Le développement de la recherche dans les écoles de formation professionnelle du travail social : enjeux épistémologiques, institutionnels et identitaires Les écoles professionnelles du travail social se sont historiquement structurées afin de préparer aux diplômes d’Etat de la Branche professionnelle du même nom,. Sous la pression de l’harmonisation européenne des formations supérieures, le modèle de l’école professionnelle est aujourd’hui amené à évoluer, dans le cadre d’une « scientifisation » de son organisation, fonction et missions (LMD – Licence Master Doctorat, ECTS - European Credits Transfer System, mais aussi développement d’une activité de recherche, d’éditions, etc.). Pour soutenir ce mouvement, ces écoles se sont regroupées dans une seule fédération associative (UNAFORIS - Union Nationale des Associations de Formation et de Recherche en Intervention Sociale) qui porte le projet de la constitution d’HEPAS (Hautes Ecoles Pour l’Action Sociale), selon le modèle des « Grandes Ecoles ». Ce mouvement a amené certaines écoles à se doter d’un pôle d’activité de recherche. En 2012, l’UNAFORIS et la Chaire du travail social et de l’intervention sociale du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) ont organisé une conférence de consensus qui a questionné les relations entre le travail social et la recherche. En 2013, le CNAM a créé une spécialité « travail social » dans le cadre d’un doctorat de sociologie et des sciences de l’éducation. L’insertion professionnelle de l’auteur l’amène à questionner les enjeux scientifiques de cette mobilisation, à partir de sa fonction de chercheur dans une école professionnelle du travail social. S’appuyant sur la restitution biographique d’un parcours de recherche, qui a débuté en anthropologie sociale dans le cadre de la « question SDF », la réflexion menée propose ensuite une mise en perspective des évolutions actuelles qui (re)questionnent la relation difficile du travail social et de la recherche. En premier lieu, la réflexion s’applique à l’évocation historique des pionniers de la « recherche en travail social », qui ont joué un rôle important dans la création de la Chaire du travail social au CNAM en 2001, et indirectement dans la récente conférence de consensus. A l’issue de cette dernière, la question de la « disciplinarisation » a été posée. En second lieu, cette perspective donne la possibilité de développer un propos interdisciplinaire qui tente d’objectiver les modalités de l’institutionnalisation d’un savoir scientifique, au regard des expériences de la sociologie et des sciences de l’éducation. Cette HDR développe donc une réflexion à partir d’un objet émergeant, la recherche dans les écoles de formation professionnelle du travail social, dont le développement articule les dimensions épistémologiques (quel type de savoir ?), institutionnelles (quelle type d’organisation ?) et identitaires (quels type de chercheurs ?). C’est au regard de cette tentative à l’échelle d’un champ de pratique, dont les références ne sont pas stabilisées, que l’auteur cherche finalement à caractériser une trajectoire scientifique, dont le sens au niveau micro est fonction de celui accordé au mouvement auquel il participe, au niveau macro.