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liens entre une pratique et des individus issus de la même sphère familiale. Notre démarche de
chercheur a été de réinterroger les sciences du musical sous un angle nouveau, en se
préoccupant de l’humain, de l’individu producteur ou récepteur de musique. Un travail sur les
pairs, les professions, la famille, sur la réception du musical, sur la création ou
l’interprétation, est inévitable pour comprendre les interactions socio-musicales. Sans
l’homme, la musique ne serait pas ; en conséquence, il faut en permanence s’interroger sur le
contexte de la vie musicale, ainsi que sur les comportements des acteurs et l’émergence d’un
fait musical commun, en somme sur le « faire ensemble ». La variété des parcours de vie fait
que tout monde social mérite une investigation. Nous faisons ainsi référence aux travaux de
Hyacinthe Ravet sur les trajectoires des musiciennes clarinettistes et à ceux de Sylvie Octobre
sur les transmissions culturelles. Néanmoins, s’intéresser à une situation sociale propre
implique de prendre en compte les contraintes et les logiques d’action. La sociologie permet
ainsi cette démarche scientifique par un retour sur les pratiques instrumentales, un
questionnement sur les méthodes d’enseignement et les œuvres interprétées et transmises. La
question du répertoire devient alors nécessaire pour une meilleure interprétation du fait
musical. En somme, nous avons analysé comment le choix d’une œuvre peut être étudié d’un
point de vue social et engendrer une relation durable entre les musiciens transmettant ou
s’appropriant les œuvres rencontrées.
Enfin, ce travail de recherche s’inscrit dans une vision cherchant à comprendre
comment la musique fait agir ses acteurs, et comment, de ce fait, elle révèle sa dimension
sociale. Ainsi, une transmission « rêvée » se formulerait par une grande proximité parentale,
une aisance culturelle et économique, un capital musical important des parents aux grands-
parents et la force d’un « nous » intergénérationnel. Pour aller plus loin, si certains critères
sociaux facilitent l’accès à une pratique musicale, les rapports symboliques apparaissent bien
plus puissants dans la gestion des affects, des envies et des motivations. Le lien socio-musical
joue un rôle important dans l’entretien d’une tradition. Plus encore, la passation d’un savoir
vient nourrir et enrichir une relation déjà très intime. Toutefois, cette transmission peut
heurter, blesser ou à l’inverse renforcer, embellir, stabiliser une relation préexistante. Celle-ci
n’est en effet pas acquise, ni systématique d’une génération à l’autre, le lien socio-musical
pouvant se rompre ou sauter une génération.
Incontestablement, si l’on s’intéresse aux généalogies musicales, c’est pour mieux
comprendre la construction de la pratique musicale au sein de chaque famille. Le lien socio-
musical nous a dès lors permis, de poser les bases d’une réflexion en devenir.