Dans les locaux de l’
6, place Barthélémy Niollon,
13 617 AIX-EN-PROVENCE.
Mercredi 13 novembre 2013 14h30
2e JOURNÉE DÉTUDE
INTERNATIONALE :
Le CLEMM
[ Créations et Langage en Musiques et Musicologie ]
organise la
DES LIEUX DU SENS
EN MUSIQUE ET MUSICOLOGIE…
Et ailleurs …
ARGUMENT
La journée d'étude
Des
Lieux du sens en musique et en musicologie et ailleurs
, porte trois objectifs :
1) questionner la multiplicité des formes contemporaines et actuelles de l'expression musicienne, de ses espaces
d'installation et d'exposition, de ses relations intermédiales avec les autres formes artistiques.
2) interroger les lieux multiples se loge le sens de l'oeuvre : oeuvre, discours, geste, parole et langage. Avec
l'idée que c'est en faisant l'expérience du monde du texte que nous devenons aptes à le dire, et que c'est en le
disant que le texte devient une réalité agissante.
3) mettre en débat le lieu du sens (du musical) et le constituer (si possible) en catégories diverses (topos,
hologrammes, espaces utopiques, déviations et diagonales, transition, projection et processus…).
P R O G R A M M E
CARMEN PARDO SALGADO
14H30 « DES MUSIQUES DE LA TERRE ».
Dans
Rhizome
, Deleuze et Guattari défendent l’idée selon laquelle l’Occident entretient un rapport privilégié avec la forêt et le déboisement, tandis que l’Orient entretient un
rapport avec la steppe et le jardin, plutôt qu’avec la forêt et le champ. Cette distinction, dont l’Amérique serait exclue, suppose entre autres que « la terre n’y a pas la même
musique ». Presque quarante années plus tard, nombreux sont les travaux de musiciens qui ont pour objet d’enregistrer, de questionner et d’organiser les sons de ces musiques
de la terre, bref les sons en rapport avec leur
lieu
. Tel est le cas du projet « Sons en cause » que l’Orquestra del Caos (Barcelone) a porté à terme entre 2009 et 2012. Le projet
consiste en l’enregistrement du patrimoine sonore de différents contextes latino-américains qui ont subi des changements irréversibles dus à l’accroissement économique. Ce
projet nous permettra d’interroger la création de calques et de cartes musicales la dualité entre les différentes musiques de la terre tend à disparaître (comme Deleuze et
Guattari l’avaient d’autre part avancé).
Carmen Pardo Salgado est professeure titulaire d’Histoire de la Musique et d’Esthétique de la musique contemporaine à l’Université de Girona (Espagne), ainsi que professeure
dans le Master d’Art Sonore de l’Université de Barcelone. Elle a traduit du français plusieurs articles sur la musique et l’art contemporain et les livres
L’Art des sons fixés ou la
musique concrètement
(Michel Chion) ;
Tubes. La philosophie dans le juke-box
(Peter Szendy) et
Boutès
(Pascal Quignard) (les deux en collaboration avec Miguel Morey). Elle a
traduit en espagnol et édité les Écrits de Cage (1999). Elle est l’auteure des livres :
Approche de John Cage. L’écoute oblique
(Coup de Cœur de l’Académie Charles Cross, 2008) ;
Robert Wilson (éd. anglaise/espagnole en col. avec Miguel Morey, 2003) ; Las TIC : una reflexión filosófica (2009) ; En el mar de John Cage (2009).
CHRISTIAN HAUER
15h15 « LE NARRATEUR EN MUSIQUE COMME LIEU DU SENS ».
Dans cette communication, on soulignera tout d’abord le statut narratologique original de l’exécutant musical : un
narrateur
qui donne forme à une œuvre, en assumant une
fonction de
diégèse
, mais aussi de
mimésis
un cas de figure propre à la musique. Il en découle qu’une exécution est nécessaire pour qu’il y ait expérience musicale, quel que
soit le type d’exécution (concert, enregistrement, etc.). Ce qui amène à considérer les processus cognitifs qui sont à l’œuvre : les émotions induites par la musique sont ou
peuvent être perçues et ressenties par l’auditeur précisément parce qu’il reconnaît qu’elle est jouée par
une personne
. Divers concepts pourront être mobilisés :
expériencialité
(M. Fludernik),
émotion contagionnelle
et
empathie
, ou encore
embodiment
.
Christian Hauer est Professeur à l’Université de Lille 3. Il a été directeur de l’UFR Arts et Culture de juillet 2003 à janvier 2006 ainsi que premier vice-président et vice-
président du Conseil d’Administration de l’Université de Lille 3 de janvier 2006 à mai 2012. Il est actuellement directeur du Centre d'Étude des Arts Contemporains (CEAC). Ses
domaines de recherche sont ceux des sciences du langage musical (Herméneutique et sémiotique de la musique). Il a également consacré de nombreux articles à Arnold
Schönberg / École de Vienne).
P A U S E
YANNICK BUTEL
16h30 « DU THÉÂTRE AUX ARTS DE LA SCÈNE. HISTOIRE DE MÉTAMORPHOSES, DE TRANSFORMATIONS ET DE MUTATIONS ».
Du XIXe à nos jours, les mutations de la scène ont modifié le rapport que le spectateur entretenait aux œuvres. On est ainsi passé de la mise en scène et de ses attendus, à des
dispositifs complexes qui renouvellent les formes, mais aussi inquiètent le regard.
Il s'agira ici de baguenauder dans cette histoire, à travers celle des formes, et d'envisager quelques hypothèses qui permettraient de comprendre ces « nouveaux territoires de
l'art »...
Yannick Butel enseigne le Théâtre à l’université d’Aix-Marseille. Critique et auteur de nombreux articles pour diverses revues, dramaturge et collaborateur, entre autres, auprès
du metteur en scène Jean-François Peyret. Il a publié
Regard critique. Écrire
sur
le théâtre
, éditions Les Solitaires intempestifs, collection « Essais », octobre 2009 ;
Vous
comprenez Hamlet ? L’effet de cerne II
, Presses universitaires de Caen, 2004 ;
Essai sur la Présence au théâtre. L’effet de cerne I
, L'Harmattan, coll. « L'Univers Théâtral »,
septembre 2000.
EERO TARASTI
17h15 « OÙ SE TROUVE LE SENS MUSICAL ?
DÉVELOPPEMENT DE L’ANALYSE SÉMIOTIQUE DE LA MUSIQUE AU SEIN DE LA MUSICOLOGIE ET LA THÉORIE SÉMIOTIQUE ».
Les études sur la signification musicale ont subi pendant les trente dernières années des changements et mutations fort remarquables.
En fait, si l’on parle de ‘linguistic turn’ en philosophie positiviste et dans le cercle de Vienne au but du XXe siècle, dans les années 1920, on préfèrera le terme de ‘formalist
turn’, puis de ‘structuralist turn’ pour aboutir, à la fin du XXe siècle, à ‘cognitive turn’ et finalement ‘existential turn’. La musicologie a été en quête des lieux de sens en musique,
si évidents intuitivement pour les musiciens et la communication musicale en soi, mais si difficiles à représenter dans un langage approprié. Si l’esthétique musicale a eu son
point de part dans la pensée de Kant sur les jugements esthétiques comme
ohne Begriffe
et
ohne Intresse
(sans concept, sans intérêt pratique), cela s’est manifesté dans
le canon de la musique érudite par exemple dans le style élevé des grands
adagios
des Sonates de Beethoven.
Mais en même temps, si l’on approche le sens musical comme un processus temporel, on aboutit à une analyse narrative. Ses méthodes ont reçu une impulsion radicale grâce à
l’influence du formalisme russe et de Vladimir Propp et à son ouvrage
Morphologie du conte
(1928). Toute analyse narrative ensuite a appliqué l’idée de la segmentation du texte
musical en unités minimales, ‘fonctions’, leur consécution syntagmatique (la condition minimale d’un récit étant que quelque chose se transforme en quelque autre chose) et les
acteurs/actant, qui poursuivent ses fonctions. Tout cela a été appliqué aussi au discours musical dans la ligne de Boris Asaiev, A.J. Greimas et à partir de la naissance de la
sémiotique musicale, comme modèles d’analyse générative (voir par exemple la grammaire modale de Chopin dans Tarasti 1994/1996 ou analyses par Marta Grabocz 1996,
2009).
Ces modèles classiques n'ont rien perdu de leur pertinence thodologique, mais un nouveau tournant épistémique a eu lieu dans les années 2000, avec l’émergence de ce que
l’on appelle la néo-sémiotique. Bien que le postmodernisme ait réévalué le rôle du sujet, la néo-sémiotique a puisé ses sources - entre autres - dans une orientation
philosophique nouvelle ; dans mon cas une sémiotique
existentielle
. En pit de sa forte inspiration dans l’héritage philosophique continental à partir de Hegel jusqu’à Jaspers,
Heidegger, Sartre, et Marcel, cette approche reste tout de même fidèle à certaines idées de la sémiotique, et notamment celles de l’École de Paris (modalités, isotopies etc). La
nouvelle thode souligne plutôt les catégories de Moi/Soi et quatre modes d’existence du sujet (le corps, personnalité, pratique sociale et valeurs/normes) ainsi que leurs
représentations, même en musique.
Ces catégories ne s’organisent plus comme processus générativo-organique mais manifestent plutôt des conflits du sens. Cela peut être illustré par mes analyses centes sur
Schumann (Fantaisie en ut majeur op. 17) et Fantaisie de Mozart en mineur (Tarasti 2012,
Semiotics of Classical Music
).
Littérature :
Eero Tarasti : 1996
Sémiotique musicale.
Traduit de l’anglais par B. Dublanche. Limoges : Presses Universitaires de Limoges (version originale
A Theory of Musical Semiotics.
Bloominton,
Indianapolis : Indiana University Press
" 2003
Mythe et musique. Wagner-Sibelius-Stravinsky.
Traduit de l’anglais par Damien Pousset. Paris : Michel de Maule.
" 2009
Fondements de la sémiotique existentielle.
Traduit de l’anglais par Jean-Laurent Csinidis. Paris : L’Harmattan.
" 2010
Fondamenti di semiotica esistenziale.
Traduit de l’anglais par Massimo Berruti. Roma, Bari : Giuseppe Laterza Edizioni
" 2012
Semiotics of Classical Music. How Mozart, Brahms and Wagner Talk To Us.
Berlin : Mouton de Gruyter
Eero Tarasti est musicologue et sémioticien finlandais internationalement reconnu. Il exerce actuellement en tant que professeur à l'université d'Helsinki.
GABRIEL MANZANEQUE
18h00 « LORSQUE L’OBJET DEVIENT LE LIEU ».
Envisagé en tant qu’outil, l’instrument de musique est un intermédiaire entre l’instrumentiste et une production musicale
.
L’expérience musicienne permet d’assimiler des
processus d’encodage mettant en jeu la multiplicité des rapports entre son, position et geste, d’acquérir un
savoir-faire
et d’interagir avec l’objet-instrument. Celui-ci possède
néanmoins des caractéristiques propres, relatives aux processus de hiérarchisation sonore et donc aux diverses de
manières de faire
. La zone haptique devient alors un lieu
d’encodage et d’appréhension, de création et de détermination stylistique.
Gabriel Manzanèque est Docteur en musicologie depuis 2012 suite à la soutenance d’une thèse portant sur la pratique instrumentale et l’organologie, sous la direction de
Bernard Vecchione à l’Université Aix-Marseille. Chercheur associé au LESA (Laboratoire d’Études en Sciences des Arts) et membre du CLEMM (Créations et Langage En Musiques
et Musicologie).
Le CLEMM est un groupe de recherche du LESA créé en septembre 2010, sous la direction de Christine Esclapez, composé de chercheurs confirmés, de jeunes chercheurs et doctorants en
musique et musicologie.
Le CLEMM se propose de travailler au plus près de la réalité musicale et musicologique. Les membres du groupe s’intéressent principalement à la relation entre musique et langage observée et
étudiée du point de vue des Sciences du langage (sémiotique, sémantique, stylistique, herméneutique, poétique). Si les fondements épistémologiques et théoriques du CLEMM s’ancrent
nettement dans la philosophie du langage, le CLEMM s’oriente également vers une approche pluridisciplinaire du fait musical (sociologie, psychologie, philosophie et esthétique) en privilégiant,
sans qu’elles ne soient cependant exclusives, les approches méthodologiques d’obédience phénoménologique. Les terrains d’études et d’expériences du CLEMM sont larges et divers à l’image
de la réalité musicale et artistique actuelle, avec une prédilection pour les musiques de traverse : musiques actuelles et contemporaines, jazz, musiques improvisées, musiques
électroacoustiques, musiques mixtes, musiques du son tout autant que du geste.
Le regard musicologique est interprétatif, volontiers herméneutique et, en cela, la musicologie dont il est ici question déborde largement les approches historiques ou analytiques
habituellement considérées comme ses disciplines principales. Le CLEMM cherche à concilier, dans un mouvement permanent et fécond, la théorie et la pratique de la musique (création,
écoute, perception, médiation, discours). Avec l’idée que le musical est une source de connaissance qui informe les conditions mêmes de la sensibilid’un monde par et à travers le sonore
mais aussi par et à travers la médiation du discours et des mots qui donnent accès aux œuvres et construisent leur rapport au monde.
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