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seules quelques recherches éparses tentent d’améliorer les qualités psychométriques des
mesures d’auto-évaluation (Childers, 1986). Ce désintérêt pourrait s’expliquer, selon Engel et
al. (1995, p. 732), par le fait qu’on ne pourrait pratiquement pas isoler une cible média
composée de leaders : l’exposition aux médias des leaders serait identique à celle des non-
leaders. Le modèle d’influence serait plus complexe que celui initialement postulé par
Lazarfeld et ses collègues : il serait du type « multi-étape » (Reynolds et Darden 1971,
Richins et Root-Shaffer, 1988), les médias touchant autant les leaders que les non-leaders, de
nombreuses discussions intervenant ensuite entre les différents chercheurs et les fournisseurs
d’informations (Gilly et al. 1998).
Depuis le début des années 2000, le leader d’opinion fait un retour en force dans la littérature
professionnelle et académique, poussé par la diffusion de l’internet. Les managers
redécouvrent la puissance d’une stratégie marketing fondée sur bouche à oreille, rebaptisée
«buzz », pour le lancement d’un nouveau produit (Stambouli et Briones, 2002, Dye 2000), et
surtout, le rôle essentiel joué par les leaders d’opinions en tant qu’influenceurs de l’entourage
(Keller et Berry, 2003). Certains parlant même « d’e-fluential » (Cakim, 2002) pour souligner
le rôle des leaders d’opinion dans la diffusion des informations via les forums, les échanges
d’e-mail et autres news groups. Du côté académique, dans le droit fil du courant
psychométrique, quantités de nouvelles échelles d’auto-évalution du leadership sont
proposées (Goldsmith et Desbordes, 1991 ; Ben Miled et Le Louarn, 1994 ; Weiman, 1994 ;
Flyn et al., 1996, Gilly et al., 1998 ; Goldsmith et al. 2003). Parallèlement, le calibrage des
scores des leaders dans la population française permet de connaître leur fréquentation des
médias (Vernette et Flores, 2004) et de proposer ainsi des plans médias performants (Vernette
et Schmutz, 2002 ; Vernette, 2004) Malheureusement, peu de comparaisons sont faites entre
ces échelles, certaines d’entre elles étant sensiblement différentes dans leurs fondements
théoriques. De plus, même si certaines fonctionnent de façon satisfaisante sur le plan
psychométrique, de sérieux doutes sur leur validité de contenu conduisent à reposer une
question de base : au fond qu’est-ce qu’un leader (Vernette, 2003 ; Vernette et Giannelloni,
2004) ?
L’objectif de cette communication est de proposer une nouvelle vision du concept de leader
d’opinion. Notre démarche présente une double originalité. Tout d’abord, nous suivrons les
premiers pas de la méthode C-OAR-SE proposée par Rossiter (2002) pour le développement
d’une échelle de mesure d’un concept ; nous nous appuierons sur une revue critique de la