tâche physique avec de meilleures performances pour le groupe stepping. Patients: amélioration des fonctions exécutives associée à une amélioration sensible des processus psychologiques. L'étude de cas revèle une amélioration des fonctions exécutives encore présente après 24 semaines de pratique avec une dynamique concernant les bienfaits psychologiques différente. 143 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Conclusion : Les résultats suggèrent que la pratique d'une activité physique améliore les fonctions exécutives chez les sujets sains et les patients souffrant de maladies mentales et valide le modèle de Cisek et Kalaska (2010). L'observation de bienfaits chez des sujets souffrant de pathologies mentales permet de poser la question d'un nouvel outil de remédiation cognitive que pourrait être l'activité physique. Références : Cisek P, Kalaska JF. Neural mechanisms for interacting with a world full of action choices. Annu Rev Neurosci.2010;33: 269–98. Colcombe, S. J., Kramer, A. F., McAuley,E., Erickson, K. I., Scalf, P., (2004). Neurocognitive aging and cardiovascular fitness. Journal of Molecular Neuroscience, Volume 24, Issue 1, pp 9-­‐14 Gill, D.L., Hammond, C.C, Reifsteck, E.J., Jehu, C.M., Williams, R.A, Adams, M.M., Lange, E.H., Becofsky, K., Rodriguez, E., Shang, Ya-­‐Ting. (2013). Physical Activity and Quality of Life. JPrevMedPublicHealth;46:S28-­‐S34. Miyake, A. et al. The unity and diversity of executive functions and their contributions to complex ‘frontal lobe’ tasks: a latent variable analysis. Cogn. Psychol. 41, 49–100 (2000). Shephard, R. J.(1997). Aging, physical activity, and health. Communications écrites
Session Poster 1 Une démarche de prévention des risques psychosociaux : le cas d'une collectivité territoriale-­‐ E. Furstoss1 & A. Bouchakour2 1 CH Rouffach 2 Université Besancon Introduction Les lois de décentralisation, la crise économique et les réformes n’ont pas échappé à la Fonction publique entrainant des mutations organisationnelles. Suite à un constat alarmant au sein du service de direction d’une collectivité territoriale nous sommes intéressés aux facteurs psychosociaux et organisationnels en lien avec la santé mentale des agents. Nous avons voulu spécifier les facteurs de risque psychosociaux en lien avec la santé mentale dans la fonction territoriale encore peu étudiées. L’objectif était de dégager un modèle afin d’adapter une démarche de prévention primaire. Matériel et méthode Un pré-­‐diagnostic a été fait en analysant les différents indicateurs RH et en réalisant vingt six entretiens semi-­‐directifs à l’aide d’une grille d’entretien. Nous avons ensuite réalisé une analyse de l’activité en procédant à des observations afin d’avoir des données sur le travail réel. L’analyse des données qualitatives a permis de poser un premier diagnostic et de spécifier un outil d’évaluation quantitative. Soixante agents ont répondu au questionnaire d’identification des risques psychosociaux de Vézina (2008). Basé sur le questionnaire de Karasek (1979) et sur le modèle «effort-­‐récompense » (Siegrist, 1996), il permet d’évaluer les facteurs psychosociaux, le présentéisme et la détresse psychologique. Résultats 144 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Les résultats de l’analyse qualitative montrent que la charge de travail et la pression de la hiérarchie s’intensifient. Les agents doivent faire face à des exigences qualitatives de plus en plus élevées avec moins de ressources. Les médecins du travail évoquent une augmentation de consommation d’anxiolytiques et de somnifères. 28% des participants affirment venir au travail alors que leur état de santé nécessiterait un repos. Les résultats de la santé mentale indiquent que 50 % des participants ont des niveaux élevés et 25 % très élevés de détresse psychologique. On remarque, que les personnes qui pratiquent le présentéisme ont des niveaux de détresse psychologique plus élevés que celles qui ne le pratiquent pas (t= 2, 415 ; ddl = 41 ; p <.05). La détresse psychologique est corrélée négativement et de manière significative avec le soutien social (r = -­‐.539 ; p < .001), le contrôle du statut (r = -­‐.562 ; p < .001) et les récompenses (r = -­‐.486 ; p < .001). Ainsi, plus un agent aura un faible soutien social, un manque de récompense et une incertitude quant à son avenir professionnel, et plus le risque détresse psychologique sera important. Enfin, les régressions linéaires par méthode pas à pas ont permis de dégager un modèle le plus parcimonieux expliquant la détresse psychologique. Ce sont le contrôle du statut (β= -­‐
.354) et le soutien social (β= -­‐.398) qui expliquent 38,6 % de la part de variance explicative de la détresse psychologique (R² ajusté= .386 ; p< .001). Conclusion Si notre modèle se rapproche de près du modèle de Siegrist (1996) nous nous attendions pas à de tels résultats. En effet, le contrôle du statut qui renvoie à l’insécurité dans l’emploi, aux faibles perspectives d’évolution, a un effet principal sur la santé des agents. Or, la sureté de l’emploi des agents de la Fonction Publique, qui jusqu’à présent était l’une des grandes distinctions entre le public et le privé, semble s’atténuer et laisser place à l’insécurité. Ces résultats ont permis ainsi de proposer une action de type primaire en ouvrant une réflexion sur le présentéisme, le sentiment d’insécurité des agents et de proposer des pistes d’actions favorisant le soutien social. Références bibliographiques Siegrist, J. (1996). Adverse health effects of high-­‐effort/ low-­‐reward conditions. Journal of Occupationnal Health Psychology, 1, 27-­‐41. Karasek, R.A. (1979). Job demands, job decision latitude and mental strain: implication for job redesign. Administrative Science Quarterly, 24, 285-­‐308 Vezina, M. (2008). Grille d’identification des risques psychosociaux au travail. Québec, Institut national de santé publique du Québec : 30p. Agir avec autrui : influence du contexte social sur les actions contraintes et non contraintes-­‐ F. Quesque, D. Lewkowicz, Y. Delevoye-­‐Turell & Y. Coello Université Lille Nord de France, F-­‐59000 Lille ; UDL3, URECA, F-­‐59653 Villeneuve d'Ascq cedex, France Introduction De récents travaux indiquent que le contexte social affecte la cinématique de mouvements d’atteinte dirigés vers des objets (Becchio, Sartori & Castiello, 2010). Becchio, Sartori, Bulgheroni & Castiello (2008) ont observé un effet de l’intention sociale sur la cinématique en comparant des mouvements effectués dans un contexte social (passer un objet à une autre personne) ou non (placer un objet dans un réceptacle). De plus, la simple présence d’un congénère actif semble pouvoir entrainer des modifications dans la cinématique des mouvements (Sartori, Becchio, Bulgheroni & Castiello, 2009). Cependant, il n’est pas clair si le contexte social influence uniquement les actions volontaires ayant une signification (attraper, manipuler, donner à autrui) ou s’il module tous types d’actions, même si elles ne sont pas pertinentes dans la situation sociale. Dans cette étude, nous avons investigué l’effet du contexte social d’un mouvement d’atteinte vers un objet, réalisé le plus vite possible dans 145 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie le cadre d’un jeu (action principale), et du mouvement de mise en place de l’objet, non contraint et non pertinent pour la tâche (action préparatoire). Matériel et Méthode Participants : 21 adultes, droitiers. Procédure : Les participants étaient assis face à une table où 3 cibles référaient aux positions initiale, centrale et terminale et devaient attraper un petit cylindre afin de le déplacer d’une position à une autre. Un essai comportait une série de 3 mouvementsrégulés par des sons: La Mise en Place(son 1)consistait à attraper l’objet en position initiale et à le placer en position centrale. Le Contre la montre (son 2) consistait à attraper l’objet en position centrale et à le placer en position terminale, le plus vite possible afin de gagner des points. Le Repositionnement (son 3) consistait à attraper l’objet en position terminale et à le placer en position initiale. Conditions expérimentales : Non visible. Le participant réalisait tous les mouvements sans voir l'expérimentateur. Loin. Le participant réalisait tous les mouvements face à l'expérimentateur, assis à 1 m de la table. Proche-­‐Passif. Le participant réalisait tous les mouvements face à l’expérimentateur, assis à table. Proche-­‐Actif. L'expérimentateur, assis à table, réalisait tous les mouvements Contre la montre. Interaction. Le participant (70%) et l’expérimentateur (30%), assis face à face, réalisaient les mouvements Contre la montre selon que le son 2 émis était aigu ou grave. Résultats Des analyses par contrastes nous ont permis de mettre en évidence différents effets due à l’introduction d’un congénère. La cinématique des mouvements Contre la montre est influencée par le fait d’agir dans l’espace atteignable d’autrui, ainsi que par l’incertitude sociale (ambigüité sur la personne qui doit déplacer l’objet). De plus, la cinématique des mouvements de Mise en place est elle aussi sensible à l’incertitude sociale bien qu’elle ne porte pas sur ces mouvements mais sur les suivants. Enfin, puisque les mouvements à produire étaient strictement les mêmes, nos données mettent en évidence un effet de l’intention sociale guidant les actions (placer l’objet pour soi ou pour autrui) sur leur cinématique. Discussion Nos résultats montrent que la réalisation d’un mouvement préparatoire peut être influencée précocement par des variables sociales et pourrait ainsi représenter un signal hautement informatif dans le cadre de situations d’interaction sociale. Références Becchio, C., Sartori, L., & Castiello, U. (2010). Towards you: the social side of actions. Current Directions in Psychological Science, 19, 183-­‐188. Becchio, C., Sartori, L., Bulgheroni, M., & Castiello, U. (2008). The case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde: A kinematic study on social intention. Consciousness and cognition, 17, 557-­‐564. Sartori, L., Becchio, C., Bulgheroni, M., & Castiello, U. (2009). Modulation of the action control system by social intention: unexpected social requests override preplanned action. Journal of Experimental Psychology: Human Perception and Performance, 35, 1490–1500. Conscience emotionnelle, alexithymie et empathie. implications pour le fonctionnement émotionnel-­‐ M. Marmond, V. Bréjard & A. Bonnet Aix-­‐Marseille Université, Laboratoire de Psychopathologie Clinique Langage et Subjectivité, EA 3278 146 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La conscience émotionnelle et son rôle dans le fonctionnement émotionnel de l’individu, sont encore peu étudiés dans la littérature scientifique. Elle renvoie à une perspective développementale et soutient l’existence de cinq niveaux différents de conscience de ses états émotionnels (Lane et al., 1987) permettant de décrire l’appréhension, la compréhension et la communication de son ressenti interne par l’individu. Le niveau de conscience émotionnelle le plus élevé renvoie à la capacité de l’individu à ressentir et décrire des émotions complexes et différenciées chez lui-­‐même, mais également chez autrui (Bréjard, Bonnet et Pedinielli, 2005).La capacité des individus à décrire des émotions pour eux-­‐mêmes et pour autrui, nous a amené à nous interroger sur les liens qui peuvent exister entre la conscience émotionnelle, l’alexithymie et l’empathie. L’alexithymie met l’individu face à des difficultés cognitives, qui ne lui permettent pas d’identifier et d’utiliser ses émotions dans ses interactions avec l’environnement (Corcos, 2003).L’empathie repose sur la capcité de l'individu à partager et même à éprouver les sentiments de l'autre. Aussi, ces trois dimensions du fonctionnement émotionnel apparaissent être en relation. L’objectif principal de cette recherche est de préciser les liens entre la conscience émotionnelle, l’alexithymie et l’empathie, dimensions majeures du fonctionnement émotionnel. Nous faisons l’hypothèse générale que la conscience émotionnelle joue un rôle majeur dans le fonctionnement émotionnel des individus à travers notamment les relations qu’elle entretient avec les deux autres variables ici étudiées. Les hypothèses opératoires sont les suivantes : 1) Plus le niveau de conscience émotionnelle est élevé moins les scores d'alexithymie sont élevés;2) Plus le niveau de conscience émotionnelle est élevé plus les capacités d'empathie sont importantes. Après augmentation de l’échantillon, cette étude préliminaire vise la validation de la LEAS. Cette validation se fera dans le but d’utiliser la LEAS, dans une recherche ultérieure concernant les troubles de l’humeur. La méthodologie est quantitative. Elle s’appuie sur la passation de plusieurs questionnaires d’auto-­‐évaluation et sur le traitement statistique des données recueillies. La population étudiée (n= 23) est une population non clinique adulte. Les sujets qui présentent une symptomatologie dépressive trop importante sont exclus de la recherche. Les questionnaires d’auto-­‐évaluation visent à explorer :1) le niveau de conscience émotionnelle avec la « Level Emotional Awareness Scale » (Lane & Schwartz, 1990). La LEAS, mesure le niveau de conscience émotionnelle en référence à l’individu, ainsi que la conscience émotionnelle en référence à autrui ; 2)l’empathie avec « the Basic Empathy Scale » (Jolliffe et Farringon, 2006). Cette échelle permet d’obtenir un score global d’empathie et deux sous-­‐
scores : un score d’empathie cognitive et un score d’empathie affective. L’index de Davis, permet quant à lui une mesure dispositionnelle de l’empathie. 3) l’alexithymie est évaluée à travers la « Toronto Alexithymia Scale » (Bagby et al.,1996). Elle permet d’obtenir un score global d’alexithymie, et trois sous scores : La difficulté à identifier ses émotions, la difficulté à différencier ses émotions et la pensée orientée vers l’extérieur.Le traitement statistique des données comprendra des analyses univariées (analyses de corrélations entre les variables et des comparaisons de moyennes pour échantillons indépendants (ANOVA) avec le logiciel SPSS 16.0). Les résultats montrent une corrélation négative entre le score total d’empathie et le score total de niveau de conscience émotionnelle. Bréjard, V., Bonnet, A., Pedinielli, J.-­‐L. (2005). Développement cognitivo-­‐émotionnel, régulation des émotions et comportements à risques: une étude exploratoire chez l’adolescent. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 53, 395-­‐400. Lane, RD., Schwartz, GE. Level of emotional awareness: a cognitive-­‐developmental theory and its application to psychopathology. Am J Psychiatry 1987; 144(2): 133-­‐43. Dynamique et fonctionnement émotionnel chez les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents-­‐ M. Marmond, V. Bréjard & A. Bonnet Aix-­‐Marseille Université, Laboratoire de Psychopathologie Clinique Langage et Subjectivité, EA 3278 147 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie La revue de littérature souligne l’existence d’une dynamique et d’un fonctionnement émotionnel particulier, chez les sujets présentant une dépendance à une substance psychoactive, notamment à l’alcool (Bonnet et al., 2011). Cependant, peu d’études se sont intéressées au fonctionnement émotionnel des sujets abstinents. L’objectif de cette recherche était de mettre en évidence les particularités du fonctionnement émotionnel des patients alcoolo-­‐dépendants abstinents. Nous avons étudié pour ce faire, l’intensité émotionnelle, l’alexithymie, le niveau de conscience émotionnelle et la régulation émotionnelle. Notre hypothèse générale était que les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents témoignaient d’un faible niveau de conscience émotionnelle et d’une régulation émotionnelle moins opérante que les sujets ne présentant pas de dépendance à l’alcool. Nous avons formulé quatre hypothèses opératoires : 1/ les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents sont plus sensibles à l'intensité émotionnelle que les sujets non dépendants à l’alcool ; 2/ ils ont un score d'alexithymie plus élevé que les sujets non dépendants ; 3/ ils présentent un niveau de conscience émotionnelle inférieur aux sujets non dépendants ; 4/ la régulation émotionnelle est moins opérante chez les patients alcoolo-­‐dépendants abstinents. Les hypothèses ont été posées à partir de recherches portant sur la dépendance aux substances psychoactives. La méthodologie est quantitative. Elle s’appuie sur la passation d’outils d’hétéro/auto évaluation. La population est composée d'un groupe clinique de sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents (n=8)constitué de patients en hospitalisation de jour suite à un sevrage alcoolique. Et un groupe témoin de sujets non dépendants(n=8). Le MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview) et le CAGE-­‐alcool (Cut off, Annoyed, Guilty, Eye-­‐
opener) permettent de vérifier la constitution des groupes. Le fonctionnement émotionnel est évalué avec la mesure de l’Intensité Emotionnelle (AIM, Larsen, 1984), l’échelle d’Alexithymie de Toronto (TAS-­‐20, Bagby et al., 1996) l’échelle de niveau de Conscience Emotionnelle (LEAS, Lane et Schwartz, 1990), , et le questionnaire de Régulation Emotionnelle (ERQ, Gross et John, 2003). Le traitement statistique a compris des analyses descriptives, et des comparaisons de moyennes (ANOVA) avec le logiciel SPSS 16.0. Le résultat principal concerne les scores de conscience émotionnelle significativement plus bas chez les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents que chez les sujets témoins. Ceci signifie que les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents, présentent une conscience émotionnelle qui est moins efficiente que chez les sujets qui ne présente pas de dépendance. On observe aussi une différence significative entre les deux groupes au niveau de la difficulté à identifier les émotions et la pensée opératoire. Les sujets du groupe témoin ont plus de difficultés à identifier leurs émotions que les sujets alcoolo-­‐dépendants, et ils ont aussi une pensée à contenu plus pragmatique que les sujets alcoolo-­‐dépendants abstinents. Ces résultats concernant l’alexithymie, peuvent être considérés comme contradictoires avec ceux retrouvé dans la littérature (Pinard et al., 1996).Mais si on s’intéresse aux résultats de De Timary (2006), on peut voir que l’arrêt de la consommation de substance engendre une diminution du niveau d’alexithymie. Ces résultats, peuvent nous amener à conclure que la conscience émotionnelle et l’alexithymie, sont deux variables qui peuvent permettre de différencier le fonctionnement émotionnel des sujets alcoolo-­‐dépendant, comparativement aux sujets non-­‐dépendants. Ces deux variables, sont donc à prendre en considération dans la prise en charge des patients. Bonnet, A., Bejaoui, M., Bréjard, V., & Pedinielli, J. L. (2011). Dépendance physiologique et fonctionnement émotionnel chez les jeunes adultes : Affectivité, intensité émotionnelle et alexithymie dans la consommation de substances psychoactives. Annales Médico-­‐
Psychologiques, 169(2), 92-­‐97. Induction et annotation d’expressions faciales spontanées et dynamiques : la base de données dynemo-­‐ D. Dupre1, A. Tcherkassof1, B. Meillon2, N. Mandran2, J-­‐M. Adam2, M. Dubois1, A. GuÉrin-­‐DuguÉ3, A-­‐M. Benoit4 & A. Caplier3 148 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 1 LIP-­‐PC2S, Univ. Grenoble Alpes 2 LIG, Univ. Grenoble Alpes 3 Gipsa-­‐LAB, Univ. Grenoble Alpes 4 Pacte, Univ. Grenoble Alpes) Les chercheurs concernés par l’analyse des interactions humaines portent un intérêt accru à la question de l’expression faciale des émotions (EFE). Depuis quelques années, d’importants efforts ont été réalisés pour améliorer la qualité des bases de données qui sont le support des recherches actuelle sur la reconnaissance et l’interprétation des émotions. Le projet DynEmo vise à répondre aux besoins de la communauté scientifique en matière de données émotionnelles. En effet l’analyse des EFE nécessite le recours à des bases de données expressives de qualité dépassant les limites des photographies noir et blanc d’acteurs. L’élaboration de DynEmo repose sur la prise en considération conjointe des différents critères assurant sa qualité. Au-­‐delà de la taille significative de la base de données, les données sont des comportements faciaux naturels : les personnes dont la vidéo montre le visage ont été filmées à leur insu alors qu’elles réalisaient une tâche d’induction émotionnelle. De plus, les données sont doublement caractérisées en termes d’information émotionnelle. Ainsi, au niveau endogène, chaque vidéo est associée à l’état affectif ressenti par la personne filmée. Au niveau exogène, les personnes filmées ont été montrées à des observateurs qui ont indiqué, tout au long de la vidéo, l’émotion qu’ils percevaient sur le visage de la personne. Ces jugements ont été agrégés pour former des time-­‐lines qui permettent de segmenter aisément la vidéo pour la sélection d’extraits pertinents pour l’analyse de comportements émotionnels non verbaux. Au niveau endogène, les données indiquent que les personnes filmées sont bien émotionnellement affectées : 85.2% d’entre elles ont rapporté avoir ressenti modérément ou fortement au moins une émotion lors de l’induction émotionnelle. Au niveau exogène, 91 vidéos ont été jugées par des observateurs qui ont identifié l’émotion exprimée par la personne filmée (les vidéos restantes sont en cours de jugement). L’identification émotionnelle est évaluée en calculant, pour chaque vidéo, le dixième de seconde recueillant l’agrément inter-­‐juge maximal pour un label d’émotion donné. La base de données DynEmo distingue explicitement les aspects production versus perception du comportement facial. C’est pourquoi elle est particulièrement appropriée pour les chercheurs s’intéressant à la problématique de la transmission de l’information faciale non verbale et de son interprétation par autrui. En termes de production du comportement facial, DynEmo fournit des mimiques naturelles dont l’analyse révèle des patterns faciaux souvent différents de ceux produits par des EFE prototypiques. En termes de perception DynEmo fournit des EFE naturelles dont l’émotion à reconnaître est celle rapportée par la personne qui exprime l’état affectif en question. Enfin, les time-­‐lines permettent l’étude synchronisée des activités de production et de perception du comportement facial, grâce à l’analyse simultanée des changements faciaux et des jugements des observateurs. DynEmo est une base de données disponible gratuitement, destinée à la communauté scientifique, rassemblant un corpus d’EFE dynamiques et authentiques (https://dynemo.liglab.fr). Elle comporte 358 vidéos de visages de personnes tout venant (182 femmes et 176 hommes, âgés de 25 à 65 ans), filmées dans des conditions naturelles bien que standardisées. Une interface permet à l’utilisateur de visualiser simultanément la 149 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie vidéo d’une émotion et la progression de son time-­‐line, les résultats des questionnaires sont également accessibles. La base de données DynEmo représente un outil fiable et valide pour tout chercheur utilisant des expressions faciales. Mais plus encore, la génération et la reconnaissance d’expressions faciales écologiques, c’est-­‐à-­‐dire à la fois spontanées et dynamiques, posent la question du statut idiosyncrasique des émotions contrairement à la prototypicité que laisse suggérer d’autres bases de données bien plus largement utilisés. Intertact : l’interaction tactile pour jeunes déficients visuels-­‐ A. Vallée, M-­‐C. Letailleur & K. Rovira Université de Rouen, Laboratoire PSY.NCA (EA 4700), Equipe Fiacre Introduction Intertact est un dispositif qui permet la conception d’espaces numériques dédiés à l’interaction tactile (coordination des actions perceptives ; exploration mutuelle d’objets numériques) tout en proposant des fonctionnalités pratiques, pédagogiques et ludiques (Deschamps et al. 2008 ; 2011). Lors d’une première recherche, centrée sur la question de l’attention partagée au sein des processus de l’interaction, nous avons observé qu’une interaction entre adolescents déficients visuels était possible mais sans émergence d’un sens commun (Vallée et al. 2012). Dans la continuité de cette étude et de façon à élaborer des environnements tactiles partagés pertinents, nous avons créé un nouvel espace d’interaction enrichi (scénarisation de la tâche et feedback sur les actions des sujets). Il s’agit ici de comparer les résultats obtenus lors du premier protocole « pauvre » aux résultats obtenus avec ce second protocole « enrichi ». Nous faisons l’hypothèse que l’enrichissement du protocole permettra aux adolescents déficients visuels en interaction de collaborer pour atteindre un but commun. Matériel et méthode 20 adolescents déficients visuels de 13 à 19 ans (m = 15 ans 6 mois) ont passé l’expérience en binôme (âge et statut visuel voisins) ; 4 binômes pour le protocole « pauvre » ; 6 binômes pour le protocole « enrichi ». Les adolescents sont face à deux ordinateurs reliés entre eux et connectés à un espace numérique commun. Chacun à un boitier de stimulateurs tactiles. Deux conditions, définies par la levée des picots du stimulateur, sont proposées : ● « Haut/bas » les picots donnent une stimulation différente en fonction de ce qui est perçu (objets vs l’autre sujet).
● « Parallélisme » les picots donnent une stimulation identique mais avec parallélisme.
L’expérimentatrice conte une histoire afin de définir un scénario (environnement fantastique, personnage de chaque participant, but de la quête). Il y a 5 essais de familiarisation et 8 essais expérimentaux par condition. A chaque essai, les sujets ont 1 minute pour collaborer, trouver l’objet commun et cliquer dessus. A la fin de chaque essai, les sujets obtiennent un feed-­‐back sur leur réponse. A la fin de l’expérience, les participants sont questionnés sur leur expérience vécue. Résultats Avec le protocole enrichi, nous observons 66% de clics sur l’objet commun contre seulement 32% avec le protocole pauvre. Cette différence est significative [t(18) = 3.56 ; p = 0.002]. De plus, la condition « parallélisme » est mieux réussie que la condition « haut-­‐bas » (78% de clics corrects contre 54% [t(11) = 5.06 ; p = 0.0004]. Les entretiens montrent que les adolescents ont vécu différemment la situation en fonction des protocoles. Avec le protocole « pauvre », ils soulignent la difficulté du dispositif et avoir concentré leur activité à essayer d’interagir. Avec le protocole « enrichi », ils disent comprendre la tâche, se concentrer sur la réussite de celle-­‐ci et adapter leur stratégie selon les feed-­‐back à la fin de chaque essai. Parallèlement, nous avons pu observer que les participants établissent 150 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie rapidement une dynamique interactive (guideur/suiveur) ce qui leur permet de trouver l’objet commun. Conclusion Les adolescents déficients visuels parviennent à collaborer et atteindre le but commun lorsque la tâche est contextualisée et qu’ils ont accès aux mouvements fins de l’autre (parallélisme). La mise en place de la scénarisation et des feed-­‐back permet une meilleure compréhension de la tâche et le parallélisme, permet la mise en place d’une dynamique interactive et l’émergence d’un sens commun. Interdépendance fonctionnelle entre la théorie de l’esprit et les capacités exécutives chez l’enfant d’âge préscolaire -­‐ C. Tiberghien1, J. Calderon2, M. Grellier1 & N. Angeard2 1 Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité 2 UMR 663 INSERM, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Groupe de Neuropsychologie de Dével Un grand nombre d’études souligne l’existence d’une interdépendance entre la théorie de l’esprit et les fonctions exécutives au cours de la période préscolaire (Carlson et al., 2001, 2005, Hughes, 1998a). Plus précisément, les recherches tendent à montrer le rôle critique joué par les fonctions exécutives (e.g., contrôle inhibiteur et mémoire de travail en particulier) dans l’expression et la consolidation des capacités de l’enfant à attribuer des états mentaux (désirs, croyances) et à prédire le comportement d’autrui (Carlson & Moses, 2001). La tâche de fausses croyances (FC) de type « transfert inattendu » (Wimmer et Perner, 1983) est particulièrement complexe pour les enfants de 3-­‐4 ans car elle implique une importante charge exécutive. Ainsi, selon Birch et Bloom (2004), le jeune enfant se trouverait face à un conflit cognitif entre ses propres connaissances de la réalité (« the curse of knowledge » (qu’il va devoir inhiber) et les connaissances du personnage. L’échec à cette tâche ne serait pas synonyme de déficit conceptuel (Gopnick & Welleman, 1994, Perner, 1991 in Carlson & Moses, 2001) mais relèverait plutôt d’un déficit exécutif lié à une immaturité du cortex préfrontal. La présente étude a pour objectif d’évaluer le poids graduel des différentes composantes exécutives dans la réussite à une tâche de FC chez l’enfant entre 3 et 5 ans. Soixante enfants de langue française, ont été divisés en groupe d’âge (3, 4 et 5 ans) et ont chacun passé une batterie de tests évaluant l’inhibition cognitive (Day/Night, Stroop Animal) et motrice (Hand Game, Hearts and Flowers), la mémoire de travail verbale (Digit Span Verbal du WISC-­‐IV-­‐R) et visuelle (Digit Span Visuel de la BEM-­‐144) et la flexibilité mentale (DCCS et Hearts and Flowers) et le langage (NEPSY). De plus, ils ont passé la tâche standard de FC de type « transfert inattendu » ainsi que trois versions de celle-­‐ci graduellement allégées d’un point de vue exécutif : la condition « ignorance » (dans laquelle l’enfant n’a pas connaissance du lieu final où se trouve l’objet) la condition « absence » (dans laquelle l’enfant assiste à la disparition de l’objet du lieu final), et la condition « double présence » (dans laquelle l’objet se retrouve dans deux lieux finaux différents). Les résultats mettent en avant une progression significative entre 3, 4 et 5 ans au niveau des épreuves exécutives et de la réussite aux différentes tâches de théorie de l’esprit. On observe également des patterns développementaux distincts selon les versions modifiées de la tâche de fausse croyance et les charges exécutives associées. La discussion portera sur la compréhension du rôle et de l’impact de la charge exécutive (nulle, modérée ou forte) dans la réussite aux différentes versions de la tâche de FC en lien avec la maturation des régions préfrontales au cours de la période préscolaire (Espinet, Anderson & Zelazo, 2012) 151 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Références bibliographiques Birch, S., Bloom, P. (2004). Understanding children’s and adult’s limitation in mental state reasoning. Trends in Cognitive Sciences, 8, 255-­‐260 Carlson, S., Moses, L. (2001). Individual Differences in Inhibitory Control and Children's Theory of Mind. Child Development, 72, 1032-­‐1053. Carlson, S. (2005). Developmentally Sensitive Measures of Executive Function in Preschool Children. Developmental Neuropsychology, 28(2), 595-­‐616. Espinet, S. D., Anderson, J. E., Zelazo, P. D. (2012). (in press). Reflection training improves executive function on preschool-­‐age children: Behavioral and neural effects. Developmental Cognitive Neursoscience. Hughes, C. (1998a). Executive function in preschoolers: Links with theory of mind and verbal ability. British Journal of Developmental Psychology, 16, 233–253. Wimmer, H., & Perner, J. (1983). Beliefs about beliefs: Representing and constraining function of wrong beliefs in young children's understanding of deception. Cognition, 13, 103-­‐
128. Sentir les mots : influence d'une odeur sur la mémorisation-­‐ B. Riou1,2, C. Chochard2, K. Schumacher2 & G. Molinari2 1 Laboratoire EMC, Université Lumière Lyon 2 2 Formation Universitaire à Distance Suisse Il est reconnu que la congruence entre le contexte d'encodage et de récupération améliore les performances en mémoire (e.g ., Godden & Baddeley, 1975). Cette amélioration peut-­‐être considérée comme l'ajout d'une dimension épisodique congruente entre les contextes d'encodage et de récupération, facilitant ainsi le rappel ou la reconnaissance. La similarité entre le contexte à la récupération avec la dimension épisodique de la connaissance en mémoire va faciliter sa récupération. Les théories de la cognition incarnée proposent que quel que soit le type de connaissances (épisodiques ou conceptuelles) celles-­‐ci émergeraient de l'activation de traces sensorimotrices épisodiques en mémoire (simulation) car elles contiennent l'ensemble des caractéristiques des expériences passées (Versace et al. 2009). Si les mots réactivent les caractéristiques sensorimotrices (e.g., Wu et Barsalou, 2009), quel peut-­‐être l'impact de la congruence entre le contexte d'encodage et la caractéristique sensorielle du mot sur sa mémorisation ? Dans cette étude, des mots faisant référence à la modalité olfactive ont été employés. Une liste constituée de 15 mots liés à l'odeur de café (p.ex., percolateur, torréfaction, arabica, etc.) et de 15 mots d'animaux (p.ex., bison, python, panda) a été présentée aux participants (N = 42). La fréquence d'occurrence dans la langue des mots de chaque catégorie a été appariée. La moitié des participants apprenait la liste en présence d'une odeur de café, l'autre moitié sans odeur de café. Tous les participants devaient rappeler le plus de mots possible, dans une pièce sans odeur . Le nombre de mots rappelés de la catégorie « café » devrait être plus important que le nombre de mots de la catégorie « animaux » si l'encodage est réalisé en présence d'une odeur de café plutôt que sans odeur. Les résultats montrent une interaction significative entre l'odeur de café (présente ou absente) et la catégorie des mots (café ou animaux) (F(1,40) = 13.83, p < .05). Le nombre de mots rappelés de la catégorie café (M = 7.19 ; SD = 2.60) est plus important que celui de la catégorie animaux (M = 5.43 ; SD = 2.18) lorsque l'encodage a été réalisé avec odeur de café, F(1,40) = 6.06, p < .05. Le nombre de mots rappelés de la catégorie animaux (M = 7.71 ; SD = 2.26) est plus important que celui de la catégorie café (M = 5.71; SD = 2.74) lorsque l'encodage a été réalisé sans odeur de café, F(1,40) = 6.06, p < .05. 152 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Cette étude confirme que la connaissance conceptuelle émerge de la réactivation de traces sensorimotrices en mémoire (Versace, et al. 2009). La catégorie « café » a été mieux rappelée en présence, lors de l'encodage, d'une odeur de café que sans odeur. La récupération s'effectuant dans un contexte sans odeur, ce résultat ne peut donc pas s'expliquer par un effet de contexte à la récupération. Il semblerait que le niveau d'activation des traces en mémoire puisse être modulé par les dimensions perceptives de la situation à l'encodage. L les dimensions sensorielles réactivées en mémoire et perçues pourraient alors partager une nature similaire puisqu'elles peuvent interagir communément (Riou et al. 2011). L’émergence de la connaissance semble alors dépendante de la situation en cours. Godden, D. R. & Baddeley, A. D. (1975). Context dependent memory in two natural environments: On land
and underwater. British Journal of Psychology, 66(3), 325-331. Riou, B., Lesourd, M., Brunel, L., & Versace, R. (2011). Visual memory and visual perception: when
memory improves visual search. Memory & Cognition, 39 , 1094–1102. Versace, R., Labeye, E., Badard, G., & Rose, M. (2009). The contents of long-term memory and the
emergence of
knowledge. European Journal of Cognitive Psychology, 21 , 522–560. Wu, L.-L., & Barsalou, L. W. (2009). Perceptual simulation in conceptual combination: evidence from
property generation. Acta Psychologica, 132 , 173–189. Odeurs, mémoires et reproduction sérielle : pour une réplication des travaux princeps de bartlett (1932)-­‐ B. Cerisier Greps Les travaux de Bartlett (1932) témoignent de l’intérêt précoce qu’ont eu les psychologues de saisir la manière dont les éléments culturels issus d’un groupe étaient empruntés, modifiés et adaptés par un autre groupe. Ce processus a expérimentalement été illustré au travers de la reproduction sérielle. Elle consiste à présenter un matériau (texte ou dessin) repris, décrit et transmis consécutivement par un ensemble de participants, les uns aux autres. L’auteur observa que les sujets modifient certains éléments, par souci de rationalisation et de familiarisation avec le matériau. Si les travaux de Bartlett sont fréquemment cités en psychologie cognitive et développementale concernant sa théorie des schémas, ils ont aussi contribué à l’élaboration d’une théorie fondamentale pour la psychologie sociale sur la créativité de la mémoire dans le présent (Jodelet, 1992 ; Kashima, 2000). Plusieurs travaux psycho-­‐sociaux ont ainsi répliqué cette étude, utilisant systématiquement des matériaux sonores ou visuels (Saito, 1996 ; Bangerter & Lehman, 1997 ; Wagoner, 2012). Nos recherches nous ont amené à envisager la manière dont un matériel odorant pouvait, à son tour, être matérialisé et remémoré dans les communications interpersonnelles. Répliquer l’étude de Bartlett nous permettait de cerner la manière dont un groupe pouvait transmettre et représenter collectivement la perception individuelle d’une odeur. Nous avons constitué 10 groupes composés de 4 à 6 participants (n = 51) auxquels étaient successivement proposées 2 tâches de reproductions sérielles avec deux odeurs pré-­‐testées préalablement : le feu de bois et l’ambre. Le premier participant de chaque groupe sentait une odeur puis la décrivait à un second, reproduisant à son tour ce message à un troisième et ce, jusqu’au dernier des participants. Une analyse de contenu verticale a été réalisée sur chacune des reproductions d’une même chaine afin de saisir l’évolution du message au fil des transmissions. Elle a été complétée par une analyse horizontale visant à comparer les chaines produites en fonction de l’odeur présentée (feu de bois vs ambre). Les deux odeurs ont fait l’objet d’une description assez semblable en termes de contenu. La source, la familiarité et le plaisir ressentis étaient souvent évoqués. L’intensité a exclusivement été citée pour décrire le feu de bois. Le recours à ce référentiel va dans le sens des travaux réalisés sur la verbalisation de l’expérience olfactive (Dubois, 2006). Si au fil des transmissions, le message n’a pas subi d’ajouts majeurs, nous constatons toutefois 153 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie qu’il a fortement été simplifié. Seule la source associée est systématiquement reproduite, montrant ainsi qu’il s’agit de l’élément le plus pertinent dans la compréhension du matériau présenté. Comparant nos résultats à ceux d’autres études utilisant des matériaux sonores ou visuels, notre présentation discutera le caractère original des éléments transmis dans la cadre d’une réplication odorante des travaux de Bartlett (1932). Bangerter, A. & Lehmann, K. (1997). Serial Reproduction as a Method for studying social Representations. Papers on social Representations, 6(2), 141-­‐154. Bartlett, F.C. (1932). Remembering : A study in experimental and social psychology. Cambridge: Cambridge University Press. Dubois, D. (2006). Des catégories d’odorants à la sémantique des odeurs : une approche cognitive des odeurs. Terrain, 47, 89-­‐106. Jodelet, D. (1992). Mémoire de masse : le côté moral et affectif de l’histoire. Bulletin de Psychologie, 155(405), 239-­‐255. Kashima, Y. (2000). Recovering Bartlett’s social psychology of cultural dynamics. European Journal of Social Psychology, 30, 383-­‐403. Saito, A. (1996). “Bartlett’s Way” and Social Representations: The case of Zen transmitted across cultures. Japanese Journal of Experimental Social Psychology, 35(3), 1-­‐15. Wagoner, B. (2012). Notes on a Social Psychology of Thinking: A comparison of Bartlett and Moscovici. Papers on Social Representations, 21, 1-­‐14. Effet des émotions sur la mémoire à court-­‐terme : rôle de l’attention.-­‐ C. Cadix, J. Matias, G. Plancher & H. Chaina Université Lumière Lyon 2 Introduction : Les stimuli émotionnels bénéficient généralement d’une meilleure mémorisation par rapport à leurs homologues neutres (Emotional Enhancement of Memory). L’EEM à court terme semble être déterminée par l’influence de trois facteurs cognitifs : la distinctivité, l’organisation et l’attention (Talmi et al. 2012). Parmi ces facteurs, l’attention a souvent été mise en avant dans les explications des effets des émotions sur la mémoire. En effet, l’émotionnalité d’un stimulus capture de manière automatique l’attention de l’individu (Pourtois et al. 2012). Afin de tester l’hypothèse d’une médiation par l’attention de l’EEM à court terme, nous avons choisi d’utiliser un paradigme d’Attention Divisée, tout en contrôlant les facteurs de distinctivité et d’organisation. Si en effet l’attention est automatiquement attirée par les stimuli émotionnels, et de ce fait améliore leur mémorisation, alors la reconnaissance des images émotionnelles à fort arousal ne devrait pas être influencée par la division attentionnelle. Un nombre plus élevé de HIT pour les images négatives et positives par rapport aux neutres devrait être observé uniquement en condition d’attention divisée parce que dans cette condition elles attirent plus l’attention que les images neutres. Par contre, l’effet des émotions ne devrait pas être observé en condition d’attention pleine, puisque dans cette condition tous les stimuli peuvent être traités avec la même implication attentionnelle. Méthode : Participants : 28 individus entre 18 et 25 ans. Stimuli : 96 images (positives, négatives et neutres) ; 24 combinaisons alphanumériques aléatoires (Mulligan, 1998). Procédure : Les individus ont effectué un encodage incident des images en conditions d’attention pleine (AP) et d’attention divisée (AD). Dans ces deux conditions, ils voyaient défiler 24 images sur lesquelles ils effectuaient un jugement de complexité visuelle. Lors de la tache d’encodage en AD, les participants effectuaient également une tâche secondaire de rétention de combinaisons alphanumériques (ex : L3H9G). Le jugement d’une image était précédé de l’encodage à voix haute d’une combinaison, puis suivie par sa restitution orale à 154 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie l’examinateur.A l’issue de ces deux tâches, les participants étaient soumis à un test de reconnaissance. Lors de ce test, les individus devaient discriminer le caractère ancien ou nouveau des 96 images proposées. Résultats: Pour les HIT, une ANOVA à mesures répétées avec les facteurs Valence (positive ; négative : neutre) et Attention (pleine ; divisée) montre une interaction significative, F (2 ,54) = 4.06, p < .05. Les images négatives sont mieux reconnues en condition d’attention divisée que les images positives et neutres. Aucune différence significative n’est observée en attention pleine. Il n’y a pas d’effet principal de la Valence (p = .11) ni de l’Attention (p = .054). Figure 1 : Moyennes de bonnes reconnaissances (HIT) en fonction des conditions d’encodage et de la valence (score maximum = 8). Les barres d’erreur représentent l’Erreur Standard. Discussion : Nos résultats montrent l’apparition d’un EEM seulement en condition d’AD pour les stimuli négatifs. Puisque l’attention est le seul facteur qui varie entre les deux conditions d’encodage, on peut penser que c’est elle qui est directement responsable de l’apparition de l’EEM. La capture automatique des ressources attentionnelles par les stimuli négatifs causerait l’apparition du phénomène d’EEM à court terme. Références: Mulligan, N. W. (1998). The role of attention during encoding in implicit and explicit memory, Journal of experimental psychology. Learning, memory and cognition, 24 (1), 27-­‐ 47. Pourtois, G., Schettino, A., & Vuilleumier, P. (2012). Brain mechanisms for emotional influences on perception and attention: What is magic and what is not. Biological psychology, 92(3), 492-­‐512. Talmi, D., & McGarry, L. M. (2012). Accounting for immediate emotional memory enhancement. Journal of Memory and Language, 66(1), 93-­‐108. Le sommeil permet-­‐il de faire des liens entre les différentes traces en mémoire ?-­‐ M. Cherdieu, R. Versace & S. Mazza Laboratoire EMC, Université Lumière Lyon 2 Introduction L’effet du sommeil sur la consolidation mnésique a fait l’objet de nombreuses études (Diekelmann & Born, 2010). Ces études ont montré que le sommeil entraine une amélioration des performances suite à un apprentissage implicite. Cette amélioration est non seulement quantitative mais aussi qualitative. En effet, le sommeil permettrait d’extraire une règle implicite et ainsi de faire émerger un savoir explicite (Fischer, Hallschmid, Elsner, & Born, 2002). Cette émergence d’un savoir explicite après une période de sommeil a été rapprochée de la notion d’insight, appuyant l’idée que le sommeil pourrait permettre de résoudre des problèmes (Wagner, Gais, Haider, Verleger, & Born, 2004). Nous tentons dans cette expérience de comprendre les processus impliqués dans ces phénomènes 155 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie d’explicitation des connaissances. Le rôle du sommeil ne serait-­‐il pas de permettre la création de liens entre les différentes traces, permettant ainsi de faire émerger de nouvelles connaissances ? (Versace, Labeye, Badard, & Rose, 2009; Versace et al., soumis.). Méthode Dans cette expérience, nous avons utilisé des images abstraites composées d’associations entre deux éléments sensoriels (par exemple : Forme/Couleur ou Couleur/Son). Ces associations avaient toujours un élément en commun (ici la Couleur). Nous avons cherché à savoir si le sommeil, en renforçant les associations des éléments sensoriels, permettrait l’extraction de l’élément commun et ainsi la création de nouvelles associations (par exemple Forme/son). L’expérience était composée de deux phases : une phase d’apprentissage qui consistait à présenter aux participants les différentes associations et une phase d’amorçage durant laquelle nous avons présenté en amorce un des éléments sensoriels (la Forme ou la Fouleur) et en cible un son à catégoriser. L’amorce pouvait être le même élément qu’à l’apprentissage, un élément de la même catégorie ou un élément différent. Si les éléments sont associés en mémoire la présentation de l’un des éléments devrait faciliter le traitement de l’autre. Nous nous sommes principalement intéressés à l’influence du sommeil sur la création d’une nouvelle association par réactivation de l’élément commun. Nous avons comparé trois groupes de participants : un groupe « éveil » qui avait majoritairement de l’éveil entre la phase d’apprentissage et la phase d’amorçage, un groupe « sommeil » qui avait majoritairement du sommeil entre les deux phases, et un groupe « sans délai » qui n’avait aucun délai entre les deux phases. Résultats Contrairement à nos hypothèses, nous n’avons pas observé d’effet d’amorçage se traduisant par une facilitation du traitement de la cible par une amorce identique. Cependant, nous avons observé un effet de l’amorce de la même catégorie avec un ralentissement du traitement de la cible, cet effet semble plus important pour le groupe sommeil. Discussion Il semblerait donc que le sommeil renforce la catégorie au détriment de la spécificité, ce qui viendrait perturber le traitement lors de la phase d’amorçage. Cependant cela ne nous permet pas d’expliquer tous les résultats obtenus dans cette expérience. Un matériel plus écologique nous semble plus approprié pour observer les phénomènes de consolidation mnésique au cours du sommeil. Bibliographie Diekelmann, S., & Born, J. (2010). The memory function of sleep. Nature reviews. Neuroscience, 11(2), 114–26. Fischer, S., Hallschmid, M., Elsner, A. L., & Born, J. (2002). Sleep forms memory for finger skills. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 99(18), 11987–91. Versace, Remy, Labeye, É., Badard, G., & Rose, M. (2009). The contents of long-­‐term memory and the emergence of knowledge. European journal of cognitive psychology, 21(4), 522–560. Versace, Rémy, Vallet, G., Brunel, L., Riou, B., Lesourd, M., & Labeye, E. Act-­‐In : An integrated view of memory mechanisms. Submitted. Wagner, U., Gais, S., Haider, H., Verleger, R., & Born, J. (2004). Sleep inspires insight. Nature, 427(6972), 352–5. L’apport de l’analyse du discours et des représentations sociales dans l’etude des rps-­‐ J. Lemoine & C. Roland-­‐Lévy Université de Reims Champagne-­‐Ardenne La prévention des Risques Psycho-­‐Sociaux, RPS, est un enjeu majeur pour toute organisation aujourd’hui et pour la société française dans son ensemble. Le rapport de la Direction de l’Animation et de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES), de 2010, recense les 156 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie facteurs de risques psychosociaux qui sont regroupés autour de six grandes dimensions. Pour étudier les RPS dans un centre hospitalier, nous avons créé un questionnaire ayant un triple objectif : (1) identifier les facteurs de risque, (2) identifier les services les plus touchés par chacun de ces risques et (3) faire des préconisations adaptées à chacun des risques. Afin de répondre à cette problématique, le questionnaire était composé de plusieurs outils dont le principal, construit spécifiquement pour cette étude, est basé sur les dimensions de la DARES. D’autres outils ont également été utilisés dans ce questionnaire, tels que le MBI de Maslach et Jackson (1981), la PSS10 de Cohen et Williamson (1988) et le NWI-­‐OH de Bonneterre et al. (2010), de façon à obtenir davantage d’informations en termes de burnout, de stress et des contraintes psychologiques et organisationnelles, tout en testant la validité de contenu du questionnaire RPS spécifique. Le questionnaire contient également une épreuve d’associations libres concernant le bien-­‐être au travail au CHU et une question ouverte dans laquelle il est demandé aux agents de décrire une situation qui a pu les toucher en tant que personne et/ou professionnel(le) et de réfléchir à des pistes d’amélioration. Ces deux questions qualitatives ont permis d’enrichir le diagnostic et d’identifier les problématiques centrales des agents. 1139 questionnaires ont été recueillis, ce qui représente 20,8% des 5465 agents hors médecins du CHU. L’analyse factorielle de l’échelle RPS créée a permis d’identifier six facteurs de risque dont quatre identiques à ceux de la DARES : l’exigence émotionnelle, l’exigence au travail, les relations au travail et l’insécurité de l’emploi. L’analyse par corrélations indique que l’échelle RPS est corrélée avec l’ensemble des autres mesures. L’analyse de la représentation sociale révèle que les agents associent le bien-­‐être au travail au CHU a de nombreuses causes de bien-­‐être et notamment en priorité aux « bonnes relations » et au « soutien ». L’analyse de contenu, réalisée à l’aide de la méthode Alceste, a mis en évidence quatre champs lexicaux dont deux faisant référence aux relations, un au contact avec la souffrance et le dernier au manque de moyen et à la qualité du travail. Ces deux traitements qualitatifs, l’étude des représentations sociales et l’analyse de contenu, ont permis d’identifier, pour les agents, les facteurs principaux de bien-­‐être et de mal-­‐être au travail. Nous avons ainsi pu cibler les préconisations à mettre en place en priorité. Mots clés : Bien-­‐être, Risque Psychosociaux, Travail, DARES, Hôpital Bibliographie Bonneterre, V., Jolivet, A., Lang, T., Caroly, S., Ehlinger, V., Sobaszek, A. et al. (2010). Évaluation des contraintes psychologiques et organisationnelles (CPO) chez les soignants : cohorte ORSOSA et applications. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, 71(3) : 489-­‐492. Cohen, S., & Williamson, C. (1988). Perceived stress in a probability sample of the United States. In S. Spacapan & S. Oskamp (Eds.), The social psychology of health: Claremont Symposium on applied social psychology. Newbury Park: Sage. Direction de l’Animation et de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (2010). Les risques psychosociaux au travail : les indicateurs disponibles. Extrait le 12 décembre 2011, de http://travail-­‐emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2010-­‐081-­‐2-­‐2.pdf Maslach, C., & Jackson, S. E. (1981). The measurement of experienced burnout. Journal of Occupational Behaviour, 2(2), 99-­‐113. L’effet de l’integration multi sensorielle sur la perception de la taille dans l’illusion d’ebbinghaus-­‐ L. Brunel & M. Panis Université Montpellier III L’étude que nous avons développée se propose d’étudier la perception de la taille. Nous avons choisi d’étudier ce sujet en situation multisensorielle (audiovisuelle) avec comme support une illusion visuelle (l'illusion d'Ebbinghaus) afin de déterminer les variables qui influencent ce phénomène. 157 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Des informations provenant de différentes modalités peuvent partager certains attributs phénoménologiques. On parle alors de correspondance cross-­‐modal. Par exemple, dans une tâche de discrimination perceptive de la taille d'un cercle, Gallace & Spence (2006) ont manipulé la congruence audio-­‐visuelle. Ces chercheurs ont observé que les temps de réaction en situation congruente (e.g., haute fréquence auditive et cercle cible plus petit) étaient plus rapide qu’en situation non congruente (e.g., basse fréquence auditive et cercle cible plus petit). Le phénomène de correspondance cross-­‐modal est largement attribué au mécanisme d’intégration. S’il a été souvent démontré que l’intégration avait des conséquences positives sur le fonctionnement en cours, cette dernière peut aussi avoir des conséquences négatives, voire illusoire (e.g., McGurk&McDonald, 1976). Dans cette perspective, nous avons cherché à objectiver quelles pouvaient être les conséquences de l’intégration d’une source d’efficacité perceptive (i.e., correspondance cross-­‐modal) et d’une source de biais perceptif (i.e., l’illusion d’Ebbinghaus) lors d’une tâche de discrimination de la taille. Nous nous sommes inspirés des travaux de Gallace & Spence (2006) pour construire notre procédure. Nous avons demandé à des participants de discriminer, selon leur taille, des stimuli (i.e., cercles) présentés successivement. Ils devaient donc simplement d’un essai sur l’autre indiquer si la taille de deux cercles centraux était identique ou différente en pressant une touche du clavier. Nous avons manipulé la taille du cercle central (petit, moyen ou grand), le contexte visuel (entouré de petits ou de grands cercles) de même que le contexte auditif (son de haute ou basse fréquence ou absence de son). Classiquement, lorsque deux cercles de tailles identiques sont placés l’un à côté de l’autre, si l’un est entouré de larges cercles il sera perçu plus petit que l'autre entouré de petits cercles (illusion d’Ebbinghaus). A noter que lors d’une première expérience, nous avons répliqué cet effet avec notre matériel. Avec cette étude nous nous attendions soit à : 1) Objectiver un effet de correspondance cross-­‐modal entre la taille et la fréquence auditive – i.e., les participants devraient être meilleurs à discriminer la taille du 2ème cercle lorsque le 1er était accompagné d’un son congruent avec sa taille (e.g., cercle plus petit associé à un son aigu) – et un effet du contexte visuel – i.e., les participants devraient faire plus d’erreur en situation d’illusion d’Ebbinghaus que sans contexte visuel -­‐ ; ou à 2) Objectiver un effet d’intégration entre l’effet engendré par le contexte visuel et le contexte auditif – i.e., les participants devraient faire d’autant plus d’erreur en situation d’illusion d’Ebbinghaus, et de congruence cross-­‐modal entre taille et fréquence auditive, qu’en situation d’illusion d’Ebbinghaus seul. Nos résultats sont clairement en faveur de la 2ème hypothèse et sont une évidence supplémentaire à l’aspect multisensoriel et intégré de l’évaluation de la taille. Bibliographie : Evans, K. K., & Treisman, A. (2010). Natural cross-­‐modal mappings between visual and auditory features, Journal of Vision, 10, (Art. 6) 1–12. doi:10.1167/10.1.6 Gallace, A., & Spence, C. (2006). Multisensory synesthetic interactions in the speeded classification of visual size. Perception & psychophysics, 68(7), 1191–203. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17355042 McGurk, H., & Macdonald, J. (1976). Hearing lips and seeing voices. Nature, 264, 746-­‐748. doi: 10.1038/2647466a0 Dites-­‐moi comment votre mémoire fonctionne au quotidien ?-­‐ C. Mazzocco1, Y. Stephan1, D. Brouillet1 & S. Martin1,2 1 Epsylon, Université Montpellier III, France 2 UGECAM-­‐UEROS, Castelnau le Lez, France Introduction : Praticiens et chercheurs s’accordent sur le fait que les tests diagnostiques ne prédisent pas le fonctionnement et l’efficience quotidienne des individus (Chaytor & Schmitter-­‐Edgecombe, 2003). En effet, « Avoir des problèmes de mémoire » est différent de 158 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie « faire vivre sa mémoire ». Comme le soulignent Meulemans et Seron (2004), il est donc important pour le neuropsychologue de « s’interroger sur la validité écologique des évaluations qu’il pratique » (p14). Ainsi, un déficit ne va pas forcément causer un désavantage au quotidien, notamment grâce à la mise en place des stratégies de compensation que l’individu utilisera pour s’adapter au jour le jour (Baltes, & Baltes, 1990). Il devient alors nécessaire de développer des outils pour évaluer la manière dont les personnes mettent en œuvre leur mémoire dans leur environnement. Le questionnaire de compensation mnésique (F-­‐MCQ) s’inscrit dans cette perspective scientifique, tant sur le plan théorique que dans son application clinique. Le F-­‐MCQ évalue les stratégies de compensation mnésique que les individus mettent en place au quotidien pour gérer leurs pertes de mémoire, qu’elles soient objectives ou perçues (Dixon, De Frias, & Bäckman, 2001). Problématique : En France, il existe peu d’outils comme le F-­‐MCQ permettant de rendre compte de la mise en œuvre comportementale des stratégies de compensation mnésique. La validation et la normalisation de la version française du F-­‐MCQ a permis de démontrer que la compensation mnésique est un processus utilisé à tout âge de la vie, et qu’elle est associée à différentes variables telles que l’anxiété et le niveau d’infirmité (Martin et al., soumis). Mais l’utilisation du F-­‐MCQ dans un contexte de pratique clinique reste un champ à explorer au sein de nos dispositifs. Premièrement, nous présenterons le contexte d’utilisation du MCQ dans le domaine scientifique comme en pratique clinique chez les personnes cérébro-­‐
lésées et les Malades Alzheimer. Deuxièmement, nous effectuerons une présentation de l’outil et troisièmement, nous illustrerons son application clinique par différents profils de personnes cérébro-­‐lésées dans un contexte de réhabilitation cognitive. Matériel: Le F-­‐MCQ a été validé sur 749 personnes âgées de 16 à 92 ans. Les études de cas ont été effectuées dans un cadre de réinsertion socio-­‐professionnelle de personnes cérébro-­‐
lésées sur 8 adultes ayant été victimes de lésions cérébrales acquises depuis au moins deux ans, et étant sortis du secteur sanitaire. Méthode clinique: Nous nous sommes servis des résultats au F-­‐MCQ en réhabilitation cognitive pour travailler, d’une part, sur la différence entre la perception des stratégies que les participants pensent mettre en place et l’utilisation réelle de ces stratégies dans leur vie quotidienne, et d’autre part, sur le bénéfice des stratégies mnésiques adaptées à leur profil, afin de favoriser le comportement compensatoire personnalisé. Résultats : les principaux résultats montrent que, dans une certaine mesure, cet outil a permis d’optimiser l’utilisation des stratégies de compensation de manière différentielle. Interprétation et discussion : Notre discussion concernera la pertinence de relier les stratégies de compensation mnésique aux caractéristiques cognitives, comportementales et sociales des patients, afin d’aider les individus à adopter des moyens compensatoires efficaces pour atteindre leurs objectifs socio-­‐professionnels, et généralement, pour optimiser l’adaptation dans leur vie quotidienne. Bibliographie Baltes, P. B., & Baltes, M. M. (1990). Psychological perspectives on successful aging: The model of selective optimization with compensation. Successful aging: Perspectives from the behavioral sciences, 1, 1–34. Chaytor, N., & Schmitter-­‐Edgecombe, M. (2003). The Ecological Validity of Neuropsychological Tests: A Review of the Literature on Everyday Cognitive Skills. Neuropsychology Review, 13(4), 181 197. Dixon, R. A., De Frias, C. M., & Bäckman, L. (2001). Characteristics of Self-­‐Reported Memory Compensation in Older Adults. Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology, 23(5). Construction d’un matériel expérimental pour la détection des troubles praxiques-­‐ C. Jacquemont, C. Collette, A. Bartolo, I. Bonnotte & S. Kalénine Université Lille Nord de France, F-­‐59653 Lille, France 159 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Dans l’apraxie gestuelle, une altération de l’accès à certaines connaissances sémantiques concernant les objets peut entraîner des difficultés majeures dans leur utilisation correcte. Ainsi, Buxbaum et Saffran (2002) ont montré que les patients apraxiques présentent des connaissances perturbées à propos de la manipulation des objets alors que les connaissances sur leur fonction sont relativement préservées. En revanche, les patients non-­‐
apraxiques avec lésion hémisphérique gauche montrent le profil inverse. L’apraxie gestuelle pourrait donc être détectée en évaluant l’accès à ces connaissances. Cependant, les tâches d’appariement d’images utilisées par Buxbaum et Saffran (2002) pour les évaluer comportaient certains biais. Plusieurs facteurs essentiels n’étaient pas contrôlés comme la manipulabilité, la taille des objets ou encore leur similarité visuelle. Notre étude vise donc à sélectionner le matériel expérimental pour la construction de deux tâches d’évaluation des connaissances sur la manipulation et la fonction des objets en contrôlant strictement ces facteurs ainsi que l’accord sur le nom. Le matériel comporte 382 dessins d’objets en noir et blanc, tous dessinés avec le même trait. Ils ont été sélectionnés par paire de telle sorte que chacune soit similaire au niveau de la fonction (i.e. utilisés dans le même but), de la manipulation (i.e. utilisés avec les mêmes gestes), au niveau visuel (i.e. même forme et/ou même agencement des parties et/ou même détails), ou non similaires (aucun lien de fonction, de manipulation ou au niveau visuel). Au total, 49 étudiants (27 femmes ; 22 hommes), de 18 à 30 ans, ont été sollicités dans une ou plusieurs études. Étude 1 : « accord sur le nom », les participants devaient indiquer, avec une réponse sur le clavier, s’ils reconnaissaient ou non l’objet et s’ils validaient ou non le nom proposé. Dans les 3 autres études, les objets étaient présentés par paires sur lesquelles les participants devaient porter un jugement sur une échelle en 7 points allant de 1 (pas du tout similaires) à 7 (très similaires). Les jugements n’ont été faits que sur une partie des images. Étude 2 : les participants devaient estimer la similarité de manipulation sur 115 paires (85 similaires au niveau de la manipulation ; 30 non similaires). Étude 3 : ils devaient estimer la similarité de fonction sur 121 paires (91 similaires au niveau de la fonction ; 30 non similaires). Les paires non similaires servaient d’items de remplissage afin de garantir l’utilisation de la totalité de l'échelle de jugement et n’ont pas été analysées. Étude 4 : ils devaient estimer la similarité visuelle sur 112 paires (60 paires constituées d'un objet de l'étude 2 ou 3 et d'un objet qui lui était visuellement similaire et 60 paires des études 2 ou 3). Le but étant de vérifier que les premières recevaient un jugement plus élevé que les secondes. Les résultats de l’étude 1 montrent que les participants reconnaissent tous les objets et acceptent massivement le nom proposé (0.98 ± 0.06 ; 2 objets ont été remplacés). Dans les études 2 et 3, les paires sélectionnées pour être similaires sur la fonction et la manipulation reçoivent des jugements élevés (respectivement 5.44 ± 0.8 et 4.61 ± 1.27). Enfin,l’étude 4 montre un bon contrôle de la similarité visuelle puisque les paires « visuelles » (4.03 ± 1.78) reçoivent des jugements de similarité visuelle au moins aussi élevés que les paires « fonction » (2.29 ± 1.27) et « manipulation » (4.21 ± 1.72). Ainsi, notre matériel expérimental semble bien contrôlé du point de vue de l’identification des dessins d’objets, de la similarité de manipulation et de fonction. Aussi, les scores à l'étude 4 montrent que les paires « visuelles » assureront un bon contrôle de ce facteur. L’objectif final de notre étude est de créer un test diagnostic précoce des troubles praxiques. Elle permettra d’améliorer les connaissances et la prise en charge de ces troubles très invalidants dans la vie quotidienne. Buxbaum, L. J., & Saffran, E. M. (2002). Knowledge of object manipulation and object function: dissociations in apraxic and nonapraxic subjects. Brain and Language, 82, 179-­‐199. Effet du vieillissement sur l’intelligence fluide : implication differentielle du controle et des representations-­‐ S. Gombart, S. Fay, B. Bouazzaoui & M. Isingrini UMR CNRS 7295, CERCA 160 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Introduction Craik et Bialystok (2006) ont proposé un modèle à deux composantes : représentations (connaissances générales) et contrôle (processus exécutifs), pouvant rendre compte des performances cognitives des individus. Selon ces auteurs, examiner l’évolution de ces deux composantes tout au long de la vie pourrait permettre de mieux comprendre les changements cognitifs liés au vieillissement. Dans une étude récente, Bouazzaoui et al. (2012) ont examiné l’implication de ces deux composantes séparément chez des sujets jeunes et des sujets âgés. Les résultats ont montré des profils différents : les représentations sont impliquées dans les performances de mémoire pour les deux groupes d’âge, tandis que le contrôle n’est impliqué dans la mémoire épisodique que pour le groupe de sujets âgés. Le but de la présente étude est d’une part, de généraliser le modèle à deux composantes de Craik et Bialystok à l’intelligence fluide (Cattell, 1973) et, d’autre part, de déterminer si l’implication des représentations et du contrôle dans les performances d’intelligence fluide est fonction de l’âge des participants. Selon Salthouse (2002), un haut niveau de représentations pourrait être lié à de meilleures performances cognitives. De plus, des études ont montré que le contrôle exécutif jouait un rôle majeur dans l'intelligence fluide (Conway et al., 2002; Kyllonen & Christal, 1990). En accord avec les travaux qui montrent un plus grand recours au contrôle en vieillissant (Craik et Rose, 2012, Bouazzaoui et al., 2012), nous nous attendons à ce que les représentations soient impliquées dans l’intelligence fluide de la même manière pour les deux groupes d’âge tandis que le contrôle devrait jouer un rôle plus important dans les performances en intelligence fluide pour le groupe de sujets âgés. Méthode L’échantillon comprend 140 sujets : 60 participants (20-­‐25 ans) jeunes et 80 participants âgés (60-­‐80 ans). Deux indices (représentations et contrôle) ont été calculés pour chaque participant incluant les scores au Mill Hill et au subtest « informations » (WAIS-­‐R) pour mesurer la composante de représentations et les scores au Stroop, TMT et N-­‐Back pour mesurer la composante de contrôle. Trois tests ont été proposés aux sujets pour évaluer l’intelligence fluide : le Culture Fair Intelligence Test, le D48 et le BV16. Résultats Tout d’abord, l’étude a permis de confirmer le pattern de résultats classiquement observé : un déclin lié au vieillissement pour les mesures d’intelligence fluide et de contrôle et une préservation des performances aux épreuves permettant d’évaluer les représentations. Une analyse factorielle a confirmé l’indépendance des composantes de représentations et de contrôle. Les analyses de corrélations ont montré des patterns de résultats différents chez les sujets jeunes et les sujets âgés : le facteur de représentations est corrélé avec l’intelligence fluide de la même manière chez les sujets jeunes et les sujets âgés. Quant au facteur de contrôle, les coefficients de corrélation sont significativement plus importants pour les sujets âgés que pour les sujets jeunes. Les analyses de régression montrent que le seul prédicteur de la performance en intelligence fluide chez les sujets jeunes est la composante de représentations. En revanche chez les sujets âgés, la composante de contrôle est le premier prédicteur de la performance en intelligence fluide, suivi de la composante de représentations qui explique tout de même une part significative de la variance. Discussion Ces résultats permettent de confirmer le modèle de Craik et Bialystok (2006) en le généralisant aux performances d’intelligence fluide. Les représentations seraient impliquées dans l’intelligence fluide tout au long de la vie alors que le contrôle semble jouer un rôle plus important chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes. Enfin, en montrant que les sujets âgés ont d’avantage recours au contrôle exécutif, l’étude est en accord avec l’hypothèse d’un shift général des processus automatiques vers des processus plus contrôlés avec l’avancée en âge (Craik & Rose, 2011; Bouazzaoui et al., 2012). 161 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Le rôle de la voie réticulo-­‐tectale dans le déplacement exogène de l’attention-­‐ R. Mizzi, C. Couffe, G. Vallet & G. Michael Université Lyon 2, Institut de Psychologie, Laboratoire EMC Deux principales voies visuelles sont impliquées dans l’attention, une voie rétino-­‐géniculo-­‐
striée et une rétino-­‐tecto-­‐pariétale. Au sein de cette dernière, les colliculi supérieurs seraient impliqués dans l’orientation exogène de l’attention. Une absence de mobilisation de l'attention exogène est observée lorsque des stimuli visuels n'activent pas les CS (Kraft et al. 2010 ou Leh et al. 2006). Pourtant ces effets sont remis en question par des études montrant des résultats inverses (Bompas al. 2009). Le but de cette étude est alors de tester les processus attentionnels grâce à des techniques d’isolation expérimentales des voies visuelles. Une version modifiée du Multiple Salience Levels Visual Search Task (MSLVST) de Michael et Galvez-­‐Garcia (2011) est employée. Trois carrés de taille différente apparaissent brièvement et le sujet doit porter un jugement sur l’un d’eux. Dans l’étude présente, deux conditions sont comparées, la première impliquant les stimuli du protocole initial, et la seconde des stimuli n’activant que les cônes S de la rétine, cellules dont le développement ganglionnaire emprunte uniquement la voie rétino-­‐géniculée, et donc n’innervent pas les colliculi supérieurs. Il est ainsi possible d’établir l’implication de cette voie dans les processus d’orientation attentionnelle dus à la saillance. Matériel & Méthode : La transition exacte entre un fond gris standard et un angle de couleur qui n’affecte pas les cônes L et M varie d’un individu à un autre. Les luminances des couleurs candidates sont d’abord équilibrées grâce à la Minimum Motion Technic introduite par Antis et al. (1983). La procédure de transient trianopia développée par Smithson et al. (2003) permet ensuite d’isoler le degré de couleur n’activant que les cônes S. Enfin, l’adaptation du MSLVST est mise en place : le dispositif de recherche visuelle contient trois carrés latéralisés différant par la taille (grand, moyen, petit), une cible et deux distracteurs, présentés pendant 100ms. Les trois stimuli peuvent être la cible (ouverture altitudinale haut/bas) avec une probabilité égale, les deux autres carrés ayant une ouverture latérale. Les facteurs manipulés sont la taille du stimulus-­‐cible (grand, moyen ou petit) et sa couleur (Cône-­‐S vs. noir). Les temps de réponse (TR) et les proportions de bonnes réponses (BR) sont enregistrés. Sujets (en cours de passation) : 30 volontaires droitiers (15 hommes, 15 femmes) rapportant une vue normale ou corrigée à la normale. Résultats : Les TR et les BR montrent une interaction significative (p < .02) des facteurs Taille * Couleur. Les TR du petit carré de la condition Noir sont plus élevés que ceux du grand. Les mesures montrent un effet principal de la Couleur (p < .01). Les performances sont plus précises pour la condition Noir que pour la condition Cônes-­‐S. Discussion : Les résultats corroborent l'hypothèse d'une implication des CS dans l’orientation exogène de l’attention. En effet, les TR montrent un effet hiérarchique basé sur la saillance avec des stimuli noirs alors qu’aucune différence ne se remarque dans les performances avec des stimuli S. Le déplacement de l'attention sur la base de la saillance serait donc un processus supporté en grande partie par les CS. Le profile hiérarchique en fonction de la Taille ne se dessine que pour les stimuli dont le traitement par la voie rétino-­‐tectale est possible. Références : Kraft et al. (2010), Hum Brain Map XX Tamietto et al. (209), J cog Neurosci, 5(22), 888-­‐902 Bompas et al. (2009), J Neurophysiol, 102, 2387-­‐95 Michael et Galvez (2011), Behav Brain Res, 224, 87-­‐99 Antis et al. (1983), Col Vis, 155-­‐166 Smithson et al. (2003), Norm Def Col Vis, 279-­‐287 162 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Passage du temps : une approche écologique de ses distorsions et évolutions au cours du vieillissement-­‐ M. Wilmann-­‐Courteau1, J. Wearden2 & S. Droit-­‐Volet1 1 LAPSCO -­‐ UMR 6024) 2 Université de Keele) Il n’est pas rare d’entendre de la part de nos ainés que « plus on vieillit, plus le temps passe vite ». Si certains auteurs attribuent cette accélération du temps qui passe à une inférence tirée du temps de vie écoulé (e.g., Joubert, 1984), d’autres évoquent des modifications profondes dans les processus perceptifs du temps, notamment des changements avec l’âge dans le fonctionnement de notre horloge interne, que ce soit au niveau des processus attentionnels ou du rythme physiologique de notre horloge interne. Plus récemment, les chercheurs évoquent le rôle déterminant de changements au cours du vieillissement au niveau du stress et des émotions négatives, avec notamment le concept de « pression temporelle » (Friedman et al., 2010). Ainsi, quelle qu’en soit la cause, l’état émotionnel ressenti et ses changements avec le vieillissement pourrait modifier notre rapport au temps. C’est également dans cette perspective que s’inscrit le paradoxe temps-­‐émotion (voir Droit-­‐
Volet & Gil, 2009). Le but de cette étude est donc de tenter de redéfinir la réalité psychologique du passage du temps en testant au quotidien l’effet du contexte sur l’expérience et le ressenti de la vitesse du passage du temps. Ainsi, on s’attend à ce que plus l’état émotionnel est jugé positif, plus la vitesse du temps devrait être jugée comme rapide. De la même manière, plus l’activité en cours est jugée comme captivante, plus le passage du temps devrait être évalué comme rapide. Il est également attendu que plus les sujets présentent un score de dépression élevé, plus le temps sera jugé comme s’écoulant lentement. Pour tenter de mieux cerner ce phénomène du ralentissement avec l’âge du passage du temps, 15 étudiants et 15 personnes âgées ont participé à cette étude. Dans cette étude, on a utilisé une méthode originale dite écologique basée sur l’évaluation écologique momentanée (experience sampling method -­‐ ESM) (e.g. Schwartz, & Stone, 1998). Dans cette méthode, les participants sont interrogés sur leur sentiment de la vitesse du temps qui passe à différent moments de la journée à l’aide d’un Smartphone. Plus précisément, l’étude se déroule sur 5 jours. Les participants se sont donc vus remettre un carnet de bord et un Smartphone sur lequel a été installée une application permettant de générer des alertes, et qui les invite à répondre à une série de questions sur le carnet de bord. De plus, les participants sont soumis à une série de tests permettant d’évaluer notamment leur niveau de dépression ou leur quotient intellectuel. L’analyse des résultats préliminaires suggère des différences entre les personnes jeunes et âgées au niveau du sentiment du passage du temps, bien que ces différences soient plus marquées quand l’horizon temporel augmente (semaine, mois, années). Cependant, on trouve également une corrélation significative entre l’état émotionnel des sujets et la vitesse subjective du temps qui passe. Le type d’activité, en termes de difficulté et de captation de l’attention, conduit également à des distorsions dans l’estimation du passage du temps. Les analyses de régressions suggèrent que les variations au quotidien dans l’état émotionnel et le type d’activité sont des prédicteurs significatifs des changements avec le vieillissement du sentiment du passage du temps. Les résultats de cette étude seront discutés d’un point de vue méthodologique mais aussi théorique. Droit-­‐Volet, S., & Gil, S. (2009). The time-­‐emotion paradox. Philosophical Transactions of the Royal Society, B-­‐Biological Sciences, 364, 1943-­‐1953. Friedman, W.J., & Janssen, S. M. J. (2010). Aging and the speed of time. Acta Psychologica, 134, 130-­‐141. Joubert, C.E. (1984). Subjective expectations of the acceleration of time with aging. Perceptual and Motor Skills, 70, 334. 163 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Schwartz, J.E., & Stone, A.A. (1998). Strategies for analyzing ecological momentary assessment data. Health Psychology, 17, 6-­‐16. Les motivations à Être bénévole : validation d’un inventaire et approche socionormative-­‐ C. Dansac1, C. Maisonneuve2, N. Goutas3 & A. Taillandier4 1 Équipe Organisations Non Orientées Vers le Profit et Gouvernance, GLRPMIP / IUT Toulouse 2 Figeac 2 Laureps / IUT de Rennes 3 ESO-­‐Angers / IUT de Cholet 4 PAV-­‐EA 2114 / IUT de Tours Selon Archambault & Tchernonog (2012) 32% des français, soit environ 16 millions de personnes s’impliquent bénévolement dans des associations. L’engagement associatif est un élément essentiel pour la mise en œuvre de nombre de services cruciaux. Pourtant, la psychologie française a peu investi la question du bénévolat, défini comme un comportement prosocial planifié, répété dans la durée, et qui intervient dans un contexte organisationnel. L’objectif des recherches présentées ici était de construire les bases d’une approche expérimentale de ces comportements et de la manière dont ils peuvent être soumis à des contraintes normatives. Afin d’étudier les motivations à l’origine du comportement bénévole, nous avons choisi de procéder à la traduction et à la validation de la version française de l’Inventaire des Fonctions du Volontariat (Clary et al., 1998), qui est l’outil le plus communément utilisé dans la communauté scientifique internationale. Ce questionnaire est basé sur une approche fonctionnaliste des motivations qui considère qu’un même comportement vise à satisfaire des motivations multiples pouvant différer d’un individu à l’autre. On distingue ainsi 6 fonctions élémentaires, donnant chacune lieu à une échelle de 5 items : expression des Valeurs, Compréhension (‘Understanding’), Promotion du Soi (‘Enhancement’), Carrière, Sociale, et Protection du Soi. Les 3 premières études (complétion en passation collective de la version traduite du questionnaire puis d’une fiche de renseignements sur les investissements associatifs) permettent de valider la version française. L’inventaire obtenu possède une structure comparable à celle de l’inventaire originel, et même si, comme le pointent d’autres auteurs, les facteurs se dégagent moins nettement que dans la recherche initiale, l’analyse factorielle confirmatoire montre que le modèle à 6 facteurs est acceptable. La consistance interne et la stabilité temporelle de l’IFV sont comparables à celles de la version anglophone. La validité prédictive a été testée par le biais de modèles de régressions (non linéaires) sur des variables qualitatives traduisant les investissements associatifs futurs. La différence de prédicteurs significatifs montre la pertinence de la distinction des différentes échelles. Ces études révèlent cependant des différences non négligeables entre les trois versions utilisées qui présentaient les mêmes items dans des ordres différents. Cette observation conduit à s’interroger sur la nature fiable de la mesure des motivations, d’autant plus que les études suivantes suggèrent sa possible contamination par la désirabilité. Les études 4 et 5 posent la question de l’existence de normes en matière de motivation au bénévolat. En effet, le monde associatif est empreint de valeurs de gratuité et de 164 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie désintéressement qui peuvent rendre certaines motivations moins acceptables que d’autres et conduire à des différences de jugement social. En utilisant le paradigme d’autoprésentation (Jellison & Green, 1981), nous montrons que la normativité est plus forte pour certaines échelles que pour d’autres : il existe un fort consensus sur le caractère socialement désirable des motivations par les Valeurs et par la Compréhension alors que les motivations carriéristes, à la protection ou à la promotion de soi font l’objet d’un consensus moindre. La comparaison d’étudiants en commerce avec des étudiants en travail social montre que ces normes diffèrent d’un public à l’autre. Archambault, E., & Tchernonog, V. (2012, mars). Repères sur les associations en France. CPCA. Clary, E. G., Snyder, M., Ridge, R. D., Copeland, J., Stukas, A. A., Haugen, J., & Miene, P. (1998). Understanding and assessing the motivations of volunteers: A functional approach. Journal of Personality and Social Psychology, 74(6), 1516 1530. Jellison, J. M., & Green, J. (1981). A Self-­‐Presentation Approach to the Fundamental Attribution Error: The Norm of Internality. Journal of Personality & Social Psychology, 40(4), 643 649. La place des dysharmonies psychotiques dans les classifications et les enjeux qui y sont liés-­‐ Gwon, Jung-­‐A Department of Youth Education and Counseling, Soonchunhyang University, Corée du Sud Introduction : Nous avons récemment confronté entre elles les nouvelles versions nosographiques, concernant l’autisme, du DSM-­‐V et de la CFTMEA R-­‐2012 dont les approches sont divergentes. Le DSM-­‐V propose un nouveau concept, « les troubles du spectre autistique (TSA) » qui remplace celui « des troubles envahissants du développement (TED) ». Ainsi, le DSM-­‐V rassemble le syndrome d'Asperger et les troubles autistiques du DSM-­‐IV sous la terminologie de « troubles du spectre autistique». Les TSA incluent également les troubles désintégratifs de l'enfance, et les troubles envahissants du développement. Par opposition, dans la nouvelle version de la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent (CFTMEA R-­‐2012), la notion de psychose précoce a été conservée dans le cadre de la catégorie « Troubles envahissants du développement (TED) », définis par les classifications internationales (DSM-­‐IV et CIM-­‐10). Au sein des TED, les catégories diagnostiques « Psychose précoce déficitaire » (« retard mental avec troubles autistiques ou psychotiques ») et « dysharmonie multiple et complexe du développement (MCDD) – dysharmonie psychotique », restent individualisées (C. Bursztejn et al., 2011). Nous exposerons dans cet article, la place des dysharmonies psychotiques dans les classifications ainsi que les enjeux qui y sont liés, en particulier les différences internationales dans les prescriptions médicamenteuses et les traitements psychothérapeutiques. Matériel et méthode : L’approche adoptée pour aborder cette question sera l’eclairage historique et la comparaison des trois systèmes actuels de classification. Résultats : En 1943, Kanner a décrit 11 cas de troubles autistiques du contact affectif par le terme d’autisme’. La dénomination de Kanner a pris une orientation différente selon le DSM ou le CFTMEA. Aux Etats-­‐Unis, on a reproché aux théories psychanalytiques de rendre les parents responsables de l’autisme de leur enfant. L’autisme y est donc désormais considéré comme ‘un handicap neurophysiologique’ et les enfants autistes comme ayant besoin de rééducation mais pas de thérapie. Le DSM III (1981) abandonna la notion de psychose de l’enfant. Les affections classées jusque-­‐là parmi les psychoses infantiles furent dès lors regroupées sous le terme de « pervasive developmental disorders ». En France, les recherches ont porté sur l’étude du concept de psychose de l’enfant et de ses variantes 165 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie évolutives et sur les rapports entre les processus psychotiques ou autistiques et les déficiences mentales ou instrumentales. Elles ont permis de. forger les notions de psychoses déficitaires et de dysharmonies évolutives. Nous détaillerons les implications diverses des différentes évolutions historiques. Discussion : Les dysharmonies psychotiques demeurent dans la CFTMEA , et elles n’ont pas de correspondance dans la CIM-­‐10 ni dans le DSM-­‐V. Les enfants concernés se trouvent classés, soit dans les « autres TED » dans la CIM-­‐10, soit dans les « TSA » dans le DSM-­‐V. Toutes les études épidémiologiques montrent que les dysharmonies psychotiques occupent une place importante. Au plan clinique, les symptômes des jeunes patients sont tout à fait distincts et leur prise en charge thérapeutique doit être adaptée leurs caractéristiques propres. Références bibliographiques : E. Bleuler (1911), « Dementia præcox, oder die Gruppe der Schizophrenien», in Aschaffenburg, Hanbuch der Psychiatrie, Leipzig, trad. résumée d’H. Ey, Paris : Analectes, 1964 ; «Dementia præcox» ou Groupe des schizophrénie, Paris, E.P.E.L.-­‐
G.R.E.C., 1993. C. Bursztejna, J.-­‐P. Raynaudb, R. Misés, “ Autisme, psychose précoce, troubles envahissants du développement” in Annales Médico-­‐psychologiques, revue psychiatrique, Volume 169, Issue 4, May 2011. L. Kanner (1943), «Les troubles autistiques du contact affectif», trad. fr., Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 38e année, n° 1-­‐2, 1990, p. 65-­‐84. P. Mazet, D. Houzel, C. Burzstejn, « Autisme infantile et psychose précoces de l’enfant », Encycl Méd Chir, Psychiatrie, 37-­‐201-­‐G-­‐10, 2000. Caractères implicites/explicites des duels du quotidien-­‐ M. Charles Aix-­‐Marseille Université AMU Nous étudions ici les duels implicites du quotidien. Il s’agit des situations banales où la présence d’un individu A va entrainer un comportement d’un individu B que ce dernier n’aurait pas réalisé seul (Dahl, 1963). Nos précédents travaux sur ces duels nous ont renseigné que chacun des deux protagonistes va endosser un rôle, celui de Constant ou celui d’Ajusteur. Le Constant est celui qui adopte un comportement qui aurait été le même sans la présence d’autrui comme occuper l’accoudoir commun. L’Ajusteur réagit en s’adaptant au comportement du constant, il renoncera à l’accoudoir. Les termes choisis de constant et d’ajusteur permettent de faire la différence avec une simple relation de dominé/dominant. Les comportements d’ajustement que nous étudions, sont sans enjeux, ils suivent des automatismes qui échappent à notre conscience (Bargh, 1997) ou des scripts réduisant l’effort cognitif (Schneider, 1995). Nous faisons l’hypothèse que le rôle que va incarner le participant (Constant Vs Ajusteur) aura un impact sur la structure cognitive impliquée dans la formation d’impression (Asch, 1946), ce qui entrainera une perception différente. En rapport à leur degré d’implication (Langer, 1977), les acteurs de duels devraient faire plus de rappels liés à l’influence comparativement à de simples observateurs. La position d’acteur-­‐ajusteur devrait venir casser la basse tension cognitive du sujet et le poussera à retranscrire plus d’éléments concernant la relation d’influence, comparativement à un participant incarnant ou observant un constant. Pour expérimenter cela, un texte invitait les participants (N=83 ; M=19,5 ans) à vivre une journée fictive au cours de laquelle ils rencontraient trois duels : prendre versus laisser à l’autre l’accoudoir ; sortir avant versus après l’autre de l’ascenseur ; monter côté passager versus seul à l’arrière d’un véhicule. Les participants sont repartis en quatre groupes, un composé d’ajusteurs qui « subissent » l’influence de l’autre au cours des duels. Un groupe de constants où cette fois-­‐ci le participant influence le comportement de l’autre. Les deux autres groupes incarnent un observateur témoin des comportements soit d’un ajusteur soit d’un constant. Nous mesurons la fréquence d’apparition d’unités significatives se référant aux duels, dans les résumés de texte que les participants ont eu à produire suite à leur lecture. L’analyse statistique montre une différence entre les ajusteurs et les constants, dans la condition acteur, t(45)=2,84, p<0,01). Les ajusteurs identifient les duels plus souvent (m=6.06) que les constants (m=2.93). Les résultats ont démontré une différence de 166 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie perception des duels entre les sujets ayant un rôle d’acteur ou d’observateur, t(40)= 2.48, p<0,017. Les observateurs des comportements d’un constant (m= 5,82) identifient plus les duels qui se jouent que les acteurs incarnant un constant… Ces résultats viennent rejoindre le principe d'économie mentale (Langer): nous faisons appel à des scripts comportementaux (Schank & Abelson, 1977) sans pousser plus loin notre analyse de la situation, lorsque l’on n’a pas eu à subir l’influence de l’autre. Dans le cas contraire nous examinons plus attentivement les interactions rencontrées. Les ajusteurs et surtout les observateurs s’attachent plus fréquemment à la notion de duel que les constants qui font moins part de l’influence qu’ils ont eu sur l’autre. En effet, il peut être socialement inconfortable d’incarner le constant prenant l’accoudoir au détriment de l’autre. BARGH, J. A. (1997). The automaticity of everyday life. In R. S. Wyer, Jr. (Ed.), The automaticity of everyday life: Advances in social cognition (Vol. 10, pp. 1-­‐61). Mahwah, NJ: Erlbaum. LANGER, E.J., BLANK, A. & CHANOWITZ, B. (1978). The mindlessness of ostensibility thoughtful action : The role of «placebic» information in interpersonal interaction. Journal of Personality and Social Psychology, 36(6), 635-­‐642. Âgisme et sexisme en contexte professionnel, entre l'explicite et l'implicite : deux types de discrimination, deux modes d'expression des préjugés-­‐ A. Faure & A. Ndobo Université de Nantes Introduction : Cette recherche se situe dans le cadre de la psychologie sociale des discriminations modernes (Augoustinos, 2009), et s’intéresse aux discriminations sexistes et âgéistes en contexte professionnel. La littérature montre que les femmes et les seniors sont victimes de préjugés et de discriminations à l’embauche ou dans l’accès aux promotions (Derks, Van Laars, Ellemers, & de Groot, 2011 ; Kluge & Krings, 2008). Dans cette étude, il s’agit de comparer les modes d’expressions du sexisme et de l’âgisme. En effet, les dispositifs de régulation du sexisme sont assez anciens, comparativement à ceux concernant l’âgisme : le principe d’égalité sexuelle au travail apparait pour la première fois en 1919. Par contraste, ce n’est qu’en 1988 que l’expression « discrimination sur l’âge » émerge sur la scène médiatique (Caradec, Lefrançois, & Poli, 2009). Au vu de ces différents éléments, on peut considérer que les individus ont davantage intériorisé le principe d’égalité entre les hommes et les femmes que celui entre les différentes catégories d’âge. D’ailleurs, certaines recherches mettent en évidence que les individus n’expriment plus de préjugés sexistes (Foschi & Valenzuela, 2008). Mais, de notre point de vue, cette absence de préjugés sexistes reste superficielle, au regard des recherches sur les discriminations modernes : aujourd’hui, les préjugés s’expriment le plus souvent sous une forme implicite et indirecte, plutôt qu’explicite et directe (Singletary & Hebl, 2009). Méthode : 140 professionnels du recrutement (62 femmes et 78 hommes) ont participé à cette étude. Après avoir pris connaissance d’une fiche de poste ils devaient évaluer la candidature d’un postulant (Pierre ou Marie ; 27 ou 53 ans). On postule que les participants (professionnels du recrutement), lors d’une procédure de simulation de sélection professionnelle, exprimeront davantage leurs préjugés sexistes de manière implicite (à travers leur discours) plutôt que de façon explicite (à travers un questionnaire). À l’inverse, on supposait que les participants exprimeraient leurs préjugés âgéistes de manière explicite et implicite. Résultats : les résultats valident globalement les hypothèses. Les biais sexistes n’apparaissent pas de manière explicite, les candidats féminins et masculins étant évalués de manière similaire au niveau de leur recrutabilité. Par contre, ils apparaissent de manière implicite, à travers le discours des recruteurs (plus de doute dans les propos, accent sur les défauts). À l’inverse, les biais âgéistes apparaissent de manière explicite et implicite : les candidats seniors sont moins recrutés que les jeunes candidats. Les préjugés âgéistes sont 167 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie aussi largement présents dans le discours des recruteurs, ceux-­‐ci exprimant d’ailleurs que l’âge est un facteur déterminant dans le processus de sélection professionnelle. Discussion : abordée selon la perspective des discriminations modernes, et du mode d’expression des préjugés. La portée pratique de l’étude est évoquée, concernant notamment la sensibilisation des recruteurs face aux préjugés sexistes et âgéistes. Bibliographie Augoustinos, M. (2009). Racism(s): One or many? International Journal of Psychology, 44(1), 43-­‐45. Caradec, V., Lefrançois, C., & Poli, A. (2009). Quand la discrimination et la diversité se déclinent selon l'âge : Emergence, appropriations, ambivalences. Cahiers internationaux de Sociologie, 127, 223-­‐245. Derks, B., Van Laar, C., Ellemers, N., & de Groot, K. (2011). Gender-­‐bias primes elicit queen-­‐
bee responses among senior policewomen. Psychological Science, 22(10), 1243-­‐1249. Foschi, M., & Valenzuela, J. (2008). Selecting job applicant: Effects from gender, self-­‐
presentation, and decision type. Social Science Research, 37, 1022-­‐1038. Kluge, A., & Krings, F. (2008). Attitudes toward older workers and human resource practices. Swiss Journal of Psychology, 67(1), 61-­‐64. Singletary, S. L., & Hebl, M. R. (2009). Compensatory strategies for reducing interpersonal discrimination: The effectiveness of aknowledgments, increased positivity, and individuating information. Journal of Applied Psychology, 94(3), 797-­‐805. Evaluation d’une discrimination religieuse : l’islamophobie-­‐ A. Ameline, N. Roussiau & A. N'dobo Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire (EA 4638) Introduction théorique : La recherche réalisée considère la montée en puissance des discriminations religieuses en fonction de l’appartenance à la catégorie musulmane. Des données empiriques solides ont été collectées sur la discrimination religieuse au travail et sur l’articulation entre l’orientation politique des individus, la croyance religieuse et les préjugés. Mais on dénombre peu de travaux concernant la mesure des discriminations subies en raison de la pratique de l’islam. Ainsi, depuis les attentats du 11 septembre 2001, certains chercheurs sont conduits à s’interroger sur les risques de rejet d’une population en raison de sa croyance religieuse notamment (Kunst, Tajamal, Sam et Ulleberg, 2012).En France, l’exaspération de certains segments de la population se focalise sur des différenciations inter-­‐religieuses et interculturelles et alimente plus ou moins directement la tendance à la stigmatisation de la minorité religieuse musulmane. C’est dans cette perspective qu’il convient de considérer l’échelle élaborée par Lee, Gibbons, Thompson et Timani (2009) qui représente un outil approprié pour mesurer la discrimination en raison de l’appartenance à la catégorie « musulman ». Initialement, l’échelle américaine était composée de 41 items construits sur la base de la psychologie de la peur et d’une littérature sur le sentiment d’islamophobie. Suite à une analyse factorielle exploratoire, les auteurs ont retenu 16 items et deux dimensions ; une affective et comportementale et une cognitive. Les résultats obtenus par les auteurs sont les suivants : des scores d’islamophobie faibles pour les 2 dimensions ainsi que pour l’échelle globale (M = 1.68 ; M = 1.78 ; 1.73) ainsi que des alphas de Cronbach acceptables pour les deux dimensions (α = 0.92 ; α = 0.94). Hypothèse générale : si les problèmes culturels posés en occident par l’islam sont de même nature que ceux posés aux Etats-­‐Unis, alors les mêmes causes produisant les mêmes effets, on peut s’attendre à retrouver des attitudes similaires. Dans ces conditions, la réplication de l’échelle devrait conduire à observer des propriétés psychométriques équivalentes à celles constatées par les auteurs dans l’étude princeps. 168 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Méthodologie : Cette recherche comporte deux études impliquant respectivement 141 et 185 participants à qui nous avons administré l’échelle d’islamophobie lors d’un cours magistral. Résultats : Le niveau d’islamophobie des participants est très faible (M = 1.53). Par ailleurs, les analyses factorielles exploratoires et confirmatoires (ex. CFI = 0.95 et TLI = 0.94) ont permis de confirmer le modèle théorique sous-­‐jacent de cette échelle. Les analyses de corrélations ont quant à elle montrée une cohérence interne satisfaisante (α = 0.87 ; α = 0.91 et α = 0.93) et une stabilité temporelle acceptable à huit mois d’intervalle (0.97 ; 0.85 ; 0.95). Ainsi, ces résultats viennent confirmer l’hypothèse générale et vont dans le sens des résultats obtenus par les auteurs dans l’étude princeps. Discussion : Elle met en avant le caractère encourageant de cette première recherche mais insiste sur la nécessité d’effectuer d’autres analyses statistiques afin de renforcer la validité de cette échelle. De ce fait, une nouvelle étude, réalisée sur une population tout venante, est en cours. La discussion porte aussi sur les implications d’un tel outil afin de mieux appréhender la discrimination religieuse explicite et implicite, notamment dans des contextes sociaux marqués par la promotion de l’égalité intergroupe. Bibliographies: Kunst, J.R., Tajamal, H., Samb, D.L., &Ulleberga, P. (2012).Coping with Islamophobia: The effects of religious stigma on Muslim.International Journal of Intercultural Relations, 36, 518– 532. Lee, A.S., Gibbons, J.A., Thompson, J.M., & Timani, H.S. (2009). The Islamophobia Scale: instrument development and initial validation. The International Journal for the Psychology of Religion, 19, 92-­‐105. S’approprier l’écrit en cm2 : diagnostic des compétences et profils sur l’écrit-­‐ S. Majaji & J-­‐M Besse Lyon 2 Introduction Notre thèse porte sur l’appropriation de l’Écrit (Besse & al., 2004), à entendre comme l’intégration et la (re-­‐)construction active d’éléments en lien avec l’écrit, significatifs pour soi selon son vécu et ses représentations (Ferreiro, 2000). Il s’agit d’une approche dynamique de l’écrit, centrée sur le sujet, son cheminement et ses compétences, en prenant aussi bien en compte des aspects cognitifs que sociaux et affectifs. 5 axes complémentaires permettent de situer le sujet à un moment donné de son rapport à l’écrit, en fonction de ses motivations, pratiques et représentations de la langue, de sa manière de traiter l’écrit et de décrire ses conduites. Nous nous interrogeons alors sur la façon dont des enfants de CM2 se sont –ou non– approprié l’Écrit et de façon plus générale sur ce qui caractérise un enfant de CM2 dit « en difficulté » sur l’écrit. Face à la disparité des compétences et difficultés manifestées par ces enfants, nous cherchons à dégager des profils (Guérin-­‐Pace, 2010) pour mieux comprendre leur rapport à l’écrit et envisager des pistes de remédiation les plus adaptées à leurs besoins (Majaji & Besse, 2013). Matériel et méthode 40 enfants de 2 classes de CM2 ont été rencontrés individuellement dans le cadre de la passation du Diagnostic des Modes d’Appropriation de l’écrit. Le DMA permet d’explorer les 5 axes du modèle théorique de l’appropriation de l’écrit (Besse & al., 2004). Il se compose de 169 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie situations d’entretiens et d’activités sur le lire-­‐écrire-­‐parler, élaborées autour de supports non-­‐scolaires, suffisammentfamiliers, adaptés et porteurs de sens pour les enfants rencontrés. Il permet d’aborder l’appropriation sous l’angle des performances (approche quantitative donnant lieu à des scores répartis selon des niveaux de réussite) mais surtout sous l’angle des compétences (approche qualitative mettant l’accent sur les démarches, les erreurs étant considérées comme des indices du raisonnement des enfants). Les 2 enseignants ont également répondu à un questionnaire portant sur l’utilisation de l’écrit dans leur classe, leur définition générale d’un enfant en difficulté sur l’écrit en CM2 et leurs estimations par rapport à leurs propres élèves ; leurs réponses sont ensuite croisées avec les résultats obtenus au DMA Résultats & Discussion Les données sont traitées à plusieurs niveaux. L’analyse de cas renforce l’idée d’une appropriation de l’écrit et de ses 5 axes propre à chacun (représentation graphique radar). De plus, différents profils apparaissent selon qu’on s’intéresse aux 4 grands domaines abordés dans le DMA-­‐CM2, au détail des 9 activités proposées, ou encore aux 2 épreuves de production écrite à partir d’un type d’erreurs majoritaire commis par les enfants. Cette notion de profil se vérifie au niveau statistique : la classification ascendante hiérarchique réalisée sur les données propose une typologie en 4 classes que nous chercherons à mieux comprendre. Les résultats au DMA témoignent ainsi de différences intra-­‐ et interindividuelles et indiquent généralement des compétences à l’écrit plus fines que ne l’estiment les enseignants, interrogeant l’outil et le contexte d’évaluation. À partir de ces résultats, une démarche et des pistes de remédiation, adaptées aux profils et aux enfants, seront préconisées. Références bibliographiques Besse, J.-­‐M., Luis, M.-­‐H., Paire, K., Petiot-­‐Poirson, K., & Petit Charles, E. (2004). Évaluer les illettrismes : diagnostic des modes d’appropriation de l’écrit. Paris : Retz. Ferreiro, E. (2000). L’écriture avant la lettre. Paris : Hachette Éducation. Guérin-­‐Pace, F. (2010). Illettrismes et parcours individuels. Économie et Statistique, 424-­‐425, 49-­‐62. Majaji, S., & Besse, J.-­‐M. (2013). Rapport(s) à l’Écrit et profils de jeunes adultes scolarisés repérés en grande difficulté sur l’écrit : approche qualitative exploratoire. In P.-­‐Y. Gilles & M. Carlier (Éds.), Vive(nt) les différences. Psychologie différentielle fondamentale et applications. Aix en Provence : PUP. L’attention conjointe, vecteur d'intentionnalité chez les enfants de 6 à 18 mois-­‐ L-­‐H Aubineau, B. Le Driant, Barbara & L. Vandromme, Luc Université de Picardie Jules Verne, CRP-­‐CPO, EA 7273 Dès le début de la vie, le bébé est capable de partager de l'information avec ses partenaires à l'aide du regard. Ce regard mutuel est la première forme d'attention visuelle partagée, qui en association avec d'autres comportements tels que les sourires, les gestes ou encore les vocalises, crée le premier espace déictique. Au cours des premières semaines de vie, cet 170 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie échange se complexifie pour devenir une attention visuelle conjointe où l'adulte et l'enfant regardent ensemble un troisième sujet d'intérêt. Cette compétence tient une place particulièrement importante dans la construction d’un premier espace de rencontre entre sujets, nécessaire à toute communication. Elle détermine dès l’enfance les compétences à échanger avec les autres, à se décentrer, et plus largement à vivre en société. L'objectif de notre recherche est d'étudier le développement, entre 6 et 18 mois, de la compréhension de la nature intentionnelle des échanges visuels par l'enfant normo-­‐typique. Plus particulièrement, nous émettons l'hypothèse que c'est au cours des épisodes d'attention conjointe, que le jeune enfant comprend que la ligne du regard est porteuse d’intentions. Pour cela, nous utilisons le paradigme des barrières, développé par Caron et al. en 2000 et remanié par Moll & Tomasello en 2004. Méthode : Dans ce protocole, l’enfant est assis sur les genoux d’un adulte face à l’expérimentateur. Une table les sépare d’un mètre environ, sur laquelle est posée, à 15 cm de part et d’autre de la ligne médiane, deux objets standardisés de couleur unie. L’expérimentateur regarde l’enfant et établit le contact visuel. Puis il regarde l’un des objets en disant « whaou, tu as vu le jouet ?». L’expérimentateur garde le regard sur l’objet pendant 5 secondes sans parler ni bouger mais avec une expression bienveillante, puis revient en position initiale, en contact visuel avec l’enfant. Le paradigme comporte des conditions obstruant ou non la vision de l'objet par l'expérimentateur (sans écran, avec écran transparent et avec écran opaque). Ceci permettant d'évaluer si l'enfant comprend ou non le mécanisme du regard. Résultats : Nos résultats obtenus auprès de 25 participants montrent une augmentation du nombre d’épisode d’attention conjointe ainsi que de leur durée entre 6 et 18 mois. La présence d’un écran opaque obstruant la vision de l’objet, entraîne une diminution du nombre d’épisode d’attention conjointe et ce quel que soit l’âge de l’enfant. L’âge de 12 mois semble marquer une rupture dans l’évolution des épisodes d’attention conjointe en fonction de la nature de l’écran. En effet, entre 6 et 12 mois on remarque un profile similaire de temps d’attention conjointe entre les écrans opaques et translucides. Alors qu’entre 12 et 18 mois, c’est entre la condition écran translucide et sans écran, que l’on note un profile similaire. Discussion : Ce protocole était initialement utilisé pour comparer des enfants de 14 mois vs 18 mois (Butler, Caron, & Brooks, 2000) pour comprendre la nature intentionnelle du regard, puis pour les enfant de 12 à 18 mois avec Moll et Tomasello (2004). Nos résultats vont dans le sens des travaux antérieurs et ajoutent un volet d’observations avant 12 mois. Ainsi, dans le processus développemental de 6 à 18 mois, cette étude met en lumière une rupture comportementale à 12 mois dont la nature reste à préciser. Bibliographie. Butler, S. C., Caron, A. J., & Brooks, R. (2000). Infant Understanding of the Referential Nature of Looking. Journal of Cognition and Development, 1(4), 359–377. doi:10.1207/S15327647JCD0104_01 Moll, H., & Tomasello, M. (2004). 12-­‐ and 18-­‐month-­‐old infants follow gaze to spaces behind barriers. Developmental Science, 7(1), F1–F9. doi:10.1111/j.1467-­‐7687.2004.00315.x Le raisonnement propositionnel dans la conversation chez l’enfant d’âge scolaire-­‐ A. Aubry1, C. Touchet2 & C. Bocéréan1 1 Atilf, UMR 7118, CNRS/Université de Lorraine 2 Université de Picardie Jules Verne Le raisonnement est une activité mentale qui permet à l’individu de s’adapter et d’agir sur le monde qui l’entoure. Cette activité mentale utilise un ensemble d’affirmations, ou prémisses, 171 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie qui sont des informations issues de l’observation d’une situation, permettant d’aboutir ou d’évaluer la justesse d’une affirmation appelée conclusion. Le raisonnement chez l’enfant a été très étudié en psychologie cognitive. Cependant, peu d’études se sont focalisées sur le raisonnement impliqué en situation de conversation chez l’enfant. En ce sens, les tests habituels ne prennent que rarement en compte le contexte situationnel de l’interlocution (Van der Henst, 2002). L’originalité de cette étude préliminaire est d’analyser l’influence des facteurs pragmatiques sur le raisonnement dans la conversation chez l’enfant. Tout échange conversationnel entre un locuteur et un destinataire suppose un minimum d'effort coopératif (Grice, 1975). Ainsi les interlocuteurs co-­‐construisent le contexte leur permettant de sélectionner certaines informations afin d’atteindre la pertinence optimale (Sperber & Wilson, 1989). L’objet de cette recherche préliminaire est de déterminer les différents types d’efforts de traitement cognitif pour obtenir les effets contextuels les plus pertinents pour l’enfant. En outre, peu d’études ont tenté, comme la nôtre, de repérer ce rapport bénéfice/coût dans le raisonnement et dans une perspective développementale. Pour susciter des échanges conversationnels les plus naturels possible avec des enfants, nous avons utilisé le protocole ELFIE qui consiste en une discussion entre un adulte et deux enfants autour d’une histoire à portée philosophique. Les enfants étaient scolarisés dans des classes de CP au CM2 de 4 écoles différentes et étaient âgés de 6 à 12 ans. Au total, 64 entretiens ont été enregistrés et retranscrits avec un logiciel alignant texte et son. La sélection des corpus s’est opérée dès qu’un raisonnement de type «si… alors» était repéré par la logique propositionnelle. En effet, ce type de raisonnement, dit propositionnel, était matérialisé soit de manière explicite grâce aux connecteurs logiques («si»), soit de manière implicite grâce aux connecteurs non logiques («mais», «parce que»), ou encore lorsque les énoncés comportaient des fonctions argumentatives de justification ou de causalité. Puis, nous avons fait une distinction entre l’effet contextuel et l’effort cognitif employés : plus on produit d’effet avec le moindre d’effort, plus le degré de pertinence est élevé (Sperber & Wilson, 1989). Nous avons ensuite analysé les règles inférentielles issues de la Logique Mentale (Braine & O'Brien, 1998) utilisées par les enfants. En résumé, l’analyse par la logique propositionnelle des différents corpus a montré que les enfants utilisaient préférentiellement des schémas inférentiels selon le type d’effets contextuels escomptés. Nous avons observé que les élèves de CP produisent préférentiellement un effet contextuel de type création d’hypothèses (50% des cas), les élèves de CE1 utilisent plus le renforcement d'hypothèses comme effet contextuel (50% des cas) alors que les élèves de CM1 ont tendance à ne pas privilégier le type d’effet contextuel : la création d’hypothèses (33% des cas), le renforcement d’hypothèses (44% des cas) et l’élimination d’hypothèses (37% des cas). Il serait intéressant d’opérer sur une population plus importante afin d'obtenir des résultats statistiquement plus forts. Braine, M. D. S., & O'Brien, D. P. (1998). Mental Logic. Routledge. Grice, P. H. (1975). Logic and Conversation. In P. Cole & J. L. Morgan (Eds.), Syntax and Semantics : Speech Acts (Academic Press. Vol. 3, pp. 113–128). New York. Sperber, D., & Wilson, D. (1989). La pertinence. Les Editions de Minuit. Van der Henst, J.-­‐B. (2002). La Perspective Pragmatique Dans L'étude Du Raisonnement Et De La Rationalité. L'année psychologique, 102(1), 65–108. doi:10.3406/psy.2002.29583 La compréhension des émotions, un pré-­‐requis au dessin expressif ?-­‐ N. Vendeville, C. Brechet & N. Blanc Université Montpellier 3 (Epsylon) Notre étude a pour but d’observer le développement de la compréhension et du marquage graphique des émotions chez l’enfant, suite à l’écoute d’une histoire. Cette recherche 172 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie s’appuie donc sur deux grands domaines d’investigation du développement de l’enfant, l’un relatif à sa capacité à se représenter les informations émotionnelles présentes dans un récit (Blanc, 2010), l’autre centré sur sa capacité à dessiner de manière expressive (Brechet, Picard & Baldy, 2007). La question soulevée au regard de ces deux domaines est de savoir si la compréhension des émotions suggérées par une histoire est un pré requis à leur marquage graphique, sachant que le genre de l’enfant et l’importance de l’évènement déclencheur de l’émotion gagnent à être considérés dans ce type d’études. Pour les besoins de notre étude, nous avons sélectionné trois histoires du Petit Nicolas qui ont pour avantage d’être semblables en termes de longueur, de niveau de vocabulaire, de syntaxe et de nombre de personnages auxquels l’histoire fait référence. Pour chaque histoire, nous avons sélectionné deux passages cibles pour lesquels un des personnages était supposé ressentir une émotion sans qu’elle ne soit explicitement mentionnée. Nous avons également créé des modèles de dessins à compléter représentant chacun des personnages de l’histoire (le petit Nicolas, Alceste, le papa de Nicolas). Précisons que pour le visage du personnage, seuls les contours étaient dessinés de sorte que les enfants puissent le compléter. Enfin, nous avons utilisé trois smileys représentant la tristesse, la colère et la peur, ainsi que le symbole « ϕ » pour « autres » afin que les enfants puissent, en plus du marquage des émotions dans le dessin, signifier ultérieurement l’émotion représentée par l’attribution d’un des trois smileys fournis. Nous avons interrogé des enfants âgés de 6 à 10 ans (N=354) scolarisés en primaire. Les enfants devaient écouter une histoire, sachant qu’elle serait interrompue à deux reprises. À chaque interruption, les enfants devaient compléter le visage du personnage compte tenu de la situation évoquée. Au terme du récit, la tâche d’attribution leur était proposée : les enfants devaient préciser, via l’un des smileys, l’émotion qu’ils avaient voulu marquer dans leur dessin. Pour chaque classe, trois sessions expérimentales ont été nécessaires, une seule histoire étant présentée par session. Au total, 2124 dessins ont été recueillis (6 dessins par enfant, 2 pour chaque émotion) et codés par trois juges adultes non informés des buts de l'étude. Les résultats révèlent un effet principal de l’âge: le nombre d’attributions correctes ainsi que le nombre de dessins expressifs produits augmentent progressivement entre 6 ans et 10 ans. Toutefois, le nombre d’attributions correctes est, le plus souvent, supérieur au nombre de dessins expressifs produits. Ces résultats varient cependant suivant l’émotion considérée et le degré d’importance de l’évènement déclencheur. Outre ces résultats conformes à la littérature de référence, on observe que, lorsque les enfants ont commis des erreurs, ils ont été influencés par leur genre et les règles sociales d’expressivité des émotions : les garçons ont davantage attribué la colère à la place de la tristesse et de la peur par rapport aux filles, ces dernières ayant davantage attribué la tristesse à la place de la peur par rapport aux garçons. Cette recherche contribue ainsi à la réflexion engagée sur la capacité à dessiner de manière expressive entre 6 et 10 ans, sachant que la compréhension des émotions suggérées par l'histoire et le genre des enfants sont deux facteurs à considérer. Blanc, N. (2010). La compréhension de contes entre 5 et 7 ans : Quelle représentation des informations émotionnelles? Canadian Journal of Experimental Psychology, 64(4), 256-­‐265. Brechet, C., Picard, D. & Baldy, R. (2007). Expression des émotions dans le dessin d’un homme chez l’enfant de 5 à 11 ans. Canadian Journal of Experimental Psychology, 61(2), 142-­‐
153. Session Poster 2 Refus scolaire anxieux à l’adolescence et fonctionnement familial-­‐ M.Gallé-­‐
tessonneau1, O. Grondin1, L.,Daheron2 , J. Doron1 173 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 1Laboratoire de psychologie,ea 4139, Université Bordeaux2, 3ter place de la victoire 33076 bordeaux). 2Service universitaire hospitalier enfants et adolescents, 89 rue des sablières, 3077 Bordeaux cedex Introduction : La prévalence du refus scolaire anxieux est de 1,7% de la population d’âge scolaire [1]. Les études rapportent des comorbidités de plusieurs troubles anxieux-­‐
dépressifs en lien avec ce phénomène [2]. Le repérage est important car selon les types de troubles la prise en charge est différente [1]. Les interactions entre l’enfant et les parents ont été mises en avant dans l’étiologie et le maintien du refus scolaire anxieux [3]. Lors de la prise en charge, il existe un réel enjeu à dépister les troubles associés à cette forme d'absentéisme et à approfondir les liens entre les variables individuelles et les facteurs familiaux. La présente étude porte sur les troubles psychiatriques associés au refus scolaire anxieux et sur l’existence de caractéristiques dans le fonctionnement familial. Matériel et méthode : La recherche a été menée auprès de 25 adolescents (11 à 18 ans), et leur mère. Le groupe clinique (N = 13) a été recruté dans deux services de pédopsychiatrie. Le groupe contrôle (N = 12) provient d’associations de parents et le critère de sélection est le suivit d’une scolarité à l’école. Ce groupe a été constitué afin que l’âge moyen des deux groupes ne diffère pas significativement. Les troubles psychopathologiques ont été évalués par auto-­‐questionnaires (CDI, STAI-­‐Y) et entretien diagnostic (Mini-­‐Kid). Le fonctionnement familial a été évalué par auto-­‐questionnaire (FAD, composé de sept dimensions) complété séparément par la mère et l’enfant. Résultats : Les patients présentent, en quasi-­‐totalité un trouble anxieux (N = 12 ; 92,3%) et près de la moitié d’entre eux, les critères d’un trouble dépressif (N = 6 ; 46,2%). L’association la plus importante est entre le trouble panique et l’anxiété généralisée (odd ratio = 5).Sur une mesure dimensionnelle, malgré la présence d’anxiété et de symptômes dépressifs dans le groupe contrôle, le groupe clinique présente significativement plus de symptômes. Pas de différence entre les deux groupes d’adolescents au FAD. Les mères du groupe clinique évaluent le fonctionnement familial comme plus dysfonctionnel que les mères du groupe contrôle sur les dimensions « répartition des rôles », « communication » et « fonctionnement général ». Le degré d’accord mère-­‐adolescent au FAD est plus faible dans le groupe clinique (Kappa = .54) que dans le groupe contrôle (Kappa = .92) sur la dimension « contrôle » (Khi 2 = 4,43, p < .05). Discussion : Cette étude, bien que portant sur des échantillons restreints, offre des pistes pour l’accompagnement des patients et leur famille. Les patients avec un refus scolaire anxieux auraient un risque important de présenter des troubles anxieux et dépressifs. Le besoin d’une prise en charge renforcée doit être considéré. Les dysfonctionnements exprimés par les mères du groupe clinique appuieraient l’idée que la famille sera en difficulté pour être ressource face aux troubles. Ces mères témoignent de messages familiaux moins rassurants et de rôle de réassurance parents-­‐enfants moins clairs. Il semblerait que mères et adolescents soient moins susceptibles de s’accorder sur la présence de problèmes. Cela va dans le sens d’associer les parents au processus thérapeutique [1], [3], [4]. Mots-­‐clés : refus scolaire anxieux, diagnostic, fonctionnement familial, adolescence. [1]King, N., Heyne, D., Tonge, B., Gullone, E., & Ollendick,T. (2001). School refusal: categoricaldiagnoses, functional analysis and treatment planning. Clinical psychology and psychotherapy, 8,352–360. [2] Mcshane, G., Walter, G., & Rey, J-­‐M. (2001). Characteristics of adolescents with school refusal. Austral & New Zeland Jour of Psych 35, 822–826. [3]Ginsburg, S., Siqueland, L., Masia-­‐Warner, C., & Hedtke, K.(2004). Anxiety Disorders in Children :Family Matters. Cognitive and Behavioral Practice,11,28-­‐43. [4] Okuyama M., Okada M., Kuribayashi M., & Kaneko S. (1999), « Factors responsible for the prolongation of school refusal », Psychiatry and clinical neurosciences, 53, 461-­‐469. 174 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie L'écriture de mots en dénomination d’images, en production sous dictée et en copie immédiate : différentes tâches, différentes trajectoires cognitives ? -­‐ A. Lagarrigue1, P. Bonin, 1, S. Roux2, A., Meot1 1
Lead - université de bourgogne 2
Lapsco - université blaise pascal Introduction:Nous produisons de l’écrit induit par différents types de stimuli, dans différents contextes, au quotidien. Les mots sont écrits à partir d'une idée, d'un objet ou d'un évènement, de mots lus ou entendus. Dans chacun de ces contextes, la production orthographique mobilise différents niveaux de traitements:sémantiques, lexicaux, sous-­‐
lexicaux, et graphomoteurs. Plusieurs travaux se sont intéressés à la dynamique de mobilisation de ces différents traitements lors de diverses tâches de production écrite. L’objectif de cette étude est de déterminer si les différents traitements sont recrutés de manière identique lors de différentes tâches de production effectuées par les mêmes scripteurs. Nous avons donc examiné la performance orthographique de participants adultes en termes de latence d’écriture, dans 3 tâches de production orthographiques de mots isolés:dénomination d’images, copie immédiate et production sous dictée. Grâce à des analyses de régressions multiples effectuées sur les latences d'écriture, nous avons examiné le poids de différents prédicteurs communs aux 3 tâches:l’imageabilité (composantes sémantiques du traitement orthographique), la fréquence lexicale (accès au lexique orthographique de sortie) et la consistance phono-­‐orthographique (traitements sous-­‐
lexicaux orthographiques) Méthode:Participants: 32 étudiants, de langue maternelle française, ne présentant aucun trouble langagier ou moteur. Chaque sujet a passé 3 sessions distinctes (contrebalancée):dénomination d’images:dessins en noir et blanc; copie immédiate:lettres capitales;dictée:présentation auditive. Chaque session comportait 300 noms concrets. Consigne : réagir le plus rapidement possible dès la présentation du stimulus, éviter les erreurs, et écrire le plus «naturellement» possible. Chaque mot était écrit sur une feuille fixée sur une tablette graphique, avec un stylo à bille compatible. Déroulement de l’expérience et présentation des stimuli pilotés par MovAlyzeR® Résultats:Les analyses de régression multiple ont été conduites sur les latences d'écriture en incluant différents prédicteurs :ceux communs aux 3 tâches (eg, fréquence lexicale, consistance phono-­‐orthographique et imageabilité) et ceux spécifiques -­‐non détaillés ici-­‐ à chacune des tâches (eg,complexité visuelle pour la dénomination; durée acoustique des stimuli pour la dictée). Les principaux résultats ont montré que les prédicteurs communs aux 3 tâches avaient un poids différent en fonction des tâches orthographiques. Il a été mis en évidence que : 1.la fréquence lexicale jouait un rôle dans les 3 taches, son influence était plus forte en dénomination d’images qu’en copie ou en dictée; 2.l’effet de la consistance phono-­‐orthographique n’était significatif qu’en dictée; 3.un effet significatif de l’imageabilité émergeait en dénomination d’images mais pas en copie et dictée Discussion:Ces résultats suggèrent que la production orthographique de mots mobilise différentes trajectoires cognitives en fonction du type de tâches de production de l'orthographe. L’accès au lexique orthographique de sortie intervient dans les 3 tâches mais serait plus impliqué en dénomination d’images qu’en copie ou en dictée de mots. La trajectoire sémantico-­‐lexicale est fortement impliquée lors de la dénomination d’images. A l’inverse, les traitements sous-­‐lexicaux sont davantage impliqués en dictée, ils ne semblent pas mobilisés de manière déterminante en dénomination d’images et en copie. Ces résultats ont des conséquences majeures au regard des modèles de la production orthographique de mots isolés. Ils suggèrent que la dérivation de l’orthographe n’emprunte pas les mêmes trajectoires cognitives selon la tâche utilisée. Nous proposons ainsi un modèle intégratif de la production orthographique prenant en compte ces différentes trajectoires cognitives. 175 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Jusque-­‐là, les modèles de production orthographique disponibles sont spécifiques aux tâches étudiées. Ces résultats ont aussi des conséquences méthodologiques, ils indiquent que les tâches de production orthographique ne sont pas équivalentes selon la/les variables que l’on souhaite étudier. A quel niveau de traitement les connaissances graphotactiques influencent-­‐elles l’apprentissage de l’orthographe lexicale? -­‐ A. Sobaco, S. Pacton Laboratoire mémoire et cognition, université paris descartes Plusieurs études ont montré une influence des régularités graphotactiques sur l’apprentissage de l’orthographe lexicale. En évaluant l’apprentissage orthographique avec une dictée après une phase d’étude où des enfants et des adultes sont exposés à de nouvelles orthographes (e.g., gupade, guppade ou gupadde), l’observation de certaines erreurs de régularisation (e.g., gupadde avec le doublet rare dd plus souvent orthographié guppade avec le doublet fréquent ppque l’inverse, Pacton Borchardt, Treiman, Lété & Fayol, en révision) suggère que les sujets orthographient les items en se fondant à la fois sur leurs connaissances orthographiques spécifiques (e.g., la présence d’un doublet) et sur leurs connaissances des régularités graphotactiques (e.g., que certains doublets sont plus fréquents que d’autres). L’évaluation de l’apprentissage orthographique, un certain temps après la phase d’étude, ne permet pas de déterminer si ces régularisations (e.g., doublet rare vers doublet fréquent) surviennent lors du test ou avant, immédiatement après la présentation des items en phase d’étude, voire dès l’encodage. Le premier objectif de notre expérience est d’explorer la possibilité d’une influence précoce des connaissances graphotactiques en exploitant la règle graphotactique selon laquelle une consonne double peut survenir avant mais non après une consonne simple. Nous avons étudié comment des étudiants (âge moyen 20 ans) restituaient dès leur présentation l’orthographe de trois types de pseudo-­‐mots : 1) sans doublet (noté AB, e.g., guprane), 2) avec un doublet en position légale (noté AAB, e.g., gupprane) et 3) avec un doublet en position illégale (noté ABB, e.g., guprrane). Dans une première condition (restitution immédiate expérimentale, RIE), les sujets voient l’orthographe de chaque item durant 1000 ms et la restituent par écrit dès sa disparition. Dans la seconde condition (restitution immédiate contrôle, RIC), l’orthographe de chaque item demeure visible jusqu’à ce que les sujets aient terminé de la copier. Le second objectif est d’étudier avec une tâche ultérieure de dictée le niveau d’apprentissage orthographique des pseudo-­‐mots et la nature des erreurs commises par les participants de ces deux conditions et par d’autres participants qui devaient uniquement lire les pseudo-­‐mots. En restitution immédiate, si les orthographes des items AB et AAB étaient presque toujours restituées correctement (98.7% et 98.3%), certaines erreurs étaient commises pour les items ABB, de façon plus prononcée dans la condition RIE que dans la condition RIC. Les items ABB étaient souvent orthographiés AAB (e.g., guprrane orthographiégupprane) (16.2%) alors que l’inverse n’était jamais observé. Au test final, si les performances ne variaient pas en fonction du type d’item dans la condition RIC (ps>.11), les itemsABB étaient moins souvent orthographiés correctement que les items AB et AAB dans les deux autres conditions et ce de façon plus prononcée dans la condition lecture seule (72,9% vs 35.4% en lecture ; 87.5% vs 70.8% en RIE, ps<.01). Les erreurs de transposition concernaient presque exclusivement les items ABB. Parmi les sujets qui restituaient les orthographes durant la phase d’étude, ceux commettant des erreurs de transposition au test final les avaient souvent commises en phase d’étude. L’occurrence de ces erreurs de transpositions en restitution immédiate dans les conditions RIE et RIC et lors de la dictée en lecture et RIE suggère que la régularisation ne surviendrait pas seulement tardivement (lors de la dictée finale) mais parfois très tôt, immédiatement après la présentation de l’item à copier, voire lors dès l’encodage, au moins chez certains participants de la condition RIC. 176 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Références. Pacton, S., Borchardt, G., Treiman, R., Lété, B., & Fayol, M. (in revision). Learning to spell from reading: General knowledge about spelling patterns can distort memory for specific words. Quaterly Journal of Experimental Psychology. Processus d’adaptation lors de la perception de la parole rapide chez l’enfant -­‐ H. Guiraud1, N. Bedoin1, E. Ferragne2, & V. Boulenger1 1Laboratoire dynamique du langage, cnrs, Lyon 2Clillac-­‐arp, ea 3967, Université Paris Diderot, Paris Introduction. L’adaptation à la parole compressée temporellement et à la parole naturelle rapide a été décrite chez les adultes [1-­‐2]. La perception de parole naturelle rapide est toutefois plus difficile : si la parole compressée altère la structure temporelle du signal, l’accélération naturelle induit des changements spectro-­‐temporels et des phénomènes de coarticulation [3], rendant sa perception plus complexe. Notre étude a pour but d’étudier, pour la première fois à notre connaissance, si les enfants s’adaptent aux variations de débit de parole comme les adultes. Méthode. 18 enfants sains (8.23 ans en moyenne) ont été testés. 300 phrases dont le dernier mot était cohérent ou non avec le contexte ont été produites par un locuteur français à un débit de parole normal (6.8 syll/s) puis rapide (9.2 syll/s). À partir des phrases à débit normal, des phrases compressées temporellement ont été créées au même débit que leurs équivalents à débit rapide. Le total des 900 phrases a été réparti en 12 listes, chacune divisée en 3 blocs (25 items) correspondant aux 3 débits (ordre des blocs : normal, rapide, compressé). La tâche des enfants était d’écouter et de juger la cohérence des phrases en appuyant sur 2 touches du clavier. Les temps de réponse (TR) et les scores de bonnes réponses ont été mesurés. Afin d’étudier l’adaptation (évolution des performances en fonction du temps d’exposition aux phrases), chaque bloc a été divisé en 5 mini-­‐blocs de 5 phrases [2]. Résultats. Les scores sont significativement plus faibles (F(2, 198) = 5.62, p = .004) pour la parole naturelle rapide que pour la parole à débit normal et la parole compressée qui ne diffèrent pas. Une adaptation à la parole naturelle rapide et compressée est observée sous forme d’une diminution des TR au fur et à mesure de l’exposition aux phrases (F(2, 25) = 3.646, p = .04). Après l’écoute de 5 à 10 phrases, les TR diminuent de 258 ms pour la parole naturelle rapide et de 351 ms pour la parole compressée ; les performances atteignent ensuite un plateau. Les TR pour les phrases à débit normal sont en revanche stables tout au long du bloc. Aucune adaptation n’est observée sur les scores. Discussion. Cette étude suggère que les enfants, comme les adultes [1-­‐2], s’adaptent à la parole naturelle rapide et à la parole compressée. La mise en place d’une adaptation rapide pour les 2 types de parole accélérée, mais les scores inférieurs pour la parole naturelle, pourraient refléter des différences qualitatives de traitement. Pour traiter les changements spectro-­‐temporels et le fort recouvrement articulatoire des segments dans la parole naturelle rapide [3], l’auditeur devrait utiliser un système différent de règles acoustico-­‐phonétiques pour extraire les indices pertinents pour identifier les phonèmes [4]. Ce processus recruterait des aires cérébrales supplémentaires [5]. Dans la parole compressée en revanche, des indices temporels raccourcis doivent être traités (renforçant l’implication de l’hémisphère gauche) sans que cela implique forcément de changer de règles. De futures études permettront de tester cette hypothèse et d’examiner l’adaptation aux variations de débit de parole chez les enfants à des âges différents. Références [1] Dupoux, E & Green, K (1997). Perceptual adjustment to highly compressed speech: effects of talker and rate changes. J Exp Psychol Hum Percept Perform, 23(3):914-­‐
927. [2] Adank, P & Janse, E (2009). Perceptual learning of time-­‐compressed and natural fast speech. J Acoust Soc Am, 126(5):2649-­‐2659. [3] Janse, E (2004).Word perception in fast speech: artificially time-­‐compressed vs. naturally produced fast speech. Speech Comm, 42:155-­‐173. [4] Golomb, JD, Peelle, JE, & Wingfield, A. (2007). Effects of stimulus variability and adult aging on adaptation to time-­‐compressed speech. J Acoust Soc Am, 121(3):1701-­‐
177 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 1708. [5] Adank, P & Devlin, JT. (2010). On-­‐line plasticity in spoken sentence comprehension: adapting to time-­‐compressed speech. Neuroimage, 49(1):1124-­‐1132. Un dispositif d’évaluation en ligne de la lecture et de ses compétences associées -­‐ H. Bouchafa1, L. Beauvais2, C. Beauvais2, A. Magnan2, & J. Ecalle2 1Uco angers 2Emc lyon2 La question de l'examen informatisé des compétences en lecture (Singleton et al., 2000) et de son avantage (Wang et al., 2008) est apparue il ya une quinzaine d'années. L'objectif visé ici est de développer un dispositif via le web (Tinfolec-­‐ Test Informatisé de la Lecture) qui évalue certains aspects de la composante identification de mots écrits dont on connaît le caractère essentiel en lecture (Ecalle & Magnan, 2010). Trois types de processus (alphabétique, phonologiques (habiletés phonologiques et décodage) et visuo-­‐
orthographiques) seront plus précisément examinés lors de 5 tâches qui ont pour caractéristique principale de ne faire appel à aucune réponse vocale (Ecalle, 2010). Les cinq tâches nécessitent l'accès au web via le serveur d'un éditeur (Gerip) au cours desquelles l'évaluation de la lecture (3 tâches) et de ses compétences associées (2 tâches) est réalisée : 1/ connaissances du son des lettres (déterminer si la lettre présentée sur l'écran permet de commencer à écrire un pseudomot présenté oralement, 40 items), 2/ discrimination phonologique (comparer deux syllabes orales présentées successivement ; 24 paires), 3/ décodage (décider si deux pseudomots présentés à l’écran sont phonologiquement identiques ou non ; 24 paires), 4/ discrimination orthographique (dire si deux items présentés à l'écran sont identiques ou pas ; 40 paires), 5/ décision lexicale (décider si une suite de lettres est ou non un mot ; 40 items). L’enfant devant l’écran, muni d'un casque lors des tâches auditives (1 et 2) recevait la consigne de répondre oui ou non le plus correctement et rapidement possible à chacun des items à l'aide des touches indiquées.L’ordre des items comme celui des tâches a été aléatorisé. Ce dispositif a été proposé à 950 élèves d’écoles primaires équipées d'ordinateurs branchés sur le réseau internet. Ces élèves se répartissent entre les classes de CE1, CE2, CM1 et CM2 de plusieurs départements de l’ouest et du centre de la France. Les réponses correctes et les temps mis pour répondre correctement seront pris en compte simultanément afin d’obtenir un indice de vitesse et de précision (IVP) attestant du niveau d'expertise (ou de difficultés) en lecture. On observe des coefficients de corrélation positifs significatifs entre les scores IVP aux 5 tâches. En outre, les effets attendus du niveau scolaire et des facteurs lexicaux (fréquence, longueur et régularité) sont relevés dans les tâches de traitement orthographique (4 et 5): les indices IVP progressent significativement du CE1 au CM2 et ils sont significativement supérieurs pour les mots fréquents, les mots courts et les mots réguliers. A terme, après étalonnage, cet outil informatisé devrait fournir aux professionnels un compte rendu complet (diagnostic "on-­‐line") du niveau de lecture et des difficultés éventuelles sur les différents processus engagés directement ou indirectement en identification de mots écrits. Références Ecalle, J. (2010). L'évaluation de la lecture et des compétences associées. Revue Française de Linguistique Appliquée, 1, 105-­‐120. Ecalle, J., & Magnan, A. (2010). L'apprentissage de la lecture et ses difficultés. Paris: Dunod. Singleton, C., Thomas, K., & Horne, J. (2000). Computer-­‐based cognitive assessment and the development of reading.Journal of Research in Reading, 23(2),158-­‐180. Wang, S., Jiao, H., Young, M.J., Brooks, T., & Olson, J. (2008). Computer-­‐based and paper-­‐and-­‐
pencil testing in K-­‐12 reading assessments. A meta-­‐analysis of testing mode effects. Educational and Psychological Measurement, 68(1), 5-­‐24. 178 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Liens fonctionnels entre langage et motricité : effets de l’âge d’acquisition -­‐ D. Roman, Y. Delevoye, & L. Perre Ureca, Univ Lille Nord de France, rue du barreau, 59653 Villeneuve d’Ascq, France Introduction: De nombreuses évidences existent en faveur de liens entre langage et motricité chez l’humain (pour une revue, voir Willems & Hagoort 2007 ; et Roby-­‐Bramy, Hermsdörfer, Roy & Jacobs, 2013). Le développement du langage étant étroitement lié au développement de la motricité fine lors de la phylogénèse, ces deux habiletés sont liées comme en témoignent les données neuropsychologiques chez les aphasiques et apraxiques, ainsi que le partage de réseaux neuronaux communs entre langage et motricité. Au niveau phonologique, la manipulation de variables acoustiques montre que les aires corticales motrices et prémotrices seraient impliquées dans la perception de la parole. Au niveau sémantique, l’activation de ces mêmes aires corticales lors du traitement de matériel verbal dont on manipule la signification – par exemple nom ou verbe – montre que la motricité fait partie intégrante de la signification des mots. Mais à notre connaissance, aucune variable lexicale – niveau intermédiaire entre la perception phonologique de la parole et l’accès à la signification du mot – n’a été utilisée pour tester les liens entre langage et motricité. En linguistique, l’âge d’acquisition d’un mot (AoA) est une variable lexicale qui influence le traitement des mots, comme la latence de dénomination de mots (Morrison, Ellis & Quinlan, 1992; Barry & Hirsch 2001). Nous nous demandons alors si cet âge d’acquisition aura un impact sur la latence d’initiation de pantomimes lors de présentations d’images, en plus d’influencer la latence de dénomination d’images. En se basant sur l’existence de cette variable en langage, nous proposons de créer une variable lexicale pour le geste qui est l’AoA du geste, pour en déterminer les effets dans les deux tâches susmentionnées. Méthode : La variable d’AoA du geste a été recueillie auprès de 10 adultes. Les tâches ont été réalisées par deux groupes indépendants de 24 et 26 adultes. 76 images ont été sélectionnées dans deux bases d’images validées (Alario & Ferrand, 1999). Les objets devaient être manipulables et facilement nommables. Tâche 1 : dénommer le plus rapidement les objets présentés sur ordinateur. Tâche 2 : réaliser le pantomime associé à l’objet. Les temps de réaction sont enregistrés grâce à un micro et un bouton sous la main des sujets. Résultats : Les premières analyses statistiques montrent que l’AoA lexical est fortement corrélé à l’AoA du geste (r=.56 ; p<.0001). Les deux variables ont les mêmes effets significatifs. Plus l’AoA est précoce, plus l’objet est dénommé rapidement et le pantomime initié rapidement. Discussion : Ces premiers résultats révèlent un lien fonctionnel potentiel entre langage et motricité. Une discussion est apportée au regard des modèles de traitements langagier et praxique, et des diverses études à ce sujet. L’étude du locus des AoA dans le système de traitement pourra être réalisée en utilisant les techniques d’EEG et EMG. Références: Alario, F.X., Ferrand, L. (1999). A set of 400 pictures standardized for French : Norms for name agreement, image agreement, familiarity, visual complexity, image variability, and age of acquisition. Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, 31(3), 531-­‐552. Barry, C., Hirsh, K. W., Johnston, R. A., & Williams, C. L. (2001). Age of Acquisition, Word Frequency, and the Locus of Repetition Priming of Picture Naming. Journal of Memory and Language, 44(3), 350 375. Morrison, C. M., Ellis, A. W., & Quinlan, P. T. (1992). Age of acquisition, not word frequency, affects object naming, not object recognition. Memory & Cognition, 20(6), 705 714. 179 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie Roby-­‐Brami A., Hermsdörfer J., Roy A. C.& Jacobs S. (2013) A neuropsychological perspective on the link between language and praxis in modern humans. Philos Trans R Soc Lond B Biol Sci., 367(1585), 144-­‐60 Willems, R. M., & Hagoort, P. (2007). Neural evidence for the interplay between language, gesture, and action: A review. Brain and Language, 101(3), 278 289. Inhibition de réponse en audition et traits phonologiques : etude en potentiels évoqués -­‐ N. Bedoin1, J. Krzonowski1, & E. Ferragne2 1Laboratoire dynamique du langage, umr 5596 – cnrs, Université Lyon 2 2Clillac-­‐arp, ea 3967, Université Paris 7 Introduction. L’inhibition de réponse permet de refréner des comportements inadaptés. Quand elle est perturbée, l’impulsivité qui en découle affecte la qualité de vie et peut participer à certaines pathologies. Les épreuves de Go/Nogo permettent de détecter les anomalies de l’inhibition. Le participant répond à des stimuli standards fréquents (condition Go), mais s’en abstient devant les rares stimuli déviants (condition Nogo). En potentiels évoqués (ERPs), l’amplitude des ondes N2 et P3 augmente en condition Nogo. Même lorsque les fausses alarmes sont rares, l’impulsivité se traduit par l’atténuation de ces deux phénomènes, indice précieux d’un déficit modéré de l’inhibition. Bien que les tests de Go/Nogo portant sur des stimuli auditifs soient utiles, ils ne produisent qu’une faible augmentation de l’amplitude des N2 et P3 [1], ce qui conduit à s’en détourner. Quelques études ont cependant montré une accentuation de la N2 à condition que des sons très difficiles à distinguer soient présentés ou qu’une simple différence de lieu d’articulation soit manipulée entre des consonnes [2]. Méthode. En respectant cette contrainte de difficulté, une expérience en EEG (N=15) visait à répliquer cet effet en français dans 3 blocs présentant le standard /yty/ (80% des stimuli) et, soit le déviant /ydy/ (différence de voisement), soit le déviant /ypy/ (différence de lieu), soit le déviant /ysy/ (différence de mode d’articulation). L’objectif était de découvrir le trait phonologique le plus adapté à ces tests, et connaître l’onde la plus sensible au degré de difficulté imposé à l’inhibition. L’hypothèse était qu’une différence d’un seul trait, quel qu’il soit, suffirait à l’augmentation des N2 et P3 en cas d’inhibition. De plus, l’amplitude de la P3 serait modulée par la saillance perceptive du trait. Résultats. Les résultats comportementaux montrent peu de fausses alarmes et pas de variation significative des temps de réponse selon le trait. Par contre, l’augmentation d’amplitude de la N2 en condition Nogo, corrélat de l’inhibition de réponse, est significative quel que soit le trait manipulé. L’augmentation de la P3 constitue un corrélat encore plus net de l’inhibition ; elle est de plus très sensible au trait manipulé. Significativement plus ample pour une différence de mode que pour une différence de voisement, elle l’est aussi davantage pour le voisement que pour le lieu, conformément à une hiérarchie proposée par [3] et à des arguments acoustico/phonologiques sur la prépondérance du mode. En outre, une différence d’amplitude de la P3 entre le voisement et le lieu sur l’hémisphère droit (HD) confirme l’implication plus forte de cet hémisphère pour le voisement. Discussion. Cette étude montre qu’il est possible d’évaluer l’inhibition de réponse avec des tests auditifs de Go/Nogo en EEG, comme il est classique de le faire en vision. Cela suggère que les mécanismes d’inhibition ne sont pas radicalement différents dans ces deux modalités. Il est cependant recommandé de faire varier le mode d’articulation pour recueillir des indices nets de ce processus. La sensibilité de l’amplitude de la P3 à la difficulté d’exécution de l’inhibition (sensibilité à la saillance perceptive des traits) encourage à observer particulièrement la P3. Enfin, les résultats nous renseignent sur les traitements cognitifs des traits phonologiques (ils dégagent une hiérarchie des représentations phonologiques et confirment l’implication de l’HD dans le traitement du 180 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie voisement), ce qui encourage à utiliser ce paradigme jusqu’ici peu employé dans ce domaine de recherche. Références [1] Falkenstein, M, Hoormann, J, & Hohnsbein, J, (1999). ERP components in Go/Nogo tasks and their relation to inhibition. Acta Psychol, 101(2-­‐3), 267-­‐291. [2] Nieuwenhuis, S, Yeung, N, & Cohen, JD, (2004). Stimulus modality, perceptual overlap, and the go/no-­‐go N2.Psychophysiology, 41(1), 157-­‐160. [3] Peters, RW, (1963). Dimensions of perception of consonants. J Acoust Soc Am, 35,1985-­‐1989. Traits de personnalité et intention de poursuivre ou d’abandonner un projet de thèse : quelles actions préventives pour la santé et la réussite des doctorants ?-­‐ F. Osanna Jacolin1, O. Tatu petric2, J. Marassot1, & R. Ait-­‐maten1 1Université Lyon 2 2Université d'Artois La réussite à l’université n’est pas prédéfinie. En effet des facteurs externes et internes interagissent pour favoriser la réussite ou l’échec universitaire (Bonin et Bujold, 2007 ; Gérard, 2010 ; Pirot et de Ketele, 200 ; Romainville, 2002). Dans la première partie de cette étude, nous avons interrogé l’influence des facteurs internes, et notamment des traits de personnalité des doctorants, sur l’intention de poursuivre ou d’abandonner le projet de thèse. Ensuite, dans la deuxième partie nous nous sommes intéressés au vécu des doctorants pendant la préparation de leur thèse, à leurs difficultés et aux ressources disponibles et accessibles, ainsi qu’à l’impact du projet de thèse sur leur santé et leur bien-­‐
être. Nous avons uniquement interrogé des personnes en cours de thèse. A partir d’un questionnaire construit sur la base de l’échelle d’affectivité positive et négative (PANAS) (Bruchon-­‐Schweitzer, 2002) et des questions ouvertes (élaborées suite à des entretiens exploratoires avec des doctorants), 70 doctorants ont été sollicités pour répondre sur les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer pendant leur thèse, sur l’accessibilité et la disponibilité des ressources, sur l’intention de continuer ou d’abandonner le projet de thèse et en fin sur l’impact du projet de thèse sur leur santé. Des donnée sociologiques ont été aussi recueillis (année de thèse, activité professionnelle parallèle à la thèse, arrêts des études antérieurs à la thèse). Les résultats mettent en évidence plusieurs aspects. Tout d’abord nous pouvons constater effectivement l’impact des traits de personnalité sur l’intention de poursuivre ou d’abandonner la thèse. Les interactions entre différentes personnalités (d’affects négatifs versus affects positifs), pourraient jouer un rôle dans la réussite ou l’abandon d’une thèse. Cependant, pour la majorité des doctorants les deux types de facteurs (internes et externes) coexistent et les facteurs externes viennent amplifier les facteurs internes. Ensuite, nous pouvons noter que parmi les difficultés rencontrées les doctorants évoquent : l’incertitude sur l’avenir professionnel, la précarité financière, la place sociale du doctorant et sa non-­‐reconnaissance. De plus les résultats montrent différentes phases selon le nombre d’années d’engagement dans la thèse. Il semble que plus celle-­‐ci est longue, plus il est difficile pour un doctorant d’abandonner. Paradoxalement cela ne garantit pas que le doctorant aime encore ce qu’il fait mais il ne veut pas avoir l’impression d’avoir fait tout ce chemin pour rien. En ce qui concerne les ressources disponibles et surtout accessibles, les doctorants évoquent le soutien social (émotionnel, instrumental et informationnel) surtout de la famille et des amis. Tous les doctorants affirment que le projet de thèse à un impact négatif sur leur santé et considèrent que des actions doivent être mises en place en terme de prévention des risques pour leur santé. Cette étude s’inscrit dans une démarche exploratoire et ne concerne que les sciences humaines et sociales. De plus l’échantillon de notre recherche n’est pas suffisamment important pour généraliser ces résultats à l’ensemble de la population des doctorants. Cependant, elle confirme les résultats des études déjà existantes (Haag, 2012 ; Moguérou, 181 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie 2003), s’intéresse aux ressources disponibles et propose une réflexion sur des actions préventives de l’abandon et des impacts négatifs sur la santé. Bonin, S. & Bujold, J. (2007). Profils des étudiants et facteurs de réussite aux cycles supérieurs : le projet ICOPE à la rescousse. Québec. Bruchon-­‐schweitzer, M. (2002). Psychologie de santé, modèles, concepts et méthodes. Paris : Dunod. Gérard, L. (2010). La supervision de mémoire en master : l’étudiant comme principal acteur de sa réussite. Revue Internationale de Pédagogie de l’Enseignement Supérieur. Nancy. Haag, P. (2012). Anxiété-­‐traits, stress perçu et symptômes somatiques chez les doctorants. Université Paris-­‐Ouest-­‐Nanterre : Mémoire de Master 1. Le diagnostic du burnout : un enjeu pour la recherche et pour l’intervention -­‐ N. Girault-­‐lidvan1, C. Amoura2, & S. Berjot2 1Université Paris Descartes 2Université de Reims Champagne Ardenne Introduction. Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une recherche longitudinale auprès d’étudiants en ostéopathie en dernière année de formation initiale (5ème année), afin de mettre en évidence la relation entre les attentes professionnelles, la motivation et le bien-­‐
être psychologique (stress, burnout, affects). La population des étudiants ostéopathes en fin de formation se trouve à une période décisive d'apprentissage de la pratique en responsabilité clinique supervisée, qui constitue une préparation directe à l’exercice professionnel, et dont la validation conditionne l'entrée dans la vie active à brève échéance. On mesure l’évolution des étudiants entre T1 (3 mois de pratique) et T2 (8 mois de pratique) (phase 2 en cours). Se pose donc la question de savoir comment ces étudiants perçoivent le début de leur pratique clinique, et comment la façon dont elle se déroule peut avoir des incidences sur leur motivation, ainsi que sur leur niveau de stress et de burnout, juste avant l’entrée sur le marché du travail et la confrontation à la vie professionnelle. Objectifs spécifiques. Nous nous interrogeons ici plus particulièrement sur le caractère adéquat de l’évaluation du burnout : 1. selon son objectif (visée diagnostique / de recherche) ; 2. selon les modalités de son apparition éventuelle (visée de recherche) ; 3. selon le niveau de vulnérabilité au burnout qu’elle permet d’établir dans un contexte donné (visée d’intervention). Méthode. Population : 93 étudiants de 5ème année d’ostéopathie (phase 1 après 2 à 3 mois de pratique). Outils : Mesure du stress (EVA) et du burnout (MBI) ; PANAS ; Mesures de motivation et de perception de la supervision. Résultats. L’analyse des scores aux 3 dimensions du burnout, selon les cut-­‐offs proposés par Dion et Tessier (1994), Maslach et al. (1996), Cathébras et al. (2004), et selon le tiercilage sur notre population, montre une incidence de burnout de respectivement 0% à 3,2%, et 9,7%. Par contre l’analyse en clusters met clairement en évidence un groupe avec burnout avéré (21,5%). De plus, les catégorisations par cut-­‐off ne permettent pas de prédire (ANOVA) d’autres variables associées au burnout (stress, motivation au travail, affects). Enfin, les deux autres groupes dégagés par cette analyse, l’un avec très peu d’épuisement émotionnel (EE) et de dépersonnalisation (DP), mais un accomplissement personnel (AP) très faible, l’autre avec un niveau moyen d’EE et de DP, mais un niveau élevé d’AP, indiquent des voies différentes d’entrée en burnout. Discussion. L’analyse en clusters met en évidence une discordance importante entre le diagnostic de burnout établi d’après des cut-­‐offs (y compris sur la population de référence) et celui résultant de cette analyse. Est ainsi posée la question de l’usage des cut-­‐offs (contre-­‐
indiqué par les principaux auteurs, mais couramment appliqué aussi bien en recherche 182 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie qu’en pratique clinique), avec les conséquences qui s’ensuivent : évaluation incorrecte du burnout effectif dans une population donnée ; pas de compréhension des modalités d’entrée dans le burnout ; ciblage inadapté des interventions de prévention secondaire et tertiaire. Outre des interventions liées à l’aspect motivationnel (qui seront développées d’après les résultats de l’étude globale), sont envisagées dès à présent des interventions ciblées de soutien vis-­‐à-­‐vis du burnout (en fonction des profils dégagés) auprès des étudiants ostéopathes en dernière année de formation. Références bibliographiques Dion, G. et Tessier, R. (1994). Validation de la traduction de l’Inventaire d’épuisement professionnel de Maslach et Jackson. Revue canadienne des sciences du comportement, 26 (2), 210-­‐227. Maslach, C., Jackson, S. E., & Leiter, M. P. (1996). The Maslach Burnout Inventory (MBI). Palo Alto, CA: Consulting Psychologists Press. 3rd edition. Validation d’une classification des jeux de hasard et d’argent sur une cohorte de 628 joueurs français -­‐ G. Bouju1, J-­‐B Hardouin2, N. Renard1,2, C. Legauffre3, M. Valleur4, D. Magalon5, M. Fatseas8, I. Chereau-­‐Boudet6, M-­‐A. Gorsane7, A. Guilleux2, J-­‐L. Venisse1, & M. Grall-­‐Bronnec1 1Institut fédératif des addictions comportementales, chu de Nantes et ea4275, Université de Nantes 2Ea4275 sphere, université de nantes 3Service de psychiatrie et addictologie, hôpital Louis Mourier (ap-­‐hp), Colombes 4Centre médical Marmottan 5Département de psychiatrie adulte, chu Sainte Marguerite, Marseille 6Département de psychiatrie, chu de Clermont-­‐Ferrand 7Département de psychiatrie et d'addictologie, chu Paul Brousse, Villejuif 8Laboratoire de psychiatrie / sanpsy cnrs usr 3413, Université Victor Segalen, Bordeaux Introduction : La littérature internationale sur l’étiologie du jeu pathologique est principalement axée sur les facteurs individuels ou environnementaux. Ainsi, l’objet même de l’addiction est souvent oublié et reste peu étudié, alors même que la distinction des différents jeux choisis par les joueurs semble déterminante à la fois en termes de prise en charge et de prévention. Ce manque de recherche sur le sujet pourrait tenir à l’absence de classification claire et pertinente des jeux de hasard et d’argent (JHA). En 2010, Bjerg (1) a proposé de distinguer les jeux de hasard en 4 catégories, en fonction de deux caractéristiques: -­‐ la présence ou non d’adresse dans le jeu -­‐ l’adversaire du joueur : un opérateur (espérance de gain toujours nulle) ou d’autres joueurs (jeux dits sociaux) (espérance de gain nulle ou positive) Cette classification a été en grande partie corroborée dans l’ouvrage de Boutin (2). Toutefois, aucune validation scientifique n’a pour le moment vérifié sa pertinence. C’est ce que nous nous proposons de faire dans ce travail. Matériel et méthode : Cette étude est basée sur une cohorte de 628 joueurs de JHA (cohorte JEU), recrutés dans des lieux de jeu, des centres de soins et par voie de presse. La première étape consistait à décrire les caractéristiques associées à chacun des jeux de prédilection pratiqués dans la cohorte JEU, notamment selon les classifications existantes. La seconde étape consistait à vérifier la pertinence d’un regroupement de ces différents jeux dans les classifications existantes, en déterminant notamment si les groupes de joueurs 183 Actes du 55ème congrès de la Société Française de Psychologie formés sont homogènes au sein des classifications ou si un autre regroupement pourrait être plus pertinent. Les variables étudiés comprenaient les variables socio-­‐démographiques, les habitudes de jeu, la sévérité des problèmes de jeu, les distorsions cognitives, les comorbidités psychiatriques et le profil de personnalité. Résultats : Treize dossiers ont été exclus a posteriori de l’analyse car il a été impossible de déterminer avec certitude leur jeu de prédilection. Les 9 activités de jeu ont pu être réparties dans 3 des 4 catégories de la classification de Bjerg (1): -­‐ jeux de hasard pur contre opérateur: jeux de grattages (n=78), machines électroniques (machines à sous et vidéopoker) (n=164), roulette (n=24), tirages avec résultats instantanés (Rapido, Bingo) (n=16), tirages avec résultats différés (Loto, Euromillion, Kéno) (n=70) -­‐ jeux de hasard et d’adresse contre opérateur: paris hippiques (n=134), paris sportifs (n=48), Black Jack (n=3) -­‐ jeux de hasard et d’adresse sociaux: poker (n=78). La catégorie des jeux de hasard pur sociaux n'était pas représentée dans la cohorte. Seules les analyses descriptives étaient disponibles au moment de soumettre ce résumé. Elles permettaient d’observer que la présence ou non d’adresse impactait plutôt le ratio hommes/femmes (à prédominance masculine pour les jeux avec adresse et équilibré pour les jeux sans adresse) et les troubles associés (addictifs pour les jeux avec adresse et anxio-­‐
dépressifs pour les jeux sans adresse). Par ailleurs, le fait de jouer contre un opérateur semblait associé à une sévérité des problèmes de jeu plus importante, et à un profil de « chasing » plus marqué. Nous reviendrons plus en détail dans le poster sur la validation de la classification. Discussion : Les classifications des jeux de Bjerg (1) et de Boutin (2) semblent proches et pertinentes d’un point de vue clinique. Elles semblent permettent de regrouper des joueurs qui se ressemblent sur un ensemble de caractéristiques de pratique de jeu et de psychopathologie des joueurs. Nous discuterons plus précisément dans le poster ces classifications selon les résultats de la seconde partie de l’analyse. Références bibliographiques : 1. Bjerg, 2010. problem gambling in poker : money, rationality and control in a skill-­‐based social game. International gambling studies, 10(3) : 239-­‐254. 2. Boutin, 2010. Le jeu: chance ou stratégie? (Les Editions de l'Homme ed.). Montréal. Détermina
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